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30ans<br />
d’histoire<br />
Hors Série / juin 2004
C 2<br />
apel infos n°3 - juin 2004<br />
Il y a trente ans<br />
le rêve d’Eloi Brel<br />
1 er juillet 1973. Eloi Brel, quarante trois ans, est un jeune agriculteur plein de dynamisme.<br />
Issu des JAC (Jeunesses Agricoles Chrétiennes), il a déjà participé à la création de la CAEL, une coopérative<br />
d’élevage qu’il préside depuis 1966 et de SICA Centre Sud. Ce jour là, il s’apprête à rencontrer quatorze<br />
autres agriculteurs pour signer l’acte de fondateur de la <strong>CAPEL</strong>.<br />
Parmi ces quatorze personnes, cinq sont les présidents de<br />
petites coopératives du Lot. Ce sont un peu des révolutionnaires,<br />
des empêcheurs de tourner en rond. Enfants de paysans,<br />
ils veulent s’élever au-dessus de leur condition. Prendre leur<br />
destinée en main. Quitte à voler le pouvoir à ceux qui ont fait<br />
fortune de l’ignorance des leurs. Ces jeunes ruraux, courageux,<br />
instruits, élevés dans l’idée très chrétienne du progrès, constatent<br />
que les paysans nourrissent le pays depuis des générations sans<br />
prospérer eux-mêmes. Ils ne s’en satisfont pas.<br />
En signant les statuts de la <strong>CAPEL</strong> ce premier juillet 1973,<br />
Etienne Lapeze, Jean Fournié, Gabriel Nadal, Armand Laporte,<br />
Eloi Brel et les autres pressentent qu’ils sont à l’aube d’une<br />
nouvelle ère et que sous leur impulsion, le monde rural va<br />
changer. “La révolution silencieuse” est en marche.<br />
Mais dans le pays, tout le monde n’adhère pas au mouvement.<br />
Loin s’en faut…<br />
Belles voitures<br />
“Au début des années 70, Eloi Brel tenait souvent ce propos”,<br />
raconte aujourd’hui Denis Marre, directeur général de la<br />
<strong>CAPEL</strong> : “Chaque jour, je croisais le boucher et le marchand<br />
de bestiaux. Je voyais leur belle voiture toute neuve et leur<br />
belle maison. Cette richesse, je me suis dit qu’en créant une<br />
coopérative, on allait pouvoir la faire remonter aux producteurs.<br />
Lorsque nous avons eu constitué une première coopérative,<br />
il a fallu se rendre à l’évidence. Il y avait encore un long<br />
chemin à parcourir. Mais il ne fallait pas nous retourner”.<br />
Visionnaire<br />
“Issu d’une famille de paysans modestes, Eloi Brel avait acquis<br />
auprès des Jésuites l’idée que tous les hommes sont intelligents<br />
et que c’est l’histoire qui crée des situations injustes”, raconte<br />
Yves Borredon, administrateur de la <strong>CAPEL</strong> jusque dans les<br />
années 90. “Se grouper pour s’opposer”, telle était sa ligne<br />
de conduite. “Tous ceux qui l’ont côtoyé reconnaissent son<br />
écoute, sa diplomatie et son côté visionnaire. “Il était des ces<br />
hommes qui sèment les graines que les autres font pousser”,<br />
conclut Yves Borredon.<br />
Autosuffisance<br />
“La truffe, apparue avant guerre, n’avait pas rendu les gens<br />
entreprenants et vaillants”, raconte Guy Fouché, président de<br />
la <strong>CAPEL</strong> de 1993 à 1995 et acteur du mouvement coopératif<br />
dès l’origine. “Les gens vivaient de peu, en autosuffisance.<br />
Ils n’achetaient pas de viande, sauf pour les fêtes”.<br />
“Les exploitations, dédiées à la polyculture, mesuraient 15<br />
à 20 hectares pas plus”, raconte Jean Faliez, technicien de<br />
la CAEL dès 1966 et futur directeur général de la <strong>CAPEL</strong>,<br />
“mais la mécanisation arrivait et les lois d’orientation des<br />
années 60 allaient entraîner de grandes mutations”.<br />
Maquignon<br />
“Aucune structure organisée ne regroupait les exploitations”,<br />
résume Denis Marre. “Le marché, c’était des acheteurs privés,<br />
eux-mêmes de petite taille. Ils venaient dans les cours de<br />
ferme, estimaient la bête à l’œil, mentaient un peu sur le poids<br />
de la carcasse et l’emportaient”.<br />
“Le maquignon avait sa ferme de référence et s’en servait pour<br />
négocier chez les autres à la baisse”, raconte Guy Fouché.<br />
“Evidemment, l’agriculteur expérimenté, au courant des cours<br />
et qui prenait son temps pour courir les foires se faisait moins<br />
avoir que le benêt ou le jeune qui démarrait. Nous nous<br />
sommes insurgés contre ce système”.<br />
Prés carrés<br />
“Chaque commune ou canton avait son “syndicat”, petite<br />
coopérative le plus souvent tenue par un notable”, relate Guy<br />
Fouché. “Or ces syndicats avaient été créés pour regrouper<br />
les achats, en aucun cas pour commercialiser la production<br />
agricole”. Les jeunes agriculteurs se sont dit : “pourquoi ne<br />
pas créer des coopératives de vente ?”. “Cette logique fut<br />
largement incomprise par les anciens et même par le Crédit<br />
Agricole chez qui les revendeurs, négociants et autres maquignons<br />
avaient des comptes. On avait peur que nous fassions<br />
éclater le système. Et les directeurs voyaient qu’on allait diluer<br />
leur pouvoir. Il y avait des prés carrés”.<br />
Révolutionnaires<br />
Toutes les coopératives du Lot furent sollicitées pour créer<br />
l’union. Il y eut 80 % de non. “L’idée ne passait pas”, explique<br />
Guy Fouché. “Les gens pensaient qu’ils allaient se faire<br />
manger par Cahors. Ceux qui ont dit oui étaient les plus<br />
proches des “révolutionnaires”.
Repères<br />
Eloi Brel<br />
Membre fondateur de la <strong>CAPEL</strong>, Eloi Brel en fut<br />
le président jusqu’en 1993. Disparu en 1998,<br />
il a influencé durablement l’agriculture lotoise. 1973 – 1974<br />
• Création de la <strong>CAPEL</strong>, union de cinq coopératives du Lot :<br />
Montcuq, Castelnau, Puy l’Evêque, la Quercynoise à Cahors<br />
et la CAEL (coopérative agricole d’élevage).<br />
Signataires :<br />
André Baffalie - Montcuq,<br />
André Bergougnoux - Gramat,<br />
Eloi Brel - Saint Daunès,<br />
Michel Faurie - Cazals,<br />
Guy Fouché - Martel,<br />
Jean Fournié - Cahors,<br />
Jean Gauzin - Lacapelle Marival,<br />
Michel Ginibre - Castelnau Montratier,<br />
Etienne Lapeze - Montcuq,<br />
Yves Laverdet - Souillac,<br />
André Leymat - Luzech,<br />
Gabriel Nadal – Puy l’Evêque,<br />
Pierre Redon – Puy l’Evêque,<br />
Jean-Pierre Soulayres- Gramat<br />
Objectif :<br />
“Etre un outil au service du développement de<br />
l’agriculture lotoise“ (E. Brel)<br />
• Achat du terrain et des bâtiments qui deviendront le siège<br />
social, avenue Pierre Sémard à Cahors.<br />
• Achat d’un hectare de terrain du Périé à Gramat<br />
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C 4<br />
apel infos n°3 - juin 2004<br />
1975 -1985<br />
La petite coop qui monte<br />
La coopérative s’agrandit et son effectif croît rapidement. Mais sur le terrain commercial,<br />
les premières années sont difficiles. Lors des réunions, les débats sont houleux. Puis la confiance s’installe<br />
peu à peu entre la <strong>CAPEL</strong> et ses adhérents. Au tournant des années 80, le mouton subit une grave crise.<br />
Les jeunes agriculteurs doivent s’adapter...<br />
Adhésions<br />
“Rapidement, les adhésions se sont multipliées. A la suite<br />
des cinq coopératives fondatrices, celles de Gramat,<br />
Saint-Céré-Bétaille et Dégagnac nous ont rejoint. Puis d’autres.<br />
Toutes étaient des structures d’approvisionnement, souvent en<br />
situation difficile. A vrai dire, on adhérait plus par contrainte<br />
que par conviction, souvent poussé par le Crédit Agricole.<br />
Des gens fournissaient la <strong>CAPEL</strong> tout en restant adhérents à la<br />
coopérative locale pour raison diplomatique”.<br />
Contestations<br />
“Les réunions de sections étaient agitées. Motivé par quelque<br />
négociant, un adhérent trouvait toujours l’exemple d’une paire<br />
de bœuf vendue à des prix formidables. Habitués aux rapports<br />
de force avec les maquignons, les adhérents contestaient la<br />
rémunération de leurs produits. Les débuts ont été difficiles.<br />
Sur le marché parisien, c’était épouvantable” !<br />
Tollé général<br />
”Un jour, Eloi Brel a fait venir un expert pour débattre de<br />
l’évolution de l’agriculture. A la tribune, le gars lance :<br />
“Les choses bougent ! Bientôt, pour nourrir un ménage de<br />
producteurs, il faudra 200 brebis mères.” Tollé général. Huées.<br />
Avec quarante brebis, tous avaient déjà l’impression de<br />
s’épuiser au travail. Il a fallu toute la diplomatie d’Eloi Brel<br />
pour faire asseoir la salle. On a pris conscience qu’on ne<br />
faisait pas avancer un âne sans carotte. Ca nous a servi pour<br />
le label”.<br />
Label<br />
“Dans une région difficile comme la nôtre, nous savions<br />
que nous ne pourrions jamais faire de l’industriel.<br />
La crise de l’agneau a été le déclencheur des démarches<br />
qualité. Techniquement, ça n’était pas évident. La caussenarde<br />
est bonne mais elle a de longues pattes et des gigots<br />
allongés. On l’a sélectionné pour améliorer sa valeur laitière<br />
et sa conformation. Lorsque que l’on a eu créé une nouvelle<br />
race, la F1 46, tous les “anti” se sont ligués. Si je n’avais pas eu<br />
quelques amis et en particulier Jean Faliez et André Compain,<br />
j’aurais abandonné. A Paris, mes pairs me rigolaient au nez.<br />
Le label embêtait tout le monde. Le cahier des charges était<br />
perçu comme contraignant. Il fallait “boucler” les brebis,<br />
tenir un carnet d’agnelage pour assurer une traçabilité.<br />
On a cherché les fameuses carottes. On a trouvé des aides pour<br />
compenser le surcoût en attendant que les filières l’intègrent<br />
dans les prix de vente. Le Conseil Général nous avait promis<br />
une aide sur trois ans, il nous l’a donné sur cinq. Maurice Faure<br />
avait compris l’enjeu. Par la suite, cette démarche en a insufflé<br />
d’autres”.<br />
Modernisation<br />
“Au début des années 80, l’abattoir de Gramat était vétuste.<br />
A vrai dire, il était même en soins palliatifs depuis dix ans.<br />
Ça a été la bagarre pour le faire rénover. Des comités<br />
nationaux devaient approuver le projet. Il fallait qu’il y ait<br />
un potentiel d’abattage. Seuls les abatteurs, coopératives et<br />
négociants pouvaient le garantir. Les éleveurs n’y pouvaient<br />
rien. Nous sommes partis en campagne pour obtenir toutes<br />
ces signatures”.
Guy Fouché<br />
Compagnon des débuts d’Eloi Brel,<br />
Guy Fouché fut l’un des acteurs les plus<br />
impliqués du mouvement des jeunes agriculteurs.<br />
Président du groupement de producteurs ovins<br />
pendant vingt, il a présidé la <strong>CAPEL</strong> de 1992 à 1995.<br />
Repères<br />
1975<br />
• Construction du centre de béliers à Fontanes du Causse<br />
1975<br />
• Informatisation de la coopérative<br />
1977<br />
• Création de Centre Sud Elevage<br />
1978<br />
• Fusion avec la coopérative de Gramat<br />
• Aménagement de la salle d’éviscération palmipèdes à<br />
Gramat<br />
1979<br />
• Construction de la station fruitière de Castelnau<br />
• Aménagement d’un centre d’allotement à St Cirgues<br />
• Implantation d’un bâtiment de stockage appro à Gramat<br />
sur le site du Périé et aménagement d’un magasin au<br />
centre ville de Gramat<br />
1982<br />
• Extension du centre d’allotement de Gramat aux ovins et<br />
mise en place des points de collecte des agneaux<br />
• Rachat des Ets Louradour (appro) aux Quatre Routes<br />
1983<br />
• Fusion avec la coopérative de St Céré<br />
• Aménagement de la boucherie « Centre Sud » avenue<br />
Pierre Sémard à Cahors<br />
1984<br />
• Fermeture du magasin place de la bourse à Cahors et<br />
transfert de l’activité avenue Pierre Sémard<br />
• Reprise des activités d’abattage de la CEO (compagnie<br />
européenne ovine) par Centre Sud<br />
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C 6<br />
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1986 -1995<br />
La qualité avant tout<br />
Après une période d’expansion tous azimuts, la gestion fait son entrée dans le domaine agricole.<br />
La <strong>CAPEL</strong> se modernise, investit dans la transformation et la commercialisation. Avec plus ou moins de bonheur…<br />
Les démarches de labellisation se multiplient. Comme par le passé, la coopérative reste pionnière.<br />
Le succès de l’agneau fermier du Quercy fait des émules.<br />
Mal compris à ses débuts, le label de qualité apparaît<br />
désormais comme le moyen le plus sûr de faire face à la<br />
banalisation des produits agricoles. La crise des palmipèdes<br />
de 1985 en témoigne. A la suite d’une chute des cours sans<br />
précédent, une démarche de reconnaissance est entamée.<br />
Elle aboutira en 1987 à la création du premier label foie gras<br />
de France. Bientôt, l’ensemble des activités suivent. A l’aube<br />
des années 90, toutes les productions animales de la <strong>CAPEL</strong><br />
bénéficient d’un signe officiel de qualité.<br />
Ces évolutions sont accompagnées d’une modernisation<br />
accélérée. En 1988, la création du premier abattoir palmipèdes<br />
de Midi-Pyrénées agréé CEE est décidée. Celui-ci sera<br />
inauguré en 1990 à Gramat. La même année, un foie gras La<br />
Quercynoise obtient une médaille d’or au Concours général<br />
Agricole. La production connaît un fort développement. Dans<br />
le même temps, grâce à l’engagement d’investisseurs tel Centre<br />
Sud et des ETS Destrel, l’abattoir ovins de Gramat est privatisé<br />
et rénové. L’opération conforte la démarche label et permet<br />
de maintenir une activité d’abattage dans le Lot. Les activités<br />
fruits et légumes suivent les mêmes tendances.<br />
Pour assurer sa rentabilité, la <strong>CAPEL</strong> doit investir des secteurs<br />
connexes à son métier d’origine. Mais si l’adhésion au réseau<br />
Gamm Vert atteint son objectif, les premières tentatives de<br />
développement des filières d’aval sont un échec. Ce n’est que<br />
partie remise…<br />
Réticences<br />
“A l’origine, le foie gras, c’était le travail de l’épouse pour<br />
offrir le surplus à la famille. Dans les années 75-76, on éviscérait<br />
encore le canard dans la cuisine. Jusqu’en 1988, l’activité<br />
végétait. Nous avons commencé par utiliser un abattoir<br />
désaffecté à Salviac, puis nous avons aménagé un appentis<br />
au Perié. Les producteurs venaient eux-mêmes éviscérer leurs<br />
bêtes. Lorsque l’on a créé l’atelier d’éviscération et de découpe<br />
à Gramat, il y a eu des réticences. Des spécialistes nous ont dit<br />
que les canards ne résisteraient pas au transport, qu’il y aurait<br />
des pertes. Il faut dire qu’à l’époque, nous étions parmi les<br />
premiers. Techniquement, il a fallu tout inventer”.<br />
Les “rurbains”<br />
“Jusqu’à 1988, dans les dépôts d’approvisionnement,<br />
se trouvait toujours dans un coin quelques, marteaux, pointes<br />
et autres produits d’usage courant. Ils étaient vendus sans<br />
méthode particulière. Or nous avions un savoir-faire en<br />
jardinage et il y avait une demande pour ce savoir-faire.<br />
L’UNCAA (Union des coopératives d’approvisionnement agricole)<br />
a eu l’idée de ramener dans le giron des coopératives<br />
de l’argent des “rurbains”, ces gens qui travaillent en ville<br />
et qui vivent en milieu rural. C’est ainsi qu’est né le réseau<br />
Gamm Vert, à la fois marque, concept marketing et centrale<br />
d’achat. En élargissant l’offre à une clientèle voisine, on a pu<br />
maintenir des petits dépôts d’approvisionnement qui autrement<br />
n’auraient pas survécu”.<br />
Sauvetage<br />
“En 1988, la <strong>CAPEL</strong> a participé à la création du groupe Arcadie.<br />
Une belle idée sur le papier, mais qui dans les faits, s’est vite<br />
avérée catastrophique. L’objectif était d’additionner des forces<br />
pour s’engager dans la transformation de viande, activité très<br />
gourmande en capitaux. Malheureusement, dans les années<br />
1990, Arcadie s’est lancée dans un rachat d’entreprise mal<br />
ficelé qui a entraîné le groupe à sa perte. Arcadie a du se<br />
séparer de toute la partie industrielle de son activité et d’une<br />
société de distribution qui opérait sur le Sud-est. Finalement,<br />
en 1995, la <strong>CAPEL</strong>, avec quatre coopératives du Sud-Ouest a<br />
consolidé une structure régionale existante, ADSO (Arcadie<br />
Distribution Sud-Ouest) pour remplacer Arcadie”.<br />
Baume au cœur<br />
“Le 19 septembre 1991, le monde agricole a organisé une<br />
grande manifestation à Paris avec ce slogan “Pas de pays<br />
sans paysans”. Ce n’était pas une revendication agressive.<br />
Simplement l’expression de notre attachement à une agriculture<br />
diversifiée, faite d’exploitations familiales sur tout le<br />
territoire. J’ai été touché par l’accueil des Parisiens et de leur<br />
communion avec le monde paysan. Les médias s’en sont fait<br />
l’écho. Cela nous a donné du baume au cœur. Je crois que c’est<br />
une journée qui a compté en France”.
Jean Faliez<br />
Technicien au service de la CAEL dès 1966,<br />
Jean Faliez a grandi avec la <strong>CAPEL</strong>.<br />
Il en a été le directeur général de 1973 à 1995.<br />
Repères<br />
1985<br />
• Implantation d’un pont bascule à Montcuq<br />
1986<br />
• Fusion avec la coopérative de Gourdon<br />
• Agrandissement des bureaux du siège<br />
1988<br />
• Création d’ARCADIE par regroupement d’Auvergne Centre<br />
Sud – Champagne Viande – Cheville Langonnaise –<br />
Norey Provence – Languedoc<br />
• Ouverture d’un magasin à Limogne<br />
• Adhésion à Gamm Vert<br />
• Rachat des Ets Rossignol (appro) à Gramat et<br />
aménagement du Gamm Vert.<br />
1989<br />
• Réalisation de l’abattoir avec éviscération et atelier de<br />
découpe de palmipèdes gras à Gramat<br />
• Constitution d’une S.C.I. pour construire un dépôt<br />
agricole et Magasin Gamm Vert à Saint Céré<br />
• Installation de la calibreuse à melons à Castelnau<br />
• Mise en place de l’abattoir ovin de Gramat avec<br />
les Ets Destrel et Centre Sud<br />
1990<br />
• Reprise de l’affaire BELVEZET (appro) à Felzins<br />
• Transfert de l’abattage des veaux de Cahors vers St Céré<br />
1991<br />
• Rachat des installations de l’abattoir plaine du Pal<br />
à Cahors et aménagement d’un magasin Gamm Vert<br />
• Construction du magasin Gamm Vert et du dépôt<br />
agricole de Gourdon<br />
1992<br />
• Constitution de l’Association « Agneau Fermier des<br />
Pays d’Oc » avec UNICOR, Groupe Occitan.<br />
1993<br />
• Engagement dans l’abattoir de St Céré<br />
• Implantation de l’activité matériel d’élevage à Figeac<br />
1994<br />
• Filiation partielle de l’appro par la constitution de<br />
<strong>CAPEL</strong> 4 saisons<br />
• Création d’Uninoix avec Valcausse et Producnoix 1995<br />
• Constitution de Qualiporc avec Quercy Porc et Corlodogne<br />
Mise en place d’A.D.S.O. (Arcadie Distribution Sud Ouest)<br />
1995<br />
• Constitution de Qualiporc avec Quercy Porc et Corlodogne<br />
Mise en place d’A.D.S.O. (Arcadie Distribution Sud Ouest)<br />
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C 8<br />
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1996 -2000<br />
Le choix de la proximité<br />
La coopérative est à la croisée des chemins. Après deux années déficitaires, elle doit opérer des<br />
choix stratégiques cruciaux. L’idée de développer l’aval des productions fait son chemin. Mais au sein<br />
du Conseil d’administration, deux logiques s’affrontent. L’équipe dirigeante préconise un rapprochement<br />
avec la coopérative aveyronnaise Unicor. Mais la plupart des administrateurs craignent que le centre de<br />
décision quitte le Lot. Les débats sont houleux.<br />
Les périodes difficiles sont propices à la remise en question.<br />
1995 est à ce titre l’année du changement. 1993 et 1994 ont<br />
été légèrement déficitaires. En 1994, Jean Faliez a été sollicité<br />
par la coopérative aveyronnaise Unicor. Il en devient directeur<br />
général tout en poursuivant ses fonctions à la <strong>CAPEL</strong>.<br />
Cette direction à temps partagé va dans le sens d’un rapprochement<br />
entre les deux coopératives, préconisé par l’équipe<br />
dirigeante. Guy Fouché et Jean Faliez estiment qu’un partenariat<br />
renforcé est nécessaire au déploiement d’une stratégie<br />
industrielle. Or le contexte est aux fusions. Celle de deux<br />
entités départementales du Crédit Agricole s’est soldée par<br />
la délocalisation du siège à Rodez. Cet exemple entretient<br />
un climat d’incertitude. Administrateurs et salariés craignent<br />
une fuite du centre de décision hors du Lot. Un audit est<br />
lancé. Après plusieurs mois de travail, le cabinet C3A rend<br />
son rapport. Celui-ci souligne les atouts et les faiblesses de<br />
l’entreprise. Parmi ces dernières, la direction générale à temps<br />
partiel entre <strong>CAPEL</strong> et Unicor. Cet audit conforte les administrateurs<br />
dans leur volonté de maintenir un centre de décision<br />
lotois. En décembre 1995, au terme de débats animés, Jean<br />
Faliez démissionne de ses fonctions. Il est remplacé par Denis<br />
Marre. Quelques semaines plus tard, Guy Fouché laisse sa place<br />
à Christian Delrieu.<br />
La <strong>CAPEL</strong> n’abandonne pas pour autant son objectif de<br />
développement aval. En 1995, elle entre au capital d’Arcadie<br />
Distribution Sud Ouest avec quatre autres coopératives dont<br />
Unicor.<br />
D’autres partenariats sont également mis en place avec<br />
des coopératives départementales ou limitrophes. La <strong>CAPEL</strong><br />
s’ouvre tout en maintenant son ancrage local. Investissements<br />
et fusions-acquisitions se pousuivent.<br />
Tandem<br />
“Denis Marre et moi-même nous connaissions déjà bien lors<br />
de mon élection. Très vite, nous avons compris que dans une<br />
maison aussi grande que <strong>CAPEL</strong>, nous ne pouvions passer notre<br />
temps à réfléchir à ce que pensait l’autre. Nous avons opté<br />
pour une répartition des rôles claire. Nous nous sommes attachés<br />
à ce qu’une décision politique ne puisse compromettre<br />
une décision de gestion et vice-versa. Notre confiance réciproque<br />
a été très utile les premières années”.<br />
Partenariats<br />
“La période 1996-2000 est celle au cours de laquelle nous<br />
avons commencé à considérer les coopératives voisines<br />
non-plus comme des concurrents mais comme des partenaires<br />
potentiels. Le dialogue s’est instauré avec Sicaseli. Nous avons<br />
appris à nous connaître. Nous avons conclu des accords de<br />
territoire et de production pour éviter d’être en concurrence<br />
frontale. Puis nous avons créé un GIE pour acheter ensemble.<br />
La création de Qualiporc et d’ADSO tout comme l’adhésion de<br />
la section palmipèdes d’Unicor au groupement de producteurs<br />
palmipèdes de la <strong>CAPEL</strong> procèdent de la même logique”.<br />
Parrains<br />
“J’ai toujours admiré Eloi Brel pour sa capacité à dessiner<br />
l’avenir, son côté avant-gardiste. Avec Jean Faliez, son directeur<br />
général, un homme pragmatique attaché au terrain,<br />
ils formaient un duo parfait. Leurs objectifs coïncidaient avec<br />
les miens. C’est pour cela que je suis resté administrateur”.<br />
Soutiens<br />
“Lorsque j’ai pris mes fonctions, nous avons été appuyés par la<br />
profession. La Chambre d’agriculture, la FDSE et la CDJA nous<br />
ont soutenus. Pourtant, on pouvait légitimement s’interroger<br />
sur la solidité de la <strong>CAPEL</strong>. C’était une entreprise qui devait<br />
faire de gros investissement mais qui avait peu de fonds<br />
propres. Mais d’un autre côté, notre absence dans le département<br />
était inimaginable ”!<br />
Réussite<br />
“L’une des plus belles réussites de la <strong>CAPEL</strong> au cours de ces<br />
quatre années a été le développement de La Quercynoise,<br />
c’est à dire de l’activité palmipèdes. C’est, avec la station<br />
fruitière de Castelnau, le secteur qui a permis d’installer le plus<br />
de jeunes agriculteurs dans le Lot”.
Christian Delrieu<br />
Très investi dans le développement local,<br />
Christian Delrieu, éleveur à Bétaille,<br />
préside la <strong>CAPEL</strong> depuis 1996.<br />
Repères<br />
C 9apel infos n°3 - juin 2004
10 Capel<br />
infos n°3 - juin 2004<br />
2001…<br />
Les fruits de la croissance<br />
La politique de croissance externe se poursuit. Partenariats, fusion, la <strong>CAPEL</strong> recrute de nouveaux<br />
adhérents et s’investit de plus en plus dans l’aval. En 2004, de coopérative de production, elle est devenue<br />
une structure de commercialisation à part entière. Trente ans après, le rêve d’Eloi Brel est plus que jamais<br />
d’actualité.<br />
L’objectif de la <strong>CAPEL</strong> est le même qu’aux premiers jours :<br />
accéder au marché en direct. Dans le contexte moderne,<br />
une telle ambition nécessite d’atteindre une taille critique<br />
et motive une croissance accélérée. Les fusions-absorptions<br />
se multiplient. 2001 est une année d’expansion record.<br />
Pas moins de six entreprises entrent dans le giron de la <strong>CAPEL</strong>.<br />
Certaines de ces opérations ont pour vocation de maintenir<br />
un service en zone rurale. Souvent, elles se réalisent à la suite<br />
de difficultés ou d’un départ à la retraite sans perspective de<br />
reprise. La <strong>CAPEL</strong> assoit son développement dans un contexte<br />
de régression de la population agricole. Mais ces rachats permettent<br />
de faire monter l’offre en puissance et de contourner<br />
des intermédiaires commerciaux.<br />
La croissance externe est assortie de gros efforts pour valoriser<br />
les produits. Une fois de plus, les recettes mises au point par<br />
les fondateurs font merveille. De nouveaux labels - Bergeret,<br />
IGP melon du Quercy et AOC noix du Périgord - apparaissent<br />
sur le marché. Désormais, la majorité des productions de la<br />
<strong>CAPEL</strong> bénéficient d’une dénomination sous signe officiel de<br />
qualité qui permet de vendre mieux et à un prix plus élevé.<br />
Ce développement est assorti d’une conséquence non prévue<br />
au départ. La <strong>CAPEL</strong> a changé de périmètre d’action. Autrefois<br />
limitée au Lot et aux arrondissements limitrophes, sa zone<br />
d’intervention s’étend depuis 2003 de Montauban à Ussel.<br />
En 2004, la coopérative est implantée sur l’ensemble du Lot,<br />
du Tarn et Garonne et de la Corrèze et dans les arrondissements<br />
limitrophes du Cantal, de l’Aveyron, de la Dordogne et<br />
du Lot et Garonne.<br />
Un tel développement est le prolongement de la logique de<br />
regroupement voulue par les fondateurs. Trente ans après,<br />
la <strong>CAPEL</strong> confirme sa vocation d’entreprise d’aval. Le vœu<br />
d’Eloi Brel d’apporter la prospérité au monde paysan est<br />
entrain de se réaliser.<br />
Galvanisé<br />
“Quand j’ai été nommé directeur général, le représentant de<br />
la caisse nationale du Crédit Agricole m’a reçu. C’était juste<br />
après la défaillance d’Arcadie. Il m’a dit : “Avec les provisions<br />
que vous avez à faire, vous n’avez aucune chance”. Ça m’a<br />
galvanisé. Dans notre environnement, rares étaient ceux<br />
qui croyaient à notre projet. Nous si, parce que nous étions<br />
simplement mieux informés. Depuis, nous avons quadruplé nos<br />
fonds propres”.<br />
Chèques<br />
“Il y a trente ans, la <strong>CAPEL</strong> a été créée dans l’idée de ne plus<br />
se contenter de produire mais d’aller vers le marché pour faire<br />
remonter la valeur ajoutée aux producteurs. La période 2001-<br />
2004 confirme cette vocation. La conséquence, c’est que la<br />
<strong>CAPEL</strong> fait deux fois plus de chèques aux producteurs qu’elle<br />
ne leur fait de factures. Peu de coopératives polyvalentes sont<br />
dans cette proportion”.<br />
Mentalités<br />
“Lors des premières assemblées, les questions portaient sur<br />
le poids des carcasses. On ignorait la notion de concurrence.<br />
Aujourd’hui, on ne parle plus que de stratégie et de marchés.<br />
Les mentalités ont évolué avec l’entreprise”.<br />
Cas unique<br />
“L’activité palmipèdes a été créée de toutes pièces, sans croissance<br />
externe. Aujourd’hui, nous en maîtrisons toutes les fonctions,<br />
y compris commerciales. C’est un cas unique en France”.<br />
Aval<br />
“Au cours de huit ou dix dernières années, nous avons doublé<br />
nos activités d’aval. Cela veut dire que nous sommes parvenus<br />
à digérer notre croissance externe. Rien que pour les palmipèdes,<br />
les ventes de produits transformés ont augmenté de 80 %<br />
entre 2001 et 2004. Et ce n’est pas fini”.<br />
Citoyens<br />
“Aujourd’hui, les agriculteurs veulent être des citoyens à<br />
part entière. Il ne veulent plus se contenter de produire mais<br />
produire ce que veut le consommateur. Ils ont le souci de<br />
l’ environnement“.
Denis Marre<br />
Conseiller de gestion au CGER du Lot à ses<br />
débuts, Denis Marre est entré en 1976 à la<br />
<strong>CAPEL</strong>. Chargé de la direction administrative et<br />
financière, il a été nommé directeur général en<br />
décembre 1995.<br />
Repères<br />
2001<br />
• Rachat des Ets Couderc à Limogne<br />
(agro-fournitures et libre service agricole)<br />
• Rachat de la Sté BOS à Goudou<br />
(vente et service après-vente matériel agricole)<br />
• Rachat de la Sté AGRIPRO (ex Ets Bonnave).<br />
Leur implantation sur les sites de Ganic, Fontanes,<br />
St Cyprien, Cahors et Quatre Routes permet de<br />
renforcer un réseau de proximité<br />
• Constitution de l’Union la Quercynoise avec<br />
UNICOR, SICASELI et VALCAUSSE. <strong>CAPEL</strong> est actionnaire<br />
majoritaire. Objectif : maintenir et développer un<br />
outil Nord Midi-Pyrénées d’abattage, de découpe<br />
et de transformation de palmipèdes à foie gras.<br />
• Fusion avec la CAEM (coopérative agricole d’Elevage<br />
de Montauban – Tarn et Garonne et Sud du Lot)<br />
dans le but de constituer sur ce secteur<br />
un bassin Blonde d’Aquitaine<br />
2003<br />
• Adhésion des éleveurs d’ovins et de veaux sous<br />
la mère de la Maison des Agriculteurs (Corrèze)<br />
aux O.P. ovins et bovins<br />
• Extension de reconnaissance de la <strong>CAPEL</strong><br />
en Haute Corrèze<br />
2004<br />
• Fusion avec SOPROM Coopérative fruitière du Tarn<br />
et Garonne spécialisée en prunes, melons,<br />
raisins et pommes.<br />
C 11 apel infos n°3 - juin 2004
Fruits et légumes<br />
Soprom fusionne avec la <strong>CAPEL</strong><br />
Après trois ans de discussions en vue d’un partenariat, les difficultés financières de la coopérative<br />
fruitière du sud Quercy ont accéléré le processus d’union. Le 14 mai 2004, le conseil d’administration de<br />
SOPROM a voté la fusion. A l’heure où nous écrivons, la <strong>CAPEL</strong> doit confirmer son accord.<br />
SOPROM, coopérative fruitière du sud Quercy est une<br />
entreprise de forte notoriété et l’un des opérateurs les plus<br />
importants du Tarn et Garonne. Réunissant 150 agriculteurs,<br />
elle produit et commercialise melons, prunes et bien d’autres<br />
fruits et légumes traditionnels de la vallée et des coteaux de<br />
la Garonne. Autant de productions bien maîtrisées par notre<br />
coopérative mais qui suivent des circuits différents. Tandis que<br />
la <strong>CAPEL</strong> vend à Carrefour et Cora, SOPROM écoule l’essentiel<br />
de sa production auprès de Leclerc, de Casino et du grossiste<br />
Soprom en chiffres :<br />
150 adhérents,<br />
3 stations fruitières : Montpezat, Mirabel, Moissac,<br />
8000 tonnes de fruits et légumes.<br />
Pomona. Les fonds de commerce des deux entités sont donc<br />
complémentaires. La fusion avec SOPROM s’inscrit dans la<br />
logique de concentration de l’offre voulue par les organisations<br />
de producteurs pour faire contrepoids face à la grande<br />
distribution. La politique d’aval de la <strong>CAPEL</strong> et son souci de<br />
valorisation des produits au travers de démarches de qualité<br />
ne sont pas étrangères à la démarche de SOPROM envers nous.<br />
Bienvenue à ses nouveaux adhérents !<br />
1974<br />
Chiffre d’affaires : 65 millions de francs<br />
Salariés : 60<br />
1984<br />
Chiffre d’affaires : 360 MF<br />
Salariés : 107<br />
1994<br />
Chiffre d’affaires : 550 MF<br />
Salariés : 220<br />
2004<br />
Chiffre d’affaires : 1 milliard 150 MF (175 Millions d’Euros)<br />
Salariés : 545