SEQUENCE III : DECOUVRIR LA POESIE – « Voyages poétiques
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<strong>SEQUENCE</strong> <strong>III</strong> : <strong>DECOUVRIR</strong> <strong>LA</strong> <strong>POESIE</strong> <strong>–</strong> <strong>«</strong> <strong>Voyages</strong> <strong>poétiques</strong> »<br />
• Séance 1 : Comment lire et dire un poème ? Découvrir les strophes et les vers<br />
Lecture :"Le Voyage" Baudelaire, "Iles" Cocteau, "L'Asie » Follain, "Navigateur solitaire"<br />
Queneau<br />
- Comment lire les vers ? Comment compter les pieds du vers ?<br />
- Comment appelle-t-on les vers de six pieds ? sept ? huit ? dix ? douze ?<br />
- Et les strophes de 2 vers ? 3 ? 4 ? 5 ?<br />
- Comment s’appelle un poème composé de deux tercets et de deux quatrains, comme <strong>«</strong> Le navigateur<br />
solitaire » de Queneau ? Est-ce une forme originale ou régulière ?<br />
Pour lire la poésie correctement, il faut connaître quelques règles :<br />
- le <strong>«</strong> e » compte quand il se trouve à l’intérieur du vers devant consonne<br />
- le <strong>«</strong> e » ne compte pas en fin de vers ou devant voyelle (ou d’un <strong>«</strong> h » muet) à l’intérieur du vers<br />
- un groupe de deux voyelles peut être articulé en 2 syllabes (diérèse : vi-o-lons) ou en une seul (synérèse :<br />
re-nouer)<br />
Remplir le tableau<br />
Le Voyage<br />
Iles<br />
L'Asie<br />
Navigateur<br />
Solitaire<br />
Nombre de<br />
strophes<br />
Apprendre à compter les syllabes<br />
Nombre de vers par<br />
strophe :<br />
nom de strophe<br />
Le mètre du vers et les types de strophes<br />
Nombre de syllabes par vers :<br />
nom de ce type de vers<br />
Poème régulier ou<br />
pas (rythme, vers…)<br />
Un poème est régulier quand il est composé de vers de même longueur : octosyllabes (8 pieds), décasyllabes<br />
(10) et alexandrins (12). Lorsqu'il ne suit pas de règles précises, ce sont des vers libres.<br />
Les strophes les plus fréquentes sont le distique (2 vers), le tercet (3 vers), le quatrain (4 vers), le quintil (5), le<br />
sizain (6)
Ecriture<br />
Choisissez chacun un vers dans les textes proposés et recopiez-le sur une feuille. Mettez-vous par groupes de<br />
trois (tercet), de quatre (quatrain) ou de cinq (quintil) et rassemblez vos vers en cherchant à former la strophe<br />
la plus drôle, la plus insolite ou la plus absurde !<br />
Dictée <strong>III</strong>, A : <strong>«</strong> Le Relais », Nerval<br />
En voyage, on s’arrête, on descend de voiture ;<br />
Puis entre deux maisons on passe à l’aventure,<br />
Des chevaux, de la route et des fouets étourdi,<br />
L’œil fatigué de voir et le corps engourdi.<br />
Et voici tout à coup, silencieuse et verte,<br />
Une vallée humide et de lilas couverte,<br />
Un ruisseau qui murmure entre les peupliers,<br />
Et la route et le bruit sont bien vite oubliés !<br />
On se couche dans l’herbe et l’on s’écoute vivre,<br />
De l’odeur du foin vert à loisir on s’enivre,<br />
Et sans penser à rien on regarde les cieux…<br />
Hélas ! une voix crie : <strong>«</strong> En voiture, messieurs ! »<br />
Gérard de Nerval, <strong>«</strong> Odelettes » in Poésies, 1853<br />
Ce texte (<strong>«</strong> Le Relais », Nerval) sera la poésie à apprendre d’ici la fin de la séquence
Textes de la séquence<br />
Découvrir la poésie : <strong>Voyages</strong> <strong>poétiques</strong><br />
Le Voyage<br />
Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,<br />
L'univers est égal à son vaste appétit.<br />
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !<br />
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !<br />
Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,<br />
Le coeur gros de rancune et de désirs amers,<br />
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,<br />
Berçant notre infini sur le fini des mers :<br />
Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;<br />
D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,<br />
Astrologues noyés dans les yeux d'une femme,<br />
La Circé tyrannique aux dangereux parfums.<br />
Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent<br />
D'espace et de lumière et de cieux embrasés ;<br />
La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,<br />
Effacent lentement la marque des baisers.<br />
Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent<br />
Pour partir ; coeurs légers, semblables aux ballons,<br />
De leur fatalité jamais ils ne s'écartent,<br />
Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !<br />
Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857<br />
Iles<br />
A Palma de Majorque<br />
Tout le monde est heureux.<br />
On mange dans la rue<br />
Des sorbets au citron.<br />
Des fiacres, plus jolis<br />
Que des violoncelles,<br />
Vous attendent au port<br />
Pour vous mettre à l’hôtel.<br />
Racontez-moi encore<br />
Palma des Baléares ;<br />
Je ne connais qu’une île<br />
au milieu de la Marne. […]<br />
Jean Cocteau, <strong>«</strong> Iles »<br />
In Poésies 1916 <strong>–</strong> 1923, Gallimard, 1925
Navigateur Solitaire<br />
Les pieds dans les copeaux l’artisan fait la planche<br />
Il se laisse porter par la lourdeur de l’eau<br />
Il a pris soin de mettre un gilet bien étanche<br />
Pour ne pas disparaître et couler corps et os<br />
C’est ainsi qu’il dérive au milieu de la Manche<br />
En regardant le ciel d’un regard chemineau<br />
Parfois d’une main sûre il écarte une branche<br />
D’algue proliférant en l’humide berceau<br />
Parfois à son côté passe un transatlantique<br />
Tout prêt à l’accueillir c’est lui qui ne veut pas<br />
Il préfère sa course à l’humeur touristique<br />
Parfois à son côté un iceberg tragique<br />
Pourrait bien l’emporter jusques à Wabana<br />
Mais lui tout ce qu’il souhaite est gagner Reykjavik<br />
Raymond Queneau, in Fendre les flots, Gallimard, 1969<br />
L’Asie<br />
Par la fenêtre de l’école<br />
On voyait la carte d’Asie<br />
La Sibérie y était aussi chaude<br />
que l’Inde<br />
Les insectes y cheminaient<br />
De l’Indus au fleuve Amour ;<br />
Au pied du mur<br />
Un homme mangeait sa soupe<br />
Que les fèves rendaient mauve<br />
Il était grave<br />
Et seul au monde.<br />
Jean Follain, <strong>«</strong> L’Asie » in Exister, Gallimard,<br />
1947