Monsieur Jourdain le bourgeois gentilhomme - La Classe
Monsieur Jourdain le bourgeois gentilhomme - La Classe
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Cyc<strong>le</strong> 3<br />
CM2<br />
CM1<br />
CE2<br />
CE1<br />
CP<br />
fiche<br />
pratique 3<br />
Ce mois-ci, <strong>le</strong>s élèves<br />
vont assister avec délice<br />
au moment où monsieur<br />
<strong>Jourdain</strong> apprend qu’il<br />
fait de la prose…<br />
matériel<br />
■ Photocopie des fiches n os 1<br />
à 4 : textes de la pièce<br />
et de la chanson.<br />
■ CD Les classiques<br />
du théâtre et de la littérature<br />
A commander sur<br />
langue française<br />
littérature (dire, lire, écrire)<br />
.<br />
Les classiques du théâtre et de la littérature<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
<strong>le</strong> <strong>bourgeois</strong> <strong>gentilhomme</strong><br />
par Bruno Clavier et Paul Maucourt<br />
conseils de<br />
mise en scène<br />
<strong>le</strong> décor et <strong>le</strong>s accessoires<br />
• On matérialisera dans l’espace : une entrée<br />
et une sortie, <strong>le</strong>s deux pouvant être confondues.<br />
Aucun décor particulier ni accessoires<br />
ne sont à prévoir.<br />
<strong>le</strong>s costumes<br />
• On pourra choisir de porter des costumes<br />
d’époque, à l’instar des acteurs de la Comédie-Française.<br />
• Une autre option consisterait à transposer<br />
la pièce dans notre monde d’aujourd’hui. Le<br />
<strong>bourgeois</strong> <strong>gentilhomme</strong> serait alors une<br />
sorte de frimeur, costume de vil<strong>le</strong> et lunettes<br />
noires.<br />
• Déguisés en Turcs, Coviel<strong>le</strong> et Cléonte<br />
porteront une gandoura, avec un turban sur<br />
la tête.<br />
préparation au jeu<br />
• Les enfants de Cyc<strong>le</strong> 2, auxquels on aura<br />
expliqué <strong>le</strong>s enjeux de la pièce, s’entraîneront<br />
à mimer <strong>le</strong>s situations sur la bande-son.<br />
• Ceux de Cyc<strong>le</strong> 3, eux, devront apprendre<br />
<strong>le</strong> texte pour <strong>le</strong> jouer comme de véritab<strong>le</strong>s<br />
acteurs.<br />
l’attitude des personnages<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong> : Il cherche à en imposer.<br />
Il se tient donc très droit, fier comme un<br />
coq. Il croit évoluer avec prestance mais ne<br />
<strong>le</strong> fait qu’avec maladresse. Il prend un air<br />
suffisant, montre par des grimaces qu’il est<br />
content de lui. Son ton est ampoulé, maniéré.<br />
Quand il est avec <strong>le</strong>s Turcs, il fait des<br />
révérences obséquieuses. Il pense être important<br />
quand il n’est que ridicu<strong>le</strong>.<br />
Madame <strong>Jourdain</strong> : C’est une femme de<br />
bon sens et énergique. El<strong>le</strong> se tient droite et<br />
lorsqu’el<strong>le</strong> se fâche, met <strong>le</strong>s poings sur ses<br />
hanches. El<strong>le</strong> est franche, dit ce qu’el<strong>le</strong><br />
pense, mais sait faire preuve de subtilité<br />
lorsque la situation l’exige (par exemp<strong>le</strong>,<br />
lorsqu’el<strong>le</strong> comprend <strong>le</strong> subterfuge de<br />
Cléonte et Coviel<strong>le</strong>).<br />
Cléonte : Déguisé en Turc, il se tient avec<br />
majesté et marche très <strong>le</strong>ntement.<br />
• Dans de nombreuses scènes, <strong>le</strong>s acteurs<br />
par<strong>le</strong>nt en aparté, c’est-à-dire qu’ils s’adressent<br />
uniquement au public ou à un personnage,<br />
en ignorant tous <strong>le</strong>s autres. Dans <strong>le</strong><br />
jeu, <strong>le</strong> personnage qui s’exprime ainsi place<br />
ses mains en porte-voix, ou bien chuchote<br />
de manière très forte (pour que ses paro<strong>le</strong>s<br />
soient audib<strong>le</strong>s par <strong>le</strong> public).<br />
<strong>La</strong> <strong>Classe</strong> • n°163 • 11/2005 67<br />
C. MOREAU<br />
fiche pratique<br />
12
1<br />
68<br />
<strong>La</strong> <strong>Classe</strong> • n°163 • 11/2005<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong>,<br />
<strong>le</strong> <strong>bourgeois</strong> <strong>gentilhomme</strong><br />
Acte I<br />
Scène 1 - <strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong>,<br />
Maître de philosophie, premier<br />
laquais, deuxième laquais<br />
Le narrateur<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong>, un <strong>bourgeois</strong> du XVII e sièc<strong>le</strong>, s’est<br />
mis en tête de devenir nob<strong>le</strong>. Il fait venir chez lui un<br />
Maître de philosophie.<br />
(Le rideau s’ouvre sur <strong>le</strong>s quatre personnages.)<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
Apprenez-moi l’orthographe, cher Maître de philosophie.<br />
Maître de philosophie<br />
Il y a cinq voyel<strong>le</strong>s : A, E, I, O, U.<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
O, O… A, A… U, U, E… I, I, I, I. C’est admirab<strong>le</strong>, ah la<br />
bel<strong>le</strong> chose que de savoir quelque chose ! Je voudrais<br />
aussi écrire.<br />
Maître de philosophie<br />
En vers ou en prose ?<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
Je ne veux ni vers ni prose.<br />
Maître de philosophie<br />
C’est l’un ou l’autre. En prose, c’est comme l’on par<strong>le</strong>.<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
Quand je dis « Nico<strong>le</strong>, apportez-moi mes<br />
pantouf<strong>le</strong>s »…<br />
Maître de philosophie<br />
C’est de la prose.<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
Alors, je veux écrire : « Bel<strong>le</strong> marquise, vos beaux yeux<br />
me font mourir d’amour ».<br />
Maître de philosophie<br />
On peut dire : « D’amour mourir me font, bel<strong>le</strong> marquise,<br />
vos beaux yeux », ou bien : « Me font, vos beaux<br />
yeux mourir, bel<strong>le</strong> marquise, d’amour ».<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
Quel<strong>le</strong> est la meil<strong>le</strong>ure ?<br />
Maître de philosophie<br />
<strong>La</strong> vôtre : « Bel<strong>le</strong> marquise, vos beaux yeux me font<br />
mourir d’amour ».<br />
C. MOREAU
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
J’ai donc fait cela du premier coup. Oh là, mes deux<br />
laquais !<br />
Les laquais<br />
Que vou<strong>le</strong>z-vous ?<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
Rien. C’est pour voir si vous m’entendez. Mon tail<strong>le</strong>ur<br />
m’a fait <strong>le</strong> plus bel habit de la Cour. Je vais <strong>le</strong> montrer,<br />
suivez-moi.<br />
(Le Maître de philosophie sort. <strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong> et<br />
<strong>le</strong>s laquais font mine de sortir.)<br />
Acte II<br />
Scène 1 - <strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong>,<br />
Madame <strong>Jourdain</strong>, Dorante,<br />
<strong>le</strong>s deux laquais<br />
Le narrateur<br />
<strong>La</strong> femme de monsieur <strong>Jourdain</strong> arrive.<br />
Madame <strong>Jourdain</strong><br />
Vous moquez-vous du monde habillé de la sorte ?<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
Savez-vous ce que vous dites à cette heure ?<br />
Madame <strong>Jourdain</strong><br />
Des paro<strong>le</strong>s sensées et votre conduite ne l’est guère.<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
C’est de la prose, ignorante ! Ah, voilà mon cher<br />
Dorante.<br />
(Dorante entre.)<br />
Dorante<br />
Cher <strong>gentilhomme</strong>, comment al<strong>le</strong>z-vous et comment<br />
se porte Madame <strong>Jourdain</strong> ?<br />
Madame <strong>Jourdain</strong><br />
Madame <strong>Jourdain</strong> se porte sur ses deux jambes.<br />
(à son mari) Ce comte est venu pour vous emprunter<br />
une fois de plus votre argent.<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
Taisez-vous !…<br />
Dorante<br />
Je suis venu vous rendre ce que je vous dois.<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong> (à sa femme)<br />
Vous voyez votre impertinence, femme.<br />
Dorante<br />
Plus <strong>le</strong>s deux mil<strong>le</strong> francs que vous al<strong>le</strong>z me prêter<br />
aujourd’hui, cela fera donc dix-huit mil<strong>le</strong> francs que je<br />
vous payerai la prochaine fois. Je parlais de vous ce<br />
matin à la chambre du roi.<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong> (à Madame <strong>Jourdain</strong>)<br />
Dans la chambre du roi ! (à Dorante) Tenez, voici la<br />
somme.<br />
(Dorante sort.)<br />
Madame <strong>Jourdain</strong><br />
Il fait de vous une vache à lait, une vraie dupe.<br />
(Madame <strong>Jourdain</strong> sort.)<br />
Scène 2 - <strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong>,<br />
Cléonte, Coviel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s deux laquais<br />
Le narrateur<br />
Cléonte est amoureux de Luci<strong>le</strong>, la fil<strong>le</strong> de monsieur<br />
<strong>Jourdain</strong>. Il vient demander sa main accompagné de<br />
son va<strong>le</strong>t Coviel<strong>le</strong>. Mais monsieur <strong>Jourdain</strong> refuse.<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
<strong>Monsieur</strong> Cléonte, vous n’êtes point <strong>gentilhomme</strong>, ma<br />
fil<strong>le</strong> n’est pas pour vous. El<strong>le</strong> sera marquise ou<br />
duchesse.<br />
Coviel<strong>le</strong> (à Cléonte)<br />
Mon cher Maître Cléonte, nous allons lui jouer un tour.<br />
Déguisé, j’irai dire à <strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong> que tu es <strong>le</strong> fils<br />
du grand Turc, que tu veux épouser sa fil<strong>le</strong> et <strong>le</strong> faire<br />
nob<strong>le</strong>, c’est-à-dire, grand Mamamouchi.<br />
(<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong>, Cléonte et Coviel<strong>le</strong> sortent –<br />
Prévoir un temps pour <strong>le</strong> déguisement de Cléonte et<br />
Coviel<strong>le</strong>.)<br />
<strong>La</strong> <strong>Classe</strong> • n°163 • 11/2005 69<br />
2
3<br />
Le narrateur<br />
Cléonte et Coviel<strong>le</strong>, tous deux déguisés en Turcs,<br />
arrivent chez monsieur <strong>Jourdain</strong>.<br />
(<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong> entre suivi par ses deux laquais qui<br />
se tiennent à l’entrée. Ils accueil<strong>le</strong>nt Cléonte et Coviel<strong>le</strong><br />
et <strong>le</strong>s conduisent à monsieur <strong>Jourdain</strong>. Ils marchent<br />
avec une allure très cérémonia<strong>le</strong> puis s’inclinent devant<br />
monsieur <strong>Jourdain</strong> qui s’incline en retour.)<br />
Cléonte<br />
Ambousahim oqui boraf, Jordina.<br />
Coviel<strong>le</strong><br />
Cela veut dire : « <strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong>, votre cœur est<br />
comme un rosier f<strong>le</strong>uri. »<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
Je suis très humb<strong>le</strong> serviteur de votre altesse.<br />
Cléonte<br />
Bel men.<br />
Coviel<strong>le</strong><br />
Il dit : « Al<strong>le</strong>z vite vous préparer pour la cérémonie, et<br />
voir votre fil<strong>le</strong> pour conclure <strong>le</strong> mariage. »<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
Tant de choses en deux mots ?<br />
Coviel<strong>le</strong><br />
Oui, la langue turque dit beaucoup en peu de paro<strong>le</strong>s.<br />
70 <strong>La</strong> <strong>Classe</strong> • n°163 • 11/2005<br />
Acte III<br />
Scène 1 - <strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong>,<br />
Cléonte, Coviel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s deux laquais<br />
Scène 2 - <strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong>,<br />
Luci<strong>le</strong>, Cléonte, Coviel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s deux<br />
laquais, puis madame <strong>Jourdain</strong><br />
Le narrateur<br />
Luci<strong>le</strong>, la fil<strong>le</strong> de monsieur <strong>Jourdain</strong>, arrive.<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
Ma fil<strong>le</strong>, donnez votre main à <strong>Monsieur</strong> <strong>le</strong> fils du grand<br />
Turc.<br />
Luci<strong>le</strong><br />
Je ne veux point me marier.<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
Je <strong>le</strong> veux, moi, qui suis votre père.<br />
Cléonte (en aparté à Luci<strong>le</strong>)<br />
Luci<strong>le</strong>, c’est moi, Cléonte.<br />
Luci<strong>le</strong><br />
Mon père, je vous obéis.<br />
Le narrateur<br />
Madame <strong>Jourdain</strong> arrive.<br />
Madame <strong>Jourdain</strong><br />
On dit que vous vou<strong>le</strong>z donner ma fil<strong>le</strong> au fils du grand<br />
Turc, il ne l’aura pas.<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
Moi, grand Mamamouchi, je vous dis que ce mariage<br />
se fera.<br />
Madame <strong>Jourdain</strong><br />
Mamamouchi, quel<strong>le</strong> est cette bête-là ? Ce mariage ne<br />
se fera point.<br />
Coviel<strong>le</strong> (en aparté, à madame <strong>Jourdain</strong>)<br />
Madame, c’est Cléonte déguisé.<br />
Madame <strong>Jourdain</strong><br />
En fait, je consens au mariage.<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
A la bonne heure ! Qu’on ail<strong>le</strong> vite quérir <strong>le</strong> notaire !<br />
Cléonte<br />
Alabala alabamen.<br />
Coviel<strong>le</strong><br />
Il dit : « Que la pluie des prospérités arrose votre<br />
famil<strong>le</strong> ! »<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
C’est admirab<strong>le</strong>. Chantons et dansons tous ensemb<strong>le</strong>.<br />
D’après Molière<br />
Adaptation : Bruno Clavier et Paul Maucourt<br />
Illustrations : Charlotte Moreau<br />
C. MOREAU
CD à commander<br />
sur .<br />
1. Mamamouchi mamoucha (bis)<br />
Beau <strong>gentilhomme</strong> que voilà (bis)<br />
Mamamouchi tourne-toi (bis)<br />
1. Ah qu’il est beau ce mamoucha<br />
Ah qu’il est sot ce <strong>bourgeois</strong>-là (bis)<br />
1. (Parlé) Sot ce <strong>bourgeois</strong>-là ?<br />
Qu’il est beau ce nob<strong>le</strong>-là (bis)<br />
Ah, ah, ah, ah, ah, ah, ah, ah, ah<br />
Mamamouchi<br />
mamamoucha<br />
Paro<strong>le</strong>s et musique :<br />
Bruno Clavier et Paul Maucourt<br />
2. Mamamouchi jordana (bis)<br />
Quel beau <strong>Jourdain</strong> cet homme-là (bis)<br />
Mamamouchi montre-toi (bis)<br />
1. Jordana tu ne vois pas<br />
Que l’on se moque de toi (bis)<br />
(Parlé) Que l’on se moque de toi<br />
1. Ton nom est celui d’un roi (bis)<br />
Ah, ah, ah, ah, ah, ah, ah, ah, ah<br />
2. Final<br />
2. Mamamouchi mamamoucha (4 fois)<br />
CHARLOTTE MOREAU<br />
<strong>La</strong> <strong>Classe</strong> • n°163 • 11/2005 71<br />
4
exercices de préparation<br />
au jeu<br />
Diction<br />
• Les élèves sont assis en demi-cerc<strong>le</strong> dans<br />
la cour ou sous <strong>le</strong> préau. Par deux, ils passent<br />
devant <strong>le</strong>urs camarades pour jouer <strong>le</strong><br />
Maître de philosophie et monsieur <strong>Jourdain</strong><br />
dans <strong>le</strong> dialogue suivant :<br />
Maître de philosophie<br />
Il y a cinq voyel<strong>le</strong>s, A, E, I, O, U.<br />
<strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
O, O… A,A… U, U, E… I, I, I, I. C’est<br />
admirab<strong>le</strong>, ah la bel<strong>le</strong> chose que de<br />
savoir quelque chose !<br />
<strong>La</strong> diction du Maître de philosophie est<br />
<strong>le</strong>nte, assurée. Il détache <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres une à<br />
une, en bon professeur qu’il est. Il est calme<br />
et sûr de lui. <strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong>, lui, est fébri<strong>le</strong><br />
: il énonce <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres comme des exclamations,<br />
de façon hachée. L’effet recherché<br />
est <strong>le</strong> ridicu<strong>le</strong> de l’homme qui croit faire une<br />
grande découverte.<br />
Etude du personnage<br />
de monsieur <strong>Jourdain</strong><br />
• Un questionnaire sera proposé aux élèves :<br />
A) Quels passages montrent <strong>le</strong> caractère<br />
vaniteux et ridicu<strong>le</strong> de monsieur<br />
<strong>Jourdain</strong> ?<br />
B) Quels passages montrent qu’il est<br />
crédu<strong>le</strong> ?<br />
Les réponses attendues sont :<br />
Question A<br />
1) Quand il dit « J’ai donc fait tout cela du<br />
premier coup ! »<br />
2) Quand il appel<strong>le</strong> ses deux laquais pour<br />
rien.<br />
3) Quand il veut montrer à sa femme qu’el<strong>le</strong><br />
fait de la prose.<br />
4) Quand il dit : « Moi, grand Mamamouchi<br />
».<br />
Question B<br />
1) Dans la scène avec Dorante, quand celuici<br />
lui emprunte une fois de plus de l’argent.<br />
2) Quand on lui fait croire qu’il a affaire au<br />
grand Turc.<br />
3) Quand deux mots en turc résument une<br />
très longue phrase : il ne s’aperçoit pas que<br />
Cléonte invente une langue qui n’existe pas.<br />
4) Quand, lors de la scène fina<strong>le</strong> du mariage,<br />
il est dupé par tout <strong>le</strong> monde.<br />
72<br />
<strong>La</strong> <strong>Classe</strong> • n°163 • 11/2005<br />
vocabulaire<br />
• On expliquera aux enfants <strong>le</strong> sens de certains<br />
termes rencontrés dans la saynète :<br />
– <strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong><br />
est un <strong>bourgeois</strong><br />
du XVIIe sièc<strong>le</strong>. Ayant fait<br />
fortune, il ambitionne<br />
d’être<br />
l’égal des nob<strong>le</strong>s<br />
(classe privilégiée<br />
par la naissance,<br />
dans laquel<strong>le</strong> on compte <strong>le</strong>s seigneurs<br />
et <strong>le</strong>s rois).<br />
– Un laquais est un serviteur.<br />
– <strong>La</strong> Cour : résidence du roi et de son entourage.<br />
– Impertinent : qui manque de respect, effronté.<br />
– Dupe : qui est faci<strong>le</strong> à tromper.<br />
– Gentilhomme : homme de naissance<br />
nob<strong>le</strong>.<br />
– Notaire : à l’époque, <strong>le</strong> mariage se faisait<br />
devant <strong>le</strong> notaire (aujourd’hui, c’est <strong>le</strong><br />
maire).<br />
• On précisera en outre qu’au XVIIe sièc<strong>le</strong>,<br />
<strong>le</strong>s gens vivaient sans é<strong>le</strong>ctricité, ni téléphone,<br />
ni télévision. L’avion, <strong>le</strong> train ou <strong>le</strong>s<br />
voitures n’existaient pas non plus : on se déplaçait<br />
à cheval, en carrio<strong>le</strong> ou en diligence.<br />
langue française<br />
• Au Cyc<strong>le</strong> 2, la première scène est l’occasion<br />
de s’intéresser de façon amusante aux<br />
voyel<strong>le</strong>s. On fera remarquer que la <strong>le</strong>ttre Y<br />
n’est pas mentionnée.<br />
• Au Cyc<strong>le</strong> 3, on notera que <strong>le</strong> grand Turc<br />
emploie une comparaison et une métaphore*<br />
:<br />
– Comparaison : « <strong>Monsieur</strong> <strong>Jourdain</strong>, votre<br />
cœur est comme un rosier f<strong>le</strong>uri. »<br />
– Métaphore : « Quela pluie des prospérités<br />
arrose votre famil<strong>le</strong> ! »<br />
Dans <strong>le</strong>s 2 cas, il s’agit d’exprimer une<br />
chose en utilisant une image. <strong>La</strong> comparaison<br />
utilise la conjonction comme pour<br />
mettre en relation l’image (un rosier f<strong>le</strong>uri)<br />
et son objet (votre cœur). <strong>La</strong> métaphore<br />
fonctionne différemment : l’image se substitue<br />
tota<strong>le</strong>ment au(x) mot(s) qu’el<strong>le</strong> traduit<br />
(« que la pluie… arrose… » remplace « que<br />
l’abondance… profite à… »).<br />
* « Pour <strong>le</strong>s enfants […], <strong>le</strong>s relations<br />
métaphoriques sont extrêmement<br />
comp<strong>le</strong>xes. Jouer avec est certainement<br />
essentiel. »<br />
Documents d’accompagnement des<br />
programmes sur la littérature au Cyc<strong>le</strong> 3,<br />
Chapitre « Ateliers de <strong>le</strong>cture ».
© G. DAGLI ORTI, Paris<br />
© COLLECTION ROGER-VIOLLET<br />
contexte et historique<br />
de la pièce<br />
Molière (1622-1673)<br />
Molière (1622-1673),<br />
portrait attribué à Pierre Mignard (1612-1695).<br />
Paris, Comédie-Française.<br />
• C’est sur <strong>le</strong> Pont-neuf à Paris que Jean-<br />
Baptiste Poquelin, alias Molière, tire de sa<br />
rencontre avec <strong>le</strong> célèbre acteur italien Scaramouche,<br />
sa passion pour <strong>le</strong> théâtre. Il<br />
fonde « L’illustre théâtre » puis, à 35 ans,<br />
est remarqué par <strong>le</strong> frère du roi Louis XIV.<br />
Il vient alors jouer à Paris. En 1659, c’est <strong>le</strong><br />
triomphe des Précieuses ridicu<strong>le</strong>s. Suivent<br />
de nombreux autres succès : Dom Juan<br />
(1665), L’avare (1668), Le Tartuffe (1669),<br />
Les fourberies de Scapin (1671), Les<br />
femmes savantes (1672), Le malade imaginaire<br />
(1673) et bien sûr Le <strong>bourgeois</strong> <strong>gentilhomme</strong>,<br />
qui date de 1670.<br />
Dessin du grand projet du château de Versail<strong>le</strong>s, façade de la cour de marbre.<br />
Lieu de conservation : France, Versail<strong>le</strong>s, Château.<br />
Le <strong>bourgeois</strong> <strong>gentilhomme</strong><br />
• <strong>La</strong> pièce est jouée pour la première fois à<br />
la Cour du roi <strong>le</strong> 14 octobre 1670. Lully est<br />
l’auteur de la musique de cette comédieba<strong>le</strong>t.<br />
Les aventures de monsieur <strong>Jourdain</strong>, héros<br />
ridicu<strong>le</strong> qui aspire à la nob<strong>le</strong>sse, ne constituent<br />
pas une comédie de mœurs. Le <strong>bourgeois</strong><br />
<strong>gentilhomme</strong> est plutôt une farce, dans<br />
la veine du Pâté et la tarte (cf. fiche n° 1).<br />
C’est Louis XIV qui imposa à Molière <strong>le</strong><br />
thème de la cérémonie turque. Celui-ci<br />
trouva <strong>le</strong> prétexte du <strong>bourgeois</strong> pour former<br />
l’intrigue de sa pièce dans l’actualité de son<br />
époque : nombre de <strong>bourgeois</strong> cherchaient<br />
alors à être anoblis par l’achat de charges.<br />
On pensa que Molière avait peut-être voulu<br />
se moquer de Colbert, ministre du roi et fils<br />
d’un drapier, <strong>bourgeois</strong> de Reims, lui-même<br />
fils d’un <strong>bourgeois</strong> anobli.<br />
notre adaptation<br />
• <strong>La</strong> saynète proposée est un condensé de la<br />
pièce origina<strong>le</strong>, d’où certaines scènes et personnages<br />
ont été écartés. Ainsi, la première<br />
scène du texte intégral comprend, en plus du<br />
Maître de philosophie, <strong>le</strong> Maître à danser et<br />
<strong>le</strong> Maître d’armes. Dans la suite de la pièce,<br />
d’autres personnages secondaires sont absents<br />
: <strong>le</strong> Maître tail<strong>le</strong>ur, Nico<strong>le</strong>, la servante<br />
et Dorimène, dont monsieur <strong>Jourdain</strong> est<br />
épris, comtesse et maîtresse de Dorante.<br />
Nous avons conservé certaines scènes (<strong>le</strong>s<br />
plus connues) et surtout réduit la longueur<br />
du texte afin qu’il puisse être appris par <strong>le</strong>s<br />
élèves sans trop de difficulté.<br />
<strong>La</strong> <strong>Classe</strong> • n°163 • 11/2005 73<br />
fiche pratique<br />
12
© COLLECTION ROGER-VIOLLET<br />
histoire<br />
• <strong>La</strong> saynète offrira l’occasion de travail<strong>le</strong>r<br />
sur :<br />
– <strong>le</strong> Grand Sièc<strong>le</strong>, Louis XIV, la monarchie<br />
absolue ;<br />
– <strong>le</strong>s classes socia<strong>le</strong>s : A la fin du XVIII e<br />
sièc<strong>le</strong>, la Révolution française permettra à la<br />
classe <strong>bourgeois</strong>e d’accéder au pouvoir au<br />
détriment de la nob<strong>le</strong>sse (on relèvera dans <strong>le</strong><br />
texte <strong>le</strong>s termes qui concernent la nob<strong>le</strong>sse :<br />
Cour, chambre du roi, marquise, duchesse,<br />
<strong>gentilhomme</strong>, altesse);<br />
– la monnaie sous l’Ancien Régime : dans la<br />
scène avec Dorante, il est question de<br />
francs. Le franc était la monnaie en or. Mais<br />
d’autres monnaies avaient cours : <strong>le</strong> louis, <strong>le</strong><br />
sou (ou sol), l’écu, <strong>le</strong> liard, <strong>le</strong> denier, la pisto<strong>le</strong>.<br />
éducation musica<strong>le</strong><br />
• Les enfants s’exerceront à chanter sur la<br />
bande-son. Chaque vers répété sera d’abord<br />
chanté par un élève en solo (si possib<strong>le</strong> celui<br />
qui a interprété monsieur <strong>Jourdain</strong> dans la<br />
pièce), puis repris par toute la classe,<br />
comme dans <strong>le</strong> disque. Les refrains peuvent<br />
aussi être chantés par tout <strong>le</strong> monde*.<br />
74<br />
<strong>La</strong> <strong>Classe</strong> • n°163 • 11/2005<br />
Molière (1622-1673),<br />
auteur dramatique et comédien français,<br />
interprétant « Le <strong>bourgeois</strong> <strong>gentilhomme</strong> »<br />
en 1670. Gravure d’époque.<br />
prolongement<br />
• Dans <strong>le</strong> fascicu<strong>le</strong> Documents d’accompagnement<br />
des programmes sur la littérature<br />
au Cyc<strong>le</strong> 3 (CNDP), il est préconisé d’étudier<br />
au moins 2 œuvres classiques dans l’année.<br />
En CM, on pourra travail<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong> texte<br />
intégral du Bourgeois <strong>gentilhomme</strong> à travers<br />
une édition accessib<strong>le</strong> aux élèves de ce niveau.<br />
<strong>La</strong> col<strong>le</strong>ction « Œuvres et thèmes - Classiques<br />
Hatier » propose, outre la pièce complète,<br />
de nombreux exercices et travaux<br />
intéressants. De quoi donner l’envie aux<br />
enfants de découvrir et de jouer d’autres<br />
morceaux savoureux du Bourgeois <strong>gentilhomme</strong><br />
!<br />
* « Varier <strong>le</strong>s sollicitations (par<br />
petit groupe, individuel<strong>le</strong>ment,<br />
en classe entière) en partageant<br />
<strong>le</strong>s phrases entre la classe et <strong>le</strong><br />
maître, entre deux groupes,<br />
relance toujours la participation<br />
et soutient la mémorisation. »<br />
Documents d’accompagnement<br />
des programmes, L’éducation<br />
artistique à l’éco<strong>le</strong> élémentaire,<br />
p. 20.