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agages bouclés, il avait le sentiment de faire les cent pas<br />
dans une salle d’attente et ne savait exprimer son<br />
désordre intérieur qu’en offrant des tournées générales,<br />
profitant de ce que les bouteilles circulaient en liberté<br />
dans la maison. Au moment qu’il réglait sa note avec<br />
difficulté, Suzanne lui avait réitéré la proposition de son<br />
mari : il pourrait revenir quand il voudrait aux conditions<br />
les plus avantageuses ; il s’acquitterait au tarif des<br />
représentants de commerce et serait traité comme un fils<br />
de famille. Il l’avait embrassée. Ensuite, il était monté<br />
faire ses adieux chez Esnault, sans regrets, plutôt pour<br />
tromper ses nerfs, et en était revenu assez exalté.<br />
Quentin le surprit assis sur la table, s’essayant à servir<br />
du whisky à la vieille cuisinière et eut un regard<br />
consterné.<br />
— Que voulez-vous, on n’est plus chez nous, fit<br />
Fouquet en désignant du menton le reste de l’hôtel.<br />
— On ne dirait pas, répondit-il sans méchanceté. Je<br />
venais vous faire mon au-revoir.<br />
— Vous partez avant moi ?<br />
— Si l’on peut dire, parce que vous me semblez bien<br />
parti vous-même.<br />
— Je ne sais pourquoi, j’avais cru que nous prendrions<br />
le train ensemble. Je vous réservais une surprise… Tant<br />
pis, vous allez bien nous manquer.<br />
— Sans blagues, dit Quentin, ne faites pas de sottises.<br />
— Alors, le coup de l’étrier… non ? proposa Fouquet.