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Antoine Blondin UN SINGE EN HIVER

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sur lui. On crut comprendre qu’il l’appelait avec des mots<br />

voluptueux.<br />

— Monsieur Gabriel ! cria Marie-Jo.<br />

— La ferme ! fit Quentin. C’est trop tard…<br />

Le chauffeur n’avait plus le loisir de ralentir…<br />

Immobile, le ventre à toucher le capot, les pieds joints,<br />

Fouquet enveloppa d’un mouvement caressant la<br />

carrosserie de la voiture qui filait contre lui ; un instant, il<br />

donna l’impression qu’il allait abandonner sa veste au<br />

flanc hérissé de l’auto, mais déjà celle-ci l’avait dépassé,<br />

et, coinçant son vêtement sous son bras, il libéra sa main<br />

droite pour saluer à la ronde les spectateurs qui<br />

s’exclamaient diversement.<br />

— Olé ! dit-il, en ramassant le mouchoir sur lequel on<br />

distinguait la trace d’un pneu.<br />

Quentin n’en revenait pas. « Quel petit con ! »<br />

murmura-t-il. Déjà une nouvelle bagnole jaillissait sur la<br />

place dans la fanfare de son klaxon.<br />

— Albert ! supplia Suzanne en le retenant par la<br />

manche…<br />

Soleil et trompettes sous le crâne de Fouquet.<br />

L’animal est somptueux.<br />

Fort sur pattes, le front large entre ses cornes comme<br />

des phares, il arrive entier et charge de loin. Encore<br />

quelques mètres et il sera sur lui. Prendre l’ascendant sur<br />

le fauve… Ne pas rompre d’un pouce… s’engager de face…<br />

« Entrant à l’épée par-dessus l’étamine, il plonge dans le<br />

berceau des cornes et accepte la mort pour mieux la

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