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Antoine Blondin UN SINGE EN HIVER

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l’ayons jamais envisagée ensemble…<br />

— Il t’a poussé à la bêtise en de nombreuses<br />

circonstances.<br />

— Nom de Dieu ! fit Quentin, c’est formidable : quand<br />

je fais des bêtises, je voudrais bien que le mérite m’en<br />

revienne. C’était de grandes épopées, monsieur Fouquet.<br />

On sortait de soi-même.<br />

— Avez-vous fumé l’opium, lorsque vous étiez en<br />

Chine ? demanda Fouquet.<br />

— Certainement, dit Quentin. J’ai voulu tout<br />

connaître. J’ai fumé à Shanghai, j’ai fumé à Hong-Kong, à<br />

travers des rues éclairées par des lampions où des<br />

squelettes vous guidaient vers un bat-flanc. Les copains<br />

se rendaient là, les bras ballants, comme on va se faire<br />

photographier à la foire, devant une toile peinte, puis ils<br />

s’évaporaient subitement. Silence, solitude, chacun pour<br />

soi… On en ressortait comme du boxon en remontant nos<br />

culottes à pont. Ça n’était pas formidable ; c’est une<br />

manière d’onanisme, ce truc-là ; on rêve, quoi…<br />

— Vous n’aimiez pas rêver ?<br />

— Je ne savais pas. J’avais des rêves de fusilier marin.<br />

L’amiral Guépratte m’embrassait sur l’oreille ; j’obtenais<br />

une permission libérale ; je me retrouvais ici avec<br />

Suzanne ; elle m’embrassait à son tour…<br />

— Rien de bien extraordinaire, à ce que je vois, dit<br />

Suzanne avec dérision.<br />

— Non, mais ça ne faisait pas éclater la planète.

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