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Antoine Blondin UN SINGE EN HIVER

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CHAPITRE VI<br />

Le samedi de la Toussaint, l’hôtel Stella ne présentait<br />

pas son aspect ordinaire de modestie bourgeoise et de<br />

terroir. Dès le début de la matinée, des voyageurs,<br />

parents ou frères d’armes, débarquaient des quatre coins<br />

de l’Europe pour s’égayer à travers les cimetières<br />

militaires disséminés dans la région. Au bout de douze<br />

ans, beaucoup de visiteurs finissaient par se retrouver en<br />

habitués. Apparus les derniers, les Allemands n’étaient<br />

pas les moins assidus. Dans la salle à manger où<br />

fleurissaient les insignes, les cocardes et les médailles, les<br />

repas ressemblaient à des armistices. La dernière<br />

bouchée dans le bec, chacun regagnait son camp et se<br />

retranchait derrière ses morts. Le soir, on buvait ferme et<br />

c’était peut-être une des raisons pour lesquelles Quentin<br />

s’éloignait durant cette période, avec l’assentiment de<br />

Suzanne. Deux extras journaliers qui servaient au mois<br />

d’août réapparaissaient pour la circonstance ; ils étaient<br />

sinistres à point.<br />

Ce climat détraqué faisait perdre la tête au personnel<br />

et Marie-Jo, le feu aux joues, acceptait les verres que<br />

Fouquet lui versait avec entrain. Aussitôt qu’annoncé, elle<br />

s’était consolée du départ du jeune homme. Celui-ci s’était<br />

réfugié à l’office devant l’invasion. Depuis midi, ses

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