Chronologie du Cambodge - Free

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Historique sur les Traités franco-siamois de 1904 et de 1907 Le Siam entre la Grande-Bretagne et la France Cette situation perdure jusqu'en en 1863, quand la France, après avoir colonisé Saigon en 1859 et le Bas-Cambodge (appelé plus tard Cochinchine) en 1861, conclut directement avec le roi Norodom le traité du Protectorat du Cambodge. Ce traité mécontente profondément le Siam qui se dit toujours suzerain de ce pays et qui multiplie des pressions sur le roi Norodom pour que celui-ci le révoque. A l'époque, Bangkok, qui vient aussi d'obtenir que la France vienne à son aide et développer le commerce avec le Siam, n'ose pas dénoncer ouvertement l'acte français au Cambodge. En effet, la grande menace pour le Siam est la Grande-Bretagne, celle ci venant d'annexer la Birmanie à son Empire des Indes (1852), de rattacher l'Inde elle-même à la Couronne britannique (1858), et de contrôler fermement plusieurs Etats de la Malaisie ¬des Etats théoriquement vassaux du Siam. Le contexte général est que la région entière devait être partagée entre ces deux grandes puissances européennes. La préoccupation du Siam est alors de préserver l'indépendance politique de Bangkok, en faisant jouer de la rivalité entre la Grande-Bretagne et la France, tout en essayant de garder le maximum de ses «acqUIs» antérieurs dans la région. En réalité, conscient de l'infériorité technique du Siam, le roi Mongkut- Rama IV, dès son avènement en 1851, ouvre largement son pays au commerce et aux méthodes de gouvernement de l'Occident. Des Anglais et d'autres Européens et Américains sont appelés à diriger directement des administrations civiles et militaires du royaume. D'autre part, le roi dépêche ses ambassadeurs pour négocier des «traités d'amitié, de commerce et de navigation» avec la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France, le Danemark, la Hollande, la Prusse ... Un traité franco-siamois est conclu le 15 août 1856, donnant à la France des avantages commerciaux, assurant la liberté religieuse et permettant aux navires de guerre français, sous certaines conditions, l'accès du fleuve Ménam jusqu'à Bangkok. Le 27 juin 1861, l'empereur français Napoléon III, en signe de considération particulière pour le Siam, reçoit ses ambassadeurs en grande pompe au château de Fontainebleau. Ces prémices de modernisation et ces reconnaissances diplomatiques ont évidemment grandi le prestige du Siam aux yeux de l'Occident - qui le trouve «viable ». La Grande-Bretagne et la France finiront par lui accorder les statuts d'un «Etat tampon». Au Cambodge, le successeur de Bèn, qui gouverne alors le territoire de Battambang-Sisophon-Siernreap, est totalement acquis à la Cour de Bangkok. Historique sur les Traités franco-siamois de 1904 et de 1907 Une victoire diplomatique du Siam (1867) A la signature du traité de protectorat français du Il août 1863, le Cambodge, qui englobe toujours ces trois provinces du nord-ouest, s'est débarrassé de facto de la suzeraineté siamoise. Mais, le 15 juillet 1867, le gouvernement de Paris décide soudainement, par un traité, de les livrer au Siam, ainsi que les provinces côtières de Chantaboun (Chantabor) et Krat (Trat) et les îles environnantes, soi-disant en échange de la recollilaissance formelle siamoise du protectorat français au Cambodge, donc du renoncement du Siam à sa prétendue suzeraineté sur ce pays. Paris a conclu ce traité simplement sur des rapports de son consul à Bangkok - donc sur les indications siamoises -, sans que le roi khmer, le résident français du Cambodge et le gouverneur de la Cochinchine soient consultés, et sans que la situation démographique et politique sur le terrain soit changée. C'est une grande victoire diplomatique de Bangkok. Ce n'est qu'après cette date que commence la siamisation «en douceur» de ces provinces khnlères, face, en fait, à de fortes résistances de la part des populations autochtones - qui refusent d'abord d'apprendre et de parler le siamois (3). La France se rend compte rapidement de son erreur, en particulier à cause de son manque à gagner sur les richesses agricoles de ces provinces amputées du Cambodge, alors que les activités économiques de la région sont tournées vers le Cambodge que vers le Siam et la Grande-Bretagne. Les Français tentent donc de s'implanter plus solidement à Battambang et à Siemreap, cherchant simplement à y faire des affaires, dans le but de ramener ces provinces dans leur sphère économique. Les Khmers, eux, continuent à réclamer auprès des résidents français le retour de ces provinces au Cambodge, mais rien de concret n'est entrepris. Pour le Laos, au détriment du Cambodge (1893) La France se préoccupe alors du Laos qu'elle voudrait coloniser et agrandir. En 1886, Auguste Pavie (alors consul français à Luang Prabang) soulève la question de frontière entre le Siam et le Laos, et une confrontation globale est amorcée afin de déterminer les compétences respectives de la France et du Siam dans la région. Les discussions durent trois ans, sans aucun résultat positif. Pour donner du poids à ses revendications, Bangkok décide d'envoyer ses troupes le long de la rive gauche du Mékong et dans les provinces méridionales laos, de Champasak jusqu'au flan de la chaîne annamitique, cela en dépit des mises en garde répétées des Français. En 1893, les Français passent à la contre-attaque avec ses troupes venant d'Annam, délogent rapidement tous les postes siamois créés le long de la rive gauche du Mékong et commencent d'occuper toute la partie méridionale du Laos. D'autre part, des incidents sont nombreux aussi entre les navires français et 386 387

Historique sur les Traités franco-siamois de 1904 et de 1907 les garde-côtes siamois dans le golfe du Siam. En juillet 1893, deux canonnières françaises forcent l'embouchure du fleuve Ménam et sont pris sous les feux des forts siamois, causant des blessés et des morts. Les canonnières ripostent violemment et se dirigent vers Bangkok où elles menacent directement, le 14 juillet, le palais du roi Chulalongkon-Rama V, et imposent le blocus du Ménam. Le 20, Auguste Pavie (devenu ministre de la France à Bangkok depuis février 1892) présente au roi un ultimatum dans lequel il réclame la cession par le Siam à la France la ville lao de Luang Prabang et toute la rive gauche du Mékong, y compris les îles du fleuve, ainsi que la province khmère de Stung Trèng - qui sera intégrée au ... Laos. C'est la Grande-Bretagne qui presse alors le roi Chulalongkon d'accepter les termes de l'ultimatum français, ultimatum assorti de garanties telles que la démilitarisation d'une bande de 25 Km de large sur la rive droite du Mékong - qui n'est qu'une ancienne bande des territoires lao et khmer -, la démilitarisation également du territoire de Battambang-Sisophon-Siemreap et l'occupation française de la province côtière de Chantaboun (Chantabor), peuplée de Khmers. Mais, le Siam conserve toujours la province de Krat (Trat) et l'île Koh Kong. Le traité franco-siamois est signé le 3 octobre 1893, pour une nouvelle existence du Laos, même au détriment des droits du Cambodge. A partir de 1901, avec l'accord de Bangkok, l'ancienne province khmère de Krat (Trat), sera également occupée par un résident et une garnison français, sans doute pour un meilleur contrôle français des transports maritimes le long du littoral cambodgien du golfe du Siam. Pour les frontières de l'Indochine française (1904) Mais, ailleurs, les rapports franco-siamois restent difficiles, car Bangkok ne tient pas à respecter les termes politiques du traité de 1893. En violant les zones démilitarisées, les incursions des forces siamoises se sont poursuivies au Laos et dans les provinces du nord du Cambodge, et ont sans cesse, selon les rapports français, commis des actes de piraterie et de sabotage en Battambang (Aranh, Poïpet, Sisophon), ainsi que dans les provinces côtières khmères. D'autre part, en Malaisie, les Anglais décident de nommer des commissaires dans deux Etats, le Trengganu et le Kelantan, et comptent traiter directement avec ces derniers, en violation de la Déclaration francoanglaise de 1896 sur la région, sans que le Siam n'ait réagi. Paul Doumer, gouverneur général de l'Indochine, renoue ainsi les conversations avec le Siam et, en 1899, les deux parties reprennent de véritables négociations sur les questions pendantes du Laos en particulier. Cette fois-ci, les négociations durent, non pas quelques mois comme en 1893, mais cinq ans, pour aboutir à la Convention signée le 13 février 1904. Si l'idée de la rétrocession au Cambodge des provinces Battambang et Siernreap revient alors confusément dans les esprits, elle n'est pas dans les revendications françaises. Historique sur les Traités franco-siamois de 1904 et de 1907 La France tient d'abord à fixer du nord et au sud la frontière de l'Indochine française avec le Siam. Il est à noter que les discussions franco-siamoises se déroulent sur la base des traités et conventions liant les deux parties depuis un demi siècle et sur des principes de droit régissant les gens et les relations internationales de l'époque. Sans aucun doute, elles se font aussi sous la surveillance intéressée d'autres Puissances occidentales présentes alors au Siam et dans la région, particulièrement de la Grande-Bretagne. Ainsi, malgré son évident avantage dans le rapport de force, la France se montre bien modérée dans ses exigences vis-à-vis du Siam, par rapport à celles de la Grande-Bretagne et, surtout, par rapport aux revendications légitimes du Laos et du Cambodge. Par le traité de 1904, la France conserve pour le Laos tout le territoire lao de la rive gauche du Mékong, mais laisse celui de la rive droite au Siam, sauf le territoire de Luang Prabang. Le royaume de Champasak (Pasak), qui doit être Khmer, est rattaché au Laos. Pour le Cambodge, elle lui ramène les petites provinces de Melou-prey et Tonlé-repou, et accepte que la ligne de crête de la chaîne du Dâng-rèk constitue la frontière avec le Siam. Au sud, les Français reprennent l'île (Koh) Kong et la province de Krat (Trat) pour les Khmers et laissent Chantaboun (Chantabor) aux Siamois, cela pour fixer leurs compétences respectives dans les eaux du golfe du Siam, après l'incidence de 1893. La Convention de 1904 donne des précisions topographiques des frontières et une Commission mixte pour leur délimitation est nommée. Mais, les « gains» français ne sont pas à la hauteur des attentes du Cambodge. Loin de là. Les revendications du roi khmer Sisowath (1906) La Convention de 1904 ne rend pas au Cambodge les provinces de Battambang et Siernreap. Devant les protestations des Khmers, la France préfère leur retourner Stung Trèng, qui a été récupérée et donnée injustement au Laos en 1893. Le roi Sisowath, qui vient d'être couronné, réagit vigoureusement. Dans une lettre du 5 novembre 1906 au résident supérieur français au Cambodge, avant que ne soient commencés les travaux de la Commission de délimitation de la frontière, le roi énumère «(ses) observations et (ses) réserves ». Il estime que si les Siamois acceptent de rendre ces provinces khmères, c'est parce qu'ils «n'ont voulu garder plus longtemps en raison du peu d'importance de ces districts ne compensant point leurs frais d'exploitation, d'administration et d'entretien », mais ils gardent « les provinces les plus riches de Battambang et de Siemreap », alors que « ces deuxprovinces, pas plus que d'autres, n'ont jamais été données au Siam par aucun de mes prédécesseurs ». Le roi revendique donc le retour au Cambodge de Battambang et de Siemreap - en précisant que « dans cette dernière subsistent encore les ruines de l'ancienne puissante capitale de notre 388 389

Historique sur les Traités franco-siamois de 1904 et de 1907<br />

Le Siam entre la Grande-Bretagne et la France<br />

Cette situation per<strong>du</strong>re jusqu'en en 1863, quand la France, après avoir colonisé<br />

Saigon en 1859 et le Bas-<strong>Cambodge</strong> (appelé plus tard Cochinchine)<br />

en 1861, conclut directement avec le roi Norodom le traité <strong>du</strong> Protectorat <strong>du</strong><br />

<strong>Cambodge</strong>. Ce traité mécontente profondément le Siam qui se dit toujours<br />

suzerain de ce pays et qui multiplie des pressions sur le roi Norodom pour<br />

que celui-ci le révoque. A l'époque, Bangkok, qui vient aussi d'obtenir que la<br />

France vienne à son aide et développer le commerce avec le Siam, n'ose pas<br />

dénoncer ouvertement l'acte français au <strong>Cambodge</strong>. En effet, la grande menace<br />

pour le Siam est la Grande-Bretagne, celle ci venant d'annexer la Birmanie<br />

à son Empire des Indes (1852), de rattacher l'Inde elle-même à la<br />

Couronne britannique (1858), et de contrôler fermement plusieurs Etats de<br />

la Malaisie ¬des Etats théoriquement vassaux <strong>du</strong> Siam. Le contexte général<br />

est que la région entière devait être partagée entre ces deux grandes puissances<br />

européennes. La préoccupation <strong>du</strong> Siam est alors de préserver l'indépendance<br />

politique de Bangkok, en faisant jouer de la rivalité entre la<br />

Grande-Bretagne et la France, tout en essayant de garder le maximum de<br />

ses «acqUIs» antérieurs dans la région.<br />

En réalité, conscient de l'infériorité technique <strong>du</strong> Siam, le roi Mongkut-<br />

Rama IV, dès son avènement en 1851, ouvre largement son pays au commerce<br />

et aux méthodes de gouvernement de l'Occident. Des Anglais et<br />

d'autres Européens et Américains sont appelés à diriger directement des<br />

administrations civiles et militaires <strong>du</strong> royaume. D'autre part, le roi dépêche<br />

ses ambassadeurs pour négocier des «traités d'amitié, de commerce<br />

et de navigation» avec la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la France, le Danemark,<br />

la Hollande, la Prusse ... Un traité franco-siamois est conclu le 15<br />

août 1856, donnant à la France des avantages commerciaux, assurant la liberté<br />

religieuse et permettant aux navires de guerre français, sous certaines<br />

conditions, l'accès <strong>du</strong> fleuve Ménam jusqu'à Bangkok. Le 27 juin 1861, l'empereur<br />

français Napoléon III, en signe de considération particulière pour le<br />

Siam, reçoit ses ambassadeurs en grande pompe au château de Fontainebleau.<br />

Ces prémices de modernisation et ces reconnaissances diplomatiques<br />

ont évidemment grandi le prestige <strong>du</strong> Siam aux yeux de l'Occident - qui le<br />

trouve «viable ». La Grande-Bretagne et la France finiront par lui accorder<br />

les statuts d'un «Etat tampon». Au <strong>Cambodge</strong>, le successeur de Bèn, qui<br />

gouverne alors le territoire de Battambang-Sisophon-Siernreap, est totalement<br />

acquis à la Cour de Bangkok.<br />

Historique sur les Traités franco-siamois de 1904 et de 1907<br />

Une victoire diplomatique <strong>du</strong> Siam (1867)<br />

A la signature <strong>du</strong> traité de protectorat français <strong>du</strong> Il août 1863, le <strong>Cambodge</strong>,<br />

qui englobe toujours ces trois provinces <strong>du</strong> nord-ouest, s'est débarrassé<br />

de facto de la suzeraineté siamoise. Mais, le 15 juillet 1867, le<br />

gouvernement de Paris décide soudainement, par un traité, de les livrer au<br />

Siam, ainsi que les provinces côtières de Chantaboun (Chantabor) et Krat<br />

(Trat) et les îles environnantes, soi-disant en échange de la recollilaissance<br />

formelle siamoise <strong>du</strong> protectorat français au <strong>Cambodge</strong>, donc <strong>du</strong> renoncement<br />

<strong>du</strong> Siam à sa préten<strong>du</strong>e suzeraineté sur ce pays. Paris a conclu ce<br />

traité simplement sur des rapports de son consul à Bangkok - donc sur les<br />

indications siamoises -, sans que le roi khmer, le résident français <strong>du</strong> <strong>Cambodge</strong><br />

et le gouverneur de la Cochinchine soient consultés, et sans que la situation<br />

démographique et politique sur le terrain soit changée. C'est une<br />

grande victoire diplomatique de Bangkok. Ce n'est qu'après cette date que<br />

commence la siamisation «en douceur» de ces provinces khnlères, face, en<br />

fait, à de fortes résistances de la part des populations autochtones - qui refusent<br />

d'abord d'apprendre et de parler le siamois (3).<br />

La France se rend compte rapidement de son erreur, en particulier à cause<br />

de son manque à gagner sur les richesses agricoles de ces provinces amputées<br />

<strong>du</strong> <strong>Cambodge</strong>, alors que les activités économiques de la région sont<br />

tournées vers le <strong>Cambodge</strong> que vers le Siam et la Grande-Bretagne. Les<br />

Français tentent donc de s'implanter plus solidement à Battambang et à<br />

Siemreap, cherchant simplement à y faire des affaires, dans le but de ramener<br />

ces provinces dans leur sphère économique. Les Khmers, eux, continuent<br />

à réclamer auprès des résidents français le retour de ces provinces au<br />

<strong>Cambodge</strong>, mais rien de concret n'est entrepris.<br />

Pour le Laos, au détriment <strong>du</strong> <strong>Cambodge</strong> (1893)<br />

La France se préoccupe alors <strong>du</strong> Laos qu'elle voudrait coloniser et agrandir.<br />

En 1886, Auguste Pavie (alors consul français à Luang Prabang) soulève la<br />

question de frontière entre le Siam et le Laos, et une confrontation globale<br />

est amorcée afin de déterminer les compétences respectives de la France et<br />

<strong>du</strong> Siam dans la région. Les discussions <strong>du</strong>rent trois ans, sans aucun résultat<br />

positif. Pour donner <strong>du</strong> poids à ses revendications, Bangkok décide d'envoyer<br />

ses troupes le long de la rive gauche <strong>du</strong> Mékong et dans les provinces<br />

méridionales laos, de Champasak jusqu'au flan de la chaîne annamitique,<br />

cela en dépit des mises en garde répétées des Français. En 1893, les Français<br />

passent à la contre-attaque avec ses troupes venant d'Annam, délogent<br />

rapidement tous les postes siamois créés le long de la rive gauche <strong>du</strong> Mékong<br />

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