02.07.2013 Views

SEQUENCE N° 1 – 1ère STG / Année 2010-2011 ... - WebLettres

SEQUENCE N° 1 – 1ère STG / Année 2010-2011 ... - WebLettres

SEQUENCE N° 1 – 1ère STG / Année 2010-2011 ... - WebLettres

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>SEQUENCE</strong> <strong>N°</strong> 1 <strong>–</strong> 1 ère <strong>STG</strong> / <strong>Année</strong> <strong>2010</strong>-<strong>2011</strong> : Variations sur le thème du carpe diem<br />

LECTURES ANALYTIQUES<br />

On a affaire ici à une poésie de salon, c’est-à-dire à un jeu poétique sur un cliché : « Marquise » désigne Thérèse<br />

Gorla, épouse du comédien Du Parc et comédienne elle-même, courtisée à l’époque par nombre d’artistes. Ces<br />

stances de Pierre Corneille à Marquise datent de 1658.<br />

Marquise, si mon visage<br />

A quelques traits un peu vieux,<br />

Souvenez-vous qu’à mon âge<br />

Vous ne vaudrez guère mieux.<br />

Le temps aux plus belles choses<br />

Se plaît à faire un affront :<br />

Il saura faner vos roses<br />

Comme il a ridé mon front.<br />

Le même cours des planètes<br />

Règle nos jours et nos nuits :<br />

On m’a vu ce que vous êtes<br />

Vous serez ce que je suis.<br />

Cependant j’ai quelques charmes<br />

Qui sont assez éclatants<br />

Pour n’avoir pas trop d’alarmes<br />

De ces ravages du temps.<br />

Vous en avez qu’on adore ;<br />

Mais ceux que vous méprisez<br />

Pourraient bien durer encore<br />

Quand ceux-là seront usés.<br />

Ils pourront sauver la gloire<br />

Des yeux qui me semblent doux,<br />

Et dans mille ans faire croire<br />

Ce qu’il me plaira de vous.<br />

Chez cette race nouvelle<br />

Où j’aurai quelque crédit,<br />

Vous ne passerez pour belle<br />

Qu’autant que je l’aurai dit.<br />

Pensez-y, belle Marquise,<br />

Quoiqu’un grison fasse effroi,<br />

Il vaut bien qu’on le courtise<br />

Quand il est fait comme moi.<br />

Le chanteur Georges Brassens, en 1962, a mis en musique les trois premiers quatrains, auxquels il ajoute un quatrième, de sa<br />

composition, imaginant une réponse très irrévérencieuse de Marquise.<br />

Ce poème est le quatrième du recueil<br />

Alcools (publié en 1913). C’est une sorte<br />

de chanson campagnarde du matin<br />

destinée à être chantée à l’aube, sous la<br />

fenêtre de la « belle », à une période où<br />

l’on commence à sentir les premiers<br />

souffles du printemps (le dimanche de<br />

Laetare est le quatrième du Carême).<br />

Peut-être que je serai vieille,<br />

Répond Marquise, cependant<br />

J’ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,<br />

Et je t’emmerde en attendant.<br />

Aubade chantée à Laetare un an passé<br />

C’est le printemps viens-t’en Pâquette<br />

Te promener au bois joli<br />

Les poules dans la cour caquètent<br />

L’aube au ciel fait de roses plis<br />

L’amour chemine à ta conquête<br />

Mars et Vénus sont revenus<br />

Ils s’embrassent à bouches folles<br />

Devant des sites ingénus<br />

Où sous les roses qui feuillolent<br />

De beaux dieux roses dansent nus<br />

Viens ma tendresse est la régente<br />

De la floraison qui paraît<br />

La nature est belle et touchante<br />

Pan sifflote dans la forêt<br />

Les grenouilles humides chantent<br />

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!