Chronologie du Cambodge - Free
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Historique sur les Traités franco-siamois de 1904 et de 1907<br />
les garde-côtes siamois dans le golfe <strong>du</strong> Siam. En juillet 1893, deux canonnières<br />
françaises forcent l'embouchure <strong>du</strong> fleuve Ménam et sont pris sous<br />
les feux des forts siamois, causant des blessés et des morts. Les canonnières<br />
ripostent violemment et se dirigent vers Bangkok où elles menacent directement,<br />
le 14 juillet, le palais <strong>du</strong> roi Chulalongkon-Rama V, et imposent le<br />
blocus <strong>du</strong> Ménam. Le 20, Auguste Pavie (devenu ministre de la France à<br />
Bangkok depuis février 1892) présente au roi un ultimatum dans lequel il<br />
réclame la cession par le Siam à la France la ville lao de Luang Prabang et<br />
toute la rive gauche <strong>du</strong> Mékong, y compris les îles <strong>du</strong> fleuve, ainsi que la<br />
province khmère de Stung Trèng - qui sera intégrée au ... Laos. C'est la<br />
Grande-Bretagne qui presse alors le roi Chulalongkon d'accepter les termes<br />
de l'ultimatum français, ultimatum assorti de garanties telles que la démilitarisation<br />
d'une bande de 25 Km de large sur la rive droite <strong>du</strong> Mékong -<br />
qui n'est qu'une ancienne bande des territoires lao et khmer -, la démilitarisation<br />
également <strong>du</strong> territoire de Battambang-Sisophon-Siemreap et l'occupation<br />
française de la province côtière de Chantaboun (Chantabor),<br />
peuplée de Khmers. Mais, le Siam conserve toujours la province de Krat<br />
(Trat) et l'île Koh Kong. Le traité franco-siamois est signé le 3 octobre 1893,<br />
pour une nouvelle existence <strong>du</strong> Laos, même au détriment des droits <strong>du</strong><br />
<strong>Cambodge</strong>. A partir de 1901, avec l'accord de Bangkok, l'ancienne province<br />
khmère de Krat (Trat), sera également occupée par un résident et une garnison<br />
français, sans doute pour un meilleur contrôle français des transports<br />
maritimes le long <strong>du</strong> littoral cambodgien <strong>du</strong> golfe <strong>du</strong> Siam.<br />
Pour les frontières de l'Indochine française (1904)<br />
Mais, ailleurs, les rapports franco-siamois restent difficiles, car Bangkok<br />
ne tient pas à respecter les termes politiques <strong>du</strong> traité de 1893. En violant<br />
les zones démilitarisées, les incursions des forces siamoises se sont poursuivies<br />
au Laos et dans les provinces <strong>du</strong> nord <strong>du</strong> <strong>Cambodge</strong>, et ont sans cesse,<br />
selon les rapports français, commis des actes de piraterie et de sabotage en<br />
Battambang (Aranh, Poïpet, Sisophon), ainsi que dans les provinces côtières<br />
khmères. D'autre part, en Malaisie, les Anglais décident de nommer des<br />
commissaires dans deux Etats, le Trengganu et le Kelantan, et comptent<br />
traiter directement avec ces derniers, en violation de la Déclaration francoanglaise<br />
de 1896 sur la région, sans que le Siam n'ait réagi. Paul Doumer,<br />
gouverneur général de l'Indochine, renoue ainsi les conversations avec le<br />
Siam et, en 1899, les deux parties reprennent de véritables négociations<br />
sur les questions pendantes <strong>du</strong> Laos en particulier. Cette fois-ci, les négociations<br />
<strong>du</strong>rent, non pas quelques mois comme en 1893, mais cinq ans, pour<br />
aboutir à la Convention signée le 13 février 1904. Si l'idée de la rétrocession<br />
au <strong>Cambodge</strong> des provinces Battambang et Siernreap revient alors confusément<br />
dans les esprits, elle n'est pas dans les revendications françaises.<br />
Historique sur les Traités franco-siamois de 1904 et de 1907<br />
La France tient d'abord à fixer <strong>du</strong> nord et au sud la frontière de l'Indochine<br />
française avec le Siam. Il est à noter que les discussions franco-siamoises se<br />
déroulent sur la base des traités et conventions liant les deux parties depuis<br />
un demi siècle et sur des principes de droit régissant les gens et les relations<br />
internationales de l'époque. Sans aucun doute, elles se font aussi sous la<br />
surveillance intéressée d'autres Puissances occidentales présentes alors au<br />
Siam et dans la région, particulièrement de la Grande-Bretagne. Ainsi, malgré<br />
son évident avantage dans le rapport de force, la France se montre bien<br />
modérée dans ses exigences vis-à-vis <strong>du</strong> Siam, par rapport à celles de la<br />
Grande-Bretagne et, surtout, par rapport aux revendications légitimes <strong>du</strong><br />
Laos et <strong>du</strong> <strong>Cambodge</strong>.<br />
Par le traité de 1904, la France conserve pour le Laos tout le territoire lao<br />
de la rive gauche <strong>du</strong> Mékong, mais laisse celui de la rive droite au Siam,<br />
sauf le territoire de Luang Prabang. Le royaume de Champasak (Pasak),<br />
qui doit être Khmer, est rattaché au Laos. Pour le <strong>Cambodge</strong>, elle lui ramène<br />
les petites provinces de Melou-prey et Tonlé-repou, et accepte que la<br />
ligne de crête de la chaîne <strong>du</strong> Dâng-rèk constitue la frontière avec le Siam.<br />
Au sud, les Français reprennent l'île (Koh) Kong et la province de Krat<br />
(Trat) pour les Khmers et laissent Chantaboun (Chantabor) aux Siamois,<br />
cela pour fixer leurs compétences respectives dans les eaux <strong>du</strong> golfe <strong>du</strong><br />
Siam, après l'incidence de 1893. La Convention de 1904 donne des précisions<br />
topographiques des frontières et une Commission mixte pour leur délimitation<br />
est nommée. Mais, les « gains» français ne sont pas à la hauteur<br />
des attentes <strong>du</strong> <strong>Cambodge</strong>. Loin de là.<br />
Les revendications <strong>du</strong> roi khmer Sisowath (1906)<br />
La Convention de 1904 ne rend pas au <strong>Cambodge</strong> les provinces de Battambang<br />
et Siernreap. Devant les protestations des Khmers, la France préfère<br />
leur retourner Stung Trèng, qui a été récupérée et donnée injustement au<br />
Laos en 1893. Le roi Sisowath, qui vient d'être couronné, réagit vigoureusement.<br />
Dans une lettre <strong>du</strong> 5 novembre 1906 au résident supérieur français<br />
au <strong>Cambodge</strong>, avant que ne soient commencés les travaux de la Commission<br />
de délimitation de la frontière, le roi énumère «(ses) observations et<br />
(ses) réserves ». Il estime que si les Siamois acceptent de rendre ces provinces<br />
khmères, c'est parce qu'ils «n'ont voulu garder plus longtemps en raison<br />
<strong>du</strong> peu d'importance de ces districts ne compensant point leurs frais<br />
d'exploitation, d'administration et d'entretien », mais ils gardent « les provinces<br />
les plus riches de Battambang et de Siemreap », alors que « ces deuxprovinces,<br />
pas plus que d'autres, n'ont jamais été données au Siam par<br />
aucun de mes prédécesseurs ». Le roi revendique donc le retour au <strong>Cambodge</strong><br />
de Battambang et de Siemreap - en précisant que « dans cette dernière<br />
subsistent encore les ruines de l'ancienne puissante capitale de notre<br />
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