Numéro 98 (décembre 2009) - Association Végétarienne de France
Numéro 98 (décembre 2009) - Association Végétarienne de France
Numéro 98 (décembre 2009) - Association Végétarienne de France
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égétariennes<br />
ÉÉ ÉÉ ÉÉ TT TT TT HH HH HH iii iii QQ QQ QQ UU UU UU E E E E E E - - - - - - SS SS SS AA AA AA NN NN NN TT TT TT É É É É É É - - - - - - EE EE EE NN NN NN VV VV VV iii iii RR RR RR OO OO OO NN NN NN NN NN NN EE EE EE MM MM MM EE EE EE NN NN NN TT<br />
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TT<br />
Alternatives lternatives égétariennes<br />
J O U R N A L D E L ’ A S S O C I A T I O N V É G É T A R I E N N E D E F R A N C E<br />
Un menu pour les fêtes<br />
Propos <strong>de</strong><br />
Michel Onfray,<br />
philosophe<br />
La grippe H1N1<br />
par le Dr Barnard<br />
N°<strong>98</strong> DÉCEMBRE - JANVIER - FÉVRIER <strong>2009</strong> - TRIMESTRIEL - 25 e N°<strong>98</strong> D É C E M B R E - J A N V I E R - F É V R I E R 2 0 0 9 - T R I M E S T R I E L - 2 5 A N N É E - I S S N 0 2 9 5 - 0 8 6 3 4 <br />
e A N N É E - I S S N 0 2 9 5 - 0 8 6 3 4
S P O R T<br />
2<br />
C’est sous les couleurs <strong>de</strong> l’AVF que Gabriel et<br />
Arnaud ont couru le 32 e Paris-Versailles,<br />
le dimanche 27 septembre <strong>2009</strong>…<br />
Compte-rendu ci-<strong>de</strong>ssous. Avis aux amateurs !<br />
À quand la formation <strong>de</strong> l’équipe AVF d’Île-<strong>de</strong>-<strong>France</strong> ?<br />
Le Paris-Versailles est une course <strong>de</strong> 16,3 km, donc<br />
plus courte que le semi-marathon, mais avec la particularité<br />
d'un relief assez marqué : d'abord la Côte <strong>de</strong>s Gar<strong>de</strong>s,<br />
puis celle du Cimetière (l'itinéraire a été choisi avec soin....).<br />
20 588 inscrits, 17 829 seulement à l'arrivée, ça fait <strong>de</strong>s<br />
dégâts !<br />
Départ aux pieds <strong>de</strong> la Tour Eiffel, les 6 premiers kilomètres<br />
sur le plat font office d'échauffement, petit ravitaillement<br />
en eau au km 5, et on gar<strong>de</strong> l'œil sur le cardiofréquencemètre<br />
pour ne pas partir en surrégime, car au km 6 commencent<br />
les choses sérieuses.<br />
- KM 6 : nous voici à Meudon, au bas <strong>de</strong> la Côte <strong>de</strong>s Gar<strong>de</strong>s<br />
pour 2,1 km à un peu plus <strong>de</strong> 6 %. La fréquence cardiaque<br />
monte sérieusement (bizarrement, on n'a pas senti la<br />
baisse <strong>de</strong> température liée aux 140 m d'ascension...). Mais<br />
comme nous l'espérions, la côte nous a été très bénéfique<br />
en termes <strong>de</strong> classement, probablement parce que nous<br />
sommes <strong>de</strong>s produits allégés, garantis 100 % « sans toxine<br />
animale ». Ensuite nous arrivons rapi<strong>de</strong>ment dans la forêt <strong>de</strong><br />
AVF sur le<br />
Paris-Versailles<br />
Meudon, on respire !<br />
- KM 9 : on attrape au vol quelques raisins secs et une<br />
boisson isotonique que nous ten<strong>de</strong>nt généreusement les<br />
scouts <strong>de</strong> l'organisation (ouf, tout est vég !). Belle <strong>de</strong>scente<br />
<strong>de</strong> 800 m sur cette route forestière, on en profite pour faire<br />
re<strong>de</strong>scendre un peu les pulsations (récupération nécessaire,<br />
car avec le message sur nos t-shirts, l'option arrêt cardiaque<br />
n'était pas envisageable !).<br />
- KM 13 : la bien-nommée Côte du Cimetière, beaucoup<br />
plus courte que la première, mais judicieusement placée là<br />
où ça fait mal... après ce « mur », un <strong>de</strong>rnier ravitaillement<br />
(merci les scouts !) et il ne reste plus que 3 km que l’on fait<br />
en accélération progressive.<br />
L’Algérien Mohammed AL HACHIMI gagne en 46 mn 03,<br />
établissant le nouveau record <strong>de</strong> l’épreuve. Notre objectif<br />
était <strong>de</strong> courir en 1 h 20, et nous finissons en 1 h 16 mn 56<br />
et 1 h 16 mn 57, soit 2 633 ème et 2 639 ème . Bon... le podium<br />
n’est pas encore pour cette année !<br />
Avis aux végétariens, sportifs confirmés ou coureurs du<br />
dimanche, nous remettrons ça le 13 <strong>décembre</strong> au Bois <strong>de</strong><br />
Vincennes, pour la course « Courir pour le Plaisir » (http://<br />
courirpourleplaisir.fr). Elle ne fait que 8 km, sur le plat. Entre<br />
végétariens, plus on est <strong>de</strong> fous, plus on... riz, alors n’hésitez<br />
pas à vous joindre pour montrer que les veggies courent<br />
aussi ! . Contact : arnaud_grandamy@yahoo.fr<br />
Gabriel et Arnaud<br />
Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o 97 - SEPTEMBRE - OCTOBRE - NOVEMBRE <strong>2009</strong>
PAGE<br />
2. Sport<br />
4. Nutrition-santé<br />
11. Animaux<br />
13. International<br />
15. Voyages<br />
17. Véganisme<br />
22. Cuisine végétarienne<br />
27. Repas <strong>de</strong> Noël végétarien<br />
31. Culture<br />
35. Infos<br />
37. Société<br />
41. Juridique<br />
45. Écologie<br />
47. Abonnement - Adhésion<br />
50. La vie <strong>de</strong> l’association<br />
<strong>Association</strong><br />
<strong>Végétarienne</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>France</strong><br />
membre <strong>de</strong><br />
l’Union<br />
<strong>Végétarienne</strong><br />
Européenne<br />
BP 4 - 77390 Chaumes-en-Brie<br />
Directeur <strong>de</strong> la publication : André Méry<br />
Rédacteur en chef : André Méry<br />
Toile : www.vegetarisme.fr<br />
Courriel : contact@vegetarisme.fr<br />
Réalisation : <strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong><br />
Imprimé sur papier recyclé<br />
Bonjour,<br />
Voilà maintenant 15 ans (c’était une journée <strong>de</strong> <strong>décembre</strong> 1994) qu’un groupe <strong>de</strong><br />
végétariens a fondé ce qui est <strong>de</strong>venu aujourd’hui l’<strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> que<br />
vous connaissez. Les hauts et les bas (doux euphémismes…) que l’association a connus en ces<br />
15 années <strong>de</strong> vie nous ont montré toute la diffi culté d’exister lorsqu’on ose ne pas être dans la<br />
norme et que l’on prétend en plus – crime suprême ! – en proposer une meilleure.<br />
Aujourd’hui que la pérennité <strong>de</strong> l’association semble assurée (bien que je ne puisse<br />
m’empêcher <strong>de</strong> dire « semble »), le défi qui se dresse <strong>de</strong>vant nous est sans doute moins <strong>de</strong><br />
continuer à exister que d’arriver à donner envie <strong>de</strong> nous rejoindre, pour que l’autre norme – le<br />
végétarisme – arrive à s’imposer <strong>de</strong> façon pérenne dans le pays…<br />
Pourquoi rejoindre l’AVF plutôt que d’aller voir ailleurs ? Pourquoi militer sous la bannière<br />
<strong>de</strong> l’AVF plutôt que <strong>de</strong> se lancer dans une « n+unième » structure, succédant aux « n »<br />
précé<strong>de</strong>ntes qui n’avaient pas non plus réfl échi à nous rejoindre ?<br />
Je pose la question en connaissant la réponse : la liberté d’action selon sa propre sensibilité.<br />
C’est ce que revendiquent les militants végétariens et végétaristes et qu’ils tiennent comme<br />
un gage d’effi cacité. Et, certes, c’est une source d’effi cacité puisque cela permet d’agir <strong>de</strong> façon<br />
diverse, en variant les approches, les métho<strong>de</strong>s et les cibles.<br />
Mais la question subsidiaire est : en quoi l’AVF ne serait-elle pas à même d’assurer une<br />
diversité d’approches, <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> cibles, nécessitant par là que d’autres groupes veuillent<br />
y suppléer ?<br />
Là aussi j’ai la réponse, qui est simple : ce que nous ne faisons pas et que d’autres vont<br />
faire ailleurs, c’est ce que nous ne pouvons pas faire parce que d’autres, qui ont toutes les capacités<br />
pour cela, déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> le faire ailleurs avant <strong>de</strong> savoir s’ils pourraient le faire avec nous…<br />
Bien sûr, les critiques que l’on nous adresse sont fondées : vous n’êtes pas présents<br />
ici, vous n’entreprenez pas cela, vous manquez <strong>de</strong> telle ou telle chose (au choix : visibilité, documents,<br />
campagnes, pétition, assistance, contact, participation, énergie, etc.). Mais, objection,<br />
Votre Honneur ; nous sommes bien évi<strong>de</strong>mment preneurs <strong>de</strong> présences, d’entreprises, et <strong>de</strong> tout<br />
ce qui manque encore… sauf que nous n’avons pas <strong>de</strong> baguette magique et que le seul moyen<br />
<strong>de</strong> faire <strong>de</strong> l’AVF une association multitâches et performante où l’on apprécie <strong>de</strong> vivre et d’agir,<br />
c’est d’y apporter ses envies et ses capacités.<br />
Ce n’est pas toujours ni souvent ainsi que cela se passe. Et je peux même vous assurer<br />
que lorsque j’envoie un message à <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> <strong>de</strong>stinataires pour recruter 2-3 volontaires<br />
afi n <strong>de</strong> tenir un stand et marquer notre présence dans un événement important, il m’arrive souvent<br />
<strong>de</strong> ne recevoir aucune réponse… Alors oui, nous ne sommes ni présents, ni actifs, ni percutants<br />
comme nous pourrions l’être, mais nous sommes obligés <strong>de</strong> « faire avec », comme on dit.<br />
J’aimerais faire comprendre que la diversité à laquelle sont attachés les militants n’a<br />
pas vocation à se dissoudre dans l’unité d’une bannière AVF. Pas chez nous. Vous avez l’esprit<br />
d’entreprise ? Formidable ! Vous avez <strong>de</strong>s idées ? Merveilleux ! Vous voulez agir <strong>de</strong> façon autonome<br />
pour ce qui vous paraît important ? Splendi<strong>de</strong> ! Foncez et militez donc sous la bannière<br />
AVF, participez à la vie <strong>de</strong> l’asso, mettez-y votre empreinte et faites-en un groupe puissant et<br />
irrésistible !<br />
La diversité est une excellente chose, la dispersion beaucoup moins. Qu’est-ce donc qui<br />
peut le mieux donner envie <strong>de</strong> nous rejoindre, si ce n’est <strong>de</strong> savoir qu’ainsi, on va forger l’association<br />
dont on a envie ? Pour le végétarisme, les animaux, les humains et la planète !<br />
Oui, je ne vous cache pas que le défi qui se dresse <strong>de</strong>vant nous est d’arriver à le faire<br />
comprendre. Le potentiel militant français est immense, mais le saupoudrage sert le statu quo.<br />
À vrai dire, je rêve d’une <strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong> Fédérative <strong>de</strong> <strong>France</strong>, dont l’image<br />
unitaire imprégnerait le paysage social, dont la présence et la visibilité seraient incontournables,<br />
et dont on ne pourrait se passer comme interlocuteur.<br />
Et si beaucoup rejoignaient l’AVF actuelle avec leur militantisme propre, je crois que<br />
nous pourrions y arriver… Pas dans 15 ans ; bientôt !<br />
André Méry<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
3
N U T R i T i O N - S A N T É<br />
4<br />
LES PAGES<br />
Généralités :<br />
Variété et qualité sont les <strong>de</strong>ux mots-clés <strong>de</strong> l’équilibre<br />
alimentaire, et ce pour tout type d’alimentation. Concrètement,<br />
pour une alimentation végétarienne bien menée, cela<br />
signifie :<br />
- Combiner les diverses catégories d’aliments (céréales,<br />
légumes, fruits, aliments protidiques, matières grasses en<br />
quantités raisonnables) au cours d’une même journée, et<br />
varier les aliments choisis pour chaque catégorie. La diversité<br />
<strong>de</strong>s végétaux savoureux disponibles à l’achat est infinie.<br />
Il faut en profiter !<br />
- Privilégier les aliments <strong>de</strong> bonne qualité nutritionnelle.<br />
Pour ce faire, choisir <strong>de</strong>s fruits et légumes frais, <strong>de</strong> saison,<br />
produits localement <strong>de</strong> préférence. D’une manière générale,<br />
les aliments issus <strong>de</strong> l’agriculture biologique ont également<br />
une meilleure valeur nutritionnelle.<br />
- Éviter les « calories vi<strong>de</strong>s », c’est-à-dire tous les aliments<br />
transformés qui apportent beaucoup <strong>de</strong> calories pour<br />
très peu, voire pas du tout, <strong>de</strong> micronutriments indispensables<br />
(vitamines, minéraux, antioxydants...). C’est le cas<br />
du sucre raffiné (présent dans <strong>de</strong> nombreuses boissons,<br />
L’APSARES est une association libre <strong>de</strong> professionnels<br />
<strong>de</strong> santé indépendants (mé<strong>de</strong>cins, diététiciens, etc.) dont l’objectif<br />
est <strong>de</strong> contribuer à l’amélioration <strong>de</strong> la santé publique par la<br />
promotion d’une alimentation responsable.<br />
Pour en savoir plus : http://www.alimentation-responsable.com<br />
Conseils pour<br />
une alimentation<br />
végétarienne (*) bénéfique<br />
Assurer une bonne alimentation végétarienne n’est pas<br />
compliqué. Comme un végétarisme bien équilibré<br />
est reconnu bénéfi que pour la santé, il serait vraiment<br />
dommage <strong>de</strong> ne pas en tirer tous les avantages<br />
en n’appliquant pas quelques bonnes règles.<br />
La santé est trop précieuse pour être laissée à l’intuition.<br />
Ces conseils vous sont donnés pour que vous retiriez<br />
le maximum <strong>de</strong> bénéfi ces<br />
<strong>de</strong> votre alimentation végétarienne.<br />
( * ) Par « alimentation végétarienne », nous entendons toutes les variantes allant <strong>de</strong><br />
l’ovo-lacto-végétarisme au végétalisme, sauf précision contraire.<br />
<strong>de</strong>sserts lactés, biscuits industriels), <strong>de</strong>s plats préparés très<br />
gras, et d’une manière générale <strong>de</strong> tous les produits dits<br />
« raffinés », c’est-à-dire appauvris (sucre blanc ou roux, farines<br />
« blanches ») et/ou transformés pour le pire (huiles hydrogénées,<br />
aci<strong>de</strong>s gras trans).<br />
Varier les sources <strong>de</strong> protéines :<br />
Tout d’abord bien gar<strong>de</strong>r à l’esprit que dans nos sociétés<br />
occi<strong>de</strong>ntales, les protéines sont consommées en excès, ce<br />
qui n’est pas sans poser <strong>de</strong> sérieux problèmes <strong>de</strong> santé<br />
publique. En réalité, <strong>de</strong> faibles quantités <strong>de</strong> protéines (<strong>de</strong><br />
10 à 12 % <strong>de</strong> l’apport énergétique total) sont amplement<br />
suffisantes aussi bien pour les adultes que pour les enfants<br />
(sauf rares cas pathologiques particuliers). Manger moins <strong>de</strong><br />
protéines que la « moyenne » n’est donc pas synonyme <strong>de</strong><br />
carence, mais d’équilibre !<br />
Si vous êtes végétaLien, pour assurer vos besoins<br />
quantitatifs ET qualitatifs en protéines, il convient simplement<br />
d’avoir quotidiennement <strong>de</strong>s apports en céréales (2<br />
à 5 portions par jour en fonction <strong>de</strong> la dépense énergétique),<br />
<strong>de</strong>s légumes secs ou du soja (1 à 2 portions par<br />
jour suffisent), complétés à l’envi par <strong>de</strong> petites quantités<br />
<strong>de</strong> fruits oléagineux et/ou graines oléagineuses (tous<br />
types <strong>de</strong> noix, noisettes, aman<strong>de</strong>s, arachi<strong>de</strong>s, graines <strong>de</strong><br />
V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
sésame, <strong>de</strong> courge, <strong>de</strong> tournesol, etc.), ainsi que <strong>de</strong> « super-aliments<br />
» comme les algues, les germes ou encore la<br />
levure <strong>de</strong> bière.<br />
Si vous êtes végétaRien, les laitages (non sucrés) ou les<br />
œufs peuvent remplacer les légumes secs ou le soja, mais<br />
il est vivement conseillé d’alterner entre toutes ces options,<br />
et <strong>de</strong> ne se « gaver » <strong>de</strong> laitages en aucun cas. Cela n’est ni<br />
nécessaire, ni bénéfique à votre santé.<br />
Concernant les apports en aci<strong>de</strong>s gras :<br />
Il est important <strong>de</strong> varier les huiles et <strong>de</strong> consommer<br />
chaque jour 1 à 2 cuillères à soupe d’huile <strong>de</strong> colza ou soja<br />
ou noix pour couvrir le besoin en aci<strong>de</strong>s gras <strong>de</strong> type oméga-<br />
3 (aci<strong>de</strong>s gras essentiels). Ces huiles doivent être consommées<br />
crues (non adéquates pour la cuisson ou la friture).<br />
Pour optimiser les bénéfices du végétarisme, ou encore en<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> grossesse, il est recommandé <strong>de</strong> s’assurer <strong>de</strong>s<br />
apports en aci<strong>de</strong>s gras oméga-3 à longues chaînes (DHA et<br />
EPA) par la prise <strong>de</strong> compléments alimentaires à base <strong>de</strong><br />
micro-algues.<br />
Si <strong>de</strong>s laitages et <strong>de</strong>s œufs sont consommés, veiller à<br />
limiter tout particulièrement les quantités <strong>de</strong> : lait entier, fromages<br />
gras, œufs, beurre, crème fraîche, car ils sont riches<br />
en aci<strong>de</strong>s gras saturés et en cholestérol.<br />
Si les apports en lipi<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s corps gras (huiles, margarines)<br />
ne doivent pas être excessifs, il est important <strong>de</strong> ne<br />
pas les réduire à moins <strong>de</strong> 30 g par jour (soit l’équivalent <strong>de</strong><br />
3 cuillères à soupe d’huile), afin <strong>de</strong> couvrir les besoins en<br />
différents aci<strong>de</strong>s gras mais également en vitamine E. Ceci<br />
est important à noter pour les personnes suivant un régime<br />
amaigrissant notamment.<br />
Concernant l’apport en calcium :<br />
Tout comme pour les protéines, les besoins en calcium<br />
ont tendance à être surestimés. Dans les pays occi<strong>de</strong>ntaux,<br />
ils sont régulièrement revus à la hausse au nom <strong>de</strong> la lutte<br />
contre l’ostéoporose, mais les résultats <strong>de</strong> cette politique<br />
sont tout sauf efficaces et ne semblent bénéficier à personne,<br />
si ce n’est à l’industrie laitière...<br />
Les produits laitiers sont pour la plupart très riches en<br />
calcium. Cependant, ils sont aussi très acidifiants, et donc<br />
responsables d’une importante décalcification osseuse...<br />
cherchez l’erreur ! Encore une fois, il est donc préférable <strong>de</strong><br />
consommer ces produits en quantités modérées, et sûrement<br />
pas 3 ou 4 portions par jour comme le scan<strong>de</strong>nt les<br />
recommandations officielles !<br />
On trouve <strong>de</strong>s quantités appréciables <strong>de</strong> calcium dans<br />
les légumes secs, les fruits oléagineux, les légumes à feuilles<br />
vertes, certains produits à base <strong>de</strong> soja, ou encore dans<br />
certaines eaux minérales. Les besoins en calcium <strong>de</strong>vraient<br />
donc être assurés sans problème dans le cadre d’une alimentation<br />
végétarienne équilibrée.<br />
En outre, pour les personnes végétaLiennes dont les<br />
besoins calciques sont accrus (femmes allaitantes, enfants,<br />
adolescents notamment), la consommation quoti-<br />
dienne <strong>de</strong> lait <strong>de</strong> soja enrichi en calcium est recommandée.<br />
Concernant l’apport en fer :<br />
Les besoins quantitatifs en fer sont généralement<br />
couverts par une alimentation végétarienne équilibrée,<br />
dont les apports en fer sont comparables à ceux du régime<br />
omnivore. Pour permettre une bonne assimilation<br />
<strong>de</strong> ce fer, quelques précautions sont souhaitables :<br />
- Au cours d’un même repas, consommer une source<br />
<strong>de</strong> vitamine C (fruit frais, crudité) et une source <strong>de</strong> fer (légumes<br />
secs, fruits oléagineux, fruits séchés, pain complet).<br />
La vitamine C ai<strong>de</strong> en effet à l’assimilation du fer d’origine<br />
végétale, moins bien assimilé en moyenne que le fer d’origine<br />
animale.<br />
- Limiter la consommation <strong>de</strong> thé : les tannins du thé<br />
inhibent l’assimilation du fer.<br />
- En trempant les légumineuses avant la cuisson, et<br />
en consommant du pain au levain naturel et <strong>de</strong>s graines<br />
germées, vous pouvez encore améliorer l’absorption du fer<br />
(ainsi que l’absorption du zinc et du calcium).<br />
Concernant l’apport en vitamine B12 :<br />
D’après la recherche, il n’existe aucune source fiable <strong>de</strong><br />
vitamine B12 d’origine végétale. Certains aliments comme<br />
la spiruline semblent contenir <strong>de</strong>s « analogues » <strong>de</strong> la vitamine<br />
B12, ces composés n’ayant pas les propriétés <strong>de</strong> la<br />
vitamine. En cas <strong>de</strong> régime strictement végétaLien, une<br />
supplémentation en vitamine B12 est donc une précaution<br />
indispensable, et elle est conseillée pour les végétaRiens.<br />
Ces <strong>de</strong>rniers peuvent, afin <strong>de</strong> déterminer si la supplémentation<br />
est nécessaire dans leur cas, se faire prescrire par un<br />
mé<strong>de</strong>cin un dosage <strong>de</strong> leur taux d’aci<strong>de</strong> méthylmalonique<br />
urinaire, paramètre le plus fiable pour détecter une carence<br />
en vitamine B12 (attention, le dosage <strong>de</strong> la vitamine B12<br />
sérique n’est en revanche pas un bon indicateur, mais tous<br />
les mé<strong>de</strong>cins ne le savent pas).<br />
Concernant l’apport en vitamine D :<br />
Les sources végétales <strong>de</strong> vitamine D sont très restreintes.<br />
Cependant cette vitamine a la particularité d’être synthétisée<br />
par la peau à partir du rayonnement solaire. Dans un<br />
pays comme la <strong>France</strong>, le temps d’exposition et l’intensité<br />
<strong>de</strong> l’insolation sont insuffisants dans la plupart <strong>de</strong>s cas, et <strong>de</strong><br />
ce fait, la carence en vitamine D, très courante (aussi bien<br />
chez les végétariens que chez les omnivores). Une supplémentation<br />
préventive est donc fortement recommandée. À<br />
défaut, vous pouvez <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à un mé<strong>de</strong>cin d’effectuer<br />
un dosage sanguin <strong>de</strong> cette vitamine afin <strong>de</strong> dépister une<br />
éventuelle carence.<br />
Conclusion :<br />
La clé d’une bonne alimentation végétarienne est la variété<br />
et la qualité <strong>de</strong>s aliments choisis. Les quantités doivent<br />
être adaptées aux besoins <strong>de</strong> chacun.<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
N U T R i T i O N - S A N T É<br />
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N U T R i T i O N - S A N T É<br />
6<br />
ANNEXE I - QUELQUES BONNES SOURCES (NON EXHAUSTIVES) DE MINÉRAUX :<br />
Calcium Phosphore Potassium<br />
Aman<strong>de</strong>s, noisettes, cresson,<br />
persil, pois chiches, fèves, haricots<br />
blancs, cacao ; eaux Vittel, Hépar,<br />
Contrexéville.<br />
Cacao, aman<strong>de</strong>s, noisettes, noix,<br />
légumes secs, pain complet,<br />
riz, fruits séchés, pain blanc,<br />
légumes frais.<br />
Magnésium Fer Io<strong>de</strong><br />
Cacao, germe <strong>de</strong> blé, noix <strong>de</strong><br />
cajou, aman<strong>de</strong>s, haricots secs,<br />
fèves, noix, noisettes, flocons<br />
d’avoine, maïs, pain complet,<br />
lentilles, épinards.<br />
Cacao, lentilles, haricots secs,<br />
pois secs, fruits oléagineux, fruits<br />
secs, épinards, pain complet.<br />
Consommer <strong>de</strong>s aliments<br />
riches en vitamine C au même<br />
moment que la source <strong>de</strong> fer<br />
ai<strong>de</strong> à l’absorption <strong>de</strong> celui-ci.<br />
Levure <strong>de</strong> bière, cacao, légumes secs, fruits<br />
séchés, fruits oléagineux, champignons, épinards,<br />
pommes <strong>de</strong> terre, bettes, bananes, autres fruits<br />
frais, autres légumes frais, céréales.<br />
Algues, soja en grains, ail, haricots verts, oignons,<br />
navets, sel iodé.<br />
Les besoins en io<strong>de</strong> peuvent être couverts par<br />
½ cuillère à café <strong>de</strong> sel iodé par jour.<br />
Cuivre Zinc Autres minéraux (cuivre, cobalt, manganèse…)<br />
Cacao, germe <strong>de</strong> blé, aman<strong>de</strong>s,<br />
noix, noisettes, légumes secs,<br />
flocons d’avoine, champignons,<br />
cresson, pain complet, fruits<br />
séchés, olives.<br />
Pain complet, légumes secs,<br />
pain blanc, fruits oléagineux, ail,<br />
oignons, fruits séchés, épinards,<br />
sala<strong>de</strong>, pommes <strong>de</strong> terre.<br />
La consommation <strong>de</strong> graines<br />
germées ai<strong>de</strong> à l’absorption du<br />
zinc.<br />
Levure <strong>de</strong> bière, légumes à feuilles vertes, céréales<br />
complètes et légumes secs, fruits oléagineux,<br />
abricots secs, algues.<br />
ANNEXE II : la position <strong>de</strong> l’<strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong><br />
Par végétarisme, l’A.V.F. entend la pratique d’une alimentation végétarienne équilibrée :<br />
variant l’apport en protéines et autres nutriments d’origine végétale,<br />
accordant une importance primordiale à la consommation<br />
<strong>de</strong> fruits et légumes,<br />
privilégiant les aliments non excessivement raffinés,<br />
favorisant les produits cultivés naturellement.<br />
En d’autres termes, une bonne alimentation végétarienne est la résultante d’une base<br />
végétale déclinée selon les 3 critères <strong>de</strong> l’équilibre, <strong>de</strong> la variété et du naturel.<br />
Ceci est symbolisé par le schéma ci-contre.<br />
À titre d’information, la répartition généralement conseillée pour une alimentation végétarienne<br />
équilibrée et variée est représentée par la pyrami<strong>de</strong> ci-<strong>de</strong>ssous. À noter que les œufs ne sont pas indispensables<br />
et que les produits laitiers peuvent être avantageusement remplacés par <strong>de</strong>s alternatives enrichies (calcium, vitamine D,<br />
B12) : les régimes végétaLiens bien conçus sont également bénéfiques pour la santé.<br />
V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
La guerre<br />
contre la grippe<br />
H1N1<br />
Par le docteur Neal Barnard<br />
La grippe H1N1 a déjà tué au<br />
moins 4 375 personnes, selon<br />
l’Organisation mondiale <strong>de</strong> la Santé,<br />
1 et menace <strong>de</strong> multiplier les décès<br />
dans les mois qui viennent.<br />
Que peut-on faire pour nous<br />
protéger ? Rester chez soi, se laver<br />
les mains, faire une réserve <strong>de</strong><br />
Tamiflu ? Ces actions, bien qu’avisées,<br />
ne font qu’esquiver une seule<br />
voiture qui roule à gran<strong>de</strong> vitesse. Aux trousses <strong>de</strong> cette<br />
<strong>de</strong>rnière, il y en aura une autre, puis une autre et encore<br />
une autre. Les épidémies virales se succè<strong>de</strong>nt sans fin. Et<br />
tous les virus subséquents seront plus perspicaces et mieux<br />
adaptés pour vaincre nos défenses immunitaires.<br />
Pour arrêter les vagues récurrentes <strong>de</strong>s virus, il faut s’attaquer<br />
à la source du problème. Les virus ne proviennent<br />
ni du laboratoire d’un scientifique fou, ni d’une expérience<br />
gouvernementale, ni <strong>de</strong> l’espace<br />
intersidéral. Comme leurs<br />
noms le suggèrent, la grippe<br />
porcine provient <strong>de</strong>s porcs et<br />
la grippe aviaire provient <strong>de</strong> la<br />
volaille. Dans les élevages industriels,<br />
les animaux sont <strong>de</strong>s<br />
éprouvettes vivantes dans lesquelles<br />
les virus se multiplient<br />
et se combinent, créant <strong>de</strong><br />
nouveaux virus qui voyagent<br />
d’un animal à l’autre et ensuite<br />
se propagent aux éleveurs, à<br />
leur famille, à leurs proches, et<br />
enfin à l’ensemble <strong>de</strong> la communauté.<br />
Pourquoi les élevages industriels sont-ils <strong>de</strong>venus gigantesques<br />
? Pourquoi y a-t-il tant <strong>de</strong> porcs et <strong>de</strong> volaille ?<br />
Parce que <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> personnes font leurs achats dans<br />
les rayons <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> aux supermarchés, comman<strong>de</strong>nt du<br />
jambonneau au restaurant et achètent <strong>de</strong>s kilos <strong>de</strong> poulet<br />
frit dans les fast-foods. Leurs achats financent ces grands<br />
incubateurs viraux que sont les élevages industriels.<br />
Les virus ont pour origine les intestins <strong>de</strong>s oiseaux. Il est<br />
facile pour un oiseau migrateur d’introduire un virus dans<br />
un élevage <strong>de</strong> poulets ou <strong>de</strong> porcs. Là, le virus se combine<br />
avec d’autres virus en un processus appelé « réassortiment »<br />
pour arriver à une autre forme plus virulente. En 1918, le<br />
virus H1N1 s’est transmis <strong>de</strong>s oiseaux aux hommes et est<br />
<strong>de</strong>venu tristement célèbre sous le nom <strong>de</strong> la « grippe espagnole<br />
». En 1957, ce virus s’est combiné avec un autre virus<br />
Neal Barnard a fondé en 1<strong>98</strong>5 le « Comité <strong>de</strong> Praticiens pour<br />
une Mé<strong>de</strong>cine Responsable » (PCRM en anglais), www.pcrm.org,<br />
qui revendique 5 000 membres et dont les buts sont <strong>de</strong> promouvoir<br />
une mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> prévention (fondée sur l’alimentation végétalienne)<br />
et d’encourager l’éthique dans la recherche médicale<br />
(par <strong>de</strong>s alternatives à l’expérimentation animale).<br />
Il a témoigné <strong>de</strong> sa connaissance <strong>de</strong> notre association en nous<br />
proposant l’article sur la grippe H1N1 :<br />
« J’ai souvent eu l’occasion <strong>de</strong> lire <strong>de</strong>s articles sur le site d’AVF.<br />
Puis-je vous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong> considérer <strong>de</strong> publier un commentaire<br />
au sujet <strong>de</strong> la grippe H1N1 ? J’ai écrit un commentaire que je<br />
peux vous envoyer, si vous voulez.<br />
Veuillez agréer l’expression <strong>de</strong> mes sentiments distingués.<br />
aviaire pour produire un nouveau virus meurtrier, que l’on<br />
appelait « la grippe asiatique ». En 1968, le même processus<br />
nous a donné « la grippe <strong>de</strong> Hong Kong ».<br />
Il est trop tard pour arrêter la grippe porcine H1N1. Elle<br />
est déjà sortie <strong>de</strong>s élevages. Mais c’est le bon moment pour<br />
prévenir les autres grippes, celles qui vont inévitablement<br />
suivre et qui peuvent être encore bien plus dangereuses.<br />
Il faut remarquer qu’il n’y a aucune « grippe légumineuse<br />
», « grippe épinard », ou « grippe spaghetti arabiata ».<br />
Et voilà la solution ! Il faut réduire le nombre d’animaux qui<br />
grandissent dans les élevages industriels où ils se transforment<br />
en incubateurs viraux créant ainsi les conditions idéales<br />
pour le développement <strong>de</strong> nouvelles espèces <strong>de</strong> virus.<br />
Cela veut dire aussi faire nos achats dans les rayons d’alimentation<br />
saine. Il n’est ni nécessaire, ni pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> fréquenter<br />
les rayons <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>.<br />
Les virus ne sont pas les seuls malfaiteurs qui se cachent<br />
dans la vian<strong>de</strong>. Si l’on faisait un prélèvement <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> dans<br />
n’importe quel magasin, on trouverait, dans environ un tiers<br />
<strong>de</strong>s échantillons, <strong>de</strong>s bactéries vivantes, surtout les salmonelles,<br />
<strong>de</strong>s campylobacters, et l’E. coli. Toutes ces bactéries<br />
ont leur origine dans les élevages intensifs. Ces microbes<br />
vivent dans les intestins <strong>de</strong>s animaux jusqu’au moment où<br />
le boucher coupe les abats et laisse s’éparpiller le contenu<br />
<strong>de</strong>s intestins partout.<br />
Neal D. Barnard, MD »<br />
C’est peut-être difficile<br />
d’imaginer un mon<strong>de</strong> sans<br />
élevages. Mais dans les années<br />
quarante, quand les<br />
Américains faisaient <strong>de</strong> leur<br />
mieux pour faire la guerre, le<br />
gouvernement américain a<br />
fortement réglementé le marché<br />
<strong>de</strong>s pneus, <strong>de</strong> l’alimentation,<br />
<strong>de</strong> l’essence et <strong>de</strong> plusieurs<br />
autres secteurs, parce<br />
que les priorités étaient tout<br />
à fait claires. Pourquoi maintenant,<br />
quand la mort pointe<br />
le bout <strong>de</strong> son nez, ne pouvons-nous pas fournir un effort<br />
semblable ?<br />
Si on laisse <strong>de</strong> côté la vian<strong>de</strong>, et si les éleveurs, petit à<br />
petit, trouvent d’autres métiers, comme l’ont fait les agriculteurs<br />
qui ont dû abandonner les champs <strong>de</strong> tabac pour<br />
le bien-être <strong>de</strong> tous, on arrivera à un mon<strong>de</strong> plus sain avec<br />
moins <strong>de</strong> virus mais aussi un mon<strong>de</strong> dans lequel les gens<br />
seront en meilleure santé. Imaginez un mon<strong>de</strong> sans cholestérol,<br />
sans matière grasse <strong>de</strong> source animale. Un mon<strong>de</strong><br />
où le risque <strong>de</strong> crises cardiaques, d’hypertension, <strong>de</strong> cancer<br />
et d’obésité n’est qu’une fraction <strong>de</strong> ce que l’on connaît<br />
aujourd’hui.<br />
Si nous arrivons à ce mon<strong>de</strong> sain et sage, nos efforts<br />
pour lutter contre la grippe nous auront bien servi. <br />
1. http://www.who.int/csr/don/<strong>2009</strong>_10_16/en/in<strong>de</strong>x.html [au 16 octobre 2010]<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
N U T R i T i O N - S A N T É<br />
7
N U T R i T i O N - S A N T É<br />
8<br />
Sommes-nous<br />
carnivores,<br />
omnivores<br />
ou herbivores ?<br />
Le bifteck-frites, les œufs pochés et la fondue au fromage<br />
ont mauvaise presse par les temps qui courent... :<br />
- Réchauffement climatique<br />
Les 1,3 milliard <strong>de</strong> bêtes à cornes qui nous servent <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong>-manger produisent une quantité phénoménale <strong>de</strong><br />
gaz méthane (NH4) un gaz à effet <strong>de</strong> serre 23 fois plus puissant<br />
que le CO2. « C’est ainsi que le bovin réchauffe plus<br />
que la voiture », explique l’éthicien Jean-Baptiste Jeangène<br />
Vilmer 1 .<br />
- Mal-être animal<br />
Et c’est sans mentionner les milliards <strong>de</strong> poulets, <strong>de</strong><br />
porcs, <strong>de</strong> lapins, <strong>de</strong> canards, d’oies et <strong>de</strong> poissons qui<br />
croupissent dans <strong>de</strong>s élevages<br />
hyper-polluants dans <strong>de</strong>s<br />
conditions, selon le mot <strong>de</strong><br />
l’ethnologue français Jean<br />
Pierre Digard, « proches du sadisme<br />
- totalement injustifiées<br />
même d’un point <strong>de</strong> vue strictement<br />
productiviste » 2 . Les<br />
poules pon<strong>de</strong>uses par exemple<br />
sont enfermées à cinq dans un<br />
espace <strong>de</strong> 45 cm par 50 cm,<br />
ce qui fait pour chacune un<br />
espace équivalent à une feuille<br />
<strong>de</strong> papier. « À titre <strong>de</strong> comparaison, conclut Vilmer, cela reviendrait<br />
à enfermer durant toute leur vie cinq humains dans<br />
une cabine téléphonique. 3 »<br />
- Risques <strong>de</strong> pandémie<br />
Par Charles Danten<br />
La plupart <strong>de</strong> nos épidémies - y compris le SIDA 4 - les<br />
plus gravissimes, sinon toutes, sont transmises par les animaux<br />
5 . La peste porcine par exemple a tué <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong><br />
personnes au siècle <strong>de</strong>rnier 6 . Et présentement, le spectre<br />
<strong>de</strong> la grippe porcine - une maladie dérivée <strong>de</strong>s méga-porcheries,<br />
<strong>de</strong> la mondialisation et du néo-libéralisme - plane<br />
sur nous avec l’insistance <strong>de</strong>s charognards 7 .<br />
- Effets délétères sur la santé<br />
Mis à part les méfaits sur la santé <strong>de</strong>s antibiotiques et<br />
<strong>de</strong>s hormones <strong>de</strong> croissance couramment employés pour<br />
augmenter le taux <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> l’élevage, certains cancers<br />
du système digestif et les acci<strong>de</strong>nts cardiovasculaires<br />
sont imputés à un régime alimentaire trop riche en produits<br />
d’origine animale. Selon une étu<strong>de</strong> américaine récente réa-<br />
lisée sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 10 ans, auprès <strong>de</strong> 500 000 personnes,<br />
la consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> rouge (bœuf et porc)<br />
augmente le risque <strong>de</strong> mourir d’un cancer <strong>de</strong> 22 % pour les<br />
hommes et <strong>de</strong> 20 % pour les femmes ; le risque <strong>de</strong> mourir<br />
d’une maladie du cœur augmente <strong>de</strong> 27 % pour les hommes<br />
et <strong>de</strong> 50 % pour les femmes 8 . L’étu<strong>de</strong> dite « Chinoise »<br />
du Dr Campbell, a démontré qu’une consommation élevée<br />
<strong>de</strong> protéines animales (y compris <strong>de</strong> caséine, une protéine<br />
du lait) était associée à un taux accru <strong>de</strong> cancer, <strong>de</strong> maladie<br />
cardiaque et <strong>de</strong> diabète <strong>de</strong> type II 9 . À ce tableau peu reluisant,<br />
il faut aussi ajouter notamment la listériose et la salmonellose,<br />
<strong>de</strong>ux maladies notoires associées à une <strong>de</strong>nrée<br />
hautement périssable 10 .<br />
- Famine<br />
Charles Danten a une double formation en agronomie et<br />
en mé<strong>de</strong>cine vétérinaire. Il a pratiqué la mé<strong>de</strong>cine vétérinaire<br />
pendant 18 ans, dans tous les domaines <strong>de</strong> la profession, notamment<br />
dans les élevages industriels. Et il a été propriétaire<br />
<strong>de</strong> sa propre clinique vétérinaire - spécialisée dans les soins<br />
aux animaux <strong>de</strong> compagnie - pendant dix ans. Après avoir pris<br />
conscience du véritable visage <strong>de</strong> cette industrie, il a laissé<br />
la profession pour se consacrer à l’amélioration <strong>de</strong>s relations<br />
entre les être humains et les animaux. Il est l’auteur du livre<br />
Un vétérinaire en colère publié chez VLB en 1999 et qui sera<br />
bientôt réédité dans une nouvelle version intitulée L’ombre <strong>de</strong><br />
la saga humaine : Au cœur du rapport à l’animal. Essai sur la<br />
condition humaine.<br />
Enfin, selon J.-B. J. Vilmer, « les excès <strong>de</strong> l’élevage industriel<br />
contribuerait à l’iniquité <strong>de</strong> la distribution <strong>de</strong> nourriture,<br />
creusant ainsi un gouffre entre malnutrition d’un<br />
côté et suralimentation <strong>de</strong> l’autre. […] La quantité <strong>de</strong> céréales<br />
nécessaires pour nourrir le bétail qui nourrira un<br />
seul homme permettrait en effet <strong>de</strong> nourrir directement<br />
20 personnes » 11 .<br />
Compte tenu <strong>de</strong> ce sombre<br />
bilan, peut-on vivre sans<br />
manger <strong>de</strong>s animaux et leurs<br />
sous-produits ? Sommes-nous<br />
carnivores, omnivores ou herbivores<br />
? C’est pour répondre<br />
à cette question vitale que j’ai<br />
rencontré le mé<strong>de</strong>cin, physiologiste<br />
et nutritionniste américain<br />
Milton Mills <strong>de</strong> l’organisation<br />
Earthsave 12 .<br />
MILTON MILLS RÉPOND AUX QUESTIONS DE CHARLES<br />
DANTEN<br />
Ne pouvons-nous pas – et c’est ce qui expliquerait notre<br />
grand succès comme espèce – manger tout ce que<br />
nous voulons ? Ne sommes-nous pas foncièrement <strong>de</strong>s<br />
omnivores ?<br />
Non ! Nous sommes <strong>de</strong>s herbivores. Notre corps est<br />
admirablement bien équipé pour se procurer et traiter la<br />
matière végétale. Nous avons évolué pendant <strong>de</strong>s millions<br />
d’années dans le berceau africain. C’est à cet endroit, dans<br />
<strong>de</strong>s conditions climatiques et écologiques équatoriales que<br />
se sont forgées nos caractéristiques morphologiques et<br />
physiologiques actuelles. Or, selon les données issues <strong>de</strong><br />
l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s fossiles, notre ancêtre était un herbivore. Il se<br />
nourrissait <strong>de</strong> fruits, <strong>de</strong> baies, <strong>de</strong> racines et <strong>de</strong> graines. Il<br />
avait une niche écologique très spécialisée qui lui a permis<br />
<strong>de</strong> survivre et <strong>de</strong> prospérer. Il n’était pas en compétition<br />
avec les prédateurs comme le loup et le lion, et heureusement<br />
d’ailleurs, car il ne faisait pas le poids. Entre autres, sa<br />
V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
vitesse <strong>de</strong> déplacement était insuffisante, son odorat relativement<br />
faible et son ouïe médiocre. De plus, la marche est<br />
notre mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> locomotion le plus naturel, et cette activité<br />
est particulièrement bien adaptée à la cueillette.<br />
Oui, mais nous avions <strong>de</strong>s outils et <strong>de</strong>s armes, c’était<br />
un avantage décisif !<br />
En effet, mais pas aussi important qu’on pourrait le<br />
croire. Les premiers outils sont apparus il y a environ un<br />
million d’années. Pendant <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers d’années,<br />
ces outils étaient très rudimentaires et peu efficaces.<br />
Essayez <strong>de</strong> chasser un bison, un auroch - l’ancêtre du bœuf<br />
- ou même une gazelle avec <strong>de</strong>s pierres taillées grossièrement<br />
! Plus tard, avec l’invention <strong>de</strong> la lance et <strong>de</strong> l’arc, il y<br />
a à peine 100 000 ans, les techniques <strong>de</strong> chasse se sont<br />
améliorées quelque peu. Cependant cette activité est pleine<br />
d’imprévus et la réussite est loin d’être assurée. En étudiant<br />
les quelques tribus qui vivent encore plus ou moins comme<br />
nos ancêtres, nous avons appris qu’il est très difficile<br />
avec <strong>de</strong>s armes rudimentaires <strong>de</strong> capturer ou <strong>de</strong> tuer une<br />
proie ; ils réussissent environ<br />
une fois sur vingt après<br />
maints efforts. Il serait tout à<br />
fait absur<strong>de</strong> dans ces conditions<br />
d’essayer d’assurer la<br />
survie <strong>de</strong> ses enfants sur<br />
ce genre d’activité. Chez les<br />
cueilleurs-chasseurs mo<strong>de</strong>rnes,<br />
la base <strong>de</strong> l’alimentation<br />
est végétale, complétée à<br />
l’occasion par <strong>de</strong>s insectes,<br />
quelques œufs et, rarement,<br />
avec un animal <strong>de</strong> taille petite<br />
ou moyenne. L’activité<br />
principale est la cueillette et<br />
non la chasse.<br />
L’image <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong>s cavernes, chasseur redoutable<br />
et sanguinaire, cruel et carnivore, toutes <strong>de</strong>nts et toutes<br />
griffes <strong>de</strong>hors, est donc un mythe ?<br />
Oui, tout à fait ! Vous savez, la paléoanthropologie<br />
est née en Angleterre,<br />
au 19 e siècle, en pleine révolution<br />
industrielle. À cette époque, et ça n’a<br />
guère changé, la vian<strong>de</strong> était associée<br />
à la force, la virilité, la longévité et au<br />
statut social. Par ignorance <strong>de</strong>s principes<br />
nutritionnels, on la considérait<br />
comme l’aliment idéal pour notre espèce.<br />
C’est avec ces notions erronées<br />
que les premiers anthropologues ont<br />
interprété notre histoire. De là est né<br />
le mythe <strong>de</strong> l’homme <strong>de</strong>s cavernes.<br />
C’est <strong>de</strong>venu un <strong>de</strong>s éléments pivot<br />
du machisme et <strong>de</strong> la fierté masculine.<br />
L’idée du grand chasseur, maî-<br />
Milton R. Mills, docteur en mé<strong>de</strong>cine, est codirecteur <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine<br />
préventive pour le PCRM (Physicians Committee for responsible<br />
medicine) [www.pcrm.org], un groupe nord-américain <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins<br />
et <strong>de</strong> personnes privées pour la promotion d’une meilleure<br />
alimentation et <strong>de</strong> la recherche dans ce domaine.<br />
Mé<strong>de</strong>cin spécialiste en mé<strong>de</strong>cine préventive, Milton R. Mills se<br />
consacre à certaines <strong>de</strong>s influences <strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong> la<br />
société sur la santé. Il a donné plusieurs conférences et a participé<br />
à <strong>de</strong> nombreux séminaires <strong>de</strong> recherche aux États-Unis et au Mexique<br />
sur divers sujets : les conséquences <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong><br />
vian<strong>de</strong> et <strong>de</strong> produits laitiers sur la santé humaine, l’alimentation<br />
et le sida, l’alimentation et le cancer, les besoins alimentaires <strong>de</strong><br />
groupes ethniques variés.<br />
Note : EarthSave est un mouvement d’éducation populaire sur<br />
les conséquences <strong>de</strong> nos choix alimentaires sur l’environnement,<br />
la santé et la vie sur Terre et préconise une évolution vers un régime<br />
végétarien. EarthSave est une organisation non lucrative basée<br />
à New York et représentée dans tous les États-Unis et au Canada.<br />
tre <strong>de</strong> la nature et pourvoyeur <strong>de</strong> ces dames, a fait couler<br />
beaucoup d’encre <strong>de</strong>puis. Or, cette notion romantique est<br />
peu plausible et difficile à concilier avec la réalité. Plusieurs<br />
anthropologues contemporains remettent en question cette<br />
interprétation.<br />
Sur quels critères vous appuyez-vous pour déterminer<br />
le type d’alimentation le plus naturel pour notre espèce ?<br />
Il y a un minimum <strong>de</strong> trois facteurs à prendre en compte<br />
: les considérations anthropologiques - que nous venons<br />
<strong>de</strong> discuter - puis l’adaptation biologique et, enfin, les conséquences<br />
physiologiques ou, si vous voulez, les bénéfices<br />
d’un régime alimentaire particulier.<br />
Examinons maintenant les caractéristiques biologiques :<br />
On peut classifier les mammifères, selon leur type d’alimentation,<br />
en carnivores, en omnivores ou en herbivores. Comme<br />
chaque classe a <strong>de</strong>s caractéristiques anatomiques et<br />
physiologiques bien spécifiques, il est facile, par une étu<strong>de</strong><br />
comparative, <strong>de</strong> situer notre espèce.<br />
Les carnivores et les omnivores sont équipés pour pour-<br />
suivre, capturer, tuer, manger<br />
et digérer rapi<strong>de</strong>ment leur<br />
proie. Leurs griffes sont longues,<br />
robustes et acérées<br />
pour les ai<strong>de</strong>r à la saisir et l’immobiliser.<br />
Ils ont une gueule<br />
très gran<strong>de</strong> par rapport à la<br />
taille du crâne. Cela leur donne<br />
un avantage certain pour<br />
saisir, tuer et déchiqueter une<br />
prise. Leurs <strong>de</strong>nts sont pointues<br />
et très acérées car elles<br />
servent surtout à déchiqueter<br />
la vian<strong>de</strong>. L’articulation <strong>de</strong> la<br />
mâchoire ne permet que les<br />
mouvements verticaux. En<br />
général, ces animaux avalent tout rond, sans mastication, la<br />
plus gran<strong>de</strong> quantité possible <strong>de</strong> nourriture. Par conséquent,<br />
leur estomac est relativement volumineux - 60 à 70 % du<br />
volume total <strong>de</strong> l’appareil digestif -<br />
pour recueillir une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong><br />
nourriture d‘un seul coup. La très gran<strong>de</strong><br />
acidité <strong>de</strong> l’estomac favorise la digestion<br />
rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s aliments et protège<br />
ces animaux contre une contamination<br />
bactérienne très élevée. Les intestins<br />
sont courts - cinq fois la longueur du<br />
corps mesuré <strong>de</strong> la bouche à l’anus - ,<br />
car les produits <strong>de</strong> la digestion sont absorbés<br />
rapi<strong>de</strong>ment.<br />
Par comparaison, les herbivores<br />
n’ont pas <strong>de</strong> griffes acérées. Comme<br />
nous, en général, ils ont une gueule<br />
<strong>de</strong> petite taille proportionnellement à la<br />
tête. Ils ont <strong>de</strong>s lèvres charnues et très<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
N U T R i T i O N - S A N T É<br />
9
N U T R i T i O N - S A N T É<br />
10<br />
musclées spécialisées dans la préhension fine <strong>de</strong> petites<br />
quantités d’aliments. La structure <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts, <strong>de</strong> la mâchoire<br />
et <strong>de</strong> la langue est hautement spécialisée. La surface <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>nts est plate, ce qui favorise la mastication. La mâchoire<br />
est très mobile, permettant les mouvements dans tous les<br />
sens. La nourriture est mastiquée, broyée, mélangée longuement<br />
avant d’être avalée en petite quantité. Notre salive,<br />
contrairement aux carnivores, et aux omnivores comme<br />
l’ours et le raton laveur, contient <strong>de</strong> la ptyaline, une enzyme<br />
qui amorce et facilite la digestion. Nos secrétions gastriques<br />
sont beaucoup moins aci<strong>de</strong>s que chez les carnivores. L’intestin,<br />
où la plupart <strong>de</strong>s aliments sont absorbés, est beaucoup<br />
plus long - dix à douze fois la longueur du corps - ce<br />
qui favorise la digestion. Enfin, le côlon ou le gros intestin, la<br />
partie la plus postérieure du système digestif, est en général<br />
beaucoup plus complexe que chez les carnivores et les omnivores.<br />
Notre anatomie, à nous êtres humains, cadre très<br />
bien avec cette <strong>de</strong>scription.<br />
Quand on pense à un herbivore, on pense à la vache,<br />
au mouton ou au cheval. Or, ces animaux ont un système<br />
digestif très complexe, souvent composé d’un estomac à<br />
plusieurs compartiments. Ces animaux peuvent manger et<br />
digérer le foin, ce qui n’est pas notre cas ?<br />
Selon ma définition, tout animal qui mange une nourriture<br />
dérivée <strong>de</strong>s plantes est un herbivore. Cela dit, il y en<br />
a plusieurs types, équipés <strong>de</strong> façon variable pour digérer<br />
différentes sortes <strong>de</strong> matières végétales. Ceux qui mangent<br />
du foin, une matière très fibreuse, riche en cellulose, difficile<br />
à digérer, ont un système digestif très complexe. Ils sont<br />
capables, par un processus <strong>de</strong> fermentation bactérienne,<br />
<strong>de</strong> dégra<strong>de</strong>r et <strong>de</strong> transformer <strong>de</strong>s aliments très indigestes.<br />
Notre espèce est plutôt adaptée pour traiter une matière<br />
végétale beaucoup plus digeste comme les fruits, les légumes<br />
tendres, les racines et les noix. Par conséquent, notre<br />
système digestif est plus simple. Il n’en <strong>de</strong>meure pas moins<br />
que nous sommes <strong>de</strong>s herbivores.<br />
Et la fameuse vitamine B12 ?<br />
La manière dont nous métabolisons cette vitamine<br />
confirme notre nature d’herbivore. Nous sommes faits pour<br />
manger <strong>de</strong>s aliments qui en contiennent en général une<br />
infime quantité. Cependant, nous sommes merveilleusement<br />
bien équipés pour l’absorber, la transformer et la préserver.<br />
Ce n’est pas le cas <strong>de</strong>s carnivores et <strong>de</strong>s omnivores<br />
qui en trouvent facilement <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong>s quantités dans<br />
la vian<strong>de</strong>.<br />
Voulez-vous dire qu’on n’a pas à se soucier <strong>de</strong> cette<br />
vitamine ?<br />
Non, ce n’est pas ce que je veux dire. La vitamine B12<br />
est produite par les bactéries. Or, <strong>de</strong>puis que l’on aseptise<br />
eau et aliments, il est plus difficile <strong>de</strong> combler ses besoins,<br />
quoique ce ne soit pas impossible. Les laits <strong>de</strong> soja, par<br />
exemple, sont généralement supplémentés avec <strong>de</strong> la B12.<br />
Ceux qui mangent <strong>de</strong>s fruits avec la peau et <strong>de</strong>s légumes<br />
biologiques non traités (et donc ayant en surface une quantité<br />
appréciable <strong>de</strong> bactéries) réussissent à en obtenir une<br />
quantité appréciable. On en trouve aussi dans la levure alimentaire.<br />
En général, les végétaliens qui s’alimentent bien<br />
n’ont pas <strong>de</strong> difficultés à combler leurs besoins en B12 ; il y<br />
a environ une chance sur un million qu’ils fassent une déficience.<br />
En cas <strong>de</strong> doute, ou simplement par mesure <strong>de</strong> précaution,<br />
c’est une bonne idée <strong>de</strong> vérifier son taux sanguin<br />
<strong>de</strong> B12 une première fois lorsque vous <strong>de</strong>venez végétarien<br />
puis trois ans après. Vous pouvez aussi prendre un supplément,<br />
à raison <strong>de</strong> 500 microgrammes par semaine 13 .<br />
C’est tout <strong>de</strong> même étonnant, <strong>de</strong>puis le temps, qu’on<br />
ne soit pas mieux adapté pour manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> ?<br />
Nous ne sommes <strong>de</strong>venus omnivores puis carnivores<br />
que <strong>de</strong>puis relativement peu <strong>de</strong> temps, en réponse à<br />
<strong>de</strong>s impératifs culturels et non biologiques. Cette nuance<br />
est très importante, car même si nous pouvons manger<br />
presque n’importe quoi, cela ne veut pas nécessairement<br />
dire que c’est bon pour nous. Contrairement à l’évolution<br />
technologique et culturelle, l’évolution biologique se produit<br />
sur <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers, voire <strong>de</strong>s millions d’années.<br />
C’est un peu le lièvre et la tortue. Ce ne sont pas<br />
les adaptations morphologiques qui ont permis à l’homme<br />
préhistorique <strong>de</strong> chasser, puis <strong>de</strong> consommer <strong>de</strong>s animaux<br />
; c’est son intelligence qui lui a permis <strong>de</strong> faire ce<br />
que son anatomie lui refusait. En d’autres termes, au lieu<br />
<strong>de</strong> sélectionner les modifications gastro-intestinales et la<br />
morphologie les mieux adaptées à ce type d’alimentation,<br />
la sélection naturelle a favorisé les plus habiles chasseurs,<br />
les plus ingénieux fabricants d’outils ainsi que les adaptations<br />
culturelles associées.<br />
Pour résumer, nous sommes surtout faits pour manger<br />
<strong>de</strong>s plantes. Or, en Occi<strong>de</strong>nt, la plupart <strong>de</strong>s gens font le<br />
contraire; comment expliquez-vous cette déviation ?<br />
C’est en quittant le berceau africain pour occuper <strong>de</strong>s<br />
régions plus froi<strong>de</strong>s que l’homme a changé, en très peu <strong>de</strong><br />
temps, pour <strong>de</strong>s raisons vitales, son régime alimentaire. Il<br />
a dû s’adapter aux variations saisonnières <strong>de</strong> la croissance<br />
<strong>de</strong>s végétaux en incorporant à son alimentation <strong>de</strong> plus<br />
en plus <strong>de</strong> produits carnés au fur et à mesure qu’il s’est<br />
déplacé vers le nord. Les animaux étaient abondants et il<br />
ne semblait y avoir aucune contre-indication. L’invention <strong>de</strong><br />
l’outil, et son perfectionnement, a facilité cette évolution.<br />
Puis, il y a 10 000 ans, c’est la domestication massive <strong>de</strong>s<br />
plantes et <strong>de</strong>s animaux 14 . Cependant, le régime alimentaire<br />
<strong>de</strong> base <strong>de</strong>meurait essentiellement composé <strong>de</strong> plantes.<br />
Pendant <strong>de</strong>s siècles, la vian<strong>de</strong> était une <strong>de</strong>nrée presque exclusivement<br />
réservée aux riches marchands, aux nobles et<br />
aux aristocrates. C’était un symbole <strong>de</strong> rang social et <strong>de</strong><br />
prospérité. Les pauvres en mangeaient seulement à certaines<br />
occasions, lors <strong>de</strong>s fêtes religieuses par exemple. Puis,<br />
il n’y a même pas trois cents ans, à la suite <strong>de</strong> la révolution<br />
industrielle, l’élevage <strong>de</strong>s animaux <strong>de</strong> boucherie s’est intensifié,<br />
et la vian<strong>de</strong>, notamment le bœuf, est <strong>de</strong>venue <strong>de</strong> plus<br />
V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
en plus populaire et accessible à tous les échelons sociaux.<br />
Nous sommes donc <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s omnivores à tendance<br />
carnivore à une gran<strong>de</strong> échelle, tout récemment, avec les<br />
conséquences que nous connaissons tous 15 .<br />
Vos arguments sont convaincants. Pourtant, comment<br />
expliquer que <strong>de</strong> nombreuses personnes vivent en santé et<br />
parfois très vieux, en mangeant <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> et ses nombreux<br />
dérivés ?<br />
Il y a d’autres facteurs en jeu. Le stress, la génétique,<br />
les polluants chimiques et autres, la quantité consommée,<br />
le niveau d’activité ont une gran<strong>de</strong> influence. Manger <strong>de</strong> la<br />
vian<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s œufs et du lait en modération, passe encore.<br />
Toutefois, ce n’est pas l’idéal pour notre espèce. Nous sommes<br />
essentiellement <strong>de</strong>s herbivores et notre corps a <strong>de</strong><br />
la difficulté à digérer et à métaboliser cette nourriture. Ce<br />
n’est pas pour rien que les maladies nutritionnelles sont si<br />
nombreuses. Enfin, il importe <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s choix alimentaires<br />
qui concor<strong>de</strong>nt avec le contexte démographique et écologique<br />
actuel. Il serait donc pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> revenir à un régime,<br />
somme toute, beaucoup plus naturel pour notre espèce.<br />
Ce n’est pas une régression, mais un retour salutaire. C’est<br />
sans doute pour notre espèce une question vitale 16 .<br />
Notes et références :<br />
1. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, Éthique Animale, PUF, 2008, p.176 ; voir également<br />
: E. Humbert, « L’impact <strong>de</strong> l’animal domestique sur l’environnement », Point<br />
Vétérinaire, vol. 24, n o 150, 1993, p. 683-696. (Consulté le 10 octobre <strong>2009</strong>)<br />
2. Jean Pierre Digard, Les Français et leurs animaux: Ethnologie d’un phénomène <strong>de</strong><br />
société, Fayard, Pluriel Ethnologie, 2005, p. 41.<br />
3. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, ouvr. cité, p. 171.<br />
4. Le virus du SIDA proviendrait à l’origine du chimpanzé. La transmission interspécifique<br />
est fréquente, et il a été démontré que ce virus peut être transmis par une<br />
morsure. Pourrut X. « <strong>Association</strong> du singe vert avec d’autres espèces <strong>de</strong> primates au<br />
Sénégal. » Revue Méd. Vét., vol. 147, n o 1, 1996, p. 47-58.<br />
5. Joanna Swabe, Animals, Disease and Human Society : Human-animal Relation and<br />
the Rise of Veterinary Medicine, Routledge, 1999.<br />
6. William H. McNeil, Plagues and People, New York Anchor Books/Double Day, 1<strong>98</strong>9.<br />
7. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, ouvr. cité, p. 175; Mike Davis, « Le capitalisme et la<br />
grippe porcine »: http://contretemps.eu/interventions/mike-davis-capitalisme-grippeporcine#_ftn1<br />
(consulté le 10 octobre <strong>2009</strong>)<br />
8. Sinha et al, « Meat Intake and Mortality: A Prospective Study of Over Half a Million<br />
People », Arch Intern Med. 169, <strong>2009</strong>, p. 562-571 : http://science.branchez-vous.<br />
com/<strong>2009</strong>/03/vian<strong>de</strong>_rouge_mortalite_blanche.html. (Consulté le 10 octobre <strong>2009</strong>)<br />
9. T. Colin Campbell, The China Study: The Most Comprehensive Study of Nutrition<br />
Ever Conducted and the Startling Implications for Diet, Weight Loss and Long-term<br />
Health, Benbella Books, 2006 : http://www.mcspotlight.org/media/reports/campbell_<br />
china2.html. (Consulté le 10 octobre <strong>2009</strong>)<br />
10. Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, « la sécurité alimentaire », ouvr. cité, p. 175.<br />
11. Ibid, « Le coût humain », p. 178.<br />
12. Milton R. Mills, « The Comparative Anatomy of Eating », Earthsave: http://earthsave.ca/articles/health/comparative.html.<br />
(Consulté le 10 octobre <strong>2009</strong>). (Cette entrevue<br />
réalisée en septembre 2002 a été mise à jour en septembre <strong>2009</strong>)<br />
En français : « Anatomie comparée <strong>de</strong> l’alimentation » : www.vegetarisme.fr/ressources.php?content=ressources_telechargements_fiches.<br />
(Consulté le 10 octobre<br />
<strong>2009</strong>).<br />
Voir conférence du Dr Milton Mills sur Youtube.com : « Are humans <strong>de</strong>signed to eat<br />
meat ? » http://www.youtube.com/watch?v=rFROlwe-m3Y&feature=fvw. (Consulté le<br />
10 octobre <strong>2009</strong>)<br />
13. Dr John Mc Dougall, « Vitamin B12 Deficiency - the Meat-eaters’ Last Stand »,<br />
Earthsave: http://www.drmcdougall.com/misc/2007nl/nov/b12.htm. (Consulté le<br />
10 octobre <strong>2009</strong>)<br />
14. Denis B. Denis, « La domestication: un concept <strong>de</strong>venu pluriel », INRA Prod. Anim.,<br />
17(3), 2004, p. 161-166 ; Jean-Pierre Digard, L’Homme et les animaux domestiques:<br />
Anthropologie d’une passion, Paris, Fayard. 1990.<br />
15. Jeremy Rifkin, Beyond Beef. The rise and fall of the cattle culture, Plume, 1993.<br />
16. Jared Diamond, Guns germs, and Steel: The fates of human societies. WW.Norton,<br />
1999; [Domestication]: « The worst mistake in the history of the human race », Discover,<br />
1<strong>98</strong>7, p. 64-66; « Evolution, consequences and future of plant and animal domestication<br />
», Nature, vol. 418, 2002.<br />
Yzalou, chienne<br />
végétarienne...<br />
YZALOU est une chienne Bor<strong>de</strong>r Collie <strong>de</strong> 10 mois (le<br />
chien qui rassemble les troupeaux). J’ai beaucoup hésité à<br />
adopter ce fantastique compagnon à quatre pattes.<br />
Étant moi-même végétalienne, le problème <strong>de</strong> l’alimentation<br />
carnée se posait.<br />
L’idée <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir être en contact à nouveau avec <strong>de</strong>s<br />
morceaux d’animaux morts était complètement inacceptable<br />
pour moi.<br />
Comment donner à mon chien une nourriture qui ne<br />
serait pas issue <strong>de</strong> la souffrance <strong>de</strong> ses congénères ?<br />
J’avais entendu parler <strong>de</strong> chiens végétariens...<br />
Et puis je me suis lancée... je l’ai adoptée à l’âge <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux mois.... elle avait été nourrie jusqu’alors sur une base<br />
<strong>de</strong> riz complet, légumes et croquettes végétariennes.<br />
J’ai donc continué...<br />
Je lui donne une nourriture d’origine biologique qui est<br />
le gage d’une qualité nutritionnelle supérieure. Ses <strong>de</strong>ux gamelles<br />
par jour sont composées <strong>de</strong> :<br />
- riz complet (parfois <strong>de</strong>s pâtes ou du quinoa),<br />
- légumes crus ou cuits comme les carottes, les haricots<br />
verts (elle adore les brocolis crus), les courgettes, les<br />
avocats,<br />
- légumineuses en petite quantité (pois chiches, lentilles,<br />
haricots mungo).<br />
J’ajoute systématiquement à sa ration : une cuillère à<br />
soupe d’huile d’olive, une <strong>de</strong> levure maltée et une cuillère à<br />
café <strong>de</strong> spiruline en microganules (pour un repas sur <strong>de</strong>ux).<br />
Je lui donne également six œufs répartis sur toute la<br />
semaine. Parfois même du tofu ou du tempeh ainsi que <strong>de</strong>s<br />
oléagineux qu’elle adore (noix, noisettes, aman<strong>de</strong>s…) et<br />
même <strong>de</strong>s fruits.<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
A N i M A U X<br />
11
A N i M A U X<br />
12<br />
J’achète les croquettes végétariennes disponibles dans<br />
les magasins bio que je lui donne en petite quantité, mélangées<br />
à sa « pâtée ».<br />
Les premiers mois, sur le conseil d’une amie qui a un<br />
chien végétalien, j’avais acheté un complément alimentaire<br />
sur un site anglais pour chiens VG (veggiepets.com). Le produit<br />
s’appelle Missing Link et il est composé d’aci<strong>de</strong>s gras<br />
oméga-3, <strong>de</strong> fibres et <strong>de</strong> phytonutriments.<br />
À noter que ce site propose tout un tas <strong>de</strong> produits pour<br />
animaux végétariens comme <strong>de</strong>s os à mâcher 100 % végétal,<br />
<strong>de</strong>s biscuits ainsi que <strong>de</strong>s spray naturels imitant l’o<strong>de</strong>ur<br />
Le sentiment<br />
ignore les<br />
barrières d’espèce<br />
L’OURAGAN HANNA a frappé les côtes est-américaines<br />
en fin d’année 2008 et en particulier la Caroline du Sud au<br />
début septembre.<br />
Le parc zoologique TIGERS (The Institute of Greatly Endangered<br />
and Rare Species / « Établissement pour espèces<br />
rares et en grand danger ») a été touché et une maman tigre<br />
blanc est <strong>de</strong>venue agressive envers ses <strong>de</strong>ux petits, après<br />
avoir été effrayée par l’ouragan. Ils ont donc été séparés <strong>de</strong><br />
leur mère, et c’est là qu’intervient Anjana.<br />
Anjana est un chimpanzé femelle qui est <strong>de</strong>venue maman<br />
<strong>de</strong> substitution pour les <strong>de</strong>ux petits tigres. Mais Anjana<br />
n’en était pas à son coup d’essai ; en fait, elle a toujours<br />
aidé la soigneuse : « elle a joué le rôle <strong>de</strong> maman pour <strong>de</strong>s<br />
léopards, <strong>de</strong>s lions, <strong>de</strong>s orangs-outans, et elle a fait la même<br />
chose avec les bébés tigres ; elle leur donne le biberon et<br />
joue avec eux ;<br />
c’est une assistante<br />
hors pair. On va<br />
la laisser continuer<br />
jusqu’à ce qu’ils<br />
<strong>de</strong>viennent trop<br />
grands et commencent<br />
à être<br />
trop violents dans<br />
leurs jeux ».<br />
Source : cette histoire a<br />
été rapportée dans plusieurs<br />
éditions du quotidien<br />
<strong>de</strong> langue anglaise<br />
The Sun (octobre 2008,<br />
n o v e m b r e 2 0 0 8 e t<br />
août <strong>2009</strong>). Photos tirées<br />
du site http://www.thesun.<br />
co.uk Aux <strong>de</strong>rnières nouvelles,<br />
Anjana s’occupait<br />
d’un petit puma <strong>de</strong> quelques<br />
semaines, arrivé<br />
chez TIGERS après avoir<br />
été abandonné…<br />
<strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> pour les animaux carnivores que l’on souhaite<br />
convertir au régime veg.<br />
Finalement, Yzalou est une chienne en pleine forme...<br />
une championne en natation (elle peut nager pendant <strong>de</strong>s<br />
heures). J’irai même jusqu’à dire qu’elle est « hyperactive »,<br />
infatigable...<br />
Alors, pour ceux ou celles qui hésitent encore... je vous<br />
rassure, c’est tout à fait possible... ce régime profite autant<br />
à l’homme qu’au chien !!! <br />
Sophie PEDON<br />
Correspondante <strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong> pour la Haute-Garonne<br />
V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
Première<br />
scientifique :<br />
une araignée<br />
végétarienne<br />
Des scientifiques ont découvert la première araignée<br />
végétarienne connue dans le mon<strong>de</strong>.<br />
Bagheera kiplingi, une espèce sud-américaine, vit presque<br />
exclusivement <strong>de</strong> bourgeons et on pense qu’elle est la<br />
seule araignée, sur environ 40 000 espèces, à avoir abandonné<br />
une alimentation carnivore.<br />
À la place, elle a développé un style <strong>de</strong> vie détendu, à<br />
base <strong>de</strong> plants d’acacias sauvages très nourrissants, et elle<br />
n’a plus besoin <strong>de</strong> tisser sa toile pour attraper ses proies.<br />
Les femelles se dispensent même <strong>de</strong> respecter la coutume<br />
ancestrale <strong>de</strong>s araignées qui consiste à manger leur<br />
partenaire sexuel immédiatement après l’accouplement.<br />
« C’est la première araignée connue à «chasser» <strong>de</strong>s<br />
plantes comme principale source d’alimentation », explique<br />
Christopher Meehan <strong>de</strong> l’université Villanova, en Pennsylvanie,<br />
qui a observé ces créatures, <strong>de</strong> la taille d’un ongle, lors<br />
d’un voyage sur le terrain au Mexique.<br />
L’alimentation végétarienne <strong>de</strong> B. kiplingi semble avoir<br />
provoqué d’autres changements. Puisqu’elle n’a plus besoin<br />
<strong>de</strong> gaspiller son énergie pour attraper <strong>de</strong>s proies, elle utilise<br />
ses capacités <strong>de</strong> tissage <strong>de</strong> toile à la construction <strong>de</strong> foyers familiaux.<br />
Les mères utilisent leurs nids pour élever les jeunes.<br />
B. kiplingi n’a pas, toutefois, un style <strong>de</strong> vie entièrement<br />
irréprochable. Son alimentation est peut-être végétarienne,<br />
mais elle doit d’abord la voler sous le nez <strong>de</strong>s fourmis qui<br />
protègent les acacias <strong>de</strong>s envahisseurs.<br />
Malgré tout, pour les zoologistes, le plus stupéfiant dans<br />
la découverte <strong>de</strong> Meehan rési<strong>de</strong> dans le fait que l’on pensait<br />
que la physiologie <strong>de</strong> l’araignée rendait impossible la<br />
consommation <strong>de</strong> végétaux.<br />
« On ne pensait pas du tout que les araignées étaient<br />
capables <strong>de</strong> manger <strong>de</strong>s aliments soli<strong>de</strong>s » ajoute Meehan.<br />
En général, elles secrètent <strong>de</strong>s enzymes sur leurs proies<br />
pour les digérer à l’extérieur du corps puis les consomment<br />
sous forme d’un genre <strong>de</strong> soupe. Pourtant, B. kiplingi mange<br />
ses légumes entiers… ! <br />
Source :<br />
The Sunday Times - Jonathan Leake - 11 octobre <strong>2009</strong>. Copyright <strong>2009</strong> Times<br />
Newspapers Ltd. (Crédit photo : Robert L. Curry). http://www.timesonline.co.uk:80/<br />
tol/news/science/biology_evolution/article6869475.ece<br />
TEVA<br />
Par Armelle Piolat<br />
Si en <strong>France</strong>, le nom Teva fait penser à une chaîne<br />
<strong>de</strong> télévision, au niveau mondial, il s’agit <strong>de</strong> l’Associa-<br />
tion mondiale végétarienne espérantophone ( Tut-<br />
monda Esperantista Vegetarana Asocio).<br />
<strong>Végétarienne</strong> et espérantophone <strong>de</strong>puis 2000, j’ai découvert<br />
l’<strong>Association</strong> mondiale végétarienne espérantophone en<br />
participant à son assemblée générale annuelle cet été. Celleci<br />
s’est tenue lors du congrès mondial d’Espéranto à Bialystok<br />
en Pologne (ville <strong>de</strong> naissance <strong>de</strong> Zamenhof, le créateur<br />
<strong>de</strong> cette langue équitable) du 25 juillet au 1 er août <strong>2009</strong>. J’ai<br />
adhéré <strong>de</strong> suite pour soutenir les actions et pour rencontrer<br />
<strong>de</strong>s végétariens <strong>de</strong> différentes cultures dans une langue que<br />
je parle mieux que l’anglais.<br />
L’espéranto est proche du végétarisme. En effet, les espérantophones<br />
ont un esprit ouvert et respectueux. De nombreux<br />
locuteurs sont sensibles à l’environnement (consommateurs<br />
bio, habitats écologiques, avion banni…) et souhaitent<br />
un mon<strong>de</strong> meilleur (mieux équilibré) par exemple en adhérant<br />
à <strong>de</strong>s réseaux coopératifs (NEF, SEL, AMAP…) et idéologiques<br />
(anti nucléaire, sociaux…). Lorsque je<br />
participe à une rencontre d’espéranto,<br />
je suis sûre d’avoir <strong>de</strong>s repas végétariens<br />
grâce aux 10 à 30 % <strong>de</strong> participants<br />
végétariens (selon les pays) et<br />
<strong>de</strong> ne pas être jugée pour ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
vie.<br />
Cet article n’ayant pas pour but <strong>de</strong> présenter la langue<br />
officielle <strong>de</strong> l’association (si vous le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z avec ferveur, je<br />
ferai un article plus complet), je reviens à TEVA. Son symbole<br />
est celui du végétarisme auquel est ajoutée une étoile verte<br />
(symbole du mouvement espérantiste) et d’un slogan (vivez<br />
et laissez vivre).<br />
Ses missions visent à promouvoir le végétarisme dans le<br />
milieu <strong>de</strong> l’espéranto et l’espéranto auprès <strong>de</strong>s végétariens<br />
dans le mon<strong>de</strong>.<br />
Les membres sont évi<strong>de</strong>ment internationaux et certains<br />
représentent TEVA dans leur pays <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce (38 pays<br />
dont Brésil, Uruguay, Espagne, Norvège, Hongrie, Roumanie,<br />
Slovaquie, Australie, Togo…). Le bureau est composé d’un<br />
prési<strong>de</strong>nt anglais (Christopher Fettes habitant en Irlan<strong>de</strong>),<br />
un vice-prési<strong>de</strong>nt webmestre italien (<strong>France</strong>sco Maurelli), un<br />
vice-prési<strong>de</strong>nt rédacteur hongrois (Jozsef Nemeth) et <strong>de</strong> la<br />
secrétaire trésorière belge (Heidi Goes).<br />
Les actions, financées par les cotisations (20 euros maximum)<br />
et dons, sont réalisées par les bénévoles et prennent<br />
différentes formes.<br />
VERS LES ESPÉRANTOPHONES<br />
TEVA parle du végétarisme lors <strong>de</strong>s manifestations liées<br />
à l’espéranto. Un bon exemple est celui du congrès mondial.<br />
Tout d’abord en tenant un stand à la « foire aux associations ».<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
i N T E R N A T i O N A L 13
i N T E R N A T i O N A L<br />
HISTORIQUE<br />
Basée sur une rencontre entre<br />
l’écrivain russe Tolstoï (prési<strong>de</strong>nt<br />
d’honneur) et Zamenhof, TEVA est fondée<br />
en 1908 lors du Congrès mondial<br />
d’espéranto qui a lieu la même année<br />
à Dres<strong>de</strong> (Allemagne). Elle fut administrée<br />
et animée par le Français René <strong>de</strong><br />
La<strong>de</strong>vèze. Créée sous le nom d’Union<br />
internationale végétarienne espérantiste,<br />
elle a aussi porté le nom <strong>de</strong> Ligue<br />
végétarienne espérantiste (VLE)<br />
avant <strong>de</strong> prendre le nom définitif <strong>de</strong><br />
TEVA. Le bulletin était commun avec<br />
celui <strong>de</strong> l’Union Internationale végétarienne<br />
(1927-1932), contenait <strong>de</strong>s<br />
informations sur le végétarisme en<br />
plusieurs langues (espéranto, anglais,<br />
français, allemand). Les rapprochements<br />
espéranto-végétariens étaient<br />
fréquents à l’époque.<br />
Pour une histoire plus complète,<br />
ren<strong>de</strong>z vous sur la page http://www.<br />
ivu.org/history/societies/esperanto.<br />
html (en anglais).<br />
Ensuite en organisant<br />
pour la 1 ère fois un<br />
séminaire avec <strong>de</strong>s<br />
conférences (analogie<br />
entre l’espéranto et le<br />
végétarisme, histoire<br />
<strong>de</strong> TEVA, mouvement<br />
végétarien polonais).<br />
Enfin en proposant un<br />
repas commun végétarien<br />
(ouvert à tous,<br />
40 personnes sont<br />
venues).<br />
Les membres profitent<br />
également du<br />
programme officiel en<br />
participant par exemple<br />
à un concours<br />
d’orateurs (les moins<br />
<strong>de</strong> 30 ans argumentent<br />
pendant 10 minutes<br />
sur un <strong>de</strong>s<br />
3 thèmes imposés).<br />
En choisissant « crise économique, crise écologique : y a-t-il<br />
<strong>de</strong>s solutions ? » <strong>France</strong>sco Maurelli (voir photo) a expliqué<br />
en quoi le végétarisme permet <strong>de</strong> protéger la planète et a<br />
gagné le 1 er prix.<br />
Pendant toute la semaine, une communication a été<br />
faite autour <strong>de</strong>s repas (plats proposés sur le lieu du congrès,<br />
liste <strong>de</strong> restaurants <strong>de</strong> la ville - dont 1 végétarien -, affiches,<br />
courts articles dans le journal du congrès).<br />
Le bulletin annuel (esperantista vegetarano / végétarien<br />
espérantophone) est envoyé aux membres mais également<br />
utilisé comme outil <strong>de</strong> communication. Il propose <strong>de</strong>s actualités,<br />
présentation <strong>de</strong>s membres, d’associations, <strong>de</strong>s actions<br />
dans un pays ainsi que <strong>de</strong>s recettes. Le numéro <strong>de</strong><br />
<strong>2009</strong> comprend différents sujets (jeudi végétarien à Gand<br />
en Belgique, festival <strong>de</strong>s végétariens<br />
en Italie, réseau d’hébergement<br />
« couch surfing », recommandations<br />
<strong>de</strong> l’ONU, valeur pédagogique <strong>de</strong> la<br />
cuisine, recettes, solutions pour survivre<br />
à la crise, blagues…).<br />
VERS LES VÉGÉTARIENS<br />
TEVA agit principalement au niveau<br />
mondial. Les représentants<br />
tiennent principalement <strong>de</strong>s stands<br />
lors <strong>de</strong>s festivals ou congrès végétariens.<br />
Si vous avez participé au congrès mondial en 2008<br />
à Dres<strong>de</strong> en Allemagne vous aurez peut être remarqué une<br />
table d’information ou assisté aux conférences et cours express<br />
d’espéranto. En 2010 à Jakarta en Indonésie, vous<br />
croiserez la Flaman<strong>de</strong> Heidi qui parle couramment l’indonésien<br />
(et le français entre autres) ainsi que <strong>de</strong>s membres<br />
d’Asie. L’association envoie également <strong>de</strong>s délégués lors<br />
<strong>de</strong> congrès (2 ème Congrès végétarien Occi<strong>de</strong>nt Afrique au<br />
Ghana en octobre <strong>2009</strong> et Congrès végétarien asiatique en<br />
novembre <strong>2009</strong>). TEVA collabore également avec l’<strong>Association</strong><br />
universelle d’espéranto (UEA, basée aux Pays-Bas) et<br />
est membre <strong>de</strong>s 2 associations végétariennes internationales<br />
IVU (International Vegetarian Union) et EVU (European<br />
Vegetarian Union).<br />
PROJETS<br />
Le principal objectif est d’augmenter le nombre <strong>de</strong><br />
membres (une centaine pour l’instant) afin <strong>de</strong> pouvoir agir<br />
plus largement. Le bulletin va paraître 2 fois cette année et<br />
les contacts avec EVU et IVU <strong>de</strong>vraient être encore plus fréquents.<br />
Si vous avez <strong>de</strong>s questions, je me ferai un plaisir d’y<br />
répondre. [NDLR : écrire au journal, journal@vegetarisme.fr,<br />
qui transmettra]<br />
Le site <strong>de</strong> l’association est hébergé par IVU et c’est en<br />
espéranto bien sûr http://www.ivu.org/teva/ <br />
14 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
Végétarix<br />
MON PREMIER VOYAGE SE DÉROULE<br />
DURANT L’ÉTÉ <strong>2009</strong><br />
Inscrite au Congrès mondial d’espéranto en Pologne, à<br />
Bialystok, je voyage avec <strong>de</strong>s gourmets. Nous <strong>de</strong>vions gérer<br />
les contraintes <strong>de</strong> temps (trajet et sessions du congrès), <strong>de</strong><br />
budget (repas extérieurs) et les différentes cultures (heures<br />
décalées et contenus <strong>de</strong>s repas).<br />
Strasbourg : Un ami nous héberge pour la nuit. Le repas<br />
100 % bio est parfait (tarte fromage et sala<strong>de</strong>s) accompagné<br />
d’un rosé espagnol fleuri acheté dans la biocoop locale.<br />
Berlin (Allemagne) : Nous passons par Nuremberg et<br />
trouvons <strong>de</strong> quoi déjeuner dans un restaurant italien. Cela<br />
commence mal pour le côté local que nous recherchons ! À<br />
Berlin, nous avions repéré une taverne mais, à 21 heures,<br />
elle allait fermer. Une brasserie avec <strong>de</strong>s plats variés (sala<strong>de</strong>,<br />
soupe, omelette) et une<br />
bière non filtrée fera l’affaire.<br />
Le déjeuner sera<br />
pris dans un restaurant<br />
turc où j’ai apprécié une<br />
assiette végétarienne<br />
parfaite (type « mezzé »<br />
libanais).<br />
Poznan (Pologne) : A<br />
cause d’une pluie torrentielle, nous avons visité le premier<br />
restaurant rencontré. Très commun.<br />
Varsovie : La visite <strong>de</strong> la vieille ville nous porte vers un<br />
en voyage<br />
Manger végétarien hors <strong>de</strong> chez soi est parfois compliqué.<br />
Alors, imaginez le casse-tête quand il s’agit <strong>de</strong> l’étranger !<br />
Voyager permet, entre autres, <strong>de</strong> découvrir <strong>de</strong> nouveaux<br />
produits, mais ce n’est pas toujours compatible avec<br />
un équilibre alimentaire. Je vous propose un court<br />
récit sur mes <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières aventures culinaires en Europe.<br />
Par Armelle Piolat<br />
quartier plus calme où nous repérons un restaurant typique.<br />
J’ai découvert le bortsch blanc servi dans du pain (avec <strong>de</strong><br />
très petits morceaux <strong>de</strong> lardons !) ainsi que les « pirojki » aux<br />
choux <strong>de</strong> plusieurs couleurs, servis avec…. du chou (très<br />
utilisé en Pologne) et une bière sucrée chau<strong>de</strong>.<br />
Pour le repas suivant, ce fut un bonheur <strong>de</strong> trouver un<br />
restaurant bio où l’on compose son menu avec un large<br />
choix <strong>de</strong> plats (légumes cuisinés, tofu, lentilles, pâtes, crudités<br />
et <strong>de</strong>sserts).<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
V O Y A G E S 15
V O Y A G E S<br />
16<br />
Par exemple ici : lentilles, œufs, poivrons et courgettes,<br />
pirojki aux cerises, gâteau et crêpe au fromage blanc.<br />
Bialystok : (1 semaine) : Nous arrivons au centre ville<br />
à 21 h 30 un<br />
samedi soir. Il<br />
a fallu visiter au<br />
moins 10 restaurants<br />
avant<br />
<strong>de</strong> trouver une<br />
pizzeria qui servait<br />
encore à<br />
manger.<br />
Pendant le congrès, nous avons alterné les repas dans les<br />
restaurants <strong>de</strong> la ville et les snacks du congrès. Les organisateurs<br />
avaient prévu <strong>de</strong>s plats végétariens mais dans la réalité<br />
j’ai picoré ce que je pouvais dans les accompagnements <strong>de</strong>s<br />
plats (frites, soupe, carotte et encore du chou…). La barrière<br />
<strong>de</strong> la langue n’a pas permis <strong>de</strong> varier les repas ni <strong>de</strong> savoir<br />
le contenu <strong>de</strong><br />
certains plats<br />
(dont une délicieuse<br />
soupe<br />
rose).<br />
L e p e t i t<br />
déjeuner étant<br />
peu copieux<br />
(sandwiches et friands) nous avons visité le supermarché<br />
pour compléter avec <strong>de</strong>s gâteaux, fruits et jus <strong>de</strong> fruit. J’ai<br />
aussi acheté <strong>de</strong>s tomates, fruits secs, yaourt, biscuits, du<br />
pain pour me caler ou pour trouver ce qu’il manquait (protéines,<br />
fibres, calcium…)<br />
Lors d’une excursion près <strong>de</strong> la frontière, nous avons<br />
mangé dans le seul restaurant du village tatar. Le repas unique<br />
était sympa pour les carnivores (friands à la vian<strong>de</strong>)<br />
mais je n’ai pu manger que <strong>de</strong>s crudités ! Je me suis satisfaite<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>sserts mais ils étaient bourratifs (beignet et roulé<br />
au fromage).<br />
Wroclav : Parmi les restaurants touristiques nous découvrons<br />
un endroit luxueux peu cher (moins <strong>de</strong> 5 euros le plat).<br />
On m’avait recommandé d’éviter <strong>de</strong> manger <strong>de</strong>s champignons<br />
dans ce<br />
pays (par rapport<br />
à Tchernobyl)<br />
mais sur le<br />
menu, c’est le<br />
seul plat compatible.<br />
Il s’agit<br />
d’une galette<br />
Wroclav<br />
avec une sauce<br />
champignon qui sera suivie d’un cheesecake (gâteau au fromage<br />
blanc).<br />
Prague : Sur la route du retour, nous avons fait un arrêt<br />
à Prague. Le dîner fut correct (soupe délicieuse aux légumes<br />
avec un œuf mollet) mais les croquettes aux fromages accompagnés<br />
<strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre furent difficiles à digérer.<br />
Pour le déjeuner,<br />
nous avons grignoté<br />
<strong>de</strong>s sandwiches<br />
hors <strong>de</strong> prix.<br />
Enfin le <strong>de</strong>rnier repas<br />
fut pris en Allemagne<br />
dans un bon<br />
restaurant bio. J’ai<br />
enfin pu comprendre<br />
ce que je mangeais<br />
et apprécier<br />
les plats simples et<br />
bons (pâtes aux légumes<br />
et glace aux<br />
fruits).<br />
De ce séjour, il<br />
me reste <strong>de</strong>s souvenirs<br />
mitigés puisque<br />
j’ai eu plaisir à<br />
manger <strong>de</strong>s plats<br />
originaux mais eu beaucoup <strong>de</strong> repas déséquilibrés, gras et<br />
peu variés (pommes <strong>de</strong> terre et <strong>de</strong> chou). Les ex-pays <strong>de</strong><br />
l’Est, pour ce que j’en ai vu, semblent peu compatibles avec<br />
une alimentation végétarienne lorsque l’on ne prépare pas<br />
soi-même les repas. Cela ne n’empêchera pas d’y retourner<br />
pour tester d’autres cuisines…<br />
MA SECONDE EXPÉRIENCE<br />
A EU LIEU EN IRLANDE EN OCTOBRE<br />
Nous avions plus <strong>de</strong> temps pour les repas et avons testé<br />
plusieurs formules. À Dublin nous avons dîné dans un bon<br />
restaurant. Pour compléter l’entrée <strong>de</strong> crudités variées, j’ai<br />
goûté 3 bons fromages locaux (accompagnés <strong>de</strong> raisins<br />
et <strong>de</strong> confiture <strong>de</strong> figues). Pour déjeuner sur le pouce, le<br />
snack « fish and chips » est <strong>de</strong>venu « œuf frites » peu digestes.<br />
Nous avons donc choisi d’acheter <strong>de</strong>s sala<strong>de</strong>s au<br />
poids et <strong>de</strong>s sandwiches à composer avec un grand choix<br />
d’ingrédients. Dans le Connemara, nous avons pris l’option<br />
<strong>de</strong> cuisiner le dîner à l’auberge <strong>de</strong> jeunesse et <strong>de</strong> grignoter<br />
le midi (pain, cheddar, fruit).<br />
Ce voyage me laisse un meilleur souvenir au niveau<br />
gastronomique et me fait penser que le restaurant n’est pas<br />
forcément la meilleure solution pour manger correctement<br />
et découvrir un pays.<br />
V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
Agriculture<br />
végane<br />
Article proposé par Clèm<br />
Dans le premier article consacré à l’agriculture végane<br />
(Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s, n° 97), nous avons vu<br />
que ce mo<strong>de</strong> d’agriculture s’attachait – entre autres<br />
– à minimiser autant que possible son impact envi-<br />
ronnemental, ce qui passe notamment<br />
par l’amélioration <strong>de</strong>s sols 1 , et une note précisait que<br />
l’agriculture conventionnelle est synonyme<br />
<strong>de</strong> dégradation <strong>de</strong>s sols.<br />
Le sol... Que représente-t-il ? Quelles formes <strong>de</strong> vies<br />
abrite-t-il ? Quels dangers le menacent et <strong>de</strong> quels<br />
moyens disposons-nous pour le maintenir, voire<br />
l’améliorer ? Autant <strong>de</strong> points que nous développons<br />
dans ce second épiso<strong>de</strong>, consacré au sol.<br />
2ÈME ÉPISODE<br />
LE SOL, UN ÉLÉMENT FRAGILE À PROTÉGER<br />
Qu’est-ce que le sol ?<br />
Les végétaux se développent grâce à l’air, à l’eau et au<br />
sol. Les <strong>de</strong>ux premiers éléments sont purement minéraux,<br />
d’où une certaine solidité<br />
: même si on les<br />
pollue à outrance, l’humanité<br />
ne pourra pas (à<br />
moins d’un cataclysme<br />
épouvantable) faire disparaître<br />
<strong>de</strong> la planète ni<br />
l’air, ni l’eau. Le sol, qui<br />
est par contre un complexe<br />
dynamique minéral<br />
et organique 2 , se caractérise<br />
par sa fragilité : non seulement il peut être pollué,<br />
asphyxié, tassé, mais il peut aussi tout bonnement disparaître<br />
: c’est l’érosion qui, en emportant la terre, laisse la roche<br />
mère à nu, stérile et incultivable.<br />
Un sol en bonne<br />
santé est un bouillon<br />
<strong>de</strong> culture insoupçonné,<br />
qui abrite une multitu<strong>de</strong><br />
d’animaux et d’êtres vivants<br />
3 , vivant <strong>de</strong>ssus ou<br />
<strong>de</strong>dans, <strong>de</strong>s plus minuscules<br />
micro-organismes<br />
aux taupes en passant<br />
par les vers <strong>de</strong> terre, qui le malaxent et l’aèrent en permanence.<br />
Ainsi, un sol en bon état contient jusqu’à un milliard<br />
<strong>de</strong> micro-organismes et dix millions à un milliard <strong>de</strong> bactéries<br />
par gramme <strong>de</strong> sol, plus une à quatre tonnes <strong>de</strong> vers<br />
<strong>de</strong> terre par hectare ! 4<br />
Taupes, campagnols, mulots, cloportes, araignées, mille-pattes,<br />
iules, vers, fourmis, perce-oreilles, némato<strong>de</strong>s,<br />
collemboles, protoures, mollusques, larves, etc., tous ont<br />
un rôle fondamental : en dévorant les déchets végétaux,<br />
dont les racines<br />
mortes, ils produisent<br />
<strong>de</strong>s boulettes<br />
fécales qui<br />
peuvent alors<br />
être décomposées<br />
par les<br />
champignons,<br />
les bactéries et<br />
VEGANISME :<br />
Mot créé par Sir Donald Watson dans<br />
les années 40, pour désigner la démarche<br />
<strong>de</strong> ne pas consommer ou utiliser ni <strong>de</strong>s<br />
animaux, ni leurs produits ou force <strong>de</strong> travail<br />
(à tous les niveaux possibles : alimentaires,<br />
vestimentaires, scientifiques, pour<br />
les loisirs, etc.).<br />
les microbes : c’est la formation <strong>de</strong> l’humus, réservoir <strong>de</strong>s<br />
substances nutritives et source <strong>de</strong> stabilité du sol. Toute cette<br />
faune, particulièrement nombreuse en forêt, creuse en<br />
plus d’innombrables galeries qui aèrent le sol : il y a jusqu’à<br />
80 % <strong>de</strong> vi<strong>de</strong> à la surface d’un sol forestier 5 , et cette gran<strong>de</strong><br />
porosité le rend capable d’absorber toutes les pluies. Les<br />
champs inondés (spectacle hélas aussi fréquent que désolant)<br />
sont dus à la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> cette vie et <strong>de</strong> la faune et<br />
au tassement par les machines : le sol, compacté, étouffé,<br />
ne laisse plus passer l’eau.<br />
Labour et érosion, le duo infernal<br />
Le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> la dégradation d’un sol est sa mort<br />
biologique, c’est-à-dire la disparition <strong>de</strong>s organismes ci-<strong>de</strong>ssus<br />
cités. Étant donné sa fragilité, il suffit <strong>de</strong> peu pour dégra<strong>de</strong>r<br />
un sol : ainsi le labour (sans doute inventé et développé<br />
pour lutter contre les « mauvaises » herbes), en exposant la<br />
terre nue 6 au soleil et à la pluie, est la cause principale <strong>de</strong> la<br />
disparition <strong>de</strong> la matière organique et donc <strong>de</strong> la stérilisation<br />
<strong>de</strong>s sols. Les labours participent <strong>de</strong> plus au réchauffement<br />
planétaire par la perte <strong>de</strong> matière organique qu’ils occasionnent,<br />
sous forme <strong>de</strong> gaz carbonique.<br />
Remettre en cause le labour peut apparaître insensé :<br />
« Il va sans dire<br />
que faire arrêter<br />
le labour<br />
aux agriculteurs<br />
est un vrai choc<br />
culturel. Le la-<br />
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18<br />
bour est plus qu’une pratique millénaire,<br />
il est un mythe fondateur<br />
<strong>de</strong> l’agriculteur. Et pourtant il faut<br />
démythifier le labour, il en va <strong>de</strong><br />
la survie <strong>de</strong> l’humanité. » 7 C’est<br />
par méconnaissance <strong>de</strong> l’organisation<br />
et du fonctionnement <strong>de</strong>s<br />
organismes du sol, indispensables<br />
à la culture, et persuadé du<br />
bien-fondé du labour, que celui-ci<br />
est <strong>de</strong>venu <strong>de</strong> plus en plus profond<br />
(ce qui, dans l’esprit <strong>de</strong>s<br />
gens, <strong>de</strong>vait sans doute rimer<br />
avec efficacité) au fil <strong>de</strong>s siècles,<br />
jusqu’à atteindre <strong>de</strong>s dimensions<br />
délirantes – par exemple, <strong>de</strong>s labours<br />
<strong>de</strong> 1 à 3 m <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur<br />
dans la Chine <strong>de</strong> Mao 8 ! Mais la<br />
matière organique enfouie ne<br />
peut plus se transformer en humus<br />
à l’intérieur <strong>de</strong>s sillons dès<br />
que ceux-ci dépassent la profon<strong>de</strong>ur<br />
<strong>de</strong> 10 cm – or, enfouir la<br />
matière organique est l’un <strong>de</strong>s impacts et objectifs majeurs<br />
du labour, ainsi que du bêchage et <strong>de</strong> toute action visant à<br />
retourner la terre.<br />
Le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> la dégradation puis <strong>de</strong> la disparition<br />
du sol est sa mort biologique, due en gran<strong>de</strong> partie au<br />
labour qui empêche d’apporter <strong>de</strong> la matière organique au<br />
sol, alors qu’elle constitue l’alimentation <strong>de</strong> toute la faune et<br />
vie du sol. Le coup <strong>de</strong> grâce est souvent donné par l’irrigation<br />
et l’utilisation <strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> fongici<strong>de</strong>s. Et un sol<br />
biologiquement mort est emporté par l’eau ou le vent : c’est<br />
l’érosion, c’est-à-dire la disparition pure et simple du sol.<br />
Ce phénomène gravissime inquiète <strong>de</strong> plus en plus agronomes<br />
et agriculteurs (entre autres) : « l’érosion s’est fortement<br />
amplifiée <strong>de</strong>puis [la révolution verte <strong>de</strong>s années 70].<br />
Elle est maintenant <strong>de</strong> 10 t/ha/an en Suè<strong>de</strong>, <strong>de</strong> 40 t/ha/an<br />
en <strong>France</strong> et <strong>de</strong> 60 t/ha/an en Espagne et <strong>de</strong> 100 tonnes au<br />
Maghreb. Dans certaines régions <strong>de</strong>s États-Unis et d’Europe,<br />
l’érosion a dépassé 200 tonnes par hectare et par an, et<br />
même atteint cinq cents tonnes. En zone tropicale, <strong>de</strong>s sols<br />
peuvent être ainsi ruinés en moins <strong>de</strong> dix ans <strong>de</strong> culture. » 9<br />
L’érosion est particulièrement catastrophique sous les tropiques,<br />
où les sols sont particulièrement fragiles et superficiels<br />
(moins <strong>de</strong> 10 cm d’épaisseur) et où la pluie s’abat<br />
avec violence. Ainsi, le déboisement actuel <strong>de</strong> la forêt amazonienne<br />
pour faire <strong>de</strong> la monoculture <strong>de</strong> soja (uniquement<br />
pour engraisser les vaches occi<strong>de</strong>ntales) ou <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong><br />
pâturage (là encore, pour engraisser <strong>de</strong>s vaches <strong>de</strong>stinées<br />
à la consommation occi<strong>de</strong>ntale) revient, à moyen terme, à<br />
créer <strong>de</strong> vastes zones désertiques.<br />
Une nouvelle approche du sol, <strong>de</strong> plus en plus reconnu<br />
pour ce qu’il est - à savoir un milieu complexe, dynamique,<br />
fragile et bien sûr vital -, s’impose donc aujourd’hui.<br />
Il est essentiel que chaque jardinier, chaque agriculteur,<br />
connaisse son sol. Il existe une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> textures <strong>de</strong><br />
sols, selon ses composants : plus ou moins argileux, limoneux,<br />
sableux. Connaître un sol permet <strong>de</strong> mieux le préserver,<br />
et il est toujours possible d’améliorer (et <strong>de</strong> détériorer)<br />
sa texture, donc sa productivité. Pour connaître la texture<br />
d’un sol, malaxez une petite poignée <strong>de</strong> terre jusqu’à en<br />
faire un boudin : une forte teneur en argiles donnera un<br />
boudin souple et malléable, a contrario, la teneur en limons<br />
le rend plus friable, et le sable encore plus fragile – le sol est<br />
dit lourd, collant, ou au contraire léger, etc. On peut aussi<br />
observer ses couleurs pour déterminer ses composants :<br />
selon la roche mère, les différents minéraux et argiles qu’il<br />
contient, elles varient du gris clair au noir profond en passant<br />
par tous les bruns possibles avec, parfois, <strong>de</strong>s nuances<br />
<strong>de</strong> jaune, <strong>de</strong> blanc, <strong>de</strong> rouge, <strong>de</strong> violet ou <strong>de</strong> vert bleuté.<br />
L’agronome arabe Ibn al-Awan ajoutait à cela une notion<br />
d’analyse <strong>de</strong> la terre par le goût et l’odorat, en buvant et<br />
en sentant la solution <strong>de</strong> terre dans <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong> pluie après<br />
décantation (Bourguignon, 24). Et Fukuoka (96) précise :<br />
« En regardant la variété et la taille <strong>de</strong>s mauvaises herbes<br />
dans un certain espace vous pouvez dire quelle sorte <strong>de</strong> sol<br />
c’est et quelles sont ses déficiences. » Enfin, il est bien sûr<br />
possible <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une analyse du sol par un laboratoire<br />
spécialisé (autour <strong>de</strong> 50 euros).<br />
L’agriculture du<br />
non-agir<br />
Mais peut-on cultiver sans<br />
labourer, sans bêcher et <strong>de</strong> façon<br />
biologique, sans inon<strong>de</strong>r<br />
champs et parcelles <strong>de</strong> pestici<strong>de</strong>s<br />
? La réponse est oui, et en<br />
plus avec <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments égaux<br />
à ceux obtenus dans l’agriculture<br />
conventionnelle, à condition<br />
d’adopter les techniques<br />
adéquates, qui sont aujourd’hui<br />
heureusement en expansion.<br />
Masanobu Fukuoka, paysan<br />
japonais innovateur et<br />
aujourd’hui mondialement reconnu,<br />
n’a pas labouré la terre<br />
<strong>de</strong> ses champs pendant plus <strong>de</strong><br />
30 ans, et cependant leur ren<strong>de</strong>ment<br />
a pu être favorablement<br />
comparé à ceux <strong>de</strong>s fermes japonaises<br />
les plus productives.<br />
Fukuoka explique avec raison<br />
que, pour avoir une agriculture pérenne, la première chose<br />
à faire – ou plutôt, à ne pas faire 10 – est <strong>de</strong> ne pas labourer<br />
ni retourner la terre, la terre se cultivant <strong>de</strong> façon suffisante<br />
par la pénétration <strong>de</strong>s racines <strong>de</strong>s plantes et l’activité <strong>de</strong>s<br />
microorganismes, <strong>de</strong>s petits animaux et <strong>de</strong>s vers <strong>de</strong> terre. Il<br />
rejoint ici Darwin, pour qui les vers <strong>de</strong> terre ont joué le plus<br />
grand rôle possible sur Terre et dans la terre : celui d’accroître<br />
sa fertilité.<br />
Le premier acte vers une agriculture pérenne est donc<br />
<strong>de</strong> ne pas détruire l’ensemble <strong>de</strong>s éléments vivants du sol,<br />
mais au contraire <strong>de</strong> les laisser agir.<br />
Le second acte consiste à renforcer cette vie du sol, à<br />
la maintenir et à l’accroître. Au potager, la grelinette, dont<br />
l’action consiste à décompacter et aérer le sol sans le retourner,<br />
enverra la bêche<br />
rouiller au fond <strong>de</strong> la cabane<br />
à outils. Aux champs,<br />
ce sera le semis direct, les<br />
engrais verts et le paillage<br />
qui remplaceront définitivement<br />
la charrue. D’autres<br />
techniques efficaces et<br />
complémentaires sont à<br />
notre disposition : bois raméal<br />
fragmenté (BRF), engrais verts, cultures associées et<br />
rotations <strong>de</strong>s cultures. De plus, ces techniques végétales,<br />
en plus <strong>de</strong> protéger le sol, en augmentent dans le même<br />
temps la fertilité... comme nous le verrons dans une prochaine<br />
partie.<br />
Quelques livres pour aller plus loin dans la découverte<br />
du sol :<br />
FIN DE L’ARTICLE PAGE 36<br />
V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
Un combat<br />
qui les honore…<br />
Michel Onfray, la cinquantaine<br />
juvénile, est un philosophe<br />
qui construit au fil <strong>de</strong> ses<br />
ouvrages une théorie <strong>de</strong> l’hédonisme<br />
: faire <strong>de</strong> la philosophie<br />
un art <strong>de</strong> vivre - <strong>de</strong> bien<br />
vivre, <strong>de</strong> mieux vivre. Son projet<br />
philosophique s’inscrit dans<br />
une éthique postchrétienne<br />
(on pourra lire Féeries anatomiques,<br />
Prix <strong>de</strong> l’Union <strong>de</strong>s<br />
Athées, 2004, ou son Traité<br />
d’athéologie, 2005). Une <strong>de</strong><br />
ses gran<strong>de</strong>s entreprises est<br />
d’éditer en une dizaine <strong>de</strong> volumes<br />
une « Contre histoire <strong>de</strong><br />
la philosophie », parcourant<br />
vingt-cinq siècles <strong>de</strong> philosophie<br />
oubliée, et mettant en lumière les matérialistes qui furent<br />
relégués aux oubliettes après la victoire du christianisme.<br />
Il a publié dans le magazine Siné Hebdo n° 56,<br />
d’août <strong>2009</strong>, un article sur l’antispécisme, où il justifie cette<br />
conception du rapport Homme-Animal, tout en s’élevant fortement<br />
contre certaines dérives (du type Animal Liberation<br />
Front). Pour le plaisir <strong>de</strong> la réflexion, nous reproduisons ci<strong>de</strong>ssous<br />
cet article, avec son autorisation.<br />
Les antispécistes mènent un combat qui les honore : ils<br />
luttent contre cette idée chrétienne qui consiste à dire que<br />
l’homme a été créé par Dieu comme preuve du couronnement<br />
<strong>de</strong> Son génie, que, <strong>de</strong> ce fait, il domine la nature et qu’il<br />
a donc le droit d’user <strong>de</strong>s animaux comme il l’entend pour<br />
son loisir, son travail, sa nourriture et son bon plaisir. Que<br />
<strong>de</strong>s militants <strong>de</strong> cette cause existent est une bonne chose.<br />
Que le philosophe Peter Singer mène ce combat dans La<br />
Libération animale (Grasset) avec <strong>de</strong>s arguments qui ébranlent<br />
toute conscience formatée au rationalisme occi<strong>de</strong>ntal,<br />
dont moi, est également intellectuellement salutaire.<br />
Depuis sept ans que j’enseigne une histoire alternative <strong>de</strong><br />
la philosophie à l’université populaire <strong>de</strong> Caen en mettant en<br />
avant les penseurs atomistes, les épicuriens, les athées, les<br />
hédonistes, les sensualistes, les matérialistes, les anarchistes,<br />
j’ai découvert que la plupart <strong>de</strong> ces philosophes oubliés,<br />
négligés, écartés, défendaient cette thèse radicale : il n’y a<br />
pas une différence <strong>de</strong> nature entre les hommes et les animaux<br />
(ce qu’affirment les judéo-chrétiens) mais une différence <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>grés (ce que disent les antispécistes). Ce qui change tout…<br />
Le combat antispéciste est légitime quand il nous invite<br />
Par Michel Onfray<br />
Photo : http://pagesperso-orange.fr/michel.onfray/accueilonfray.htm<br />
à réfléchir sur la souffrance<br />
animale, la légitimité <strong>de</strong> l’expérimentation<br />
scientifique<br />
avec les bêtes, le bien-fondé<br />
du végétarisme (auquel toute<br />
conscience qui s’exerce un<br />
tant soit peu à la réflexion<br />
ne peut que consentir intellectuellement…),<br />
les conditions<br />
indignes <strong>de</strong> l’élevage<br />
industriel, la tragédie que représente<br />
philosophiquement<br />
l’abattage programmé d’êtres<br />
vivants, la sauvagerie <strong>de</strong> toute<br />
spectacularisation <strong>de</strong> la mort<br />
comme dans le cas <strong>de</strong> la corrida<br />
ou <strong>de</strong>s combats <strong>de</strong> coqs,<br />
la honte associée à toute entreprise<br />
carcérale <strong>de</strong> type zoo, et la nécessité <strong>de</strong> penser autrement<br />
notre rapport aux animaux. Sur ce terrain, notre humanité<br />
patine, elle retar<strong>de</strong>, elle périclite.<br />
Je ne peux voir un chargement <strong>de</strong> veaux, <strong>de</strong> porcs ou<br />
<strong>de</strong> moutons dans un camion qui se dirige vers l’abattoir<br />
sans une immense empathie, une véritable souffrance physiologiquement<br />
expérimentée, une honte d’être un homme<br />
dont la tribu s’arroge le droit <strong>de</strong> ces odieux charrois. Mais<br />
je ne puis accepter que <strong>de</strong>s militants antispécistes, dont<br />
parfois Peter Singer, assimilent ces convois aux trains <strong>de</strong><br />
la mort qui conduisaient <strong>de</strong>s déportés vers les chambres à<br />
gaz ou fassent <strong>de</strong> l’abattoir le strict équivalent <strong>de</strong> la solution<br />
finale…<br />
J’ai le cœur retourné <strong>de</strong>vant les images <strong>de</strong> taureaux<br />
sacrifiés dans <strong>de</strong>s arènes, d’animaux torturés dans <strong>de</strong>s laboratoires,<br />
<strong>de</strong> phoques massacrés sur la banquise, <strong>de</strong> compagnons<br />
domestiques suppliciés par <strong>de</strong>s crétins qui ne les<br />
valent pas. Mais je m’insurge que <strong>de</strong>s commandos déterrent<br />
l’urne funéraire <strong>de</strong> la mère du patron <strong>de</strong> Novartis (le laboratoire<br />
qui expérimente sur <strong>de</strong>s animaux), profanent sa tombe<br />
avec <strong>de</strong>s inscriptions insultantes, incendient <strong>de</strong>s domiciles,<br />
menacent <strong>de</strong> mort, promettent d’enlever les enfants <strong>de</strong>s<br />
responsables <strong>de</strong> cette entreprise, fassent courir <strong>de</strong> fausses<br />
réputations <strong>de</strong> pédophilie sur ces gens-là, car… les bêtes ne<br />
manifestent pas cette inhumanité-là ! Et pour cause… Ces<br />
personnes montrent qu’il existe tout <strong>de</strong> même une différence<br />
entre les hommes et les animaux : seuls les premiers<br />
jouissent du mal qu’ils font. J’invite ces « humains » à prendre<br />
<strong>de</strong>s leçons auprès <strong>de</strong>s animaux… <br />
Michel Onfray<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
V É G A N i S M E<br />
19
C U L T U R E<br />
20<br />
À LIRE<br />
De l’éditeur La Plage<br />
Racines<br />
<br />
Grand format (22 x 25,5) ; 121 pages ; très belles photos tout en couleur ;<br />
19,90 € ; août <strong>2009</strong>. La Plage : www.laplage.fr<br />
Que faire avec <strong>de</strong>s racines ? Les déraciner, tout d’abord, pour les apprêter<br />
ensuite dans l’une <strong>de</strong>s mille et une façons décrites dans un nouveau livre paru<br />
aux éditions La Plage, Racines – du raifort au navet du Pardailhan, par Laurence<br />
Salomon.<br />
Celle-ci, chef du restaurant « Nature et Saveur » à Annecy, nous entraîne<br />
à la découverte d’espèces connues ou en voie <strong>de</strong> réapparition telles que le<br />
topinambour, le crosne, la betterave crapaudine, le cerfeuil ou encore le navet<br />
du Pardailhan.<br />
Ce ne sont pas moins <strong>de</strong> 45 variétés régionales ou exotiques qui sont ici sé-<br />
lectionnées et présentées pour leur intérêt nutritionnel mais aussi pour leur origi-<br />
nalité visuelle, olfactive et gustative.<br />
Des recettes saines et gastronomiques invitent le lecteur à <strong>de</strong>s métamor-<br />
phoses « radicales » (si l’on ose dire…) : « ravioles au radis noir et curcuma »,<br />
« carpaccio aux <strong>de</strong>ux betteraves et échalotes confi tes », « pressée <strong>de</strong> céleri au<br />
shiitaké » et bien d’autres.<br />
Recettes entièrement végétariennes, évi<strong>de</strong>mment !<br />
P’tit Chef bio<br />
Format carré (22 x 22) ; 96 pages ; photos <strong>de</strong> Myriam Gauthier-Moreau ; 19,90 € ; octobre <strong>2009</strong>.<br />
La Plage : www.laplage.fr<br />
Le premier album <strong>de</strong> cuisine bio pour enfant.<br />
Zoé sucré, Max aci<strong>de</strong>, Léon salé et Lili amer sont les 4 héros <strong>de</strong> cet album.<br />
4 drôles <strong>de</strong> personnages en papier mâché qui gui<strong>de</strong>nt l’enfant dans le déroulé<br />
<strong>de</strong>s recettes et l’association <strong>de</strong>s saveurs : celle qui fait sourire, celle qui picote<br />
le palais, celle qui donne soif et celle qui fait faire la grimace.<br />
De l’apéro aux goûters <strong>de</strong> fête, en passant par le pique-nique et les me-<br />
nus du quotidien, 20 recettes amusantes et poétiques initient les enfants à <strong>de</strong>s<br />
savoir-faire simples et à <strong>de</strong>s ingrédients naturels <strong>de</strong> qualité, choisis pour leurs<br />
valeurs nutritionnelles. Avec <strong>de</strong>s éléments décoratifs qui font la part belle à la<br />
pâte d’aman<strong>de</strong>, aux fruits et aux fl eurs, plutôt qu’aux éternels « smarties ».<br />
Cléa, l’auteur, est diplômée en sciences sociales <strong>de</strong> l’alimentation. Elle est<br />
en <strong>France</strong> l’une <strong>de</strong>s blogueuses culinaires les plus connues (http://www.clea-<br />
cuisine.fr/).<br />
De la revue Silence<br />
Nous remercions la revue Silence (www.revuesilence.net) pour nous avoir per-<br />
mis <strong>de</strong> reprendre intégralement <strong>de</strong>ux excellentes critiques <strong>de</strong> livres (« L’em-<br />
preinte écologique » et « OGM, tout s’explique »), parues dans le n° 371 <strong>de</strong> septembre <strong>2009</strong>,<br />
sous la plume <strong>de</strong> Michel Bernard, et que nous reproduisons ci-<strong>de</strong>ssous :<br />
L'empreinte écologique<br />
Aurélien Boutaud et Natacha Gondran - Éd. La Découverte - <strong>2009</strong> – 122 p. - 9,50 €<br />
L’empreinte écologique est un indice qui mesure la surface nécessaire à la reproduction d’une activité, qu’elle soit<br />
individuelle ou collective. Cela a l’air simple comme cela, mais son calcul est extrêmement complexe. D’une part, il faut<br />
V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong><br />
C U L T U R E
transformer en surface <strong>de</strong>s données fort diverses (il me faut une surface pour faire<br />
pousser mon alimentation, mais <strong>de</strong> l’énergie pour me chauffer… et selon avec quoi<br />
je me chauffe, le résultat n’est pas le même, et c’est encore plus dur à calculer si je<br />
vais voir une pièce <strong>de</strong> théâtre…). Il faut aussi défi nir à quelle surface <strong>de</strong> référence<br />
on compare ; un hectare <strong>de</strong> forêt ne fonctionne pas <strong>de</strong> la même façon qu’un<br />
hectare d’océan (il a fallu calculer un hectare moyen).<br />
Cet ouvrage explique <strong>de</strong> manière fort pédagogique comment est née l’idée<br />
<strong>de</strong> cette empreinte écologique, en rappelant sur un tiers <strong>de</strong> l’ouvrage comment<br />
fonctionnent les écosystèmes et comment l’activité humaine y est incluse. Il montre<br />
également l’extrême complexité <strong>de</strong> la conversion en surface d’une activité. Le cas<br />
du nucléaire est ainsi développé : un déchet nucléaire n’ayant aucune place dans<br />
aucun écosystème, comment en calculer un équivalent en surface ? Le même<br />
exemple pose la question du poids dans la durée : si un déchet nous encombre<br />
pendant <strong>de</strong>s millénaires, comment faire le calcul ? Les hypothèses et approxima-<br />
tions sont multiples, le résultat est toujours un minimum… Malgré ces nombreuses<br />
limites, il constitue un indicateur parlant pour débattre <strong>de</strong> nos pratiques <strong>de</strong> consom-<br />
mation. Il a permis <strong>de</strong> montrer l’évolution <strong>de</strong> notre « poids » dans le temps, d’alerter<br />
sur la certitu<strong>de</strong> que nous avons dépassé les capacités <strong>de</strong> reproduction <strong>de</strong> la pla-<br />
nète (qui se régénère grâce aux apports en énergie du Soleil). Il permet, à critères<br />
égaux, <strong>de</strong> comparer <strong>de</strong>s secteurs, <strong>de</strong>s États…<br />
Le livre se termine par <strong>de</strong>s ouvertures très intéressantes : les éco-quartiers com-<br />
me terrain d’expérimentation vers une empreinte moindre, le scénario NégaWatt pour remplacer énergies fossiles et nu-<br />
cléaires et la question du « développement durable ». La conclusion montre toutefois les limites <strong>de</strong> cet indice, rappelant<br />
que cela peut avoir <strong>de</strong> graves dérives productivistes : on peut estimer qu’un champ ayant plus <strong>de</strong> capacité <strong>de</strong> reproduc-<br />
tion qu’une forêt, il faut remplacer les forêts par <strong>de</strong>s champs ! Un ouvrage remarquablement bien écrit, avec une gran<strong>de</strong><br />
ouverture <strong>de</strong> pensée.<br />
OGM, tout s'explique<br />
Christian Vélot - Éd. Goutte <strong>de</strong> sable (53400 Athée) - <strong>2009</strong> – 240 p. – 20 €<br />
Pour avoir accepté <strong>de</strong> témoigner sur ses doutes <strong>de</strong> chercheur sur les organis-<br />
mes génétiquement modifi és, Christian Vélot a subi <strong>de</strong> nombreuses pressions. Avec<br />
le soutien <strong>de</strong> la Crii-Rem et <strong>de</strong> la Fondation Sciences citoyennes, il a réussi à sauver<br />
son équipe <strong>de</strong> recherche. Dans cet ouvrage, il explique <strong>de</strong> manière simple com-<br />
ment sont conçus les OGM, comment ils sont utilisés en mé<strong>de</strong>cine (insuline, vaccins,<br />
etc.) et comment la reprise en mains <strong>de</strong> ces OGM par les fi rmes a changé la donne,<br />
augmentant les risques sanitaires et environnementaux parce que les évaluations<br />
scientifi ques sont biaisées par le fi nancement privé <strong>de</strong> la recherche.<br />
Christian Vélot, qui a évolué dans sa position <strong>de</strong> scientifi que en découvrant les<br />
errements <strong>de</strong> la technoscience, en arrive en fi n <strong>de</strong> compte à rejoindre la position <strong>de</strong>s<br />
faucheurs OGM : la science doit être sous le contrôle <strong>de</strong>s citoyens et non <strong>de</strong>s fi nan-<br />
ciers. Un livre qui illustre sur ce thème ce que l’on observe partout dans la recherche :<br />
le glissement d’un service public à <strong>de</strong>s intérêts privés, objet <strong>de</strong>s manifestations ac-<br />
tuelles <strong>de</strong>s enseignants-chercheurs. Un ouvrage complet où les <strong>de</strong>ssins humoristiques<br />
ai<strong>de</strong>nt à faire passer un langage qui reste quand même assez ardu.<br />
Mauvaises nouvelles <strong>de</strong> la chair<br />
Marie Rouanet – Éd. Albin Michel – 2008 – 185 p<br />
Lorsque les animaux sont traités comme <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> consommation, il n’y a pas <strong>de</strong> quoi rire. Marie Rouanet s’est in-<br />
vitée à l’horrible jeu <strong>de</strong> la domination <strong>de</strong> l’homme sur l’animal… Son témoignage est traité sous formes <strong>de</strong> nouvelles bien<br />
accablantes. L’auteure décrit avec précision les quelques supplices que l’humain s’emploie sans aucune conscience à<br />
pratiquer sur <strong>de</strong>s êtres vivants, fragiles car sans défense. Privés <strong>de</strong> liberté, désaisonnalisés, violés à maintes reprises pour la<br />
SUITE DE L’ARTICLE PAGE 31<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
C U L T U R E 21
C U i S I N E V É G É T A R i E N N E<br />
LÉGUMES RACINES : TRÉSORS DU<br />
JARDIN HIVERNAL POUR UNE CUISINE<br />
REVIGORANTE<br />
Les légumes racines présentés ici sont<br />
appréciés <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s siècles voire plus, car<br />
certains sont dégustés <strong>de</strong>puis l’Antiquité pour<br />
leurs vertus nutritives. Un temps boudés <strong>de</strong>s<br />
consommateurs, et quasi introuvables dans le commerce,<br />
ils font un retour en force, mis en ve<strong>de</strong>tte sous les projecteurs<br />
par quelques grands chefs étoilés. Parfois qualifiés <strong>de</strong><br />
« légumes oubliés », ces racines étaient surtout oubliées par<br />
l’industrie agro-alimentaire et les gran<strong>de</strong>s surfaces, bien que<br />
présentes dans la plupart <strong>de</strong>s jardins nourriciers (<strong>de</strong> campagne<br />
ou pas). Ces excellents légumes essentiellement d’hiver<br />
ont toujours été peu ou prou cultivés par les potagistes<br />
appréciant la diversité végétale dans leur assiette. Je n’ai<br />
pas l’impression d’être une antiquité… pourtant <strong>de</strong>puis ma<br />
petite enfance, mis à part 3 ou 4 légumes <strong>de</strong> la liste, (dont<br />
le raifort plus familier <strong>de</strong>s jardins alsaciens que <strong>de</strong> ceux proches<br />
<strong>de</strong> La Rochelle), j’ai mangé ces excellents légumes,<br />
faisant partie <strong>de</strong>s menus quotidiens, et souvent présentés<br />
maintenant comme <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> luxe… Passons sur les<br />
caprices <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>, culinaire ou pas, car heureusement la<br />
plupart <strong>de</strong> ces légumes peuvent maintenant être facilement<br />
trouvés sur les marchés, voire en gran<strong>de</strong>s surfaces… Tous<br />
se cultivent en <strong>France</strong>, en pleine terre, sans serre ni chauffage<br />
artificiel...<br />
Les choisir <strong>de</strong> préférence cultivés en agriculture bio, car<br />
toutes ces racines ont en commun <strong>de</strong> pouvoir être consommées<br />
avec leur peau.<br />
Attention : tiges et feuillage du cerfeuil tubéreux sont<br />
toxiques.<br />
Petit truc : Je nettoie tous ces légumes, aux formes parfois<br />
très complexes, avec une brosse à ongles. Cet objet est<br />
parfait pour retirer toutes les particules <strong>de</strong> terre <strong>de</strong> leur peau,<br />
en permettant ainsi la consommation.<br />
<br />
BETTERAVE : Très riche en minéraux, oligo-éléments,<br />
vitamines (A, B1, B2, B6, B9, C, E, J, les feuilles contiennent<br />
en outre <strong>de</strong> la vitamine K), la betterave rouge, également<br />
Par Pierrette Nardo<br />
Une rubrique coordonnée<br />
par Françoise Degenne<br />
Cuisine<br />
végétarienne:<br />
les légumes racines<br />
orange dont le béta-carotène<br />
est particulièrement<br />
utile en hiver. Toutefois,<br />
d’excellentes carottes<br />
blanches Blanche <strong>de</strong> Kuttingen,<br />
Blanche à collet<br />
vert…), jaunes (Jaune du<br />
Doubs) ou violettes (carotte<br />
rouge sang - violette)<br />
existent aussi (variétés<br />
anciennes que vous<br />
trouverez généralement<br />
chez les maraîchers bio)<br />
permettent <strong>de</strong> mettre un<br />
peu <strong>de</strong> fantaisie dans le<br />
plat <strong>de</strong> carottes râpées !<br />
Ses feuilles peuvent aussi<br />
être consommées (crues<br />
ou cuites) ainsi que ses<br />
graines. Les carottes entrent<br />
aussi dans la préparation<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>sserts.<br />
C APUCINE TUBÉ-<br />
REUSE :<br />
Consommée en Amérique<br />
du Sud, 5500 ans<br />
av. J.-C., cet excellent<br />
tubercule alimentaire (à<br />
mon goût…) donne <strong>de</strong><br />
très bons ren<strong>de</strong>ments (la<br />
jardinière est pleinement<br />
satisfaite, tout autant que<br />
la cuisinière). À cuisiner<br />
riche en anthocyane, sert traditionnellement<br />
à lutter contre l’anémie. Dans l’assiette vous<br />
apprécierez les betteraves rouges, jaunes ou<br />
blanches, crues, cuites ou lactofermentées.<br />
Elles servent aussi pour réaliser <strong>de</strong>s <strong>de</strong>sserts<br />
tels cakes ou cookies. Les feuilles peuvent<br />
aussi être consommées (crues ou cuites).<br />
CAROTTE : On ne présente plus la carotte<br />
Pierrette Nardo, alias Floradiane,<br />
est initiée aux joies du<br />
jardinage naturel et <strong>de</strong> la bonne<br />
cuisine, riches en végétaux<br />
cultivés ou sauvages, dès la petite<br />
enfance. Quelques décennies<br />
plus tard, elle transmet ses<br />
passions jardin/cuisine/histoires<br />
<strong>de</strong> plantes/beauté naturelle…<br />
en animant <strong>de</strong>s manifestations<br />
(conférences causeries, ateliers<br />
cuisine ou soins <strong>de</strong> beauté…),<br />
aux quatre coins <strong>de</strong> la <strong>France</strong>.<br />
Après avoir animé <strong>de</strong>s chroniques<br />
« plantes et jardin » à la<br />
télévision régionale et sur les<br />
radios du Poitou-Charentes,<br />
elle écrit présentement pour<br />
« La Gazette <strong>de</strong>s jardins » (bimestriel)<br />
et « Plantes et Santé »<br />
(mensuel).<br />
Côté édition, « Mes bonnes<br />
plantes et mes bonnes herbes<br />
» est paru en juin 2008 aux<br />
éditions Rustica. Un second<br />
ouvrage est en cours pour cette<br />
même maison d’édition : parution<br />
printemps 2010.<br />
« Recettes d’un jardin coquin<br />
» va paraître aux Éditions<br />
<strong>de</strong> Terran en mars 2010.<br />
Contact : Pierrette Nardo<br />
Tél : 05 46 68 53 05<br />
Mail : floradiane@netcourrier.com<br />
Sites web : http ://www.cuisiflor.com<br />
http://www.autour<strong>de</strong>sroses.com<br />
http://floradiane.canalblog.com<br />
22 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
crue ou cuite, en sala<strong>de</strong>s, gratins, galettes… Les tubercules<br />
peuvent être mis au vinaigre et constituent alors un condiment.<br />
Les feuilles sont également comestibles.<br />
Info : Le tubercule <strong>de</strong> la capucine tubéreuse est réputé<br />
anaphrodisiaque (les empereurs incas auraient régulièrement<br />
fait consommer <strong>de</strong>s capucines tubéreuses à leurs<br />
soldats, afin qu’ils pensent à la guerre et non à leurs femmes…)<br />
: donc, à éviter pour le dîner <strong>de</strong> la saint Valentin !<br />
CÉLERI RAVE : Peu calorique (sauf rémoula<strong>de</strong>…),<br />
bonne source <strong>de</strong> vitamine K, mais aussi d’oligo-éléments,<br />
<strong>de</strong> sels minéraux (potassium surtout mais aussi sodium)<br />
et <strong>de</strong> vitamines B5, B6 et C, le céleri rave sera apprécié<br />
cru en sala<strong>de</strong>s ou cuit dans <strong>de</strong>s gratins, purées, potées ou<br />
« chips ». Ses feuilles seront également consommées, crues<br />
ou cuites, en tant que condiment ou légume vert.<br />
Info : Sa peau, très aromatique, servait autrefois pour la<br />
fabrication du « sel au céleri ».<br />
CERFEUIL TUBÉREUX : Ce tubercule court (en forme<br />
<strong>de</strong> toupie) à chair blanche, un peu farineuse et sucrée, est<br />
consommé cuit. Sa texture est plus fine que le panais avec<br />
un goût est très aromatique et délicat. Attention ! Ne pas<br />
consommer ses feuilles et ses tiges qui contiennent un alcaloï<strong>de</strong><br />
toxique !<br />
CHERVIS : Un peu boudé <strong>de</strong> par l’aspect noueux <strong>de</strong>s<br />
racines (blanches et sucrées une fois cuites en poêlées,<br />
sautés, gratins, beignets…) un peu difficiles à nettoyer.<br />
Vous pouvez aussi le consommer cru, seul ou en compagnie<br />
d’autres crudités.<br />
CHOU-RAVE : Différent du chou-navet, le chou-rave<br />
produit une boule au <strong>de</strong>ssus du sol. Il existe <strong>de</strong>s choux-raves<br />
blancs et rouges ou pourpres violets (mais à chair blanche),<br />
tous faiblement caloriques, riches en fibres et revitalisants,<br />
se consommant crus ou cuits.<br />
CROSNE : Soigneusement lavés à plusieurs eaux<br />
(leur peau très fine étant mangée), ces tubercules dont la<br />
douce saveur rappelle celle <strong>de</strong> l’artichaut seront consommés<br />
crus en sala<strong>de</strong>, où leur douce texture croquante s’harmonise<br />
avec la plupart <strong>de</strong>s légumes, ou simplement cuits à<br />
l’eau salée et ensuite servis avec un filet d’huile <strong>de</strong> noisette.<br />
Vous pouvez aussi vivement les faire sauter (poêle ou wok)<br />
seuls ou avec d’autres légumes, ou les faire frire, enrobés<br />
<strong>de</strong> pâte, pour obtenir d’énergétiques petits beignets. Ils font<br />
également un délicat<br />
condiment si conservés<br />
au vinaigre.<br />
HÉLIANTIS : Surnommé<br />
poire <strong>de</strong> terre,<br />
et connu sous le nom<br />
<strong>de</strong> « Yacon », ce tubercule<br />
est très apprécié<br />
cru, sa texture juteuse<br />
rappelant alors celle <strong>de</strong><br />
la poire. Cuit, il évoque<br />
le topinambour et le<br />
fond d’artichaut. Il sera accommodé comme <strong>de</strong>s pommes<br />
<strong>de</strong> terre.<br />
NAVET : (chair blanche ou jaune) Apprécié pour sa légèreté<br />
et ses vertus diurétiques, ce légume est riche en<br />
minéraux, calcium et vitamine C (11 mg pour 100 g <strong>de</strong> navet<br />
et 30 mg pour 100 g <strong>de</strong> feuilles <strong>de</strong> navet). Les navets,<br />
et surtout leurs feuilles (consommées crues ou cuites) sont<br />
très riches en calcium : c’est le légume qui en contient le<br />
plus. Le jus <strong>de</strong> navet est réputé recalcifiant.<br />
OXALIS TUBÉREUX (OU SURELLE TUBÉREUSE) : Plus<br />
connu sous le nom<br />
d’oca du Pérou. Ces<br />
petits tubercules (jaunes,<br />
rouges, rouges<br />
foncés ou presque<br />
noirs suivant les variétés)<br />
possè<strong>de</strong>nt un goût<br />
plus ou moins aci<strong>de</strong> dû<br />
à leur richesse en aci<strong>de</strong><br />
oxalique (à éviter donc<br />
lors <strong>de</strong> problèmes urinaires,<br />
rhumatismes<br />
ou arthrite…). Ils sont<br />
utilisés et cuits comme<br />
les pommes <strong>de</strong> terre :<br />
à l’eau, en purée ou<br />
sautés à la poêle. Pour<br />
en limiter l’acidité, vous pouvez les blanchir dans une première<br />
eau avant <strong>de</strong> cuire dans une secon<strong>de</strong>. Leurs feuilles<br />
sont également comestibles et utilisées comme celles <strong>de</strong><br />
l’oseille, toujours en petites quantités car contenant également<br />
<strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> oxalique, peu apprécié <strong>de</strong> nos reins…<br />
PANAIS : Consommé <strong>de</strong>puis l’Antiquité, il est pendant<br />
<strong>de</strong>s siècles confondu avec la carotte. Le productif panais<br />
fait un retour en force sur les étals. Contenant <strong>de</strong>s proti<strong>de</strong>s,<br />
gluci<strong>de</strong>s, vitamines B et C ainsi que <strong>de</strong>s sels minéraux,<br />
cette racine, charnue et tendre, douce et sucrée, appréciée<br />
cuite dans les hivernales potées <strong>de</strong> légumes, gratin,<br />
purées, galettes… est également excellente crue en sala<strong>de</strong>,<br />
ou lactofermentée. Doux <strong>de</strong> goût, le panais permet aussi<br />
<strong>de</strong> délicieux <strong>de</strong>sserts (flans, confiture, cakes…). Ses feuilles<br />
peuvent aussi être consommées (crues ou cuites), ainsi que<br />
ses très aromatiques graines.<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
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C U i S I N E V É G É T A R i E N N E<br />
24<br />
« Mes bonnes plantes et<br />
mes bonnes herbes » fait<br />
découvrir les faces multiples<br />
<strong>de</strong> 100 plantes familières.<br />
Cet ouvrage abor<strong>de</strong> plusieurs<br />
chapitres, toujours liés à leurs<br />
usages :<br />
Soins <strong>de</strong> beauté et <strong>de</strong> bienêtre<br />
Cuisine inventive : utilisations,<br />
souvent peu connues, tout<br />
autant qu’économiques<br />
Jardin naturel : trucs et<br />
conseils faciles et bio<br />
Chaque fiche/plante propose<br />
<strong>de</strong> nombreuses recettes, simples<br />
et naturelles, dans les divers<br />
domaines abordés. Anecdotes<br />
historiques, légendaires<br />
ou peu connues complètent<br />
avec humour une présentation<br />
claire et ludique.<br />
PATATE DOUCE :<br />
Riche en carotène, fer,<br />
sels minéraux, proti<strong>de</strong>s<br />
(1,2 g/100 g), vitamines<br />
A, B, C, elle est très<br />
digeste, bien que <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong> valeur énergétique.<br />
Vous l’apprécierez<br />
en gratins, galettes ou<br />
<strong>de</strong>sserts, particulièrement<br />
appréciés lors <strong>de</strong> pério<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> fatigue.<br />
POMME DE TERRE :<br />
Je ne vous présenterai<br />
pas ce légume universellement<br />
apprécié, faisant<br />
généralement l’unanimité<br />
en purée et riches gratins<br />
hivernaux… ou plus légèrement<br />
cuites au four,<br />
avec leur peau.<br />
PERSIL TUBÉREUX :<br />
Aliment-médicament, tant<br />
ses propriétés sont nombreuses,<br />
cette racine, au<br />
goût <strong>de</strong>… persil <strong>de</strong>vient<br />
sucrée à la cuisson. Tout<br />
se consomme dans ce<br />
persil : racine, feuilles,<br />
graines ; il est apprécié<br />
cru ou cuit, dans soupes,<br />
sautés, beignets…<br />
RADIS D’HIVER :<br />
Généralement dégustés crus, les radis d’hiver, qu’ils soient<br />
noirs, roses, violets, peuvent également être appréciés cuits<br />
dans <strong>de</strong>s galettes, gratins ou sautés. Le daïkon, ou radis du<br />
Japon, peu piquant, sera apprécié <strong>de</strong>s mêmes façons que<br />
les autres radis. Les fleurs et feuilles <strong>de</strong> toutes les variétés<br />
peuvent être consommés crues avec <strong>de</strong>s sala<strong>de</strong>s vertes ou<br />
crudités ainsi que cuites (soupes, terrines <strong>de</strong> verdures). Les<br />
graines seront parsemées sur les sala<strong>de</strong>s. Les radis peuvent<br />
être également mis à lacto-fermenter.<br />
RAIFORT : Très riche en vitamine C, la racine <strong>de</strong> raifort<br />
contient aussi les vitamines B1, B2 et B6, bon nombre<br />
<strong>de</strong> sels minéraux (magnésium, calcium, phosphore, fer...),<br />
<strong>de</strong>s substances antibiotiques (phytoci<strong>de</strong>s et hétérosi<strong>de</strong><br />
sulfuré). Il stimule l’appétit et la digestion, mais n’est pas<br />
toujours bien toléré par les estomacs délicats. Cru, il est<br />
généralement utilisé en tant que puissant condiment parfois<br />
adouci par un mélange avec <strong>de</strong> la pomme et crème<br />
fraîche. Cuit, il <strong>de</strong>vient extraordinairement doux, presque<br />
sucré. Ses feuilles peuvent aussi être consommées (crues<br />
ou cuites).<br />
RUTABAGA : Aussi appelé chou-navet ou navet <strong>de</strong><br />
Suè<strong>de</strong>. Riche en proti<strong>de</strong>s (1,2 g/100 g, vitamines A, B et C<br />
et gluci<strong>de</strong>s (7 g/100 g), vous le cuisinerez comme la pomme<br />
<strong>de</strong> terre en soupes, poêlées, sauté, gratin ou en purée,<br />
ainsi que cru en sala<strong>de</strong>. Ses jeunes feuilles peuvent aussi<br />
être consommées crues : plus âgées, elles seront cuites<br />
dans les soupes et terrines <strong>de</strong> légumes.<br />
SCORSONÈRE ET SALSIFIS : Très riches en fibres (ces<br />
2 racines sont qualifiées <strong>de</strong> « balai <strong>de</strong> l’intestin »…) et peu<br />
caloriques, ces <strong>de</strong>ux légumes, souvent confondus, sont largement<br />
pourvus en inuline, forme <strong>de</strong> gluci<strong>de</strong> bien toléré<br />
<strong>de</strong>s diabétiques. Le salsifis, considéré dépuratif, contient <strong>de</strong>s<br />
proti<strong>de</strong>s (2,6 g à 4 g/100 g), <strong>de</strong>s vitamines A et C (9 mg/<br />
100 g) et il est largement pourvu en potassium. Sa pauvreté<br />
en sodium en fait un légume naturellement diurétique.<br />
La scorsonère riche en potassium (320 mg/100 g) contient<br />
aussi du phosphore (75 mg/100 g), du fer (3,3 g/100 g),<br />
<strong>de</strong>s vitamines A, B1, B2 et <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> folique. C’est également<br />
une bonne source <strong>de</strong> proti<strong>de</strong>s (2,6 g à 4 g/100 g).<br />
Les fleurs ainsi que les jeunes feuilles <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux légumes<br />
seront consommées crues en sala<strong>de</strong>s ou cuites.<br />
Info : Pour manipuler, et surtout éplucher les salsifis et<br />
scorsonères, il est pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> protéger ses mains avec <strong>de</strong>s<br />
gants, sinon ces légumes brunissent les doigts <strong>de</strong> façon<br />
tenace pendant plusieurs jours...<br />
SOUCHET COMESTIBLE :<br />
Également nommé « aman<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> terre » ce petit tubercule,<br />
comestible cru (doux et sucré,<br />
au parfum évoquant la châtaigne),<br />
est également apprécié<br />
grillé, sucré ou salé ainsi que<br />
bouilli. On en fait également une<br />
boisson, très apprécié <strong>de</strong>s Espagnols,<br />
sous le nom <strong>de</strong> « horchata<br />
<strong>de</strong> chufas ». Il en est extrait<br />
une huile apprécié en cuisine,<br />
ou bien il est broyé : la poudre<br />
obtenue est alors utilisé comme<br />
une poudre d’aman<strong>de</strong>. Enfin, il<br />
est encore parfois distillé pour<br />
obtenir une eau <strong>de</strong> vie.<br />
TOPINAMBOUR : Source <strong>de</strong> fer, phosphore, potassium,<br />
vitamines B1 et B5, ce légume au délicat goût <strong>de</strong><br />
fond d’artichaut (dû à l’inuline, un gluci<strong>de</strong> non assimilé par<br />
l’organisme, et ne modifiant pas la glycémie <strong>de</strong>s diabétiques,<br />
contrairement à l’amidon), est parfois boudé en raison<br />
<strong>de</strong> flatulences entraînées par sa consommation cuite, que<br />
ce soit en soupe, gratins, rôti au four, poêlée… Ces désagréments<br />
seront évités si vous le mangez en petites quantités<br />
ou si vous dégustez ce légume cru. Il existe plusieurs<br />
variétés <strong>de</strong> topinambours : « Fuseau », <strong>de</strong> forme allongée<br />
(sans doute le meilleur), « Patate », <strong>de</strong> couleur ocre et <strong>de</strong><br />
forme trapue, « Commun blanc », jaunâtre et très parfumé.<br />
Le « Commun rouge » est <strong>de</strong> forme très irrégulière (tarabiscoté<br />
et difficile à éplucher…) et <strong>de</strong> couleur rouge violacé.<br />
Les feuilles seront également consommées cuites. <br />
V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
http://blogbio.canalblog.com/<br />
JARDINIÈRE AUX LÉGUMES OUBLIÉS, AUX ARÔMES DE ROMARIN<br />
Pour 4 personnes<br />
LEGUMES RAC . NES :<br />
• 1 verre <strong>de</strong> flageolets secs<br />
(ou une tasse <strong>de</strong> flageolets<br />
cuits)<br />
• 1 tronçon d'algue kombu<br />
pour leur cuisson<br />
• quelques brins <strong>de</strong> romarin<br />
séché<br />
• 1 pomme <strong>de</strong> terre à chair<br />
ferme<br />
• 2 carottes<br />
• 1 navet boule d'or<br />
• 1 persil tubéreux<br />
• 1 radis-rave<br />
• 1 patidou<br />
• 1 gousse d'ail<br />
Pour la sauce :<br />
• 1 cuillerée à soupe <strong>de</strong><br />
purée d'aman<strong>de</strong><br />
• 1 pincée <strong>de</strong> sel<br />
La veille, faire tremper les flageolets.<br />
Le jour J, les rincer puis les couvrir largement d’eau dans<br />
une cocotte à fond épais. Ne pas saler l’eau <strong>de</strong> cuisson, mais<br />
ajouter un tronçon d’algue kombu qui facilite la cuisson. Les<br />
faire cuire à feu doux pendant 40 minutes environ.<br />
Laver tous les légumes. Éplucher ou gratter les légumes<br />
selon le goût. On peut conserver la peau <strong>de</strong>s radis-raves,<br />
qui reste rose à la cuisson, et celle du patidou, qui <strong>de</strong>vient<br />
tendre.<br />
Couper les légumes en petits dés <strong>de</strong> même taille. Couper<br />
la gousse d’ail en lamelles fines.<br />
Dans une cocotte à vapeur douce, verser un fond d’eau<br />
LES RECETTES<br />
dans lequel on place le romarin, qui parfumera la vapeur.<br />
Puis un panier vapeur et tous les légumes, sauf les flageolets.<br />
Couvrir et laisser mijoter 20 minutes environ. En fin <strong>de</strong><br />
cuisson, ajouter les flageolets.<br />
Pendant ce temps, préparer la sauce à la purée d’aman<strong>de</strong>.<br />
Verser dans un bol la purée d’aman<strong>de</strong>. Saler et ajouter<br />
une goutte du bouillon <strong>de</strong> cuisson <strong>de</strong>s légumes. Bien<br />
mélanger pour émulsionner. Ajouter ensuite du bouillon <strong>de</strong><br />
cuisson <strong>de</strong>s légumes progressivement, jusqu’à obtenir une<br />
sauce bien homogène, plus claire que la purée d’aman<strong>de</strong> et<br />
<strong>de</strong> la consistance que vous souhaitez. <br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
C U i S I N E V É G É T A R i E N N E 25
C U i S I N E V É G É T A R i E N N E<br />
26<br />
PAILLASSONS DE PANAIS<br />
Pour 4 personnes<br />
• 500 g <strong>de</strong> panais<br />
• 250 g <strong>de</strong> pommes <strong>de</strong> terre<br />
• 2 gousses d'ail<br />
• 1 oignon<br />
• 4 cuillerées à soupe <strong>de</strong> farine<br />
• sel, musca<strong>de</strong> et clou <strong>de</strong> girofle<br />
Éplucher les légumes et les râper. Mélanger<br />
soigneusement les légumes râpés avec la farine,<br />
une cuillerée à café <strong>de</strong> sel, une <strong>de</strong>mi-cuillerée à<br />
café <strong>de</strong> musca<strong>de</strong> râpée et une pointe <strong>de</strong> girofle<br />
moulue.<br />
Faire chauffer un peu d’huile d’olive dans une<br />
poêle.<br />
Avec la moitié <strong>de</strong> ce mélange, former quatre<br />
boules et les aplatir dans la poêle. Lorsque le <strong>de</strong>ssous<br />
<strong>de</strong>s paillassons est doré, les retourner délicatement<br />
pour faire dorer l’autre face. Réserver<br />
les paillassons cuits dans une assiette couverte,<br />
pour les gar<strong>de</strong>r au chaud. Poursuivre la cuisson<br />
avec l’autre moitié <strong>de</strong> la préparation.<br />
Ces paillassons sont délicieux avec <strong>de</strong>s lentilles,<br />
une sauce moutardée et quelques feuilles<br />
<strong>de</strong> sala<strong>de</strong>. <br />
RUTABAGAS AUX ÉPICES ET AU SUCRE<br />
Un petit<br />
accompagnement<br />
• 600 g <strong>de</strong> rutabagas<br />
• 1 cuillerée à soupe<br />
d'huile d'olive<br />
• 1 cuillerée à café <strong>de</strong><br />
garam massala<br />
• ½ verre d'eau<br />
• 1 cuillerée à café <strong>de</strong><br />
sucre <strong>de</strong> canne brut<br />
Éplucher les rutabagas et<br />
les couper en dés. Dans une<br />
cocotte huilée, les faire revenir<br />
quelques instants avec les<br />
épices.<br />
Ajouter l’eau et couvrir,<br />
pour poursuivre la cuisson à<br />
l’étouffée pendant quinze minutes<br />
environ, jusqu’à ce que<br />
les rutabagas soient tendres.<br />
En fin <strong>de</strong> cuisson, ajouter<br />
le sucre et mélanger. <br />
V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
Voilà Noël qui arrive avec tous ses délicieux petits plats. Il est vrai qu’il faut encore<br />
attendre quelques jours mais l’esprit <strong>de</strong> fête est déjà dans notre maison et nous<br />
voulons qu’il y reste. Joie et bonne humeur sont les mots-clefs <strong>de</strong> cette saison. Si c’est<br />
votre premier Noël végétarien, ou si votre façon <strong>de</strong> manger n’a pas encore été bien acceptée par<br />
votre famille, c’est le moment <strong>de</strong> prendre les choses en main. Plutôt que <strong>de</strong> commencer à vous in-<br />
quiéter sur les repas qui vont être préparés et les discours que vous aurez à tenir sur<br />
les raisons qui vous ont poussé à <strong>de</strong>venir végétarien, je vous propose d’organiser<br />
le repas <strong>de</strong> Noël. Si vous avez déjà accepté une invitation dans votre famille, vous<br />
pouvez toujours proposer <strong>de</strong> participer au repas et amener un plat. Cette année,<br />
vous allez leur montrer qu’un repas <strong>de</strong> fête végétarien peut être aussi délicieux que<br />
n’importe quel autre repas. Cette année vous êtes aux comman<strong>de</strong>s ! Voici quelques<br />
idées <strong>de</strong> recettes.<br />
Même si vous avez l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cuisiner, il est toujours préférable <strong>de</strong> tester les<br />
recettes avant le grand jour. Vous aurez ainsi une idée du temps <strong>de</strong> préparation,<br />
<strong>de</strong>s proportions, <strong>de</strong>s associations...<br />
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Avocat farci<br />
2 avocats<br />
225 g <strong>de</strong> tofu<br />
50 g <strong>de</strong> poivrons<br />
1 c. à s. d’huile d’olive<br />
1 c. à s. <strong>de</strong> vinaigre<br />
<strong>de</strong> vin<br />
R e p a s d e N o ë l … v é g é t a r i e n !<br />
Ingrédients Préparation<br />
•<br />
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•<br />
•<br />
½ c. à c. <strong>de</strong><br />
basilic<br />
½ c. à c. <strong>de</strong> sel<br />
1 gousse d’ail<br />
¼ c. à c. <strong>de</strong><br />
poivre<br />
Par Laurence LIVERNAIS-SAETTEL,<br />
diététicienne diplômée d’État.<br />
•<br />
•<br />
•<br />
Coupez les avocats en <strong>de</strong>ux et retirez les noyaux.<br />
Mixez tous les ingrédients ensemble (sauf les<br />
avocats)<br />
Remplissez les moitiés d’avocats avec la mixture<br />
obtenue.<br />
Temps <strong>de</strong> préparation Temps <strong>de</strong> cuisson Nombre <strong>de</strong> personnes<br />
10 minutes pas <strong>de</strong> cuisson 4<br />
Valeurs nutritionnelles par personne<br />
Les recettes<br />
sont données<br />
pour <strong>de</strong>s nombres<br />
différents <strong>de</strong><br />
personnes, afi n<br />
que les quantités<br />
soient plus faciles<br />
à exprimer. Il<br />
vous faut ajuster<br />
au nombre <strong>de</strong><br />
convives…<br />
Certaines personnes préfèrent « sauter » l’entrée et se réserver pour le plat principal…<br />
Il est vrai que si vous avez déjà goûté à tous les hors-d’œuvre, votre estomac commence<br />
à se sentir plein. Vous pouvez proposer différentes sortes <strong>de</strong> sala<strong>de</strong>s : carottes, céleri,<br />
chou... Une belle assiette pleine <strong>de</strong> couleurs est toujours appréciée.<br />
Ma suggestion est un avocat farci avec quelques tranches <strong>de</strong> tomates et un peu<br />
<strong>de</strong> laitue sur le côté. C’est très facile à faire et servi frais, cela plaira à tous vos invités.<br />
Évitez toutes sortes <strong>de</strong> tartes salées et recettes qui exigent une croûte. C’est toujours<br />
un plaisir pour notre palais, mais c’est trop calorique surtout que vous n’allez pas vous<br />
restreindre sur le <strong>de</strong>ssert, tout <strong>de</strong> même !<br />
<br />
Calories Protéines Lipi<strong>de</strong>s Gluci<strong>de</strong>s Magnésium Calcium Fer<br />
180 7 g 15 g 3 g 52 mg 150 mg 1,5 mg
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Roulé <strong>de</strong> lentilles fourré aux châtaignes <br />
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Ingrédients Préparation<br />
200 g <strong>de</strong> lentilles<br />
roses crues (400 g <strong>de</strong><br />
lentilles cuites)<br />
3 gousses d’ail<br />
hachées<br />
200 g <strong>de</strong> mie <strong>de</strong> pain<br />
fraîche<br />
3 c. à s. <strong>de</strong> jus <strong>de</strong><br />
citron<br />
1 c. à c. <strong>de</strong> sel<br />
¼ c. à c. <strong>de</strong> poivre<br />
noir<br />
Farce :<br />
1 c. à c. d’huile <strong>de</strong><br />
tournesol<br />
2 oignons moyens,<br />
pelés et coupés<br />
1 poivron rouge<br />
coupé<br />
350 g <strong>de</strong> châtaignes<br />
pelées et cuites<br />
200 g <strong>de</strong> mie <strong>de</strong> pain<br />
fraîche<br />
1 poignée <strong>de</strong> sauge<br />
fraîchement coupée<br />
1 poignée <strong>de</strong> persil<br />
fraîchement coupé<br />
Là encore l’idée est <strong>de</strong> présenter un plat plein <strong>de</strong> couleurs et d’o<strong>de</strong>urs. Voici ce<br />
que je vous propose :<br />
• Un roulé <strong>de</strong> lentilles fourré aux châtaignes<br />
• Une sauce aux champignons<br />
• Des haricots verts à l’ail<br />
•<br />
Du riz aux noix <strong>de</strong> cajou<br />
Si vous choisissez d’autres recettes, essayez d’avoir un légume, un légume sec,<br />
une céréale et une sauce.<br />
Ne cuisez pas tout dans la graisse ; ce serait trop lourd à digérer. Une partie du<br />
repas doit être cuite à la vapeur, d’habitu<strong>de</strong> ce sont les légumes mais ce peut aussi<br />
être les céréales.<br />
La sauce ne doit pas être trop grasse. Préférez une recette pauvre en matières<br />
grasses.<br />
Si vous choisissez un légume sec autre que la lentille, pensez qu’ils doivent être<br />
mis à tremper toute la nuit avant d’être cuits.<br />
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•<br />
Dans une casserole, faites cuire les lentilles dans 600 ml d’eau jusqu’à ce qu’elles<br />
soient tendres et que l’eau ait été absorbée (environ 15 minutes).<br />
Farce :<br />
Dans une poêle, chauffez l’huile et faites revenir les oignons et le poivron rouge<br />
jusqu’à ce qu’ils soient tendres. (environ 7 minutes).<br />
Retirez du feu.<br />
Dans un mixeur, mettez le mélange poivron-oignon, les châtaignes, la mie <strong>de</strong><br />
pain, la sauge, le sel et le poivre.<br />
Mixez bien.<br />
Transférez la mixture dans un saladier.<br />
Préchauffez le four à 180 <strong>de</strong>grés C.<br />
Mélangez maintenant les lentilles avec l’ail, le jus <strong>de</strong> citron, la mie <strong>de</strong> pain, le sel<br />
et le poivre. Mixez jusqu’à l’obtention d’une pâte lisse, flexible.<br />
Éten<strong>de</strong>z un grand morceau <strong>de</strong> papier sulfurisé sur une surface plate.<br />
Posez le mélange <strong>de</strong> lentille sur ce papier et étalez-le pour obtenir un rectangle<br />
<strong>de</strong> 28 par 35 cm.<br />
Répartissez le mélange <strong>de</strong> châtaignes sur cette pâte <strong>de</strong> lentilles.<br />
Maintenant, il faut rouler le tout. Pour cela ai<strong>de</strong>z-vous du papier sulfurisé. Tirez-le<br />
vers le haut pour amorcer l’enroulement <strong>de</strong> la pâte puis continuez jusqu’à ce<br />
que toute la pâte soit enroulée.<br />
Soulevez soigneusement la roula<strong>de</strong> et placez-la sur une plaque légèrement<br />
huilée. Façonnez-la à la main pour qu’elle ait une belle forme et qu’elle reste<br />
bien collée.<br />
Cuisez au four 15-20 minutes juste le temps que le <strong>de</strong>ssus brunisse.<br />
Transférez dans un plat à servir.<br />
Temps <strong>de</strong> préparation Temps <strong>de</strong> cuisson Nombre <strong>de</strong> personnes<br />
20 minutes 15-20 minutes 8<br />
Valeurs nutritionnelles par personne<br />
Calories Protéines Lipi<strong>de</strong>s Gluci<strong>de</strong>s Magnésium Calcium Fer<br />
330 12 g 6,5 g 55,5 g 58 mg 91 mg 4,4 mg
Sauce aux champignons <br />
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•<br />
•<br />
•<br />
•<br />
•<br />
•<br />
Ingrédients Préparation<br />
2 c. à s. d’huile <strong>de</strong><br />
tournesol<br />
4 c. à s. <strong>de</strong> farine<br />
½ litre d’eau<br />
300 g <strong>de</strong> champignons<br />
1 c. à s. <strong>de</strong> cognac<br />
Sel et poivre<br />
•<br />
•<br />
•<br />
•<br />
•<br />
•<br />
Coupez les champignons en lamelles et faites revenir à la poêle.<br />
Chauffez à feu doux l’huile <strong>de</strong> tournesol.<br />
Ajoutez la farine et mélanger afin d’obtenir une pâte lisse et épaisse.<br />
Versez petit à petit l’eau tout en continuant <strong>de</strong> remuer.<br />
Ajoutez les champignons.<br />
Assaisonnez et ajoutez le cognac.<br />
Temps <strong>de</strong> préparation Temps <strong>de</strong> cuisson Nombre <strong>de</strong> personnes<br />
10 minutes 10 minutes 6<br />
Valeurs nutritionnelles par personne<br />
Calories Protéines Lipi<strong>de</strong>s Gluci<strong>de</strong>s Magnésium Calcium Fer<br />
70 2,5 g 3,5 g 7 g 14 mg 5 mg 0,7 mg<br />
<br />
•<br />
•<br />
•<br />
•<br />
Ingrédients Préparation<br />
800 g <strong>de</strong> haricots verts<br />
3 gousses d’ail<br />
2 c. à s. d’huile d’olive<br />
Sel et poivre<br />
•<br />
•<br />
•<br />
<br />
<br />
Équeutez et effilez les haricots verts. Lavez-les et cuisez-les à la vapeur.<br />
Dans une poêle, faites revenir l’ail puis ajoutez les haricots verts.<br />
Mélangez délicatement puis versez dans un plat à servir.<br />
Temps <strong>de</strong> préparation Temps <strong>de</strong> cuisson Nombre <strong>de</strong> personnes<br />
10 minutes 10 minutes 4<br />
(Plus équeutage et effi lage <strong>de</strong>s<br />
haricots verts)<br />
Valeurs nutritionnelles par personne<br />
Calories Protéines Lipi<strong>de</strong>s Gluci<strong>de</strong>s Magnésium Calcium Fer<br />
105 4 g 5 g 11 g 50 mg 74 mg 2 mg<br />
Riz aux noix <strong>de</strong> cajou<br />
<br />
<br />
•<br />
•<br />
•<br />
•<br />
•<br />
•<br />
•<br />
Ingrédients Préparation<br />
500 g <strong>de</strong> riz cuit<br />
100 g <strong>de</strong> noix <strong>de</strong> cajou<br />
1 oignon<br />
1 grosse pomme rouge<br />
3 branches <strong>de</strong> céleri<br />
1 c. à s. d’huile <strong>de</strong> tournesol<br />
Sel et poivre.<br />
Haricots verts à l‛ail<br />
•<br />
•<br />
•<br />
•<br />
•<br />
Coupez l’oignon, la pomme et le céleri en menus morceaux.<br />
Faites-les revenir dans la poêle huilée.<br />
Ajoutez trois c. à s. d’eau et laissez mijoter 10 minutes.<br />
Ajoutez le riz.<br />
Mélangez tous les ingrédients.<br />
Temps <strong>de</strong> préparation Temps <strong>de</strong> cuisson Nombre <strong>de</strong> personnes<br />
15 minutes 10 minutes 6<br />
(Rajoutez du temps pour la cuisson<br />
du riz)<br />
Valeurs nutritionnelles par personne<br />
Calories Protéines Lipi<strong>de</strong>s Gluci<strong>de</strong>s Magnésium Calcium Fer<br />
270 5 g 13 g 34 g 87 mg 38 mg 1,6 mg
Carrés <strong>de</strong> noix <strong>de</strong> pécan<br />
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Vous avez maintenant préparé presque tout le repas ; il est bientôt temps pour<br />
vous <strong>de</strong> vous détendre et <strong>de</strong> songer à vous préparer vous-même.<br />
Toutefois, il ne serait guère logique <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r un <strong>de</strong>ssert dans une pâtisserie.<br />
Un <strong>de</strong>rnier petit effort s’impose, pour un repas que vous maîtriserez à 100 %... Et puis, les<br />
fameuses bûches <strong>de</strong> Noël sont un peu difficiles à digérer…<br />
Vous pouvez opter pour <strong>de</strong>s carrés <strong>de</strong> noix <strong>de</strong> pécan, que nous vous conseillons<br />
<strong>de</strong> déguster nature, sauf si la gourmandise est plus forte que vous…<br />
Ensuite, si vous pensez que vous avez déjà trop mangé - mais enfin, tout <strong>de</strong> même,<br />
c’est Noël ! - pourquoi ne pas préparer une sala<strong>de</strong> <strong>de</strong> fruits fraîche ?<br />
Pas besoin <strong>de</strong> recette, choisissez <strong>de</strong>s fruits frais <strong>de</strong> saison et coupez-les en petits<br />
morceaux. Placez-la sala<strong>de</strong> au réfrigérateur jusqu’au moment <strong>de</strong> servir.<br />
Une sala<strong>de</strong> <strong>de</strong> fruits passe toujours bien, c’est rafraîchissant, léger et surtout pauvre<br />
en calories.<br />
Ingrédients Préparation<br />
100 g d’huile <strong>de</strong><br />
tournesol<br />
200 g <strong>de</strong> sucre<br />
2 bananes mûres<br />
2 c. à c. d’extrait <strong>de</strong><br />
vanille<br />
½ c. à c. <strong>de</strong> sel<br />
200 g farine<br />
100 ml <strong>de</strong> lait <strong>de</strong><br />
soja<br />
100 g <strong>de</strong> noix <strong>de</strong><br />
pécan<br />
2 c. à s. <strong>de</strong> rhum<br />
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Mélangez le sucre avec les bananes jusqu’à l’obtention d’une pâte<br />
onctueuse.<br />
Ajoutez l’huile, la vanille et le sel.<br />
Mélangez bien.<br />
Ajoutez la farine.<br />
Versez dans un plat à bords que vous aurez graissé.<br />
Lissez le <strong>de</strong>ssus avec une spatule en caoutchouc.<br />
Placez <strong>de</strong>s noix <strong>de</strong> pécan partout (essayez <strong>de</strong> les aligner, ce sera plus facile<br />
pour couper le biscuit)<br />
Cuisez 15 minutes.<br />
Laissez refroidir.<br />
Coupez le biscuit en petits carrés.<br />
Placez-les dans le four 30 minutes complémentaires pour les sécher.<br />
Temps <strong>de</strong> préparation Temps <strong>de</strong> cuisson Nombre <strong>de</strong> personnes<br />
20 minutes 45 minutes 30 pièces<br />
Valeurs nutritionnelles par personne<br />
Calories Protéines Lipi<strong>de</strong>s Gluci<strong>de</strong>s Magnésium Calcium Fer<br />
112 2 g 6 g 12 g 14 mg 7 mg 0,5 mg<br />
© Copyright L. Livernais-Saettel
Bidoche !<br />
Sous le titre « Bidoche. L’industrie <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> menace le mon<strong>de</strong> », le journaliste<br />
Fabrice Nicolino vient <strong>de</strong> faire paraître un ouvrage qui, espérons-le, enfi n !, marquera<br />
les esprits.<br />
Plutôt qu’une énième recension <strong>de</strong> ce livre, nous avons choisi <strong>de</strong> publier, avec<br />
l’accord <strong>de</strong> l’auteur, le très bon commentaire qui en a été fait sur le blog <strong>de</strong> l’association<br />
Kokopelli 1 FIN DE L’ARTICLE “A LIRE” PAGE 21<br />
vian<strong>de</strong>, le lait et les œufs, les animaux d’élevage sont la qui les emportent vers les élevages ou vers l’abattoir […] Je C<br />
risée <strong>de</strong> tout un peuple, l’espèce humaine (et quel spé- vois l’éclair <strong>de</strong> la mort dans l’œil du dindon <strong>de</strong> Noël. Tâches<br />
cimen !). Insémination, extermination, engraissement, ma- sombres aux pattes <strong>de</strong>s poulets : ulcères <strong>de</strong>s crispations sur<br />
U<br />
ladie, épizootie, <strong>de</strong>stin macabre… Les mots fusent et la le grillage. Carrés <strong>de</strong> potages faits avec les carcasses <strong>de</strong>s<br />
L<br />
souffrance animale est pesante. Cette chaîne alimentaire pon<strong>de</strong>uses. Jambon <strong>de</strong> poulet : la chair bouillie <strong>de</strong>s volailles<br />
T<br />
et son lot <strong>de</strong> douleur sont habituellement plongés dans l’in- innombrables a été pressée, amalgamée puis tranchée en<br />
différence… totale.<br />
manière <strong>de</strong> jambon blanc […] Ce cœur écrasé, ce bec qui<br />
U<br />
Cet ouvrage rend compte <strong>de</strong> l’extension <strong>de</strong> la barba- cherche l’air, ce sexe expulsé au-<strong>de</strong>hors dans l’ordure <strong>de</strong><br />
R<br />
rie <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong> si « humain ». D’ailleurs l’auteure mon- la caisse… »<br />
E<br />
tre du doigt quelques métiers <strong>de</strong> cet univers où les droits Marie Rouanet transmet un rapport vibrant et déchi-<br />
et la conscience <strong>de</strong> l’animal sont niés : vi<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> cage, rant. Par son récit, le lecteur <strong>de</strong>vient un spectateur impuis-<br />
masturbateur <strong>de</strong> coqs et <strong>de</strong> dindons… L’atrocité atteint sant <strong>de</strong> l’exploitation animale dans toute son horreur. Ce<br />
le summum lorsque <strong>de</strong>s animaux encore conscients sont livre fait écho à Un éternel Treblinka <strong>de</strong> Charles Patterson<br />
ébouillantés ou égorgés. Ambiance concentrationnaire : dans lequel il est question <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vies similai-<br />
« La saucisse, je la vois sortir à soixante kilomètres à l’heure res entre l’exploitation animale et les prisonniers dans les<br />
<strong>de</strong>s usines <strong>de</strong> Bretagne où l’élevage intensif a pollué tou- camps <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale.<br />
tes les nappes phréatiques. Les côtelettes d’agneau bêlent<br />
Compte-rendu par Damien Préault – Novembre <strong>2009</strong><br />
dans ma tête comme je les entends bêler dans les camions<br />
, assorti d’un courrier <strong>de</strong> Fabrice Nicolino, particulièrement sincère,<br />
où ce <strong>de</strong>rnier explique sa démarche sans langue <strong>de</strong> bois.<br />
Quant à nous, sincèrement aussi, nous vous invitons à vous procurer ce livre et à<br />
le faire connaître.<br />
COMMUNIQUÉ KOKOPELLI<br />
Fabrice Nicolino a publié le 7 octobre un livre passionnant et préoccupant sur<br />
l’industrie <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>. Jamais lu ? En tout cas, jamais écrit. Ce livre sur la vian<strong>de</strong> est<br />
rempli <strong>de</strong> très nombreuses révélations sur un univers que personne ne souhaite voir<br />
<strong>de</strong> près. La <strong>France</strong> a connu après 1945 une révolution <strong>de</strong> son régime alimentaire qui<br />
n’a rien <strong>de</strong> naturel. Elle consommait peu <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, elle en « bouffe » <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong><br />
tonnes chaque année.<br />
Qui a voulu ce complet bouleversement ? Les jeunes « technocrates » autour <strong>de</strong><br />
De Gaulle, après 1958, mais aussi les pontes <strong>de</strong> l’Inra, un institut public au service direct <strong>de</strong>s intérêts industriels. Ce livre raconte<br />
la genèse d’un changement radical, et met <strong>de</strong>s noms sur <strong>de</strong>s actes. Joseph Fontanet, François Missoffe, Edgard Pisani, Edgar<br />
Faure, du côté <strong>de</strong>s politiques, suivis par Henri Nallet, Édith Cresson, Michel Rocard quand la gauche a pris le pouvoir en 1<strong>98</strong>1.<br />
Raymond Février et Jacques Poly du côté <strong>de</strong>s chercheurs et <strong>de</strong>s techniciens. Tous ont été au service <strong>de</strong> la bidoche.<br />
Ensemble, ils ont imposé que la <strong>France</strong> <strong>de</strong>vienne un immense hachoir à vian<strong>de</strong> qui abat chaque année plus d’un milliard<br />
d’animaux domestiques. Des animaux traités comme <strong>de</strong>s bêtes, parqués dans le noir, entravés, farcis d’antibiotiques<br />
et d’hormones qui mettent en péril la santé humaine.<br />
Nul n’a jamais parlé ainsi <strong>de</strong>s dangers gravissimes que représentent le MRSA, le MAP, et toutes ces maladies émergentes<br />
qui donnent <strong>de</strong>s sueurs froi<strong>de</strong>s aux autorités sanitaires.<br />
La situation est-elle hors <strong>de</strong> contrôle ? Oui. Ce livre révèle que la panique a gagné quantité <strong>de</strong> bureaux offi ciels. Et<br />
comment l’élevage industriel cherche à masquer <strong>de</strong>s vérités affolantes. Qui sait en <strong>France</strong> que l’élevage mondial émet<br />
plus <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre que la totalité <strong>de</strong>s transports humains, automobiles, bateaux et avions compris ? Qui sait que<br />
notre bétail est nourri par du soja transgénique venu du Brésil, grand responsable <strong>de</strong> la déforestation en Amazonie ? Qui<br />
reconnaît que les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s chinoise et indienne <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> seront impossibles à satisfaire dans quelques années, faute <strong>de</strong><br />
sol et d’eau ? Qui ose écrire que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> globale <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> industrielle conduit tout droit à <strong>de</strong> nouvelles et tragiques<br />
famines <strong>de</strong> masse ?<br />
N 31<br />
o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s
C U L T U R E<br />
Si la <strong>France</strong> est à ce point sour<strong>de</strong> et aveugle, c’est que<br />
l’agriculture industrielle y fait la loi <strong>de</strong>puis 1945. Un lobby<br />
d’une puissance exceptionnelle s’est installé au cœur<br />
même <strong>de</strong> l’État et ne cesse d’empêcher toute évolution<br />
qui remettrait en cause les places et rentes acquises. Ce<br />
livre plonge au cœur <strong>de</strong>s mystères et attaque sans hésita-<br />
tion le noyau dur <strong>de</strong> ce lobby. En donnant <strong>de</strong>s noms : Serge<br />
Michels, Louis Orenga, Thierry Coste. Enivrés par un pouvoir<br />
sans frein, les défenseurs <strong>de</strong> la bidoche ont plongé la Fran-<br />
ce dans une crise globale dont elle n’est pas près <strong>de</strong> sortir.<br />
Sauf si. Sauf si le mouvement <strong>de</strong>s consommateurs déci<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> s’attaquer enfi n aux immenses intérêts, visibles ou mas-<br />
qués, <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> industrielle. Une vian<strong>de</strong> qui est <strong>de</strong>venue<br />
l’ennemi <strong>de</strong> l’homme.<br />
Fabrice Nicolino est journaliste. Il est l’auteur notamment<br />
<strong>de</strong> « Pestici<strong>de</strong>s, révélations sur un scandale français » (2007)<br />
vendu en grand format à 35 000 exemplaires. [Consulter<br />
son blog sur http://fabrice-nicolino.com/in<strong>de</strong>x.php].<br />
POURQUOI J’AI VOULU CE LIVRE<br />
COURRIER DE FABRICE NICOLINO<br />
« Je suis né pour ma part dans le sous-prolétariat urbain<br />
<strong>de</strong> la banlieue parisienne. Ce n’est pas un lieu rieur. Ce ne<br />
fut pas un temps calme. Il m’arriva plus d’une fois <strong>de</strong> rê-<br />
ver meilleur <strong>de</strong>stin. Mais qui choisit ? Il reste que, dans les<br />
meilleures années <strong>de</strong> cette époque engloutie à jamais, ma<br />
mère préparait le dimanche midi un roast-beef, un rosbif<br />
farci à l’ail qui déclenchait chez nous tous, les enfants <strong>de</strong><br />
cette pauvre nichée, une émeute <strong>de</strong> papilles.<br />
Un repas peut-il rendre heureux ? Oui. Un morceau <strong>de</strong><br />
vian<strong>de</strong> peut-il faire croire, le temps d’une tablée familia-<br />
le, que tout va bien, que tout va mieux ? Oui. J’ai mangé<br />
beaucoup <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>. J’ai pris un grand plaisir à mastiquer,<br />
à partager avec les miens ce qui était davantage qu’un<br />
mets. Je suis mieux placé que d’autres pour comprendre<br />
que manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> est un acte social majeur. Un<br />
comportement. Une manière <strong>de</strong> se situer par rapport au<br />
passé maudit <strong>de</strong> l’humanité, et <strong>de</strong> défi er le sort promis par<br />
l’avenir.<br />
Je crois savoir ce que manger veut dire. Mais je dois<br />
ajouter que, chemin faisant, j’ai changé d’avis et <strong>de</strong> goût.<br />
Modifi er ses habitu<strong>de</strong>s est l’une <strong>de</strong>s vraies gran<strong>de</strong>s libertés<br />
qui nous sont laissées. Je l’ai fait. Derrière la vian<strong>de</strong>, peu à<br />
peu, les morceaux, hauts et bas, se sont reformés, comme<br />
dans les <strong>de</strong>ssins animés <strong>de</strong> mon enfance, qui ignorent tout<br />
<strong>de</strong> la logique triviale <strong>de</strong> la vie ordinaire.<br />
Derrière une côte <strong>de</strong> bœuf, j’ai fi ni par voir un bœuf.<br />
Derrière un gigot, un agneau. Derrière un jambon, un co-<br />
chon. On peut parler d’un choc, immense et lent. L’histoire<br />
que je vais vous raconter n’est pas simple, et j’en suis le pre-<br />
mier désolé. Elle peut d’autant plus paraître compliquée<br />
qu’elle l’est en réalité. Mais ce n’était pas une raison pour<br />
faire un livre pesant. Celui-ci ne <strong>de</strong>vrait pas l’être. On y verra<br />
beaucoup d’hommes en action, prenant en notre nom <strong>de</strong>s<br />
décisions plus ou moins réfl échies. Avec <strong>de</strong>s conséquences<br />
majeures que la plupart ignorent.<br />
Cela explique les tours, détours, ruses et contorsions<br />
d’une affaire profon<strong>de</strong>, qui nous concerne tous. Si à quel-<br />
que endroit vous vous sentez perdu, rapportez-vous à l’in-<br />
<strong>de</strong>x <strong>de</strong>s personnages ou à la chronologie <strong>de</strong>s événements.<br />
Alors vous retrouverez pied aisément. Ce livre sur la vian<strong>de</strong><br />
comman<strong>de</strong> du temps, et <strong>de</strong> la réfl exion. Peut-être est-ce<br />
une mauvaise idée <strong>de</strong> le signaler d’entrée, à l’heure d’In-<br />
ternet et du zapping tous azimuts. Mais c’est ainsi. Au moins<br />
ne serez-vous pas trompé sur la marchandise.<br />
Il reste que cet ouvrage peut aussi se lire pour ce qu’il<br />
est : une formidable aventure aux conséquences inouïes.<br />
Où rien n’était inévitable. Où tout aurait dû être pesé. Où<br />
tout aurait pu être contrebalancé. Une histoire pleine <strong>de</strong><br />
bruit et <strong>de</strong> fureur, emplie jusqu’à débor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> qualités qui<br />
sont souvent <strong>de</strong> pénibles défauts. Laissez-vous porter par<br />
cette vague venue <strong>de</strong>s temps les plus anciens, et posez-<br />
vous les bonnes questions, qui vous rendront fi ers d’être <strong>de</strong>s<br />
humains dignes du mot.<br />
Comment <strong>de</strong>s animaux aussi sacrés que le taureau Hap<br />
<strong>de</strong> la plus haute Antiquité sont-ils <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s morceaux,<br />
<strong>de</strong>s choses, <strong>de</strong>s marchandises ? Pourquoi <strong>de</strong>s techniciens<br />
inventent-ils chaque jour, en notre nom, <strong>de</strong> nouvelles mé-<br />
tho<strong>de</strong>s pour « fabriquer » <strong>de</strong> la « matière » à partir d’êtres<br />
vivants et sensibles ? Pourquoi leurs laboratoires sont-il aussi<br />
anonymes que secrets ? Pourquoi l’industrie <strong>de</strong> la bidoche<br />
est-elle dotée d’une puissance qui cloue le bec <strong>de</strong> ses rares<br />
critiques ? À la suite <strong>de</strong> quelle rupture mentale a-t-on ac-<br />
cepté la barbarie <strong>de</strong> l’élevage industriel ? Pour quelle rai-<br />
son folle laisse-t-on la consommation effrénée <strong>de</strong> ce produit<br />
plein d’antibiotiques et d’hormones menacer la santé hu-<br />
maine, détruire les forêts tropicales, aggraver dans <strong>de</strong>s pro-<br />
portions étonnantes la si grave crise climatique en cours ?<br />
Qui est responsable ? Et y a-t-il <strong>de</strong>s coupables ? La ré-<br />
ponse n’a rien d’évi<strong>de</strong>nt, mais elle existe, dans les <strong>de</strong>ux<br />
cas. Ce livre vous convie à une plongée dont vous ne sor-<br />
tirez pas in<strong>de</strong>mne. À la condition <strong>de</strong> le lire pour <strong>de</strong> vrai,<br />
vous ferez ensuite partie d’une tribu en expansion, mais qui<br />
<strong>de</strong>meure on ne peut plus minoritaire. La tribu <strong>de</strong> ceux qui<br />
savent. Et peut-être même rejoindrez-vous celle qui ne veut<br />
plus. A-t-on le droit <strong>de</strong> se révolter ? On en a en tout cas le<br />
<strong>de</strong>voir.<br />
Je mange encore <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>. De moins en moins,<br />
et désormais si peu que j’entrevois le moment où je cesse-<br />
rai peut-être <strong>de</strong> le faire. Je ne suis pas un exemple. Je suis<br />
exactement comme vous. J’espère en tout cas que nous<br />
nous ressemblons assez pour que le dialogue commence.<br />
Mais avant cela, il fallait vous faire découvrir le tumulte <strong>de</strong>s<br />
relations que nous entretenons avec notre sainte bidoche.<br />
Si ce livre <strong>de</strong>vait servir à quelque chose, il me plairait qu’il<br />
permette à ses lecteurs <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ce qu’ils mangent.<br />
Et pourquoi. Et comment. » <br />
Source :<br />
[1] http://www.kokopelli-blog.org/?p=109#comments, 10 septembre <strong>2009</strong>.<br />
32 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
Fon<strong>de</strong>ments éthiques<br />
pour une alimentation végétarienne<br />
Helmut F. Kaplan – Éd. L’Harmattan – juin 2008 – 186 p. – 17 €<br />
Traduit <strong>de</strong> l’allemand par Cyril Taffi n <strong>de</strong> Tilques, préface d’André Méry.<br />
Le titre français <strong>de</strong> l’ouvrage d’Helmut Kaplan vous donne peut-être<br />
l’idée <strong>de</strong> longues dissertations philosophiques d’où l’on ne se sort qu’avec<br />
un crayon à la main et <strong>de</strong>s notes plein les pages…<br />
Mais il ne s’agit en fait que <strong>de</strong> la transposition politiquement correcte<br />
du titre original allemand, Leichenschmaus, ce qui veut dire, littéralement,<br />
Le Festin <strong>de</strong> cadavres ! Nettement plus explicite quant aux propos, qui se<br />
veulent clairs et sans arguties. N’oublions pas qu’Helmut Kaplan est un philo-<br />
sophe du droit <strong>de</strong>s animaux, et non un spéculateur <strong>de</strong> salon.<br />
« La mort animale…, la mort que nous infl igeons à tous ces êtres qui sont<br />
plus faibles que nous, confortés en cela parce que nous savons qu’ils ne<br />
pourront jamais se révolter, c’est la lâcheté par excellence, c’est le droit du plus fort dans toute<br />
son abjection. L’horreur <strong>de</strong> cette mort, multipliée <strong>de</strong>s milliards <strong>de</strong> fois sans autre justifi cation qu’un<br />
« mmm » <strong>de</strong> satisfaction gustative exprimé à table, imprègne les textes d’Helmut Kaplan, dont on<br />
sent qu’il l’éprouve au plus profond <strong>de</strong> ses fi bres. » [préface]<br />
Le livre se présente comme un recueil <strong>de</strong> textes, écrits séparément, dans lesquels Kaplan envisage une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
sujets, <strong>de</strong> l’empathie à l’environnement, en passant par la fourrure, l’expérimentation animale, et le végétarisme.<br />
Le végétarisme, qui constitue selon Kaplan le ciment <strong>de</strong> toutes les actions animalistes, car être végétarien (précisément,<br />
pour Kaplan, végétaLien), permet <strong>de</strong> « résoudre le débat fondamental dans lequel s’opposent divers courants animalis-<br />
tes : faut-il d’abord soulager le sort <strong>de</strong>s animaux tel qu’il se<br />
présente à nos yeux (élevages intensifs, transports indignes,<br />
abattages inhumains), au risque d’humaniser suffi samment<br />
les conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> ces animaux pour en arriver à ren-<br />
dre <strong>de</strong> ce fait leur exploitation acceptable par le public ? Ou<br />
bien faut-il refuser <strong>de</strong> dépenser <strong>de</strong> l’énergie dans <strong>de</strong>s amé-<br />
liorations illusoires pour se consacrer uniquement à l’éradi-<br />
cation <strong>de</strong> toute exploitation <strong>de</strong> l’animal par l’homme, au<br />
risque <strong>de</strong> laisser souffrir ceux qui n’auront pas eu la chance<br />
<strong>de</strong> voir l’éradication réalisée ? » [préface]<br />
Or, pour Kaplan, nous <strong>de</strong>vrions pratiquer un impératif mo-<br />
ral très simple : « quand on a le pouvoir d’ai<strong>de</strong>r, on a aussi le<br />
<strong>de</strong>voir d’ai<strong>de</strong>r ». Et justement, pour ai<strong>de</strong>r concrètement les<br />
animaux, il n’y a rien <strong>de</strong> plus simple : il suffi t <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir végé-<br />
tarien. Nous en avons le pouvoir, nous <strong>de</strong>vons le faire ! Tout le<br />
reste peut alors venir se surajouter à cette décision essentielle<br />
qui confère à toute autre action clarté et sincérité : la fi n en<br />
soi <strong>de</strong> l’acte, quel qu’il soit, aussi petit soit-il, aussi marquant<br />
soit-il, ce sera bien le refus <strong>de</strong> la mort animale au profi t d’inté-<br />
rêts humains futiles et égoïstes, ce sera un acte éthique pour<br />
un progrès moral.<br />
Alors, si tous ceux qui se soucient <strong>de</strong>s animaux d’une ma-<br />
nière ou d’une autre <strong>de</strong>venaient végétariens, tous pourraient<br />
travailler la main dans la main pour une société où la <strong>de</strong>rnière<br />
discrimination encore plantée dans les consciences, celle du<br />
spécisme, serait enfi n abattue.<br />
Au fond, ce que nous dit Kaplan est simple : commence<br />
à ai<strong>de</strong>r, et toutes les questions en suspens se résoudront d’el-<br />
les-mêmes. C’est-à-dire : comme par <strong>de</strong>venir végétarien.<br />
Les textes que nous offre Kaplan dans ce livre <strong>de</strong>vraient<br />
ai<strong>de</strong>r pas mal <strong>de</strong> personnes à comprendre. <br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
C U L T U R E 33
C U L T U R E<br />
À VOIR<br />
The Cove - La Baie <strong>de</strong> la honte<br />
The Cove - La Baie <strong>de</strong> la honte est un do-<br />
cumentaire produit par Luc Besson, traitant<br />
du massacre <strong>de</strong>s dauphins au Japon. C’est<br />
vraiment un fi lm/reportage à voir !<br />
Il présente le combat <strong>de</strong> toute une équi-<br />
pe et plus particulièrement d’un homme, Ri-<br />
chard O’Barry qui était le soigneur et le dres-<br />
seur <strong>de</strong>s dauphins dans la série TV « Flipper ».<br />
Il fait tout ce qui est en son pouvoir pour faire<br />
connaitre ce qui se passe à Taiji et sauver les<br />
dauphins !<br />
En effet, savez-vous que chaque année,<br />
plus <strong>de</strong> 20 000 dauphins sont tués pour leur<br />
chair au Japon, alors même que celle-ci est<br />
toxique <strong>de</strong> par son taux en métaux lourds ex-<br />
trêmement élevé ?<br />
Le fi lm ne montre pas trop les images du<br />
massacre <strong>de</strong>s dauphins qui a lieu dans la<br />
baie <strong>de</strong> Taiji ; je pense donc que même <strong>de</strong>s<br />
personnes très sensibles peuvent aller le voir.<br />
Par contre cela peut être assez oppressant à<br />
ce moment-là, et aussi quand on voit les éta-<br />
lages <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> dauphins ou le marché<br />
aux poissons, entre autres.<br />
Le fi lm dit bien sûr que tuer <strong>de</strong>s dauphins<br />
et les manger <strong>de</strong>vrait être interdit (comme<br />
cela est le cas pour les baleines... sur le pa-<br />
pier) mais ne remet pas en cause le meurtre<br />
<strong>de</strong>s tous les poissons pour l’alimentation hu-<br />
maine.<br />
D’ailleurs un contre-argument <strong>de</strong>s pêcheurs <strong>de</strong> dauphins est que les Occi<strong>de</strong>ntaux mangent bien du bœuf alors pour-<br />
quoi ne les laisserait-on pas tuer et manger <strong>de</strong>s dauphins ?<br />
On apprend aussi la complaisance <strong>de</strong> la Commission Baleinière Internationale (IWC) qui est censée protéger les céta-<br />
cés... sauf les dauphins et les marsouins ! Au sein <strong>de</strong> cette commission, le Japon utilise la corruption et expose <strong>de</strong>s arguments<br />
fallacieux pour pouvoir continuer <strong>de</strong> pêcher en toute impunité.<br />
Une autre partie du fi lm est consacrée à l’industrie lucrative <strong>de</strong>s <strong>de</strong>lphinariums et aux calvaires qu’y subissent les dau-<br />
phins captifs. Ric O’Barry regrette d’avoir été en partie à l’origine <strong>de</strong> l’essor <strong>de</strong>s <strong>de</strong>lphinariums à l’époque où il dressait <strong>de</strong>s<br />
dauphins.<br />
Compte-rendu par Jérôme Contet<br />
correspondant AVF Gard<br />
En résumé, c’est un <strong>de</strong>s trop rares fi lms sur la protection animale et il pourrait bien être une amorce pour <strong>de</strong>venir végé-<br />
tarien, en dénonçant l’enfer que vivent les animaux captifs <strong>de</strong>s <strong>de</strong>lphinariums, aquariums, zoo, cirques etc.<br />
Il faut donc le faire connaître ! Et, bonne nouvelle : le fi lm a eu un impact réel ; cela fait maintenant <strong>de</strong>puis début sep-<br />
tembre qu’il n’y a plus <strong>de</strong> massacre <strong>de</strong> dauphins à Taiji, mais il faut maintenir la pression !<br />
Pour celles/ceux qui veulent tracter en fi n <strong>de</strong> séance je recomman<strong>de</strong> l’excellent tract « Pourquoi refuser <strong>de</strong> manger les<br />
poissons ? » que vous trouverez ici : http://pense-bete.org/materiel/.<br />
Vous pouvez aussi signer la pétition « End the Brutal Killing of More Than 20,000 Dolphins Every Year in Japan » : http://<br />
apps.facebook.com/causes/petitions/252?m=58d95e1f<br />
Site associé au fi lm : http://www.savejapandolphins.org/<br />
Sur Facebook : http://www.facebook.com/TheCove <br />
34 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
pour 2010<br />
L’Ecoagenda 2010 <strong>de</strong>s éditions La Plage<br />
( www.laplage.fr ) est paru ! L’édition 2010<br />
<strong>de</strong> l’écoagenda est placée sous le signe<br />
<strong>de</strong> la récupération et du recyclage. Vous<br />
retrouverez, au fil <strong>de</strong> l’année, <strong>de</strong>s objets<br />
du quotidien ou <strong>de</strong>s œuvres d’artistes,<br />
créés à partir <strong>de</strong> bidons industriels, <strong>de</strong><br />
ceintures <strong>de</strong> sécurité, <strong>de</strong> bennes à ordure<br />
ou <strong>de</strong> lances à incendie… Certes<br />
le recyclage artistique ne va pas sauver<br />
la planète. Mais nous espérons que ces<br />
beaux objets, originaux et bien finis, stimuleront<br />
le débat sur l’environnement,<br />
lui apportant une touche <strong>de</strong> séduction<br />
qui vous donnera, à vous aussi, l’envie<br />
<strong>de</strong> vous lancer...<br />
‟ Format 16 x 22 ; avec plein <strong>de</strong> photos et<br />
<strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> l’écologie ; 15 ¤.<br />
magique<br />
Le Pochon Magique, restaurant végétarien<br />
associatif <strong>de</strong> la rue <strong>de</strong> Brasse,<br />
à Belfort, a fêté ses 30 ans le 3 octobre<br />
<strong>de</strong>rnier. Toute l’équipe emmenée par le<br />
fondateur cuisinier Jean-Marie Mercier a<br />
mis les petits plats dans les grands, <strong>de</strong><br />
midi à minuit. Cocktail éclectique, poétique<br />
et écologique au menu : recettes végétariennes,<br />
folk, jazz et polyphonie.<br />
Le Pochon magique, 18, rue <strong>de</strong> Brasse,<br />
Belfort.<br />
Source : info et photo, Lalsace.fr, http://www.lalsace.fr/fr/sorties/aujourdhui/article/2039490,1235/<br />
Les-30-ans-du-Pochon-a-Belfort.html, 02/10/<strong>2009</strong>.<br />
pas <strong>de</strong> grenouilles<br />
dans ma classe<br />
Steve-0, la star du show Jack Ass, a<br />
été recruté par l’organisation <strong>de</strong> défense<br />
<strong>de</strong>s animaux PETA pour incarner sa <strong>de</strong>rnière<br />
campagne <strong>de</strong> sensibilisation contre<br />
la dissection <strong>de</strong>s animaux à l’école. En<br />
particulier les grenouilles, qui ont été retenues<br />
comme symbole. Selon PETA, plusieurs<br />
millions d’animaux seraient ainsi<br />
tués chaque année pour le bien <strong>de</strong>s cours<br />
<strong>de</strong> biologie.<br />
« Cut class, not frogs », (séchez les<br />
cours, ne tuez pas <strong>de</strong> grenouilles) dit le<br />
slogan <strong>de</strong> la campagne appelant les élèves<br />
à refuser <strong>de</strong> jouer du scalpel. Fidèle à<br />
sa métho<strong>de</strong>, PETA a également lancé un<br />
site Internet spécifique, frogsarecool.com<br />
(les grenouilles sont cool).<br />
Source : info et photo, fluctuat.net, http://societe.<br />
fluctuat.net/blog/40145-steve-o-<strong>de</strong>nonce-la-dissection-<strong>de</strong>s-grenouilles-avec-peta.html,<br />
03.10.09.<br />
les bÊtes<br />
se rebellent…<br />
Les oiseaux d’élevage hébergent dans<br />
leur tube digestif une bactérie, Chlamydophila<br />
psittaci, qui peut se transmettre<br />
à l’homme par contact direct et provoquer<br />
une maladie aux conséquences parfois<br />
graves : la psittacose, qui peut se traduire<br />
par une détresse respiratoire aiguë ou une<br />
pneumonie sévère, nécessitant une hospitalisation.<br />
En l’absence <strong>de</strong> traitement<br />
antibiotique adapté, la mortalité suite<br />
aux complications dépasse les 20 %. La<br />
psittacose fait l’objet d’une surveillance<br />
particulière <strong>de</strong> l’Afssa <strong>de</strong>puis 2006, mais<br />
les messages <strong>de</strong> prévention ont du mal à<br />
s’imposer, notamment dans les exploitations<br />
familiales. La bactérie est pourtant<br />
présente <strong>de</strong> manière endémique chez les<br />
canards dans une quinzaine <strong>de</strong> départements.<br />
L’InVS a lancé en 2008 une étu<strong>de</strong><br />
dans cinq régions <strong>de</strong> <strong>France</strong>. Sur le seul<br />
premier semestre <strong>de</strong> l’année <strong>de</strong>rnière,<br />
vingt-<strong>de</strong>ux hospitalisations avec forte<br />
fièvre et pneumonie ou détresse respiratoire<br />
ont été enregistrées. Près <strong>de</strong> la moitié<br />
<strong>de</strong>s patients concernés travaillaient en<br />
abattoir, élevage ou gavage <strong>de</strong> volailles.<br />
La présence <strong>de</strong> Chlamydophila psittaci<br />
sur les oiseaux a été confirmée dans neuf<br />
cas.<br />
Source : Le Figaro, 17/08/09 – « La psittacose humaine<br />
sévit en <strong>France</strong> »<br />
joss stone,<br />
vÉgÉtarienne<br />
Quand Joss Stone perça sur la scène<br />
musicale, il y a à peine quelques années,<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
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tout le mon<strong>de</strong> fut soufflé par sa voix puissante<br />
et expressive […] Joss a vendu <strong>de</strong>s<br />
millions d’albums et s’est créé <strong>de</strong>s fans<br />
<strong>de</strong> tous âges dans le mon<strong>de</strong> entier. Dans<br />
le ton <strong>de</strong> son nouvel album, Introducing<br />
Joss Stone, PETA présente au mon<strong>de</strong> une<br />
facette <strong>de</strong> la personnalité <strong>de</strong> Joss que la<br />
plupart <strong>de</strong> ses fans ne connaissent peutêtre<br />
pas : elle est végétarienne.<br />
« Je suis née végétarienne. Je voulais<br />
faire cette publicité parce que je pense<br />
qu’on n’a pas besoin <strong>de</strong> faire souffrir <strong>de</strong>s<br />
êtres vivants pour se nourrir. Il y a tant<br />
d’autres choses que l’on peut manger. Je<br />
n’ai jamais mangé <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> ma vie,<br />
je fais un mètre soixante-dix et on ne peut<br />
pas dire je sois chétive. Un homme sage a<br />
dit, ” Les animaux sont mes amis, et je n’ai<br />
pas pour habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> manger mes amis.”<br />
C’est exactement ce que je ressens. »<br />
Source : info et photo - site <strong>de</strong> PETA <strong>France</strong> -<br />
http://www.petafrance.com/feat-jossStone.asp<br />
franny armstrong<br />
combat<br />
la stupiditÉ<br />
<strong>Végétarienne</strong> <strong>de</strong>puis l’âge <strong>de</strong> 11 ans,<br />
Franny Armstrong est fière <strong>de</strong> n’avoir<br />
jamais possédé <strong>de</strong> voiture, d’avoir <strong>de</strong>s<br />
panneaux solaires sur le toit <strong>de</strong> sa maison<br />
et <strong>de</strong> détester le shopping. Elle ne<br />
voyait donc pas d’autre sujet que le changement<br />
climatique pour son film-événement<br />
« The Age of Stupid » (sortie en<br />
salle le 22 septembre). Basé en 2055, on<br />
y découvre un vieil archiviste dans un<br />
environnement dévasté qui regar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
vidéos datant <strong>de</strong> 2008 en se <strong>de</strong>mandant<br />
pourquoi nous n’avons pas agi quand il<br />
était encore temps.<br />
De la tournée <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> ce film<br />
est née la campagne « 10 : 10 » : il s’agit<br />
d’encourager les Britanniques (Franny<br />
Armstrong est britannique…) à réduire<br />
leurs émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre<br />
<strong>de</strong> 10 % durant l’année 2010, que ce<br />
• Bourguignon Clau<strong>de</strong> et Lydia, Le sol, la terre et les<br />
champs. Pour retrouver une agriculture saine. Paris, Sang <strong>de</strong><br />
la Terre, 2008.<br />
• Fukuoka Masanobu, La révolution d’un seul brin <strong>de</strong><br />
paille. Une introduction à l’agriculture sauvage. Paris, Guy<br />
Trédaniel Éditeur, 1<strong>98</strong>3.<br />
• Leclerc Blaise, Les jardiniers <strong>de</strong> l’ombre. Vers <strong>de</strong> terre<br />
et autres artisans <strong>de</strong> la fertilité. Mens, Terre Vivante, 2002.<br />
Notes<br />
1. Nous parlons ici du sol arable, bien entendu.<br />
2. La matière organique n’existe pas dans les déserts et en très haute montagne, lieux<br />
où le sol est uniquement minéral (sable, glace, pierres...).<br />
soit <strong>de</strong> façon individuelle ou collective.<br />
Et les « Frenchies », alors ? Eh bien le<br />
film-documentaire « The Age of Stupid »<br />
(« L’âge <strong>de</strong> la stupidité ») est sorti sur<br />
les écrans d’une soixantaine <strong>de</strong> pays. En<br />
<strong>France</strong>, au début octobre, on ne pouvait<br />
le voir que dans cinq villes : Hénin-Beaumont,<br />
La-Roche-sur-Yon, Paris (La Géo<strong>de</strong>),<br />
St-Sébastien-sur-Loire et Vannes.<br />
Vous avez dit « stupidité » ?<br />
Source : http://www.goodplanet.info/goodplanet/in<strong>de</strong>x.php/eng/Contenu/Initiatives/10-10-contrele-changement-climatique<br />
brigitte bardot :<br />
le vÉgÉtarisme<br />
est un choix<br />
cohÉrent<br />
À la question posée par EVANA ( European<br />
Vegetarian and Animal News<br />
Alliance ) : « Quels changements atten<strong>de</strong>z-vous<br />
pour le mon<strong>de</strong> végétarien <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>main ? », Brigitte Bardot répond :<br />
« Malheureusement, je suis très pessimiste<br />
car le végétarisme est considéré,<br />
FIN DE L’ARTICLE AGRICULTURE VEGANE<br />
par beaucoup, comme un choix extrême<br />
alors qu’il est un choix cohérent, le seul,<br />
pour lutter contre l’exploitation abusive<br />
<strong>de</strong>s animaux et le saccage <strong>de</strong> notre environnement.<br />
Le plus inquiétant est <strong>de</strong><br />
constater que dans les pays émergents,<br />
la croissance économique s’accompagne<br />
d’une croissance <strong>de</strong> la consommation<br />
<strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, et comme ces pays comptent<br />
les populations humaines les plus<br />
importantes, cela ne fera qu’entraîner<br />
la multiplication <strong>de</strong>s élevages intensifs,<br />
véritables camps <strong>de</strong> la mort pour<br />
<strong>de</strong>s milliards d’animaux. Je sais que les<br />
consommateurs, dans leur immense majorité,<br />
se moquent pas mal <strong>de</strong> la souffrance<br />
animale, mais j’espère qu’ils se<br />
montreront enfin responsables et qu’ils<br />
prendront conscience que la consommation<br />
<strong>de</strong> vian<strong>de</strong> entraîne un pillage<br />
<strong>de</strong>s ressources naturelles, notamment<br />
une surexploitation et une pollution <strong>de</strong>s<br />
nappes phréatiques. S’il se sent menacé,<br />
l’homme réagira peut-être, mais il serait<br />
illusoire et utopique <strong>de</strong> compter sur sa<br />
compassion pour bannir l’exploitation<br />
animale ».<br />
Source : EVANA, http://www.evana.org/in<strong>de</strong>x.<br />
php?id=47482&lang=fr<br />
latitu<strong>de</strong>s<br />
vÉgÉtariennes<br />
Le Groupe Pierre & Vacances est un<br />
lea<strong>de</strong>r du secteur <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces <strong>de</strong> tourisme.<br />
Quelques nouveautés ont été annoncées<br />
pour l’hiver prochain et, parmi<br />
celles-ci, l’offre <strong>de</strong> petits déjeuners bio et<br />
<strong>de</strong> menus végétariens dans les hôtels<br />
Latitu<strong>de</strong>s. Pourquoi uniquement dans<br />
les hôtels Latitu<strong>de</strong>s ? Mais ne pinaillons<br />
pas ; c’est déjà bien et sans doute représentatif<br />
d’une tendance dont on ne peut<br />
que se réjouir…<br />
Source : http://www.actumontagne.com/pierre-<br />
&-vacances-muscle-son-offre-montagne-pour-lhiver-2010-news_1082.html,<br />
10-09-<strong>2009</strong>.<br />
3. Ainsi les bactéries, les champignons et les microbes, qui sont vivants mais ne sont<br />
ni <strong>de</strong>s animaux ni <strong>de</strong>s végétaux.<br />
4. BOURGUIGNON Clau<strong>de</strong> et Lydia, Le sol, la terre et les champs. Pour retrouver une<br />
agriculture saine. Paris, Sang <strong>de</strong> la Terre, 2008. p. 55 et 70.<br />
5. Ibid. p. 66.<br />
6. La terre nue, c’est-à-dire sans couverture végétale.<br />
7. BOURGUIGNON, op. cit., p. 10.<br />
8. « Mao poussa l’idée du labour profond jusqu’à <strong>de</strong>s extrêmes que Staline lui-même<br />
n’avait pas osés, au motif que s’il était bon <strong>de</strong> labourer profond, il était meilleur <strong>de</strong><br />
labourer encore plus profond. Dans certains endroits, les sillons creusés à la main<br />
étaient profonds <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 3 mètres, mais la profon<strong>de</strong>ur moyenne tournait autour<br />
du mètre. » Jasper Becker, Les forçats <strong>de</strong> la faim dans la Chine <strong>de</strong> Mao. Paris, L’Esprit<br />
frappeur, 1999. p. 92.<br />
9. BOURGUIGNON, op. cit., p. 37-38.<br />
10. Fukuoka a d’ailleurs défini sa technique agricole comme étant celle du « non-agir »,<br />
ce qui ne signifie pas qu’il n’y ait rien à faire !<br />
V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
La mentalité<br />
du mangeur <strong>de</strong> vian<strong>de</strong><br />
Ce que les végétariens doivent savoir pour mieux argumenter et<br />
mieux toucher les mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>.<br />
« Je ne considère jamais les animaux élevés pour leur<br />
vian<strong>de</strong> comme <strong>de</strong>s individus. Je serais incapable <strong>de</strong> faire<br />
mon métier si j’avais ce type <strong>de</strong> lien personnel avec eux.<br />
Quand vous dites « individu », cela signifie une personne<br />
unique, un être unique ayant son nom, ses propres caractéristiques,<br />
ses petits jeux qu’il affectionne ? C’est bien ça ? Et<br />
bien je préfère ne pas le savoir. Je suis sûr que c’est le cas,<br />
mais je préfère ne pas le savoir »<br />
Un boucher <strong>de</strong> 31 ans et mangeur <strong>de</strong> vian<strong>de</strong><br />
« Je ne mange pas d’agneau… on se sent coupable.<br />
C’est juste ce genre <strong>de</strong> sentiment… ils sont si mignons.<br />
C’est épouvantable qu’ils soient tués et<br />
qu’on les mange. Bon, les vaches sont mignonnes<br />
aussi, mais on les mange. Je ne<br />
sais pas comment décrire cela… en fait<br />
tout le mon<strong>de</strong> mange <strong>de</strong> la vache. Ce<br />
n’est pas cher et il y en a tant, mais<br />
les agneaux, c’est simplement différent.<br />
Vous ne câlinez pas une<br />
vache. Alors ça va <strong>de</strong> manger <strong>de</strong><br />
la vache mais pas <strong>de</strong> l’agneau…<br />
la différence est étrange. »<br />
Homme, mangeur <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
43 ans<br />
De telles affirmations illustrent<br />
parfaitement les propos<br />
généralement tenus par les mangeurs<br />
<strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, et qui abasourdissent les végétariens. C’est<br />
déroutant : un boucher ne serait plus capable <strong>de</strong> faire son<br />
travail s’il pensait réellement à ce qu’il fait, et un homme<br />
adulte sensé éprouve <strong>de</strong> la tendresse envers certaines espèces<br />
mais peut en manger d’autres sans pouvoir avancer<br />
une raison à cela. Avant qu’on leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> réfléchir à<br />
leurs comportements, aucun d’eux ne voyait <strong>de</strong> contradiction<br />
dans ses relations avec les animaux qu’il consomme,<br />
et après ces quelques réflexions, leur prise <strong>de</strong> conscience<br />
s’est évanouie en quelques heures. Et le boucher a continué<br />
à s’accommo<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la désagréable réalité <strong>de</strong> son travail et à<br />
tuer <strong>de</strong>s animaux, tandis que le mangeur <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> a refoulé<br />
son paradoxe mental et continué à les manger. Il n’y a rien<br />
d’étonnant à ce que les végétariens trouvent la mentalité<br />
<strong>de</strong>s mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> déconcertante.<br />
Pourtant, pour <strong>de</strong> nombreux végétariens, ce qui est le<br />
plus déroutant n’est pas la tendance <strong>de</strong>s personnes mangeant<br />
<strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> à éviter <strong>de</strong> réfléchir à leurs choix alimentaires,<br />
mais l’éventail d’explications qu’elles avancent<br />
pour arguer qu’il est « impossible » d’arrêter <strong>de</strong> manger <strong>de</strong><br />
la vian<strong>de</strong>. Après avoir pris connaissance <strong>de</strong>s innombrables<br />
avantages nutritionnels d’une alimentation végétale, le mangeur<br />
<strong>de</strong> vian<strong>de</strong> conscient <strong>de</strong> sa santé clame haut et fort qu’il<br />
ne veut pas risquer une carence en protéines. Après avoir<br />
lu les statistiques relatives aux dommages environnementaux<br />
causés par l’élevage du bétail, la mangeuse <strong>de</strong> vian<strong>de</strong><br />
conductrice <strong>de</strong> voiture hybri<strong>de</strong> dit qu’elle est déjà bien engagée<br />
dans le combat social par ailleurs et qu’elle ne mange<br />
pas beaucoup <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> rouge. Après avoir appris que d’innombrables<br />
restaurants et épiceries proposent<br />
<strong>de</strong>s options végétariennes, qu’il<br />
existe un grand nombre <strong>de</strong> livres<br />
<strong>de</strong> cuisine et <strong>de</strong> kits du végétarien<br />
débutant qui donnent<br />
<strong>de</strong>s conseils pour le passage<br />
à une alimentation végétale, l’intellectuel<br />
mangeur <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> dit<br />
qu’il serait trop compliqué d’arrêter<br />
la vian<strong>de</strong>. Après avoir entendu parler<br />
<strong>de</strong> la souffrance <strong>de</strong>s animaux dans<br />
les élevages industriels, le mangeur <strong>de</strong><br />
vian<strong>de</strong> sensible exprime sa compassion,<br />
compassion qui s’arrête plus tard dans la<br />
journée au seuil du Burger King car il ne<br />
peut vraiment pas changer son habitu<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>. Et après avoir<br />
mangé un autre délicieux steak simili-carné, dont il dit qu’il<br />
ressemble tellement à la vraie vian<strong>de</strong>, le mangeur <strong>de</strong> vian<strong>de</strong><br />
déclare qu’il ne pourra jamais <strong>de</strong>venir végétarien parce<br />
qu’il aime vraiment trop la vian<strong>de</strong>. Ces mêmes personnes<br />
qui trouvent impossible d’arrêter <strong>de</strong> manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> ont<br />
été capables d’élever seules leur famille, <strong>de</strong> survivre à une<br />
maladie grave, <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s longues, <strong>de</strong> surmonter<br />
un profond traumatisme, <strong>de</strong> gagner un prix Nobel ou bien<br />
d’accomplir <strong>de</strong> nombreux exploits qui <strong>de</strong>mandaient bien plus<br />
d’efforts et <strong>de</strong> sacrifices que le fait <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir végétarien.<br />
De façon tout à fait compréhensible, les messages<br />
contradictoires envoyés par les mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> exaspèrent<br />
et contrarient les végétariens. Pourtant, plutôt que<br />
questionner la mentalité <strong>de</strong>s mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, ce qui<br />
conduirait à une meilleure compréhension, les végétariens<br />
interrogent leur personnalité, ce qui entraîne davantage <strong>de</strong><br />
tensions et <strong>de</strong> troubles – au mieux, le mangeur <strong>de</strong> vian<strong>de</strong><br />
est perçu comme égoïste et fainéant, comme faisant passer<br />
son propre confort et la facilité avant la vie <strong>de</strong>s animaux et<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
S O C i É T É<br />
37
S O C i É T É<br />
la préservation <strong>de</strong> la planète. Bien que <strong>de</strong> telles conclusions<br />
soient logiques pour les végétariens, ces assertions sont<br />
contestables car aussi illogiques que celles mises en avant<br />
par les mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>. Nombre <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers sont<br />
aussi <strong>de</strong>s pères, mères aimants, <strong>de</strong>s amis, <strong>de</strong>s secouristes,<br />
<strong>de</strong>s professeurs dévoués, <strong>de</strong>s militants passionnés, <strong>de</strong>s<br />
chefs <strong>de</strong> communauté infatigables, <strong>de</strong>s philanthropes au bon<br />
cœur, <strong>de</strong>s personnes prenant soin <strong>de</strong>s animaux avec compassion,<br />
<strong>de</strong>s partenaires dévoués, <strong>de</strong> grands humanistes.<br />
La mentalité liée à la vian<strong>de</strong> est telle qu’elle pousse <strong>de</strong>s personnes<br />
humaines et rationnelles à avoir <strong>de</strong>s comportements<br />
inhumains et irrationnels, sans même qu’elles réalisent ce<br />
qu’elles sont en train <strong>de</strong> faire. Aussi, les végétariens feraient<br />
bien mieux <strong>de</strong> se concentrer sur la mentalité <strong>de</strong>s mangeurs<br />
<strong>de</strong> vian<strong>de</strong> plutôt que sur leur moralité et engager les discussions<br />
avec <strong>de</strong> la curiosité plutôt que du ressentiment.<br />
Abor<strong>de</strong>r la consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> avec curiosité peut<br />
amener les végétariens à poser <strong>de</strong>s questions qui les ai<strong>de</strong>ront<br />
bien plus efficacement pour discuter et convaincre les<br />
mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> : comment <strong>de</strong>s personnes pleines <strong>de</strong><br />
compassion peuvent-elles mettre <strong>de</strong>s morceaux <strong>de</strong> cadavre<br />
d’animaux dans leur bouche et trouver cela agréable au<br />
lieu <strong>de</strong> trouver cela repoussant ? Comment une nation <strong>de</strong><br />
consommateurs critiques, capable <strong>de</strong> tergiverser sur l’achat<br />
<strong>de</strong> telle marque <strong>de</strong> jeans, peut-elle si peu maîtriser ses choix<br />
alimentaires – choix qui reposent sur une industrie qui tue<br />
10 milliards d’animaux par an ? Comment <strong>de</strong>s gens peuvent-ils<br />
ne pas voir la contradiction sous leurs yeux ? Les végétariens<br />
– et même un bon nombre <strong>de</strong> mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong><br />
– comprennent pourquoi on ne <strong>de</strong>vrait pas consommer<br />
<strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, mais peu <strong>de</strong> personnes comprennent pourquoi<br />
elles en mangent effectivement et c’est ce <strong>de</strong>rnier point qui<br />
doit être abordé pour avoir <strong>de</strong>s discussions plus fructueuses<br />
sur la question <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>.<br />
IDÉOLOGIE<br />
Les réponses aux questions ci-<strong>de</strong>ssus n’ont <strong>de</strong> sens<br />
qu’au travers du prisme <strong>de</strong> l’idéologie. Une idéologie est un<br />
système <strong>de</strong> croyance sociale qui structure les convictions,<br />
les sentiments et les comportements <strong>de</strong>s gens. Une idéologie<br />
dominante est le système <strong>de</strong> croyance d’un groupe<br />
social (ayant le pouvoir) dominant – par exemple les Blancs,<br />
les hommes ou les personnes favorisées sur le plan économique<br />
– et ceci est si socialement enraciné que cette<br />
influence est quasiment invisible. Les idéologies dominantes<br />
construisent notre réalité : elles forment le prisme au travers<br />
duquel nous voyons le mon<strong>de</strong> en promouvant <strong>de</strong>s convictions,<br />
<strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s pratiques, <strong>de</strong>s lois, <strong>de</strong>s valeurs et<br />
<strong>de</strong>s normes sociales comme autant <strong>de</strong> vérités universelles<br />
plutôt que comme un ensemble d’opinions qui reflètent<br />
et renforcent les intérêts du groupe majoritaire détenant le<br />
pouvoir.<br />
Les idéologies dominantes dont les principes (convictions,<br />
pratiques) vont à l’encontre <strong>de</strong>s valeurs les plus profon<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s personnes doivent activement<br />
s’assurer <strong>de</strong> la participation <strong>de</strong> la population. Sans soutien<br />
populaire, le système s’effondrerait. Ces idéologies reposent<br />
sur <strong>de</strong>s stratégies spécifiques, ou <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> défense,<br />
afin <strong>de</strong> cacher les contradictions qui existent entre les<br />
valeurs et les comportements <strong>de</strong>s gens, ce qui leur permet<br />
<strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s entorses à ce qu’ils considèreraient autrement<br />
comme éthique. De telles idéologies existent à la fois au<br />
plan social et au plan individuel. Leurs défenses opèrent à<br />
un niveau extérieur (en formant les institutions sociales et<br />
les normes) et intérieur (en mo<strong>de</strong>lant notre mentalité). Les<br />
défenses extérieures soutiennent une structure sociale qui<br />
force les gens à se conformer à la norme en récompensant<br />
ceux qui s’y soumettent (par exemple en les faisant se sentir<br />
socialement intégrés) et en punissant ceux qui en dévient<br />
(par exemple en les faisant se sentir inférieurs et exclus).<br />
Les défenses internes renforcent la mentalité qui va dans<br />
le sens <strong>de</strong>s normes sociales, et ces défenses sont activées<br />
chaque fois qu’une information vient menacer l’idéologie.<br />
Les défenses internes ne sont pas <strong>de</strong>s réponses logiques ;<br />
ce sont <strong>de</strong>s réactions automatiques venant bloquer ou distordre<br />
les informations qui dénoncent l’idéologie.<br />
La principale défense d’une idéologie dominante et<br />
contraire à l’éthique est l’invisibilité, et le meilleur moyen<br />
d’être invisible, c’est <strong>de</strong> ne pas être nommé. Si on ne nomme<br />
pas, on ne voit pas, et si on ne voit pas, on ne peut pas<br />
en parler. L’invisibilité protège l’idéologie d’un examen rigoureux<br />
qui, alors, la remettrait en question. C’est l’une <strong>de</strong>s raisons<br />
pour lesquelles seules les idéologies non dominantes<br />
sont nommées, au moins au début ; par exemple, il existe<br />
<strong>de</strong>puis longtemps un nom pour l’idéologie <strong>de</strong> ceux qui ne<br />
mangent pas <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, c’est le végétarisme. L’idéologie<br />
dominante, <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, n’a <strong>de</strong> nom que<br />
<strong>de</strong>puis très peu <strong>de</strong> temps.<br />
LE CARNISME<br />
Le carnisme est le nom que j’ai donné à l’idéologie<br />
selon laquelle on considère éthique et adapté <strong>de</strong> manger<br />
certains animaux. Dans la mesure où manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong><br />
n’est pas nécessaire à la survie, il s’agit d’un choix, et les<br />
choix prennent toujours leur racine dans les convictions. Les<br />
mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> ne sont pas <strong>de</strong>s carnivores, car les carnivores<br />
sont <strong>de</strong>s animaux qui ont besoin <strong>de</strong> manger <strong>de</strong> la<br />
vian<strong>de</strong> pour survivre. Ils ne sont pas non plus <strong>de</strong>s omnivores<br />
qui, comme les végétariens, sont <strong>de</strong>s animaux capables<br />
<strong>de</strong> survivre en mangeant à la fois <strong>de</strong>s matières végétales<br />
et animales. « Carnivore » et « omnivore » ne renvoient à<br />
rien <strong>de</strong> plus que <strong>de</strong>s prédispositions biologiques. Pour les<br />
humains, manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> n’est pas une nécessité biologique,<br />
mais un choix philosophique basé sur un ensemble<br />
<strong>de</strong> considérations à l’égard <strong>de</strong>s animaux du mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong><br />
soi-même. 1<br />
En ne nommant pas le système qu’est le carnisme, la<br />
consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> est davantage envisagée comme<br />
une donnée que comme un choix, et les considérations qui<br />
motivent cette consommation restent à analyser. Cette ab-<br />
38 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
LA THÉORIE VÉGANE DE LA RELATIVITÉ :<br />
Vegan = (More)(Compassion) 2<br />
sence <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> conscience explique pourquoi les gens<br />
mangent <strong>de</strong>s cochons mais pas <strong>de</strong>s chiens et n’ont aucune<br />
idée <strong>de</strong> la raison pour laquelle ils le font.<br />
Le carnisme est un système qui s’organise autour d’une<br />
souffrance animale intense et inutile. Puisque la plupart <strong>de</strong>s<br />
gens ne veulent pas provoquer <strong>de</strong> souffrance animale, ni<br />
même savoir qu’ils participent à cette souffrance, le système<br />
les empêche <strong>de</strong> faire le lien, au plan émotionnel et<br />
psychologique. Le système du carnisme est construit <strong>de</strong><br />
telle manière qu’il empêche toute prise <strong>de</strong> conscience pour<br />
bloquer toute empathie ainsi que le dégoût qui l’accompagne.<br />
Lorsqu’une personne s’assoit pour manger un hamburger<br />
par exemple, elle n’a pas conscience <strong>de</strong> l’animal vivant<br />
qu’elle mange et elle n’y pense pas. Par conséquent, elle<br />
n’éprouve aucune empathie pour la souffrance <strong>de</strong> l’être qui<br />
est <strong>de</strong>venu sa nourriture et elle trouve cette vian<strong>de</strong> appétissante<br />
plutôt que dégoûtante. Mais pour ce même repas<br />
(américain), on ne trouve pas autant d’années <strong>de</strong> conditionnement<br />
carniste que pour manger du chien. Et si cette<br />
même personne s’asseyait pour manger le même hamburger,<br />
mais à la vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> chien au lieu <strong>de</strong> bœuf, elle serait<br />
extrêmement consciente <strong>de</strong> l’animal duquel provient cette<br />
vian<strong>de</strong> et serait bien trop dégoûtée pour le manger.<br />
Le carnisme permet aux gens <strong>de</strong> manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong><br />
provenant <strong>de</strong> certains groupes d’animaux en utilisant un<br />
système <strong>de</strong> défense spécifique qui agit tant au niveau collectif<br />
qu’individuel. Ces défenses incluent le déni (« les animaux<br />
élevés pour leur vian<strong>de</strong> ne souffrent pas vraiment »),<br />
l’évitement (« ne me dites pas ça, vous allez gâcher mon<br />
repas ! »), le clivage (« les chiens sont faits pour être aimés<br />
tandis que les cochons sont faits pour être mangés »), la<br />
dissociation (« si je pense à l’animal dont provient cette vian<strong>de</strong>,<br />
je serai trop dégoûté pour la manger ») et la justification<br />
(« il est possible <strong>de</strong> manger certains animaux parce qu’ils<br />
sont élevés pour ça »), mais ne s’y limitent pas. Les défenses<br />
du carnisme sont massives et multiples, et appartiennent aux<br />
profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> nos sociétés et nos esprits.<br />
AU SUJET DES CARNISTES<br />
Beaucoup <strong>de</strong> tensions et <strong>de</strong> malentendus entre les végétariens<br />
et les mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, ou carnistes, existent<br />
parce qu’aucun <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux groupes ne reconnaît la mentalité<br />
carniste ni la pression considérable qui s’exerce pour<br />
maintenir le statu quo du système carniste. Les végétariens<br />
doivent comprendre que les carnistes sont pris au piège d’un<br />
système invisible qui fonctionne activement pour les contraindre<br />
à agir à l’encontre <strong>de</strong> leurs intérêts propres (cohérence<br />
psychologique, authenticité émotionnelle) et <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong>s<br />
autres. Les végétariens doivent aussi réaliser que <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />
aux carnistes <strong>de</strong> cesser <strong>de</strong> manger <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> représente<br />
bien plus que <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r un changement <strong>de</strong> comportement.<br />
C’est <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r une modification fondamentale <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité,<br />
une profon<strong>de</strong> révolution conceptuelle, et que les carnistes résistent<br />
à <strong>de</strong>s défenses psychologiques profondément enracinées.<br />
Peu importe qu’il vous ait été facile d’arrêter <strong>de</strong> manger<br />
<strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>, pour la plupart <strong>de</strong>s gens, ce type <strong>de</strong> changement<br />
survient dans le temps, lorsqu’ils se sentent suffisamment en<br />
sécurité d’un point <strong>de</strong> vue psychologique et émotionnel pour<br />
commencer à remettre en cause quelques-unes <strong>de</strong> leurs<br />
convictions très anciennes. Dans Strategic Action for Animals<br />
(Actions stratégiques pour les animaux), je décris quelques<br />
principes particuliers pour communiquer avec les carnistes et<br />
les convaincre en mettant toutes les chances <strong>de</strong> votre côté<br />
pour que votre échange soit mutuellement satisfaisant et que<br />
votre message soit bien reçu. Voici quelques points utiles :<br />
Soyez un modèle pour les qualités que vous atten<strong>de</strong>z<br />
<strong>de</strong> l’autre : la curiosité, la compassion, l’empathie, le respect et la<br />
volonté d’écouter réellement, ainsi que l’introspection. Plus vous<br />
serez sur la défensive et plus votre interlocuteur le sera aussi.<br />
Fréquentez les carnistes comme <strong>de</strong>s personnes et<br />
pas comme <strong>de</strong>s mangeurs <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> : Peu importe à quel<br />
point vous ne respectez pas leur choix <strong>de</strong> manger <strong>de</strong>s animaux,<br />
respectez cependant leur humanité.<br />
De même, souvenez-vous que les carnistes sont <strong>de</strong>s<br />
personnes, dont la plupart ont bien plus en commun avec<br />
vous qu’entre eux. Ne les mettez pas tous dans le même<br />
panier en projetant sur eux <strong>de</strong>s stéréotypes.<br />
Concentrez-vous davantage sur la métho<strong>de</strong> (la dynamique,<br />
ou le « comment ») plutôt que sur le contenu (le<br />
sujet, le « quoi ») <strong>de</strong> la conversation. Plutôt que <strong>de</strong> chercher<br />
à influencer le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’autre, efforcez-vous d’avoir<br />
un dialogue respectueux et éclairant pour chacun. Peu importe<br />
à quel point vous vous sentez investi dans la promotion<br />
du végétarisme, plus vous chercherez à « convertir » votre<br />
interlocuteur et moins vous serez susceptible d’y parvenir.<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
S O C i É T É 39
S O C i É T É<br />
Admettez que les faits ne traduisent pas l’idéologie.<br />
La seule raison pour laquelle quelqu’un choisira <strong>de</strong> manger<br />
un hamburger plutôt qu’un hamburger végétarien est liée à<br />
ce que la vian<strong>de</strong> représente et non à ce qu’elle est en réalité.<br />
Sachant cela, vous serez moins désappointé face aux<br />
carnistes résistants.<br />
Ne laissez pas les carnistes sur la défensive vous<br />
manquer <strong>de</strong> respect. Certains carnistes s’en prennent aux<br />
végétariens pour justifier leur propre consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>.<br />
Ne laissez jamais les gens porter <strong>de</strong>s jugements sur<br />
vous et vous accuser d’être extrémistes, hypocrites, difficiles<br />
pour la nourriture, hypersensibles, etc.<br />
Mettez en place un cadre émancipateur. L’émancipation<br />
est le sentiment d’être pleinement en lien avec ses<br />
convictions profon<strong>de</strong>s et les personnes qui s’émancipent<br />
sont plus à même <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s changements positifs. Le<br />
contraire <strong>de</strong> l’émancipation est la honte, qui résulte du fait<br />
<strong>de</strong> se sentir jugé. Pour émanciper les autres, traitez-les<br />
comme <strong>de</strong>s personnes fondamentalement dignes – parlezleur<br />
avec sincérité en exposant votre vérité et prenez <strong>de</strong> la<br />
distance concernant l’issue <strong>de</strong> la conversation.<br />
Comprendre la mentalité carniste peut être formidablement<br />
libérateur tant pour les carnistes que les végétariens.<br />
En rendant visible ce qui était invisible, nous mettons un<br />
pied hors du système carniste et nous pouvons choisir<br />
comment nous y prenons part. Les carnistes peuvent réfléchir<br />
plus profondément à leur consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>,<br />
les végétariens peuvent choisir aussi d’envisager <strong>de</strong> façon<br />
plus approfondie leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> relation avec les carnistes.<br />
Les <strong>de</strong>ux groupes peuvent alors mieux développer les qualités<br />
essentielles qui, au final, transformeront le système : la<br />
prise <strong>de</strong> conscience, l’empathie et la compassion.<br />
1. Ce point ne s’applique pas aux personnes qui sont géographiquement ou économiquement<br />
dans l’impossibilité <strong>de</strong> choisir <strong>de</strong> manger ou non <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong>.<br />
Source : Vegetarian Voice – Volume 31 - N° 2 (été <strong>2009</strong>) - « The Mentality of Meat »<br />
Auteur : Mélanie Joy - Traduction : Isabelle Guettres - Révision : Françoise Degenne.<br />
Source <strong>de</strong> l’image Einstein <strong>de</strong> lapage précé<strong>de</strong>nte. : http://farmsanctuary.typepad.<br />
com/making_hay/ - Casey Martinson – 27/10/<strong>2009</strong><br />
Mélanie Joy, docteure en sciences<br />
<strong>de</strong> l’éducation, est professeure<br />
<strong>de</strong> psychologie et <strong>de</strong> sociologie à<br />
l’université UMass <strong>de</strong> Boston. Elle est<br />
l’auteure <strong>de</strong> Strategic action for Animals<br />
(Actions stratégiques pour les<br />
animaux) et du livre à paraître sur la<br />
mentalité associée à la consommation<br />
<strong>de</strong> vian<strong>de</strong> Why We Love Dogs,<br />
Eat Pigs, and Wear Cows, An Introduction to Carnism (Pourquoi<br />
nous aimons les chiens, mangeons <strong>de</strong>s cochons et<br />
portons <strong>de</strong> la vache : une introduction au carnisme). Livre<br />
disponible en précomman<strong>de</strong> auprès <strong>de</strong> l’éditeur à l’adresse<br />
publisher.go to or<strong>de</strong>r@redwheelweiser et sur Amazon ainsi<br />
que dans la majorité <strong>de</strong>s librairies en ligne. Mélanie Joy a fait<br />
une conférence sur ce thème à la fête d’été végétarienne<br />
en <strong>2009</strong>.<br />
Corr<br />
chroni<br />
40 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
ida :<br />
que d’une mort annoncée<br />
De prime abord, la corrida pourrait apparaître comme une<br />
pratique cruelle, archaïque et sur le déclin. Néanmoins, à y<br />
regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> plus près, si celle-ci n’a rien perdu <strong>de</strong> sa cruauté<br />
ni <strong>de</strong> son archaïsme, elle connaît en revanche un regain <strong>de</strong><br />
vitalité et d’actualité qui suscite bien <strong>de</strong>s interrogations.<br />
En effet, <strong>de</strong>puis quelques années le phénomène <strong>de</strong> la tauromachie<br />
fait l’objet d’un lobby extrêmement actif et insidieux,<br />
œuvrant auprès <strong>de</strong>s autorités locales pour y développer et y<br />
introduire une pratique <strong>de</strong> la corrida. Des sociétés flairant le potentiel<br />
économique <strong>de</strong> telles pratiques n’hésitent pas à<br />
démarcher les élus locaux afin <strong>de</strong> les convaincre<br />
<strong>de</strong> l’intérêt touristique et économique qu’aurait<br />
la construction d’arènes.<br />
Loin <strong>de</strong> s’effacer au profit <strong>de</strong> « loisirs »<br />
et spectacles civilisés, la corrida revient en<br />
force et <strong>de</strong> force !<br />
Si cette évolution est bien évi<strong>de</strong>mment<br />
combattue par les défenseurs <strong>de</strong>s animaux et<br />
notamment les associations qui militent activement<br />
contre elle, elle ne doit cependant pas être<br />
ignorée et négligée par le citoyen <strong>de</strong> base qui<br />
<strong>de</strong>vrait s’inquiéter d’un retour <strong>de</strong> la banalisation <strong>de</strong><br />
la cruauté mettant à mal la quête d’une société<br />
apaisée. L’animal étant souvent le<br />
Par Hélène Thouy<br />
réceptacle <strong>de</strong> la violence humaine, s’il la canalise, en revanche<br />
il ne la résorbe pas.<br />
Le retour à ces pratiques d’un autre temps doit donc être<br />
combattu tant en ce qu’elles sont inacceptables du point <strong>de</strong><br />
vue <strong>de</strong> la protection animale, mais également dans la mesure<br />
où elles réactivent les plus bas instincts <strong>de</strong> l’homme<br />
et portent atteinte <strong>de</strong> ce fait à la nature humaine dans son<br />
ensemble.<br />
Pour ce faire, nous détaillerons le régime juridique applicable<br />
à la corrida, pour constater que celui-ci place la corrida<br />
au cœur d’un paradoxe juridique.<br />
Puis seront envisagés les pistes et angles d’attaque<br />
éventuels à son encontre, afin <strong>de</strong> ne pas tomber dans la résignation<br />
et <strong>de</strong> continuer à lutter contre son développement,<br />
à défaut d’espérer une interdiction totale <strong>de</strong> la corrida !<br />
RAPPEL HISTORIQUE<br />
Alors que la société protectrice <strong>de</strong>s animaux a été créée<br />
par <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins en 1846 en réaction principalement au<br />
sort qui était réservé aux chevaux, la première loi <strong>de</strong> protection<br />
animale est intervenue en 1850, dite loi Grammont.<br />
Cette loi comportait un article unique au terme duquel<br />
« seront punis d’une amen<strong>de</strong> <strong>de</strong> 5 à 15 francs, et pourront<br />
l’être d’un à cinq jours <strong>de</strong> prison, ceux qui auront exercé<br />
publiquement et abusivement <strong>de</strong> mauvais traitements envers<br />
les animaux domestiques ». L’adverbe « publiquement »<br />
résulte d’un amen<strong>de</strong>ment parlementaire et limitait <strong>de</strong> façon<br />
important la portée <strong>de</strong> ce texte.<br />
L’apparition en <strong>France</strong> <strong>de</strong> la corrida « à l’espagnole » est<br />
postérieure à cette loi puisqu’elle date <strong>de</strong> 1853, à l’aube du<br />
Second Empire. Louis Napoléon Bonaparte, désormais au<br />
pouvoir, avait épousé une Espagnole, Eugénie <strong>de</strong> Montijo. Les<br />
organisateurs <strong>de</strong> corridas trouvaient là une oreille bienveillante<br />
en faveur <strong>de</strong> l’implantation <strong>de</strong> leur « spectacle » en <strong>France</strong>.<br />
La Loi Grammont heurtait <strong>de</strong> plein fouet l’existence<br />
même <strong>de</strong> la corrida ; ainsi, une circulaire du 27 juin 1884 du<br />
ministre <strong>de</strong> l’Intérieur Wal<strong>de</strong>ck-Rousseau, rappelait l’interdiction<br />
<strong>de</strong>s corridas « à l’espagnole » au nom <strong>de</strong> la loi Grammont<br />
et sur l’ensemble du territoire. Pourtant, elle ne parvint<br />
pas à constituer un rempart à son encontre. Cette circulaire,<br />
par exemple, fut peu appliquée et ne permit pas d’enrayer<br />
le développement <strong>de</strong> la corrida.<br />
Au contraire, la loi du 24 avril 1951 a institué une dérogation<br />
à la loi Grammont en indiquant que celle-ci n’est pas<br />
applicable « aux courses <strong>de</strong> taureaux lorsqu’une tradition<br />
ininterrompue peut être invoquée ». La loi Grammont fut par<br />
la suite abrogée.<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
J U R i D i Q U E<br />
41
J U R i D i Q U E<br />
Le décret du 7 septembre 1959 institua une contravention<br />
dans le co<strong>de</strong> pénal pour mauvais traitements envers un animal<br />
domestique. Désormais les actes constituant <strong>de</strong>s mauvais traitements<br />
sur un animal domestique pouvaient être réprimandés,<br />
qu’ils aient été commis en public ou en privé.<br />
Ensuite, la loi du 19 novembre 1963 créa un délit d’acte<br />
<strong>de</strong> cruauté envers les animaux domestiques, apprivoisés ou<br />
tenus en captivité.<br />
Ce délit fut complété par celui <strong>de</strong> « sévices graves » par<br />
la loi du 10 juillet 1976. Cette loi permit en outre aux associations<br />
<strong>de</strong> protection animale reconnues d’utilité publique<br />
d’exercer les droits reconnus à la partie civile en ce qui<br />
concerne lesdites infractions lorsqu’elles portent un préjudice<br />
direct ou indirect aux intérêts qu’elles ont pour objet<br />
<strong>de</strong> défendre.<br />
C’est dans ce contexte - apparemment hostile à l’exercice<br />
<strong>de</strong> la corrida - qu’il convient d’appréhen<strong>de</strong>r le régime<br />
juridique applicable actuellement à cette <strong>de</strong>rnière afin <strong>de</strong> déterminer,<br />
autant que possible, son « champ d’autorisation ».<br />
RÉGIME JURIDIQUE ACTUEL DE LA CORRIDA<br />
Comme il vient d’être indiqué, le principe est l’interdiction<br />
<strong>de</strong>s mauvais traitements, actes <strong>de</strong> cruauté et sévices<br />
graves envers les animaux domestiques, apprivoisés ou tenus<br />
en captivité.<br />
Ainsi, le co<strong>de</strong> pénal prévoit plusieurs infractions <strong>de</strong>stinées<br />
à protéger les animaux domestiques, apprivoisés ou<br />
tenus en captivité.<br />
Les atteintes involontaires à la vie ou à l’intégrité <strong>de</strong> ces<br />
animaux sont passibles d’une contravention <strong>de</strong> 3 e classe.<br />
L’article R 653-1 du co<strong>de</strong> pénal sanctionne « le fait par maladresse,<br />
impru<strong>de</strong>nce, inattention, négligence ou manquement<br />
à une obligation <strong>de</strong> sécurité ou <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce imposée<br />
par la loi ou les règlements, d’occasionner la mort ou la<br />
blessure d’un animal domestique ou apprivoisé ou tenu en<br />
captivité ».<br />
Les atteintes volontaires commises à l’encontre <strong>de</strong> l’animal<br />
sont également sanctionnées par plusieurs peines.<br />
Par ordre croissant en fonction <strong>de</strong> la gravité <strong>de</strong> l’atteinte,<br />
la première infraction prévue par l’article R 654-1 du co<strong>de</strong><br />
pénal punit d’une contravention <strong>de</strong> 4 e classe « le fait, sans<br />
nécessité, publiquement ou non, d’exercer volontairement<br />
<strong>de</strong>s mauvais traitements envers un animal domestique ou<br />
apprivoisé ou tenu en captivité ».<br />
La secon<strong>de</strong> infraction pénale est réprimée par l’article<br />
R 655-1 qui prévoit qu’est puni par une contravention<br />
5 e classe « le fait, sans nécessité, publiquement ou non, <strong>de</strong><br />
donner volontairement la mort à un animal domestique ou<br />
apprivoisé ou tenu en captivité ».<br />
Enfin, les sévices graves et actes <strong>de</strong> cruauté commis<br />
envers les animaux sont sanctionnés par l’article 521-1 du<br />
co<strong>de</strong> pénal. Au terme <strong>de</strong> cet article, le délit constitué par « le<br />
fait, publiquement ou non, d’exercer <strong>de</strong>s sévices graves, ou<br />
<strong>de</strong> nature sexuelle, ou <strong>de</strong> commettre un acte <strong>de</strong> cruauté<br />
envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en<br />
captivité, est puni <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans d’emprisonnement et <strong>de</strong><br />
30 000 euros d’amen<strong>de</strong> ».<br />
Force est donc <strong>de</strong> constater que, par principe, la corrida<br />
se heurte à ces dispositions et est donc a priori interdite par<br />
notre droit.<br />
Il aurait donc été souhaitable <strong>de</strong> pouvoir terminer cet<br />
article sur le rappel <strong>de</strong> ce principe.<br />
Néanmoins, le législateur en a décidé autrement.<br />
En effet, bien que rentrant dans le champ d’application<br />
<strong>de</strong> ces infractions, la corrida bénéficie <strong>de</strong>puis 1951 d’une<br />
« dérogation » bienveillante.<br />
Ainsi, une fois énoncées dans leur principe par le texte<br />
législatif ou règlementaire, l’ensemble <strong>de</strong> ces infractions<br />
sont immédiatement suivies d’une dérogation : elles ne<br />
sont pas « applicables aux courses <strong>de</strong> taureaux lorsqu’une<br />
tradition locale ininterrompue peut être invoquée ».<br />
Une fois cette dérogation posée, indépendamment du fait<br />
qu’elle soit contestable tant sur le plan éthique que juridique,<br />
rien n’est en réalité réglé du problème <strong>de</strong> la corrida ; bien au<br />
contraire, elle est source d’un contentieux quasi intarissable.<br />
UN STATUT JURIDIQUE CONSUBSTANTIELLEMENT<br />
CONFLICTUEL<br />
Cette dérogation pose un problème important du fait<br />
<strong>de</strong> l’imprécision <strong>de</strong> son champ d’application et <strong>de</strong> la difficulté<br />
<strong>de</strong> connaître a priori les pratiques qu’elle permet <strong>de</strong><br />
légaliser.<br />
D’une part, le législateur reconnaît indirectement que la<br />
corrida est constitutive <strong>de</strong> mauvais traitements, d’actes <strong>de</strong><br />
cruauté et <strong>de</strong> sévices graves mais en autorise l’organisation<br />
à certaines conditions.<br />
D’autre part, l’appréciation <strong>de</strong> ces conditions est remise<br />
par le législateur au juge pénal, à qui est confiée la charge <strong>de</strong><br />
déterminer les pratiques légales en lui laissant une marge<br />
<strong>de</strong> manœuvre trop importante, marge qui - pour l’heure -<br />
n’a pas été <strong>de</strong>s plus favorables à la protection <strong>de</strong> l’animal !<br />
La jurispru<strong>de</strong>nce est donc venue éclaircir, à défaut <strong>de</strong><br />
restreindre, les limites <strong>de</strong> cette dérogation.<br />
- La notion <strong>de</strong> « course <strong>de</strong> taureaux »<br />
Tout d’abord, concernant la notion <strong>de</strong> « course <strong>de</strong> taureaux<br />
», la cour d’appel <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux a considéré en 1<strong>98</strong>4<br />
« qu’un taureau tué sans combat préalable d’un coup d’épée<br />
en présence <strong>de</strong> quelques personnes dans une arène, ne<br />
pouvait être considéré comme tué au cours d’une course<br />
<strong>de</strong> taureaux » (CA Bor<strong>de</strong>aux, 5 juillet 1<strong>98</strong>4).<br />
Néanmoins, la cour d’appel <strong>de</strong> Nîmes a, dans un arrêt<br />
récent, adopté une acception large <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> « course<br />
<strong>de</strong> taureaux » estimant que le législateur n’avait assujetti sa<br />
définition d’aucune condition <strong>de</strong> forme ou <strong>de</strong> fond (CA Nîmes,<br />
ch. corr., 1 er <strong>décembre</strong> 2000).<br />
Il résulte <strong>de</strong> cet arrêt que, dans la mesure où la loi ne<br />
procè<strong>de</strong> à aucune définition <strong>de</strong> la course <strong>de</strong> taureaux, aucune<br />
forme <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> « spectacle » ne peut a priori être<br />
exclue lorsque l’immunité est invoquée.<br />
42 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
- La notion <strong>de</strong> tradition « locale »<br />
Ensuite, la notion <strong>de</strong> tradition « locale » a fait l’objet d’une<br />
interprétation jurispru<strong>de</strong>ntielle.<br />
Depuis un arrêt <strong>de</strong> 1972 <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> cassation, la<br />
jurispru<strong>de</strong>nce considère que l’expression « locale » doit être<br />
prise dans le sens « d’ensemble démographique » (Cour <strong>de</strong><br />
cassation, chambre criminelle, 27 mai 1972).<br />
Cet arrêt est d’une gran<strong>de</strong> importance en ce qu’il considère<br />
que l’expression « local » dépasse le territoire d’une<br />
seule commune et s’étend à un territoire beaucoup plus<br />
vaste. Ainsi, une commune n’ayant jamais accueilli <strong>de</strong> corrida<br />
peut en accueillir si celle-ci se trouve dans un « ensemble<br />
démographique » dans lequel il existe une telle tradition<br />
ininterrompue.<br />
Ainsi par cette interprétation<br />
extensive est consacrée<br />
l’existence <strong>de</strong> régions<br />
<strong>de</strong> tradition taurine. Loin<br />
<strong>de</strong> limiter la pratique <strong>de</strong> la<br />
corrida, pourtant volonté<br />
initiale du législateur, la jurispru<strong>de</strong>nce<br />
en favorise le<br />
développement.<br />
Le point d’orgue <strong>de</strong><br />
cette jurispru<strong>de</strong>nce est<br />
certainement un arrêt rendu<br />
par la cour d’appel <strong>de</strong><br />
Toulouse et confirmé par<br />
la Cour <strong>de</strong> cassation à propos<br />
<strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Rieumes,<br />
qui reconnaît l’existence<br />
d’une forte tradition taurine<br />
« dans le midi <strong>de</strong> la <strong>France</strong><br />
entre le pays d’Arles et le<br />
pays basque, entre garrigue<br />
et Méditerranée, entre<br />
Pyrénées et Garonne, en Provence, Languedoc, Catalogne,<br />
Gascogne, Lan<strong>de</strong>s et Pays Basque »…(CA <strong>de</strong> Toulouse,<br />
3 avril 2000, <strong>Association</strong> Las Ferias en Saves contre <strong>Association</strong><br />
société naturelle pour la défense <strong>de</strong>s animaux ; Cour<br />
<strong>de</strong> cassation, 2 e chambre civile, 22 novembre 2001).<br />
Le juge précè<strong>de</strong> alors la volonté <strong>de</strong>s partisans <strong>de</strong> la corrida<br />
: la tradition est créée là où elle n’est même pas (encore<br />
?) revendiquée !<br />
- La notion <strong>de</strong> caractère « ininterrompu »<br />
Cet arrêt est également « remarquable » quant à l’appréciation<br />
qu’il fait du caractère « ininterrompu » <strong>de</strong> la tradition<br />
exigé pour que la corrida puisse bénéficier <strong>de</strong> l’immunité.<br />
La cour estime en effet que « la seule absence ou disparition<br />
d’arènes en dur qui peut résulter <strong>de</strong> circonstances<br />
diverses » ne peut être considérée comme « la preuve<br />
évi<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> la disparition <strong>de</strong> la tradition qui se manifeste<br />
aussi par la vie <strong>de</strong>s clubs taurins locaux, l’organisation <strong>de</strong><br />
manifestations artistiques et culturelles autour <strong>de</strong> la corrida<br />
et le déplacement organisé ou non <strong>de</strong>s aficionados lo-<br />
caux vers les places actives voisines ou plus éloignées ».<br />
Or, cette interprétation s’éloigne encore <strong>de</strong> la volonté<br />
initiale du législateur. Le caractère « ininterrompu » d’une tradition<br />
ne peut se satisfaire <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong> quelques personnes<br />
pour la pratique <strong>de</strong> la corrida en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> tout élément<br />
matériel. La notion <strong>de</strong> tradition ou <strong>de</strong> coutume exige que soit<br />
réunis un élément matériel et un élément psychologique.<br />
L’absence d’organisation <strong>de</strong> corrida <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses<br />
années dans les lieux où elle est revendiquée <strong>de</strong>vrait<br />
suffire à caractériser l’absence d’élément matériel et par là<br />
même l’absence <strong>de</strong> tradition.<br />
Néanmoins, la jurispru<strong>de</strong>nce n’est pas une science exacte<br />
et la même formation <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> cassation a annulé<br />
un arrêt <strong>de</strong> la cour d’appel <strong>de</strong> Toulouse qui avait reconnu la<br />
légalité d’une autre course <strong>de</strong> taureaux dans la même ville<br />
<strong>de</strong> Rieumes, en cause dans l’arrêt cité plus haut du 3 avril<br />
2000 (Cour <strong>de</strong> cassation, 2 e civ, 10 juin 2004, <strong>Association</strong><br />
Alliance pour la suppression <strong>de</strong>s corridas contre <strong>Association</strong><br />
Las Ferias en Saves).<br />
La Cour <strong>de</strong> cassation a en effet estimé que la cour d’appel<br />
n’avait pas précisé si la localité en cause était bien située<br />
dans un ensemble démographique local où l’existence<br />
d’une tradition taurine ininterrompue se caractérisait par<br />
l’organisation régulière <strong>de</strong> corridas. Cet arrêt <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong><br />
cassation semble donc restreindre la tradition taurine au cas<br />
où elle se caractérise « par l’organisation <strong>de</strong> corridas » dans<br />
l’ensemble démographique local concerné.<br />
Les partisans <strong>de</strong> la corrida y verront l’ajout d’une exigence<br />
jurispru<strong>de</strong>ntielle mais non textuelle, alors que ses détracteurs<br />
pourront considérer que ce « revirement » <strong>de</strong> jurispru<strong>de</strong>nce<br />
était rendu nécessaire par la considérable extension<br />
<strong>de</strong> la dérogation opérée par les arrêts précé<strong>de</strong>nts.<br />
Ainsi, si la notion <strong>de</strong> tradition « locale » semble s’être<br />
stabilisée et clarifiée, en revanche la notion « ininterrompue »<br />
est encore floue et propre à entretenir le contentieux.<br />
LA CORRIDA : UN PARADOXE JURIDIQUE<br />
Le paradoxe tient à ce que la corrida ne trouve sa légitimité<br />
et sa légalité que grâce à un texte… répressif !<br />
En effet, la particularité <strong>de</strong> la corrida tient au fait que son<br />
existence n’est légale que grâce à l’article 521-1 du co<strong>de</strong><br />
pénal, un texte qui réprime les actes <strong>de</strong> cruauté envers les<br />
animaux. D’où le paradoxe, puisque la loi pénale a pour but<br />
<strong>de</strong> réprimer <strong>de</strong>s comportements, <strong>de</strong>s faits, mais non <strong>de</strong><br />
les autoriser !<br />
Il s’agit là probablement du seul exemple <strong>de</strong> notre droit<br />
où la loi pénale assume cette fonction.<br />
Souvent présenté comme un fait justificatif aux infractions<br />
<strong>de</strong> mauvais traitements et actes <strong>de</strong> cruauté envers les<br />
animaux, ce texte s’éloigne néanmoins par sa portée <strong>de</strong> la<br />
notion juridique <strong>de</strong> « fait justificatif » En effet, la commission<br />
<strong>de</strong> ces infractions n’est justifiée que sur une partie du territoire,<br />
alors même que le principe <strong>de</strong> loi pénale implique son<br />
application uniforme et que la notion <strong>de</strong> « fait justificatif » ne<br />
connaît aucune limite territoriale.<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
J U R i D i Q U E 43
J U R i D i Q U E<br />
En outre, ses contours d’autorisation étant flous, ce<br />
n’est qu’a posteriori que la corrida aura l’assurance d’avoir<br />
été légale, lorsque le juge se sera prononcé. Cependant,<br />
la sécurité juridique exige que l’auteur d’un fait sache par<br />
avance si celui-ci est ou non constitutif d’une infraction. Ainsi,<br />
les textes souhaitant donner une assise juridique et une<br />
sécurité à la corrida l’ont dans les faits rendue précaire et<br />
constamment susceptible d’être remise en cause, le juge<br />
n’étant ni lié par les décisions administratives qui auraient<br />
pu être prises en la matière, ni par la jurispru<strong>de</strong>nce.<br />
L’organisation d’une corrida dans un même lieu mais à<br />
une date différente pourra ainsi donner lieu à une solution<br />
différente !<br />
De plus, la jurispru<strong>de</strong>nce contribue à limiter l’importance<br />
du critère <strong>de</strong> territorialité contenu dans l’expression « tradition<br />
locale » et permettant d’apprécier la légalité ou non <strong>de</strong><br />
la corrida, puisque qu’elle considère que « la retransmission<br />
intégrale <strong>de</strong>s courses <strong>de</strong> taureaux n’est pas constitutive <strong>de</strong><br />
provocation à une activité délictueuse, plus particulièrement<br />
à l’organisation <strong>de</strong> courses dans <strong>de</strong>s régions où elles ne<br />
sont pas <strong>de</strong> tradition » (CA Paris, 13 février 1992).<br />
Ainsi, alors que l’organisation <strong>de</strong> corridas dans <strong>de</strong>s lieux<br />
ne pouvant se revendiquer <strong>de</strong> tradition taurine constitue une<br />
infraction pénale, la retransmission <strong>de</strong> ces « spectacles » en<br />
ces lieux ne pose aucune difficulté…<br />
S’il est certain en effet que la retransmission <strong>de</strong> corridas<br />
ne peut pas être sanctionnée sur le fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s<br />
articles 521-1, R 654-1 et R 655-1 du co<strong>de</strong> pénal, faute<br />
pour la corrida <strong>de</strong> s’être matériellement déroulée dans un<br />
lieu où elle est interdite, on peut en revanche considérer que<br />
cette retransmission constitue une publicité à une infraction<br />
pénale à défaut d’être une provocation…<br />
On voit donc que par cette solution, la jurispru<strong>de</strong>nce participe<br />
un peu plus encore à la marginalisation du critère territorial<br />
pourtant garant <strong>de</strong> l’encadrement strict <strong>de</strong> la corrida.<br />
Le régime actuel <strong>de</strong>s courses <strong>de</strong> taureaux n’est donc ni<br />
satisfaisant pour les défenseurs <strong>de</strong>s animaux, ni complètement<br />
pour leurs partisans, ce qui laisse présager une évolution<br />
<strong>de</strong> la législation.<br />
LES PERSPECTIVES DE SANCTION<br />
ET D’INTERDICTION DE LA CORRIDA<br />
L’opposition à l’organisation <strong>de</strong> corridas peut prendre la<br />
forme d’action en référé <strong>de</strong>vant le juge judiciaire aux fins<br />
que celui-ci ordonne l’interdiction <strong>de</strong> celle-ci ou qu’il l’assortisse<br />
<strong>de</strong> limites.<br />
Si le juge <strong>de</strong>s référés n’a pas donné gain <strong>de</strong> cause, une<br />
action au fond <strong>de</strong>vant le juge pénal, pour mauvais traitements,<br />
actes <strong>de</strong> cruauté ou sévices graves pourra également<br />
être envisagé après le déroulement <strong>de</strong> la corrida.<br />
Concernant les pouvoirs <strong>de</strong> l’autorité administrative, si<br />
<strong>de</strong>puis la loi du 18 mars 1999 l’organisation <strong>de</strong> corrida n’est<br />
plus soumise à autorisation préalable du maire, il pourra<br />
néanmoins faire usage <strong>de</strong> ses pouvoirs <strong>de</strong> police s’il existe<br />
un risque d’atteinte à la sécurité publique, à la tranquillité<br />
publique ou à la salubrité publique. Le maire ne pourra cependant<br />
pas se prévaloir <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> tradition locale<br />
pour interdire la corrida sous peine <strong>de</strong> voir son arrêté annulé<br />
par le juge administratif. En effet, il n’entre pas dans la compétence<br />
du maire d’apprécier l’existence d’une « tradition<br />
locale » pour interdire ou autoriser une corrida. Cette appréciation<br />
n’appartient qu’au juge pénal ou au législateur s’il<br />
décidait <strong>de</strong> se saisir <strong>de</strong> la question.<br />
Le législateur offre également <strong>de</strong>s perspectives en la<br />
matière quant à une éventuelle interdiction <strong>de</strong> ces pratiques.<br />
Une proposition <strong>de</strong><br />
loi visant à supprimer la dérogation<br />
prévue au nom <strong>de</strong><br />
tradition locale ininterrompue<br />
a ainsi été déposée<br />
le 27 septembre 2007.<br />
Une autre proposition<br />
<strong>de</strong> loi du 16 octobre 2007<br />
<strong>de</strong>mandait la création d’une<br />
commission d’enquête sur<br />
l’argent <strong>de</strong> la corrida en<br />
<strong>France</strong>, sur son réel poids et ses enjeux économiques locaux,<br />
sur son opacité financière et sur la régularité <strong>de</strong> la<br />
mobilisation d’argent public et <strong>de</strong>s pratiques commerciales<br />
qui la soutiennent.<br />
Le problème <strong>de</strong> l’accès <strong>de</strong>s jeunes à la corrida est également<br />
une question récurrente dont il est souvent proposé<br />
qu’elle leur soit interdite.<br />
La question <strong>de</strong> la corrida n’est donc pas close et sa légitimité<br />
<strong>de</strong>meure précaire.<br />
Les moyens financiers et les métho<strong>de</strong>s agressives et<br />
insidieuses employées par le lobby taurin ne doivent pas<br />
décourager les associations <strong>de</strong> défense animale qui doivent<br />
poursuivre leurs actions tant ponctuelles que durables en<br />
faveur <strong>de</strong> l’interdiction totale <strong>de</strong> la corrida.<br />
Sources :<br />
www.legifrance.gouv<br />
www.assemblee-nationale.fr<br />
Ouvrages :<br />
- Jurisclasseur Administratif<br />
- Dimitri MIEUSSENS, L’exception corrida : <strong>de</strong> l’importance majeure d’une entorse mineure,<br />
l’Harmattan<br />
Revues :<br />
- Détermination <strong>de</strong>s lieux autorisés à organiser <strong>de</strong>s corridas dites « à l’espagnole »,<br />
E. Monredon, La semaine juridique édition générale n° 37, 13 septembre 1995, II<br />
22483<br />
- Le maintien <strong>de</strong> la tradition taurine doit s’apprécier dans le cadre d’un ensemble démographique,<br />
P. Deumier, La semaine juridique édition générale n° 39, 27 septembre<br />
2000, II 10390<br />
- Définition <strong>de</strong> la course <strong>de</strong> taureaux, E. Monredon, La semaine juridique édition générale<br />
n° 4, 23 janvier 2002, II 10016<br />
- Quand la réalité dépasse l’aficion, X. Daverat, La semaine juridique édition générale<br />
n° 19, 8 mai 2002, II 10073<br />
- La tradition locale et la force <strong>de</strong> la règle <strong>de</strong> droit, N. Molfessis, Revue trimestrielle <strong>de</strong><br />
droit civil 2002, p. 181<br />
- La secon<strong>de</strong> chambre civile <strong>de</strong> la Cour <strong>de</strong> cassation se prononce sur la question<br />
<strong>de</strong>s courses <strong>de</strong> taureaux, E. Monredon, La semaine juridique édition générale n° 43,<br />
20 octobre 2004, II 10162<br />
- Caractère ininterrompu <strong>de</strong> la tradition locale <strong>de</strong> courses <strong>de</strong> taureaux, E. Monredon,<br />
La semaine juridique édition générale n° 19, 10 mai 2006, II 10073<br />
- La tradition tauromachique, source sentimentale du droit, P. Deumier, Revue trimestrielle<br />
<strong>de</strong> droit civil 2007, p. 57<br />
44 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
Acheter local est<br />
inefficace…<br />
Une récente étu<strong>de</strong><br />
conduite par <strong>de</strong>s chercheurs <strong>de</strong> la Carnegie Mellon<br />
University (Pittsburgh, USA), portant sur l’impact<br />
écologique <strong>de</strong> l’alimentation, a montré que la<br />
réduction d’empreinte écologique est plus efficace<br />
quand on modifie son alimentation<br />
dans le sens végétal que lorsqu’on s’oriente vers<br />
l’achat <strong>de</strong> produits locaux [1]<br />
LES AUTEURS POINTENT le fait que la question <strong>de</strong>s<br />
« km-alimentaires » (food-miles), une mesure <strong>de</strong> la distance<br />
parcourue par un produit entre son lieu <strong>de</strong> production (ferme<br />
ou usine) et le détaillant, a été un thème récurrent <strong>de</strong> fixation<br />
dans le débat sur l’« alimentation durable », <strong>de</strong>puis qu’une étu<strong>de</strong><br />
britannique a forgé le terme au début <strong>de</strong>s années 90 [2] .<br />
Toutefois, d’autres voix se sont élevées pour mettre l’accent<br />
sur les impacts environnementaux <strong>de</strong> l’élevage, avec<br />
en point d’orgue le rapport <strong>de</strong> l’Agence <strong>de</strong>s Nations Unies<br />
pour l’agriculture (FAO), Livestock’s Long Shadow, montrant<br />
que le secteur <strong>de</strong> l’élevage est plus polluant au niveau mondial<br />
que le secteur <strong>de</strong>s transports [3] .<br />
Pour quantifier l’importance relative du contenu <strong>de</strong> l’assiette<br />
et <strong>de</strong> la provenance <strong>de</strong>s aliments qui la composent,<br />
les auteurs ont utilisé la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’« analyse entrée-sortie<br />
du cycle <strong>de</strong> vie » (input-output life-cycle assessment),<br />
formalisée à l’origine par l’économiste américain d’origine<br />
russe Leontief dans les années 30 [4] . Les détails du modèle<br />
sont donnés dans l’article <strong>de</strong>s auteurs.<br />
En termes d’impact global, il apparaît que chaque ménage<br />
(étasunien) est responsable <strong>de</strong> l’émission <strong>de</strong> 8,1 tonnes<br />
d’équivalent-carbone (t eq-C0 2 ) par an pour sa nourriture,<br />
dont la plus gran<strong>de</strong> part, 6,8 t (84 %), provient <strong>de</strong> la production<br />
elle-même ; la totalité <strong>de</strong>s transports <strong>de</strong> marchandises<br />
nécessaires à l’élaboration <strong>de</strong>s aliments ne compte que<br />
pour 0,9 t (11 %), dont 0,36 t seulement proviennent <strong>de</strong>s<br />
« km-alimentaires » au sens classique, du lieu <strong>de</strong> production<br />
effective <strong>de</strong> l’aliment jusqu’au détaillant où le consommateur<br />
vient se servir. La manipulation par les grossistes et<br />
détaillants rajoute encore 0,4 t (5 %).<br />
Pourtant, font remarquer les auteurs, la nourriture<br />
consommée annuellement par un ménage moyen « parcourt<br />
» au total la conséquente distance <strong>de</strong> 6 760 km.<br />
L’importance du processus <strong>de</strong> produc-<br />
tion par rapport au transport est ainsi démontrée.<br />
Rentrant dans le détail, on constate que l’impact climatique<br />
<strong>de</strong> l’alimentation est principalement dû aux vian<strong>de</strong>s<br />
dites « rouges » (30 % <strong>de</strong>s 8,1 t eq-C0 2 ), suivies par les produits<br />
laitiers (18 %). Les groupes <strong>de</strong>s fruits et légumes, <strong>de</strong>s<br />
céréales et légumineuses, <strong>de</strong>s volailles, poissons et œufs,<br />
sont sensiblement équivalents, avec environ 10 % chacun.<br />
Les chercheurs se sont aussi intéressés à savoir ce<br />
que chaque unité monétaire dépensée pour l’alimentation<br />
coûte en termes d’empreinte écologique. On s’aperçoit<br />
alors qu’1 dollar dépensé en fruits, légumes, céréales ou<br />
légumineuses (donc <strong>de</strong> façon végétalienne), ne coûte que<br />
0,94 kg eq-C0 2 , mais que le groupe volailles-poissons-œufs<br />
coûte 23 % <strong>de</strong> plus, les produits laitiers 183 % <strong>de</strong> plus, et<br />
les vian<strong>de</strong>s rouges 203 % <strong>de</strong> plus.<br />
Une même dépense alimentaire peut donc être facilement<br />
réorientée vers un comportement écologique vertueux<br />
en végétalisant l’alimentation.<br />
Finalement, les auteurs relativisent l’importance du<br />
concept <strong>de</strong> « consommation locale » :<br />
« Les résultats <strong>de</strong> nos analyses montrent que du fait <strong>de</strong><br />
l’importance <strong>de</strong>s sources d’émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre<br />
(GES) lors du processus <strong>de</strong> production <strong>de</strong> la nourriture,<br />
un ménage américain moyen ne peut espérer réduire son<br />
impact écologique que <strong>de</strong> 4 à 5 % en achetant localement.<br />
Passer seulement 1 jour par semaine à une alimentation<br />
végétale se traduit par à peu près le même effet bénéfique<br />
qu’acheter toute sa nourriture à <strong>de</strong>s producteurs locaux. »<br />
En guise d’illustration, les auteurs utilisent également<br />
l’image comparative classique avec la voiture :<br />
« Une alimentation totalement localisée réduit les émissions<br />
<strong>de</strong> GES d’une quantité équivalant à 1 600 km/an<br />
en voiture. Mais une alimentation végétale 1 jour par semaine<br />
réduit les émissions <strong>de</strong> 1 860 km/an. Végétaliser<br />
complètement son alimentation réduit les émissions <strong>de</strong><br />
13 000 km/an. »<br />
Les auteurs concluent logiquement qu’un changement<br />
alimentaire est une façon bien plus efficace <strong>de</strong> réduire<br />
l’empreinte écologique alimentaire <strong>de</strong>s ménages que<br />
d’acheter <strong>de</strong>s produits locaux. <br />
Sources :<br />
[1] Christopher Weber, Scott Matthews. Food-miles and the Relative Climate Impacts<br />
of Food Choices in the United States. Environ. Sci. Technol. 2008, 42, 3508-3513.<br />
[2] Paxton A. The Food Miles Report : the Dangers of Long Distance Food Transport.<br />
Safe Alliance, London, 1994.<br />
[3] Steinfeld H et al. Livestock’s Long Shadow : Environmental Issues and Options.<br />
United Nations Food and Agriculture Organization, Rome, 2006, pp 1-408.<br />
[4] Leontief W. Environmental Repercussions and the Economic Structure: An Input-<br />
Output Approach. Rev. Econ. Statistics 1970, 52 (3), 262-271.<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
É C O L O G i E<br />
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É C O L O G i E<br />
46<br />
Rouler<br />
plutôt que<br />
marcher ???<br />
CHRIS GOODALL est un écologiste membre <strong>de</strong>s Verts<br />
britanniques et spécialiste <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> changement<br />
climatique. Il est chroniqueur<br />
dans le journal<br />
The In<strong>de</strong>pen<strong>de</strong>nt et apparaît<br />
régulièrement sur<br />
les écrans. Il est également<br />
écrivain et tient un<br />
site Internet spécialisé<br />
dans les jugements incisifs<br />
sur les questions<br />
climatiques [1] .<br />
Un <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>rniers<br />
ouvrages, How to Live a Low-carbon Life, (« Comment vivre<br />
en émettant peu <strong>de</strong> carbone », non traduit en français)<br />
a reçu en 2007 le prix américain Clarion, qui récompense<br />
clarté et concision dans le domaine <strong>de</strong> la communication.<br />
Quelqu’un <strong>de</strong> sérieux, donc… et qui pourtant utilise <strong>de</strong>s<br />
arguments inattendus pour mettre le doigt là où ça chauffe<br />
le plus.<br />
Exemple tiré du site NaturaVox, qui a extrait du livre <strong>de</strong><br />
Chris Goodall la preuve qui tue [2] :<br />
« Produire <strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> est un désastre environnemental<br />
tel qu’il vaudrait mieux faire moins d’efforts pour en manger<br />
le moins possible :<br />
Récemment, l’écologiste Chris Goodall a soutenu, calculatrice<br />
en main, qu’il est moins dommageable pour l’environnement<br />
<strong>de</strong> prendre sa voiture que <strong>de</strong> marcher pour<br />
se rendre au supermarché. Dans How to Live a Low-Carbon<br />
Life, Goodall est formel : alors que la conduite d’une voiture<br />
britannique typique sur une distance <strong>de</strong> 3 milles [4,8 km]<br />
ajoute environ 0,9 kg <strong>de</strong> CO 2 dans l’atmosphère, marcher<br />
l’équivalent fait dépenser environ 180 calories et il faudra<br />
alors ingérer 100 g <strong>de</strong> bœuf pour les récupérer, la production<br />
du dit bœuf se traduisant par l’émission d’environ 3,6 kg <strong>de</strong><br />
CO 2 . Le problème, c’est que la consommation mondiale <strong>de</strong><br />
la vian<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s autres produits alimentaires <strong>de</strong> l’élevage est<br />
en hausse constante… »<br />
Si l’on résume cela <strong>de</strong> façon simple, marcher nécessite<br />
un apport énergétique dont la production – en vian<strong>de</strong><br />
– est 4 fois plus polluante que le fait <strong>de</strong> prendre la voiture…<br />
! Autrement dit, pour moins polluer, l’alternative est<br />
simple : soit vous prenez votre voiture, soit vous <strong>de</strong>venez<br />
végétarien !<br />
Et le site Internet du journal The Times, dans un article rendant<br />
compte du livre <strong>de</strong> Goodall, en rajoute une couche [3] :<br />
« Et si, au lieu <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> <strong>de</strong> bœuf, notre marcheur boit<br />
du lait ? Pour récupérer les calories dépensées par la marche,<br />
une personne moyenne <strong>de</strong>vra prendre 420 ml <strong>de</strong> lait ;<br />
pour produire ce lait, l’industrie laitière mo<strong>de</strong>rne relâche<br />
l’équivalent <strong>de</strong> 1,2 kg CO2, ce qui cause encore davantage<br />
<strong>de</strong> pollution que le trajet en voiture. »<br />
Surprenant, tout ça… Comme il est connu que la pratique<br />
régulière <strong>de</strong> la marche est bonne pour la santé, la seule<br />
façon logique <strong>de</strong> s’en sortir est <strong>de</strong> marcher ET manger végétalien.<br />
Comme il est aussi connu qu’une bonne alimentation<br />
végétale est bénéfique pour la santé, pourquoi se priver <strong>de</strong><br />
cette synergie ? <br />
Sources :<br />
[1] http://www.guardian.co.uk/profile/chrisgoodall et http://www.carboncommentary.com/<br />
[2] http://www.naturavox.fr/Nous-marchons-allegrement-vers-notre-perte.html -<br />
« Consommation <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> : nous marchons allégrement à notre perte », Michel Monette,<br />
16 août 2007.<br />
[3] http://www.timesonline.co.uk/tol/news/science/article2195538.ece - « Walking to the<br />
shops damages planet more than going by car », Dominic Kennedy, 4 août 2007.<br />
La cause du mal<br />
est connue…<br />
LA POLLUTION par les algues vertes en décomposition<br />
a marqué l’été <strong>2009</strong> en Bretagne. Fin juillet, à Saint-Michelen-Grève<br />
(Côtes-d’Armor), cette pollution a causé la mort<br />
d’un cheval par intoxication et mis en danger la vie <strong>de</strong> son<br />
cavalier. Le 7 septembre, le décès d’un salarié qui transportait<br />
<strong>de</strong>s algues vertes a décidé le parquet <strong>de</strong> Saint-Brieuc à<br />
ouvrir une enquête préliminaire.<br />
Dans un article du Mon<strong>de</strong> traitant <strong>de</strong> cette question, la<br />
V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s
V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
journaliste Gaëlle Dupont a donné en quelques lignes un<br />
parfait résumé <strong>de</strong> la situation. Nous le reprenons tel quel<br />
ci-après :<br />
« La cause du mal est connue : trop d’élevages (60 %<br />
<strong>de</strong>s porcs, 55 % <strong>de</strong>s volailles et 28 % <strong>de</strong>s vaches laitières<br />
<strong>de</strong> <strong>France</strong>) sur une trop petite surface. Les terres sont saturées<br />
<strong>de</strong> déjections animales, utilisées pour les fertiliser,<br />
et gorgées d’engrais chimiques. Les nitrates excé<strong>de</strong>ntaires<br />
se retrouvent dans les rivières. La concentration moyenne<br />
dans les rivières bretonnes était <strong>de</strong> 5 milligrammes par litre<br />
en 1971. Elle a atteint le taux record <strong>de</strong> 38 mg/l en 19<strong>98</strong>.<br />
Au moins une quinzaine <strong>de</strong> captages d’eau potable dont les<br />
taux dépassaient 50 mg par litre ont été fermés. »<br />
Sachant, comme le dit l’article, que « l’agriculture, mais<br />
aussi toute la filière agroalimentaire, représente un poids<br />
économique considérable en Bretagne, estimé à 40 % du<br />
chiffre d’affaires régional », il est illusoire <strong>de</strong> penser que les<br />
choses vont évoluer rapi<strong>de</strong>ment.<br />
Raison <strong>de</strong> plus pour exiger avec l’AVF que l’on instaure<br />
rapi<strong>de</strong>ment partout en <strong>France</strong> une journée végétarienne par<br />
semaine ! (Voir www.unjoursansvian<strong>de</strong>.fr). <br />
Source :<br />
Le Mon<strong>de</strong> du 11.09.09 – « Pollution en Bretagne : 700 millions d’euros publics dépensés<br />
en vain », Gaëlle Dupont.<br />
Je suis <strong>de</strong>venu<br />
végétarien car…<br />
LE CENTRE D’ACTUALITÉS <strong>de</strong> l’ONU a publié le 11 septembre<br />
<strong>2009</strong> un long entretien avec le prési<strong>de</strong>nt du Groupe<br />
d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, Rajendra<br />
Pachauri.<br />
Celui explique que l’implication <strong>de</strong>s activités humaines<br />
dans le changement climatique ne fait plus aucun doute,<br />
mais que « les dirigeants dans la plupart <strong>de</strong>s pays, même<br />
s’ils comprennent ce qui doit être fait, se cachent <strong>de</strong>rrière<br />
<strong>de</strong>s intérêts dits nationaux, étroits et à très court terme ».<br />
À la question <strong>de</strong> savoir ce que les gens au niveau individuel<br />
peuvent faire pour lutter contre le changement climatique,<br />
Rajendra Pachauri cite son propre exemple :<br />
« En termes <strong>de</strong> style <strong>de</strong> vie, je fais attention à ne pas<br />
être un trop grand consommateur. Je ne suis pas un consumériste,<br />
qui achète et jette. Je fais attention concernant les<br />
moyens <strong>de</strong> transport que j’utilise dans ma vie quotidienne.<br />
Je m’assure <strong>de</strong> maintenir le thermostat du climatiseur à un<br />
niveau élevé afin <strong>de</strong> sentir un certain <strong>de</strong>gré d’inconfort. Plus<br />
important, je suis <strong>de</strong>venu végétarien avec les années parce<br />
que la production <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> est extrêmement consommatrice<br />
d’énergie. »<br />
On remarquera que Pachauri dit bien « Plus important…<br />
». C’est pourquoi la campagne <strong>de</strong> l’AVF pour un jour<br />
végétarien généralisé toutes les semaines www.unjoursansvian<strong>de</strong>.fr<br />
est si nécessaire ! <br />
Source : http://www.un.org/apps/newsFr/newsmakersF.asp?NewsID=10<br />
Qui en veut à la<br />
couche d’ozone ?<br />
« LA TRAQUE MINUTIEUSE <strong>de</strong>s gaz à effet <strong>de</strong> serre<br />
oblige parfois à s’intéresser aux replis les plus obscurs et<br />
improbables <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> production. En peu <strong>de</strong> temps,<br />
flatulences et borborygmes bovins sont ainsi <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s<br />
objets d’étu<strong>de</strong>s aussi respectés que d’autres, en raison <strong>de</strong><br />
leur importante contribution au changement climatique ».<br />
En peu <strong>de</strong> mots, le décor est posé par Stéphane Foucart,<br />
dans un article paru dans Le Mon<strong>de</strong> du 01.09.09. L’« objet<br />
d’étu<strong>de</strong>s » dont il est ici question est… le lisier généré par<br />
les animaux d’élevage. L’article cite une récente étu<strong>de</strong> parue<br />
dans la revue Nature Geoscience, et publiée en ligne<br />
dimanche 30 août, dans laquelle Eric Davidson, biogéochimiste<br />
au Woods Hole Research Center du Massachusetts,<br />
entend attirer l’attention <strong>de</strong>s climatologues et <strong>de</strong>s responsables<br />
politiques sur les effluents <strong>de</strong>s exploitations agricoles :<br />
« Selon les calculs du biogéochimiste, la production animale<br />
est, par fumier interposé, responsable <strong>de</strong> l’émission<br />
annuelle <strong>de</strong> 2,8 millions <strong>de</strong> tonnes d’oxy<strong>de</strong> nitreux. Dans<br />
le modèle <strong>de</strong> M. Davidson, le lisier est la première cause<br />
d’augmentation <strong>de</strong> la concentration atmosphérique <strong>de</strong> ce<br />
gaz, passé d’un niveau préindustriel <strong>de</strong> 270 parties par milliard<br />
(ppb) à 319 ppb en 2005 ».<br />
Et ce n’est pas fini… :<br />
« Alors que la part <strong>de</strong>s protéines animales dans les régimes<br />
alimentaires augmente globalement, la gestion du lisier<br />
sera une composante importante <strong>de</strong>s efforts à venir pour<br />
réduire les émissions anthropiques d’oxy<strong>de</strong> nitreux », prévient<br />
Eric Davidson.<br />
Le problème supplémentaire est qu’en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> son<br />
effet sur le réchauffement climatique (c’est le quatrième gaz<br />
à effet <strong>de</strong> serre anthropogénique le plus important, après<br />
le dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone, le méthane et le chlorofluorocarbure-12),<br />
l’oxy<strong>de</strong> nitreux contribue aussi à détruire la couche<br />
d’ozone, et ses émissions ne sont même pas réglementées<br />
par le Protocole <strong>de</strong> Montréal (1992), qui avait donné un coup<br />
d’arrêt à la fabrication <strong>de</strong>s chlorofluorocarbures (CFC)…<br />
Vous reprendrez bien un peu <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, pardon…, <strong>de</strong><br />
trou dans la couche d’ozone ? <br />
Source :<br />
Le Mon<strong>de</strong> du 01.09.09 – « Lisier et engrais sont <strong>de</strong>venus les ennemis numéro un <strong>de</strong><br />
la couche d’ozone », Stéphane Foucart.<br />
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50<br />
Salon Biozone<br />
Compte-rendu d’Isabelle Dudouet-Bercegeay<br />
Biozone – Mûr-<strong>de</strong>-Bretagne (22) – 12 et 13 septembre <strong>2009</strong>. Étaient présents : Nikol du Finistère, Lisa du Morbihan (elle venait<br />
ai<strong>de</strong>r quand elle n’était pas <strong>de</strong> permanence aux entrées <strong>de</strong> la foire bio), Stéphane, Maïwenn, et moi-même. Pour cette édition <strong>2009</strong>,<br />
nous avons clôturé ces <strong>de</strong>ux journées avec 17 adhésions ! Un grand bravo à<br />
Nikol et Isa, qui expérimentaient ce salon sous ma (bienveillante) direction.<br />
Beaucoup <strong>de</strong> personnes, en quittant le stand, le stock <strong>de</strong> docs sous le bras,<br />
après avoir pris une adhésion, disaient en partant « merci »…ça fait plaisir !<br />
Nous avons souvent parlé <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> Gand, qui a instauré cette année un<br />
jour végétarien par semaine dans les structures <strong>de</strong> restauration. Et que s’il y<br />
a eu <strong>de</strong> tels résultats à Gand, c’est grâce à l’association végétarienne belge…<br />
et surtout grâce à ses 3 salariés ! En clair, l’argument était que seulement le<br />
jour où nous pourrons avoir 2 ou 3 salariés, nous pourrons faire <strong>de</strong>s choses<br />
effi caces…Et cela passe par le fait d’adhérer à l’association !<br />
Anecdote : <strong>de</strong> plus en plus d’hommes (souvent entre <strong>de</strong>ux âges) viennent<br />
sur le stand en disant qu’ils souhaitent franchir le pas (mais est-ce pour <strong>de</strong>venir<br />
complètement végétarien ou tendance végétarienne seulement ? C’est<br />
souvent confus).<br />
En conclusion, un stand très positif, que ce soit pour la diffusion <strong>de</strong><br />
l’information sur le végétarisme (comme toujours nos célébrités y ont<br />
fortement contribué !!!), que ce soit pour les adhésions, et donc<br />
pour l’AVF, que ce soit pour la formation continue en techniques <strong>de</strong><br />
communication <strong>de</strong>s bénévoles qui viennent ai<strong>de</strong>r sur le stand : très<br />
important pour ceux qui souhaitent faire <strong>de</strong>s actions.<br />
[Note : sur la photo, la petite Maïwenn arpente le stand pour vérifi er que tout est<br />
bien en place…]<br />
Environnement à Poitiers<br />
Compte-rendu <strong>de</strong> Sylvie Marsollier<br />
Le 25 et 26 septembre <strong>de</strong>rnier se tenait le forum <strong>de</strong> l’environnement<br />
au Parc <strong>de</strong> Blossac <strong>de</strong> Poitiers. Comme le thème était « Santé,<br />
Alimentation, Environnement », j’ai installé mon stand en fonction<br />
<strong>de</strong> ce thème.Cela s’est bien passé. Les gens sont toujours attirés par le fait<br />
que les articles <strong>de</strong> la revue sont issus <strong>de</strong> revues scientifi ques très sérieuses.<br />
Plusieurs personnes non végétariennes ont adhéré, dont une qui a certainement<br />
adhéré pour embêter son mari car celui-ci n’arrêtait pas <strong>de</strong> me dire<br />
« oui mais moi, j’aime la vian<strong>de</strong> ! »… J’utilise en général l’humour dans ces<br />
conditions et <strong>de</strong> grands sourires pour montrer que les végétariens ont l’esprit<br />
ouvert, tout en étant persévérants pour atteindre leurs objectifs !C’était la<br />
première fois que je tenais un stand en tant que déléguée AVF. Je pense avoir<br />
réussi « l’épreuve ». Ren<strong>de</strong>z-vous au prochain salon.<br />
Fougère<br />
à Tours<br />
Compte-rendu <strong>de</strong> Françoise Degenne<br />
J’avais conclu mon compte-rendu du lamentable stand <strong>de</strong> Savonnières<br />
(voir AV 97) par un « promis, je me rattrape à Fougère ! » un peu<br />
fanfaron, mais je ne croyais pas si bien dire, car avec Stéphane (venu<br />
d’Orléans en train + vélo) et Maryse et Virginie (adhérentes <strong>de</strong> Bretagne), nous avons fait un très bon salon. Nous<br />
avons pris pas mal <strong>de</strong> contacts pour les ateliers <strong>de</strong> cuisine, ce qui va élargir notre public, car beaucoup sont <strong>de</strong> tout<br />
nouveaux végétariens ou <strong>de</strong>s « pas encore tout à fait » végétariens. Pas <strong>de</strong> réfl exions désagréables ou déstabilisantes à<br />
signaler ; quelques personnes qui sont venues s’épancher, mais rien <strong>de</strong> bien méchant. Nous avons eu la chance aussi <strong>de</strong><br />
recevoir sur le stand Marie-Pierre Hage, qui habite en Touraine et a écrit « Animaux esclaves ». Elle est venue pendant<br />
<strong>de</strong>ux jours nous donner un coup <strong>de</strong> main. Anne Brunner est venue dimanche signer ses <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers livres. Isabelle<br />
est venue <strong>de</strong> Nantes pour une conférence ; Stéphane a fait <strong>de</strong> longs trajets pour venir et ses conseils m’ont été très<br />
utiles. Maryse et Virginie ont été très disponibles aussi, elles m’ont prêté du matériel (tables, chaises, bâche pour la<br />
V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
nuit) sinon, j’étais très mal partie. Elles ont monté et démonté le stand très effi cacement, scotché la ban<strong>de</strong>role, fait<br />
preuve d’imagination pour le tableau nutritionnel, bref, un excellent soutien. Je suis partie pour ce salon à reculons, en<br />
me <strong>de</strong>mandant comment j’allais supporter ces <strong>de</strong>ux jours. Tout s’est si bien passé que je suis prête pour l’an prochain !!!<br />
[Note : sur la photo, Stéphane en pleine révision dans l’attente <strong>de</strong> l’ouverture]<br />
Festival à Paris<br />
À l’initiative <strong>de</strong> l’association Droits <strong>de</strong>s Animaux (www.droits<strong>de</strong>sanimaux.net), une trentaine d’associations - dont l’AVF,<br />
évi<strong>de</strong>mment ! - se sont retrouvées le 26 septembre à Paris (place Joachim-du-Bellay, pour les connaisseurs) pour la<br />
2 e édition du Festival <strong>de</strong> la cause animale. [Voir le site http://veg-fest.blogspot.com/, pour découvrir la liste <strong>de</strong>s participants].<br />
Beau temps, bonne participation et bonne ambiance ! Le clou <strong>de</strong> l’événement a été la présence <strong>de</strong> Paul Watson,<br />
fondateur <strong>de</strong> Sea Shepherd (http://www.seashepherd.fr/), invité d’honneur du rassemblement, qui a été très applaudi lors<br />
<strong>de</strong> son intervention. Un autre côté positif <strong>de</strong> ce rassemblement a été la possibilité donnée à chaque association <strong>de</strong> se<br />
présenter et <strong>de</strong> se faire connaître aux autres. Nous ne pouvons pas reproduire ici tous les discours qui ont été<br />
prononcés à cette occasion ; nous avons donc choisi (<strong>de</strong>vinez lequel … ?) celui du prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’AVF…<br />
Verbatim à lire ci-après :<br />
<br />
Bonjour,<br />
Je représente l’<strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong>. Je dirai l’AVF pour faire plus court.<br />
Ce que nous faisons à l’AVF, donc, est à la fois simple et compliqué, c’est faire comprendre à<br />
la population toute l’importance du fait d’être végétarien. Vous avez peut-être vu passer au<br />
cours <strong>de</strong> vos lectures cette citation<strong>de</strong> l’écrivain Isaac Bashevis Singer qui disait :<br />
« Je considère le fait d’être <strong>de</strong>venu végétarien comme la plus gran<strong>de</strong> réussite <strong>de</strong> ma vie. »<br />
Eh bien, c’est l’ambition démesurée que nous avons, à l’AVF, faire comprendre à quel point<br />
<strong>de</strong>venir végétarien est une réussite, en particulier sur le triple plan <strong>de</strong> l’éthique, <strong>de</strong> la santé<br />
et <strong>de</strong> l’environnement ; environnement que nous comprenons dans un sens très large :<br />
écologie, économie, malnutrition mondiale, etc. Ce sont là, les 3 axes <strong>de</strong> nos actions. Sur<br />
le plan <strong>de</strong> l’éthique, il est très facile <strong>de</strong> comprendre pourquoi il faut agir ; ce festival, par<br />
exemple, est programmé pour durer quelques heures ; eh bien, chaque heure qui passe,<br />
une moyenne <strong>de</strong> 100 000 animaux sont tués dans <strong>de</strong>s abattoirs en <strong>France</strong>. Pendant les<br />
quelques minutes <strong>de</strong> mon intervention,plusieurs milliers seront morts… Et pour quelle<br />
raison ? La réponse est : pour aucune raison logique. Simplement, une absence <strong>de</strong> réfl exion.<br />
Vous connaissez peut-être ce que disait Einstein, en 1934, <strong>de</strong>s gens qui marchent en rang,<br />
comme tout le mon<strong>de</strong>, au son <strong>de</strong> la même musique, sans se poser <strong>de</strong> question ; il disait<br />
« ce ne peut être que par erreur qu’ils ont reçu un cerveau, une moelle épinière leur suffi -<br />
rait amplement. » Voilà pourquoi <strong>de</strong>venir végétarien est une réussite morale : cela marque la prééminence du cerveau<br />
sur la moelle épinière… Sur le plan <strong>de</strong> la santé, maintenant, ce que nous faisons, c’est nous maintenir au courant <strong>de</strong>s<br />
étu<strong>de</strong>s médicales qui paraissent dans le domaine <strong>de</strong> l’alimentation, en parler dans la revue Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
et réaliser <strong>de</strong> nombreux documents d’information sur le sujet ; documents qui, soit dit en passant, sont tous<br />
en libre-service sur notre site Internet puisque le but est évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> faire connaître la réalité au plus grand nombre<br />
possible. Et quelle est donc cette réalité ? Eh bien, en fonction <strong>de</strong>s recherches, il nous est possible d’affi rmer, sous une<br />
forme peut-être poétique et néanmoins précise, que plus on végétalise son assiettée et plus on maximise sa santé.<br />
Et c’est pourquoi <strong>de</strong>venir végétarien est aussi une réussite sur le plan physique : cela diminue signifi cativement les<br />
risques d’un grand nombre d’affections.<br />
Le 3e axe, c’est donc l’environnement. L’élevage est le premier producteur mondial <strong>de</strong> GES,<br />
participant au réchauffement climatique ; mais c’est aussi un facteur <strong>de</strong> déséquilibre économique. Je donnerai juste<br />
2 chiffres, dans ces 2 domaines. 1er chiffre : Si toute la population française acceptait <strong>de</strong> manger 100 % végétal<br />
1 journée par semaine, cela réduirait la production <strong>de</strong> produits animaux, cela réduirait donc la production <strong>de</strong> GES, et<br />
cela dans une proportion équivalente à la suppression <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 5 millions <strong>de</strong> véhicules sur les routes…<br />
2e chiffre : Avec les 775 - environ - Mt <strong>de</strong> céréales que l’on donne aux animaux d’élevage dans le mon<strong>de</strong> (et je ne<br />
parle que <strong>de</strong>s céréales), on pourrait nourrir près <strong>de</strong> 2 milliards <strong>de</strong> personnes ; les Nations Unie reconnaissent<br />
qu’1 milliard <strong>de</strong> personnes sont actuellement en état <strong>de</strong> malnutrition. La comparaison est édifi ante.<br />
Et c’est pourquoi <strong>de</strong>venir végétarien est également une réussite pour la planète et ses habitants : parce qu’offrir<br />
aux enfants un mon<strong>de</strong> plus sain et plus juste n’est quand même pas négligeable…<br />
La conclusion ? C’est que <strong>de</strong>venir végétarien est une réussite sur tous les plans. J’espère que vous en êtes<br />
convaincus et que tout le mon<strong>de</strong> en sera convaincu bientôt. Voilà ce que je voulais vous dire au sujet <strong>de</strong>s objectifs et<br />
<strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong> l’<strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong>.<br />
Et je rappelle que vous pouvez retrouver tout ça sur www.vegetarisme.fr Merci.<br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
L A V i E D E L’ A S S O C i A T i O N 51
L A V i E D E L’ A S S O C i A T i O N<br />
L’A.V.F. dans l’Europe végétarienne<br />
Le week-end <strong>de</strong>s 17 et 18 octobre <strong>2009</strong> s’est tenu à Berlin un « sommet » <strong>de</strong>s dirigeants <strong>de</strong>s associations<br />
végétariennes nationales d’Europe. Y ont participé <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong>s associations suisse, belge<br />
(ah ! les « jeudis sans vian<strong>de</strong> » <strong>de</strong> Gand), autrichienne (avec l’un <strong>de</strong>s « 10 Autrichiens » emprisonnés en 2008),<br />
britannique, croate, serbe, bosniaque, espagnole et bien sûr alleman<strong>de</strong>, ainsi que <strong>de</strong> l’Union végétarienne européenne et<br />
d’une association d’espérantistes végétariens. L’AVF y était donc bien entourée !En tout plus <strong>de</strong> quinze personnes qui<br />
ont débattu (in English !) pendant <strong>de</strong>ux jours <strong>de</strong>s stratégies à adopter pour développer encore davantage la présence<br />
du végétarisme en Europe, et la reconnaissance du végétarisme<br />
comme une évi<strong>de</strong>nce. Nous avons parlé <strong>de</strong> nos<br />
expériences respectives, <strong>de</strong>s immenses écarts qui peuvent exister<br />
entre <strong>de</strong> grosses associations comme la Vegetarian Society du Royaume-Uni,<br />
avec ses 30 000 membres et ses 30 salariés qui nous font<br />
rêver, et <strong>de</strong> petites structures <strong>de</strong>s Balkans qui se battent sur tous les<br />
fronts (protection animale au sens large et promotion du végétarisme)<br />
dans <strong>de</strong>s conditions diffi ciles.Le partage et la collaboration sont<br />
<strong>de</strong>ux aspects essentiels et ils sont déjà mis en œuvre.<br />
La recherche <strong>de</strong> fi nancements et le lobbying ont été <strong>de</strong> gros points<br />
<strong>de</strong> discussion ; le premier est <strong>de</strong> loin le plus<br />
essentiel et il conditionne le second. Des possibilités très<br />
intéressantes existent et nous les explorons.<br />
Ce fut donc un week-end intense qui a abouti au renforcement<strong>de</strong><br />
nos motivations et à la volonté <strong>de</strong> mettre sur pied une campagne<br />
européenne pour obtenir un jour sans vian<strong>de</strong>, à la création d’un<br />
forum scientifi que qui évaluera les<br />
publications sur les sujets qui nous intéressent, et à d’autres projets<br />
ambitieux, notamment un Institut international <strong>de</strong> l’alimentation<br />
végétale et une « académie végétarienne » pour la formation<br />
d’intervenants (<strong>de</strong>s ambassa<strong>de</strong>urs). Un grand pas en avant a été fait,<br />
et l’AVF s’implique énergiquement dans cette<br />
évolution prometteuse.<br />
Françoise Degenne<br />
Journées d’été <strong>de</strong>s Verts<br />
L’AVF et l’association L214 (www.l214.com) ont été<br />
invitées à intervenir lors <strong>de</strong>s Journées d’été <strong>de</strong>s Verts<br />
- qui se déroulaient à Nîmes du 20 au 22 août <strong>2009</strong> - à<br />
l’initiative <strong>de</strong> Jacques Herrou, membre <strong>de</strong> la Commission<br />
Agriculture <strong>de</strong>s Verts, dans un « atelier » <strong>de</strong> 2 heures<br />
intitulé « Végétaliser son alimentation : <strong>de</strong> l’assiette à la<br />
planète, enjeux et éthique » ; l’atelier a rassemblé 50 personnes, le vendredi 21 août <strong>de</strong> 14 h 30 à 16 h 30.<br />
Pour l’AVF, était présent André Méry ; pour L214, Brigitte Gothière et Estiva Reus. Jacques Herrou a introduit le sujet<br />
par un exemple concret, le cas du cheval mort à cause <strong>de</strong>s algues en Bretagne. Estiva a rappelé les chiffres<br />
effarants du nombre <strong>de</strong> victimes élevage + aquaculture + pêche. André a ensuite fait un exposé sur l’empreinte<br />
écologique <strong>de</strong> l’alimentation carnée et a montré que l’alimentation végétarienne était meilleure que le bio du point<br />
<strong>de</strong> vue environnemental. De nombreuses personnes ont parlé ensuite ; sur l’aspect nutrition-santé, qui n’avait pas été<br />
abordé, mais surtout sur l’aspect politique : comment faire pour inciter à aller vers une alimentation plus végétale ?<br />
Certains ont critiqué les présentations, disant qu’elles ne tenaient pas assez compte <strong>de</strong> la complexité <strong>de</strong> la situation,<br />
que ce n’était pas sérieux <strong>de</strong> supprimer les ai<strong>de</strong>s à l’élevage, qu’on avait oublié l’aspect culturel <strong>de</strong> ce que représente<br />
la vian<strong>de</strong> et qu’il fallait travailler aussi là-<strong>de</strong>ssus, qu’on manquait d’approche politique pour négocier <strong>de</strong>s changements<br />
concrets sur le terrain, que la fertilisation animale étaitindispensable à l’agriculture, etc. Concrètement,<br />
le mon<strong>de</strong> militant (« pourquoi ne soutenez-vous pas cette solution qui a le mérite <strong>de</strong> la simplicité ? ») reste très<br />
différent du mon<strong>de</strong> politique (« oh là là, vous allez trop vite, ce n’est pas si simple ! »), bien que tout le mon<strong>de</strong> soit en<br />
gros d’accord pour la fi n <strong>de</strong> l’élevage intensif et pour moins <strong>de</strong> produits animaux. Néanmoins, cette session a permis<br />
d’établir <strong>de</strong>s contacts, <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s ouvertures, et le len<strong>de</strong>main, Brigitte, qui était restée pour une journée<br />
supplémentaire a été interpellée à plusieurs reprises par <strong>de</strong>s Verts disant que c’était très bien, que ça mettait les pieds<br />
dans le plat, qu’ils n’attendaient que ça ! Nous avons donc bien fait d’y aller. Vous pouvez <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r les présentations<br />
Powerpoint <strong>de</strong> L214 et <strong>de</strong> l’AVF, en écrivant à journal@vegetarisme.fr<br />
52 V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>
Correspondants :<br />
Ding dong ! L’<strong>Association</strong> <strong>Végétarienne</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>France</strong> « recrute » <strong>de</strong> nouveaux<br />
correspondants dans toute la <strong>France</strong>,<br />
et plus particulièrement dans les régions<br />
qui ne comptent pour l’instant<br />
aucun représentant <strong>de</strong> l’association :<br />
Picardie, Champagne-Ar<strong>de</strong>nnes, Haute-Normandie,<br />
Basse-Normandie,<br />
Bourgogne, Limousin et Corse.<br />
Le rôle du correspondant est<br />
d’expliquer aux personnes qui appellent<br />
le fonctionnement <strong>de</strong> l’association<br />
(comment adhérer, comment<br />
s’abonner), <strong>de</strong> les renseigner sur les<br />
structures (restaurants végétariens,<br />
magasins où trouver <strong>de</strong>s produits végétariens<br />
et végétaliens…) liées au végétarisme<br />
dans la région et éventuellement<br />
<strong>de</strong> participer à l’organisation<br />
d’événements conviviaux et/ou militants<br />
organisés par le(la) délégué(e)<br />
local(e) <strong>de</strong> l’association (par exemple,<br />
à l’occasion <strong>de</strong>s JMV). Tenté(e) ? Voici<br />
les conditions à remplir :<br />
1) Vous êtes adhérent(e) à jour <strong>de</strong>puis<br />
au moins un an, vous connaissez<br />
bien l’association (vous lisez Alternatives<br />
<strong>Végétarienne</strong>s et consultez<br />
régulièrement le site Internet), vous<br />
partagez la vision qu’elle promeut<br />
du végétarisme et <strong>de</strong> ses bienfaits<br />
à la fois sur la condition animale,<br />
l’environnement, la santé et le<br />
tiers-mon<strong>de</strong> et vous vous tenez au<br />
courant <strong>de</strong> ses actions. Si vous êtes<br />
végétalien(ne), vous ne regar<strong>de</strong>z<br />
pas <strong>de</strong> haut ceux qui consomment<br />
« encore » <strong>de</strong>s produits laitiers<br />
ou <strong>de</strong>s œufs. Si votre vie militante<br />
couvre d’autres domaines ou que<br />
vous avez <strong>de</strong>s convictions d’ordre<br />
politique ou religieux/spiritualiste,<br />
vous n’en faites pas état dans les<br />
moments où vous représentez<br />
l’association en public ou dans<br />
les médias. Vous êtes sincèrement<br />
motivé(e) par l’association : vous<br />
ne souhaitez pas fi gurer sur notre<br />
carte <strong>de</strong>s correspondants pour<br />
agrandir la clientèle <strong>de</strong> votre table<br />
d’hôtes, grossir les rangs <strong>de</strong> votre<br />
propre groupe local ou trouver<br />
l’âme sœur…<br />
2) Vous n’êtes pas amené(e) à déménager<br />
trop souvent et êtes<br />
équipé(e) au minimum. Le rôle d’un<br />
correspondant étant <strong>de</strong>… correspondre,<br />
vous <strong>de</strong>vez rendre publics<br />
au moins un numéro <strong>de</strong> téléphone<br />
et une adresse électronique. Vous<br />
rappelez ou répon<strong>de</strong>z rapi<strong>de</strong>ment<br />
aux personnes qui vous contactent.<br />
Si l’on vous pose une question à<br />
laquelle vous ne savez pas répondre<br />
ou que vous avez un problème,<br />
vous me contactez sans tar<strong>de</strong>r.<br />
Vous me communiquez aussitôt<br />
que possible tout changement <strong>de</strong><br />
coordonnées.<br />
3) Sans être l’écrivain(e) du siècle ou<br />
avocat(e) <strong>de</strong> cour d’assises, vous<br />
vous exprimez clairement à l’écrit<br />
comme à l’oral et gar<strong>de</strong>z votre<br />
calme lorsqu’on vous appelle pour<br />
<strong>de</strong>s peccadilles (cela arrive !).<br />
C’est bon ? Alors j’attends avec impatience<br />
vos « candidatures » sur :<br />
alicerallier@free.fr.<br />
Au nom <strong>de</strong> l’association, un grand merci<br />
d’avance !<br />
Alice RALLIER,<br />
responsable <strong>de</strong>s délégués et correspondants.<br />
Assemblée<br />
générale 2010<br />
La prochaine assemblée générale <strong>de</strong><br />
l’association aura lieu à Paris le samedi<br />
20 mars 2010, à partir <strong>de</strong> 9 h 30<br />
précises, dans les salles <strong>de</strong> l’AGECA<br />
(177, rue <strong>de</strong> Charonne – 75011 Paris<br />
– tél. 01 43 70 35 67).<br />
À l’ordre du jour :<br />
Rapports d’activités / Discussions<br />
/ Élections : renouvellement <strong>de</strong> quatre<br />
postes au conseil d’administration (au<br />
maximum). Si vous êtes candidat(e)s,<br />
merci d’adresser par courriel à<br />
presi<strong>de</strong>nt@vegetarisme.fr une lettre<br />
explicitant vos motivations, votre<br />
parcours et vos capacités ; notez que<br />
l’absence <strong>de</strong> courrier électronique<br />
constitue une incapacité rédhibitoire à<br />
participer au conseil d’administration.<br />
Nous vous rappelons que pour pouvoir<br />
participer et voter lors <strong>de</strong> l’assemblée<br />
générale, il faut être adhérent et à jour<br />
<strong>de</strong> cotisation au moment où se tient<br />
l’assemblée.<br />
Concrètement, vous <strong>de</strong>vez pour cela<br />
avoir adhéré (ou avoir renouvelé votre<br />
adhésion) après le 20 mars <strong>2009</strong>.<br />
Merci <strong>de</strong> vérifi er vos dates. L’abonnement<br />
seul au journal <strong>de</strong> l’association ne<br />
donne pas le droit <strong>de</strong> vote à l’assemblée<br />
générale.<br />
Pour une liste d’hôtels à <strong>de</strong>s prix raisonnables<br />
dans le secteur, merci <strong>de</strong> contacter<br />
Diana : diana.dc@wanadoo.fr.<br />
Amazon et l’AVF<br />
Si vous souhaitez faire un achat sur<br />
amazon.fr pouvons-nous vous suggérer<br />
<strong>de</strong> le faire en passant d’abord par la<br />
page Librairie <strong>de</strong> notre site http://<br />
www.vegetarisme.fr/ressources.<br />
php?content=ressources_librairie_<br />
pratique ?<br />
Cliquez sur n’importe quel livre et une<br />
nouvelle page s’ouvre dans Amazon.<br />
À ce moment-là, vous achetez ce que<br />
vous voulez, mais le fait d’être passé<br />
d’abord par notre site nous permet <strong>de</strong><br />
percevoir <strong>de</strong>s commissions <strong>de</strong> la part<br />
d’Amazon, ce qui <strong>de</strong>vient une façon <strong>de</strong><br />
N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong> Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s<br />
L A V i E D E L’ A S S O C i A T i O N<br />
53
L A V i E D E L’ A S S O C i A T i O N<br />
54<br />
Hommage à Valenciennes<br />
« À l’occasion <strong>de</strong>s Journées Mondiales <strong>Végétarienne</strong>s, <strong>de</strong>s<br />
fl eurs ont été déposées <strong>de</strong>vant les abattoirs <strong>de</strong> Valenciennes.<br />
Geste symbolique mais ô combien fort en émotion.<br />
Le mercredi 14 octobre (retardé d’une semaine donc par<br />
faute d’autorisation) s’est tenue une table d’info sur le végétarisme,<br />
place du commerce à Valenciennes. Les quelques<br />
rencontres furent formidables. Des jeunes sensibilisés à la<br />
cause animale et un végétarien champion dans la pratique<br />
<strong>de</strong> l’apnée ! »<br />
Pour tous les animaux<br />
A l’occasion <strong>de</strong> la célébration simultanée <strong>de</strong>s Journées<br />
Mondiales <strong>Végétarienne</strong>s et le la Journée Mondiale <strong>de</strong>s<br />
Animaux, le CLAM (Collectif Libération Animale <strong>de</strong><br />
Montpellier, http://clam34.org/) et l’AVF ont été invités<br />
comme l’année précé<strong>de</strong>nte à partager l’immense chapiteau<br />
<strong>de</strong> la SPA <strong>de</strong> Montpellier le 4 et le 5 octobre. Les personnes<br />
compatissantes venues en foule voir les chats et les chiens à<br />
adopter ont ainsi eu l’occasion <strong>de</strong> voir que cette compassion<br />
pouvait être étendue à tous les animaux domestiques en<br />
épargnant poules, lapins, cochons, veaux, vaches <strong>de</strong> l’horreur<br />
<strong>de</strong>s usines d’élevage et <strong>de</strong>s abattoirs.<br />
Ça rugit, à Lyon…<br />
Portées par la déléguée Cécile Bourgain et son équipe, les<br />
JMV se sont bien déroulées sur Lyon. Étaient organisés : un<br />
village végétarien au centre <strong>de</strong> Lyon avec un stand <strong>de</strong> restauration<br />
100 % végétale tenu par <strong>de</strong>s restaurateurs biovégétariens<br />
lyonnais, un stand <strong>de</strong> boissons, un stand d’information,<br />
un stand <strong>de</strong> maquillage, une gran<strong>de</strong> exposition sur<br />
le végétarisme avec un quizz et <strong>de</strong>s lots à gagner, et un coin<br />
vidéo. Et le soir, il y avait une soirée avec un concert et un<br />
repas vegan à prix libre ! Le soir l’ambiance était chouette,<br />
d’abord <strong>de</strong>ux concerts <strong>de</strong> 30 minutes chacun, un groupe reprenant<br />
<strong>de</strong>s chansons connues, un groupe <strong>de</strong> rock vegan (registres<br />
variés pour que tout le mon<strong>de</strong> trouve son compte).<br />
Ensuite une daube <strong>de</strong> soja et un gâteau avec une crème <strong>de</strong><br />
citron. Ceux qui n’étaient pas là ont raté quelque chose !!!<br />
Dites-le avec <strong>de</strong>s fl eurs<br />
C’est en plein cœur <strong>de</strong> Paris qu’un groupe <strong>de</strong> militants <strong>de</strong><br />
l’AVF a distribué une rose à chaque personne s’engageant<br />
par écrit à manger végétarien un jour par semaine jusqu’à la<br />
La 11 ème édition <strong>de</strong> ces Journées, parrainées cette année<br />
par Francis Lalanne, s’est déroulée un peu partout en <strong>France</strong><br />
et <strong>de</strong> nombreux représentants <strong>de</strong> l’AVF ont pu organiser un<br />
événement. L’essentiel, c’était <strong>de</strong> participer ! Simple<br />
pique-nique ou méga-fi esta, le but est <strong>de</strong> montrer la vraie face<br />
du végétarisme : <strong>de</strong> la santé,<br />
<strong>de</strong> l’éthique et du respect <strong>de</strong> l’environnement.<br />
Quelques exemples ci-<strong>de</strong>ssous :<br />
fi n <strong>de</strong> l’année. En moins d’une heure, plus <strong>de</strong> cent personnes<br />
se sont engagées, repartant avec une rose et un tract<br />
illustrant par les chiffres à quel point une réduction <strong>de</strong> la<br />
consommation mondiale <strong>de</strong> vian<strong>de</strong> avait un impact majeur<br />
sur l’environnement, la faim dans le mon<strong>de</strong>, la santé humaine<br />
et le bien-être animal.<br />
Une réussite !<br />
Chez Théodore<br />
Nicole Rizzoni a organisé un pique-nique au Café Théodore,<br />
Trédrez-Locquémeau (22), le dimanche 4 octobre. Bonne<br />
ambiance. Pas que <strong>de</strong>s végétariens, mais c’est justement ce<br />
qui compte !<br />
Au Bio-Logis<br />
Christine Erard, déléguée AVF Vendée, a organisé un repas<br />
chez elle, au « Bio-Logis », à Damvix, où elle a ouvert cette<br />
année une première chambre d’hôtes (voir http://www.<br />
chambresdhotes.org/Detailed/13106.html) :<br />
« Nous étions 13 pour cette rencontre très conviviale où<br />
chacun a apporté un élément du repas. Le chiffre nous a<br />
porté chance… nous avons fait le choix <strong>de</strong> déjeuner <strong>de</strong>hors<br />
malgré les réticences <strong>de</strong> certains ; pari réussi car le soleil a<br />
même été <strong>de</strong> la partie. Tout était délicieux et l’ambiance très<br />
chaleureuse. »<br />
Haute <strong>de</strong>nsité en Haute-Alsace<br />
En Haute-Alsace, les JMV ont été menées tambour battant<br />
sous la bienveillante mais rigoureuse direction d’Anne-<br />
Claire et Arnaud (délégués) et leurs enfants :<br />
Émission <strong>de</strong> radio sur RDL 103.5, projection du fi lm<br />
« Earthlings » (Terriens), journée découverte, stand <strong>de</strong><br />
dégustation et d’information, le tout étalé du 25 septembre<br />
au 17 octobre !<br />
Comme dit Anne-Claire : « Donc, <strong>de</strong>s Journées Mondiales<br />
<strong>Végétarienne</strong>s à ne pas manquer pour découvrir ce choix <strong>de</strong><br />
vie aux retombées innombrables et majeures, et réaliser qu’il<br />
n’est pas question <strong>de</strong> privation, mais bien au contraire <strong>de</strong> la<br />
mise en place d’un nouveau mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> pensée assorti d’une<br />
alimentation succulente. Il ne s’agit pas non plus <strong>de</strong> passer<br />
plus <strong>de</strong> temps à cuisiner, mais tout simplement d’avoir le bon<br />
geste mental au moment <strong>de</strong> son achat, ce qui n’apportera<br />
que du très positif, aussi bien pour l’environnement, pour la<br />
fi n <strong>de</strong>s famines, pour la santé humaine et bien sûr celle <strong>de</strong><br />
nos voisins sur cette planète, les animaux. »<br />
V Alternatives <strong>Végétarienne</strong>s N o <strong>98</strong> - DECEMBRE - JANVIER - FEVRIER <strong>2009</strong>