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Le dialogue ficinien : lieu d'un itineraire mystique. - The Center for ...

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Reynaud Cst Sebastien Galland Moreana 177-178 7S<br />

<strong>Le</strong> <strong>dialogue</strong> <strong>ficinien</strong> : <strong>lieu</strong> <strong>d'un</strong> <strong>itineraire</strong><br />

<strong>mystique</strong>.<br />

Julie Reynaud et Sebastien Galland<br />

Universite Paul Valtry, Montpe1lier III<br />

Reynaud et Sebastien Galland enseignent la philosophic en<br />

preparatoires et l'esthUique al'universitt Paul Valtry, Montpdlier III. Ils ont traduit les<br />

opuscules de Marsile Ficin sur la lumiere : Metaphysique de la lumiere, Chambery,<br />

L'Act Mem, 2008. Un choix de: <strong>Le</strong>ttres tirees de la Correspondance de: Ficin, et<br />

traduite:s par leurs .loins, e:st a paraHre aux editions Vrin, ainsi que:<br />

platonicie:ns aux editions Garnier.<br />

* * *<br />

Marsilio Fieino, the master of Florence's Platonic Academy, makes scant<br />

use of <strong>dialogue</strong>. He reserves it <strong>for</strong> the analysis of the soul's itinerary, which<br />

her from skepticism and desperation to conversion and then joy. <strong>The</strong><br />

soul is at firl;t unaware of her own divinity and only through slow<br />

progression can she achieve genuine mystical experience. <strong>The</strong><br />

Dialogue between God and the Soul, which is proposed here in a yet unpublished<br />

French version, exposes the basic distress of any quest of the self and quest<br />

of God. As a Daughter feeling she has been abandoned, the soul addresses<br />

her Father. He discloses to her the paradoxical nature of God who haD<br />

established extreme intimacy with creatures. But <strong>for</strong> her to be able to<br />

perceive this, the soul will have to give up rational and intellectual<br />

understanding and admit that she only needs to ardently desire and love.<br />

Key words: Dialogue, Ascension, Fury, Revelation, Self-Awareness.<br />

Marsile Ficin, Ie: maitre de l'Academie: platonicienne: de Florence, utilise peu la <strong>for</strong>me<br />

<strong>dialogue</strong>e, qu'i! reserve: a l'analyse de l'<strong>itineraire</strong>: de: l'ame, depuis le scepticisme et Ie<br />

dtse:spoir qui sont souvent le:s .liens jusqu'a sa conversion et la joie qui en resulte. Pour<br />

l'ame: qui ignore sa propre diviniU, un chcmineme:nt est necessaire avant<br />

<strong>mystique</strong> proprcment <strong>Le</strong> Dialogue theologique entre Dieu et I'ame, propose<br />

ici dans une traduction inedite, don11C avoir cate: dCtresse fondatrice: de toute: quete de soi


82 Mareana 177-178 Julie Reynaud CSt Galland<br />

24<br />

attribue une vie infinie, soit d'age en soit, du mains,<br />

• .' 25<br />

un certam commencement Jusqu'a<br />

Desires-tu contempler la face du Bien ? Regarde Ie<br />

tout plein de la lumiere du Soleil. Regarde la lumiere<br />

dans Ie monde materiel, de toutes les <strong>for</strong>mes toutes<br />

les choses, soustrais la matiere, laisse Ie reste : tu obtiens<br />

26 A<br />

rame, lumiere incorporelle, omni<strong>for</strong>me, mobile. Ote-Iui,<br />

derechef, Ie mouvement, deja tu atteins l'intellect angelique,<br />

lumiere incorporelle, omni<strong>for</strong>me, immuable. Enleve-Iui aussi<br />

cette par laquelle une <strong>for</strong>me se differencie selon sa<br />

ninosite, et qui est emplie <strong>d'un</strong>e lumiere venue d'ailleurs,<br />

que l'essence de la lumiere et de chaque <strong>for</strong>tune soit<br />

identique et que la se <strong>for</strong>me elle-meme et, au-travers<br />

de ses <strong>for</strong>mes, <strong>for</strong>me toutes chases. Cette lumiere brille<br />

infiniment qU'elle brille de sa propre nature et elle n'est<br />

point au comprimee, quand elle se melange a autre<br />

chose, elle est la a travers toutes chases, parce<br />

n'appartient a aucune, it aucune en propre, de sorte<br />

a travers toutes chases equitablement. 27<br />

Elle vit a<br />

de soi et elle procure la vie aux<br />

puisque son ombre est telle la lumiere du SaleH, donn ant<br />

seule la vie aux realites corporelles. Ene ressent n'importe<br />

quelle elle dispense la sensibilite, dans la mesure au<br />

son ombre suscite la totalite des sens pour la totalite des<br />

chases. Enfin, elle aime chaque chose, puisque chaque chose<br />

2R<br />

precisement lui<br />

24<br />

Ficin, Du rapt de Paul, VIII.<br />

25<br />

Saint Augustin, <strong>Le</strong>s Soliloques, n, 33.<br />

27<br />

Enneades, II, 9,17 et V, 3, 9; Ficin, <strong>The</strong>ologie platonicielllle, IX, 3, p. 14.<br />

Nicolas de Cues, La recherche de Dieu, p. 197; Ficin, De la lumiere, VI,<br />

Commentaire sur Ie Banquet de Platon, II, 2, p. 146.<br />

28<br />

La lumiere de l'ame suppose une vie sans fin qui est la lumiere infinie. II s'agit Iii<br />

<strong>d'un</strong>e preuve "a posteriori" de I'existence de Dieu : cf. <strong>The</strong>ologie platonicienne,<br />

XVI, 8, p. 145.<br />

Julie Reynaud CSt Sebastien Galland Mareana 177-178 83<br />

29<br />

qu'est'ce que la lumiere du SaleH? Combre de Dieu.<br />

rm'pst'ce que Dieu ? Dieu est Ie Solei! du Soleil, la<br />

SaleH est Dieu le corps du monde; Dieu est la<br />

.lI..ULLl\..JLI;;. du SaleH au-dessus intellects angeliques. Telle est<br />

o qu'elle est la plus belle de toutes les<br />

Quelle espece de lumiere<br />

avis, si mon ombre brille autant que fulgure ma U-tH.l.l'-L'­<br />

Aimes-tu partout la lumiere plus que le reste, ou<br />

l'aimes'tu seule ? Aime-moi seule, 0 Ame, aime seulement la<br />

lumiere infinie, aime-moi, moi qui suis la lumiere, aime-moi,<br />

infiniment, lars tu fulgureras et tu seras recreee<br />

31<br />

infiniment.<br />

AME : 6 admirable qui l'admiration meme !<br />

32<br />

Quel feu inaccoutume me brole a present? Quel nouveau<br />

SoieH est-ce et d'ou m'eclaire+il ? Quel est, en dfet, cet<br />

et d'ou vient-il, lui qui, si grand et si tourmente et<br />

caresse, mord et leche, aiguillonne et chatouille man C!rur ?<br />

Et queUe est cette amere douceur ? Qui Ie pourrait croire ?<br />

Une douceur amere qui entierement me liquefie et me<br />

dechiquete et, en comparaison d'eIle, meme les plus douces<br />

,3<br />

chases me paraissent ameres. Combien douce est<br />

l'amertume qui rassemble mes morceaux et me retablit en<br />

,4<br />

man integrite, me rendant douces meme les choses les<br />

ameres ! Combien necessaire est cette volante, puisque je ne<br />

puis ne vouloir Ie Bien et que j'ai la <strong>for</strong>ce d'eviter ou de<br />

29<br />

Ficin, <strong>The</strong>ologie platoniciellne, VI, 2, p. 233, Quid sit lumen, XI, Paris, Allia,<br />

1998, p. 37.<br />

30<br />

Nicolas de Cues, Traite de la vision de Dieu, VI, p. 390; Ficin, <strong>The</strong>ologie<br />

platonicienne, IX, 3, p. 14.<br />

, I<br />

Ficin, Epistolae, Livre VII, Charitas potius quam scientia transfert in Deum,<br />

Opera Omnia, I, p. 862.<br />

32<br />

<strong>Le</strong> Livre d'Angele de Foligno, I, dix-huitiemepas; Nicolas de Cues, Traite de la<br />

vision de Dieu, V, p. 384.<br />

33<br />

Jean de laCroix, Flammed'amour vive, II, vers 7-8.<br />

34<br />

Saint Bonaventure, La Perfection de vie, VI, 11.


86 MorcanaVoI.46,177-178 Reynaud &:: Sebastien Galland<br />

La dimension de l'interlocuteur est C.. ) capitale. Elle empeche<br />

Ie <strong>dialogue</strong> d'etre un expose theorique et dogmatique et Ie<br />

contraint a etre un e:xercice concret et pratique, parce que,<br />

precisement, il ne s'agit pas d'exposer une doctrine, mais<br />

conduire un interlocuteur a certaine attitude mentale<br />

determinee. 44<br />

Ce mouvement paradoxaI, qui consiste a <strong>dialogue</strong>r avec autrui alors<br />

qu'on se cherche soi, est celuHa meme par lequeI tame peut parvenir<br />

a la connaissance de soi, mais une connaissance qui n'est ni<br />

rationnelle ni intellectuelle, relevant <strong>d'un</strong>e fureur <strong>mystique</strong>, un<br />

envahissant l'ame : « Quel feu inaccoutume me brule apresent? Quel<br />

nOUveau Soleil est'ce et d'ou m'eclaire+il ? Quel est, en effet, cet<br />

esprit et d'ou vient-H, lui qui, si grand et si doux, tourmente et<br />

caresse, mord et leche, aiguillonne et chatouille mon coeur? ».<br />

<strong>Le</strong> maitre de l'Academie Florentine, haut <strong>lieu</strong> du<br />

neoplatonisme la Renaissance, nous a laisse deux beaux exempies<br />

de <strong>dialogue</strong>s dans Ie texte d'ouverture du De: Raptu Pauli dedie a<br />

Cavalcanti, son «unique ami», court texte qui est un Dialogue: entre:<br />

Paul e:t l'ame:, et dans Ie Dialogue thwlogique: entre: Dieu e:t l'Ame: qu'il<br />

adresse a Michel Mercati, moine et enseignant, ami de la premiere<br />

heure. Ces deux textes sont les deux seuls <strong>dialogue</strong>s que Ficin legua<br />

a la posterite 4 'j mais seulle Dialogue Thtologique de: Dieu de: l'Ame: est<br />

44 Ibid. p. 4445.<br />

45 A. Michel, dans« L'influence du <strong>dialogue</strong> clceronien sur la tradition<br />

philosoph/que et litteraire », in <strong>Le</strong> <strong>dialogue</strong> au temps de la Renaissance, direction<br />

M. T. Jones-Davies, Paris, Jean Touzot libraire-edlteur, 1984, considere que<br />

l'influence du <strong>dialogue</strong> se fait sentir jusque dans Ie Commentaire sur ie Banquet<br />

de Pia ton de· Ficin. En effet, on doit a la Renaissance de retablir la place des<br />

interlocuteurs humains dans Ie <strong>dialogue</strong> : «a partir du Quattrocento, on veut<br />

humaniser la discussion, ecarter l'exces de technicite qu'avait susci.e la<br />

scolastique» (p. 19) et I'auteur de citer Ie De Amore de Ficin ainsi que les<br />

Disputationes camaldulenses de Landino: «II s'agit, dans un cadre religieux deja<br />

Reynaud &:: Sebastien Galland MoreanaVo1.46,177-178 87<br />

entierement <strong>dialogue</strong>. Dne <strong>for</strong>me, done, qu'il emploie peu, alors que<br />

la philosophie platonicienne dont il est Ie chantre est presque<br />

entierement <strong>dialogue</strong>e. Entre la date de composition du Dialogue<br />

theologique entre Dieu et l'Ame, que Raymond Marcel estime anterieure a<br />

1468 et celle du De: raptu Pauli, en 1476, Ficin devient, de simple<br />

philosophe, de serviteur des Muses, de Mercure et de Saturne qu'il<br />

etait, serviteur de Dieu puisqu'il est ordonne pretre en 1474. Alors<br />

que Ie Dialogue: theologique: e:ntre: Dieu e:t I'Ame:, texte encore <strong>for</strong>tement<br />

marque par la philo sophie rationnelle, montre Marsile perdu entre<br />

son scepticisme 46 a l'egard de la raison (dont les motifs ne sont pas<br />

clairement identifies par cette ame troublee) et son insuffisante<br />

en la Revelation, Ie De: raptu Pauli est davantage l'ouvrage <strong>d'un</strong> pretre<br />

connaissant tres precisement des lacunes de Ia philo sophie et qui a<br />

place sa foi et sa vie en Dieu. D'un <strong>dialogue</strong> al'autre, Marsile passe de<br />

l'incon<strong>for</strong>t et du desespoir sceptique ala joie de la foi. Nous avons<br />

choisi de porter notre attention sur Ie premier <strong>dialogue</strong>, le Dialogue:<br />

theologique: e:ntre: Dieu e:t I'Ame:, qui se trouve dans Ie premier des douze<br />

livres de la Corre:spondance: de Ficin, decrivant l'ame aux prises avec<br />

ses doutes jusqu'au moment fulgurant de sa conversion. Dans ce<br />

texte, la theologie n'est pas abordee ainsi que Ficin Ie fait dans<br />

d'autres ouvrages, theoriquement, objectivement, comme cela est<br />

notamment Ie cas dans Ie De: Christiana rdigione et la <strong>The</strong>ologie<br />

bien adouci, <strong>d'un</strong> veritable <strong>dialogue</strong> de villa, oil dorninent autour d'Alberti et de<br />

Laurent, les graces de l'urbanitas la plus exquise» (p. 20). II est cependant peutetre<br />

un peu excessif de voir dans Ie De Amore un <strong>dialogue</strong> it proprement parler. Si<br />

l'urbanitas s'y deploie, elle y est plutOt celIe de la conversation ou de l'expose<br />

souple que celie du <strong>dialogue</strong>. Un <strong>dialogue</strong> a une dynamique, un rythme etranger<br />

aux longs exposes des commentateurs du Banquet que Ficin reunit a Careggl.<br />

46 <strong>Le</strong> rapport de Ficin au scepticisme a fait l'objet en Italie <strong>d'un</strong>e etude tres<br />

approfondie, celIe d'A. De Pace in La seepsi, it sapere e l'anima, dissonanze nella<br />

eerehia laurenziana. Universita degli Studi di Milano, Pubblicazioni della Facolta<br />

di <strong>Le</strong>ttere e Fllosofia, Edizione universitarie di <strong>Le</strong>ttere, Econorrria, Diritto, 2002.


90 Morcana Vol. 46, 177-178 Juhe Reynaud &: Sehastien Galland<br />

soumettre ses questions, de lui ses tourments. En ccia, ce que<br />

l'ame attend du <strong>dialogue</strong> est qu'ill'enseigne.<br />

au <strong>dialogue</strong><br />

son<br />

se<br />

Flll.iU"UP1l1C" rationalistes, sagesses qui placent la<br />

raison au sammet des facultes (on pense ici au stolcisme, mais aussi<br />

a <strong>d'un</strong> Averroes). eette angoisse devant des<br />

rationncls dont Ficin se defie, alors qu'il ne se fie point<br />

encore a la Revelation, place l'ame dans la position de I'enfant<br />

cherchant son pere,52 ou du disciple cherchant son maitre. Dieu<br />

50 Comme Ie rappeUe A. Michel, dans «L'influence du <strong>dialogue</strong> cicironien sur la<br />

tradition philosophique et litteraire », Ciceron a chercM comment enseigner ason<br />

flls les preceptes de I'eloquence, et trouvant les manuels ennuyeux avec leurs<br />

series de questions et de reponses, il s'est oriente vers Ie <strong>dialogue</strong>, plus vivant:<br />

«l'auteur a choisi ce mode d'expression parce qu'il voulait se degager <strong>d'un</strong>e<br />

presentation scolaire qui privait l'eloquence de la vie et de 1'61evation qu'elle doit<br />

en realite posseder » (p. II). Ce qui aboutit a l'eeriture du De Oratore. Ciceron<br />

d'autre part, a <strong>for</strong>t bien saisi la necessaire division de soi impJiquee par tout ef<strong>for</strong>t<br />

pour devenir meilleur; il « savait que l'homme doit accepter ala fois de rentrer en<br />

soi et de sortir de soi : deux conditions necessaires et peut-etre suffisantes pour Ie<br />

<strong>dialogue</strong>» (p. 9).<br />

51 R. Marcel dans Marsile Ficin, 1433-1499, Classiques de I'Humanisme, Paris, <strong>Le</strong>s<br />

Belles <strong>Le</strong>ttres, 1958 (p. 345-349), voit dans ee <strong>dialogue</strong> un vivant de<br />

l'evolution de Ia pensee du philosophe (p. 406). II faut en effet attendre 1474, en<br />

la lettre a Francisco Marescalcho (Op., p. 644) pour que Ficin affirme<br />

trouver dans Ie Christianisme une consolation au desarroi qu'i! deerit dans<br />

'ant-propos du Dialogue <strong>The</strong>ologique entre Dieu et CAme, adresse a Michel<br />

Mercati. II y aurait done eu chez Ficin une sorte de crise morale.<br />

52 «Dieu : « Mets un terme, 0 rna fille, ates larmes et ne te desole pas, ce n'est<br />

un etranger qui <strong>dialogue</strong> avec toi, mais un compatriote qui t'est plus farnilier que<br />

toi tu ne l'es a toi-rnerne . Car, je suis a la fois pres de toi et en toi, ( ... ) Mets un<br />

tcrrne ates larmes, 0 rna fiUe, voici ton Perc ».<br />

J uhe Reynaud &: Sebastien Morcana Vo1.46, 177-178 91<br />

s'adresse al'ame de Marsile comme asa fiile, lui enseigne comment Ie<br />

reconnaitre dans Ie monde, c'est/a,dire aide l'ame aremonter depuis<br />

l'univers jusqu'au divin, selon un mouvement<br />

proprement Mouvement qui propulse<br />

realites<br />

la lUIIllt:lt:<br />

RC;:!!,'UUC;: Ie<br />

la lumiere<br />

de toutes<br />

soustrais la matiere. Iaisse Ie reste : tu obtiens<br />

incorporelle,<br />

derechef, Ie mouvement, deja tu atteins I'intellect an)!.t:lIuut:,<br />

lumiere incorporelle, omni<strong>for</strong>me, immuable. ( ...)<br />

Ainsi, qu'est'ce que la lumiere du Soleil ? L'ombre de Dieu.<br />

qU'est-ce que Dieu ? Dieu est Ie Soleil du Soleil; la<br />

lumiere du Soleil est Dieu dans Ie corps du monde; Dieu est la<br />

lumiere du SoieH au-dessus des intellects angeliques. T elle est<br />

mon ombre, 0 Arne, qU'elle est la plus belle de toutes<br />

realites corporel1es. Quelle espece de lumiere suis'je, it ton<br />

avis, si man ombre brille autant que fulgure rna lumiere ?<br />

Aimes-tu partout la lumiere plus que Ie reste, ou plutot<br />

l'aimes··tu seule ? Aime-moi seule, 0 Arne, aime seuIement la<br />

lumiere infinie, aime-moi, moi qui suis la lumiere, aime-rnoi,<br />

dis-je, infiniment, des lors tu fulgureras et tu seras recreee<br />

infiniment.<br />

Pour l'ame, abandonnee comme une enfant, Dieu est un<br />

En invitant sa fiile a reconnaitre sa presence dans Ie monde, if<br />

l'enseigne. L'ame orpheline pense, a juste titre, que c'est en<br />

connaissant d'ou elle vient, comment et par qui eile qU'elle se<br />

connaitra soi-meme. Eile cherche done ce maitre sur<br />

L'Ame:« M'as-tu si vitc abandonnee amon sort, () man Salut? as-tu si<br />

soudainement laisse ta fille Qui a soif de toi ? ».

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