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sur lui. On crut comprendre qu’il l’appelait avec des mots<br />
voluptueux.<br />
— Monsieur Gabriel ! cria Marie-Jo.<br />
— La ferme ! fit Quentin. C’est trop tard…<br />
Le chauffeur n’avait plus le loisir de ralentir…<br />
Immobile, le ventre à toucher le capot, les pieds joints,<br />
Fouquet enveloppa d’un mouvement caressant la<br />
carrosserie de la voiture qui filait contre lui ; un instant, il<br />
donna l’impression qu’il allait abandonner sa veste au<br />
flanc hérissé de l’auto, mais déjà celle-ci l’avait dépassé,<br />
et, coinçant son vêtement sous son bras, il libéra sa main<br />
droite pour saluer à la ronde les spectateurs qui<br />
s’exclamaient diversement.<br />
— Olé ! dit-il, en ramassant le mouchoir sur lequel on<br />
distinguait la trace d’un pneu.<br />
Quentin n’en revenait pas. « Quel petit con ! »<br />
murmura-t-il. Déjà une nouvelle bagnole jaillissait sur la<br />
place dans la fanfare de son klaxon.<br />
— Albert ! supplia Suzanne en le retenant par la<br />
manche…<br />
Soleil et trompettes sous le crâne de Fouquet.<br />
L’animal est somptueux.<br />
Fort sur pattes, le front large entre ses cornes comme<br />
des phares, il arrive entier et charge de loin. Encore<br />
quelques mètres et il sera sur lui. Prendre l’ascendant sur<br />
le fauve… Ne pas rompre d’un pouce… s’engager de face…<br />
« Entrant à l’épée par-dessus l’étamine, il plonge dans le<br />
berceau des cornes et accepte la mort pour mieux la