DOCTORAT EN MEDECINE PATRIS Eric Charles - Département de ...
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36 Sandor Ferenczi (1873-1933) compte parmi les psychanalystes originaux pour ne pas dire marginaux qui ont repensé la psychologie médicale à partir des outils dynamiques de la psychanalyse. Rappelons que ces outils fondamentaux sont l’inconscient, le refoulement, les pulsions et le transfert. A cette liste très réductrice il faut ajouter celle de relation d’objet qui doit ses travaux fondamentaux à Mélanie Klein (1882-1960) elle-même très proche de Sandor Ferenczi. L’histoire de ce dernier est également étroitement liée à celle de Georg Groddeck (1866-1934) autre enfant terrible de la psychanalyse. C’est sur ce dernier qu’il convient de mettre l’accent car on peut qualifier sa position de radicale au point d’en avoir effrayé plus d’un parmi les fidèles de Freud. Même si Georg Groddeck a longtemps réfuté les concepts de la psychanalyse et même s’il bannissait le mot même de psychosomatique, il n’est pas concevable de parler de psychosomatique en médecine générale sans évoquer le personnage quasiment mythique de G. Groddeck. Groddeck était dans son genre un chamane puisqu’il réfutait catégoriquement toute distinction entre le corps et la psyché. Il défendait ardemment une théorie « moniste » de la bête humaine, fondant totalement le corps et le psychisme dans une seule entité : le Ça (das Es) dont Freud s’inspirera pour construire la seconde topique de l’appareil psychique (ça, moi, surmoi) en 1923. L’histoire personnelle de Georg Groddeck et ses rapports avec la médecine méritent qu’on s’y arrête. G. Groddeck avait un père médecin dont il idéalisa la
37 mémoire bien qu’enfant il souffrit de le voir se consacrer davantage à ses malades qu’à sa famille. Il grandit dans les jupes d’une mère « intellectuelle » qui dit-on ne nourrissait que du mépris pour la profession de médecin. Mais G. Groddeck fut également marqué par la personnalité du Dr Ernst Schweninger (1850-1924). Il apprit la médecine au contact de ce dernier avant d’ouvrir avec sa sœur son propre « satanorium » à Baden Baden. Schweninger notons-le fut le médecin personnel de Bismarck, lequel lui témoigna sa reconnaissance (pour les nombreux kilos qu’il lui avait fait perdre au prix d’une diététique féroce) en le faisant nommer professeur de dermatologie à Berlin, contre l’avis de la communauté universitaire. Cette dernière avait été en effet plus que contrariée par les positions antiscientifiques de Schweninger. Lui qui avait la confiance des puissants de son temps (il avait soigné Guillaume Ier après l’attentat de 1878) ne faisait aucune confiance à la « Science ». Il prônait des méthodes naturelles, rudoyant et tyrannisant ses malades sans ménagement ; « marche ou crève » aurait pu être sa devise. Son style terroriste et son discours autoritaire séduisaient les uns et scandalisaient les autres. L’efficacité de ses traitements tenait au pouvoir de sa parole comme s’il était détenteur d’une Vérité à laquelle non seulement le malade mais aussi la maladie devaient se soumettre. On retrouvera chez Groddeck du moins au cours de sa première période préanalytique cette utilisation d’injonction exerçant sur ses patients une influence dictatoriale.
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