02.07.2013 Views

Numéro 98 (décembre 2009) - Association Végétarienne de France

Numéro 98 (décembre 2009) - Association Végétarienne de France

Numéro 98 (décembre 2009) - Association Végétarienne de France

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

égétariennes<br />

ÉÉ ÉÉ ÉÉ TT TT TT HH HH HH iii iii QQ QQ QQ UU UU UU E E E E E E - - - - - - SS SS SS AA AA AA NN NN NN TT TT TT É É É É É É - - - - - - EE EE EE NN NN NN VV VV VV iii iii RR RR RR OO OO OO NN NN NN NN NN NN EE EE EE MM MM MM EE EE EE NN NN NN TT<br />

TT<br />

TT<br />

Alternatives lternatives égétariennes<br />

J O U R N A L D E L ’ A S S O C I A T I O N V É G É T A R I E N N E D E F R A N C E<br />

Un menu pour les fêtes<br />

Propos <strong>de</strong><br />

Michel Onfray,<br />

philosophe<br />

La grippe H1N1<br />

par le Dr Barnard<br />

N°<strong>98</strong> DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER <strong>2009</strong> - TRIMESTRIEL - 25 e N°<strong>98</strong> D É C E M B R E - J A N V I E R - F É V R I E R 2 0 0 9 - T R I M E S T R I E L - 2 5 A N N É E - I S S N 0 2 9 5 - 0 8 6 3 4 <br />

e A N N É E - I S S N 0 2 9 5 - 0 8 6 3 4


S P O R T<br />

2<br />

C’est sous les couleurs <strong>de</strong> l’AVF que Gabriel et<br />

Arnaud ont couru le 32 e Paris-Versailles,<br />

le dimanche 27 septembre <strong>2009</strong>…<br />

Compte-rendu ci-<strong>de</strong>ssous. Avis aux amateurs !<br />

À quand la formation <strong>de</strong> l’équipe AVF d’Île-<strong>de</strong>-<strong>France</strong> ?<br />

Le Paris-Versailles est une course <strong>de</strong> 16,3 km, donc<br />

plus courte que le semi-marathon, mais avec la particularité<br />

d'un relief assez marqué : d'abord la Côte <strong>de</strong>s Gar<strong>de</strong>s,<br />

puis celle du Cimetière (l'itinéraire a été choisi avec soin....).<br />

20 588 inscrits, 17 829 seulement à l'arrivée, ça fait <strong>de</strong>s<br />

dégâts !<br />

Départ aux pieds <strong>de</strong> la Tour Eiffel, les 6 premiers kilomètres<br />

sur le plat font office d'échauffement, petit ravitaillement<br />

en eau au km 5, et on gar<strong>de</strong> l'œil sur le cardiofréquencemètre<br />

pour ne pas partir en surrégime, car au km 6 commencent<br />

les choses sérieuses.<br />

- KM 6 : nous voici à Meudon, au bas <strong>de</strong> la Côte <strong>de</strong>s Gar<strong>de</strong>s<br />

pour 2,1 km à un peu plus <strong>de</strong> 6 %. La fréquence cardiaque<br />

monte sérieusement (bizarrement, on n'a pas senti la<br />

baisse <strong>de</strong> température liée aux 140 m d'ascension...). Mais<br />

comme nous l'espérions, la côte nous a été très bénéfique<br />

en termes <strong>de</strong> classement, probablement parce que nous<br />

sommes <strong>de</strong>s produits allégés, garantis 100 % « sans toxine<br />

animale ». Ensuite nous arrivons rapi<strong>de</strong>ment dans la forêt <strong>de</strong><br />

AVF sur le<br />

Paris-Versailles<br />

Meudon, on respire !<br />

- KM 9 : on attrape au vol quelques raisins secs et une<br />

boisson isotonique que nous ten<strong>de</strong>nt généreusement les<br />

scouts <strong>de</strong> l'organisation (ouf, tout est vég !). Belle <strong>de</strong>scente<br />

<strong>de</strong> 800 m sur cette route forestière, on en profite pour faire<br />

re<strong>de</strong>scendre un peu les pulsations (récupération nécessaire,<br />

car avec le message sur nos t-shirts, l'option arrêt cardiaque<br />

n'était pas envisageable !).<br />

- KM 13 : la bien-nommée Côte du Cimetière, beaucoup<br />

plus courte que la première, mais judicieusement placée là<br />

où ça fait mal... après ce « mur », un <strong>de</strong>rnier ravitaillement<br />

(merci les scouts !) et il ne reste plus que 3 km que l’on fait<br />

en accélération progressive.<br />

L’Algérien Mohammed AL HACHIMI gagne en 46 mn 03,<br />

établissant le nouveau record <strong>de</strong> l’épreuve. Notre objectif<br />

était <strong>de</strong> courir en 1 h 20, et nous finissons en 1 h 16 mn 56<br />

et 1 h 16 mn 57, soit 2 633 ème et 2 639 ème . Bon... le podium<br />

n’est pas encore pour cette année !<br />

Avis aux végétariens, sportifs confirmés ou coureurs du<br />

dimanche, nous remettrons ça le 13 <strong>décembre</strong> au Bois <strong>de</strong><br />

Vincennes, pour la course « Courir pour le Plaisir » (http://<br />

courirpourleplaisir.fr). Elle ne fait que 8 km, sur le plat. Entre<br />

végétariens, plus on est <strong>de</strong> fous, plus on... riz, alors n’hésitez<br />

pas à vous joindre pour montrer que les veggies courent<br />

aussi ! . Contact : arnaud_grandamy@yahoo.fr<br />

Gabriel et Arnaud<br />

Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o 97 - SEPTEMBRE - OCTOBRE - NOVEMBRE <strong>2009</strong>


PAGE<br />

2. Sport<br />

4. Nutrition-santé<br />

11. Animaux<br />

13. International<br />

15. Voyages<br />

17. Véganisme<br />

22. Cuisine végétarienne<br />

27. Repas <strong>de</strong> Noël végétarien<br />

31. Culture<br />

35. Infos<br />

37. Société<br />

41. Juridique<br />

45. Écologie<br />

47. Abonnement - Adhésion<br />

50. La vie <strong>de</strong> l’association<br />

<strong>Association</strong><br />

<strong>Végétarienne</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>France</strong><br />

membre <strong>de</strong><br />

l’Union<br />

<strong>Végétarienne</strong><br />

Européenne<br />

BP 4 - 77390 Chaumes-en-Brie<br />

Directeur <strong>de</strong> la publication : André Méry<br />

Rédacteur en chef : André Méry<br />

Toile : www.vegetarisme.fr<br />

Courriel : contact@vegetarisme.fr<br />

Réalisation : <strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong><br />

Imprimé sur papier recyclé<br />

Bonjour,<br />

Voilà maintenant 15 ans (c’était une journée <strong>de</strong> <strong>décembre</strong> 1994) qu’un groupe <strong>de</strong><br />

végétariens a fondé ce qui est <strong>de</strong>venu aujourd’hui l’<strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> que<br />

vous connaissez. Les hauts et les bas (doux euphémismes…) que l’association a connus en ces<br />

15 années <strong>de</strong> vie nous ont montré toute la diffi culté d’exister lorsqu’on ose ne pas être dans la<br />

norme et que l’on prétend en plus – crime suprême ! – en proposer une meilleure.<br />

Aujourd’hui que la pérennité <strong>de</strong> l’association semble assurée (bien que je ne puisse<br />

m’empêcher <strong>de</strong> dire « semble »), le défi qui se dresse <strong>de</strong>vant nous est sans doute moins <strong>de</strong><br />

continuer à exister que d’arriver à donner envie <strong>de</strong> nous rejoindre, pour que l’autre norme – le<br />

végétarisme – arrive à s’imposer <strong>de</strong> façon pérenne dans le pays…<br />

Pourquoi rejoindre l’AVF plutôt que d’aller voir ailleurs ? Pourquoi militer sous la bannière<br />

<strong>de</strong> l’AVF plutôt que <strong>de</strong> se lancer dans une « n+unième » structure, succédant aux « n »<br />

précé<strong>de</strong>ntes qui n’avaient pas non plus réfl échi à nous rejoindre ?<br />

Je pose la question en connaissant la réponse : la liberté d’action selon sa propre sensibilité.<br />

C’est ce que revendiquent les militants végétariens et végétaristes et qu’ils tiennent comme<br />

un gage d’effi cacité. Et, certes, c’est une source d’effi cacité puisque cela permet d’agir <strong>de</strong> façon<br />

diverse, en variant les approches, les métho<strong>de</strong>s et les cibles.<br />

Mais la question subsidiaire est : en quoi l’AVF ne serait-elle pas à même d’assurer une<br />

diversité d’approches, <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> cibles, nécessitant par là que d’autres groupes veuillent<br />

y suppléer ?<br />

Là aussi j’ai la réponse, qui est simple : ce que nous ne faisons pas et que d’autres vont<br />

faire ailleurs, c’est ce que nous ne pouvons pas faire parce que d’autres, qui ont toutes les capacités<br />

pour cela, déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> le faire ailleurs avant <strong>de</strong> savoir s’ils pourraient le faire avec nous…<br />

Bien sûr, les critiques que l’on nous adresse sont fondées : vous n’êtes pas présents<br />

ici, vous n’entreprenez pas cela, vous manquez <strong>de</strong> telle ou telle chose (au choix : visibilité, documents,<br />

campagnes, pétition, assistance, contact, participation, énergie, etc.). Mais, objection,<br />

Votre Honneur ; nous sommes bien évi<strong>de</strong>mment preneurs <strong>de</strong> présences, d’entreprises, et <strong>de</strong> tout<br />

ce qui manque encore… sauf que nous n’avons pas <strong>de</strong> baguette magique et que le seul moyen<br />

<strong>de</strong> faire <strong>de</strong> l’AVF une association multitâches et performante où l’on apprécie <strong>de</strong> vivre et d’agir,<br />

c’est d’y apporter ses envies et ses capacités.<br />

Ce n’est pas toujours ni souvent ainsi que cela se passe. Et je peux même vous assurer<br />

que lorsque j’envoie un message à <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> <strong>de</strong>stinataires pour recruter 2-3 volontaires<br />

afi n <strong>de</strong> tenir un stand et marquer notre présence dans un événement important, il m’arrive souvent<br />

<strong>de</strong> ne recevoir aucune réponse… Alors oui, nous ne sommes ni présents, ni actifs, ni percutants<br />

comme nous pourrions l’être, mais nous sommes obligés <strong>de</strong> « faire avec », comme on dit.<br />

J’aimerais faire comprendre que la diversité à laquelle sont attachés les militants n’a<br />

pas vocation à se dissoudre dans l’unité d’une bannière AVF. Pas chez nous. Vous avez l’esprit<br />

d’entreprise ? Formidable ! Vous avez <strong>de</strong>s idées ? Merveilleux ! Vous voulez agir <strong>de</strong> façon autonome<br />

pour ce qui vous paraît important ? Splendi<strong>de</strong> ! Foncez et militez donc sous la bannière<br />

AVF, participez à la vie <strong>de</strong> l’asso, mettez-y votre empreinte et faites-en un groupe puissant et<br />

irrésistible !<br />

La diversité est une excellente chose, la dispersion beaucoup moins. Qu’est-ce donc qui<br />

peut le mieux donner envie <strong>de</strong> nous rejoindre, si ce n’est <strong>de</strong> savoir qu’ainsi, on va forger l’association<br />

dont on a envie ? Pour le végétarisme, les animaux, les humains et la planète !<br />

Oui, je ne vous cache pas que le défi qui se dresse <strong>de</strong>vant nous est d’arriver à le faire<br />

comprendre. Le potentiel militant français est immense, mais le saupoudrage sert le statu quo.<br />

À vrai dire, je rêve d’une <strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong> Fédérative <strong>de</strong> <strong>France</strong>, dont l’image<br />

unitaire imprégnerait le paysage social, dont la présence et la visibilité seraient incontournables,<br />

et dont on ne pourrait se passer comme interlocuteur.<br />

Et si beaucoup rejoignaient l’AVF actuelle avec leur militantisme propre, je crois que<br />

nous pourrions y arriver… Pas dans 15 ans ; bientôt !<br />

André Méry<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

3


N U T R i T i O N - S A N T É<br />

4<br />

LES PAGES<br />

Généralités :<br />

Variété et qualité sont les <strong>de</strong>ux mots-clés <strong>de</strong> l’équilibre<br />

alimentaire, et ce pour tout type d’alimentation. Concrètement,<br />

pour une alimentation végétarienne bien menée, cela<br />

signifie :<br />

- Combiner les diverses catégories d’aliments (céréales,<br />

légumes, fruits, aliments protidiques, matières grasses en<br />

quantités raisonnables) au cours d’une même journée, et<br />

varier les aliments choisis pour chaque catégorie. La diversité<br />

<strong>de</strong>s végétaux savoureux disponibles à l’achat est infinie.<br />

Il faut en profiter !<br />

- Privilégier les aliments <strong>de</strong> bonne qualité nutritionnelle.<br />

Pour ce faire, choisir <strong>de</strong>s fruits et légumes frais, <strong>de</strong> saison,<br />

produits localement <strong>de</strong> préférence. D’une manière générale,<br />

les aliments issus <strong>de</strong> l’agriculture biologique ont également<br />

une meilleure valeur nutritionnelle.<br />

- Éviter les « calories vi<strong>de</strong>s », c’est-à-dire tous les aliments<br />

transformés qui apportent beaucoup <strong>de</strong> calories pour<br />

très peu, voire pas du tout, <strong>de</strong> micronutriments indispensables<br />

(vitamines, minéraux, antioxydants...). C’est le cas<br />

du sucre raffiné (présent dans <strong>de</strong> nombreuses boissons,<br />

L’APSARES est une association libre <strong>de</strong> professionnels<br />

<strong>de</strong> santé indépendants (mé<strong>de</strong>cins, diététiciens, etc.) dont l’objectif<br />

est <strong>de</strong> contribuer à l’amélioration <strong>de</strong> la santé publique par la<br />

promotion d’une alimentation responsable.<br />

Pour en savoir plus : http://www.alimentation-responsable.com<br />

Conseils pour<br />

une alimentation<br />

végétarienne (*) bénéfique<br />

Assurer une bonne alimentation végétarienne n’est pas<br />

compliqué. Comme un végétarisme bien équilibré<br />

est reconnu bénéfi que pour la santé, il serait vraiment<br />

dommage <strong>de</strong> ne pas en tirer tous les avantages<br />

en n’appliquant pas quelques bonnes règles.<br />

La santé est trop précieuse pour être laissée à l’intuition.<br />

Ces conseils vous sont donnés pour que vous retiriez<br />

le maximum <strong>de</strong> bénéfi ces<br />

<strong>de</strong> votre alimentation végétarienne.<br />

( * ) Par « alimentation végétarienne », nous entendons toutes les variantes allant <strong>de</strong><br />

l’ovo-lacto-végétarisme au végétalisme, sauf précision contraire.<br />

<strong>de</strong>sserts lactés, biscuits industriels), <strong>de</strong>s plats préparés très<br />

gras, et d’une manière générale <strong>de</strong> tous les produits dits<br />

« raffinés », c’est-à-dire appauvris (sucre blanc ou roux, farines<br />

« blanches ») et/ou transformés pour le pire (huiles hydrogénées,<br />

aci<strong>de</strong>s gras trans).<br />

Varier les sources <strong>de</strong> protéines :<br />

Tout d’abord bien gar<strong>de</strong>r à l’esprit que dans nos sociétés<br />

occi<strong>de</strong>ntales, les protéines sont consommées en excès, ce<br />

qui n’est pas sans poser <strong>de</strong> sérieux problèmes <strong>de</strong> santé<br />

publique. En réalité, <strong>de</strong> faibles quantités <strong>de</strong> protéines (<strong>de</strong><br />

10 à 12 % <strong>de</strong> l’apport énergétique total) sont amplement<br />

suffisantes aussi bien pour les adultes que pour les enfants<br />

(sauf rares cas pathologiques particuliers). Manger moins <strong>de</strong><br />

protéines que la « moyenne » n’est donc pas synonyme <strong>de</strong><br />

carence, mais d’équilibre !<br />

Si vous êtes végétaLien, pour assurer vos besoins<br />

quantitatifs ET qualitatifs en protéines, il convient simplement<br />

d’avoir quotidiennement <strong>de</strong>s apports en céréales (2<br />

à 5 portions par jour en fonction <strong>de</strong> la dépense énergétique),<br />

<strong>de</strong>s légumes secs ou du soja (1 à 2 portions par<br />

jour suffisent), complétés à l’envi par <strong>de</strong> petites quantités<br />

<strong>de</strong> fruits oléagineux et/ou graines oléagineuses (tous<br />

types <strong>de</strong> noix, noisettes, aman<strong>de</strong>s, arachi<strong>de</strong>s, graines <strong>de</strong><br />

V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


sésame, <strong>de</strong> courge, <strong>de</strong> tournesol, etc.), ainsi que <strong>de</strong> « super-aliments<br />

» comme les algues, les germes ou encore la<br />

levure <strong>de</strong> bière.<br />

Si vous êtes végétaRien, les laitages (non sucrés) ou les<br />

œufs peuvent remplacer les légumes secs ou le soja, mais<br />

il est vivement conseillé d’alterner entre toutes ces options,<br />

et <strong>de</strong> ne se « gaver » <strong>de</strong> laitages en aucun cas. Cela n’est ni<br />

nécessaire, ni bénéfique à votre santé.<br />

Concernant les apports en aci<strong>de</strong>s gras :<br />

Il est important <strong>de</strong> varier les huiles et <strong>de</strong> consommer<br />

chaque jour 1 à 2 cuillères à soupe d’huile <strong>de</strong> colza ou soja<br />

ou noix pour couvrir le besoin en aci<strong>de</strong>s gras <strong>de</strong> type oméga-<br />

3 (aci<strong>de</strong>s gras essentiels). Ces huiles doivent être consommées<br />

crues (non adéquates pour la cuisson ou la friture).<br />

Pour optimiser les bénéfices du végétarisme, ou encore en<br />

pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> grossesse, il est recommandé <strong>de</strong> s’assurer <strong>de</strong>s<br />

apports en aci<strong>de</strong>s gras oméga-3 à longues chaînes (DHA et<br />

EPA) par la prise <strong>de</strong> compléments alimentaires à base <strong>de</strong><br />

micro-algues.<br />

Si <strong>de</strong>s laitages et <strong>de</strong>s œufs sont consommés, veiller à<br />

limiter tout particulièrement les quantités <strong>de</strong> : lait entier, fromages<br />

gras, œufs, beurre, crème fraîche, car ils sont riches<br />

en aci<strong>de</strong>s gras saturés et en cholestérol.<br />

Si les apports en lipi<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s corps gras (huiles, margarines)<br />

ne doivent pas être excessifs, il est important <strong>de</strong> ne<br />

pas les réduire à moins <strong>de</strong> 30 g par jour (soit l’équivalent <strong>de</strong><br />

3 cuillères à soupe d’huile), afin <strong>de</strong> couvrir les besoins en<br />

différents aci<strong>de</strong>s gras mais également en vitamine E. Ceci<br />

est important à noter pour les personnes suivant un régime<br />

amaigrissant notamment.<br />

Concernant l’apport en calcium :<br />

Tout comme pour les protéines, les besoins en calcium<br />

ont tendance à être surestimés. Dans les pays occi<strong>de</strong>ntaux,<br />

ils sont régulièrement revus à la hausse au nom <strong>de</strong> la lutte<br />

contre l’ostéoporose, mais les résultats <strong>de</strong> cette politique<br />

sont tout sauf efficaces et ne semblent bénéficier à personne,<br />

si ce n’est à l’industrie laitière...<br />

Les produits laitiers sont pour la plupart très riches en<br />

calcium. Cependant, ils sont aussi très acidifiants, et donc<br />

responsables d’une importante décalcification osseuse...<br />

cherchez l’erreur ! Encore une fois, il est donc préférable <strong>de</strong><br />

consommer ces produits en quantités modérées, et sûrement<br />

pas 3 ou 4 portions par jour comme le scan<strong>de</strong>nt les<br />

recommandations officielles !<br />

On trouve <strong>de</strong>s quantités appréciables <strong>de</strong> calcium dans<br />

les légumes secs, les fruits oléagineux, les légumes à feuilles<br />

vertes, certains produits à base <strong>de</strong> soja, ou encore dans<br />

certaines eaux minérales. Les besoins en calcium <strong>de</strong>vraient<br />

donc être assurés sans problème dans le cadre d’une alimentation<br />

végétarienne équilibrée.<br />

En outre, pour les personnes végétaLiennes dont les<br />

besoins calciques sont accrus (femmes allaitantes, enfants,<br />

adolescents notamment), la consommation quoti-<br />

dienne <strong>de</strong> lait <strong>de</strong> soja enrichi en calcium est recommandée.<br />

Concernant l’apport en fer :<br />

Les besoins quantitatifs en fer sont généralement<br />

couverts par une alimentation végétarienne équilibrée,<br />

dont les apports en fer sont comparables à ceux du régime<br />

omnivore. Pour permettre une bonne assimilation<br />

<strong>de</strong> ce fer, quelques précautions sont souhaitables :<br />

- Au cours d’un même repas, consommer une source<br />

<strong>de</strong> vitamine C (fruit frais, crudité) et une source <strong>de</strong> fer (légumes<br />

secs, fruits oléagineux, fruits séchés, pain complet).<br />

La vitamine C ai<strong>de</strong> en effet à l’assimilation du fer d’origine<br />

végétale, moins bien assimilé en moyenne que le fer d’origine<br />

animale.<br />

- Limiter la consommation <strong>de</strong> thé : les tannins du thé<br />

inhibent l’assimilation du fer.<br />

- En trempant les légumineuses avant la cuisson, et<br />

en consommant du pain au levain naturel et <strong>de</strong>s graines<br />

germées, vous pouvez encore améliorer l’absorption du fer<br />

(ainsi que l’absorption du zinc et du calcium).<br />

Concernant l’apport en vitamine B12 :<br />

D’après la recherche, il n’existe aucune source fiable <strong>de</strong><br />

vitamine B12 d’origine végétale. Certains aliments comme<br />

la spiruline semblent contenir <strong>de</strong>s « analogues » <strong>de</strong> la vitamine<br />

B12, ces composés n’ayant pas les propriétés <strong>de</strong> la<br />

vitamine. En cas <strong>de</strong> régime strictement végétaLien, une<br />

supplémentation en vitamine B12 est donc une précaution<br />

indispensable, et elle est conseillée pour les végétaRiens.<br />

Ces <strong>de</strong>rniers peuvent, afin <strong>de</strong> déterminer si la supplémentation<br />

est nécessaire dans leur cas, se faire prescrire par un<br />

mé<strong>de</strong>cin un dosage <strong>de</strong> leur taux d’aci<strong>de</strong> méthylmalonique<br />

urinaire, paramètre le plus fiable pour détecter une carence<br />

en vitamine B12 (attention, le dosage <strong>de</strong> la vitamine B12<br />

sérique n’est en revanche pas un bon indicateur, mais tous<br />

les mé<strong>de</strong>cins ne le savent pas).<br />

Concernant l’apport en vitamine D :<br />

Les sources végétales <strong>de</strong> vitamine D sont très restreintes.<br />

Cependant cette vitamine a la particularité d’être synthétisée<br />

par la peau à partir du rayonnement solaire. Dans un<br />

pays comme la <strong>France</strong>, le temps d’exposition et l’intensité<br />

<strong>de</strong> l’insolation sont insuffisants dans la plupart <strong>de</strong>s cas, et <strong>de</strong><br />

ce fait, la carence en vitamine D, très courante (aussi bien<br />

chez les végétariens que chez les omnivores). Une supplémentation<br />

préventive est donc fortement recommandée. À<br />

défaut, vous pouvez <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à un mé<strong>de</strong>cin d’effectuer<br />

un dosage sanguin <strong>de</strong> cette vitamine afin <strong>de</strong> dépister une<br />

éventuelle carence.<br />

Conclusion :<br />

La clé d’une bonne alimentation végétarienne est la variété<br />

et la qualité <strong>de</strong>s aliments choisis. Les quantités doivent<br />

être adaptées aux besoins <strong>de</strong> chacun.<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

N U T R i T i O N - S A N T É<br />

5


N U T R i T i O N - S A N T É<br />

6<br />

ANNEXE I - QUELQUES BONNES SOURCES (NON EXHAUSTIVES) DE MINÉRAUX :<br />

Calcium Phosphore Potassium<br />

Aman<strong>de</strong>s, noisettes, cresson,<br />

persil, pois chiches, fèves, haricots<br />

blancs, cacao ; eaux Vittel, Hépar,<br />

Contrexéville.<br />

Cacao, aman<strong>de</strong>s, noisettes, noix,<br />

légumes secs, pain complet,<br />

riz, fruits séchés, pain blanc,<br />

légumes frais.<br />

Magnésium Fer Io<strong>de</strong><br />

Cacao, germe <strong>de</strong> blé, noix <strong>de</strong><br />

cajou, aman<strong>de</strong>s, haricots secs,<br />

fèves, noix, noisettes, flocons<br />

d’avoine, maïs, pain complet,<br />

lentilles, épinards.<br />

Cacao, lentilles, haricots secs,<br />

pois secs, fruits oléagineux, fruits<br />

secs, épinards, pain complet.<br />

Consommer <strong>de</strong>s aliments<br />

riches en vitamine C au même<br />

moment que la source <strong>de</strong> fer<br />

ai<strong>de</strong> à l’absorption <strong>de</strong> celui-ci.<br />

Levure <strong>de</strong> bière, cacao, légumes secs, fruits<br />

séchés, fruits oléagineux, champignons, épinards,<br />

pommes <strong>de</strong> terre, bettes, bananes, autres fruits<br />

frais, autres légumes frais, céréales.<br />

Algues, soja en grains, ail, haricots verts, oignons,<br />

navets, sel iodé.<br />

Les besoins en io<strong>de</strong> peuvent être couverts par<br />

½ cuillère à café <strong>de</strong> sel iodé par jour.<br />

Cuivre Zinc Autres minéraux (cuivre, cobalt, manganèse…)<br />

Cacao, germe <strong>de</strong> blé, aman<strong>de</strong>s,<br />

noix, noisettes, légumes secs,<br />

flocons d’avoine, champignons,<br />

cresson, pain complet, fruits<br />

séchés, olives.<br />

Pain complet, légumes secs,<br />

pain blanc, fruits oléagineux, ail,<br />

oignons, fruits séchés, épinards,<br />

sala<strong>de</strong>, pommes <strong>de</strong> terre.<br />

La consommation <strong>de</strong> graines<br />

germées ai<strong>de</strong> à l’absorption du<br />

zinc.<br />

Levure <strong>de</strong> bière, légumes à feuilles vertes, céréales<br />

complètes et légumes secs, fruits oléagineux,<br />

abricots secs, algues.<br />

ANNEXE II : la position <strong>de</strong> l’<strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong><br />

Par végétarisme, l’A.V.F. entend la pratique d’une alimentation végétarienne équilibrée :<br />

variant l’apport en protéines et autres nutriments d’origine végétale,<br />

accordant une importance primordiale à la consommation<br />

<strong>de</strong> fruits et légumes,<br />

privilégiant les aliments non excessivement raffinés,<br />

favorisant les produits cultivés naturellement.<br />

En d’autres termes, une bonne alimentation végétarienne est la résultante d’une base<br />

végétale déclinée selon les 3 critères <strong>de</strong> l’équilibre, <strong>de</strong> la variété et du naturel.<br />

Ceci est symbolisé par le schéma ci-contre.<br />

À titre d’information, la répartition généralement conseillée pour une alimentation végétarienne<br />

équilibrée et variée est représentée par la pyrami<strong>de</strong> ci-<strong>de</strong>ssous. À noter que les œufs ne sont pas indispensables<br />

et que les produits laitiers peuvent être avantageusement remplacés par <strong>de</strong>s alternatives enrichies (calcium, vitamine D,<br />

B12) : les régimes végétaLiens bien conçus sont également bénéfiques pour la santé.<br />

V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


La guerre<br />

contre la grippe<br />

H1N1<br />

Par le docteur Neal Barnard<br />

La grippe H1N1 a déjà tué au<br />

moins 4 375 personnes, selon<br />

l’Organisation mondiale <strong>de</strong> la Santé,<br />

1 et menace <strong>de</strong> multiplier les décès<br />

dans les mois qui viennent.<br />

Que peut-on faire pour nous<br />

protéger ? Rester chez soi, se laver<br />

les mains, faire une réserve <strong>de</strong><br />

Tamiflu ? Ces actions, bien qu’avisées,<br />

ne font qu’esquiver une seule<br />

voiture qui roule à gran<strong>de</strong> vitesse. Aux trousses <strong>de</strong> cette<br />

<strong>de</strong>rnière, il y en aura une autre, puis une autre et encore<br />

une autre. Les épidémies virales se succè<strong>de</strong>nt sans fin. Et<br />

tous les virus subséquents seront plus perspicaces et mieux<br />

adaptés pour vaincre nos défenses immunitaires.<br />

Pour arrêter les vagues récurrentes <strong>de</strong>s virus, il faut s’attaquer<br />

à la source du problème. Les virus ne proviennent<br />

ni du laboratoire d’un scientifique fou, ni d’une expérience<br />

gouvernementale, ni <strong>de</strong> l’espace<br />

intersidéral. Comme leurs<br />

noms le suggèrent, la grippe<br />

porcine provient <strong>de</strong>s porcs et<br />

la grippe aviaire provient <strong>de</strong> la<br />

volaille. Dans les élevages industriels,<br />

les animaux sont <strong>de</strong>s<br />

éprouvettes vivantes dans lesquelles<br />

les virus se multiplient<br />

et se combinent, créant <strong>de</strong><br />

nouveaux virus qui voyagent<br />

d’un animal à l’autre et ensuite<br />

se propagent aux éleveurs, à<br />

leur famille, à leurs proches, et<br />

enfin à l’ensemble <strong>de</strong> la communauté.<br />

Pourquoi les élevages industriels sont-ils <strong>de</strong>venus gigantesques<br />

? Pourquoi y a-t-il tant <strong>de</strong> porcs et <strong>de</strong> volaille ?<br />

Parce que <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> personnes font leurs achats dans<br />

les rayons <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> aux supermarchés, comman<strong>de</strong>nt du<br />

jambonneau au restaurant et achètent <strong>de</strong>s kilos <strong>de</strong> poulet<br />

frit dans les fast-foods. Leurs achats financent ces grands<br />

incubateurs viraux que sont les élevages industriels.<br />

Les virus ont pour origine les intestins <strong>de</strong>s oiseaux. Il est<br />

facile pour un oiseau migrateur d’introduire un virus dans<br />

un élevage <strong>de</strong> poulets ou <strong>de</strong> porcs. Là, le virus se combine<br />

avec d’autres virus en un processus appelé « réassortiment »<br />

pour arriver à une autre forme plus virulente. En 1918, le<br />

virus H1N1 s’est transmis <strong>de</strong>s oiseaux aux hommes et est<br />

<strong>de</strong>venu tristement célèbre sous le nom <strong>de</strong> la « grippe espagnole<br />

». En 1957, ce virus s’est combiné avec un autre virus<br />

Neal Barnard a fondé en 1<strong>98</strong>5 le « Comité <strong>de</strong> Praticiens pour<br />

une Mé<strong>de</strong>cine Responsable » (PCRM en anglais), www.pcrm.org,<br />

qui revendique 5 000 membres et dont les buts sont <strong>de</strong> promouvoir<br />

une mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> prévention (fondée sur l’alimentation végétalienne)<br />

et d’encourager l’éthique dans la recherche médicale<br />

(par <strong>de</strong>s alternatives à l’expérimentation animale).<br />

Il a témoigné <strong>de</strong> sa connaissance <strong>de</strong> notre association en nous<br />

proposant l’article sur la grippe H1N1 :<br />

« J’ai souvent eu l’occasion <strong>de</strong> lire <strong>de</strong>s articles sur le site d’AVF.<br />

Puis-je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> considérer <strong>de</strong> publier un commentaire<br />

au sujet <strong>de</strong> la grippe H1N1 ? J’ai écrit un commentaire que je<br />

peux vous envoyer, si vous voulez.<br />

Veuillez agréer l’expression <strong>de</strong> mes sentiments distingués.<br />

aviaire pour produire un nouveau virus meurtrier, que l’on<br />

appelait « la grippe asiatique ». En 1968, le même processus<br />

nous a donné « la grippe <strong>de</strong> Hong Kong ».<br />

Il est trop tard pour arrêter la grippe porcine H1N1. Elle<br />

est déjà sortie <strong>de</strong>s élevages. Mais c’est le bon moment pour<br />

prévenir les autres grippes, celles qui vont inévitablement<br />

suivre et qui peuvent être encore bien plus dangereuses.<br />

Il faut remarquer qu’il n’y a aucune « grippe légumineuse<br />

», « grippe épinard », ou « grippe spaghetti arabiata ».<br />

Et voilà la solution ! Il faut réduire le nombre d’animaux qui<br />

grandissent dans les élevages industriels où ils se transforment<br />

en incubateurs viraux créant ainsi les conditions idéales<br />

pour le développement <strong>de</strong> nouvelles espèces <strong>de</strong> virus.<br />

Cela veut dire aussi faire nos achats dans les rayons d’alimentation<br />

saine. Il n’est ni nécessaire, ni pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> fréquenter<br />

les rayons <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>.<br />

Les virus ne sont pas les seuls malfaiteurs qui se cachent<br />

dans la vian<strong>de</strong>. Si l’on faisait un prélèvement <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> dans<br />

n’importe quel magasin, on trouverait, dans environ un tiers<br />

<strong>de</strong>s échantillons, <strong>de</strong>s bactéries vivantes, surtout les salmonelles,<br />

<strong>de</strong>s campylobacters, et l’E. coli. Toutes ces bactéries<br />

ont leur origine dans les élevages intensifs. Ces microbes<br />

vivent dans les intestins <strong>de</strong>s animaux jusqu’au moment où<br />

le boucher coupe les abats et laisse s’éparpiller le contenu<br />

<strong>de</strong>s intestins partout.<br />

Neal D. Barnard, MD »<br />

C’est peut-être difficile<br />

d’imaginer un mon<strong>de</strong> sans<br />

élevages. Mais dans les années<br />

quarante, quand les<br />

Américains faisaient <strong>de</strong> leur<br />

mieux pour faire la guerre, le<br />

gouvernement américain a<br />

fortement réglementé le marché<br />

<strong>de</strong>s pneus, <strong>de</strong> l’alimentation,<br />

<strong>de</strong> l’essence et <strong>de</strong> plusieurs<br />

autres secteurs, parce<br />

que les priorités étaient tout<br />

à fait claires. Pourquoi maintenant,<br />

quand la mort pointe<br />

le bout <strong>de</strong> son nez, ne pouvons-nous pas fournir un effort<br />

semblable ?<br />

Si on laisse <strong>de</strong> côté la vian<strong>de</strong>, et si les éleveurs, petit à<br />

petit, trouvent d’autres métiers, comme l’ont fait les agriculteurs<br />

qui ont dû abandonner les champs <strong>de</strong> tabac pour<br />

le bien-être <strong>de</strong> tous, on arrivera à un mon<strong>de</strong> plus sain avec<br />

moins <strong>de</strong> virus mais aussi un mon<strong>de</strong> dans lequel les gens<br />

seront en meilleure santé. Imaginez un mon<strong>de</strong> sans cholestérol,<br />

sans matière grasse <strong>de</strong> source animale. Un mon<strong>de</strong><br />

où le risque <strong>de</strong> crises cardiaques, d’hypertension, <strong>de</strong> cancer<br />

et d’obésité n’est qu’une fraction <strong>de</strong> ce que l’on connaît<br />

aujourd’hui.<br />

Si nous arrivons à ce mon<strong>de</strong> sain et sage, nos efforts<br />

pour lutter contre la grippe nous auront bien servi. <br />

1. http://www.who.int/csr/don/<strong>2009</strong>_10_16/en/in<strong>de</strong>x.html [au 16 octobre 2010]<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

N U T R i T i O N - S A N T É<br />

7


N U T R i T i O N - S A N T É<br />

8<br />

Sommes-nous<br />

carnivores,<br />

omnivores<br />

ou herbivores ?<br />

Le bifteck-frites, les œufs pochés et la fondue au fromage<br />

ont mauvaise presse par les temps qui courent... :<br />

- Réchauffement climatique<br />

Les 1,3 milliard <strong>de</strong> bêtes à cornes qui nous servent <strong>de</strong><br />

gar<strong>de</strong>-manger produisent une quantité phénoménale <strong>de</strong><br />

gaz méthane (NH4) un gaz à effet <strong>de</strong> serre 23 fois plus puissant<br />

que le CO2. « C’est ainsi que le bovin réchauffe plus<br />

que la voiture », explique l’éthicien Jean-Baptiste Jeangène<br />

Vilmer 1 .<br />

- Mal-être animal<br />

Et c’est sans mentionner les milliards <strong>de</strong> poulets, <strong>de</strong><br />

porcs, <strong>de</strong> lapins, <strong>de</strong> canards, d’oies et <strong>de</strong> poissons qui<br />

croupissent dans <strong>de</strong>s élevages<br />

hyper-polluants dans <strong>de</strong>s<br />

conditions, selon le mot <strong>de</strong><br />

l’ethnologue français Jean<br />

Pierre Digard, « proches du sadisme<br />

- totalement injustifiées<br />

même d’un point <strong>de</strong> vue strictement<br />

productiviste » 2 . Les<br />

poules pon<strong>de</strong>uses par exemple<br />

sont enfermées à cinq dans un<br />

espace <strong>de</strong> 45 cm par 50 cm,<br />

ce qui fait pour chacune un<br />

espace équivalent à une feuille<br />

<strong>de</strong> papier. « À titre <strong>de</strong> comparaison, conclut Vilmer, cela reviendrait<br />

à enfermer durant toute leur vie cinq humains dans<br />

une cabine téléphonique. 3 »<br />

- Risques <strong>de</strong> pandémie<br />

Par Charles Danten<br />

La plupart <strong>de</strong> nos épidémies - y compris le SIDA 4 - les<br />

plus gravissimes, sinon toutes, sont transmises par les animaux<br />

5 . La peste porcine par exemple a tué <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong><br />

personnes au siècle <strong>de</strong>rnier 6 . Et présentement, le spectre<br />

<strong>de</strong> la grippe porcine - une maladie dérivée <strong>de</strong>s méga-porcheries,<br />

<strong>de</strong> la mondialisation et du néo-libéralisme - plane<br />

sur nous avec l’insistance <strong>de</strong>s charognards 7 .<br />

- Effets délétères sur la santé<br />

Mis à part les méfaits sur la santé <strong>de</strong>s antibiotiques et<br />

<strong>de</strong>s hormones <strong>de</strong> croissance couramment employés pour<br />

augmenter le taux <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> l’élevage, certains cancers<br />

du système digestif et les acci<strong>de</strong>nts cardiovasculaires<br />

sont imputés à un régime alimentaire trop riche en produits<br />

d’origine animale. Selon une étu<strong>de</strong> américaine récente réa-<br />

lisée sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 10 ans, auprès <strong>de</strong> 500 000 personnes,<br />

la consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> rouge (bœuf et porc)<br />

augmente le risque <strong>de</strong> mourir d’un cancer <strong>de</strong> 22 % pour les<br />

hommes et <strong>de</strong> 20 % pour les femmes ; le risque <strong>de</strong> mourir<br />

d’une maladie du cœur augmente <strong>de</strong> 27 % pour les hommes<br />

et <strong>de</strong> 50 % pour les femmes 8 . L’étu<strong>de</strong> dite « Chinoise »<br />

du Dr Campbell, a démontré qu’une consommation élevée<br />

<strong>de</strong> protéines animales (y compris <strong>de</strong> caséine, une protéine<br />

du lait) était associée à un taux accru <strong>de</strong> cancer, <strong>de</strong> maladie<br />

cardiaque et <strong>de</strong> diabète <strong>de</strong> type II 9 . À ce tableau peu reluisant,<br />

il faut aussi ajouter notamment la listériose et la salmonellose,<br />

<strong>de</strong>ux maladies notoires associées à une <strong>de</strong>nrée<br />

hautement périssable 10 .<br />

- Famine<br />

Charles Danten a une double formation en agronomie et<br />

en mé<strong>de</strong>cine vétérinaire. Il a pratiqué la mé<strong>de</strong>cine vétérinaire<br />

pendant 18 ans, dans tous les domaines <strong>de</strong> la profession, notamment<br />

dans les élevages industriels. Et il a été propriétaire<br />

<strong>de</strong> sa propre clinique vétérinaire - spécialisée dans les soins<br />

aux animaux <strong>de</strong> compagnie - pendant dix ans. Après avoir pris<br />

conscience du véritable visage <strong>de</strong> cette industrie, il a laissé<br />

la profession pour se consacrer à l’amélioration <strong>de</strong>s relations<br />

entre les être humains et les animaux. Il est l’auteur du livre<br />

Un vétérinaire en colère publié chez VLB en 1999 et qui sera<br />

bientôt réédité dans une nouvelle version intitulée L’ombre <strong>de</strong><br />

la saga humaine : Au cœur du rapport à l’animal. Essai sur la<br />

condition humaine.<br />

Enfin, selon J.-B. J. Vilmer, « les excès <strong>de</strong> l’élevage industriel<br />

contribuerait à l’iniquité <strong>de</strong> la distribution <strong>de</strong> nourriture,<br />

creusant ainsi un gouffre entre malnutrition d’un<br />

côté et suralimentation <strong>de</strong> l’autre. […] La quantité <strong>de</strong> céréales<br />

nécessaires pour nourrir le bétail qui nourrira un<br />

seul homme permettrait en effet <strong>de</strong> nourrir directement<br />

20 personnes » 11 .<br />

Compte tenu <strong>de</strong> ce sombre<br />

bilan, peut-on vivre sans<br />

manger <strong>de</strong>s animaux et leurs<br />

sous-produits ? Sommes-nous<br />

carnivores, omnivores ou herbivores<br />

? C’est pour répondre<br />

à cette question vitale que j’ai<br />

rencontré le mé<strong>de</strong>cin, physiologiste<br />

et nutritionniste américain<br />

Milton Mills <strong>de</strong> l’organisation<br />

Earthsave 12 .<br />

MILTON MILLS RÉPOND AUX QUESTIONS DE CHARLES<br />

DANTEN<br />

Ne pouvons-nous pas – et c’est ce qui expliquerait notre<br />

grand succès comme espèce – manger tout ce que<br />

nous voulons ? Ne sommes-nous pas foncièrement <strong>de</strong>s<br />

omnivores ?<br />

Non ! Nous sommes <strong>de</strong>s herbivores. Notre corps est<br />

admirablement bien équipé pour se procurer et traiter la<br />

matière végétale. Nous avons évolué pendant <strong>de</strong>s millions<br />

d’années dans le berceau africain. C’est à cet endroit, dans<br />

<strong>de</strong>s conditions climatiques et écologiques équatoriales que<br />

se sont forgées nos caractéristiques morphologiques et<br />

physiologiques actuelles. Or, selon les données issues <strong>de</strong><br />

l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s fossiles, notre ancêtre était un herbivore. Il se<br />

nourrissait <strong>de</strong> fruits, <strong>de</strong> baies, <strong>de</strong> racines et <strong>de</strong> graines. Il<br />

avait une niche écologique très spécialisée qui lui a permis<br />

<strong>de</strong> survivre et <strong>de</strong> prospérer. Il n’était pas en compétition<br />

avec les prédateurs comme le loup et le lion, et heureusement<br />

d’ailleurs, car il ne faisait pas le poids. Entre autres, sa<br />

V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


vitesse <strong>de</strong> déplacement était insuffisante, son odorat relativement<br />

faible et son ouïe médiocre. De plus, la marche est<br />

notre mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> locomotion le plus naturel, et cette activité<br />

est particulièrement bien adaptée à la cueillette.<br />

Oui, mais nous avions <strong>de</strong>s outils et <strong>de</strong>s armes, c’était<br />

un avantage décisif !<br />

En effet, mais pas aussi important qu’on pourrait le<br />

croire. Les premiers outils sont apparus il y a environ un<br />

million d’années. Pendant <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers d’années,<br />

ces outils étaient très rudimentaires et peu efficaces.<br />

Essayez <strong>de</strong> chasser un bison, un auroch - l’ancêtre du bœuf<br />

- ou même une gazelle avec <strong>de</strong>s pierres taillées grossièrement<br />

! Plus tard, avec l’invention <strong>de</strong> la lance et <strong>de</strong> l’arc, il y<br />

a à peine 100 000 ans, les techniques <strong>de</strong> chasse se sont<br />

améliorées quelque peu. Cependant cette activité est pleine<br />

d’imprévus et la réussite est loin d’être assurée. En étudiant<br />

les quelques tribus qui vivent encore plus ou moins comme<br />

nos ancêtres, nous avons appris qu’il est très difficile<br />

avec <strong>de</strong>s armes rudimentaires <strong>de</strong> capturer ou <strong>de</strong> tuer une<br />

proie ; ils réussissent environ<br />

une fois sur vingt après<br />

maints efforts. Il serait tout à<br />

fait absur<strong>de</strong> dans ces conditions<br />

d’essayer d’assurer la<br />

survie <strong>de</strong> ses enfants sur<br />

ce genre d’activité. Chez les<br />

cueilleurs-chasseurs mo<strong>de</strong>rnes,<br />

la base <strong>de</strong> l’alimentation<br />

est végétale, complétée à<br />

l’occasion par <strong>de</strong>s insectes,<br />

quelques œufs et, rarement,<br />

avec un animal <strong>de</strong> taille petite<br />

ou moyenne. L’activité<br />

principale est la cueillette et<br />

non la chasse.<br />

L’image <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong>s cavernes, chasseur redoutable<br />

et sanguinaire, cruel et carnivore, toutes <strong>de</strong>nts et toutes<br />

griffes <strong>de</strong>hors, est donc un mythe ?<br />

Oui, tout à fait ! Vous savez, la paléoanthropologie<br />

est née en Angleterre,<br />

au 19 e siècle, en pleine révolution<br />

industrielle. À cette époque, et ça n’a<br />

guère changé, la vian<strong>de</strong> était associée<br />

à la force, la virilité, la longévité et au<br />

statut social. Par ignorance <strong>de</strong>s principes<br />

nutritionnels, on la considérait<br />

comme l’aliment idéal pour notre espèce.<br />

C’est avec ces notions erronées<br />

que les premiers anthropologues ont<br />

interprété notre histoire. De là est né<br />

le mythe <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong>s cavernes.<br />

C’est <strong>de</strong>venu un <strong>de</strong>s éléments pivot<br />

du machisme et <strong>de</strong> la fierté masculine.<br />

L’idée du grand chasseur, maî-<br />

Milton R. Mills, docteur en mé<strong>de</strong>cine, est codirecteur <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine<br />

préventive pour le PCRM (Physicians Committee for responsible<br />

medicine) [www.pcrm.org], un groupe nord-américain <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins<br />

et <strong>de</strong> personnes privées pour la promotion d’une meilleure<br />

alimentation et <strong>de</strong> la recherche dans ce domaine.<br />

Mé<strong>de</strong>cin spécialiste en mé<strong>de</strong>cine préventive, Milton R. Mills se<br />

consacre à certaines <strong>de</strong>s influences <strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong> la<br />

société sur la santé. Il a donné plusieurs conférences et a participé<br />

à <strong>de</strong> nombreux séminaires <strong>de</strong> recherche aux États-Unis et au Mexique<br />

sur divers sujets : les conséquences <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong><br />

vian<strong>de</strong> et <strong>de</strong> produits laitiers sur la santé humaine, l’alimentation<br />

et le sida, l’alimentation et le cancer, les besoins alimentaires <strong>de</strong><br />

groupes ethniques variés.<br />

Note : EarthSave est un mouvement d’éducation populaire sur<br />

les conséquences <strong>de</strong> nos choix alimentaires sur l’environnement,<br />

la santé et la vie sur Terre et préconise une évolution vers un régime<br />

végétarien. EarthSave est une organisation non lucrative basée<br />

à New York et représentée dans tous les États-Unis et au Canada.<br />

tre <strong>de</strong> la nature et pourvoyeur <strong>de</strong> ces dames, a fait couler<br />

beaucoup d’encre <strong>de</strong>puis. Or, cette notion romantique est<br />

peu plausible et difficile à concilier avec la réalité. Plusieurs<br />

anthropologues contemporains remettent en question cette<br />

interprétation.<br />

Sur quels critères vous appuyez-vous pour déterminer<br />

le type d’alimentation le plus naturel pour notre espèce ?<br />

Il y a un minimum <strong>de</strong> trois facteurs à prendre en compte<br />

: les considérations anthropologiques - que nous venons<br />

<strong>de</strong> discuter - puis l’adaptation biologique et, enfin, les conséquences<br />

physiologiques ou, si vous voulez, les bénéfices<br />

d’un régime alimentaire particulier.<br />

Examinons maintenant les caractéristiques biologiques :<br />

On peut classifier les mammifères, selon leur type d’alimentation,<br />

en carnivores, en omnivores ou en herbivores. Comme<br />

chaque classe a <strong>de</strong>s caractéristiques anatomiques et<br />

physiologiques bien spécifiques, il est facile, par une étu<strong>de</strong><br />

comparative, <strong>de</strong> situer notre espèce.<br />

Les carnivores et les omnivores sont équipés pour pour-<br />

suivre, capturer, tuer, manger<br />

et digérer rapi<strong>de</strong>ment leur<br />

proie. Leurs griffes sont longues,<br />

robustes et acérées<br />

pour les ai<strong>de</strong>r à la saisir et l’immobiliser.<br />

Ils ont une gueule<br />

très gran<strong>de</strong> par rapport à la<br />

taille du crâne. Cela leur donne<br />

un avantage certain pour<br />

saisir, tuer et déchiqueter une<br />

prise. Leurs <strong>de</strong>nts sont pointues<br />

et très acérées car elles<br />

servent surtout à déchiqueter<br />

la vian<strong>de</strong>. L’articulation <strong>de</strong> la<br />

mâchoire ne permet que les<br />

mouvements verticaux. En<br />

général, ces animaux avalent tout rond, sans mastication, la<br />

plus gran<strong>de</strong> quantité possible <strong>de</strong> nourriture. Par conséquent,<br />

leur estomac est relativement volumineux - 60 à 70 % du<br />

volume total <strong>de</strong> l’appareil digestif -<br />

pour recueillir une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong><br />

nourriture d‘un seul coup. La très gran<strong>de</strong><br />

acidité <strong>de</strong> l’estomac favorise la digestion<br />

rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s aliments et protège<br />

ces animaux contre une contamination<br />

bactérienne très élevée. Les intestins<br />

sont courts - cinq fois la longueur du<br />

corps mesuré <strong>de</strong> la bouche à l’anus - ,<br />

car les produits <strong>de</strong> la digestion sont absorbés<br />

rapi<strong>de</strong>ment.<br />

Par comparaison, les herbivores<br />

n’ont pas <strong>de</strong> griffes acérées. Comme<br />

nous, en général, ils ont une gueule<br />

<strong>de</strong> petite taille proportionnellement à la<br />

tête. Ils ont <strong>de</strong>s lèvres charnues et très<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

N U T R i T i O N - S A N T É<br />

9


N U T R i T i O N - S A N T É<br />

10<br />

musclées spécialisées dans la préhension fine <strong>de</strong> petites<br />

quantités d’aliments. La structure <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts, <strong>de</strong> la mâchoire<br />

et <strong>de</strong> la langue est hautement spécialisée. La surface <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nts est plate, ce qui favorise la mastication. La mâchoire<br />

est très mobile, permettant les mouvements dans tous les<br />

sens. La nourriture est mastiquée, broyée, mélangée longuement<br />

avant d’être avalée en petite quantité. Notre salive,<br />

contrairement aux carnivores, et aux omnivores comme<br />

l’ours et le raton laveur, contient <strong>de</strong> la ptyaline, une enzyme<br />

qui amorce et facilite la digestion. Nos secrétions gastriques<br />

sont beaucoup moins aci<strong>de</strong>s que chez les carnivores. L’intestin,<br />

où la plupart <strong>de</strong>s aliments sont absorbés, est beaucoup<br />

plus long - dix à douze fois la longueur du corps - ce<br />

qui favorise la digestion. Enfin, le côlon ou le gros intestin, la<br />

partie la plus postérieure du système digestif, est en général<br />

beaucoup plus complexe que chez les carnivores et les omnivores.<br />

Notre anatomie, à nous êtres humains, cadre très<br />

bien avec cette <strong>de</strong>scription.<br />

Quand on pense à un herbivore, on pense à la vache,<br />

au mouton ou au cheval. Or, ces animaux ont un système<br />

digestif très complexe, souvent composé d’un estomac à<br />

plusieurs compartiments. Ces animaux peuvent manger et<br />

digérer le foin, ce qui n’est pas notre cas ?<br />

Selon ma définition, tout animal qui mange une nourriture<br />

dérivée <strong>de</strong>s plantes est un herbivore. Cela dit, il y en<br />

a plusieurs types, équipés <strong>de</strong> façon variable pour digérer<br />

différentes sortes <strong>de</strong> matières végétales. Ceux qui mangent<br />

du foin, une matière très fibreuse, riche en cellulose, difficile<br />

à digérer, ont un système digestif très complexe. Ils sont<br />

capables, par un processus <strong>de</strong> fermentation bactérienne,<br />

<strong>de</strong> dégra<strong>de</strong>r et <strong>de</strong> transformer <strong>de</strong>s aliments très indigestes.<br />

Notre espèce est plutôt adaptée pour traiter une matière<br />

végétale beaucoup plus digeste comme les fruits, les légumes<br />

tendres, les racines et les noix. Par conséquent, notre<br />

système digestif est plus simple. Il n’en <strong>de</strong>meure pas moins<br />

que nous sommes <strong>de</strong>s herbivores.<br />

Et la fameuse vitamine B12 ?<br />

La manière dont nous métabolisons cette vitamine<br />

confirme notre nature d’herbivore. Nous sommes faits pour<br />

manger <strong>de</strong>s aliments qui en contiennent en général une<br />

infime quantité. Cependant, nous sommes merveilleusement<br />

bien équipés pour l’absorber, la transformer et la préserver.<br />

Ce n’est pas le cas <strong>de</strong>s carnivores et <strong>de</strong>s omnivores<br />

qui en trouvent facilement <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong>s quantités dans<br />

la vian<strong>de</strong>.<br />

Voulez-vous dire qu’on n’a pas à se soucier <strong>de</strong> cette<br />

vitamine ?<br />

Non, ce n’est pas ce que je veux dire. La vitamine B12<br />

est produite par les bactéries. Or, <strong>de</strong>puis que l’on aseptise<br />

eau et aliments, il est plus difficile <strong>de</strong> combler ses besoins,<br />

quoique ce ne soit pas impossible. Les laits <strong>de</strong> soja, par<br />

exemple, sont généralement supplémentés avec <strong>de</strong> la B12.<br />

Ceux qui mangent <strong>de</strong>s fruits avec la peau et <strong>de</strong>s légumes<br />

biologiques non traités (et donc ayant en surface une quantité<br />

appréciable <strong>de</strong> bactéries) réussissent à en obtenir une<br />

quantité appréciable. On en trouve aussi dans la levure alimentaire.<br />

En général, les végétaliens qui s’alimentent bien<br />

n’ont pas <strong>de</strong> difficultés à combler leurs besoins en B12 ; il y<br />

a environ une chance sur un million qu’ils fassent une déficience.<br />

En cas <strong>de</strong> doute, ou simplement par mesure <strong>de</strong> précaution,<br />

c’est une bonne idée <strong>de</strong> vérifier son taux sanguin<br />

<strong>de</strong> B12 une première fois lorsque vous <strong>de</strong>venez végétarien<br />

puis trois ans après. Vous pouvez aussi prendre un supplément,<br />

à raison <strong>de</strong> 500 microgrammes par semaine 13 .<br />

C’est tout <strong>de</strong> même étonnant, <strong>de</strong>puis le temps, qu’on<br />

ne soit pas mieux adapté pour manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> ?<br />

Nous ne sommes <strong>de</strong>venus omnivores puis carnivores<br />

que <strong>de</strong>puis relativement peu <strong>de</strong> temps, en réponse à<br />

<strong>de</strong>s impératifs culturels et non biologiques. Cette nuance<br />

est très importante, car même si nous pouvons manger<br />

presque n’importe quoi, cela ne veut pas nécessairement<br />

dire que c’est bon pour nous. Contrairement à l’évolution<br />

technologique et culturelle, l’évolution biologique se produit<br />

sur <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers, voire <strong>de</strong>s millions d’années.<br />

C’est un peu le lièvre et la tortue. Ce ne sont pas<br />

les adaptations morphologiques qui ont permis à l’homme<br />

préhistorique <strong>de</strong> chasser, puis <strong>de</strong> consommer <strong>de</strong>s animaux<br />

; c’est son intelligence qui lui a permis <strong>de</strong> faire ce<br />

que son anatomie lui refusait. En d’autres termes, au lieu<br />

<strong>de</strong> sélectionner les modifications gastro-intestinales et la<br />

morphologie les mieux adaptées à ce type d’alimentation,<br />

la sélection naturelle a favorisé les plus habiles chasseurs,<br />

les plus ingénieux fabricants d’outils ainsi que les adaptations<br />

culturelles associées.<br />

Pour résumer, nous sommes surtout faits pour manger<br />

<strong>de</strong>s plantes. Or, en Occi<strong>de</strong>nt, la plupart <strong>de</strong>s gens font le<br />

contraire; comment expliquez-vous cette déviation ?<br />

C’est en quittant le berceau africain pour occuper <strong>de</strong>s<br />

régions plus froi<strong>de</strong>s que l’homme a changé, en très peu <strong>de</strong><br />

temps, pour <strong>de</strong>s raisons vitales, son régime alimentaire. Il<br />

a dû s’adapter aux variations saisonnières <strong>de</strong> la croissance<br />

<strong>de</strong>s végétaux en incorporant à son alimentation <strong>de</strong> plus<br />

en plus <strong>de</strong> produits carnés au fur et à mesure qu’il s’est<br />

déplacé vers le nord. Les animaux étaient abondants et il<br />

ne semblait y avoir aucune contre-indication. L’invention <strong>de</strong><br />

l’outil, et son perfectionnement, a facilité cette évolution.<br />

Puis, il y a 10 000 ans, c’est la domestication massive <strong>de</strong>s<br />

plantes et <strong>de</strong>s animaux 14 . Cependant, le régime alimentaire<br />

<strong>de</strong> base <strong>de</strong>meurait essentiellement composé <strong>de</strong> plantes.<br />

Pendant <strong>de</strong>s siècles, la vian<strong>de</strong> était une <strong>de</strong>nrée presque exclusivement<br />

réservée aux riches marchands, aux nobles et<br />

aux aristocrates. C’était un symbole <strong>de</strong> rang social et <strong>de</strong><br />

prospérité. Les pauvres en mangeaient seulement à certaines<br />

occasions, lors <strong>de</strong>s fêtes religieuses par exemple. Puis,<br />

il n’y a même pas trois cents ans, à la suite <strong>de</strong> la révolution<br />

industrielle, l’élevage <strong>de</strong>s animaux <strong>de</strong> boucherie s’est intensifié,<br />

et la vian<strong>de</strong>, notamment le bœuf, est <strong>de</strong>venue <strong>de</strong> plus<br />

V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


en plus populaire et accessible à tous les échelons sociaux.<br />

Nous sommes donc <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s omnivores à tendance<br />

carnivore à une gran<strong>de</strong> échelle, tout récemment, avec les<br />

conséquences que nous connaissons tous 15 .<br />

Vos arguments sont convaincants. Pourtant, comment<br />

expliquer que <strong>de</strong> nombreuses personnes vivent en santé et<br />

parfois très vieux, en mangeant <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> et ses nombreux<br />

dérivés ?<br />

Il y a d’autres facteurs en jeu. Le stress, la génétique,<br />

les polluants chimiques et autres, la quantité consommée,<br />

le niveau d’activité ont une gran<strong>de</strong> influence. Manger <strong>de</strong> la<br />

vian<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s œufs et du lait en modération, passe encore.<br />

Toutefois, ce n’est pas l’idéal pour notre espèce. Nous sommes<br />

essentiellement <strong>de</strong>s herbivores et notre corps a <strong>de</strong><br />

la difficulté à digérer et à métaboliser cette nourriture. Ce<br />

n’est pas pour rien que les maladies nutritionnelles sont si<br />

nombreuses. Enfin, il importe <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s choix alimentaires<br />

qui concor<strong>de</strong>nt avec le contexte démographique et écologique<br />

actuel. Il serait donc pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> revenir à un régime,<br />

somme toute, beaucoup plus naturel pour notre espèce.<br />

Ce n’est pas une régression, mais un retour salutaire. C’est<br />

sans doute pour notre espèce une question vitale 16 .<br />

Notes et références :<br />

1. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, Éthique Animale, PUF, 2008, p.176 ; voir également<br />

: E. Humbert, « L’impact <strong>de</strong> l’animal domestique sur l’environnement », Point<br />

Vétérinaire, vol. 24, n o 150, 1993, p. 683-696. (Consulté le 10 octobre <strong>2009</strong>)<br />

2. Jean Pierre Digard, Les Français et leurs animaux: Ethnologie d’un phénomène <strong>de</strong><br />

société, Fayard, Pluriel Ethnologie, 2005, p. 41.<br />

3. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, ouvr. cité, p. 171.<br />

4. Le virus du SIDA proviendrait à l’origine du chimpanzé. La transmission interspécifique<br />

est fréquente, et il a été démontré que ce virus peut être transmis par une<br />

morsure. Pourrut X. « <strong>Association</strong> du singe vert avec d’autres espèces <strong>de</strong> primates au<br />

Sénégal. » Revue Méd. Vét., vol. 147, n o 1, 1996, p. 47-58.<br />

5. Joanna Swabe, Animals, Disease and Human Society : Human-animal Relation and<br />

the Rise of Veterinary Medicine, Routledge, 1999.<br />

6. William H. McNeil, Plagues and People, New York Anchor Books/Double Day, 1<strong>98</strong>9.<br />

7. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, ouvr. cité, p. 175; Mike Davis, « Le capitalisme et la<br />

grippe porcine »: http://contretemps.eu/interventions/mike-davis-capitalisme-grippeporcine#_ftn1<br />

(consulté le 10 octobre <strong>2009</strong>)<br />

8. Sinha et al, « Meat Intake and Mortality: A Prospective Study of Over Half a Million<br />

People », Arch Intern Med. 169, <strong>2009</strong>, p. 562-571 : http://science.branchez-vous.<br />

com/<strong>2009</strong>/03/vian<strong>de</strong>_rouge_mortalite_blanche.html. (Consulté le 10 octobre <strong>2009</strong>)<br />

9. T. Colin Campbell, The China Study: The Most Comprehensive Study of Nutrition<br />

Ever Conducted and the Startling Implications for Diet, Weight Loss and Long-term<br />

Health, Benbella Books, 2006 : http://www.mcspotlight.org/media/reports/campbell_<br />

china2.html. (Consulté le 10 octobre <strong>2009</strong>)<br />

10. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, « la sécurité alimentaire », ouvr. cité, p. 175.<br />

11. Ibid, « Le coût humain », p. 178.<br />

12. Milton R. Mills, « The Comparative Anatomy of Eating », Earthsave: http://earthsave.ca/articles/health/comparative.html.<br />

(Consulté le 10 octobre <strong>2009</strong>). (Cette entrevue<br />

réalisée en septembre 2002 a été mise à jour en septembre <strong>2009</strong>)<br />

En français : « Anatomie comparée <strong>de</strong> l’alimentation » : www.vegetarisme.fr/ressources.php?content=ressources_telechargements_fiches.<br />

(Consulté le 10 octobre<br />

<strong>2009</strong>).<br />

Voir conférence du Dr Milton Mills sur Youtube.com : « Are humans <strong>de</strong>signed to eat<br />

meat ? » http://www.youtube.com/watch?v=rFROlwe-m3Y&feature=fvw. (Consulté le<br />

10 octobre <strong>2009</strong>)<br />

13. Dr John Mc Dougall, « Vitamin B12 Deficiency - the Meat-eaters’ Last Stand »,<br />

Earthsave: http://www.drmcdougall.com/misc/2007nl/nov/b12.htm. (Consulté le<br />

10 octobre <strong>2009</strong>)<br />

14. Denis B. Denis, « La domestication: un concept <strong>de</strong>venu pluriel », INRA Prod. Anim.,<br />

17(3), 2004, p. 161-166 ; Jean-Pierre Digard, L’Homme et les animaux domestiques:<br />

Anthropologie d’une passion, Paris, Fayard. 1990.<br />

15. Jeremy Rifkin, Beyond Beef. The rise and fall of the cattle culture, Plume, 1993.<br />

16. Jared Diamond, Guns germs, and Steel: The fates of human societies. WW.Norton,<br />

1999; [Domestication]: « The worst mistake in the history of the human race », Discover,<br />

1<strong>98</strong>7, p. 64-66; « Evolution, consequences and future of plant and animal domestication<br />

», Nature, vol. 418, 2002.<br />

Yzalou, chienne<br />

végétarienne...<br />

YZALOU est une chienne Bor<strong>de</strong>r Collie <strong>de</strong> 10 mois (le<br />

chien qui rassemble les troupeaux). J’ai beaucoup hésité à<br />

adopter ce fantastique compagnon à quatre pattes.<br />

Étant moi-même végétalienne, le problème <strong>de</strong> l’alimentation<br />

carnée se posait.<br />

L’idée <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir être en contact à nouveau avec <strong>de</strong>s<br />

morceaux d’animaux morts était complètement inacceptable<br />

pour moi.<br />

Comment donner à mon chien une nourriture qui ne<br />

serait pas issue <strong>de</strong> la souffrance <strong>de</strong> ses congénères ?<br />

J’avais entendu parler <strong>de</strong> chiens végétariens...<br />

Et puis je me suis lancée... je l’ai adoptée à l’âge <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux mois.... elle avait été nourrie jusqu’alors sur une base<br />

<strong>de</strong> riz complet, légumes et croquettes végétariennes.<br />

J’ai donc continué...<br />

Je lui donne une nourriture d’origine biologique qui est<br />

le gage d’une qualité nutritionnelle supérieure. Ses <strong>de</strong>ux gamelles<br />

par jour sont composées <strong>de</strong> :<br />

- riz complet (parfois <strong>de</strong>s pâtes ou du quinoa),<br />

- légumes crus ou cuits comme les carottes, les haricots<br />

verts (elle adore les brocolis crus), les courgettes, les<br />

avocats,<br />

- légumineuses en petite quantité (pois chiches, lentilles,<br />

haricots mungo).<br />

J’ajoute systématiquement à sa ration : une cuillère à<br />

soupe d’huile d’olive, une <strong>de</strong> levure maltée et une cuillère à<br />

café <strong>de</strong> spiruline en microganules (pour un repas sur <strong>de</strong>ux).<br />

Je lui donne également six œufs répartis sur toute la<br />

semaine. Parfois même du tofu ou du tempeh ainsi que <strong>de</strong>s<br />

oléagineux qu’elle adore (noix, noisettes, aman<strong>de</strong>s…) et<br />

même <strong>de</strong>s fruits.<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

A N i M A U X<br />

11


A N i M A U X<br />

12<br />

J’achète les croquettes végétariennes disponibles dans<br />

les magasins bio que je lui donne en petite quantité, mélangées<br />

à sa « pâtée ».<br />

Les premiers mois, sur le conseil d’une amie qui a un<br />

chien végétalien, j’avais acheté un complément alimentaire<br />

sur un site anglais pour chiens VG (veggiepets.com). Le produit<br />

s’appelle Missing Link et il est composé d’aci<strong>de</strong>s gras<br />

oméga-3, <strong>de</strong> fibres et <strong>de</strong> phytonutriments.<br />

À noter que ce site propose tout un tas <strong>de</strong> produits pour<br />

animaux végétariens comme <strong>de</strong>s os à mâcher 100 % végétal,<br />

<strong>de</strong>s biscuits ainsi que <strong>de</strong>s spray naturels imitant l’o<strong>de</strong>ur<br />

Le sentiment<br />

ignore les<br />

barrières d’espèce<br />

L’OURAGAN HANNA a frappé les côtes est-américaines<br />

en fin d’année 2008 et en particulier la Caroline du Sud au<br />

début septembre.<br />

Le parc zoologique TIGERS (The Institute of Greatly Endangered<br />

and Rare Species / « Établissement pour espèces<br />

rares et en grand danger ») a été touché et une maman tigre<br />

blanc est <strong>de</strong>venue agressive envers ses <strong>de</strong>ux petits, après<br />

avoir été effrayée par l’ouragan. Ils ont donc été séparés <strong>de</strong><br />

leur mère, et c’est là qu’intervient Anjana.<br />

Anjana est un chimpanzé femelle qui est <strong>de</strong>venue maman<br />

<strong>de</strong> substitution pour les <strong>de</strong>ux petits tigres. Mais Anjana<br />

n’en était pas à son coup d’essai ; en fait, elle a toujours<br />

aidé la soigneuse : « elle a joué le rôle <strong>de</strong> maman pour <strong>de</strong>s<br />

léopards, <strong>de</strong>s lions, <strong>de</strong>s orangs-outans, et elle a fait la même<br />

chose avec les bébés tigres ; elle leur donne le biberon et<br />

joue avec eux ;<br />

c’est une assistante<br />

hors pair. On va<br />

la laisser continuer<br />

jusqu’à ce qu’ils<br />

<strong>de</strong>viennent trop<br />

grands et commencent<br />

à être<br />

trop violents dans<br />

leurs jeux ».<br />

Source : cette histoire a<br />

été rapportée dans plusieurs<br />

éditions du quotidien<br />

<strong>de</strong> langue anglaise<br />

The Sun (octobre 2008,<br />

n o v e m b r e 2 0 0 8 e t<br />

août <strong>2009</strong>). Photos tirées<br />

du site http://www.thesun.<br />

co.uk Aux <strong>de</strong>rnières nouvelles,<br />

Anjana s’occupait<br />

d’un petit puma <strong>de</strong> quelques<br />

semaines, arrivé<br />

chez TIGERS après avoir<br />

été abandonné…<br />

<strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> pour les animaux carnivores que l’on souhaite<br />

convertir au régime veg.<br />

Finalement, Yzalou est une chienne en pleine forme...<br />

une championne en natation (elle peut nager pendant <strong>de</strong>s<br />

heures). J’irai même jusqu’à dire qu’elle est « hyperactive »,<br />

infatigable...<br />

Alors, pour ceux ou celles qui hésitent encore... je vous<br />

rassure, c’est tout à fait possible... ce régime profite autant<br />

à l’homme qu’au chien !!! <br />

Sophie PEDON<br />

Correspondante <strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> pour la Haute-Garonne<br />

V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


Première<br />

scientifique :<br />

une araignée<br />

végétarienne<br />

Des scientifiques ont découvert la première araignée<br />

végétarienne connue dans le mon<strong>de</strong>.<br />

Bagheera kiplingi, une espèce sud-américaine, vit presque<br />

exclusivement <strong>de</strong> bourgeons et on pense qu’elle est la<br />

seule araignée, sur environ 40 000 espèces, à avoir abandonné<br />

une alimentation carnivore.<br />

À la place, elle a développé un style <strong>de</strong> vie détendu, à<br />

base <strong>de</strong> plants d’acacias sauvages très nourrissants, et elle<br />

n’a plus besoin <strong>de</strong> tisser sa toile pour attraper ses proies.<br />

Les femelles se dispensent même <strong>de</strong> respecter la coutume<br />

ancestrale <strong>de</strong>s araignées qui consiste à manger leur<br />

partenaire sexuel immédiatement après l’accouplement.<br />

« C’est la première araignée connue à «chasser» <strong>de</strong>s<br />

plantes comme principale source d’alimentation », explique<br />

Christopher Meehan <strong>de</strong> l’université Villanova, en Pennsylvanie,<br />

qui a observé ces créatures, <strong>de</strong> la taille d’un ongle, lors<br />

d’un voyage sur le terrain au Mexique.<br />

L’alimentation végétarienne <strong>de</strong> B. kiplingi semble avoir<br />

provoqué d’autres changements. Puisqu’elle n’a plus besoin<br />

<strong>de</strong> gaspiller son énergie pour attraper <strong>de</strong>s proies, elle utilise<br />

ses capacités <strong>de</strong> tissage <strong>de</strong> toile à la construction <strong>de</strong> foyers familiaux.<br />

Les mères utilisent leurs nids pour élever les jeunes.<br />

B. kiplingi n’a pas, toutefois, un style <strong>de</strong> vie entièrement<br />

irréprochable. Son alimentation est peut-être végétarienne,<br />

mais elle doit d’abord la voler sous le nez <strong>de</strong>s fourmis qui<br />

protègent les acacias <strong>de</strong>s envahisseurs.<br />

Malgré tout, pour les zoologistes, le plus stupéfiant dans<br />

la découverte <strong>de</strong> Meehan rési<strong>de</strong> dans le fait que l’on pensait<br />

que la physiologie <strong>de</strong> l’araignée rendait impossible la<br />

consommation <strong>de</strong> végétaux.<br />

« On ne pensait pas du tout que les araignées étaient<br />

capables <strong>de</strong> manger <strong>de</strong>s aliments soli<strong>de</strong>s » ajoute Meehan.<br />

En général, elles secrètent <strong>de</strong>s enzymes sur leurs proies<br />

pour les digérer à l’extérieur du corps puis les consomment<br />

sous forme d’un genre <strong>de</strong> soupe. Pourtant, B. kiplingi mange<br />

ses légumes entiers… ! <br />

Source :<br />

The Sunday Times - Jonathan Leake - 11 octobre <strong>2009</strong>. Copyright <strong>2009</strong> Times<br />

Newspapers Ltd. (Crédit photo : Robert L. Curry). http://www.timesonline.co.uk:80/<br />

tol/news/science/biology_evolution/article6869475.ece<br />

TEVA<br />

Par Armelle Piolat<br />

Si en <strong>France</strong>, le nom Teva fait penser à une chaîne<br />

<strong>de</strong> télévision, au niveau mondial, il s’agit <strong>de</strong> l’Associa-<br />

tion mondiale végétarienne espérantophone ( Tut-<br />

monda Esperantista Vegetarana Asocio).<br />

<strong>Végétarienne</strong> et espérantophone <strong>de</strong>puis 2000, j’ai découvert<br />

l’<strong>Association</strong> mondiale végétarienne espérantophone en<br />

participant à son assemblée générale annuelle cet été. Celleci<br />

s’est tenue lors du congrès mondial d’Espéranto à Bialystok<br />

en Pologne (ville <strong>de</strong> naissance <strong>de</strong> Zamenhof, le créateur<br />

<strong>de</strong> cette langue équitable) du 25 juillet au 1 er août <strong>2009</strong>. J’ai<br />

adhéré <strong>de</strong> suite pour soutenir les actions et pour rencontrer<br />

<strong>de</strong>s végétariens <strong>de</strong> différentes cultures dans une langue que<br />

je parle mieux que l’anglais.<br />

L’espéranto est proche du végétarisme. En effet, les espérantophones<br />

ont un esprit ouvert et respectueux. De nombreux<br />

locuteurs sont sensibles à l’environnement (consommateurs<br />

bio, habitats écologiques, avion banni…) et souhaitent<br />

un mon<strong>de</strong> meilleur (mieux équilibré) par exemple en adhérant<br />

à <strong>de</strong>s réseaux coopératifs (NEF, SEL, AMAP…) et idéologiques<br />

(anti nucléaire, sociaux…). Lorsque je<br />

participe à une rencontre d’espéranto,<br />

je suis sûre d’avoir <strong>de</strong>s repas végétariens<br />

grâce aux 10 à 30 % <strong>de</strong> participants<br />

végétariens (selon les pays) et<br />

<strong>de</strong> ne pas être jugée pour ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

vie.<br />

Cet article n’ayant pas pour but <strong>de</strong> présenter la langue<br />

officielle <strong>de</strong> l’association (si vous le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z avec ferveur, je<br />

ferai un article plus complet), je reviens à TEVA. Son symbole<br />

est celui du végétarisme auquel est ajoutée une étoile verte<br />

(symbole du mouvement espérantiste) et d’un slogan (vivez<br />

et laissez vivre).<br />

Ses missions visent à promouvoir le végétarisme dans le<br />

milieu <strong>de</strong> l’espéranto et l’espéranto auprès <strong>de</strong>s végétariens<br />

dans le mon<strong>de</strong>.<br />

Les membres sont évi<strong>de</strong>ment internationaux et certains<br />

représentent TEVA dans leur pays <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce (38 pays<br />

dont Brésil, Uruguay, Espagne, Norvège, Hongrie, Roumanie,<br />

Slovaquie, Australie, Togo…). Le bureau est composé d’un<br />

prési<strong>de</strong>nt anglais (Christopher Fettes habitant en Irlan<strong>de</strong>),<br />

un vice-prési<strong>de</strong>nt webmestre italien (<strong>France</strong>sco Maurelli), un<br />

vice-prési<strong>de</strong>nt rédacteur hongrois (Jozsef Nemeth) et <strong>de</strong> la<br />

secrétaire trésorière belge (Heidi Goes).<br />

Les actions, financées par les cotisations (20 euros maximum)<br />

et dons, sont réalisées par les bénévoles et prennent<br />

différentes formes.<br />

VERS LES ESPÉRANTOPHONES<br />

TEVA parle du végétarisme lors <strong>de</strong>s manifestations liées<br />

à l’espéranto. Un bon exemple est celui du congrès mondial.<br />

Tout d’abord en tenant un stand à la « foire aux associations ».<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

i N T E R N A T i O N A L 13


i N T E R N A T i O N A L<br />

HISTORIQUE<br />

Basée sur une rencontre entre<br />

l’écrivain russe Tolstoï (prési<strong>de</strong>nt<br />

d’honneur) et Zamenhof, TEVA est fondée<br />

en 1908 lors du Congrès mondial<br />

d’espéranto qui a lieu la même année<br />

à Dres<strong>de</strong> (Allemagne). Elle fut administrée<br />

et animée par le Français René <strong>de</strong><br />

La<strong>de</strong>vèze. Créée sous le nom d’Union<br />

internationale végétarienne espérantiste,<br />

elle a aussi porté le nom <strong>de</strong> Ligue<br />

végétarienne espérantiste (VLE)<br />

avant <strong>de</strong> prendre le nom définitif <strong>de</strong><br />

TEVA. Le bulletin était commun avec<br />

celui <strong>de</strong> l’Union Internationale végétarienne<br />

(1927-1932), contenait <strong>de</strong>s<br />

informations sur le végétarisme en<br />

plusieurs langues (espéranto, anglais,<br />

français, allemand). Les rapprochements<br />

espéranto-végétariens étaient<br />

fréquents à l’époque.<br />

Pour une histoire plus complète,<br />

ren<strong>de</strong>z vous sur la page http://www.<br />

ivu.org/history/societies/esperanto.<br />

html (en anglais).<br />

Ensuite en organisant<br />

pour la 1 ère fois un<br />

séminaire avec <strong>de</strong>s<br />

conférences (analogie<br />

entre l’espéranto et le<br />

végétarisme, histoire<br />

<strong>de</strong> TEVA, mouvement<br />

végétarien polonais).<br />

Enfin en proposant un<br />

repas commun végétarien<br />

(ouvert à tous,<br />

40 personnes sont<br />

venues).<br />

Les membres profitent<br />

également du<br />

programme officiel en<br />

participant par exemple<br />

à un concours<br />

d’orateurs (les moins<br />

<strong>de</strong> 30 ans argumentent<br />

pendant 10 minutes<br />

sur un <strong>de</strong>s<br />

3 thèmes imposés).<br />

En choisissant « crise économique, crise écologique : y a-t-il<br />

<strong>de</strong>s solutions ? » <strong>France</strong>sco Maurelli (voir photo) a expliqué<br />

en quoi le végétarisme permet <strong>de</strong> protéger la planète et a<br />

gagné le 1 er prix.<br />

Pendant toute la semaine, une communication a été<br />

faite autour <strong>de</strong>s repas (plats proposés sur le lieu du congrès,<br />

liste <strong>de</strong> restaurants <strong>de</strong> la ville - dont 1 végétarien -, affiches,<br />

courts articles dans le journal du congrès).<br />

Le bulletin annuel (esperantista vegetarano / végétarien<br />

espérantophone) est envoyé aux membres mais également<br />

utilisé comme outil <strong>de</strong> communication. Il propose <strong>de</strong>s actualités,<br />

présentation <strong>de</strong>s membres, d’associations, <strong>de</strong>s actions<br />

dans un pays ainsi que <strong>de</strong>s recettes. Le numéro <strong>de</strong><br />

<strong>2009</strong> comprend différents sujets (jeudi végétarien à Gand<br />

en Belgique, festival <strong>de</strong>s végétariens<br />

en Italie, réseau d’hébergement<br />

« couch surfing », recommandations<br />

<strong>de</strong> l’ONU, valeur pédagogique <strong>de</strong> la<br />

cuisine, recettes, solutions pour survivre<br />

à la crise, blagues…).<br />

VERS LES VÉGÉTARIENS<br />

TEVA agit principalement au niveau<br />

mondial. Les représentants<br />

tiennent principalement <strong>de</strong>s stands<br />

lors <strong>de</strong>s festivals ou congrès végétariens.<br />

Si vous avez participé au congrès mondial en 2008<br />

à Dres<strong>de</strong> en Allemagne vous aurez peut être remarqué une<br />

table d’information ou assisté aux conférences et cours express<br />

d’espéranto. En 2010 à Jakarta en Indonésie, vous<br />

croiserez la Flaman<strong>de</strong> Heidi qui parle couramment l’indonésien<br />

(et le français entre autres) ainsi que <strong>de</strong>s membres<br />

d’Asie. L’association envoie également <strong>de</strong>s délégués lors<br />

<strong>de</strong> congrès (2 ème Congrès végétarien Occi<strong>de</strong>nt Afrique au<br />

Ghana en octobre <strong>2009</strong> et Congrès végétarien asiatique en<br />

novembre <strong>2009</strong>). TEVA collabore également avec l’<strong>Association</strong><br />

universelle d’espéranto (UEA, basée aux Pays-Bas) et<br />

est membre <strong>de</strong>s 2 associations végétariennes internationales<br />

IVU (International Vegetarian Union) et EVU (European<br />

Vegetarian Union).<br />

PROJETS<br />

Le principal objectif est d’augmenter le nombre <strong>de</strong><br />

membres (une centaine pour l’instant) afin <strong>de</strong> pouvoir agir<br />

plus largement. Le bulletin va paraître 2 fois cette année et<br />

les contacts avec EVU et IVU <strong>de</strong>vraient être encore plus fréquents.<br />

Si vous avez <strong>de</strong>s questions, je me ferai un plaisir d’y<br />

répondre. [NDLR : écrire au journal, journal@vegetarisme.fr,<br />

qui transmettra]<br />

Le site <strong>de</strong> l’association est hébergé par IVU et c’est en<br />

espéranto bien sûr http://www.ivu.org/teva/ <br />

14 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


Végétarix<br />

MON PREMIER VOYAGE SE DÉROULE<br />

DURANT L’ÉTÉ <strong>2009</strong><br />

Inscrite au Congrès mondial d’espéranto en Pologne, à<br />

Bialystok, je voyage avec <strong>de</strong>s gourmets. Nous <strong>de</strong>vions gérer<br />

les contraintes <strong>de</strong> temps (trajet et sessions du congrès), <strong>de</strong><br />

budget (repas extérieurs) et les différentes cultures (heures<br />

décalées et contenus <strong>de</strong>s repas).<br />

Strasbourg : Un ami nous héberge pour la nuit. Le repas<br />

100 % bio est parfait (tarte fromage et sala<strong>de</strong>s) accompagné<br />

d’un rosé espagnol fleuri acheté dans la biocoop locale.<br />

Berlin (Allemagne) : Nous passons par Nuremberg et<br />

trouvons <strong>de</strong> quoi déjeuner dans un restaurant italien. Cela<br />

commence mal pour le côté local que nous recherchons ! À<br />

Berlin, nous avions repéré une taverne mais, à 21 heures,<br />

elle allait fermer. Une brasserie avec <strong>de</strong>s plats variés (sala<strong>de</strong>,<br />

soupe, omelette) et une<br />

bière non filtrée fera l’affaire.<br />

Le déjeuner sera<br />

pris dans un restaurant<br />

turc où j’ai apprécié une<br />

assiette végétarienne<br />

parfaite (type « mezzé »<br />

libanais).<br />

Poznan (Pologne) : A<br />

cause d’une pluie torrentielle, nous avons visité le premier<br />

restaurant rencontré. Très commun.<br />

Varsovie : La visite <strong>de</strong> la vieille ville nous porte vers un<br />

en voyage<br />

Manger végétarien hors <strong>de</strong> chez soi est parfois compliqué.<br />

Alors, imaginez le casse-tête quand il s’agit <strong>de</strong> l’étranger !<br />

Voyager permet, entre autres, <strong>de</strong> découvrir <strong>de</strong> nouveaux<br />

produits, mais ce n’est pas toujours compatible avec<br />

un équilibre alimentaire. Je vous propose un court<br />

récit sur mes <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières aventures culinaires en Europe.<br />

Par Armelle Piolat<br />

quartier plus calme où nous repérons un restaurant typique.<br />

J’ai découvert le bortsch blanc servi dans du pain (avec <strong>de</strong><br />

très petits morceaux <strong>de</strong> lardons !) ainsi que les « pirojki » aux<br />

choux <strong>de</strong> plusieurs couleurs, servis avec…. du chou (très<br />

utilisé en Pologne) et une bière sucrée chau<strong>de</strong>.<br />

Pour le repas suivant, ce fut un bonheur <strong>de</strong> trouver un<br />

restaurant bio où l’on compose son menu avec un large<br />

choix <strong>de</strong> plats (légumes cuisinés, tofu, lentilles, pâtes, crudités<br />

et <strong>de</strong>sserts).<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

V O Y A G E S 15


V O Y A G E S<br />

16<br />

Par exemple ici : lentilles, œufs, poivrons et courgettes,<br />

pirojki aux cerises, gâteau et crêpe au fromage blanc.<br />

Bialystok : (1 semaine) : Nous arrivons au centre ville<br />

à 21 h 30 un<br />

samedi soir. Il<br />

a fallu visiter au<br />

moins 10 restaurants<br />

avant<br />

<strong>de</strong> trouver une<br />

pizzeria qui servait<br />

encore à<br />

manger.<br />

Pendant le congrès, nous avons alterné les repas dans les<br />

restaurants <strong>de</strong> la ville et les snacks du congrès. Les organisateurs<br />

avaient prévu <strong>de</strong>s plats végétariens mais dans la réalité<br />

j’ai picoré ce que je pouvais dans les accompagnements <strong>de</strong>s<br />

plats (frites, soupe, carotte et encore du chou…). La barrière<br />

<strong>de</strong> la langue n’a pas permis <strong>de</strong> varier les repas ni <strong>de</strong> savoir<br />

le contenu <strong>de</strong><br />

certains plats<br />

(dont une délicieuse<br />

soupe<br />

rose).<br />

L e p e t i t<br />

déjeuner étant<br />

peu copieux<br />

(sandwiches et friands) nous avons visité le supermarché<br />

pour compléter avec <strong>de</strong>s gâteaux, fruits et jus <strong>de</strong> fruit. J’ai<br />

aussi acheté <strong>de</strong>s tomates, fruits secs, yaourt, biscuits, du<br />

pain pour me caler ou pour trouver ce qu’il manquait (protéines,<br />

fibres, calcium…)<br />

Lors d’une excursion près <strong>de</strong> la frontière, nous avons<br />

mangé dans le seul restaurant du village tatar. Le repas unique<br />

était sympa pour les carnivores (friands à la vian<strong>de</strong>)<br />

mais je n’ai pu manger que <strong>de</strong>s crudités ! Je me suis satisfaite<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>sserts mais ils étaient bourratifs (beignet et roulé<br />

au fromage).<br />

Wroclav : Parmi les restaurants touristiques nous découvrons<br />

un endroit luxueux peu cher (moins <strong>de</strong> 5 euros le plat).<br />

On m’avait recommandé d’éviter <strong>de</strong> manger <strong>de</strong>s champignons<br />

dans ce<br />

pays (par rapport<br />

à Tchernobyl)<br />

mais sur le<br />

menu, c’est le<br />

seul plat compatible.<br />

Il s’agit<br />

d’une galette<br />

Wroclav<br />

avec une sauce<br />

champignon qui sera suivie d’un cheesecake (gâteau au fromage<br />

blanc).<br />

Prague : Sur la route du retour, nous avons fait un arrêt<br />

à Prague. Le dîner fut correct (soupe délicieuse aux légumes<br />

avec un œuf mollet) mais les croquettes aux fromages accompagnés<br />

<strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre furent difficiles à digérer.<br />

Pour le déjeuner,<br />

nous avons grignoté<br />

<strong>de</strong>s sandwiches<br />

hors <strong>de</strong> prix.<br />

Enfin le <strong>de</strong>rnier repas<br />

fut pris en Allemagne<br />

dans un bon<br />

restaurant bio. J’ai<br />

enfin pu comprendre<br />

ce que je mangeais<br />

et apprécier<br />

les plats simples et<br />

bons (pâtes aux légumes<br />

et glace aux<br />

fruits).<br />

De ce séjour, il<br />

me reste <strong>de</strong>s souvenirs<br />

mitigés puisque<br />

j’ai eu plaisir à<br />

manger <strong>de</strong>s plats<br />

originaux mais eu beaucoup <strong>de</strong> repas déséquilibrés, gras et<br />

peu variés (pommes <strong>de</strong> terre et <strong>de</strong> chou). Les ex-pays <strong>de</strong><br />

l’Est, pour ce que j’en ai vu, semblent peu compatibles avec<br />

une alimentation végétarienne lorsque l’on ne prépare pas<br />

soi-même les repas. Cela ne n’empêchera pas d’y retourner<br />

pour tester d’autres cuisines…<br />

MA SECONDE EXPÉRIENCE<br />

A EU LIEU EN IRLANDE EN OCTOBRE<br />

Nous avions plus <strong>de</strong> temps pour les repas et avons testé<br />

plusieurs formules. À Dublin nous avons dîné dans un bon<br />

restaurant. Pour compléter l’entrée <strong>de</strong> crudités variées, j’ai<br />

goûté 3 bons fromages locaux (accompagnés <strong>de</strong> raisins<br />

et <strong>de</strong> confiture <strong>de</strong> figues). Pour déjeuner sur le pouce, le<br />

snack « fish and chips » est <strong>de</strong>venu « œuf frites » peu digestes.<br />

Nous avons donc choisi d’acheter <strong>de</strong>s sala<strong>de</strong>s au<br />

poids et <strong>de</strong>s sandwiches à composer avec un grand choix<br />

d’ingrédients. Dans le Connemara, nous avons pris l’option<br />

<strong>de</strong> cuisiner le dîner à l’auberge <strong>de</strong> jeunesse et <strong>de</strong> grignoter<br />

le midi (pain, cheddar, fruit).<br />

Ce voyage me laisse un meilleur souvenir au niveau<br />

gastronomique et me fait penser que le restaurant n’est pas<br />

forcément la meilleure solution pour manger correctement<br />

et découvrir un pays.<br />

V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


Agriculture<br />

végane<br />

Article proposé par Clèm<br />

Dans le premier article consacré à l’agriculture végane<br />

(Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s, n° 97), nous avons vu<br />

que ce mo<strong>de</strong> d’agriculture s’attachait – entre autres<br />

– à minimiser autant que possible son impact envi-<br />

ronnemental, ce qui passe notamment<br />

par l’amélioration <strong>de</strong>s sols 1 , et une note précisait que<br />

l’agriculture conventionnelle est synonyme<br />

<strong>de</strong> dégradation <strong>de</strong>s sols.<br />

Le sol... Que représente-t-il ? Quelles formes <strong>de</strong> vies<br />

abrite-t-il ? Quels dangers le menacent et <strong>de</strong> quels<br />

moyens disposons-nous pour le maintenir, voire<br />

l’améliorer ? Autant <strong>de</strong> points que nous développons<br />

dans ce second épiso<strong>de</strong>, consacré au sol.<br />

2ÈME ÉPISODE<br />

LE SOL, UN ÉLÉMENT FRAGILE À PROTÉGER<br />

Qu’est-ce que le sol ?<br />

Les végétaux se développent grâce à l’air, à l’eau et au<br />

sol. Les <strong>de</strong>ux premiers éléments sont purement minéraux,<br />

d’où une certaine solidité<br />

: même si on les<br />

pollue à outrance, l’humanité<br />

ne pourra pas (à<br />

moins d’un cataclysme<br />

épouvantable) faire disparaître<br />

<strong>de</strong> la planète ni<br />

l’air, ni l’eau. Le sol, qui<br />

est par contre un complexe<br />

dynamique minéral<br />

et organique 2 , se caractérise<br />

par sa fragilité : non seulement il peut être pollué,<br />

asphyxié, tassé, mais il peut aussi tout bonnement disparaître<br />

: c’est l’érosion qui, en emportant la terre, laisse la roche<br />

mère à nu, stérile et incultivable.<br />

Un sol en bonne<br />

santé est un bouillon<br />

<strong>de</strong> culture insoupçonné,<br />

qui abrite une multitu<strong>de</strong><br />

d’animaux et d’êtres vivants<br />

3 , vivant <strong>de</strong>ssus ou<br />

<strong>de</strong>dans, <strong>de</strong>s plus minuscules<br />

micro-organismes<br />

aux taupes en passant<br />

par les vers <strong>de</strong> terre, qui le malaxent et l’aèrent en permanence.<br />

Ainsi, un sol en bon état contient jusqu’à un milliard<br />

<strong>de</strong> micro-organismes et dix millions à un milliard <strong>de</strong> bactéries<br />

par gramme <strong>de</strong> sol, plus une à quatre tonnes <strong>de</strong> vers<br />

<strong>de</strong> terre par hectare ! 4<br />

Taupes, campagnols, mulots, cloportes, araignées, mille-pattes,<br />

iules, vers, fourmis, perce-oreilles, némato<strong>de</strong>s,<br />

collemboles, protoures, mollusques, larves, etc., tous ont<br />

un rôle fondamental : en dévorant les déchets végétaux,<br />

dont les racines<br />

mortes, ils produisent<br />

<strong>de</strong>s boulettes<br />

fécales qui<br />

peuvent alors<br />

être décomposées<br />

par les<br />

champignons,<br />

les bactéries et<br />

VEGANISME :<br />

Mot créé par Sir Donald Watson dans<br />

les années 40, pour désigner la démarche<br />

<strong>de</strong> ne pas consommer ou utiliser ni <strong>de</strong>s<br />

animaux, ni leurs produits ou force <strong>de</strong> travail<br />

(à tous les niveaux possibles : alimentaires,<br />

vestimentaires, scientifiques, pour<br />

les loisirs, etc.).<br />

les microbes : c’est la formation <strong>de</strong> l’humus, réservoir <strong>de</strong>s<br />

substances nutritives et source <strong>de</strong> stabilité du sol. Toute cette<br />

faune, particulièrement nombreuse en forêt, creuse en<br />

plus d’innombrables galeries qui aèrent le sol : il y a jusqu’à<br />

80 % <strong>de</strong> vi<strong>de</strong> à la surface d’un sol forestier 5 , et cette gran<strong>de</strong><br />

porosité le rend capable d’absorber toutes les pluies. Les<br />

champs inondés (spectacle hélas aussi fréquent que désolant)<br />

sont dus à la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> cette vie et <strong>de</strong> la faune et<br />

au tassement par les machines : le sol, compacté, étouffé,<br />

ne laisse plus passer l’eau.<br />

Labour et érosion, le duo infernal<br />

Le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> la dégradation d’un sol est sa mort<br />

biologique, c’est-à-dire la disparition <strong>de</strong>s organismes ci-<strong>de</strong>ssus<br />

cités. Étant donné sa fragilité, il suffit <strong>de</strong> peu pour dégra<strong>de</strong>r<br />

un sol : ainsi le labour (sans doute inventé et développé<br />

pour lutter contre les « mauvaises » herbes), en exposant la<br />

terre nue 6 au soleil et à la pluie, est la cause principale <strong>de</strong> la<br />

disparition <strong>de</strong> la matière organique et donc <strong>de</strong> la stérilisation<br />

<strong>de</strong>s sols. Les labours participent <strong>de</strong> plus au réchauffement<br />

planétaire par la perte <strong>de</strong> matière organique qu’ils occasionnent,<br />

sous forme <strong>de</strong> gaz carbonique.<br />

Remettre en cause le labour peut apparaître insensé :<br />

« Il va sans dire<br />

que faire arrêter<br />

le labour<br />

aux agriculteurs<br />

est un vrai choc<br />

culturel. Le la-<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

V É G A N i S M E<br />

17


V É G A N i S M E<br />

18<br />

bour est plus qu’une pratique millénaire,<br />

il est un mythe fondateur<br />

<strong>de</strong> l’agriculteur. Et pourtant il faut<br />

démythifier le labour, il en va <strong>de</strong><br />

la survie <strong>de</strong> l’humanité. » 7 C’est<br />

par méconnaissance <strong>de</strong> l’organisation<br />

et du fonctionnement <strong>de</strong>s<br />

organismes du sol, indispensables<br />

à la culture, et persuadé du<br />

bien-fondé du labour, que celui-ci<br />

est <strong>de</strong>venu <strong>de</strong> plus en plus profond<br />

(ce qui, dans l’esprit <strong>de</strong>s<br />

gens, <strong>de</strong>vait sans doute rimer<br />

avec efficacité) au fil <strong>de</strong>s siècles,<br />

jusqu’à atteindre <strong>de</strong>s dimensions<br />

délirantes – par exemple, <strong>de</strong>s labours<br />

<strong>de</strong> 1 à 3 m <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur<br />

dans la Chine <strong>de</strong> Mao 8 ! Mais la<br />

matière organique enfouie ne<br />

peut plus se transformer en humus<br />

à l’intérieur <strong>de</strong>s sillons dès<br />

que ceux-ci dépassent la profon<strong>de</strong>ur<br />

<strong>de</strong> 10 cm – or, enfouir la<br />

matière organique est l’un <strong>de</strong>s impacts et objectifs majeurs<br />

du labour, ainsi que du bêchage et <strong>de</strong> toute action visant à<br />

retourner la terre.<br />

Le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> la dégradation puis <strong>de</strong> la disparition<br />

du sol est sa mort biologique, due en gran<strong>de</strong> partie au<br />

labour qui empêche d’apporter <strong>de</strong> la matière organique au<br />

sol, alors qu’elle constitue l’alimentation <strong>de</strong> toute la faune et<br />

vie du sol. Le coup <strong>de</strong> grâce est souvent donné par l’irrigation<br />

et l’utilisation <strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> fongici<strong>de</strong>s. Et un sol<br />

biologiquement mort est emporté par l’eau ou le vent : c’est<br />

l’érosion, c’est-à-dire la disparition pure et simple du sol.<br />

Ce phénomène gravissime inquiète <strong>de</strong> plus en plus agronomes<br />

et agriculteurs (entre autres) : « l’érosion s’est fortement<br />

amplifiée <strong>de</strong>puis [la révolution verte <strong>de</strong>s années 70].<br />

Elle est maintenant <strong>de</strong> 10 t/ha/an en Suè<strong>de</strong>, <strong>de</strong> 40 t/ha/an<br />

en <strong>France</strong> et <strong>de</strong> 60 t/ha/an en Espagne et <strong>de</strong> 100 tonnes au<br />

Maghreb. Dans certaines régions <strong>de</strong>s États-Unis et d’Europe,<br />

l’érosion a dépassé 200 tonnes par hectare et par an, et<br />

même atteint cinq cents tonnes. En zone tropicale, <strong>de</strong>s sols<br />

peuvent être ainsi ruinés en moins <strong>de</strong> dix ans <strong>de</strong> culture. » 9<br />

L’érosion est particulièrement catastrophique sous les tropiques,<br />

où les sols sont particulièrement fragiles et superficiels<br />

(moins <strong>de</strong> 10 cm d’épaisseur) et où la pluie s’abat<br />

avec violence. Ainsi, le déboisement actuel <strong>de</strong> la forêt amazonienne<br />

pour faire <strong>de</strong> la monoculture <strong>de</strong> soja (uniquement<br />

pour engraisser les vaches occi<strong>de</strong>ntales) ou <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong><br />

pâturage (là encore, pour engraisser <strong>de</strong>s vaches <strong>de</strong>stinées<br />

à la consommation occi<strong>de</strong>ntale) revient, à moyen terme, à<br />

créer <strong>de</strong> vastes zones désertiques.<br />

Une nouvelle approche du sol, <strong>de</strong> plus en plus reconnu<br />

pour ce qu’il est - à savoir un milieu complexe, dynamique,<br />

fragile et bien sûr vital -, s’impose donc aujourd’hui.<br />

Il est essentiel que chaque jardinier, chaque agriculteur,<br />

connaisse son sol. Il existe une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> textures <strong>de</strong><br />

sols, selon ses composants : plus ou moins argileux, limoneux,<br />

sableux. Connaître un sol permet <strong>de</strong> mieux le préserver,<br />

et il est toujours possible d’améliorer (et <strong>de</strong> détériorer)<br />

sa texture, donc sa productivité. Pour connaître la texture<br />

d’un sol, malaxez une petite poignée <strong>de</strong> terre jusqu’à en<br />

faire un boudin : une forte teneur en argiles donnera un<br />

boudin souple et malléable, a contrario, la teneur en limons<br />

le rend plus friable, et le sable encore plus fragile – le sol est<br />

dit lourd, collant, ou au contraire léger, etc. On peut aussi<br />

observer ses couleurs pour déterminer ses composants :<br />

selon la roche mère, les différents minéraux et argiles qu’il<br />

contient, elles varient du gris clair au noir profond en passant<br />

par tous les bruns possibles avec, parfois, <strong>de</strong>s nuances<br />

<strong>de</strong> jaune, <strong>de</strong> blanc, <strong>de</strong> rouge, <strong>de</strong> violet ou <strong>de</strong> vert bleuté.<br />

L’agronome arabe Ibn al-Awan ajoutait à cela une notion<br />

d’analyse <strong>de</strong> la terre par le goût et l’odorat, en buvant et<br />

en sentant la solution <strong>de</strong> terre dans <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> pluie après<br />

décantation (Bourguignon, 24). Et Fukuoka (96) précise :<br />

« En regardant la variété et la taille <strong>de</strong>s mauvaises herbes<br />

dans un certain espace vous pouvez dire quelle sorte <strong>de</strong> sol<br />

c’est et quelles sont ses déficiences. » Enfin, il est bien sûr<br />

possible <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une analyse du sol par un laboratoire<br />

spécialisé (autour <strong>de</strong> 50 euros).<br />

L’agriculture du<br />

non-agir<br />

Mais peut-on cultiver sans<br />

labourer, sans bêcher et <strong>de</strong> façon<br />

biologique, sans inon<strong>de</strong>r<br />

champs et parcelles <strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>s<br />

? La réponse est oui, et en<br />

plus avec <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments égaux<br />

à ceux obtenus dans l’agriculture<br />

conventionnelle, à condition<br />

d’adopter les techniques<br />

adéquates, qui sont aujourd’hui<br />

heureusement en expansion.<br />

Masanobu Fukuoka, paysan<br />

japonais innovateur et<br />

aujourd’hui mondialement reconnu,<br />

n’a pas labouré la terre<br />

<strong>de</strong> ses champs pendant plus <strong>de</strong><br />

30 ans, et cependant leur ren<strong>de</strong>ment<br />

a pu être favorablement<br />

comparé à ceux <strong>de</strong>s fermes japonaises<br />

les plus productives.<br />

Fukuoka explique avec raison<br />

que, pour avoir une agriculture pérenne, la première chose<br />

à faire – ou plutôt, à ne pas faire 10 – est <strong>de</strong> ne pas labourer<br />

ni retourner la terre, la terre se cultivant <strong>de</strong> façon suffisante<br />

par la pénétration <strong>de</strong>s racines <strong>de</strong>s plantes et l’activité <strong>de</strong>s<br />

microorganismes, <strong>de</strong>s petits animaux et <strong>de</strong>s vers <strong>de</strong> terre. Il<br />

rejoint ici Darwin, pour qui les vers <strong>de</strong> terre ont joué le plus<br />

grand rôle possible sur Terre et dans la terre : celui d’accroître<br />

sa fertilité.<br />

Le premier acte vers une agriculture pérenne est donc<br />

<strong>de</strong> ne pas détruire l’ensemble <strong>de</strong>s éléments vivants du sol,<br />

mais au contraire <strong>de</strong> les laisser agir.<br />

Le second acte consiste à renforcer cette vie du sol, à<br />

la maintenir et à l’accroître. Au potager, la grelinette, dont<br />

l’action consiste à décompacter et aérer le sol sans le retourner,<br />

enverra la bêche<br />

rouiller au fond <strong>de</strong> la cabane<br />

à outils. Aux champs,<br />

ce sera le semis direct, les<br />

engrais verts et le paillage<br />

qui remplaceront définitivement<br />

la charrue. D’autres<br />

techniques efficaces et<br />

complémentaires sont à<br />

notre disposition : bois raméal<br />

fragmenté (BRF), engrais verts, cultures associées et<br />

rotations <strong>de</strong>s cultures. De plus, ces techniques végétales,<br />

en plus <strong>de</strong> protéger le sol, en augmentent dans le même<br />

temps la fertilité... comme nous le verrons dans une prochaine<br />

partie.<br />

Quelques livres pour aller plus loin dans la découverte<br />

du sol :<br />

FIN DE L’ARTICLE PAGE 36<br />

V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


Un combat<br />

qui les honore…<br />

Michel Onfray, la cinquantaine<br />

juvénile, est un philosophe<br />

qui construit au fil <strong>de</strong> ses<br />

ouvrages une théorie <strong>de</strong> l’hédonisme<br />

: faire <strong>de</strong> la philosophie<br />

un art <strong>de</strong> vivre - <strong>de</strong> bien<br />

vivre, <strong>de</strong> mieux vivre. Son projet<br />

philosophique s’inscrit dans<br />

une éthique postchrétienne<br />

(on pourra lire Féeries anatomiques,<br />

Prix <strong>de</strong> l’Union <strong>de</strong>s<br />

Athées, 2004, ou son Traité<br />

d’athéologie, 2005). Une <strong>de</strong><br />

ses gran<strong>de</strong>s entreprises est<br />

d’éditer en une dizaine <strong>de</strong> volumes<br />

une « Contre histoire <strong>de</strong><br />

la philosophie », parcourant<br />

vingt-cinq siècles <strong>de</strong> philosophie<br />

oubliée, et mettant en lumière les matérialistes qui furent<br />

relégués aux oubliettes après la victoire du christianisme.<br />

Il a publié dans le magazine Siné Hebdo n° 56,<br />

d’août <strong>2009</strong>, un article sur l’antispécisme, où il justifie cette<br />

conception du rapport Homme-Animal, tout en s’élevant fortement<br />

contre certaines dérives (du type Animal Liberation<br />

Front). Pour le plaisir <strong>de</strong> la réflexion, nous reproduisons ci<strong>de</strong>ssous<br />

cet article, avec son autorisation.<br />

Les antispécistes mènent un combat qui les honore : ils<br />

luttent contre cette idée chrétienne qui consiste à dire que<br />

l’homme a été créé par Dieu comme preuve du couronnement<br />

<strong>de</strong> Son génie, que, <strong>de</strong> ce fait, il domine la nature et qu’il<br />

a donc le droit d’user <strong>de</strong>s animaux comme il l’entend pour<br />

son loisir, son travail, sa nourriture et son bon plaisir. Que<br />

<strong>de</strong>s militants <strong>de</strong> cette cause existent est une bonne chose.<br />

Que le philosophe Peter Singer mène ce combat dans La<br />

Libération animale (Grasset) avec <strong>de</strong>s arguments qui ébranlent<br />

toute conscience formatée au rationalisme occi<strong>de</strong>ntal,<br />

dont moi, est également intellectuellement salutaire.<br />

Depuis sept ans que j’enseigne une histoire alternative <strong>de</strong><br />

la philosophie à l’université populaire <strong>de</strong> Caen en mettant en<br />

avant les penseurs atomistes, les épicuriens, les athées, les<br />

hédonistes, les sensualistes, les matérialistes, les anarchistes,<br />

j’ai découvert que la plupart <strong>de</strong> ces philosophes oubliés,<br />

négligés, écartés, défendaient cette thèse radicale : il n’y a<br />

pas une différence <strong>de</strong> nature entre les hommes et les animaux<br />

(ce qu’affirment les judéo-chrétiens) mais une différence <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>grés (ce que disent les antispécistes). Ce qui change tout…<br />

Le combat antispéciste est légitime quand il nous invite<br />

Par Michel Onfray<br />

Photo : http://pagesperso-orange.fr/michel.onfray/accueilonfray.htm<br />

à réfléchir sur la souffrance<br />

animale, la légitimité <strong>de</strong> l’expérimentation<br />

scientifique<br />

avec les bêtes, le bien-fondé<br />

du végétarisme (auquel toute<br />

conscience qui s’exerce un<br />

tant soit peu à la réflexion<br />

ne peut que consentir intellectuellement…),<br />

les conditions<br />

indignes <strong>de</strong> l’élevage<br />

industriel, la tragédie que représente<br />

philosophiquement<br />

l’abattage programmé d’êtres<br />

vivants, la sauvagerie <strong>de</strong> toute<br />

spectacularisation <strong>de</strong> la mort<br />

comme dans le cas <strong>de</strong> la corrida<br />

ou <strong>de</strong>s combats <strong>de</strong> coqs,<br />

la honte associée à toute entreprise<br />

carcérale <strong>de</strong> type zoo, et la nécessité <strong>de</strong> penser autrement<br />

notre rapport aux animaux. Sur ce terrain, notre humanité<br />

patine, elle retar<strong>de</strong>, elle périclite.<br />

Je ne peux voir un chargement <strong>de</strong> veaux, <strong>de</strong> porcs ou<br />

<strong>de</strong> moutons dans un camion qui se dirige vers l’abattoir<br />

sans une immense empathie, une véritable souffrance physiologiquement<br />

expérimentée, une honte d’être un homme<br />

dont la tribu s’arroge le droit <strong>de</strong> ces odieux charrois. Mais<br />

je ne puis accepter que <strong>de</strong>s militants antispécistes, dont<br />

parfois Peter Singer, assimilent ces convois aux trains <strong>de</strong><br />

la mort qui conduisaient <strong>de</strong>s déportés vers les chambres à<br />

gaz ou fassent <strong>de</strong> l’abattoir le strict équivalent <strong>de</strong> la solution<br />

finale…<br />

J’ai le cœur retourné <strong>de</strong>vant les images <strong>de</strong> taureaux<br />

sacrifiés dans <strong>de</strong>s arènes, d’animaux torturés dans <strong>de</strong>s laboratoires,<br />

<strong>de</strong> phoques massacrés sur la banquise, <strong>de</strong> compagnons<br />

domestiques suppliciés par <strong>de</strong>s crétins qui ne les<br />

valent pas. Mais je m’insurge que <strong>de</strong>s commandos déterrent<br />

l’urne funéraire <strong>de</strong> la mère du patron <strong>de</strong> Novartis (le laboratoire<br />

qui expérimente sur <strong>de</strong>s animaux), profanent sa tombe<br />

avec <strong>de</strong>s inscriptions insultantes, incendient <strong>de</strong>s domiciles,<br />

menacent <strong>de</strong> mort, promettent d’enlever les enfants <strong>de</strong>s<br />

responsables <strong>de</strong> cette entreprise, fassent courir <strong>de</strong> fausses<br />

réputations <strong>de</strong> pédophilie sur ces gens-là, car… les bêtes ne<br />

manifestent pas cette inhumanité-là ! Et pour cause… Ces<br />

personnes montrent qu’il existe tout <strong>de</strong> même une différence<br />

entre les hommes et les animaux : seuls les premiers<br />

jouissent du mal qu’ils font. J’invite ces « humains » à prendre<br />

<strong>de</strong>s leçons auprès <strong>de</strong>s animaux… <br />

Michel Onfray<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

V É G A N i S M E<br />

19


C U L T U R E<br />

20<br />

À LIRE<br />

De l’éditeur La Plage<br />

Racines<br />

<br />

Grand format (22 x 25,5) ; 121 pages ; très belles photos tout en couleur ;<br />

19,90 € ; août <strong>2009</strong>. La Plage : www.laplage.fr<br />

Que faire avec <strong>de</strong>s racines ? Les déraciner, tout d’abord, pour les apprêter<br />

ensuite dans l’une <strong>de</strong>s mille et une façons décrites dans un nouveau livre paru<br />

aux éditions La Plage, Racines – du raifort au navet du Pardailhan, par Laurence<br />

Salomon.<br />

Celle-ci, chef du restaurant « Nature et Saveur » à Annecy, nous entraîne<br />

à la découverte d’espèces connues ou en voie <strong>de</strong> réapparition telles que le<br />

topinambour, le crosne, la betterave crapaudine, le cerfeuil ou encore le navet<br />

du Pardailhan.<br />

Ce ne sont pas moins <strong>de</strong> 45 variétés régionales ou exotiques qui sont ici sé-<br />

lectionnées et présentées pour leur intérêt nutritionnel mais aussi pour leur origi-<br />

nalité visuelle, olfactive et gustative.<br />

Des recettes saines et gastronomiques invitent le lecteur à <strong>de</strong>s métamor-<br />

phoses « radicales » (si l’on ose dire…) : « ravioles au radis noir et curcuma »,<br />

« carpaccio aux <strong>de</strong>ux betteraves et échalotes confi tes », « pressée <strong>de</strong> céleri au<br />

shiitaké » et bien d’autres.<br />

Recettes entièrement végétariennes, évi<strong>de</strong>mment !<br />

P’tit Chef bio<br />

Format carré (22 x 22) ; 96 pages ; photos <strong>de</strong> Myriam Gauthier-Moreau ; 19,90 € ; octobre <strong>2009</strong>.<br />

La Plage : www.laplage.fr<br />

Le premier album <strong>de</strong> cuisine bio pour enfant.<br />

Zoé sucré, Max aci<strong>de</strong>, Léon salé et Lili amer sont les 4 héros <strong>de</strong> cet album.<br />

4 drôles <strong>de</strong> personnages en papier mâché qui gui<strong>de</strong>nt l’enfant dans le déroulé<br />

<strong>de</strong>s recettes et l’association <strong>de</strong>s saveurs : celle qui fait sourire, celle qui picote<br />

le palais, celle qui donne soif et celle qui fait faire la grimace.<br />

De l’apéro aux goûters <strong>de</strong> fête, en passant par le pique-nique et les me-<br />

nus du quotidien, 20 recettes amusantes et poétiques initient les enfants à <strong>de</strong>s<br />

savoir-faire simples et à <strong>de</strong>s ingrédients naturels <strong>de</strong> qualité, choisis pour leurs<br />

valeurs nutritionnelles. Avec <strong>de</strong>s éléments décoratifs qui font la part belle à la<br />

pâte d’aman<strong>de</strong>, aux fruits et aux fl eurs, plutôt qu’aux éternels « smarties ».<br />

Cléa, l’auteur, est diplômée en sciences sociales <strong>de</strong> l’alimentation. Elle est<br />

en <strong>France</strong> l’une <strong>de</strong>s blogueuses culinaires les plus connues (http://www.clea-<br />

cuisine.fr/).<br />

De la revue Silence<br />

Nous remercions la revue Silence (www.revuesilence.net) pour nous avoir per-<br />

mis <strong>de</strong> reprendre intégralement <strong>de</strong>ux excellentes critiques <strong>de</strong> livres (« L’em-<br />

preinte écologique » et « OGM, tout s’explique »), parues dans le n° 371 <strong>de</strong> septembre <strong>2009</strong>,<br />

sous la plume <strong>de</strong> Michel Bernard, et que nous reproduisons ci-<strong>de</strong>ssous :<br />

L'empreinte écologique<br />

Aurélien Boutaud et Natacha Gondran - Éd. La Découverte - <strong>2009</strong> – 122 p. - 9,50 €<br />

L’empreinte écologique est un indice qui mesure la surface nécessaire à la reproduction d’une activité, qu’elle soit<br />

individuelle ou collective. Cela a l’air simple comme cela, mais son calcul est extrêmement complexe. D’une part, il faut<br />

V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong><br />

C U L T U R E


transformer en surface <strong>de</strong>s données fort diverses (il me faut une surface pour faire<br />

pousser mon alimentation, mais <strong>de</strong> l’énergie pour me chauffer… et selon avec quoi<br />

je me chauffe, le résultat n’est pas le même, et c’est encore plus dur à calculer si je<br />

vais voir une pièce <strong>de</strong> théâtre…). Il faut aussi défi nir à quelle surface <strong>de</strong> référence<br />

on compare ; un hectare <strong>de</strong> forêt ne fonctionne pas <strong>de</strong> la même façon qu’un<br />

hectare d’océan (il a fallu calculer un hectare moyen).<br />

Cet ouvrage explique <strong>de</strong> manière fort pédagogique comment est née l’idée<br />

<strong>de</strong> cette empreinte écologique, en rappelant sur un tiers <strong>de</strong> l’ouvrage comment<br />

fonctionnent les écosystèmes et comment l’activité humaine y est incluse. Il montre<br />

également l’extrême complexité <strong>de</strong> la conversion en surface d’une activité. Le cas<br />

du nucléaire est ainsi développé : un déchet nucléaire n’ayant aucune place dans<br />

aucun écosystème, comment en calculer un équivalent en surface ? Le même<br />

exemple pose la question du poids dans la durée : si un déchet nous encombre<br />

pendant <strong>de</strong>s millénaires, comment faire le calcul ? Les hypothèses et approxima-<br />

tions sont multiples, le résultat est toujours un minimum… Malgré ces nombreuses<br />

limites, il constitue un indicateur parlant pour débattre <strong>de</strong> nos pratiques <strong>de</strong> consom-<br />

mation. Il a permis <strong>de</strong> montrer l’évolution <strong>de</strong> notre « poids » dans le temps, d’alerter<br />

sur la certitu<strong>de</strong> que nous avons dépassé les capacités <strong>de</strong> reproduction <strong>de</strong> la pla-<br />

nète (qui se régénère grâce aux apports en énergie du Soleil). Il permet, à critères<br />

égaux, <strong>de</strong> comparer <strong>de</strong>s secteurs, <strong>de</strong>s États…<br />

Le livre se termine par <strong>de</strong>s ouvertures très intéressantes : les éco-quartiers com-<br />

me terrain d’expérimentation vers une empreinte moindre, le scénario NégaWatt pour remplacer énergies fossiles et nu-<br />

cléaires et la question du « développement durable ». La conclusion montre toutefois les limites <strong>de</strong> cet indice, rappelant<br />

que cela peut avoir <strong>de</strong> graves dérives productivistes : on peut estimer qu’un champ ayant plus <strong>de</strong> capacité <strong>de</strong> reproduc-<br />

tion qu’une forêt, il faut remplacer les forêts par <strong>de</strong>s champs ! Un ouvrage remarquablement bien écrit, avec une gran<strong>de</strong><br />

ouverture <strong>de</strong> pensée.<br />

OGM, tout s'explique<br />

Christian Vélot - Éd. Goutte <strong>de</strong> sable (53400 Athée) - <strong>2009</strong> – 240 p. – 20 €<br />

Pour avoir accepté <strong>de</strong> témoigner sur ses doutes <strong>de</strong> chercheur sur les organis-<br />

mes génétiquement modifi és, Christian Vélot a subi <strong>de</strong> nombreuses pressions. Avec<br />

le soutien <strong>de</strong> la Crii-Rem et <strong>de</strong> la Fondation Sciences citoyennes, il a réussi à sauver<br />

son équipe <strong>de</strong> recherche. Dans cet ouvrage, il explique <strong>de</strong> manière simple com-<br />

ment sont conçus les OGM, comment ils sont utilisés en mé<strong>de</strong>cine (insuline, vaccins,<br />

etc.) et comment la reprise en mains <strong>de</strong> ces OGM par les fi rmes a changé la donne,<br />

augmentant les risques sanitaires et environnementaux parce que les évaluations<br />

scientifi ques sont biaisées par le fi nancement privé <strong>de</strong> la recherche.<br />

Christian Vélot, qui a évolué dans sa position <strong>de</strong> scientifi que en découvrant les<br />

errements <strong>de</strong> la technoscience, en arrive en fi n <strong>de</strong> compte à rejoindre la position <strong>de</strong>s<br />

faucheurs OGM : la science doit être sous le contrôle <strong>de</strong>s citoyens et non <strong>de</strong>s fi nan-<br />

ciers. Un livre qui illustre sur ce thème ce que l’on observe partout dans la recherche :<br />

le glissement d’un service public à <strong>de</strong>s intérêts privés, objet <strong>de</strong>s manifestations ac-<br />

tuelles <strong>de</strong>s enseignants-chercheurs. Un ouvrage complet où les <strong>de</strong>ssins humoristiques<br />

ai<strong>de</strong>nt à faire passer un langage qui reste quand même assez ardu.<br />

Mauvaises nouvelles <strong>de</strong> la chair<br />

Marie Rouanet – Éd. Albin Michel – 2008 – 185 p<br />

Lorsque les animaux sont traités comme <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> consommation, il n’y a pas <strong>de</strong> quoi rire. Marie Rouanet s’est in-<br />

vitée à l’horrible jeu <strong>de</strong> la domination <strong>de</strong> l’homme sur l’animal… Son témoignage est traité sous formes <strong>de</strong> nouvelles bien<br />

accablantes. L’auteure décrit avec précision les quelques supplices que l’humain s’emploie sans aucune conscience à<br />

pratiquer sur <strong>de</strong>s êtres vivants, fragiles car sans défense. Privés <strong>de</strong> liberté, désaisonnalisés, violés à maintes reprises pour la<br />

SUITE DE L’ARTICLE PAGE 31<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

C U L T U R E 21


C U i S I N E V É G É T A R i E N N E<br />

LÉGUMES RACINES : TRÉSORS DU<br />

JARDIN HIVERNAL POUR UNE CUISINE<br />

REVIGORANTE<br />

Les légumes racines présentés ici sont<br />

appréciés <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s siècles voire plus, car<br />

certains sont dégustés <strong>de</strong>puis l’Antiquité pour<br />

leurs vertus nutritives. Un temps boudés <strong>de</strong>s<br />

consommateurs, et quasi introuvables dans le commerce,<br />

ils font un retour en force, mis en ve<strong>de</strong>tte sous les projecteurs<br />

par quelques grands chefs étoilés. Parfois qualifiés <strong>de</strong><br />

« légumes oubliés », ces racines étaient surtout oubliées par<br />

l’industrie agro-alimentaire et les gran<strong>de</strong>s surfaces, bien que<br />

présentes dans la plupart <strong>de</strong>s jardins nourriciers (<strong>de</strong> campagne<br />

ou pas). Ces excellents légumes essentiellement d’hiver<br />

ont toujours été peu ou prou cultivés par les potagistes<br />

appréciant la diversité végétale dans leur assiette. Je n’ai<br />

pas l’impression d’être une antiquité… pourtant <strong>de</strong>puis ma<br />

petite enfance, mis à part 3 ou 4 légumes <strong>de</strong> la liste, (dont<br />

le raifort plus familier <strong>de</strong>s jardins alsaciens que <strong>de</strong> ceux proches<br />

<strong>de</strong> La Rochelle), j’ai mangé ces excellents légumes,<br />

faisant partie <strong>de</strong>s menus quotidiens, et souvent présentés<br />

maintenant comme <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> luxe… Passons sur les<br />

caprices <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>, culinaire ou pas, car heureusement la<br />

plupart <strong>de</strong> ces légumes peuvent maintenant être facilement<br />

trouvés sur les marchés, voire en gran<strong>de</strong>s surfaces… Tous<br />

se cultivent en <strong>France</strong>, en pleine terre, sans serre ni chauffage<br />

artificiel...<br />

Les choisir <strong>de</strong> préférence cultivés en agriculture bio, car<br />

toutes ces racines ont en commun <strong>de</strong> pouvoir être consommées<br />

avec leur peau.<br />

Attention : tiges et feuillage du cerfeuil tubéreux sont<br />

toxiques.<br />

Petit truc : Je nettoie tous ces légumes, aux formes parfois<br />

très complexes, avec une brosse à ongles. Cet objet est<br />

parfait pour retirer toutes les particules <strong>de</strong> terre <strong>de</strong> leur peau,<br />

en permettant ainsi la consommation.<br />

<br />

BETTERAVE : Très riche en minéraux, oligo-éléments,<br />

vitamines (A, B1, B2, B6, B9, C, E, J, les feuilles contiennent<br />

en outre <strong>de</strong> la vitamine K), la betterave rouge, également<br />

Par Pierrette Nardo<br />

Une rubrique coordonnée<br />

par Françoise Degenne<br />

Cuisine<br />

végétarienne:<br />

les légumes racines<br />

orange dont le béta-carotène<br />

est particulièrement<br />

utile en hiver. Toutefois,<br />

d’excellentes carottes<br />

blanches Blanche <strong>de</strong> Kuttingen,<br />

Blanche à collet<br />

vert…), jaunes (Jaune du<br />

Doubs) ou violettes (carotte<br />

rouge sang - violette)<br />

existent aussi (variétés<br />

anciennes que vous<br />

trouverez généralement<br />

chez les maraîchers bio)<br />

permettent <strong>de</strong> mettre un<br />

peu <strong>de</strong> fantaisie dans le<br />

plat <strong>de</strong> carottes râpées !<br />

Ses feuilles peuvent aussi<br />

être consommées (crues<br />

ou cuites) ainsi que ses<br />

graines. Les carottes entrent<br />

aussi dans la préparation<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>sserts.<br />

C APUCINE TUBÉ-<br />

REUSE :<br />

Consommée en Amérique<br />

du Sud, 5500 ans<br />

av. J.-C., cet excellent<br />

tubercule alimentaire (à<br />

mon goût…) donne <strong>de</strong><br />

très bons ren<strong>de</strong>ments (la<br />

jardinière est pleinement<br />

satisfaite, tout autant que<br />

la cuisinière). À cuisiner<br />

riche en anthocyane, sert traditionnellement<br />

à lutter contre l’anémie. Dans l’assiette vous<br />

apprécierez les betteraves rouges, jaunes ou<br />

blanches, crues, cuites ou lactofermentées.<br />

Elles servent aussi pour réaliser <strong>de</strong>s <strong>de</strong>sserts<br />

tels cakes ou cookies. Les feuilles peuvent<br />

aussi être consommées (crues ou cuites).<br />

CAROTTE : On ne présente plus la carotte<br />

Pierrette Nardo, alias Floradiane,<br />

est initiée aux joies du<br />

jardinage naturel et <strong>de</strong> la bonne<br />

cuisine, riches en végétaux<br />

cultivés ou sauvages, dès la petite<br />

enfance. Quelques décennies<br />

plus tard, elle transmet ses<br />

passions jardin/cuisine/histoires<br />

<strong>de</strong> plantes/beauté naturelle…<br />

en animant <strong>de</strong>s manifestations<br />

(conférences causeries, ateliers<br />

cuisine ou soins <strong>de</strong> beauté…),<br />

aux quatre coins <strong>de</strong> la <strong>France</strong>.<br />

Après avoir animé <strong>de</strong>s chroniques<br />

« plantes et jardin » à la<br />

télévision régionale et sur les<br />

radios du Poitou-Charentes,<br />

elle écrit présentement pour<br />

« La Gazette <strong>de</strong>s jardins » (bimestriel)<br />

et « Plantes et Santé »<br />

(mensuel).<br />

Côté édition, « Mes bonnes<br />

plantes et mes bonnes herbes<br />

» est paru en juin 2008 aux<br />

éditions Rustica. Un second<br />

ouvrage est en cours pour cette<br />

même maison d’édition : parution<br />

printemps 2010.<br />

« Recettes d’un jardin coquin<br />

» va paraître aux Éditions<br />

<strong>de</strong> Terran en mars 2010.<br />

Contact : Pierrette Nardo<br />

Tél : 05 46 68 53 05<br />

Mail : floradiane@netcourrier.com<br />

Sites web : http ://www.cuisiflor.com<br />

http://www.autour<strong>de</strong>sroses.com<br />

http://floradiane.canalblog.com<br />

22 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


crue ou cuite, en sala<strong>de</strong>s, gratins, galettes… Les tubercules<br />

peuvent être mis au vinaigre et constituent alors un condiment.<br />

Les feuilles sont également comestibles.<br />

Info : Le tubercule <strong>de</strong> la capucine tubéreuse est réputé<br />

anaphrodisiaque (les empereurs incas auraient régulièrement<br />

fait consommer <strong>de</strong>s capucines tubéreuses à leurs<br />

soldats, afin qu’ils pensent à la guerre et non à leurs femmes…)<br />

: donc, à éviter pour le dîner <strong>de</strong> la saint Valentin !<br />

CÉLERI RAVE : Peu calorique (sauf rémoula<strong>de</strong>…),<br />

bonne source <strong>de</strong> vitamine K, mais aussi d’oligo-éléments,<br />

<strong>de</strong> sels minéraux (potassium surtout mais aussi sodium)<br />

et <strong>de</strong> vitamines B5, B6 et C, le céleri rave sera apprécié<br />

cru en sala<strong>de</strong>s ou cuit dans <strong>de</strong>s gratins, purées, potées ou<br />

« chips ». Ses feuilles seront également consommées, crues<br />

ou cuites, en tant que condiment ou légume vert.<br />

Info : Sa peau, très aromatique, servait autrefois pour la<br />

fabrication du « sel au céleri ».<br />

CERFEUIL TUBÉREUX : Ce tubercule court (en forme<br />

<strong>de</strong> toupie) à chair blanche, un peu farineuse et sucrée, est<br />

consommé cuit. Sa texture est plus fine que le panais avec<br />

un goût est très aromatique et délicat. Attention ! Ne pas<br />

consommer ses feuilles et ses tiges qui contiennent un alcaloï<strong>de</strong><br />

toxique !<br />

CHERVIS : Un peu boudé <strong>de</strong> par l’aspect noueux <strong>de</strong>s<br />

racines (blanches et sucrées une fois cuites en poêlées,<br />

sautés, gratins, beignets…) un peu difficiles à nettoyer.<br />

Vous pouvez aussi le consommer cru, seul ou en compagnie<br />

d’autres crudités.<br />

CHOU-RAVE : Différent du chou-navet, le chou-rave<br />

produit une boule au <strong>de</strong>ssus du sol. Il existe <strong>de</strong>s choux-raves<br />

blancs et rouges ou pourpres violets (mais à chair blanche),<br />

tous faiblement caloriques, riches en fibres et revitalisants,<br />

se consommant crus ou cuits.<br />

CROSNE : Soigneusement lavés à plusieurs eaux<br />

(leur peau très fine étant mangée), ces tubercules dont la<br />

douce saveur rappelle celle <strong>de</strong> l’artichaut seront consommés<br />

crus en sala<strong>de</strong>, où leur douce texture croquante s’harmonise<br />

avec la plupart <strong>de</strong>s légumes, ou simplement cuits à<br />

l’eau salée et ensuite servis avec un filet d’huile <strong>de</strong> noisette.<br />

Vous pouvez aussi vivement les faire sauter (poêle ou wok)<br />

seuls ou avec d’autres légumes, ou les faire frire, enrobés<br />

<strong>de</strong> pâte, pour obtenir d’énergétiques petits beignets. Ils font<br />

également un délicat<br />

condiment si conservés<br />

au vinaigre.<br />

HÉLIANTIS : Surnommé<br />

poire <strong>de</strong> terre,<br />

et connu sous le nom<br />

<strong>de</strong> « Yacon », ce tubercule<br />

est très apprécié<br />

cru, sa texture juteuse<br />

rappelant alors celle <strong>de</strong><br />

la poire. Cuit, il évoque<br />

le topinambour et le<br />

fond d’artichaut. Il sera accommodé comme <strong>de</strong>s pommes<br />

<strong>de</strong> terre.<br />

NAVET : (chair blanche ou jaune) Apprécié pour sa légèreté<br />

et ses vertus diurétiques, ce légume est riche en<br />

minéraux, calcium et vitamine C (11 mg pour 100 g <strong>de</strong> navet<br />

et 30 mg pour 100 g <strong>de</strong> feuilles <strong>de</strong> navet). Les navets,<br />

et surtout leurs feuilles (consommées crues ou cuites) sont<br />

très riches en calcium : c’est le légume qui en contient le<br />

plus. Le jus <strong>de</strong> navet est réputé recalcifiant.<br />

OXALIS TUBÉREUX (OU SURELLE TUBÉREUSE) : Plus<br />

connu sous le nom<br />

d’oca du Pérou. Ces<br />

petits tubercules (jaunes,<br />

rouges, rouges<br />

foncés ou presque<br />

noirs suivant les variétés)<br />

possè<strong>de</strong>nt un goût<br />

plus ou moins aci<strong>de</strong> dû<br />

à leur richesse en aci<strong>de</strong><br />

oxalique (à éviter donc<br />

lors <strong>de</strong> problèmes urinaires,<br />

rhumatismes<br />

ou arthrite…). Ils sont<br />

utilisés et cuits comme<br />

les pommes <strong>de</strong> terre :<br />

à l’eau, en purée ou<br />

sautés à la poêle. Pour<br />

en limiter l’acidité, vous pouvez les blanchir dans une première<br />

eau avant <strong>de</strong> cuire dans une secon<strong>de</strong>. Leurs feuilles<br />

sont également comestibles et utilisées comme celles <strong>de</strong><br />

l’oseille, toujours en petites quantités car contenant également<br />

<strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> oxalique, peu apprécié <strong>de</strong> nos reins…<br />

PANAIS : Consommé <strong>de</strong>puis l’Antiquité, il est pendant<br />

<strong>de</strong>s siècles confondu avec la carotte. Le productif panais<br />

fait un retour en force sur les étals. Contenant <strong>de</strong>s proti<strong>de</strong>s,<br />

gluci<strong>de</strong>s, vitamines B et C ainsi que <strong>de</strong>s sels minéraux,<br />

cette racine, charnue et tendre, douce et sucrée, appréciée<br />

cuite dans les hivernales potées <strong>de</strong> légumes, gratin,<br />

purées, galettes… est également excellente crue en sala<strong>de</strong>,<br />

ou lactofermentée. Doux <strong>de</strong> goût, le panais permet aussi<br />

<strong>de</strong> délicieux <strong>de</strong>sserts (flans, confiture, cakes…). Ses feuilles<br />

peuvent aussi être consommées (crues ou cuites), ainsi que<br />

ses très aromatiques graines.<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

C U i S I N E V É G É T A R i E N N E<br />

23


C U i S I N E V É G É T A R i E N N E<br />

24<br />

« Mes bonnes plantes et<br />

mes bonnes herbes » fait<br />

découvrir les faces multiples<br />

<strong>de</strong> 100 plantes familières.<br />

Cet ouvrage abor<strong>de</strong> plusieurs<br />

chapitres, toujours liés à leurs<br />

usages :<br />

Soins <strong>de</strong> beauté et <strong>de</strong> bienêtre<br />

Cuisine inventive : utilisations,<br />

souvent peu connues, tout<br />

autant qu’économiques<br />

Jardin naturel : trucs et<br />

conseils faciles et bio<br />

Chaque fiche/plante propose<br />

<strong>de</strong> nombreuses recettes, simples<br />

et naturelles, dans les divers<br />

domaines abordés. Anecdotes<br />

historiques, légendaires<br />

ou peu connues complètent<br />

avec humour une présentation<br />

claire et ludique.<br />

PATATE DOUCE :<br />

Riche en carotène, fer,<br />

sels minéraux, proti<strong>de</strong>s<br />

(1,2 g/100 g), vitamines<br />

A, B, C, elle est très<br />

digeste, bien que <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong> valeur énergétique.<br />

Vous l’apprécierez<br />

en gratins, galettes ou<br />

<strong>de</strong>sserts, particulièrement<br />

appréciés lors <strong>de</strong> pério<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> fatigue.<br />

POMME DE TERRE :<br />

Je ne vous présenterai<br />

pas ce légume universellement<br />

apprécié, faisant<br />

généralement l’unanimité<br />

en purée et riches gratins<br />

hivernaux… ou plus légèrement<br />

cuites au four,<br />

avec leur peau.<br />

PERSIL TUBÉREUX :<br />

Aliment-médicament, tant<br />

ses propriétés sont nombreuses,<br />

cette racine, au<br />

goût <strong>de</strong>… persil <strong>de</strong>vient<br />

sucrée à la cuisson. Tout<br />

se consomme dans ce<br />

persil : racine, feuilles,<br />

graines ; il est apprécié<br />

cru ou cuit, dans soupes,<br />

sautés, beignets…<br />

RADIS D’HIVER :<br />

Généralement dégustés crus, les radis d’hiver, qu’ils soient<br />

noirs, roses, violets, peuvent également être appréciés cuits<br />

dans <strong>de</strong>s galettes, gratins ou sautés. Le daïkon, ou radis du<br />

Japon, peu piquant, sera apprécié <strong>de</strong>s mêmes façons que<br />

les autres radis. Les fleurs et feuilles <strong>de</strong> toutes les variétés<br />

peuvent être consommés crues avec <strong>de</strong>s sala<strong>de</strong>s vertes ou<br />

crudités ainsi que cuites (soupes, terrines <strong>de</strong> verdures). Les<br />

graines seront parsemées sur les sala<strong>de</strong>s. Les radis peuvent<br />

être également mis à lacto-fermenter.<br />

RAIFORT : Très riche en vitamine C, la racine <strong>de</strong> raifort<br />

contient aussi les vitamines B1, B2 et B6, bon nombre<br />

<strong>de</strong> sels minéraux (magnésium, calcium, phosphore, fer...),<br />

<strong>de</strong>s substances antibiotiques (phytoci<strong>de</strong>s et hétérosi<strong>de</strong><br />

sulfuré). Il stimule l’appétit et la digestion, mais n’est pas<br />

toujours bien toléré par les estomacs délicats. Cru, il est<br />

généralement utilisé en tant que puissant condiment parfois<br />

adouci par un mélange avec <strong>de</strong> la pomme et crème<br />

fraîche. Cuit, il <strong>de</strong>vient extraordinairement doux, presque<br />

sucré. Ses feuilles peuvent aussi être consommées (crues<br />

ou cuites).<br />

RUTABAGA : Aussi appelé chou-navet ou navet <strong>de</strong><br />

Suè<strong>de</strong>. Riche en proti<strong>de</strong>s (1,2 g/100 g, vitamines A, B et C<br />

et gluci<strong>de</strong>s (7 g/100 g), vous le cuisinerez comme la pomme<br />

<strong>de</strong> terre en soupes, poêlées, sauté, gratin ou en purée,<br />

ainsi que cru en sala<strong>de</strong>. Ses jeunes feuilles peuvent aussi<br />

être consommées crues : plus âgées, elles seront cuites<br />

dans les soupes et terrines <strong>de</strong> légumes.<br />

SCORSONÈRE ET SALSIFIS : Très riches en fibres (ces<br />

2 racines sont qualifiées <strong>de</strong> « balai <strong>de</strong> l’intestin »…) et peu<br />

caloriques, ces <strong>de</strong>ux légumes, souvent confondus, sont largement<br />

pourvus en inuline, forme <strong>de</strong> gluci<strong>de</strong> bien toléré<br />

<strong>de</strong>s diabétiques. Le salsifis, considéré dépuratif, contient <strong>de</strong>s<br />

proti<strong>de</strong>s (2,6 g à 4 g/100 g), <strong>de</strong>s vitamines A et C (9 mg/<br />

100 g) et il est largement pourvu en potassium. Sa pauvreté<br />

en sodium en fait un légume naturellement diurétique.<br />

La scorsonère riche en potassium (320 mg/100 g) contient<br />

aussi du phosphore (75 mg/100 g), du fer (3,3 g/100 g),<br />

<strong>de</strong>s vitamines A, B1, B2 et <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> folique. C’est également<br />

une bonne source <strong>de</strong> proti<strong>de</strong>s (2,6 g à 4 g/100 g).<br />

Les fleurs ainsi que les jeunes feuilles <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux légumes<br />

seront consommées crues en sala<strong>de</strong>s ou cuites.<br />

Info : Pour manipuler, et surtout éplucher les salsifis et<br />

scorsonères, il est pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> protéger ses mains avec <strong>de</strong>s<br />

gants, sinon ces légumes brunissent les doigts <strong>de</strong> façon<br />

tenace pendant plusieurs jours...<br />

SOUCHET COMESTIBLE :<br />

Également nommé « aman<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> terre » ce petit tubercule,<br />

comestible cru (doux et sucré,<br />

au parfum évoquant la châtaigne),<br />

est également apprécié<br />

grillé, sucré ou salé ainsi que<br />

bouilli. On en fait également une<br />

boisson, très apprécié <strong>de</strong>s Espagnols,<br />

sous le nom <strong>de</strong> « horchata<br />

<strong>de</strong> chufas ». Il en est extrait<br />

une huile apprécié en cuisine,<br />

ou bien il est broyé : la poudre<br />

obtenue est alors utilisé comme<br />

une poudre d’aman<strong>de</strong>. Enfin, il<br />

est encore parfois distillé pour<br />

obtenir une eau <strong>de</strong> vie.<br />

TOPINAMBOUR : Source <strong>de</strong> fer, phosphore, potassium,<br />

vitamines B1 et B5, ce légume au délicat goût <strong>de</strong><br />

fond d’artichaut (dû à l’inuline, un gluci<strong>de</strong> non assimilé par<br />

l’organisme, et ne modifiant pas la glycémie <strong>de</strong>s diabétiques,<br />

contrairement à l’amidon), est parfois boudé en raison<br />

<strong>de</strong> flatulences entraînées par sa consommation cuite, que<br />

ce soit en soupe, gratins, rôti au four, poêlée… Ces désagréments<br />

seront évités si vous le mangez en petites quantités<br />

ou si vous dégustez ce légume cru. Il existe plusieurs<br />

variétés <strong>de</strong> topinambours : « Fuseau », <strong>de</strong> forme allongée<br />

(sans doute le meilleur), « Patate », <strong>de</strong> couleur ocre et <strong>de</strong><br />

forme trapue, « Commun blanc », jaunâtre et très parfumé.<br />

Le « Commun rouge » est <strong>de</strong> forme très irrégulière (tarabiscoté<br />

et difficile à éplucher…) et <strong>de</strong> couleur rouge violacé.<br />

Les feuilles seront également consommées cuites. <br />

V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


http://blogbio.canalblog.com/<br />

JARDINIÈRE AUX LÉGUMES OUBLIÉS, AUX ARÔMES DE ROMARIN<br />

Pour 4 personnes<br />

LEGUMES RAC . NES :<br />

• 1 verre <strong>de</strong> flageolets secs<br />

(ou une tasse <strong>de</strong> flageolets<br />

cuits)<br />

• 1 tronçon d'algue kombu<br />

pour leur cuisson<br />

• quelques brins <strong>de</strong> romarin<br />

séché<br />

• 1 pomme <strong>de</strong> terre à chair<br />

ferme<br />

• 2 carottes<br />

• 1 navet boule d'or<br />

• 1 persil tubéreux<br />

• 1 radis-rave<br />

• 1 patidou<br />

• 1 gousse d'ail<br />

Pour la sauce :<br />

• 1 cuillerée à soupe <strong>de</strong><br />

purée d'aman<strong>de</strong><br />

• 1 pincée <strong>de</strong> sel<br />

La veille, faire tremper les flageolets.<br />

Le jour J, les rincer puis les couvrir largement d’eau dans<br />

une cocotte à fond épais. Ne pas saler l’eau <strong>de</strong> cuisson, mais<br />

ajouter un tronçon d’algue kombu qui facilite la cuisson. Les<br />

faire cuire à feu doux pendant 40 minutes environ.<br />

Laver tous les légumes. Éplucher ou gratter les légumes<br />

selon le goût. On peut conserver la peau <strong>de</strong>s radis-raves,<br />

qui reste rose à la cuisson, et celle du patidou, qui <strong>de</strong>vient<br />

tendre.<br />

Couper les légumes en petits dés <strong>de</strong> même taille. Couper<br />

la gousse d’ail en lamelles fines.<br />

Dans une cocotte à vapeur douce, verser un fond d’eau<br />

LES RECETTES<br />

dans lequel on place le romarin, qui parfumera la vapeur.<br />

Puis un panier vapeur et tous les légumes, sauf les flageolets.<br />

Couvrir et laisser mijoter 20 minutes environ. En fin <strong>de</strong><br />

cuisson, ajouter les flageolets.<br />

Pendant ce temps, préparer la sauce à la purée d’aman<strong>de</strong>.<br />

Verser dans un bol la purée d’aman<strong>de</strong>. Saler et ajouter<br />

une goutte du bouillon <strong>de</strong> cuisson <strong>de</strong>s légumes. Bien<br />

mélanger pour émulsionner. Ajouter ensuite du bouillon <strong>de</strong><br />

cuisson <strong>de</strong>s légumes progressivement, jusqu’à obtenir une<br />

sauce bien homogène, plus claire que la purée d’aman<strong>de</strong> et<br />

<strong>de</strong> la consistance que vous souhaitez. <br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

C U i S I N E V É G É T A R i E N N E 25


C U i S I N E V É G É T A R i E N N E<br />

26<br />

PAILLASSONS DE PANAIS<br />

Pour 4 personnes<br />

• 500 g <strong>de</strong> panais<br />

• 250 g <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre<br />

• 2 gousses d'ail<br />

• 1 oignon<br />

• 4 cuillerées à soupe <strong>de</strong> farine<br />

• sel, musca<strong>de</strong> et clou <strong>de</strong> girofle<br />

Éplucher les légumes et les râper. Mélanger<br />

soigneusement les légumes râpés avec la farine,<br />

une cuillerée à café <strong>de</strong> sel, une <strong>de</strong>mi-cuillerée à<br />

café <strong>de</strong> musca<strong>de</strong> râpée et une pointe <strong>de</strong> girofle<br />

moulue.<br />

Faire chauffer un peu d’huile d’olive dans une<br />

poêle.<br />

Avec la moitié <strong>de</strong> ce mélange, former quatre<br />

boules et les aplatir dans la poêle. Lorsque le <strong>de</strong>ssous<br />

<strong>de</strong>s paillassons est doré, les retourner délicatement<br />

pour faire dorer l’autre face. Réserver<br />

les paillassons cuits dans une assiette couverte,<br />

pour les gar<strong>de</strong>r au chaud. Poursuivre la cuisson<br />

avec l’autre moitié <strong>de</strong> la préparation.<br />

Ces paillassons sont délicieux avec <strong>de</strong>s lentilles,<br />

une sauce moutardée et quelques feuilles<br />

<strong>de</strong> sala<strong>de</strong>. <br />

RUTABAGAS AUX ÉPICES ET AU SUCRE<br />

Un petit<br />

accompagnement<br />

• 600 g <strong>de</strong> rutabagas<br />

• 1 cuillerée à soupe<br />

d'huile d'olive<br />

• 1 cuillerée à café <strong>de</strong><br />

garam massala<br />

• ½ verre d'eau<br />

• 1 cuillerée à café <strong>de</strong><br />

sucre <strong>de</strong> canne brut<br />

Éplucher les rutabagas et<br />

les couper en dés. Dans une<br />

cocotte huilée, les faire revenir<br />

quelques instants avec les<br />

épices.<br />

Ajouter l’eau et couvrir,<br />

pour poursuivre la cuisson à<br />

l’étouffée pendant quinze minutes<br />

environ, jusqu’à ce que<br />

les rutabagas soient tendres.<br />

En fin <strong>de</strong> cuisson, ajouter<br />

le sucre et mélanger. <br />

V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


Voilà Noël qui arrive avec tous ses délicieux petits plats. Il est vrai qu’il faut encore<br />

attendre quelques jours mais l’esprit <strong>de</strong> fête est déjà dans notre maison et nous<br />

voulons qu’il y reste. Joie et bonne humeur sont les mots-clefs <strong>de</strong> cette saison. Si c’est<br />

votre premier Noël végétarien, ou si votre façon <strong>de</strong> manger n’a pas encore été bien acceptée par<br />

votre famille, c’est le moment <strong>de</strong> prendre les choses en main. Plutôt que <strong>de</strong> commencer à vous in-<br />

quiéter sur les repas qui vont être préparés et les discours que vous aurez à tenir sur<br />

les raisons qui vous ont poussé à <strong>de</strong>venir végétarien, je vous propose d’organiser<br />

le repas <strong>de</strong> Noël. Si vous avez déjà accepté une invitation dans votre famille, vous<br />

pouvez toujours proposer <strong>de</strong> participer au repas et amener un plat. Cette année,<br />

vous allez leur montrer qu’un repas <strong>de</strong> fête végétarien peut être aussi délicieux que<br />

n’importe quel autre repas. Cette année vous êtes aux comman<strong>de</strong>s ! Voici quelques<br />

idées <strong>de</strong> recettes.<br />

Même si vous avez l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cuisiner, il est toujours préférable <strong>de</strong> tester les<br />

recettes avant le grand jour. Vous aurez ainsi une idée du temps <strong>de</strong> préparation,<br />

<strong>de</strong>s proportions, <strong>de</strong>s associations...<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

L‛<br />

e<br />

n<br />

t<br />

r<br />

é<br />

e<br />

Avocat farci<br />

2 avocats<br />

225 g <strong>de</strong> tofu<br />

50 g <strong>de</strong> poivrons<br />

1 c. à s. d’huile d’olive<br />

1 c. à s. <strong>de</strong> vinaigre<br />

<strong>de</strong> vin<br />

R e p a s d e N o ë l … v é g é t a r i e n !<br />

Ingrédients Préparation<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

½ c. à c. <strong>de</strong><br />

basilic<br />

½ c. à c. <strong>de</strong> sel<br />

1 gousse d’ail<br />

¼ c. à c. <strong>de</strong><br />

poivre<br />

Par Laurence LIVERNAIS-SAETTEL,<br />

diététicienne diplômée d’État.<br />

•<br />

•<br />

•<br />

Coupez les avocats en <strong>de</strong>ux et retirez les noyaux.<br />

Mixez tous les ingrédients ensemble (sauf les<br />

avocats)<br />

Remplissez les moitiés d’avocats avec la mixture<br />

obtenue.<br />

Temps <strong>de</strong> préparation Temps <strong>de</strong> cuisson Nombre <strong>de</strong> personnes<br />

10 minutes pas <strong>de</strong> cuisson 4<br />

Valeurs nutritionnelles par personne<br />

Les recettes<br />

sont données<br />

pour <strong>de</strong>s nombres<br />

différents <strong>de</strong><br />

personnes, afi n<br />

que les quantités<br />

soient plus faciles<br />

à exprimer. Il<br />

vous faut ajuster<br />

au nombre <strong>de</strong><br />

convives…<br />

Certaines personnes préfèrent « sauter » l’entrée et se réserver pour le plat principal…<br />

Il est vrai que si vous avez déjà goûté à tous les hors-d’œuvre, votre estomac commence<br />

à se sentir plein. Vous pouvez proposer différentes sortes <strong>de</strong> sala<strong>de</strong>s : carottes, céleri,<br />

chou... Une belle assiette pleine <strong>de</strong> couleurs est toujours appréciée.<br />

Ma suggestion est un avocat farci avec quelques tranches <strong>de</strong> tomates et un peu<br />

<strong>de</strong> laitue sur le côté. C’est très facile à faire et servi frais, cela plaira à tous vos invités.<br />

Évitez toutes sortes <strong>de</strong> tartes salées et recettes qui exigent une croûte. C’est toujours<br />

un plaisir pour notre palais, mais c’est trop calorique surtout que vous n’allez pas vous<br />

restreindre sur le <strong>de</strong>ssert, tout <strong>de</strong> même !<br />

<br />

Calories Protéines Lipi<strong>de</strong>s Gluci<strong>de</strong>s Magnésium Calcium Fer<br />

180 7 g 15 g 3 g 52 mg 150 mg 1,5 mg


L<br />

e<br />

p<br />

l<br />

a<br />

t<br />

Roulé <strong>de</strong> lentilles fourré aux châtaignes <br />

<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

p<br />

r<br />

i<br />

n<br />

c<br />

i<br />

p<br />

a<br />

l<br />

Ingrédients Préparation<br />

200 g <strong>de</strong> lentilles<br />

roses crues (400 g <strong>de</strong><br />

lentilles cuites)<br />

3 gousses d’ail<br />

hachées<br />

200 g <strong>de</strong> mie <strong>de</strong> pain<br />

fraîche<br />

3 c. à s. <strong>de</strong> jus <strong>de</strong><br />

citron<br />

1 c. à c. <strong>de</strong> sel<br />

¼ c. à c. <strong>de</strong> poivre<br />

noir<br />

Farce :<br />

1 c. à c. d’huile <strong>de</strong><br />

tournesol<br />

2 oignons moyens,<br />

pelés et coupés<br />

1 poivron rouge<br />

coupé<br />

350 g <strong>de</strong> châtaignes<br />

pelées et cuites<br />

200 g <strong>de</strong> mie <strong>de</strong> pain<br />

fraîche<br />

1 poignée <strong>de</strong> sauge<br />

fraîchement coupée<br />

1 poignée <strong>de</strong> persil<br />

fraîchement coupé<br />

Là encore l’idée est <strong>de</strong> présenter un plat plein <strong>de</strong> couleurs et d’o<strong>de</strong>urs. Voici ce<br />

que je vous propose :<br />

• Un roulé <strong>de</strong> lentilles fourré aux châtaignes<br />

• Une sauce aux champignons<br />

• Des haricots verts à l’ail<br />

•<br />

Du riz aux noix <strong>de</strong> cajou<br />

Si vous choisissez d’autres recettes, essayez d’avoir un légume, un légume sec,<br />

une céréale et une sauce.<br />

Ne cuisez pas tout dans la graisse ; ce serait trop lourd à digérer. Une partie du<br />

repas doit être cuite à la vapeur, d’habitu<strong>de</strong> ce sont les légumes mais ce peut aussi<br />

être les céréales.<br />

La sauce ne doit pas être trop grasse. Préférez une recette pauvre en matières<br />

grasses.<br />

Si vous choisissez un légume sec autre que la lentille, pensez qu’ils doivent être<br />

mis à tremper toute la nuit avant d’être cuits.<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

Dans une casserole, faites cuire les lentilles dans 600 ml d’eau jusqu’à ce qu’elles<br />

soient tendres et que l’eau ait été absorbée (environ 15 minutes).<br />

Farce :<br />

Dans une poêle, chauffez l’huile et faites revenir les oignons et le poivron rouge<br />

jusqu’à ce qu’ils soient tendres. (environ 7 minutes).<br />

Retirez du feu.<br />

Dans un mixeur, mettez le mélange poivron-oignon, les châtaignes, la mie <strong>de</strong><br />

pain, la sauge, le sel et le poivre.<br />

Mixez bien.<br />

Transférez la mixture dans un saladier.<br />

Préchauffez le four à 180 <strong>de</strong>grés C.<br />

Mélangez maintenant les lentilles avec l’ail, le jus <strong>de</strong> citron, la mie <strong>de</strong> pain, le sel<br />

et le poivre. Mixez jusqu’à l’obtention d’une pâte lisse, flexible.<br />

Éten<strong>de</strong>z un grand morceau <strong>de</strong> papier sulfurisé sur une surface plate.<br />

Posez le mélange <strong>de</strong> lentille sur ce papier et étalez-le pour obtenir un rectangle<br />

<strong>de</strong> 28 par 35 cm.<br />

Répartissez le mélange <strong>de</strong> châtaignes sur cette pâte <strong>de</strong> lentilles.<br />

Maintenant, il faut rouler le tout. Pour cela ai<strong>de</strong>z-vous du papier sulfurisé. Tirez-le<br />

vers le haut pour amorcer l’enroulement <strong>de</strong> la pâte puis continuez jusqu’à ce<br />

que toute la pâte soit enroulée.<br />

Soulevez soigneusement la roula<strong>de</strong> et placez-la sur une plaque légèrement<br />

huilée. Façonnez-la à la main pour qu’elle ait une belle forme et qu’elle reste<br />

bien collée.<br />

Cuisez au four 15-20 minutes juste le temps que le <strong>de</strong>ssus brunisse.<br />

Transférez dans un plat à servir.<br />

Temps <strong>de</strong> préparation Temps <strong>de</strong> cuisson Nombre <strong>de</strong> personnes<br />

20 minutes 15-20 minutes 8<br />

Valeurs nutritionnelles par personne<br />

Calories Protéines Lipi<strong>de</strong>s Gluci<strong>de</strong>s Magnésium Calcium Fer<br />

330 12 g 6,5 g 55,5 g 58 mg 91 mg 4,4 mg


Sauce aux champignons <br />

<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

Ingrédients Préparation<br />

2 c. à s. d’huile <strong>de</strong><br />

tournesol<br />

4 c. à s. <strong>de</strong> farine<br />

½ litre d’eau<br />

300 g <strong>de</strong> champignons<br />

1 c. à s. <strong>de</strong> cognac<br />

Sel et poivre<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

Coupez les champignons en lamelles et faites revenir à la poêle.<br />

Chauffez à feu doux l’huile <strong>de</strong> tournesol.<br />

Ajoutez la farine et mélanger afin d’obtenir une pâte lisse et épaisse.<br />

Versez petit à petit l’eau tout en continuant <strong>de</strong> remuer.<br />

Ajoutez les champignons.<br />

Assaisonnez et ajoutez le cognac.<br />

Temps <strong>de</strong> préparation Temps <strong>de</strong> cuisson Nombre <strong>de</strong> personnes<br />

10 minutes 10 minutes 6<br />

Valeurs nutritionnelles par personne<br />

Calories Protéines Lipi<strong>de</strong>s Gluci<strong>de</strong>s Magnésium Calcium Fer<br />

70 2,5 g 3,5 g 7 g 14 mg 5 mg 0,7 mg<br />

<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

Ingrédients Préparation<br />

800 g <strong>de</strong> haricots verts<br />

3 gousses d’ail<br />

2 c. à s. d’huile d’olive<br />

Sel et poivre<br />

•<br />

•<br />

•<br />

<br />

<br />

Équeutez et effilez les haricots verts. Lavez-les et cuisez-les à la vapeur.<br />

Dans une poêle, faites revenir l’ail puis ajoutez les haricots verts.<br />

Mélangez délicatement puis versez dans un plat à servir.<br />

Temps <strong>de</strong> préparation Temps <strong>de</strong> cuisson Nombre <strong>de</strong> personnes<br />

10 minutes 10 minutes 4<br />

(Plus équeutage et effi lage <strong>de</strong>s<br />

haricots verts)<br />

Valeurs nutritionnelles par personne<br />

Calories Protéines Lipi<strong>de</strong>s Gluci<strong>de</strong>s Magnésium Calcium Fer<br />

105 4 g 5 g 11 g 50 mg 74 mg 2 mg<br />

Riz aux noix <strong>de</strong> cajou<br />

<br />

<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

Ingrédients Préparation<br />

500 g <strong>de</strong> riz cuit<br />

100 g <strong>de</strong> noix <strong>de</strong> cajou<br />

1 oignon<br />

1 grosse pomme rouge<br />

3 branches <strong>de</strong> céleri<br />

1 c. à s. d’huile <strong>de</strong> tournesol<br />

Sel et poivre.<br />

Haricots verts à l‛ail<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

Coupez l’oignon, la pomme et le céleri en menus morceaux.<br />

Faites-les revenir dans la poêle huilée.<br />

Ajoutez trois c. à s. d’eau et laissez mijoter 10 minutes.<br />

Ajoutez le riz.<br />

Mélangez tous les ingrédients.<br />

Temps <strong>de</strong> préparation Temps <strong>de</strong> cuisson Nombre <strong>de</strong> personnes<br />

15 minutes 10 minutes 6<br />

(Rajoutez du temps pour la cuisson<br />

du riz)<br />

Valeurs nutritionnelles par personne<br />

Calories Protéines Lipi<strong>de</strong>s Gluci<strong>de</strong>s Magnésium Calcium Fer<br />

270 5 g 13 g 34 g 87 mg 38 mg 1,6 mg


Carrés <strong>de</strong> noix <strong>de</strong> pécan<br />

<br />

<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

L<br />

e<br />

d<br />

e<br />

s<br />

s<br />

e<br />

r<br />

t<br />

Vous avez maintenant préparé presque tout le repas ; il est bientôt temps pour<br />

vous <strong>de</strong> vous détendre et <strong>de</strong> songer à vous préparer vous-même.<br />

Toutefois, il ne serait guère logique <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r un <strong>de</strong>ssert dans une pâtisserie.<br />

Un <strong>de</strong>rnier petit effort s’impose, pour un repas que vous maîtriserez à 100 %... Et puis, les<br />

fameuses bûches <strong>de</strong> Noël sont un peu difficiles à digérer…<br />

Vous pouvez opter pour <strong>de</strong>s carrés <strong>de</strong> noix <strong>de</strong> pécan, que nous vous conseillons<br />

<strong>de</strong> déguster nature, sauf si la gourmandise est plus forte que vous…<br />

Ensuite, si vous pensez que vous avez déjà trop mangé - mais enfin, tout <strong>de</strong> même,<br />

c’est Noël ! - pourquoi ne pas préparer une sala<strong>de</strong> <strong>de</strong> fruits fraîche ?<br />

Pas besoin <strong>de</strong> recette, choisissez <strong>de</strong>s fruits frais <strong>de</strong> saison et coupez-les en petits<br />

morceaux. Placez-la sala<strong>de</strong> au réfrigérateur jusqu’au moment <strong>de</strong> servir.<br />

Une sala<strong>de</strong> <strong>de</strong> fruits passe toujours bien, c’est rafraîchissant, léger et surtout pauvre<br />

en calories.<br />

Ingrédients Préparation<br />

100 g d’huile <strong>de</strong><br />

tournesol<br />

200 g <strong>de</strong> sucre<br />

2 bananes mûres<br />

2 c. à c. d’extrait <strong>de</strong><br />

vanille<br />

½ c. à c. <strong>de</strong> sel<br />

200 g farine<br />

100 ml <strong>de</strong> lait <strong>de</strong><br />

soja<br />

100 g <strong>de</strong> noix <strong>de</strong><br />

pécan<br />

2 c. à s. <strong>de</strong> rhum<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

•<br />

Mélangez le sucre avec les bananes jusqu’à l’obtention d’une pâte<br />

onctueuse.<br />

Ajoutez l’huile, la vanille et le sel.<br />

Mélangez bien.<br />

Ajoutez la farine.<br />

Versez dans un plat à bords que vous aurez graissé.<br />

Lissez le <strong>de</strong>ssus avec une spatule en caoutchouc.<br />

Placez <strong>de</strong>s noix <strong>de</strong> pécan partout (essayez <strong>de</strong> les aligner, ce sera plus facile<br />

pour couper le biscuit)<br />

Cuisez 15 minutes.<br />

Laissez refroidir.<br />

Coupez le biscuit en petits carrés.<br />

Placez-les dans le four 30 minutes complémentaires pour les sécher.<br />

Temps <strong>de</strong> préparation Temps <strong>de</strong> cuisson Nombre <strong>de</strong> personnes<br />

20 minutes 45 minutes 30 pièces<br />

Valeurs nutritionnelles par personne<br />

Calories Protéines Lipi<strong>de</strong>s Gluci<strong>de</strong>s Magnésium Calcium Fer<br />

112 2 g 6 g 12 g 14 mg 7 mg 0,5 mg<br />

© Copyright L. Livernais-Saettel


Bidoche !<br />

Sous le titre « Bidoche. L’industrie <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> menace le mon<strong>de</strong> », le journaliste<br />

Fabrice Nicolino vient <strong>de</strong> faire paraître un ouvrage qui, espérons-le, enfi n !, marquera<br />

les esprits.<br />

Plutôt qu’une énième recension <strong>de</strong> ce livre, nous avons choisi <strong>de</strong> publier, avec<br />

l’accord <strong>de</strong> l’auteur, le très bon commentaire qui en a été fait sur le blog <strong>de</strong> l’association<br />

Kokopelli 1 FIN DE L’ARTICLE “A LIRE” PAGE 21<br />

vian<strong>de</strong>, le lait et les œufs, les animaux d’élevage sont la qui les emportent vers les élevages ou vers l’abattoir […] Je C<br />

risée <strong>de</strong> tout un peuple, l’espèce humaine (et quel spé- vois l’éclair <strong>de</strong> la mort dans l’œil du dindon <strong>de</strong> Noël. Tâches<br />

cimen !). Insémination, extermination, engraissement, ma- sombres aux pattes <strong>de</strong>s poulets : ulcères <strong>de</strong>s crispations sur<br />

U<br />

ladie, épizootie, <strong>de</strong>stin macabre… Les mots fusent et la le grillage. Carrés <strong>de</strong> potages faits avec les carcasses <strong>de</strong>s<br />

L<br />

souffrance animale est pesante. Cette chaîne alimentaire pon<strong>de</strong>uses. Jambon <strong>de</strong> poulet : la chair bouillie <strong>de</strong>s volailles<br />

T<br />

et son lot <strong>de</strong> douleur sont habituellement plongés dans l’in- innombrables a été pressée, amalgamée puis tranchée en<br />

différence… totale.<br />

manière <strong>de</strong> jambon blanc […] Ce cœur écrasé, ce bec qui<br />

U<br />

Cet ouvrage rend compte <strong>de</strong> l’extension <strong>de</strong> la barba- cherche l’air, ce sexe expulsé au-<strong>de</strong>hors dans l’ordure <strong>de</strong><br />

R<br />

rie <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong> si « humain ». D’ailleurs l’auteure mon- la caisse… »<br />

E<br />

tre du doigt quelques métiers <strong>de</strong> cet univers où les droits Marie Rouanet transmet un rapport vibrant et déchi-<br />

et la conscience <strong>de</strong> l’animal sont niés : vi<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> cage, rant. Par son récit, le lecteur <strong>de</strong>vient un spectateur impuis-<br />

masturbateur <strong>de</strong> coqs et <strong>de</strong> dindons… L’atrocité atteint sant <strong>de</strong> l’exploitation animale dans toute son horreur. Ce<br />

le summum lorsque <strong>de</strong>s animaux encore conscients sont livre fait écho à Un éternel Treblinka <strong>de</strong> Charles Patterson<br />

ébouillantés ou égorgés. Ambiance concentrationnaire : dans lequel il est question <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vies similai-<br />

« La saucisse, je la vois sortir à soixante kilomètres à l’heure res entre l’exploitation animale et les prisonniers dans les<br />

<strong>de</strong>s usines <strong>de</strong> Bretagne où l’élevage intensif a pollué tou- camps <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale.<br />

tes les nappes phréatiques. Les côtelettes d’agneau bêlent<br />

Compte-rendu par Damien Préault – Novembre <strong>2009</strong><br />

dans ma tête comme je les entends bêler dans les camions<br />

, assorti d’un courrier <strong>de</strong> Fabrice Nicolino, particulièrement sincère,<br />

où ce <strong>de</strong>rnier explique sa démarche sans langue <strong>de</strong> bois.<br />

Quant à nous, sincèrement aussi, nous vous invitons à vous procurer ce livre et à<br />

le faire connaître.<br />

COMMUNIQUÉ KOKOPELLI<br />

Fabrice Nicolino a publié le 7 octobre un livre passionnant et préoccupant sur<br />

l’industrie <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>. Jamais lu ? En tout cas, jamais écrit. Ce livre sur la vian<strong>de</strong> est<br />

rempli <strong>de</strong> très nombreuses révélations sur un univers que personne ne souhaite voir<br />

<strong>de</strong> près. La <strong>France</strong> a connu après 1945 une révolution <strong>de</strong> son régime alimentaire qui<br />

n’a rien <strong>de</strong> naturel. Elle consommait peu <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, elle en « bouffe » <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong><br />

tonnes chaque année.<br />

Qui a voulu ce complet bouleversement ? Les jeunes « technocrates » autour <strong>de</strong><br />

De Gaulle, après 1958, mais aussi les pontes <strong>de</strong> l’Inra, un institut public au service direct <strong>de</strong>s intérêts industriels. Ce livre raconte<br />

la genèse d’un changement radical, et met <strong>de</strong>s noms sur <strong>de</strong>s actes. Joseph Fontanet, François Missoffe, Edgard Pisani, Edgar<br />

Faure, du côté <strong>de</strong>s politiques, suivis par Henri Nallet, Édith Cresson, Michel Rocard quand la gauche a pris le pouvoir en 1<strong>98</strong>1.<br />

Raymond Février et Jacques Poly du côté <strong>de</strong>s chercheurs et <strong>de</strong>s techniciens. Tous ont été au service <strong>de</strong> la bidoche.<br />

Ensemble, ils ont imposé que la <strong>France</strong> <strong>de</strong>vienne un immense hachoir à vian<strong>de</strong> qui abat chaque année plus d’un milliard<br />

d’animaux domestiques. Des animaux traités comme <strong>de</strong>s bêtes, parqués dans le noir, entravés, farcis d’antibiotiques<br />

et d’hormones qui mettent en péril la santé humaine.<br />

Nul n’a jamais parlé ainsi <strong>de</strong>s dangers gravissimes que représentent le MRSA, le MAP, et toutes ces maladies émergentes<br />

qui donnent <strong>de</strong>s sueurs froi<strong>de</strong>s aux autorités sanitaires.<br />

La situation est-elle hors <strong>de</strong> contrôle ? Oui. Ce livre révèle que la panique a gagné quantité <strong>de</strong> bureaux offi ciels. Et<br />

comment l’élevage industriel cherche à masquer <strong>de</strong>s vérités affolantes. Qui sait en <strong>France</strong> que l’élevage mondial émet<br />

plus <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre que la totalité <strong>de</strong>s transports humains, automobiles, bateaux et avions compris ? Qui sait que<br />

notre bétail est nourri par du soja transgénique venu du Brésil, grand responsable <strong>de</strong> la déforestation en Amazonie ? Qui<br />

reconnaît que les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s chinoise et indienne <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> seront impossibles à satisfaire dans quelques années, faute <strong>de</strong><br />

sol et d’eau ? Qui ose écrire que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> globale <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> industrielle conduit tout droit à <strong>de</strong> nouvelles et tragiques<br />

famines <strong>de</strong> masse ?<br />

N 31<br />

o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s


C U L T U R E<br />

Si la <strong>France</strong> est à ce point sour<strong>de</strong> et aveugle, c’est que<br />

l’agriculture industrielle y fait la loi <strong>de</strong>puis 1945. Un lobby<br />

d’une puissance exceptionnelle s’est installé au cœur<br />

même <strong>de</strong> l’État et ne cesse d’empêcher toute évolution<br />

qui remettrait en cause les places et rentes acquises. Ce<br />

livre plonge au cœur <strong>de</strong>s mystères et attaque sans hésita-<br />

tion le noyau dur <strong>de</strong> ce lobby. En donnant <strong>de</strong>s noms : Serge<br />

Michels, Louis Orenga, Thierry Coste. Enivrés par un pouvoir<br />

sans frein, les défenseurs <strong>de</strong> la bidoche ont plongé la Fran-<br />

ce dans une crise globale dont elle n’est pas près <strong>de</strong> sortir.<br />

Sauf si. Sauf si le mouvement <strong>de</strong>s consommateurs déci<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> s’attaquer enfi n aux immenses intérêts, visibles ou mas-<br />

qués, <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> industrielle. Une vian<strong>de</strong> qui est <strong>de</strong>venue<br />

l’ennemi <strong>de</strong> l’homme.<br />

Fabrice Nicolino est journaliste. Il est l’auteur notamment<br />

<strong>de</strong> « Pestici<strong>de</strong>s, révélations sur un scandale français » (2007)<br />

vendu en grand format à 35 000 exemplaires. [Consulter<br />

son blog sur http://fabrice-nicolino.com/in<strong>de</strong>x.php].<br />

POURQUOI J’AI VOULU CE LIVRE<br />

COURRIER DE FABRICE NICOLINO<br />

« Je suis né pour ma part dans le sous-prolétariat urbain<br />

<strong>de</strong> la banlieue parisienne. Ce n’est pas un lieu rieur. Ce ne<br />

fut pas un temps calme. Il m’arriva plus d’une fois <strong>de</strong> rê-<br />

ver meilleur <strong>de</strong>stin. Mais qui choisit ? Il reste que, dans les<br />

meilleures années <strong>de</strong> cette époque engloutie à jamais, ma<br />

mère préparait le dimanche midi un roast-beef, un rosbif<br />

farci à l’ail qui déclenchait chez nous tous, les enfants <strong>de</strong><br />

cette pauvre nichée, une émeute <strong>de</strong> papilles.<br />

Un repas peut-il rendre heureux ? Oui. Un morceau <strong>de</strong><br />

vian<strong>de</strong> peut-il faire croire, le temps d’une tablée familia-<br />

le, que tout va bien, que tout va mieux ? Oui. J’ai mangé<br />

beaucoup <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>. J’ai pris un grand plaisir à mastiquer,<br />

à partager avec les miens ce qui était davantage qu’un<br />

mets. Je suis mieux placé que d’autres pour comprendre<br />

que manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> est un acte social majeur. Un<br />

comportement. Une manière <strong>de</strong> se situer par rapport au<br />

passé maudit <strong>de</strong> l’humanité, et <strong>de</strong> défi er le sort promis par<br />

l’avenir.<br />

Je crois savoir ce que manger veut dire. Mais je dois<br />

ajouter que, chemin faisant, j’ai changé d’avis et <strong>de</strong> goût.<br />

Modifi er ses habitu<strong>de</strong>s est l’une <strong>de</strong>s vraies gran<strong>de</strong>s libertés<br />

qui nous sont laissées. Je l’ai fait. Derrière la vian<strong>de</strong>, peu à<br />

peu, les morceaux, hauts et bas, se sont reformés, comme<br />

dans les <strong>de</strong>ssins animés <strong>de</strong> mon enfance, qui ignorent tout<br />

<strong>de</strong> la logique triviale <strong>de</strong> la vie ordinaire.<br />

Derrière une côte <strong>de</strong> bœuf, j’ai fi ni par voir un bœuf.<br />

Derrière un gigot, un agneau. Derrière un jambon, un co-<br />

chon. On peut parler d’un choc, immense et lent. L’histoire<br />

que je vais vous raconter n’est pas simple, et j’en suis le pre-<br />

mier désolé. Elle peut d’autant plus paraître compliquée<br />

qu’elle l’est en réalité. Mais ce n’était pas une raison pour<br />

faire un livre pesant. Celui-ci ne <strong>de</strong>vrait pas l’être. On y verra<br />

beaucoup d’hommes en action, prenant en notre nom <strong>de</strong>s<br />

décisions plus ou moins réfl échies. Avec <strong>de</strong>s conséquences<br />

majeures que la plupart ignorent.<br />

Cela explique les tours, détours, ruses et contorsions<br />

d’une affaire profon<strong>de</strong>, qui nous concerne tous. Si à quel-<br />

que endroit vous vous sentez perdu, rapportez-vous à l’in-<br />

<strong>de</strong>x <strong>de</strong>s personnages ou à la chronologie <strong>de</strong>s événements.<br />

Alors vous retrouverez pied aisément. Ce livre sur la vian<strong>de</strong><br />

comman<strong>de</strong> du temps, et <strong>de</strong> la réfl exion. Peut-être est-ce<br />

une mauvaise idée <strong>de</strong> le signaler d’entrée, à l’heure d’In-<br />

ternet et du zapping tous azimuts. Mais c’est ainsi. Au moins<br />

ne serez-vous pas trompé sur la marchandise.<br />

Il reste que cet ouvrage peut aussi se lire pour ce qu’il<br />

est : une formidable aventure aux conséquences inouïes.<br />

Où rien n’était inévitable. Où tout aurait dû être pesé. Où<br />

tout aurait pu être contrebalancé. Une histoire pleine <strong>de</strong><br />

bruit et <strong>de</strong> fureur, emplie jusqu’à débor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> qualités qui<br />

sont souvent <strong>de</strong> pénibles défauts. Laissez-vous porter par<br />

cette vague venue <strong>de</strong>s temps les plus anciens, et posez-<br />

vous les bonnes questions, qui vous rendront fi ers d’être <strong>de</strong>s<br />

humains dignes du mot.<br />

Comment <strong>de</strong>s animaux aussi sacrés que le taureau Hap<br />

<strong>de</strong> la plus haute Antiquité sont-ils <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s morceaux,<br />

<strong>de</strong>s choses, <strong>de</strong>s marchandises ? Pourquoi <strong>de</strong>s techniciens<br />

inventent-ils chaque jour, en notre nom, <strong>de</strong> nouvelles mé-<br />

tho<strong>de</strong>s pour « fabriquer » <strong>de</strong> la « matière » à partir d’êtres<br />

vivants et sensibles ? Pourquoi leurs laboratoires sont-il aussi<br />

anonymes que secrets ? Pourquoi l’industrie <strong>de</strong> la bidoche<br />

est-elle dotée d’une puissance qui cloue le bec <strong>de</strong> ses rares<br />

critiques ? À la suite <strong>de</strong> quelle rupture mentale a-t-on ac-<br />

cepté la barbarie <strong>de</strong> l’élevage industriel ? Pour quelle rai-<br />

son folle laisse-t-on la consommation effrénée <strong>de</strong> ce produit<br />

plein d’antibiotiques et d’hormones menacer la santé hu-<br />

maine, détruire les forêts tropicales, aggraver dans <strong>de</strong>s pro-<br />

portions étonnantes la si grave crise climatique en cours ?<br />

Qui est responsable ? Et y a-t-il <strong>de</strong>s coupables ? La ré-<br />

ponse n’a rien d’évi<strong>de</strong>nt, mais elle existe, dans les <strong>de</strong>ux<br />

cas. Ce livre vous convie à une plongée dont vous ne sor-<br />

tirez pas in<strong>de</strong>mne. À la condition <strong>de</strong> le lire pour <strong>de</strong> vrai,<br />

vous ferez ensuite partie d’une tribu en expansion, mais qui<br />

<strong>de</strong>meure on ne peut plus minoritaire. La tribu <strong>de</strong> ceux qui<br />

savent. Et peut-être même rejoindrez-vous celle qui ne veut<br />

plus. A-t-on le droit <strong>de</strong> se révolter ? On en a en tout cas le<br />

<strong>de</strong>voir.<br />

Je mange encore <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>. De moins en moins,<br />

et désormais si peu que j’entrevois le moment où je cesse-<br />

rai peut-être <strong>de</strong> le faire. Je ne suis pas un exemple. Je suis<br />

exactement comme vous. J’espère en tout cas que nous<br />

nous ressemblons assez pour que le dialogue commence.<br />

Mais avant cela, il fallait vous faire découvrir le tumulte <strong>de</strong>s<br />

relations que nous entretenons avec notre sainte bidoche.<br />

Si ce livre <strong>de</strong>vait servir à quelque chose, il me plairait qu’il<br />

permette à ses lecteurs <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qu’ils mangent.<br />

Et pourquoi. Et comment. » <br />

Source :<br />

[1] http://www.kokopelli-blog.org/?p=109#comments, 10 septembre <strong>2009</strong>.<br />

32 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


Fon<strong>de</strong>ments éthiques<br />

pour une alimentation végétarienne<br />

Helmut F. Kaplan – Éd. L’Harmattan – juin 2008 – 186 p. – 17 €<br />

Traduit <strong>de</strong> l’allemand par Cyril Taffi n <strong>de</strong> Tilques, préface d’André Méry.<br />

Le titre français <strong>de</strong> l’ouvrage d’Helmut Kaplan vous donne peut-être<br />

l’idée <strong>de</strong> longues dissertations philosophiques d’où l’on ne se sort qu’avec<br />

un crayon à la main et <strong>de</strong>s notes plein les pages…<br />

Mais il ne s’agit en fait que <strong>de</strong> la transposition politiquement correcte<br />

du titre original allemand, Leichenschmaus, ce qui veut dire, littéralement,<br />

Le Festin <strong>de</strong> cadavres ! Nettement plus explicite quant aux propos, qui se<br />

veulent clairs et sans arguties. N’oublions pas qu’Helmut Kaplan est un philo-<br />

sophe du droit <strong>de</strong>s animaux, et non un spéculateur <strong>de</strong> salon.<br />

« La mort animale…, la mort que nous infl igeons à tous ces êtres qui sont<br />

plus faibles que nous, confortés en cela parce que nous savons qu’ils ne<br />

pourront jamais se révolter, c’est la lâcheté par excellence, c’est le droit du plus fort dans toute<br />

son abjection. L’horreur <strong>de</strong> cette mort, multipliée <strong>de</strong>s milliards <strong>de</strong> fois sans autre justifi cation qu’un<br />

« mmm » <strong>de</strong> satisfaction gustative exprimé à table, imprègne les textes d’Helmut Kaplan, dont on<br />

sent qu’il l’éprouve au plus profond <strong>de</strong> ses fi bres. » [préface]<br />

Le livre se présente comme un recueil <strong>de</strong> textes, écrits séparément, dans lesquels Kaplan envisage une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

sujets, <strong>de</strong> l’empathie à l’environnement, en passant par la fourrure, l’expérimentation animale, et le végétarisme.<br />

Le végétarisme, qui constitue selon Kaplan le ciment <strong>de</strong> toutes les actions animalistes, car être végétarien (précisément,<br />

pour Kaplan, végétaLien), permet <strong>de</strong> « résoudre le débat fondamental dans lequel s’opposent divers courants animalis-<br />

tes : faut-il d’abord soulager le sort <strong>de</strong>s animaux tel qu’il se<br />

présente à nos yeux (élevages intensifs, transports indignes,<br />

abattages inhumains), au risque d’humaniser suffi samment<br />

les conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> ces animaux pour en arriver à ren-<br />

dre <strong>de</strong> ce fait leur exploitation acceptable par le public ? Ou<br />

bien faut-il refuser <strong>de</strong> dépenser <strong>de</strong> l’énergie dans <strong>de</strong>s amé-<br />

liorations illusoires pour se consacrer uniquement à l’éradi-<br />

cation <strong>de</strong> toute exploitation <strong>de</strong> l’animal par l’homme, au<br />

risque <strong>de</strong> laisser souffrir ceux qui n’auront pas eu la chance<br />

<strong>de</strong> voir l’éradication réalisée ? » [préface]<br />

Or, pour Kaplan, nous <strong>de</strong>vrions pratiquer un impératif mo-<br />

ral très simple : « quand on a le pouvoir d’ai<strong>de</strong>r, on a aussi le<br />

<strong>de</strong>voir d’ai<strong>de</strong>r ». Et justement, pour ai<strong>de</strong>r concrètement les<br />

animaux, il n’y a rien <strong>de</strong> plus simple : il suffi t <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir végé-<br />

tarien. Nous en avons le pouvoir, nous <strong>de</strong>vons le faire ! Tout le<br />

reste peut alors venir se surajouter à cette décision essentielle<br />

qui confère à toute autre action clarté et sincérité : la fi n en<br />

soi <strong>de</strong> l’acte, quel qu’il soit, aussi petit soit-il, aussi marquant<br />

soit-il, ce sera bien le refus <strong>de</strong> la mort animale au profi t d’inté-<br />

rêts humains futiles et égoïstes, ce sera un acte éthique pour<br />

un progrès moral.<br />

Alors, si tous ceux qui se soucient <strong>de</strong>s animaux d’une ma-<br />

nière ou d’une autre <strong>de</strong>venaient végétariens, tous pourraient<br />

travailler la main dans la main pour une société où la <strong>de</strong>rnière<br />

discrimination encore plantée dans les consciences, celle du<br />

spécisme, serait enfi n abattue.<br />

Au fond, ce que nous dit Kaplan est simple : commence<br />

à ai<strong>de</strong>r, et toutes les questions en suspens se résoudront d’el-<br />

les-mêmes. C’est-à-dire : comme par <strong>de</strong>venir végétarien.<br />

Les textes que nous offre Kaplan dans ce livre <strong>de</strong>vraient<br />

ai<strong>de</strong>r pas mal <strong>de</strong> personnes à comprendre. <br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

C U L T U R E 33


C U L T U R E<br />

À VOIR<br />

The Cove - La Baie <strong>de</strong> la honte<br />

The Cove - La Baie <strong>de</strong> la honte est un do-<br />

cumentaire produit par Luc Besson, traitant<br />

du massacre <strong>de</strong>s dauphins au Japon. C’est<br />

vraiment un fi lm/reportage à voir !<br />

Il présente le combat <strong>de</strong> toute une équi-<br />

pe et plus particulièrement d’un homme, Ri-<br />

chard O’Barry qui était le soigneur et le dres-<br />

seur <strong>de</strong>s dauphins dans la série TV « Flipper ».<br />

Il fait tout ce qui est en son pouvoir pour faire<br />

connaitre ce qui se passe à Taiji et sauver les<br />

dauphins !<br />

En effet, savez-vous que chaque année,<br />

plus <strong>de</strong> 20 000 dauphins sont tués pour leur<br />

chair au Japon, alors même que celle-ci est<br />

toxique <strong>de</strong> par son taux en métaux lourds ex-<br />

trêmement élevé ?<br />

Le fi lm ne montre pas trop les images du<br />

massacre <strong>de</strong>s dauphins qui a lieu dans la<br />

baie <strong>de</strong> Taiji ; je pense donc que même <strong>de</strong>s<br />

personnes très sensibles peuvent aller le voir.<br />

Par contre cela peut être assez oppressant à<br />

ce moment-là, et aussi quand on voit les éta-<br />

lages <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> dauphins ou le marché<br />

aux poissons, entre autres.<br />

Le fi lm dit bien sûr que tuer <strong>de</strong>s dauphins<br />

et les manger <strong>de</strong>vrait être interdit (comme<br />

cela est le cas pour les baleines... sur le pa-<br />

pier) mais ne remet pas en cause le meurtre<br />

<strong>de</strong>s tous les poissons pour l’alimentation hu-<br />

maine.<br />

D’ailleurs un contre-argument <strong>de</strong>s pêcheurs <strong>de</strong> dauphins est que les Occi<strong>de</strong>ntaux mangent bien du bœuf alors pour-<br />

quoi ne les laisserait-on pas tuer et manger <strong>de</strong>s dauphins ?<br />

On apprend aussi la complaisance <strong>de</strong> la Commission Baleinière Internationale (IWC) qui est censée protéger les céta-<br />

cés... sauf les dauphins et les marsouins ! Au sein <strong>de</strong> cette commission, le Japon utilise la corruption et expose <strong>de</strong>s arguments<br />

fallacieux pour pouvoir continuer <strong>de</strong> pêcher en toute impunité.<br />

Une autre partie du fi lm est consacrée à l’industrie lucrative <strong>de</strong>s <strong>de</strong>lphinariums et aux calvaires qu’y subissent les dau-<br />

phins captifs. Ric O’Barry regrette d’avoir été en partie à l’origine <strong>de</strong> l’essor <strong>de</strong>s <strong>de</strong>lphinariums à l’époque où il dressait <strong>de</strong>s<br />

dauphins.<br />

Compte-rendu par Jérôme Contet<br />

correspondant AVF Gard<br />

En résumé, c’est un <strong>de</strong>s trop rares fi lms sur la protection animale et il pourrait bien être une amorce pour <strong>de</strong>venir végé-<br />

tarien, en dénonçant l’enfer que vivent les animaux captifs <strong>de</strong>s <strong>de</strong>lphinariums, aquariums, zoo, cirques etc.<br />

Il faut donc le faire connaître ! Et, bonne nouvelle : le fi lm a eu un impact réel ; cela fait maintenant <strong>de</strong>puis début sep-<br />

tembre qu’il n’y a plus <strong>de</strong> massacre <strong>de</strong> dauphins à Taiji, mais il faut maintenir la pression !<br />

Pour celles/ceux qui veulent tracter en fi n <strong>de</strong> séance je recomman<strong>de</strong> l’excellent tract « Pourquoi refuser <strong>de</strong> manger les<br />

poissons ? » que vous trouverez ici : http://pense-bete.org/materiel/.<br />

Vous pouvez aussi signer la pétition « End the Brutal Killing of More Than 20,000 Dolphins Every Year in Japan » : http://<br />

apps.facebook.com/causes/petitions/252?m=58d95e1f<br />

Site associé au fi lm : http://www.savejapandolphins.org/<br />

Sur Facebook : http://www.facebook.com/TheCove <br />

34 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


pour 2010<br />

L’Ecoagenda 2010 <strong>de</strong>s éditions La Plage<br />

( www.laplage.fr ) est paru ! L’édition 2010<br />

<strong>de</strong> l’écoagenda est placée sous le signe<br />

<strong>de</strong> la récupération et du recyclage. Vous<br />

retrouverez, au fil <strong>de</strong> l’année, <strong>de</strong>s objets<br />

du quotidien ou <strong>de</strong>s œuvres d’artistes,<br />

créés à partir <strong>de</strong> bidons industriels, <strong>de</strong><br />

ceintures <strong>de</strong> sécurité, <strong>de</strong> bennes à ordure<br />

ou <strong>de</strong> lances à incendie… Certes<br />

le recyclage artistique ne va pas sauver<br />

la planète. Mais nous espérons que ces<br />

beaux objets, originaux et bien finis, stimuleront<br />

le débat sur l’environnement,<br />

lui apportant une touche <strong>de</strong> séduction<br />

qui vous donnera, à vous aussi, l’envie<br />

<strong>de</strong> vous lancer...<br />

‟ Format 16 x 22 ; avec plein <strong>de</strong> photos et<br />

<strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> l’écologie ; 15 ¤.<br />

magique<br />

Le Pochon Magique, restaurant végétarien<br />

associatif <strong>de</strong> la rue <strong>de</strong> Brasse,<br />

à Belfort, a fêté ses 30 ans le 3 octobre<br />

<strong>de</strong>rnier. Toute l’équipe emmenée par le<br />

fondateur cuisinier Jean-Marie Mercier a<br />

mis les petits plats dans les grands, <strong>de</strong><br />

midi à minuit. Cocktail éclectique, poétique<br />

et écologique au menu : recettes végétariennes,<br />

folk, jazz et polyphonie.<br />

Le Pochon magique, 18, rue <strong>de</strong> Brasse,<br />

Belfort.<br />

Source : info et photo, Lalsace.fr, http://www.lalsace.fr/fr/sorties/aujourdhui/article/2039490,1235/<br />

Les-30-ans-du-Pochon-a-Belfort.html, 02/10/<strong>2009</strong>.<br />

pas <strong>de</strong> grenouilles<br />

dans ma classe<br />

Steve-0, la star du show Jack Ass, a<br />

été recruté par l’organisation <strong>de</strong> défense<br />

<strong>de</strong>s animaux PETA pour incarner sa <strong>de</strong>rnière<br />

campagne <strong>de</strong> sensibilisation contre<br />

la dissection <strong>de</strong>s animaux à l’école. En<br />

particulier les grenouilles, qui ont été retenues<br />

comme symbole. Selon PETA, plusieurs<br />

millions d’animaux seraient ainsi<br />

tués chaque année pour le bien <strong>de</strong>s cours<br />

<strong>de</strong> biologie.<br />

« Cut class, not frogs », (séchez les<br />

cours, ne tuez pas <strong>de</strong> grenouilles) dit le<br />

slogan <strong>de</strong> la campagne appelant les élèves<br />

à refuser <strong>de</strong> jouer du scalpel. Fidèle à<br />

sa métho<strong>de</strong>, PETA a également lancé un<br />

site Internet spécifique, frogsarecool.com<br />

(les grenouilles sont cool).<br />

Source : info et photo, fluctuat.net, http://societe.<br />

fluctuat.net/blog/40145-steve-o-<strong>de</strong>nonce-la-dissection-<strong>de</strong>s-grenouilles-avec-peta.html,<br />

03.10.09.<br />

les bÊtes<br />

se rebellent…<br />

Les oiseaux d’élevage hébergent dans<br />

leur tube digestif une bactérie, Chlamydophila<br />

psittaci, qui peut se transmettre<br />

à l’homme par contact direct et provoquer<br />

une maladie aux conséquences parfois<br />

graves : la psittacose, qui peut se traduire<br />

par une détresse respiratoire aiguë ou une<br />

pneumonie sévère, nécessitant une hospitalisation.<br />

En l’absence <strong>de</strong> traitement<br />

antibiotique adapté, la mortalité suite<br />

aux complications dépasse les 20 %. La<br />

psittacose fait l’objet d’une surveillance<br />

particulière <strong>de</strong> l’Afssa <strong>de</strong>puis 2006, mais<br />

les messages <strong>de</strong> prévention ont du mal à<br />

s’imposer, notamment dans les exploitations<br />

familiales. La bactérie est pourtant<br />

présente <strong>de</strong> manière endémique chez les<br />

canards dans une quinzaine <strong>de</strong> départements.<br />

L’InVS a lancé en 2008 une étu<strong>de</strong><br />

dans cinq régions <strong>de</strong> <strong>France</strong>. Sur le seul<br />

premier semestre <strong>de</strong> l’année <strong>de</strong>rnière,<br />

vingt-<strong>de</strong>ux hospitalisations avec forte<br />

fièvre et pneumonie ou détresse respiratoire<br />

ont été enregistrées. Près <strong>de</strong> la moitié<br />

<strong>de</strong>s patients concernés travaillaient en<br />

abattoir, élevage ou gavage <strong>de</strong> volailles.<br />

La présence <strong>de</strong> Chlamydophila psittaci<br />

sur les oiseaux a été confirmée dans neuf<br />

cas.<br />

Source : Le Figaro, 17/08/09 – « La psittacose humaine<br />

sévit en <strong>France</strong> »<br />

joss stone,<br />

vÉgÉtarienne<br />

Quand Joss Stone perça sur la scène<br />

musicale, il y a à peine quelques années,<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

i N F O S<br />

35


i N F O S<br />

36<br />

tout le mon<strong>de</strong> fut soufflé par sa voix puissante<br />

et expressive […] Joss a vendu <strong>de</strong>s<br />

millions d’albums et s’est créé <strong>de</strong>s fans<br />

<strong>de</strong> tous âges dans le mon<strong>de</strong> entier. Dans<br />

le ton <strong>de</strong> son nouvel album, Introducing<br />

Joss Stone, PETA présente au mon<strong>de</strong> une<br />

facette <strong>de</strong> la personnalité <strong>de</strong> Joss que la<br />

plupart <strong>de</strong> ses fans ne connaissent peutêtre<br />

pas : elle est végétarienne.<br />

« Je suis née végétarienne. Je voulais<br />

faire cette publicité parce que je pense<br />

qu’on n’a pas besoin <strong>de</strong> faire souffrir <strong>de</strong>s<br />

êtres vivants pour se nourrir. Il y a tant<br />

d’autres choses que l’on peut manger. Je<br />

n’ai jamais mangé <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> ma vie,<br />

je fais un mètre soixante-dix et on ne peut<br />

pas dire je sois chétive. Un homme sage a<br />

dit, ” Les animaux sont mes amis, et je n’ai<br />

pas pour habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> manger mes amis.”<br />

C’est exactement ce que je ressens. »<br />

Source : info et photo - site <strong>de</strong> PETA <strong>France</strong> -<br />

http://www.petafrance.com/feat-jossStone.asp<br />

franny armstrong<br />

combat<br />

la stupiditÉ<br />

<strong>Végétarienne</strong> <strong>de</strong>puis l’âge <strong>de</strong> 11 ans,<br />

Franny Armstrong est fière <strong>de</strong> n’avoir<br />

jamais possédé <strong>de</strong> voiture, d’avoir <strong>de</strong>s<br />

panneaux solaires sur le toit <strong>de</strong> sa maison<br />

et <strong>de</strong> détester le shopping. Elle ne<br />

voyait donc pas d’autre sujet que le changement<br />

climatique pour son film-événement<br />

« The Age of Stupid » (sortie en<br />

salle le 22 septembre). Basé en 2055, on<br />

y découvre un vieil archiviste dans un<br />

environnement dévasté qui regar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

vidéos datant <strong>de</strong> 2008 en se <strong>de</strong>mandant<br />

pourquoi nous n’avons pas agi quand il<br />

était encore temps.<br />

De la tournée <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> ce film<br />

est née la campagne « 10 : 10 » : il s’agit<br />

d’encourager les Britanniques (Franny<br />

Armstrong est britannique…) à réduire<br />

leurs émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre<br />

<strong>de</strong> 10 % durant l’année 2010, que ce<br />

• Bourguignon Clau<strong>de</strong> et Lydia, Le sol, la terre et les<br />

champs. Pour retrouver une agriculture saine. Paris, Sang <strong>de</strong><br />

la Terre, 2008.<br />

• Fukuoka Masanobu, La révolution d’un seul brin <strong>de</strong><br />

paille. Une introduction à l’agriculture sauvage. Paris, Guy<br />

Trédaniel Éditeur, 1<strong>98</strong>3.<br />

• Leclerc Blaise, Les jardiniers <strong>de</strong> l’ombre. Vers <strong>de</strong> terre<br />

et autres artisans <strong>de</strong> la fertilité. Mens, Terre Vivante, 2002.<br />

Notes<br />

1. Nous parlons ici du sol arable, bien entendu.<br />

2. La matière organique n’existe pas dans les déserts et en très haute montagne, lieux<br />

où le sol est uniquement minéral (sable, glace, pierres...).<br />

soit <strong>de</strong> façon individuelle ou collective.<br />

Et les « Frenchies », alors ? Eh bien le<br />

film-documentaire « The Age of Stupid »<br />

(« L’âge <strong>de</strong> la stupidité ») est sorti sur<br />

les écrans d’une soixantaine <strong>de</strong> pays. En<br />

<strong>France</strong>, au début octobre, on ne pouvait<br />

le voir que dans cinq villes : Hénin-Beaumont,<br />

La-Roche-sur-Yon, Paris (La Géo<strong>de</strong>),<br />

St-Sébastien-sur-Loire et Vannes.<br />

Vous avez dit « stupidité » ?<br />

Source : http://www.goodplanet.info/goodplanet/in<strong>de</strong>x.php/eng/Contenu/Initiatives/10-10-contrele-changement-climatique<br />

brigitte bardot :<br />

le vÉgÉtarisme<br />

est un choix<br />

cohÉrent<br />

À la question posée par EVANA ( European<br />

Vegetarian and Animal News<br />

Alliance ) : « Quels changements atten<strong>de</strong>z-vous<br />

pour le mon<strong>de</strong> végétarien <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>main ? », Brigitte Bardot répond :<br />

« Malheureusement, je suis très pessimiste<br />

car le végétarisme est considéré,<br />

FIN DE L’ARTICLE AGRICULTURE VEGANE<br />

par beaucoup, comme un choix extrême<br />

alors qu’il est un choix cohérent, le seul,<br />

pour lutter contre l’exploitation abusive<br />

<strong>de</strong>s animaux et le saccage <strong>de</strong> notre environnement.<br />

Le plus inquiétant est <strong>de</strong><br />

constater que dans les pays émergents,<br />

la croissance économique s’accompagne<br />

d’une croissance <strong>de</strong> la consommation<br />

<strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, et comme ces pays comptent<br />

les populations humaines les plus<br />

importantes, cela ne fera qu’entraîner<br />

la multiplication <strong>de</strong>s élevages intensifs,<br />

véritables camps <strong>de</strong> la mort pour<br />

<strong>de</strong>s milliards d’animaux. Je sais que les<br />

consommateurs, dans leur immense majorité,<br />

se moquent pas mal <strong>de</strong> la souffrance<br />

animale, mais j’espère qu’ils se<br />

montreront enfin responsables et qu’ils<br />

prendront conscience que la consommation<br />

<strong>de</strong> vian<strong>de</strong> entraîne un pillage<br />

<strong>de</strong>s ressources naturelles, notamment<br />

une surexploitation et une pollution <strong>de</strong>s<br />

nappes phréatiques. S’il se sent menacé,<br />

l’homme réagira peut-être, mais il serait<br />

illusoire et utopique <strong>de</strong> compter sur sa<br />

compassion pour bannir l’exploitation<br />

animale ».<br />

Source : EVANA, http://www.evana.org/in<strong>de</strong>x.<br />

php?id=47482&lang=fr<br />

latitu<strong>de</strong>s<br />

vÉgÉtariennes<br />

Le Groupe Pierre & Vacances est un<br />

lea<strong>de</strong>r du secteur <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces <strong>de</strong> tourisme.<br />

Quelques nouveautés ont été annoncées<br />

pour l’hiver prochain et, parmi<br />

celles-ci, l’offre <strong>de</strong> petits déjeuners bio et<br />

<strong>de</strong> menus végétariens dans les hôtels<br />

Latitu<strong>de</strong>s. Pourquoi uniquement dans<br />

les hôtels Latitu<strong>de</strong>s ? Mais ne pinaillons<br />

pas ; c’est déjà bien et sans doute représentatif<br />

d’une tendance dont on ne peut<br />

que se réjouir…<br />

Source : http://www.actumontagne.com/pierre-<br />

&-vacances-muscle-son-offre-montagne-pour-lhiver-2010-news_1082.html,<br />

10-09-<strong>2009</strong>.<br />

3. Ainsi les bactéries, les champignons et les microbes, qui sont vivants mais ne sont<br />

ni <strong>de</strong>s animaux ni <strong>de</strong>s végétaux.<br />

4. BOURGUIGNON Clau<strong>de</strong> et Lydia, Le sol, la terre et les champs. Pour retrouver une<br />

agriculture saine. Paris, Sang <strong>de</strong> la Terre, 2008. p. 55 et 70.<br />

5. Ibid. p. 66.<br />

6. La terre nue, c’est-à-dire sans couverture végétale.<br />

7. BOURGUIGNON, op. cit., p. 10.<br />

8. « Mao poussa l’idée du labour profond jusqu’à <strong>de</strong>s extrêmes que Staline lui-même<br />

n’avait pas osés, au motif que s’il était bon <strong>de</strong> labourer profond, il était meilleur <strong>de</strong><br />

labourer encore plus profond. Dans certains endroits, les sillons creusés à la main<br />

étaient profonds <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 3 mètres, mais la profon<strong>de</strong>ur moyenne tournait autour<br />

du mètre. » Jasper Becker, Les forçats <strong>de</strong> la faim dans la Chine <strong>de</strong> Mao. Paris, L’Esprit<br />

frappeur, 1999. p. 92.<br />

9. BOURGUIGNON, op. cit., p. 37-38.<br />

10. Fukuoka a d’ailleurs défini sa technique agricole comme étant celle du « non-agir »,<br />

ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait rien à faire !<br />

V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


La mentalité<br />

du mangeur <strong>de</strong> vian<strong>de</strong><br />

Ce que les végétariens doivent savoir pour mieux argumenter et<br />

mieux toucher les mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>.<br />

« Je ne considère jamais les animaux élevés pour leur<br />

vian<strong>de</strong> comme <strong>de</strong>s individus. Je serais incapable <strong>de</strong> faire<br />

mon métier si j’avais ce type <strong>de</strong> lien personnel avec eux.<br />

Quand vous dites « individu », cela signifie une personne<br />

unique, un être unique ayant son nom, ses propres caractéristiques,<br />

ses petits jeux qu’il affectionne ? C’est bien ça ? Et<br />

bien je préfère ne pas le savoir. Je suis sûr que c’est le cas,<br />

mais je préfère ne pas le savoir »<br />

Un boucher <strong>de</strong> 31 ans et mangeur <strong>de</strong> vian<strong>de</strong><br />

« Je ne mange pas d’agneau… on se sent coupable.<br />

C’est juste ce genre <strong>de</strong> sentiment… ils sont si mignons.<br />

C’est épouvantable qu’ils soient tués et<br />

qu’on les mange. Bon, les vaches sont mignonnes<br />

aussi, mais on les mange. Je ne<br />

sais pas comment décrire cela… en fait<br />

tout le mon<strong>de</strong> mange <strong>de</strong> la vache. Ce<br />

n’est pas cher et il y en a tant, mais<br />

les agneaux, c’est simplement différent.<br />

Vous ne câlinez pas une<br />

vache. Alors ça va <strong>de</strong> manger <strong>de</strong><br />

la vache mais pas <strong>de</strong> l’agneau…<br />

la différence est étrange. »<br />

Homme, mangeur <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

43 ans<br />

De telles affirmations illustrent<br />

parfaitement les propos<br />

généralement tenus par les mangeurs<br />

<strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, et qui abasourdissent les végétariens. C’est<br />

déroutant : un boucher ne serait plus capable <strong>de</strong> faire son<br />

travail s’il pensait réellement à ce qu’il fait, et un homme<br />

adulte sensé éprouve <strong>de</strong> la tendresse envers certaines espèces<br />

mais peut en manger d’autres sans pouvoir avancer<br />

une raison à cela. Avant qu’on leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> réfléchir à<br />

leurs comportements, aucun d’eux ne voyait <strong>de</strong> contradiction<br />

dans ses relations avec les animaux qu’il consomme,<br />

et après ces quelques réflexions, leur prise <strong>de</strong> conscience<br />

s’est évanouie en quelques heures. Et le boucher a continué<br />

à s’accommo<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la désagréable réalité <strong>de</strong> son travail et à<br />

tuer <strong>de</strong>s animaux, tandis que le mangeur <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> a refoulé<br />

son paradoxe mental et continué à les manger. Il n’y a rien<br />

d’étonnant à ce que les végétariens trouvent la mentalité<br />

<strong>de</strong>s mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> déconcertante.<br />

Pourtant, pour <strong>de</strong> nombreux végétariens, ce qui est le<br />

plus déroutant n’est pas la tendance <strong>de</strong>s personnes mangeant<br />

<strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> à éviter <strong>de</strong> réfléchir à leurs choix alimentaires,<br />

mais l’éventail d’explications qu’elles avancent<br />

pour arguer qu’il est « impossible » d’arrêter <strong>de</strong> manger <strong>de</strong><br />

la vian<strong>de</strong>. Après avoir pris connaissance <strong>de</strong>s innombrables<br />

avantages nutritionnels d’une alimentation végétale, le mangeur<br />

<strong>de</strong> vian<strong>de</strong> conscient <strong>de</strong> sa santé clame haut et fort qu’il<br />

ne veut pas risquer une carence en protéines. Après avoir<br />

lu les statistiques relatives aux dommages environnementaux<br />

causés par l’élevage du bétail, la mangeuse <strong>de</strong> vian<strong>de</strong><br />

conductrice <strong>de</strong> voiture hybri<strong>de</strong> dit qu’elle est déjà bien engagée<br />

dans le combat social par ailleurs et qu’elle ne mange<br />

pas beaucoup <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> rouge. Après avoir appris que d’innombrables<br />

restaurants et épiceries proposent<br />

<strong>de</strong>s options végétariennes, qu’il<br />

existe un grand nombre <strong>de</strong> livres<br />

<strong>de</strong> cuisine et <strong>de</strong> kits du végétarien<br />

débutant qui donnent<br />

<strong>de</strong>s conseils pour le passage<br />

à une alimentation végétale, l’intellectuel<br />

mangeur <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> dit<br />

qu’il serait trop compliqué d’arrêter<br />

la vian<strong>de</strong>. Après avoir entendu parler<br />

<strong>de</strong> la souffrance <strong>de</strong>s animaux dans<br />

les élevages industriels, le mangeur <strong>de</strong><br />

vian<strong>de</strong> sensible exprime sa compassion,<br />

compassion qui s’arrête plus tard dans la<br />

journée au seuil du Burger King car il ne<br />

peut vraiment pas changer son habitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>. Et après avoir<br />

mangé un autre délicieux steak simili-carné, dont il dit qu’il<br />

ressemble tellement à la vraie vian<strong>de</strong>, le mangeur <strong>de</strong> vian<strong>de</strong><br />

déclare qu’il ne pourra jamais <strong>de</strong>venir végétarien parce<br />

qu’il aime vraiment trop la vian<strong>de</strong>. Ces mêmes personnes<br />

qui trouvent impossible d’arrêter <strong>de</strong> manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> ont<br />

été capables d’élever seules leur famille, <strong>de</strong> survivre à une<br />

maladie grave, <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s longues, <strong>de</strong> surmonter<br />

un profond traumatisme, <strong>de</strong> gagner un prix Nobel ou bien<br />

d’accomplir <strong>de</strong> nombreux exploits qui <strong>de</strong>mandaient bien plus<br />

d’efforts et <strong>de</strong> sacrifices que le fait <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir végétarien.<br />

De façon tout à fait compréhensible, les messages<br />

contradictoires envoyés par les mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> exaspèrent<br />

et contrarient les végétariens. Pourtant, plutôt que<br />

questionner la mentalité <strong>de</strong>s mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, ce qui<br />

conduirait à une meilleure compréhension, les végétariens<br />

interrogent leur personnalité, ce qui entraîne davantage <strong>de</strong><br />

tensions et <strong>de</strong> troubles – au mieux, le mangeur <strong>de</strong> vian<strong>de</strong><br />

est perçu comme égoïste et fainéant, comme faisant passer<br />

son propre confort et la facilité avant la vie <strong>de</strong>s animaux et<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

S O C i É T É<br />

37


S O C i É T É<br />

la préservation <strong>de</strong> la planète. Bien que <strong>de</strong> telles conclusions<br />

soient logiques pour les végétariens, ces assertions sont<br />

contestables car aussi illogiques que celles mises en avant<br />

par les mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>. Nombre <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers sont<br />

aussi <strong>de</strong>s pères, mères aimants, <strong>de</strong>s amis, <strong>de</strong>s secouristes,<br />

<strong>de</strong>s professeurs dévoués, <strong>de</strong>s militants passionnés, <strong>de</strong>s<br />

chefs <strong>de</strong> communauté infatigables, <strong>de</strong>s philanthropes au bon<br />

cœur, <strong>de</strong>s personnes prenant soin <strong>de</strong>s animaux avec compassion,<br />

<strong>de</strong>s partenaires dévoués, <strong>de</strong> grands humanistes.<br />

La mentalité liée à la vian<strong>de</strong> est telle qu’elle pousse <strong>de</strong>s personnes<br />

humaines et rationnelles à avoir <strong>de</strong>s comportements<br />

inhumains et irrationnels, sans même qu’elles réalisent ce<br />

qu’elles sont en train <strong>de</strong> faire. Aussi, les végétariens feraient<br />

bien mieux <strong>de</strong> se concentrer sur la mentalité <strong>de</strong>s mangeurs<br />

<strong>de</strong> vian<strong>de</strong> plutôt que sur leur moralité et engager les discussions<br />

avec <strong>de</strong> la curiosité plutôt que du ressentiment.<br />

Abor<strong>de</strong>r la consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> avec curiosité peut<br />

amener les végétariens à poser <strong>de</strong>s questions qui les ai<strong>de</strong>ront<br />

bien plus efficacement pour discuter et convaincre les<br />

mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> : comment <strong>de</strong>s personnes pleines <strong>de</strong><br />

compassion peuvent-elles mettre <strong>de</strong>s morceaux <strong>de</strong> cadavre<br />

d’animaux dans leur bouche et trouver cela agréable au<br />

lieu <strong>de</strong> trouver cela repoussant ? Comment une nation <strong>de</strong><br />

consommateurs critiques, capable <strong>de</strong> tergiverser sur l’achat<br />

<strong>de</strong> telle marque <strong>de</strong> jeans, peut-elle si peu maîtriser ses choix<br />

alimentaires – choix qui reposent sur une industrie qui tue<br />

10 milliards d’animaux par an ? Comment <strong>de</strong>s gens peuvent-ils<br />

ne pas voir la contradiction sous leurs yeux ? Les végétariens<br />

– et même un bon nombre <strong>de</strong> mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong><br />

– comprennent pourquoi on ne <strong>de</strong>vrait pas consommer<br />

<strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, mais peu <strong>de</strong> personnes comprennent pourquoi<br />

elles en mangent effectivement et c’est ce <strong>de</strong>rnier point qui<br />

doit être abordé pour avoir <strong>de</strong>s discussions plus fructueuses<br />

sur la question <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>.<br />

IDÉOLOGIE<br />

Les réponses aux questions ci-<strong>de</strong>ssus n’ont <strong>de</strong> sens<br />

qu’au travers du prisme <strong>de</strong> l’idéologie. Une idéologie est un<br />

système <strong>de</strong> croyance sociale qui structure les convictions,<br />

les sentiments et les comportements <strong>de</strong>s gens. Une idéologie<br />

dominante est le système <strong>de</strong> croyance d’un groupe<br />

social (ayant le pouvoir) dominant – par exemple les Blancs,<br />

les hommes ou les personnes favorisées sur le plan économique<br />

– et ceci est si socialement enraciné que cette<br />

influence est quasiment invisible. Les idéologies dominantes<br />

construisent notre réalité : elles forment le prisme au travers<br />

duquel nous voyons le mon<strong>de</strong> en promouvant <strong>de</strong>s convictions,<br />

<strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s pratiques, <strong>de</strong>s lois, <strong>de</strong>s valeurs et<br />

<strong>de</strong>s normes sociales comme autant <strong>de</strong> vérités universelles<br />

plutôt que comme un ensemble d’opinions qui reflètent<br />

et renforcent les intérêts du groupe majoritaire détenant le<br />

pouvoir.<br />

Les idéologies dominantes dont les principes (convictions,<br />

pratiques) vont à l’encontre <strong>de</strong>s valeurs les plus profon<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s personnes doivent activement<br />

s’assurer <strong>de</strong> la participation <strong>de</strong> la population. Sans soutien<br />

populaire, le système s’effondrerait. Ces idéologies reposent<br />

sur <strong>de</strong>s stratégies spécifiques, ou <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> défense,<br />

afin <strong>de</strong> cacher les contradictions qui existent entre les<br />

valeurs et les comportements <strong>de</strong>s gens, ce qui leur permet<br />

<strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s entorses à ce qu’ils considèreraient autrement<br />

comme éthique. De telles idéologies existent à la fois au<br />

plan social et au plan individuel. Leurs défenses opèrent à<br />

un niveau extérieur (en formant les institutions sociales et<br />

les normes) et intérieur (en mo<strong>de</strong>lant notre mentalité). Les<br />

défenses extérieures soutiennent une structure sociale qui<br />

force les gens à se conformer à la norme en récompensant<br />

ceux qui s’y soumettent (par exemple en les faisant se sentir<br />

socialement intégrés) et en punissant ceux qui en dévient<br />

(par exemple en les faisant se sentir inférieurs et exclus).<br />

Les défenses internes renforcent la mentalité qui va dans<br />

le sens <strong>de</strong>s normes sociales, et ces défenses sont activées<br />

chaque fois qu’une information vient menacer l’idéologie.<br />

Les défenses internes ne sont pas <strong>de</strong>s réponses logiques ;<br />

ce sont <strong>de</strong>s réactions automatiques venant bloquer ou distordre<br />

les informations qui dénoncent l’idéologie.<br />

La principale défense d’une idéologie dominante et<br />

contraire à l’éthique est l’invisibilité, et le meilleur moyen<br />

d’être invisible, c’est <strong>de</strong> ne pas être nommé. Si on ne nomme<br />

pas, on ne voit pas, et si on ne voit pas, on ne peut pas<br />

en parler. L’invisibilité protège l’idéologie d’un examen rigoureux<br />

qui, alors, la remettrait en question. C’est l’une <strong>de</strong>s raisons<br />

pour lesquelles seules les idéologies non dominantes<br />

sont nommées, au moins au début ; par exemple, il existe<br />

<strong>de</strong>puis longtemps un nom pour l’idéologie <strong>de</strong> ceux qui ne<br />

mangent pas <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, c’est le végétarisme. L’idéologie<br />

dominante, <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, n’a <strong>de</strong> nom que<br />

<strong>de</strong>puis très peu <strong>de</strong> temps.<br />

LE CARNISME<br />

Le carnisme est le nom que j’ai donné à l’idéologie<br />

selon laquelle on considère éthique et adapté <strong>de</strong> manger<br />

certains animaux. Dans la mesure où manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong><br />

n’est pas nécessaire à la survie, il s’agit d’un choix, et les<br />

choix prennent toujours leur racine dans les convictions. Les<br />

mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> ne sont pas <strong>de</strong>s carnivores, car les carnivores<br />

sont <strong>de</strong>s animaux qui ont besoin <strong>de</strong> manger <strong>de</strong> la<br />

vian<strong>de</strong> pour survivre. Ils ne sont pas non plus <strong>de</strong>s omnivores<br />

qui, comme les végétariens, sont <strong>de</strong>s animaux capables<br />

<strong>de</strong> survivre en mangeant à la fois <strong>de</strong>s matières végétales<br />

et animales. « Carnivore » et « omnivore » ne renvoient à<br />

rien <strong>de</strong> plus que <strong>de</strong>s prédispositions biologiques. Pour les<br />

humains, manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> n’est pas une nécessité biologique,<br />

mais un choix philosophique basé sur un ensemble<br />

<strong>de</strong> considérations à l’égard <strong>de</strong>s animaux du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong><br />

soi-même. 1<br />

En ne nommant pas le système qu’est le carnisme, la<br />

consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> est davantage envisagée comme<br />

une donnée que comme un choix, et les considérations qui<br />

motivent cette consommation restent à analyser. Cette ab-<br />

38 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


LA THÉORIE VÉGANE DE LA RELATIVITÉ :<br />

Vegan = (More)(Compassion) 2<br />

sence <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> conscience explique pourquoi les gens<br />

mangent <strong>de</strong>s cochons mais pas <strong>de</strong>s chiens et n’ont aucune<br />

idée <strong>de</strong> la raison pour laquelle ils le font.<br />

Le carnisme est un système qui s’organise autour d’une<br />

souffrance animale intense et inutile. Puisque la plupart <strong>de</strong>s<br />

gens ne veulent pas provoquer <strong>de</strong> souffrance animale, ni<br />

même savoir qu’ils participent à cette souffrance, le système<br />

les empêche <strong>de</strong> faire le lien, au plan émotionnel et<br />

psychologique. Le système du carnisme est construit <strong>de</strong><br />

telle manière qu’il empêche toute prise <strong>de</strong> conscience pour<br />

bloquer toute empathie ainsi que le dégoût qui l’accompagne.<br />

Lorsqu’une personne s’assoit pour manger un hamburger<br />

par exemple, elle n’a pas conscience <strong>de</strong> l’animal vivant<br />

qu’elle mange et elle n’y pense pas. Par conséquent, elle<br />

n’éprouve aucune empathie pour la souffrance <strong>de</strong> l’être qui<br />

est <strong>de</strong>venu sa nourriture et elle trouve cette vian<strong>de</strong> appétissante<br />

plutôt que dégoûtante. Mais pour ce même repas<br />

(américain), on ne trouve pas autant d’années <strong>de</strong> conditionnement<br />

carniste que pour manger du chien. Et si cette<br />

même personne s’asseyait pour manger le même hamburger,<br />

mais à la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> chien au lieu <strong>de</strong> bœuf, elle serait<br />

extrêmement consciente <strong>de</strong> l’animal duquel provient cette<br />

vian<strong>de</strong> et serait bien trop dégoûtée pour le manger.<br />

Le carnisme permet aux gens <strong>de</strong> manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong><br />

provenant <strong>de</strong> certains groupes d’animaux en utilisant un<br />

système <strong>de</strong> défense spécifique qui agit tant au niveau collectif<br />

qu’individuel. Ces défenses incluent le déni (« les animaux<br />

élevés pour leur vian<strong>de</strong> ne souffrent pas vraiment »),<br />

l’évitement (« ne me dites pas ça, vous allez gâcher mon<br />

repas ! »), le clivage (« les chiens sont faits pour être aimés<br />

tandis que les cochons sont faits pour être mangés »), la<br />

dissociation (« si je pense à l’animal dont provient cette vian<strong>de</strong>,<br />

je serai trop dégoûté pour la manger ») et la justification<br />

(« il est possible <strong>de</strong> manger certains animaux parce qu’ils<br />

sont élevés pour ça »), mais ne s’y limitent pas. Les défenses<br />

du carnisme sont massives et multiples, et appartiennent aux<br />

profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> nos sociétés et nos esprits.<br />

AU SUJET DES CARNISTES<br />

Beaucoup <strong>de</strong> tensions et <strong>de</strong> malentendus entre les végétariens<br />

et les mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, ou carnistes, existent<br />

parce qu’aucun <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux groupes ne reconnaît la mentalité<br />

carniste ni la pression considérable qui s’exerce pour<br />

maintenir le statu quo du système carniste. Les végétariens<br />

doivent comprendre que les carnistes sont pris au piège d’un<br />

système invisible qui fonctionne activement pour les contraindre<br />

à agir à l’encontre <strong>de</strong> leurs intérêts propres (cohérence<br />

psychologique, authenticité émotionnelle) et <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong>s<br />

autres. Les végétariens doivent aussi réaliser que <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

aux carnistes <strong>de</strong> cesser <strong>de</strong> manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> représente<br />

bien plus que <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un changement <strong>de</strong> comportement.<br />

C’est <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une modification fondamentale <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité,<br />

une profon<strong>de</strong> révolution conceptuelle, et que les carnistes résistent<br />

à <strong>de</strong>s défenses psychologiques profondément enracinées.<br />

Peu importe qu’il vous ait été facile d’arrêter <strong>de</strong> manger<br />

<strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>, pour la plupart <strong>de</strong>s gens, ce type <strong>de</strong> changement<br />

survient dans le temps, lorsqu’ils se sentent suffisamment en<br />

sécurité d’un point <strong>de</strong> vue psychologique et émotionnel pour<br />

commencer à remettre en cause quelques-unes <strong>de</strong> leurs<br />

convictions très anciennes. Dans Strategic Action for Animals<br />

(Actions stratégiques pour les animaux), je décris quelques<br />

principes particuliers pour communiquer avec les carnistes et<br />

les convaincre en mettant toutes les chances <strong>de</strong> votre côté<br />

pour que votre échange soit mutuellement satisfaisant et que<br />

votre message soit bien reçu. Voici quelques points utiles :<br />

Soyez un modèle pour les qualités que vous atten<strong>de</strong>z<br />

<strong>de</strong> l’autre : la curiosité, la compassion, l’empathie, le respect et la<br />

volonté d’écouter réellement, ainsi que l’introspection. Plus vous<br />

serez sur la défensive et plus votre interlocuteur le sera aussi.<br />

Fréquentez les carnistes comme <strong>de</strong>s personnes et<br />

pas comme <strong>de</strong>s mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> : Peu importe à quel<br />

point vous ne respectez pas leur choix <strong>de</strong> manger <strong>de</strong>s animaux,<br />

respectez cependant leur humanité.<br />

De même, souvenez-vous que les carnistes sont <strong>de</strong>s<br />

personnes, dont la plupart ont bien plus en commun avec<br />

vous qu’entre eux. Ne les mettez pas tous dans le même<br />

panier en projetant sur eux <strong>de</strong>s stéréotypes.<br />

Concentrez-vous davantage sur la métho<strong>de</strong> (la dynamique,<br />

ou le « comment ») plutôt que sur le contenu (le<br />

sujet, le « quoi ») <strong>de</strong> la conversation. Plutôt que <strong>de</strong> chercher<br />

à influencer le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’autre, efforcez-vous d’avoir<br />

un dialogue respectueux et éclairant pour chacun. Peu importe<br />

à quel point vous vous sentez investi dans la promotion<br />

du végétarisme, plus vous chercherez à « convertir » votre<br />

interlocuteur et moins vous serez susceptible d’y parvenir.<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

S O C i É T É 39


S O C i É T É<br />

Admettez que les faits ne traduisent pas l’idéologie.<br />

La seule raison pour laquelle quelqu’un choisira <strong>de</strong> manger<br />

un hamburger plutôt qu’un hamburger végétarien est liée à<br />

ce que la vian<strong>de</strong> représente et non à ce qu’elle est en réalité.<br />

Sachant cela, vous serez moins désappointé face aux<br />

carnistes résistants.<br />

Ne laissez pas les carnistes sur la défensive vous<br />

manquer <strong>de</strong> respect. Certains carnistes s’en prennent aux<br />

végétariens pour justifier leur propre consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>.<br />

Ne laissez jamais les gens porter <strong>de</strong>s jugements sur<br />

vous et vous accuser d’être extrémistes, hypocrites, difficiles<br />

pour la nourriture, hypersensibles, etc.<br />

Mettez en place un cadre émancipateur. L’émancipation<br />

est le sentiment d’être pleinement en lien avec ses<br />

convictions profon<strong>de</strong>s et les personnes qui s’émancipent<br />

sont plus à même <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s changements positifs. Le<br />

contraire <strong>de</strong> l’émancipation est la honte, qui résulte du fait<br />

<strong>de</strong> se sentir jugé. Pour émanciper les autres, traitez-les<br />

comme <strong>de</strong>s personnes fondamentalement dignes – parlezleur<br />

avec sincérité en exposant votre vérité et prenez <strong>de</strong> la<br />

distance concernant l’issue <strong>de</strong> la conversation.<br />

Comprendre la mentalité carniste peut être formidablement<br />

libérateur tant pour les carnistes que les végétariens.<br />

En rendant visible ce qui était invisible, nous mettons un<br />

pied hors du système carniste et nous pouvons choisir<br />

comment nous y prenons part. Les carnistes peuvent réfléchir<br />

plus profondément à leur consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>,<br />

les végétariens peuvent choisir aussi d’envisager <strong>de</strong> façon<br />

plus approfondie leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> relation avec les carnistes.<br />

Les <strong>de</strong>ux groupes peuvent alors mieux développer les qualités<br />

essentielles qui, au final, transformeront le système : la<br />

prise <strong>de</strong> conscience, l’empathie et la compassion.<br />

1. Ce point ne s’applique pas aux personnes qui sont géographiquement ou économiquement<br />

dans l’impossibilité <strong>de</strong> choisir <strong>de</strong> manger ou non <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>.<br />

Source : Vegetarian Voice – Volume 31 - N° 2 (été <strong>2009</strong>) - « The Mentality of Meat »<br />

Auteur : Mélanie Joy - Traduction : Isabelle Guettres - Révision : Françoise Degenne.<br />

Source <strong>de</strong> l’image Einstein <strong>de</strong> lapage précé<strong>de</strong>nte. : http://farmsanctuary.typepad.<br />

com/making_hay/ - Casey Martinson – 27/10/<strong>2009</strong><br />

Mélanie Joy, docteure en sciences<br />

<strong>de</strong> l’éducation, est professeure<br />

<strong>de</strong> psychologie et <strong>de</strong> sociologie à<br />

l’université UMass <strong>de</strong> Boston. Elle est<br />

l’auteure <strong>de</strong> Strategic action for Animals<br />

(Actions stratégiques pour les<br />

animaux) et du livre à paraître sur la<br />

mentalité associée à la consommation<br />

<strong>de</strong> vian<strong>de</strong> Why We Love Dogs,<br />

Eat Pigs, and Wear Cows, An Introduction to Carnism (Pourquoi<br />

nous aimons les chiens, mangeons <strong>de</strong>s cochons et<br />

portons <strong>de</strong> la vache : une introduction au carnisme). Livre<br />

disponible en précomman<strong>de</strong> auprès <strong>de</strong> l’éditeur à l’adresse<br />

publisher.go to or<strong>de</strong>r@redwheelweiser et sur Amazon ainsi<br />

que dans la majorité <strong>de</strong>s librairies en ligne. Mélanie Joy a fait<br />

une conférence sur ce thème à la fête d’été végétarienne<br />

en <strong>2009</strong>.<br />

Corr<br />

chroni<br />

40 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


ida :<br />

que d’une mort annoncée<br />

De prime abord, la corrida pourrait apparaître comme une<br />

pratique cruelle, archaïque et sur le déclin. Néanmoins, à y<br />

regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> plus près, si celle-ci n’a rien perdu <strong>de</strong> sa cruauté<br />

ni <strong>de</strong> son archaïsme, elle connaît en revanche un regain <strong>de</strong><br />

vitalité et d’actualité qui suscite bien <strong>de</strong>s interrogations.<br />

En effet, <strong>de</strong>puis quelques années le phénomène <strong>de</strong> la tauromachie<br />

fait l’objet d’un lobby extrêmement actif et insidieux,<br />

œuvrant auprès <strong>de</strong>s autorités locales pour y développer et y<br />

introduire une pratique <strong>de</strong> la corrida. Des sociétés flairant le potentiel<br />

économique <strong>de</strong> telles pratiques n’hésitent pas à<br />

démarcher les élus locaux afin <strong>de</strong> les convaincre<br />

<strong>de</strong> l’intérêt touristique et économique qu’aurait<br />

la construction d’arènes.<br />

Loin <strong>de</strong> s’effacer au profit <strong>de</strong> « loisirs »<br />

et spectacles civilisés, la corrida revient en<br />

force et <strong>de</strong> force !<br />

Si cette évolution est bien évi<strong>de</strong>mment<br />

combattue par les défenseurs <strong>de</strong>s animaux et<br />

notamment les associations qui militent activement<br />

contre elle, elle ne doit cependant pas être<br />

ignorée et négligée par le citoyen <strong>de</strong> base qui<br />

<strong>de</strong>vrait s’inquiéter d’un retour <strong>de</strong> la banalisation <strong>de</strong><br />

la cruauté mettant à mal la quête d’une société<br />

apaisée. L’animal étant souvent le<br />

Par Hélène Thouy<br />

réceptacle <strong>de</strong> la violence humaine, s’il la canalise, en revanche<br />

il ne la résorbe pas.<br />

Le retour à ces pratiques d’un autre temps doit donc être<br />

combattu tant en ce qu’elles sont inacceptables du point <strong>de</strong><br />

vue <strong>de</strong> la protection animale, mais également dans la mesure<br />

où elles réactivent les plus bas instincts <strong>de</strong> l’homme<br />

et portent atteinte <strong>de</strong> ce fait à la nature humaine dans son<br />

ensemble.<br />

Pour ce faire, nous détaillerons le régime juridique applicable<br />

à la corrida, pour constater que celui-ci place la corrida<br />

au cœur d’un paradoxe juridique.<br />

Puis seront envisagés les pistes et angles d’attaque<br />

éventuels à son encontre, afin <strong>de</strong> ne pas tomber dans la résignation<br />

et <strong>de</strong> continuer à lutter contre son développement,<br />

à défaut d’espérer une interdiction totale <strong>de</strong> la corrida !<br />

RAPPEL HISTORIQUE<br />

Alors que la société protectrice <strong>de</strong>s animaux a été créée<br />

par <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins en 1846 en réaction principalement au<br />

sort qui était réservé aux chevaux, la première loi <strong>de</strong> protection<br />

animale est intervenue en 1850, dite loi Grammont.<br />

Cette loi comportait un article unique au terme duquel<br />

« seront punis d’une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 5 à 15 francs, et pourront<br />

l’être d’un à cinq jours <strong>de</strong> prison, ceux qui auront exercé<br />

publiquement et abusivement <strong>de</strong> mauvais traitements envers<br />

les animaux domestiques ». L’adverbe « publiquement »<br />

résulte d’un amen<strong>de</strong>ment parlementaire et limitait <strong>de</strong> façon<br />

important la portée <strong>de</strong> ce texte.<br />

L’apparition en <strong>France</strong> <strong>de</strong> la corrida « à l’espagnole » est<br />

postérieure à cette loi puisqu’elle date <strong>de</strong> 1853, à l’aube du<br />

Second Empire. Louis Napoléon Bonaparte, désormais au<br />

pouvoir, avait épousé une Espagnole, Eugénie <strong>de</strong> Montijo. Les<br />

organisateurs <strong>de</strong> corridas trouvaient là une oreille bienveillante<br />

en faveur <strong>de</strong> l’implantation <strong>de</strong> leur « spectacle » en <strong>France</strong>.<br />

La Loi Grammont heurtait <strong>de</strong> plein fouet l’existence<br />

même <strong>de</strong> la corrida ; ainsi, une circulaire du 27 juin 1884 du<br />

ministre <strong>de</strong> l’Intérieur Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau, rappelait l’interdiction<br />

<strong>de</strong>s corridas « à l’espagnole » au nom <strong>de</strong> la loi Grammont<br />

et sur l’ensemble du territoire. Pourtant, elle ne parvint<br />

pas à constituer un rempart à son encontre. Cette circulaire,<br />

par exemple, fut peu appliquée et ne permit pas d’enrayer<br />

le développement <strong>de</strong> la corrida.<br />

Au contraire, la loi du 24 avril 1951 a institué une dérogation<br />

à la loi Grammont en indiquant que celle-ci n’est pas<br />

applicable « aux courses <strong>de</strong> taureaux lorsqu’une tradition<br />

ininterrompue peut être invoquée ». La loi Grammont fut par<br />

la suite abrogée.<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

J U R i D i Q U E<br />

41


J U R i D i Q U E<br />

Le décret du 7 septembre 1959 institua une contravention<br />

dans le co<strong>de</strong> pénal pour mauvais traitements envers un animal<br />

domestique. Désormais les actes constituant <strong>de</strong>s mauvais traitements<br />

sur un animal domestique pouvaient être réprimandés,<br />

qu’ils aient été commis en public ou en privé.<br />

Ensuite, la loi du 19 novembre 1963 créa un délit d’acte<br />

<strong>de</strong> cruauté envers les animaux domestiques, apprivoisés ou<br />

tenus en captivité.<br />

Ce délit fut complété par celui <strong>de</strong> « sévices graves » par<br />

la loi du 10 juillet 1976. Cette loi permit en outre aux associations<br />

<strong>de</strong> protection animale reconnues d’utilité publique<br />

d’exercer les droits reconnus à la partie civile en ce qui<br />

concerne lesdites infractions lorsqu’elles portent un préjudice<br />

direct ou indirect aux intérêts qu’elles ont pour objet<br />

<strong>de</strong> défendre.<br />

C’est dans ce contexte - apparemment hostile à l’exercice<br />

<strong>de</strong> la corrida - qu’il convient d’appréhen<strong>de</strong>r le régime<br />

juridique applicable actuellement à cette <strong>de</strong>rnière afin <strong>de</strong> déterminer,<br />

autant que possible, son « champ d’autorisation ».<br />

RÉGIME JURIDIQUE ACTUEL DE LA CORRIDA<br />

Comme il vient d’être indiqué, le principe est l’interdiction<br />

<strong>de</strong>s mauvais traitements, actes <strong>de</strong> cruauté et sévices<br />

graves envers les animaux domestiques, apprivoisés ou tenus<br />

en captivité.<br />

Ainsi, le co<strong>de</strong> pénal prévoit plusieurs infractions <strong>de</strong>stinées<br />

à protéger les animaux domestiques, apprivoisés ou<br />

tenus en captivité.<br />

Les atteintes involontaires à la vie ou à l’intégrité <strong>de</strong> ces<br />

animaux sont passibles d’une contravention <strong>de</strong> 3 e classe.<br />

L’article R 653-1 du co<strong>de</strong> pénal sanctionne « le fait par maladresse,<br />

impru<strong>de</strong>nce, inattention, négligence ou manquement<br />

à une obligation <strong>de</strong> sécurité ou <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce imposée<br />

par la loi ou les règlements, d’occasionner la mort ou la<br />

blessure d’un animal domestique ou apprivoisé ou tenu en<br />

captivité ».<br />

Les atteintes volontaires commises à l’encontre <strong>de</strong> l’animal<br />

sont également sanctionnées par plusieurs peines.<br />

Par ordre croissant en fonction <strong>de</strong> la gravité <strong>de</strong> l’atteinte,<br />

la première infraction prévue par l’article R 654-1 du co<strong>de</strong><br />

pénal punit d’une contravention <strong>de</strong> 4 e classe « le fait, sans<br />

nécessité, publiquement ou non, d’exercer volontairement<br />

<strong>de</strong>s mauvais traitements envers un animal domestique ou<br />

apprivoisé ou tenu en captivité ».<br />

La secon<strong>de</strong> infraction pénale est réprimée par l’article<br />

R 655-1 qui prévoit qu’est puni par une contravention<br />

5 e classe « le fait, sans nécessité, publiquement ou non, <strong>de</strong><br />

donner volontairement la mort à un animal domestique ou<br />

apprivoisé ou tenu en captivité ».<br />

Enfin, les sévices graves et actes <strong>de</strong> cruauté commis<br />

envers les animaux sont sanctionnés par l’article 521-1 du<br />

co<strong>de</strong> pénal. Au terme <strong>de</strong> cet article, le délit constitué par « le<br />

fait, publiquement ou non, d’exercer <strong>de</strong>s sévices graves, ou<br />

<strong>de</strong> nature sexuelle, ou <strong>de</strong> commettre un acte <strong>de</strong> cruauté<br />

envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en<br />

captivité, est puni <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans d’emprisonnement et <strong>de</strong><br />

30 000 euros d’amen<strong>de</strong> ».<br />

Force est donc <strong>de</strong> constater que, par principe, la corrida<br />

se heurte à ces dispositions et est donc a priori interdite par<br />

notre droit.<br />

Il aurait donc été souhaitable <strong>de</strong> pouvoir terminer cet<br />

article sur le rappel <strong>de</strong> ce principe.<br />

Néanmoins, le législateur en a décidé autrement.<br />

En effet, bien que rentrant dans le champ d’application<br />

<strong>de</strong> ces infractions, la corrida bénéficie <strong>de</strong>puis 1951 d’une<br />

« dérogation » bienveillante.<br />

Ainsi, une fois énoncées dans leur principe par le texte<br />

législatif ou règlementaire, l’ensemble <strong>de</strong> ces infractions<br />

sont immédiatement suivies d’une dérogation : elles ne<br />

sont pas « applicables aux courses <strong>de</strong> taureaux lorsqu’une<br />

tradition locale ininterrompue peut être invoquée ».<br />

Une fois cette dérogation posée, indépendamment du fait<br />

qu’elle soit contestable tant sur le plan éthique que juridique,<br />

rien n’est en réalité réglé du problème <strong>de</strong> la corrida ; bien au<br />

contraire, elle est source d’un contentieux quasi intarissable.<br />

UN STATUT JURIDIQUE CONSUBSTANTIELLEMENT<br />

CONFLICTUEL<br />

Cette dérogation pose un problème important du fait<br />

<strong>de</strong> l’imprécision <strong>de</strong> son champ d’application et <strong>de</strong> la difficulté<br />

<strong>de</strong> connaître a priori les pratiques qu’elle permet <strong>de</strong><br />

légaliser.<br />

D’une part, le législateur reconnaît indirectement que la<br />

corrida est constitutive <strong>de</strong> mauvais traitements, d’actes <strong>de</strong><br />

cruauté et <strong>de</strong> sévices graves mais en autorise l’organisation<br />

à certaines conditions.<br />

D’autre part, l’appréciation <strong>de</strong> ces conditions est remise<br />

par le législateur au juge pénal, à qui est confiée la charge <strong>de</strong><br />

déterminer les pratiques légales en lui laissant une marge<br />

<strong>de</strong> manœuvre trop importante, marge qui - pour l’heure -<br />

n’a pas été <strong>de</strong>s plus favorables à la protection <strong>de</strong> l’animal !<br />

La jurispru<strong>de</strong>nce est donc venue éclaircir, à défaut <strong>de</strong><br />

restreindre, les limites <strong>de</strong> cette dérogation.<br />

- La notion <strong>de</strong> « course <strong>de</strong> taureaux »<br />

Tout d’abord, concernant la notion <strong>de</strong> « course <strong>de</strong> taureaux<br />

», la cour d’appel <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux a considéré en 1<strong>98</strong>4<br />

« qu’un taureau tué sans combat préalable d’un coup d’épée<br />

en présence <strong>de</strong> quelques personnes dans une arène, ne<br />

pouvait être considéré comme tué au cours d’une course<br />

<strong>de</strong> taureaux » (CA Bor<strong>de</strong>aux, 5 juillet 1<strong>98</strong>4).<br />

Néanmoins, la cour d’appel <strong>de</strong> Nîmes a, dans un arrêt<br />

récent, adopté une acception large <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> « course<br />

<strong>de</strong> taureaux » estimant que le législateur n’avait assujetti sa<br />

définition d’aucune condition <strong>de</strong> forme ou <strong>de</strong> fond (CA Nîmes,<br />

ch. corr., 1 er <strong>décembre</strong> 2000).<br />

Il résulte <strong>de</strong> cet arrêt que, dans la mesure où la loi ne<br />

procè<strong>de</strong> à aucune définition <strong>de</strong> la course <strong>de</strong> taureaux, aucune<br />

forme <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> « spectacle » ne peut a priori être<br />

exclue lorsque l’immunité est invoquée.<br />

42 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


- La notion <strong>de</strong> tradition « locale »<br />

Ensuite, la notion <strong>de</strong> tradition « locale » a fait l’objet d’une<br />

interprétation jurispru<strong>de</strong>ntielle.<br />

Depuis un arrêt <strong>de</strong> 1972 <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> cassation, la<br />

jurispru<strong>de</strong>nce considère que l’expression « locale » doit être<br />

prise dans le sens « d’ensemble démographique » (Cour <strong>de</strong><br />

cassation, chambre criminelle, 27 mai 1972).<br />

Cet arrêt est d’une gran<strong>de</strong> importance en ce qu’il considère<br />

que l’expression « local » dépasse le territoire d’une<br />

seule commune et s’étend à un territoire beaucoup plus<br />

vaste. Ainsi, une commune n’ayant jamais accueilli <strong>de</strong> corrida<br />

peut en accueillir si celle-ci se trouve dans un « ensemble<br />

démographique » dans lequel il existe une telle tradition<br />

ininterrompue.<br />

Ainsi par cette interprétation<br />

extensive est consacrée<br />

l’existence <strong>de</strong> régions<br />

<strong>de</strong> tradition taurine. Loin<br />

<strong>de</strong> limiter la pratique <strong>de</strong> la<br />

corrida, pourtant volonté<br />

initiale du législateur, la jurispru<strong>de</strong>nce<br />

en favorise le<br />

développement.<br />

Le point d’orgue <strong>de</strong><br />

cette jurispru<strong>de</strong>nce est<br />

certainement un arrêt rendu<br />

par la cour d’appel <strong>de</strong><br />

Toulouse et confirmé par<br />

la Cour <strong>de</strong> cassation à propos<br />

<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Rieumes,<br />

qui reconnaît l’existence<br />

d’une forte tradition taurine<br />

« dans le midi <strong>de</strong> la <strong>France</strong><br />

entre le pays d’Arles et le<br />

pays basque, entre garrigue<br />

et Méditerranée, entre<br />

Pyrénées et Garonne, en Provence, Languedoc, Catalogne,<br />

Gascogne, Lan<strong>de</strong>s et Pays Basque »…(CA <strong>de</strong> Toulouse,<br />

3 avril 2000, <strong>Association</strong> Las Ferias en Saves contre <strong>Association</strong><br />

société naturelle pour la défense <strong>de</strong>s animaux ; Cour<br />

<strong>de</strong> cassation, 2 e chambre civile, 22 novembre 2001).<br />

Le juge précè<strong>de</strong> alors la volonté <strong>de</strong>s partisans <strong>de</strong> la corrida<br />

: la tradition est créée là où elle n’est même pas (encore<br />

?) revendiquée !<br />

- La notion <strong>de</strong> caractère « ininterrompu »<br />

Cet arrêt est également « remarquable » quant à l’appréciation<br />

qu’il fait du caractère « ininterrompu » <strong>de</strong> la tradition<br />

exigé pour que la corrida puisse bénéficier <strong>de</strong> l’immunité.<br />

La cour estime en effet que « la seule absence ou disparition<br />

d’arènes en dur qui peut résulter <strong>de</strong> circonstances<br />

diverses » ne peut être considérée comme « la preuve<br />

évi<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la disparition <strong>de</strong> la tradition qui se manifeste<br />

aussi par la vie <strong>de</strong>s clubs taurins locaux, l’organisation <strong>de</strong><br />

manifestations artistiques et culturelles autour <strong>de</strong> la corrida<br />

et le déplacement organisé ou non <strong>de</strong>s aficionados lo-<br />

caux vers les places actives voisines ou plus éloignées ».<br />

Or, cette interprétation s’éloigne encore <strong>de</strong> la volonté<br />

initiale du législateur. Le caractère « ininterrompu » d’une tradition<br />

ne peut se satisfaire <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong> quelques personnes<br />

pour la pratique <strong>de</strong> la corrida en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> tout élément<br />

matériel. La notion <strong>de</strong> tradition ou <strong>de</strong> coutume exige que soit<br />

réunis un élément matériel et un élément psychologique.<br />

L’absence d’organisation <strong>de</strong> corrida <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses<br />

années dans les lieux où elle est revendiquée <strong>de</strong>vrait<br />

suffire à caractériser l’absence d’élément matériel et par là<br />

même l’absence <strong>de</strong> tradition.<br />

Néanmoins, la jurispru<strong>de</strong>nce n’est pas une science exacte<br />

et la même formation <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> cassation a annulé<br />

un arrêt <strong>de</strong> la cour d’appel <strong>de</strong> Toulouse qui avait reconnu la<br />

légalité d’une autre course <strong>de</strong> taureaux dans la même ville<br />

<strong>de</strong> Rieumes, en cause dans l’arrêt cité plus haut du 3 avril<br />

2000 (Cour <strong>de</strong> cassation, 2 e civ, 10 juin 2004, <strong>Association</strong><br />

Alliance pour la suppression <strong>de</strong>s corridas contre <strong>Association</strong><br />

Las Ferias en Saves).<br />

La Cour <strong>de</strong> cassation a en effet estimé que la cour d’appel<br />

n’avait pas précisé si la localité en cause était bien située<br />

dans un ensemble démographique local où l’existence<br />

d’une tradition taurine ininterrompue se caractérisait par<br />

l’organisation régulière <strong>de</strong> corridas. Cet arrêt <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong><br />

cassation semble donc restreindre la tradition taurine au cas<br />

où elle se caractérise « par l’organisation <strong>de</strong> corridas » dans<br />

l’ensemble démographique local concerné.<br />

Les partisans <strong>de</strong> la corrida y verront l’ajout d’une exigence<br />

jurispru<strong>de</strong>ntielle mais non textuelle, alors que ses détracteurs<br />

pourront considérer que ce « revirement » <strong>de</strong> jurispru<strong>de</strong>nce<br />

était rendu nécessaire par la considérable extension<br />

<strong>de</strong> la dérogation opérée par les arrêts précé<strong>de</strong>nts.<br />

Ainsi, si la notion <strong>de</strong> tradition « locale » semble s’être<br />

stabilisée et clarifiée, en revanche la notion « ininterrompue »<br />

est encore floue et propre à entretenir le contentieux.<br />

LA CORRIDA : UN PARADOXE JURIDIQUE<br />

Le paradoxe tient à ce que la corrida ne trouve sa légitimité<br />

et sa légalité que grâce à un texte… répressif !<br />

En effet, la particularité <strong>de</strong> la corrida tient au fait que son<br />

existence n’est légale que grâce à l’article 521-1 du co<strong>de</strong><br />

pénal, un texte qui réprime les actes <strong>de</strong> cruauté envers les<br />

animaux. D’où le paradoxe, puisque la loi pénale a pour but<br />

<strong>de</strong> réprimer <strong>de</strong>s comportements, <strong>de</strong>s faits, mais non <strong>de</strong><br />

les autoriser !<br />

Il s’agit là probablement du seul exemple <strong>de</strong> notre droit<br />

où la loi pénale assume cette fonction.<br />

Souvent présenté comme un fait justificatif aux infractions<br />

<strong>de</strong> mauvais traitements et actes <strong>de</strong> cruauté envers les<br />

animaux, ce texte s’éloigne néanmoins par sa portée <strong>de</strong> la<br />

notion juridique <strong>de</strong> « fait justificatif » En effet, la commission<br />

<strong>de</strong> ces infractions n’est justifiée que sur une partie du territoire,<br />

alors même que le principe <strong>de</strong> loi pénale implique son<br />

application uniforme et que la notion <strong>de</strong> « fait justificatif » ne<br />

connaît aucune limite territoriale.<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

J U R i D i Q U E 43


J U R i D i Q U E<br />

En outre, ses contours d’autorisation étant flous, ce<br />

n’est qu’a posteriori que la corrida aura l’assurance d’avoir<br />

été légale, lorsque le juge se sera prononcé. Cependant,<br />

la sécurité juridique exige que l’auteur d’un fait sache par<br />

avance si celui-ci est ou non constitutif d’une infraction. Ainsi,<br />

les textes souhaitant donner une assise juridique et une<br />

sécurité à la corrida l’ont dans les faits rendue précaire et<br />

constamment susceptible d’être remise en cause, le juge<br />

n’étant ni lié par les décisions administratives qui auraient<br />

pu être prises en la matière, ni par la jurispru<strong>de</strong>nce.<br />

L’organisation d’une corrida dans un même lieu mais à<br />

une date différente pourra ainsi donner lieu à une solution<br />

différente !<br />

De plus, la jurispru<strong>de</strong>nce contribue à limiter l’importance<br />

du critère <strong>de</strong> territorialité contenu dans l’expression « tradition<br />

locale » et permettant d’apprécier la légalité ou non <strong>de</strong><br />

la corrida, puisque qu’elle considère que « la retransmission<br />

intégrale <strong>de</strong>s courses <strong>de</strong> taureaux n’est pas constitutive <strong>de</strong><br />

provocation à une activité délictueuse, plus particulièrement<br />

à l’organisation <strong>de</strong> courses dans <strong>de</strong>s régions où elles ne<br />

sont pas <strong>de</strong> tradition » (CA Paris, 13 février 1992).<br />

Ainsi, alors que l’organisation <strong>de</strong> corridas dans <strong>de</strong>s lieux<br />

ne pouvant se revendiquer <strong>de</strong> tradition taurine constitue une<br />

infraction pénale, la retransmission <strong>de</strong> ces « spectacles » en<br />

ces lieux ne pose aucune difficulté…<br />

S’il est certain en effet que la retransmission <strong>de</strong> corridas<br />

ne peut pas être sanctionnée sur le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s<br />

articles 521-1, R 654-1 et R 655-1 du co<strong>de</strong> pénal, faute<br />

pour la corrida <strong>de</strong> s’être matériellement déroulée dans un<br />

lieu où elle est interdite, on peut en revanche considérer que<br />

cette retransmission constitue une publicité à une infraction<br />

pénale à défaut d’être une provocation…<br />

On voit donc que par cette solution, la jurispru<strong>de</strong>nce participe<br />

un peu plus encore à la marginalisation du critère territorial<br />

pourtant garant <strong>de</strong> l’encadrement strict <strong>de</strong> la corrida.<br />

Le régime actuel <strong>de</strong>s courses <strong>de</strong> taureaux n’est donc ni<br />

satisfaisant pour les défenseurs <strong>de</strong>s animaux, ni complètement<br />

pour leurs partisans, ce qui laisse présager une évolution<br />

<strong>de</strong> la législation.<br />

LES PERSPECTIVES DE SANCTION<br />

ET D’INTERDICTION DE LA CORRIDA<br />

L’opposition à l’organisation <strong>de</strong> corridas peut prendre la<br />

forme d’action en référé <strong>de</strong>vant le juge judiciaire aux fins<br />

que celui-ci ordonne l’interdiction <strong>de</strong> celle-ci ou qu’il l’assortisse<br />

<strong>de</strong> limites.<br />

Si le juge <strong>de</strong>s référés n’a pas donné gain <strong>de</strong> cause, une<br />

action au fond <strong>de</strong>vant le juge pénal, pour mauvais traitements,<br />

actes <strong>de</strong> cruauté ou sévices graves pourra également<br />

être envisagé après le déroulement <strong>de</strong> la corrida.<br />

Concernant les pouvoirs <strong>de</strong> l’autorité administrative, si<br />

<strong>de</strong>puis la loi du 18 mars 1999 l’organisation <strong>de</strong> corrida n’est<br />

plus soumise à autorisation préalable du maire, il pourra<br />

néanmoins faire usage <strong>de</strong> ses pouvoirs <strong>de</strong> police s’il existe<br />

un risque d’atteinte à la sécurité publique, à la tranquillité<br />

publique ou à la salubrité publique. Le maire ne pourra cependant<br />

pas se prévaloir <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> tradition locale<br />

pour interdire la corrida sous peine <strong>de</strong> voir son arrêté annulé<br />

par le juge administratif. En effet, il n’entre pas dans la compétence<br />

du maire d’apprécier l’existence d’une « tradition<br />

locale » pour interdire ou autoriser une corrida. Cette appréciation<br />

n’appartient qu’au juge pénal ou au législateur s’il<br />

décidait <strong>de</strong> se saisir <strong>de</strong> la question.<br />

Le législateur offre également <strong>de</strong>s perspectives en la<br />

matière quant à une éventuelle interdiction <strong>de</strong> ces pratiques.<br />

Une proposition <strong>de</strong><br />

loi visant à supprimer la dérogation<br />

prévue au nom <strong>de</strong><br />

tradition locale ininterrompue<br />

a ainsi été déposée<br />

le 27 septembre 2007.<br />

Une autre proposition<br />

<strong>de</strong> loi du 16 octobre 2007<br />

<strong>de</strong>mandait la création d’une<br />

commission d’enquête sur<br />

l’argent <strong>de</strong> la corrida en<br />

<strong>France</strong>, sur son réel poids et ses enjeux économiques locaux,<br />

sur son opacité financière et sur la régularité <strong>de</strong> la<br />

mobilisation d’argent public et <strong>de</strong>s pratiques commerciales<br />

qui la soutiennent.<br />

Le problème <strong>de</strong> l’accès <strong>de</strong>s jeunes à la corrida est également<br />

une question récurrente dont il est souvent proposé<br />

qu’elle leur soit interdite.<br />

La question <strong>de</strong> la corrida n’est donc pas close et sa légitimité<br />

<strong>de</strong>meure précaire.<br />

Les moyens financiers et les métho<strong>de</strong>s agressives et<br />

insidieuses employées par le lobby taurin ne doivent pas<br />

décourager les associations <strong>de</strong> défense animale qui doivent<br />

poursuivre leurs actions tant ponctuelles que durables en<br />

faveur <strong>de</strong> l’interdiction totale <strong>de</strong> la corrida.<br />

Sources :<br />

www.legifrance.gouv<br />

www.assemblee-nationale.fr<br />

Ouvrages :<br />

- Jurisclasseur Administratif<br />

- Dimitri MIEUSSENS, L’exception corrida : <strong>de</strong> l’importance majeure d’une entorse mineure,<br />

l’Harmattan<br />

Revues :<br />

- Détermination <strong>de</strong>s lieux autorisés à organiser <strong>de</strong>s corridas dites « à l’espagnole »,<br />

E. Monredon, La semaine juridique édition générale n° 37, 13 septembre 1995, II<br />

22483<br />

- Le maintien <strong>de</strong> la tradition taurine doit s’apprécier dans le cadre d’un ensemble démographique,<br />

P. Deumier, La semaine juridique édition générale n° 39, 27 septembre<br />

2000, II 10390<br />

- Définition <strong>de</strong> la course <strong>de</strong> taureaux, E. Monredon, La semaine juridique édition générale<br />

n° 4, 23 janvier 2002, II 10016<br />

- Quand la réalité dépasse l’aficion, X. Daverat, La semaine juridique édition générale<br />

n° 19, 8 mai 2002, II 10073<br />

- La tradition locale et la force <strong>de</strong> la règle <strong>de</strong> droit, N. Molfessis, Revue trimestrielle <strong>de</strong><br />

droit civil 2002, p. 181<br />

- La secon<strong>de</strong> chambre civile <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> cassation se prononce sur la question<br />

<strong>de</strong>s courses <strong>de</strong> taureaux, E. Monredon, La semaine juridique édition générale n° 43,<br />

20 octobre 2004, II 10162<br />

- Caractère ininterrompu <strong>de</strong> la tradition locale <strong>de</strong> courses <strong>de</strong> taureaux, E. Monredon,<br />

La semaine juridique édition générale n° 19, 10 mai 2006, II 10073<br />

- La tradition tauromachique, source sentimentale du droit, P. Deumier, Revue trimestrielle<br />

<strong>de</strong> droit civil 2007, p. 57<br />

44 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


Acheter local est<br />

inefficace…<br />

Une récente étu<strong>de</strong><br />

conduite par <strong>de</strong>s chercheurs <strong>de</strong> la Carnegie Mellon<br />

University (Pittsburgh, USA), portant sur l’impact<br />

écologique <strong>de</strong> l’alimentation, a montré que la<br />

réduction d’empreinte écologique est plus efficace<br />

quand on modifie son alimentation<br />

dans le sens végétal que lorsqu’on s’oriente vers<br />

l’achat <strong>de</strong> produits locaux [1]<br />

LES AUTEURS POINTENT le fait que la question <strong>de</strong>s<br />

« km-alimentaires » (food-miles), une mesure <strong>de</strong> la distance<br />

parcourue par un produit entre son lieu <strong>de</strong> production (ferme<br />

ou usine) et le détaillant, a été un thème récurrent <strong>de</strong> fixation<br />

dans le débat sur l’« alimentation durable », <strong>de</strong>puis qu’une étu<strong>de</strong><br />

britannique a forgé le terme au début <strong>de</strong>s années 90 [2] .<br />

Toutefois, d’autres voix se sont élevées pour mettre l’accent<br />

sur les impacts environnementaux <strong>de</strong> l’élevage, avec<br />

en point d’orgue le rapport <strong>de</strong> l’Agence <strong>de</strong>s Nations Unies<br />

pour l’agriculture (FAO), Livestock’s Long Shadow, montrant<br />

que le secteur <strong>de</strong> l’élevage est plus polluant au niveau mondial<br />

que le secteur <strong>de</strong>s transports [3] .<br />

Pour quantifier l’importance relative du contenu <strong>de</strong> l’assiette<br />

et <strong>de</strong> la provenance <strong>de</strong>s aliments qui la composent,<br />

les auteurs ont utilisé la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’« analyse entrée-sortie<br />

du cycle <strong>de</strong> vie » (input-output life-cycle assessment),<br />

formalisée à l’origine par l’économiste américain d’origine<br />

russe Leontief dans les années 30 [4] . Les détails du modèle<br />

sont donnés dans l’article <strong>de</strong>s auteurs.<br />

En termes d’impact global, il apparaît que chaque ménage<br />

(étasunien) est responsable <strong>de</strong> l’émission <strong>de</strong> 8,1 tonnes<br />

d’équivalent-carbone (t eq-C0 2 ) par an pour sa nourriture,<br />

dont la plus gran<strong>de</strong> part, 6,8 t (84 %), provient <strong>de</strong> la production<br />

elle-même ; la totalité <strong>de</strong>s transports <strong>de</strong> marchandises<br />

nécessaires à l’élaboration <strong>de</strong>s aliments ne compte que<br />

pour 0,9 t (11 %), dont 0,36 t seulement proviennent <strong>de</strong>s<br />

« km-alimentaires » au sens classique, du lieu <strong>de</strong> production<br />

effective <strong>de</strong> l’aliment jusqu’au détaillant où le consommateur<br />

vient se servir. La manipulation par les grossistes et<br />

détaillants rajoute encore 0,4 t (5 %).<br />

Pourtant, font remarquer les auteurs, la nourriture<br />

consommée annuellement par un ménage moyen « parcourt<br />

» au total la conséquente distance <strong>de</strong> 6 760 km.<br />

L’importance du processus <strong>de</strong> produc-<br />

tion par rapport au transport est ainsi démontrée.<br />

Rentrant dans le détail, on constate que l’impact climatique<br />

<strong>de</strong> l’alimentation est principalement dû aux vian<strong>de</strong>s<br />

dites « rouges » (30 % <strong>de</strong>s 8,1 t eq-C0 2 ), suivies par les produits<br />

laitiers (18 %). Les groupes <strong>de</strong>s fruits et légumes, <strong>de</strong>s<br />

céréales et légumineuses, <strong>de</strong>s volailles, poissons et œufs,<br />

sont sensiblement équivalents, avec environ 10 % chacun.<br />

Les chercheurs se sont aussi intéressés à savoir ce<br />

que chaque unité monétaire dépensée pour l’alimentation<br />

coûte en termes d’empreinte écologique. On s’aperçoit<br />

alors qu’1 dollar dépensé en fruits, légumes, céréales ou<br />

légumineuses (donc <strong>de</strong> façon végétalienne), ne coûte que<br />

0,94 kg eq-C0 2 , mais que le groupe volailles-poissons-œufs<br />

coûte 23 % <strong>de</strong> plus, les produits laitiers 183 % <strong>de</strong> plus, et<br />

les vian<strong>de</strong>s rouges 203 % <strong>de</strong> plus.<br />

Une même dépense alimentaire peut donc être facilement<br />

réorientée vers un comportement écologique vertueux<br />

en végétalisant l’alimentation.<br />

Finalement, les auteurs relativisent l’importance du<br />

concept <strong>de</strong> « consommation locale » :<br />

« Les résultats <strong>de</strong> nos analyses montrent que du fait <strong>de</strong><br />

l’importance <strong>de</strong>s sources d’émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre<br />

(GES) lors du processus <strong>de</strong> production <strong>de</strong> la nourriture,<br />

un ménage américain moyen ne peut espérer réduire son<br />

impact écologique que <strong>de</strong> 4 à 5 % en achetant localement.<br />

Passer seulement 1 jour par semaine à une alimentation<br />

végétale se traduit par à peu près le même effet bénéfique<br />

qu’acheter toute sa nourriture à <strong>de</strong>s producteurs locaux. »<br />

En guise d’illustration, les auteurs utilisent également<br />

l’image comparative classique avec la voiture :<br />

« Une alimentation totalement localisée réduit les émissions<br />

<strong>de</strong> GES d’une quantité équivalant à 1 600 km/an<br />

en voiture. Mais une alimentation végétale 1 jour par semaine<br />

réduit les émissions <strong>de</strong> 1 860 km/an. Végétaliser<br />

complètement son alimentation réduit les émissions <strong>de</strong><br />

13 000 km/an. »<br />

Les auteurs concluent logiquement qu’un changement<br />

alimentaire est une façon bien plus efficace <strong>de</strong> réduire<br />

l’empreinte écologique alimentaire <strong>de</strong>s ménages que<br />

d’acheter <strong>de</strong>s produits locaux. <br />

Sources :<br />

[1] Christopher Weber, Scott Matthews. Food-miles and the Relative Climate Impacts<br />

of Food Choices in the United States. Environ. Sci. Technol. 2008, 42, 3508-3513.<br />

[2] Paxton A. The Food Miles Report : the Dangers of Long Distance Food Transport.<br />

Safe Alliance, London, 1994.<br />

[3] Steinfeld H et al. Livestock’s Long Shadow : Environmental Issues and Options.<br />

United Nations Food and Agriculture Organization, Rome, 2006, pp 1-408.<br />

[4] Leontief W. Environmental Repercussions and the Economic Structure: An Input-<br />

Output Approach. Rev. Econ. Statistics 1970, 52 (3), 262-271.<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

É C O L O G i E<br />

45


É C O L O G i E<br />

46<br />

Rouler<br />

plutôt que<br />

marcher ???<br />

CHRIS GOODALL est un écologiste membre <strong>de</strong>s Verts<br />

britanniques et spécialiste <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> changement<br />

climatique. Il est chroniqueur<br />

dans le journal<br />

The In<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nt et apparaît<br />

régulièrement sur<br />

les écrans. Il est également<br />

écrivain et tient un<br />

site Internet spécialisé<br />

dans les jugements incisifs<br />

sur les questions<br />

climatiques [1] .<br />

Un <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>rniers<br />

ouvrages, How to Live a Low-carbon Life, (« Comment vivre<br />

en émettant peu <strong>de</strong> carbone », non traduit en français)<br />

a reçu en 2007 le prix américain Clarion, qui récompense<br />

clarté et concision dans le domaine <strong>de</strong> la communication.<br />

Quelqu’un <strong>de</strong> sérieux, donc… et qui pourtant utilise <strong>de</strong>s<br />

arguments inattendus pour mettre le doigt là où ça chauffe<br />

le plus.<br />

Exemple tiré du site NaturaVox, qui a extrait du livre <strong>de</strong><br />

Chris Goodall la preuve qui tue [2] :<br />

« Produire <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> est un désastre environnemental<br />

tel qu’il vaudrait mieux faire moins d’efforts pour en manger<br />

le moins possible :<br />

Récemment, l’écologiste Chris Goodall a soutenu, calculatrice<br />

en main, qu’il est moins dommageable pour l’environnement<br />

<strong>de</strong> prendre sa voiture que <strong>de</strong> marcher pour<br />

se rendre au supermarché. Dans How to Live a Low-Carbon<br />

Life, Goodall est formel : alors que la conduite d’une voiture<br />

britannique typique sur une distance <strong>de</strong> 3 milles [4,8 km]<br />

ajoute environ 0,9 kg <strong>de</strong> CO 2 dans l’atmosphère, marcher<br />

l’équivalent fait dépenser environ 180 calories et il faudra<br />

alors ingérer 100 g <strong>de</strong> bœuf pour les récupérer, la production<br />

du dit bœuf se traduisant par l’émission d’environ 3,6 kg <strong>de</strong><br />

CO 2 . Le problème, c’est que la consommation mondiale <strong>de</strong><br />

la vian<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s autres produits alimentaires <strong>de</strong> l’élevage est<br />

en hausse constante… »<br />

Si l’on résume cela <strong>de</strong> façon simple, marcher nécessite<br />

un apport énergétique dont la production – en vian<strong>de</strong><br />

– est 4 fois plus polluante que le fait <strong>de</strong> prendre la voiture…<br />

! Autrement dit, pour moins polluer, l’alternative est<br />

simple : soit vous prenez votre voiture, soit vous <strong>de</strong>venez<br />

végétarien !<br />

Et le site Internet du journal The Times, dans un article rendant<br />

compte du livre <strong>de</strong> Goodall, en rajoute une couche [3] :<br />

« Et si, au lieu <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> bœuf, notre marcheur boit<br />

du lait ? Pour récupérer les calories dépensées par la marche,<br />

une personne moyenne <strong>de</strong>vra prendre 420 ml <strong>de</strong> lait ;<br />

pour produire ce lait, l’industrie laitière mo<strong>de</strong>rne relâche<br />

l’équivalent <strong>de</strong> 1,2 kg CO2, ce qui cause encore davantage<br />

<strong>de</strong> pollution que le trajet en voiture. »<br />

Surprenant, tout ça… Comme il est connu que la pratique<br />

régulière <strong>de</strong> la marche est bonne pour la santé, la seule<br />

façon logique <strong>de</strong> s’en sortir est <strong>de</strong> marcher ET manger végétalien.<br />

Comme il est aussi connu qu’une bonne alimentation<br />

végétale est bénéfique pour la santé, pourquoi se priver <strong>de</strong><br />

cette synergie ? <br />

Sources :<br />

[1] http://www.guardian.co.uk/profile/chrisgoodall et http://www.carboncommentary.com/<br />

[2] http://www.naturavox.fr/Nous-marchons-allegrement-vers-notre-perte.html -<br />

« Consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> : nous marchons allégrement à notre perte », Michel Monette,<br />

16 août 2007.<br />

[3] http://www.timesonline.co.uk/tol/news/science/article2195538.ece - « Walking to the<br />

shops damages planet more than going by car », Dominic Kennedy, 4 août 2007.<br />

La cause du mal<br />

est connue…<br />

LA POLLUTION par les algues vertes en décomposition<br />

a marqué l’été <strong>2009</strong> en Bretagne. Fin juillet, à Saint-Michelen-Grève<br />

(Côtes-d’Armor), cette pollution a causé la mort<br />

d’un cheval par intoxication et mis en danger la vie <strong>de</strong> son<br />

cavalier. Le 7 septembre, le décès d’un salarié qui transportait<br />

<strong>de</strong>s algues vertes a décidé le parquet <strong>de</strong> Saint-Brieuc à<br />

ouvrir une enquête préliminaire.<br />

Dans un article du Mon<strong>de</strong> traitant <strong>de</strong> cette question, la<br />

V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s


V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


journaliste Gaëlle Dupont a donné en quelques lignes un<br />

parfait résumé <strong>de</strong> la situation. Nous le reprenons tel quel<br />

ci-après :<br />

« La cause du mal est connue : trop d’élevages (60 %<br />

<strong>de</strong>s porcs, 55 % <strong>de</strong>s volailles et 28 % <strong>de</strong>s vaches laitières<br />

<strong>de</strong> <strong>France</strong>) sur une trop petite surface. Les terres sont saturées<br />

<strong>de</strong> déjections animales, utilisées pour les fertiliser,<br />

et gorgées d’engrais chimiques. Les nitrates excé<strong>de</strong>ntaires<br />

se retrouvent dans les rivières. La concentration moyenne<br />

dans les rivières bretonnes était <strong>de</strong> 5 milligrammes par litre<br />

en 1971. Elle a atteint le taux record <strong>de</strong> 38 mg/l en 19<strong>98</strong>.<br />

Au moins une quinzaine <strong>de</strong> captages d’eau potable dont les<br />

taux dépassaient 50 mg par litre ont été fermés. »<br />

Sachant, comme le dit l’article, que « l’agriculture, mais<br />

aussi toute la filière agroalimentaire, représente un poids<br />

économique considérable en Bretagne, estimé à 40 % du<br />

chiffre d’affaires régional », il est illusoire <strong>de</strong> penser que les<br />

choses vont évoluer rapi<strong>de</strong>ment.<br />

Raison <strong>de</strong> plus pour exiger avec l’AVF que l’on instaure<br />

rapi<strong>de</strong>ment partout en <strong>France</strong> une journée végétarienne par<br />

semaine ! (Voir www.unjoursansvian<strong>de</strong>.fr). <br />

Source :<br />

Le Mon<strong>de</strong> du 11.09.09 – « Pollution en Bretagne : 700 millions d’euros publics dépensés<br />

en vain », Gaëlle Dupont.<br />

Je suis <strong>de</strong>venu<br />

végétarien car…<br />

LE CENTRE D’ACTUALITÉS <strong>de</strong> l’ONU a publié le 11 septembre<br />

<strong>2009</strong> un long entretien avec le prési<strong>de</strong>nt du Groupe<br />

d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, Rajendra<br />

Pachauri.<br />

Celui explique que l’implication <strong>de</strong>s activités humaines<br />

dans le changement climatique ne fait plus aucun doute,<br />

mais que « les dirigeants dans la plupart <strong>de</strong>s pays, même<br />

s’ils comprennent ce qui doit être fait, se cachent <strong>de</strong>rrière<br />

<strong>de</strong>s intérêts dits nationaux, étroits et à très court terme ».<br />

À la question <strong>de</strong> savoir ce que les gens au niveau individuel<br />

peuvent faire pour lutter contre le changement climatique,<br />

Rajendra Pachauri cite son propre exemple :<br />

« En termes <strong>de</strong> style <strong>de</strong> vie, je fais attention à ne pas<br />

être un trop grand consommateur. Je ne suis pas un consumériste,<br />

qui achète et jette. Je fais attention concernant les<br />

moyens <strong>de</strong> transport que j’utilise dans ma vie quotidienne.<br />

Je m’assure <strong>de</strong> maintenir le thermostat du climatiseur à un<br />

niveau élevé afin <strong>de</strong> sentir un certain <strong>de</strong>gré d’inconfort. Plus<br />

important, je suis <strong>de</strong>venu végétarien avec les années parce<br />

que la production <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> est extrêmement consommatrice<br />

d’énergie. »<br />

On remarquera que Pachauri dit bien « Plus important…<br />

». C’est pourquoi la campagne <strong>de</strong> l’AVF pour un jour<br />

végétarien généralisé toutes les semaines www.unjoursansvian<strong>de</strong>.fr<br />

est si nécessaire ! <br />

Source : http://www.un.org/apps/newsFr/newsmakersF.asp?NewsID=10<br />

Qui en veut à la<br />

couche d’ozone ?<br />

« LA TRAQUE MINUTIEUSE <strong>de</strong>s gaz à effet <strong>de</strong> serre<br />

oblige parfois à s’intéresser aux replis les plus obscurs et<br />

improbables <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> production. En peu <strong>de</strong> temps,<br />

flatulences et borborygmes bovins sont ainsi <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s<br />

objets d’étu<strong>de</strong>s aussi respectés que d’autres, en raison <strong>de</strong><br />

leur importante contribution au changement climatique ».<br />

En peu <strong>de</strong> mots, le décor est posé par Stéphane Foucart,<br />

dans un article paru dans Le Mon<strong>de</strong> du 01.09.09. L’« objet<br />

d’étu<strong>de</strong>s » dont il est ici question est… le lisier généré par<br />

les animaux d’élevage. L’article cite une récente étu<strong>de</strong> parue<br />

dans la revue Nature Geoscience, et publiée en ligne<br />

dimanche 30 août, dans laquelle Eric Davidson, biogéochimiste<br />

au Woods Hole Research Center du Massachusetts,<br />

entend attirer l’attention <strong>de</strong>s climatologues et <strong>de</strong>s responsables<br />

politiques sur les effluents <strong>de</strong>s exploitations agricoles :<br />

« Selon les calculs du biogéochimiste, la production animale<br />

est, par fumier interposé, responsable <strong>de</strong> l’émission<br />

annuelle <strong>de</strong> 2,8 millions <strong>de</strong> tonnes d’oxy<strong>de</strong> nitreux. Dans<br />

le modèle <strong>de</strong> M. Davidson, le lisier est la première cause<br />

d’augmentation <strong>de</strong> la concentration atmosphérique <strong>de</strong> ce<br />

gaz, passé d’un niveau préindustriel <strong>de</strong> 270 parties par milliard<br />

(ppb) à 319 ppb en 2005 ».<br />

Et ce n’est pas fini… :<br />

« Alors que la part <strong>de</strong>s protéines animales dans les régimes<br />

alimentaires augmente globalement, la gestion du lisier<br />

sera une composante importante <strong>de</strong>s efforts à venir pour<br />

réduire les émissions anthropiques d’oxy<strong>de</strong> nitreux », prévient<br />

Eric Davidson.<br />

Le problème supplémentaire est qu’en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> son<br />

effet sur le réchauffement climatique (c’est le quatrième gaz<br />

à effet <strong>de</strong> serre anthropogénique le plus important, après<br />

le dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone, le méthane et le chlorofluorocarbure-12),<br />

l’oxy<strong>de</strong> nitreux contribue aussi à détruire la couche<br />

d’ozone, et ses émissions ne sont même pas réglementées<br />

par le Protocole <strong>de</strong> Montréal (1992), qui avait donné un coup<br />

d’arrêt à la fabrication <strong>de</strong>s chlorofluorocarbures (CFC)…<br />

Vous reprendrez bien un peu <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, pardon…, <strong>de</strong><br />

trou dans la couche d’ozone ? <br />

Source :<br />

Le Mon<strong>de</strong> du 01.09.09 – « Lisier et engrais sont <strong>de</strong>venus les ennemis numéro un <strong>de</strong><br />

la couche d’ozone », Stéphane Foucart.<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

É C O L O G i E<br />

49


L A V i E D E L’ A S S O C i A T i O N<br />

50<br />

Salon Biozone<br />

Compte-rendu d’Isabelle Dudouet-Bercegeay<br />

Biozone – Mûr-<strong>de</strong>-Bretagne (22) – 12 et 13 septembre <strong>2009</strong>. Étaient présents : Nikol du Finistère, Lisa du Morbihan (elle venait<br />

ai<strong>de</strong>r quand elle n’était pas <strong>de</strong> permanence aux entrées <strong>de</strong> la foire bio), Stéphane, Maïwenn, et moi-même. Pour cette édition <strong>2009</strong>,<br />

nous avons clôturé ces <strong>de</strong>ux journées avec 17 adhésions ! Un grand bravo à<br />

Nikol et Isa, qui expérimentaient ce salon sous ma (bienveillante) direction.<br />

Beaucoup <strong>de</strong> personnes, en quittant le stand, le stock <strong>de</strong> docs sous le bras,<br />

après avoir pris une adhésion, disaient en partant « merci »…ça fait plaisir !<br />

Nous avons souvent parlé <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Gand, qui a instauré cette année un<br />

jour végétarien par semaine dans les structures <strong>de</strong> restauration. Et que s’il y<br />

a eu <strong>de</strong> tels résultats à Gand, c’est grâce à l’association végétarienne belge…<br />

et surtout grâce à ses 3 salariés ! En clair, l’argument était que seulement le<br />

jour où nous pourrons avoir 2 ou 3 salariés, nous pourrons faire <strong>de</strong>s choses<br />

effi caces…Et cela passe par le fait d’adhérer à l’association !<br />

Anecdote : <strong>de</strong> plus en plus d’hommes (souvent entre <strong>de</strong>ux âges) viennent<br />

sur le stand en disant qu’ils souhaitent franchir le pas (mais est-ce pour <strong>de</strong>venir<br />

complètement végétarien ou tendance végétarienne seulement ? C’est<br />

souvent confus).<br />

En conclusion, un stand très positif, que ce soit pour la diffusion <strong>de</strong><br />

l’information sur le végétarisme (comme toujours nos célébrités y ont<br />

fortement contribué !!!), que ce soit pour les adhésions, et donc<br />

pour l’AVF, que ce soit pour la formation continue en techniques <strong>de</strong><br />

communication <strong>de</strong>s bénévoles qui viennent ai<strong>de</strong>r sur le stand : très<br />

important pour ceux qui souhaitent faire <strong>de</strong>s actions.<br />

[Note : sur la photo, la petite Maïwenn arpente le stand pour vérifi er que tout est<br />

bien en place…]<br />

Environnement à Poitiers<br />

Compte-rendu <strong>de</strong> Sylvie Marsollier<br />

Le 25 et 26 septembre <strong>de</strong>rnier se tenait le forum <strong>de</strong> l’environnement<br />

au Parc <strong>de</strong> Blossac <strong>de</strong> Poitiers. Comme le thème était « Santé,<br />

Alimentation, Environnement », j’ai installé mon stand en fonction<br />

<strong>de</strong> ce thème.Cela s’est bien passé. Les gens sont toujours attirés par le fait<br />

que les articles <strong>de</strong> la revue sont issus <strong>de</strong> revues scientifi ques très sérieuses.<br />

Plusieurs personnes non végétariennes ont adhéré, dont une qui a certainement<br />

adhéré pour embêter son mari car celui-ci n’arrêtait pas <strong>de</strong> me dire<br />

« oui mais moi, j’aime la vian<strong>de</strong> ! »… J’utilise en général l’humour dans ces<br />

conditions et <strong>de</strong> grands sourires pour montrer que les végétariens ont l’esprit<br />

ouvert, tout en étant persévérants pour atteindre leurs objectifs !C’était la<br />

première fois que je tenais un stand en tant que déléguée AVF. Je pense avoir<br />

réussi « l’épreuve ». Ren<strong>de</strong>z-vous au prochain salon.<br />

Fougère<br />

à Tours<br />

Compte-rendu <strong>de</strong> Françoise Degenne<br />

J’avais conclu mon compte-rendu du lamentable stand <strong>de</strong> Savonnières<br />

(voir AV 97) par un « promis, je me rattrape à Fougère ! » un peu<br />

fanfaron, mais je ne croyais pas si bien dire, car avec Stéphane (venu<br />

d’Orléans en train + vélo) et Maryse et Virginie (adhérentes <strong>de</strong> Bretagne), nous avons fait un très bon salon. Nous<br />

avons pris pas mal <strong>de</strong> contacts pour les ateliers <strong>de</strong> cuisine, ce qui va élargir notre public, car beaucoup sont <strong>de</strong> tout<br />

nouveaux végétariens ou <strong>de</strong>s « pas encore tout à fait » végétariens. Pas <strong>de</strong> réfl exions désagréables ou déstabilisantes à<br />

signaler ; quelques personnes qui sont venues s’épancher, mais rien <strong>de</strong> bien méchant. Nous avons eu la chance aussi <strong>de</strong><br />

recevoir sur le stand Marie-Pierre Hage, qui habite en Touraine et a écrit « Animaux esclaves ». Elle est venue pendant<br />

<strong>de</strong>ux jours nous donner un coup <strong>de</strong> main. Anne Brunner est venue dimanche signer ses <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers livres. Isabelle<br />

est venue <strong>de</strong> Nantes pour une conférence ; Stéphane a fait <strong>de</strong> longs trajets pour venir et ses conseils m’ont été très<br />

utiles. Maryse et Virginie ont été très disponibles aussi, elles m’ont prêté du matériel (tables, chaises, bâche pour la<br />

V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


nuit) sinon, j’étais très mal partie. Elles ont monté et démonté le stand très effi cacement, scotché la ban<strong>de</strong>role, fait<br />

preuve d’imagination pour le tableau nutritionnel, bref, un excellent soutien. Je suis partie pour ce salon à reculons, en<br />

me <strong>de</strong>mandant comment j’allais supporter ces <strong>de</strong>ux jours. Tout s’est si bien passé que je suis prête pour l’an prochain !!!<br />

[Note : sur la photo, Stéphane en pleine révision dans l’attente <strong>de</strong> l’ouverture]<br />

Festival à Paris<br />

À l’initiative <strong>de</strong> l’association Droits <strong>de</strong>s Animaux (www.droits<strong>de</strong>sanimaux.net), une trentaine d’associations - dont l’AVF,<br />

évi<strong>de</strong>mment ! - se sont retrouvées le 26 septembre à Paris (place Joachim-du-Bellay, pour les connaisseurs) pour la<br />

2 e édition du Festival <strong>de</strong> la cause animale. [Voir le site http://veg-fest.blogspot.com/, pour découvrir la liste <strong>de</strong>s participants].<br />

Beau temps, bonne participation et bonne ambiance ! Le clou <strong>de</strong> l’événement a été la présence <strong>de</strong> Paul Watson,<br />

fondateur <strong>de</strong> Sea Shepherd (http://www.seashepherd.fr/), invité d’honneur du rassemblement, qui a été très applaudi lors<br />

<strong>de</strong> son intervention. Un autre côté positif <strong>de</strong> ce rassemblement a été la possibilité donnée à chaque association <strong>de</strong> se<br />

présenter et <strong>de</strong> se faire connaître aux autres. Nous ne pouvons pas reproduire ici tous les discours qui ont été<br />

prononcés à cette occasion ; nous avons donc choisi (<strong>de</strong>vinez lequel … ?) celui du prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’AVF…<br />

Verbatim à lire ci-après :<br />

<br />

Bonjour,<br />

Je représente l’<strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong>. Je dirai l’AVF pour faire plus court.<br />

Ce que nous faisons à l’AVF, donc, est à la fois simple et compliqué, c’est faire comprendre à<br />

la population toute l’importance du fait d’être végétarien. Vous avez peut-être vu passer au<br />

cours <strong>de</strong> vos lectures cette citation<strong>de</strong> l’écrivain Isaac Bashevis Singer qui disait :<br />

« Je considère le fait d’être <strong>de</strong>venu végétarien comme la plus gran<strong>de</strong> réussite <strong>de</strong> ma vie. »<br />

Eh bien, c’est l’ambition démesurée que nous avons, à l’AVF, faire comprendre à quel point<br />

<strong>de</strong>venir végétarien est une réussite, en particulier sur le triple plan <strong>de</strong> l’éthique, <strong>de</strong> la santé<br />

et <strong>de</strong> l’environnement ; environnement que nous comprenons dans un sens très large :<br />

écologie, économie, malnutrition mondiale, etc. Ce sont là, les 3 axes <strong>de</strong> nos actions. Sur<br />

le plan <strong>de</strong> l’éthique, il est très facile <strong>de</strong> comprendre pourquoi il faut agir ; ce festival, par<br />

exemple, est programmé pour durer quelques heures ; eh bien, chaque heure qui passe,<br />

une moyenne <strong>de</strong> 100 000 animaux sont tués dans <strong>de</strong>s abattoirs en <strong>France</strong>. Pendant les<br />

quelques minutes <strong>de</strong> mon intervention,plusieurs milliers seront morts… Et pour quelle<br />

raison ? La réponse est : pour aucune raison logique. Simplement, une absence <strong>de</strong> réfl exion.<br />

Vous connaissez peut-être ce que disait Einstein, en 1934, <strong>de</strong>s gens qui marchent en rang,<br />

comme tout le mon<strong>de</strong>, au son <strong>de</strong> la même musique, sans se poser <strong>de</strong> question ; il disait<br />

« ce ne peut être que par erreur qu’ils ont reçu un cerveau, une moelle épinière leur suffi -<br />

rait amplement. » Voilà pourquoi <strong>de</strong>venir végétarien est une réussite morale : cela marque la prééminence du cerveau<br />

sur la moelle épinière… Sur le plan <strong>de</strong> la santé, maintenant, ce que nous faisons, c’est nous maintenir au courant <strong>de</strong>s<br />

étu<strong>de</strong>s médicales qui paraissent dans le domaine <strong>de</strong> l’alimentation, en parler dans la revue Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

et réaliser <strong>de</strong> nombreux documents d’information sur le sujet ; documents qui, soit dit en passant, sont tous<br />

en libre-service sur notre site Internet puisque le but est évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> faire connaître la réalité au plus grand nombre<br />

possible. Et quelle est donc cette réalité ? Eh bien, en fonction <strong>de</strong>s recherches, il nous est possible d’affi rmer, sous une<br />

forme peut-être poétique et néanmoins précise, que plus on végétalise son assiettée et plus on maximise sa santé.<br />

Et c’est pourquoi <strong>de</strong>venir végétarien est aussi une réussite sur le plan physique : cela diminue signifi cativement les<br />

risques d’un grand nombre d’affections.<br />

Le 3e axe, c’est donc l’environnement. L’élevage est le premier producteur mondial <strong>de</strong> GES,<br />

participant au réchauffement climatique ; mais c’est aussi un facteur <strong>de</strong> déséquilibre économique. Je donnerai juste<br />

2 chiffres, dans ces 2 domaines. 1er chiffre : Si toute la population française acceptait <strong>de</strong> manger 100 % végétal<br />

1 journée par semaine, cela réduirait la production <strong>de</strong> produits animaux, cela réduirait donc la production <strong>de</strong> GES, et<br />

cela dans une proportion équivalente à la suppression <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 5 millions <strong>de</strong> véhicules sur les routes…<br />

2e chiffre : Avec les 775 - environ - Mt <strong>de</strong> céréales que l’on donne aux animaux d’élevage dans le mon<strong>de</strong> (et je ne<br />

parle que <strong>de</strong>s céréales), on pourrait nourrir près <strong>de</strong> 2 milliards <strong>de</strong> personnes ; les Nations Unie reconnaissent<br />

qu’1 milliard <strong>de</strong> personnes sont actuellement en état <strong>de</strong> malnutrition. La comparaison est édifi ante.<br />

Et c’est pourquoi <strong>de</strong>venir végétarien est également une réussite pour la planète et ses habitants : parce qu’offrir<br />

aux enfants un mon<strong>de</strong> plus sain et plus juste n’est quand même pas négligeable…<br />

La conclusion ? C’est que <strong>de</strong>venir végétarien est une réussite sur tous les plans. J’espère que vous en êtes<br />

convaincus et que tout le mon<strong>de</strong> en sera convaincu bientôt. Voilà ce que je voulais vous dire au sujet <strong>de</strong>s objectifs et<br />

<strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong> l’<strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong>.<br />

Et je rappelle que vous pouvez retrouver tout ça sur www.vegetarisme.fr Merci.<br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

L A V i E D E L’ A S S O C i A T i O N 51


L A V i E D E L’ A S S O C i A T i O N<br />

L’A.V.F. dans l’Europe végétarienne<br />

Le week-end <strong>de</strong>s 17 et 18 octobre <strong>2009</strong> s’est tenu à Berlin un « sommet » <strong>de</strong>s dirigeants <strong>de</strong>s associations<br />

végétariennes nationales d’Europe. Y ont participé <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong>s associations suisse, belge<br />

(ah ! les « jeudis sans vian<strong>de</strong> » <strong>de</strong> Gand), autrichienne (avec l’un <strong>de</strong>s « 10 Autrichiens » emprisonnés en 2008),<br />

britannique, croate, serbe, bosniaque, espagnole et bien sûr alleman<strong>de</strong>, ainsi que <strong>de</strong> l’Union végétarienne européenne et<br />

d’une association d’espérantistes végétariens. L’AVF y était donc bien entourée !En tout plus <strong>de</strong> quinze personnes qui<br />

ont débattu (in English !) pendant <strong>de</strong>ux jours <strong>de</strong>s stratégies à adopter pour développer encore davantage la présence<br />

du végétarisme en Europe, et la reconnaissance du végétarisme<br />

comme une évi<strong>de</strong>nce. Nous avons parlé <strong>de</strong> nos<br />

expériences respectives, <strong>de</strong>s immenses écarts qui peuvent exister<br />

entre <strong>de</strong> grosses associations comme la Vegetarian Society du Royaume-Uni,<br />

avec ses 30 000 membres et ses 30 salariés qui nous font<br />

rêver, et <strong>de</strong> petites structures <strong>de</strong>s Balkans qui se battent sur tous les<br />

fronts (protection animale au sens large et promotion du végétarisme)<br />

dans <strong>de</strong>s conditions diffi ciles.Le partage et la collaboration sont<br />

<strong>de</strong>ux aspects essentiels et ils sont déjà mis en œuvre.<br />

La recherche <strong>de</strong> fi nancements et le lobbying ont été <strong>de</strong> gros points<br />

<strong>de</strong> discussion ; le premier est <strong>de</strong> loin le plus<br />

essentiel et il conditionne le second. Des possibilités très<br />

intéressantes existent et nous les explorons.<br />

Ce fut donc un week-end intense qui a abouti au renforcement<strong>de</strong><br />

nos motivations et à la volonté <strong>de</strong> mettre sur pied une campagne<br />

européenne pour obtenir un jour sans vian<strong>de</strong>, à la création d’un<br />

forum scientifi que qui évaluera les<br />

publications sur les sujets qui nous intéressent, et à d’autres projets<br />

ambitieux, notamment un Institut international <strong>de</strong> l’alimentation<br />

végétale et une « académie végétarienne » pour la formation<br />

d’intervenants (<strong>de</strong>s ambassa<strong>de</strong>urs). Un grand pas en avant a été fait,<br />

et l’AVF s’implique énergiquement dans cette<br />

évolution prometteuse.<br />

Françoise Degenne<br />

Journées d’été <strong>de</strong>s Verts<br />

L’AVF et l’association L214 (www.l214.com) ont été<br />

invitées à intervenir lors <strong>de</strong>s Journées d’été <strong>de</strong>s Verts<br />

- qui se déroulaient à Nîmes du 20 au 22 août <strong>2009</strong> - à<br />

l’initiative <strong>de</strong> Jacques Herrou, membre <strong>de</strong> la Commission<br />

Agriculture <strong>de</strong>s Verts, dans un « atelier » <strong>de</strong> 2 heures<br />

intitulé « Végétaliser son alimentation : <strong>de</strong> l’assiette à la<br />

planète, enjeux et éthique » ; l’atelier a rassemblé 50 personnes, le vendredi 21 août <strong>de</strong> 14 h 30 à 16 h 30.<br />

Pour l’AVF, était présent André Méry ; pour L214, Brigitte Gothière et Estiva Reus. Jacques Herrou a introduit le sujet<br />

par un exemple concret, le cas du cheval mort à cause <strong>de</strong>s algues en Bretagne. Estiva a rappelé les chiffres<br />

effarants du nombre <strong>de</strong> victimes élevage + aquaculture + pêche. André a ensuite fait un exposé sur l’empreinte<br />

écologique <strong>de</strong> l’alimentation carnée et a montré que l’alimentation végétarienne était meilleure que le bio du point<br />

<strong>de</strong> vue environnemental. De nombreuses personnes ont parlé ensuite ; sur l’aspect nutrition-santé, qui n’avait pas été<br />

abordé, mais surtout sur l’aspect politique : comment faire pour inciter à aller vers une alimentation plus végétale ?<br />

Certains ont critiqué les présentations, disant qu’elles ne tenaient pas assez compte <strong>de</strong> la complexité <strong>de</strong> la situation,<br />

que ce n’était pas sérieux <strong>de</strong> supprimer les ai<strong>de</strong>s à l’élevage, qu’on avait oublié l’aspect culturel <strong>de</strong> ce que représente<br />

la vian<strong>de</strong> et qu’il fallait travailler aussi là-<strong>de</strong>ssus, qu’on manquait d’approche politique pour négocier <strong>de</strong>s changements<br />

concrets sur le terrain, que la fertilisation animale étaitindispensable à l’agriculture, etc. Concrètement,<br />

le mon<strong>de</strong> militant (« pourquoi ne soutenez-vous pas cette solution qui a le mérite <strong>de</strong> la simplicité ? ») reste très<br />

différent du mon<strong>de</strong> politique (« oh là là, vous allez trop vite, ce n’est pas si simple ! »), bien que tout le mon<strong>de</strong> soit en<br />

gros d’accord pour la fi n <strong>de</strong> l’élevage intensif et pour moins <strong>de</strong> produits animaux. Néanmoins, cette session a permis<br />

d’établir <strong>de</strong>s contacts, <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s ouvertures, et le len<strong>de</strong>main, Brigitte, qui était restée pour une journée<br />

supplémentaire a été interpellée à plusieurs reprises par <strong>de</strong>s Verts disant que c’était très bien, que ça mettait les pieds<br />

dans le plat, qu’ils n’attendaient que ça ! Nous avons donc bien fait d’y aller. Vous pouvez <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r les présentations<br />

Powerpoint <strong>de</strong> L214 et <strong>de</strong> l’AVF, en écrivant à journal@vegetarisme.fr<br />

52 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>


Correspondants :<br />

Ding dong ! L’<strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>France</strong> « recrute » <strong>de</strong> nouveaux<br />

correspondants dans toute la <strong>France</strong>,<br />

et plus particulièrement dans les régions<br />

qui ne comptent pour l’instant<br />

aucun représentant <strong>de</strong> l’association :<br />

Picardie, Champagne-Ar<strong>de</strong>nnes, Haute-Normandie,<br />

Basse-Normandie,<br />

Bourgogne, Limousin et Corse.<br />

Le rôle du correspondant est<br />

d’expliquer aux personnes qui appellent<br />

le fonctionnement <strong>de</strong> l’association<br />

(comment adhérer, comment<br />

s’abonner), <strong>de</strong> les renseigner sur les<br />

structures (restaurants végétariens,<br />

magasins où trouver <strong>de</strong>s produits végétariens<br />

et végétaliens…) liées au végétarisme<br />

dans la région et éventuellement<br />

<strong>de</strong> participer à l’organisation<br />

d’événements conviviaux et/ou militants<br />

organisés par le(la) délégué(e)<br />

local(e) <strong>de</strong> l’association (par exemple,<br />

à l’occasion <strong>de</strong>s JMV). Tenté(e) ? Voici<br />

les conditions à remplir :<br />

1) Vous êtes adhérent(e) à jour <strong>de</strong>puis<br />

au moins un an, vous connaissez<br />

bien l’association (vous lisez Alternatives<br />

<strong>Végétarienne</strong>s et consultez<br />

régulièrement le site Internet), vous<br />

partagez la vision qu’elle promeut<br />

du végétarisme et <strong>de</strong> ses bienfaits<br />

à la fois sur la condition animale,<br />

l’environnement, la santé et le<br />

tiers-mon<strong>de</strong> et vous vous tenez au<br />

courant <strong>de</strong> ses actions. Si vous êtes<br />

végétalien(ne), vous ne regar<strong>de</strong>z<br />

pas <strong>de</strong> haut ceux qui consomment<br />

« encore » <strong>de</strong>s produits laitiers<br />

ou <strong>de</strong>s œufs. Si votre vie militante<br />

couvre d’autres domaines ou que<br />

vous avez <strong>de</strong>s convictions d’ordre<br />

politique ou religieux/spiritualiste,<br />

vous n’en faites pas état dans les<br />

moments où vous représentez<br />

l’association en public ou dans<br />

les médias. Vous êtes sincèrement<br />

motivé(e) par l’association : vous<br />

ne souhaitez pas fi gurer sur notre<br />

carte <strong>de</strong>s correspondants pour<br />

agrandir la clientèle <strong>de</strong> votre table<br />

d’hôtes, grossir les rangs <strong>de</strong> votre<br />

propre groupe local ou trouver<br />

l’âme sœur…<br />

2) Vous n’êtes pas amené(e) à déménager<br />

trop souvent et êtes<br />

équipé(e) au minimum. Le rôle d’un<br />

correspondant étant <strong>de</strong>… correspondre,<br />

vous <strong>de</strong>vez rendre publics<br />

au moins un numéro <strong>de</strong> téléphone<br />

et une adresse électronique. Vous<br />

rappelez ou répon<strong>de</strong>z rapi<strong>de</strong>ment<br />

aux personnes qui vous contactent.<br />

Si l’on vous pose une question à<br />

laquelle vous ne savez pas répondre<br />

ou que vous avez un problème,<br />

vous me contactez sans tar<strong>de</strong>r.<br />

Vous me communiquez aussitôt<br />

que possible tout changement <strong>de</strong><br />

coordonnées.<br />

3) Sans être l’écrivain(e) du siècle ou<br />

avocat(e) <strong>de</strong> cour d’assises, vous<br />

vous exprimez clairement à l’écrit<br />

comme à l’oral et gar<strong>de</strong>z votre<br />

calme lorsqu’on vous appelle pour<br />

<strong>de</strong>s peccadilles (cela arrive !).<br />

C’est bon ? Alors j’attends avec impatience<br />

vos « candidatures » sur :<br />

alicerallier@free.fr.<br />

Au nom <strong>de</strong> l’association, un grand merci<br />

d’avance !<br />

Alice RALLIER,<br />

responsable <strong>de</strong>s délégués et correspondants.<br />

Assemblée<br />

générale 2010<br />

La prochaine assemblée générale <strong>de</strong><br />

l’association aura lieu à Paris le samedi<br />

20 mars 2010, à partir <strong>de</strong> 9 h 30<br />

précises, dans les salles <strong>de</strong> l’AGECA<br />

(177, rue <strong>de</strong> Charonne – 75011 Paris<br />

– tél. 01 43 70 35 67).<br />

À l’ordre du jour :<br />

Rapports d’activités / Discussions<br />

/ Élections : renouvellement <strong>de</strong> quatre<br />

postes au conseil d’administration (au<br />

maximum). Si vous êtes candidat(e)s,<br />

merci d’adresser par courriel à<br />

presi<strong>de</strong>nt@vegetarisme.fr une lettre<br />

explicitant vos motivations, votre<br />

parcours et vos capacités ; notez que<br />

l’absence <strong>de</strong> courrier électronique<br />

constitue une incapacité rédhibitoire à<br />

participer au conseil d’administration.<br />

Nous vous rappelons que pour pouvoir<br />

participer et voter lors <strong>de</strong> l’assemblée<br />

générale, il faut être adhérent et à jour<br />

<strong>de</strong> cotisation au moment où se tient<br />

l’assemblée.<br />

Concrètement, vous <strong>de</strong>vez pour cela<br />

avoir adhéré (ou avoir renouvelé votre<br />

adhésion) après le 20 mars <strong>2009</strong>.<br />

Merci <strong>de</strong> vérifi er vos dates. L’abonnement<br />

seul au journal <strong>de</strong> l’association ne<br />

donne pas le droit <strong>de</strong> vote à l’assemblée<br />

générale.<br />

Pour une liste d’hôtels à <strong>de</strong>s prix raisonnables<br />

dans le secteur, merci <strong>de</strong> contacter<br />

Diana : diana.dc@wanadoo.fr.<br />

Amazon et l’AVF<br />

Si vous souhaitez faire un achat sur<br />

amazon.fr pouvons-nous vous suggérer<br />

<strong>de</strong> le faire en passant d’abord par la<br />

page Librairie <strong>de</strong> notre site http://<br />

www.vegetarisme.fr/ressources.<br />

php?content=ressources_librairie_<br />

pratique ?<br />

Cliquez sur n’importe quel livre et une<br />

nouvelle page s’ouvre dans Amazon.<br />

À ce moment-là, vous achetez ce que<br />

vous voulez, mais le fait d’être passé<br />

d’abord par notre site nous permet <strong>de</strong><br />

percevoir <strong>de</strong>s commissions <strong>de</strong> la part<br />

d’Amazon, ce qui <strong>de</strong>vient une façon <strong>de</strong><br />

N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />

L A V i E D E L’ A S S O C i A T i O N<br />

53


L A V i E D E L’ A S S O C i A T i O N<br />

54<br />

Hommage à Valenciennes<br />

« À l’occasion <strong>de</strong>s Journées Mondiales <strong>Végétarienne</strong>s, <strong>de</strong>s<br />

fl eurs ont été déposées <strong>de</strong>vant les abattoirs <strong>de</strong> Valenciennes.<br />

Geste symbolique mais ô combien fort en émotion.<br />

Le mercredi 14 octobre (retardé d’une semaine donc par<br />

faute d’autorisation) s’est tenue une table d’info sur le végétarisme,<br />

place du commerce à Valenciennes. Les quelques<br />

rencontres furent formidables. Des jeunes sensibilisés à la<br />

cause animale et un végétarien champion dans la pratique<br />

<strong>de</strong> l’apnée ! »<br />

Pour tous les animaux<br />

A l’occasion <strong>de</strong> la célébration simultanée <strong>de</strong>s Journées<br />

Mondiales <strong>Végétarienne</strong>s et le la Journée Mondiale <strong>de</strong>s<br />

Animaux, le CLAM (Collectif Libération Animale <strong>de</strong><br />

Montpellier, http://clam34.org/) et l’AVF ont été invités<br />

comme l’année précé<strong>de</strong>nte à partager l’immense chapiteau<br />

<strong>de</strong> la SPA <strong>de</strong> Montpellier le 4 et le 5 octobre. Les personnes<br />

compatissantes venues en foule voir les chats et les chiens à<br />

adopter ont ainsi eu l’occasion <strong>de</strong> voir que cette compassion<br />

pouvait être étendue à tous les animaux domestiques en<br />

épargnant poules, lapins, cochons, veaux, vaches <strong>de</strong> l’horreur<br />

<strong>de</strong>s usines d’élevage et <strong>de</strong>s abattoirs.<br />

Ça rugit, à Lyon…<br />

Portées par la déléguée Cécile Bourgain et son équipe, les<br />

JMV se sont bien déroulées sur Lyon. Étaient organisés : un<br />

village végétarien au centre <strong>de</strong> Lyon avec un stand <strong>de</strong> restauration<br />

100 % végétale tenu par <strong>de</strong>s restaurateurs biovégétariens<br />

lyonnais, un stand <strong>de</strong> boissons, un stand d’information,<br />

un stand <strong>de</strong> maquillage, une gran<strong>de</strong> exposition sur<br />

le végétarisme avec un quizz et <strong>de</strong>s lots à gagner, et un coin<br />

vidéo. Et le soir, il y avait une soirée avec un concert et un<br />

repas vegan à prix libre ! Le soir l’ambiance était chouette,<br />

d’abord <strong>de</strong>ux concerts <strong>de</strong> 30 minutes chacun, un groupe reprenant<br />

<strong>de</strong>s chansons connues, un groupe <strong>de</strong> rock vegan (registres<br />

variés pour que tout le mon<strong>de</strong> trouve son compte).<br />

Ensuite une daube <strong>de</strong> soja et un gâteau avec une crème <strong>de</strong><br />

citron. Ceux qui n’étaient pas là ont raté quelque chose !!!<br />

Dites-le avec <strong>de</strong>s fl eurs<br />

C’est en plein cœur <strong>de</strong> Paris qu’un groupe <strong>de</strong> militants <strong>de</strong><br />

l’AVF a distribué une rose à chaque personne s’engageant<br />

par écrit à manger végétarien un jour par semaine jusqu’à la<br />

La 11 ème édition <strong>de</strong> ces Journées, parrainées cette année<br />

par Francis Lalanne, s’est déroulée un peu partout en <strong>France</strong><br />

et <strong>de</strong> nombreux représentants <strong>de</strong> l’AVF ont pu organiser un<br />

événement. L’essentiel, c’était <strong>de</strong> participer ! Simple<br />

pique-nique ou méga-fi esta, le but est <strong>de</strong> montrer la vraie face<br />

du végétarisme : <strong>de</strong> la santé,<br />

<strong>de</strong> l’éthique et du respect <strong>de</strong> l’environnement.<br />

Quelques exemples ci-<strong>de</strong>ssous :<br />

fi n <strong>de</strong> l’année. En moins d’une heure, plus <strong>de</strong> cent personnes<br />

se sont engagées, repartant avec une rose et un tract<br />

illustrant par les chiffres à quel point une réduction <strong>de</strong> la<br />

consommation mondiale <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> avait un impact majeur<br />

sur l’environnement, la faim dans le mon<strong>de</strong>, la santé humaine<br />

et le bien-être animal.<br />

Une réussite !<br />

Chez Théodore<br />

Nicole Rizzoni a organisé un pique-nique au Café Théodore,<br />

Trédrez-Locquémeau (22), le dimanche 4 octobre. Bonne<br />

ambiance. Pas que <strong>de</strong>s végétariens, mais c’est justement ce<br />

qui compte !<br />

Au Bio-Logis<br />

Christine Erard, déléguée AVF Vendée, a organisé un repas<br />

chez elle, au « Bio-Logis », à Damvix, où elle a ouvert cette<br />

année une première chambre d’hôtes (voir http://www.<br />

chambresdhotes.org/Detailed/13106.html) :<br />

« Nous étions 13 pour cette rencontre très conviviale où<br />

chacun a apporté un élément du repas. Le chiffre nous a<br />

porté chance… nous avons fait le choix <strong>de</strong> déjeuner <strong>de</strong>hors<br />

malgré les réticences <strong>de</strong> certains ; pari réussi car le soleil a<br />

même été <strong>de</strong> la partie. Tout était délicieux et l’ambiance très<br />

chaleureuse. »<br />

Haute <strong>de</strong>nsité en Haute-Alsace<br />

En Haute-Alsace, les JMV ont été menées tambour battant<br />

sous la bienveillante mais rigoureuse direction d’Anne-<br />

Claire et Arnaud (délégués) et leurs enfants :<br />

Émission <strong>de</strong> radio sur RDL 103.5, projection du fi lm<br />

« Earthlings » (Terriens), journée découverte, stand <strong>de</strong><br />

dégustation et d’information, le tout étalé du 25 septembre<br />

au 17 octobre !<br />

Comme dit Anne-Claire : « Donc, <strong>de</strong>s Journées Mondiales<br />

<strong>Végétarienne</strong>s à ne pas manquer pour découvrir ce choix <strong>de</strong><br />

vie aux retombées innombrables et majeures, et réaliser qu’il<br />

n’est pas question <strong>de</strong> privation, mais bien au contraire <strong>de</strong> la<br />

mise en place d’un nouveau mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> pensée assorti d’une<br />

alimentation succulente. Il ne s’agit pas non plus <strong>de</strong> passer<br />

plus <strong>de</strong> temps à cuisiner, mais tout simplement d’avoir le bon<br />

geste mental au moment <strong>de</strong> son achat, ce qui n’apportera<br />

que du très positif, aussi bien pour l’environnement, pour la<br />

fi n <strong>de</strong>s famines, pour la santé humaine et bien sûr celle <strong>de</strong><br />

nos voisins sur cette planète, les animaux. »<br />

V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!