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Chronologie du Cambodge - Free

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J'ai enten<strong>du</strong> dire que, le moment venu, le prêtre entre dans l'appartement<br />

de la jeune fille; il la déflore avec la main et recueille ses prémices<br />

dans <strong>du</strong> vin. On dit aussi que le père et la mère, les parents et les voisins<br />

s'en marquent tous le front, ou encore qu'ils les goûtent. D'aucuns prétendent<br />

aussi que le prêtre s'unit réellement à la jeune fille; d'autres le<br />

nient. Comme on ne permet pas aux Chinois d'être témoins de ces<br />

choses, on ne peut savoir l'exacte vérité.<br />

Quand le jour va poindre, on recon<strong>du</strong>it le prêtre avec palanquins, parasols<br />

et musique.<br />

Il faut ensuite racheter la jeune fille au prêtre par des présents d'étoffes<br />

et de soieries; Sinon elle serait à jamais sa propriété et ne pourrait épouser<br />

personne d'autre.<br />

Ce que j'ai vu s'est passé la sixième nuit de quatrième lune de l'année<br />

Ting-yeou de la période ta-työ (28 avril 1297).<br />

Avant cette cérémonie, le père, mère et filles dormaient dans une<br />

même pièce; désormais, la fille est exclue de l'appartement et va où<br />

elle veut, sans plus de contrainte ni de surveillance.<br />

Quand au mariage, bien que la coutume existe de faire les présents<br />

d'étoffes, c'est là une formalité sans importance. Beaucoup ont d'abord<br />

des rapports illicites avec celle qu'ils épousent ensuite; leurs coutumes<br />

n'ont font pas un sujet de honte, non plus que l'étonnement.<br />

La nuit <strong>du</strong> Tche-t'an il y a parfois dans une seule rue plus de dix familles<br />

qui accomplissent la cérémonie; dans la ville, ceux qui vont au-devant<br />

des bonzes ou des taoïstes se croisent par les rues, il n'est pas d'endroit<br />

où l'on n'entende les sons de la musique.<br />

9. Les esclaves.<br />

Mémoires sur les coutumes <strong>du</strong> <strong>Cambodge</strong> de Tcheou Ta Kouan Mémoires sur les coutumes <strong>du</strong> <strong>Cambodge</strong> de Tcheou Ta Kouan<br />

Comme esclave, on achète des sauvages qui font ce service.<br />

Ceux qui en ont beaucoup en ont plus de cent; ceux qui en ont peu en<br />

ont de dix à vingt; seuls les très pauvres n'en ont pas <strong>du</strong> tout.<br />

Les sauvages sont des hommes des solitudes montagneuses. Ils forment<br />

une race à part qu'on appelle les brigands "Tchouang" (les Tchong).<br />

Amenés dans la ville, ils n'osent pas aller et venir hors des maisons. En<br />

ville, si autour d'une dispute on appelle son adversaire "tchouang", il sent<br />

la haine lui entrer jusqu'à la moelle des os, tant ces gens sont méprisés<br />

des autres hommes.<br />

Jeunes et forts, ils valent la pièce une centaine de bandes d'étoffe ;<br />

vieux et faibles, on peut les avoir pour trente à quarante bandes.<br />

Ils ne peuvent s'asseoir et se coucher que sous l'étage. Pour le service ils<br />

peuvent monter à l'étage, mais alors ils doivent s'agenouiller, joindre les<br />

mains, se prosterner ; après cela seulement ils peuvent s'avancer. Ils appellent<br />

leur maître Pa-t'o (patau) et leur maîtresse mi (mi, mé); pa-t'o signifie<br />

père, et mi mère.<br />

S'ils ont commis une faute et qu'on les batte, ils courbent la tête et reçoivent<br />

la bastonnade sans oser faire le moindre mouvement.<br />

Mâles et femelles s'accouplent entre eux, mais jamais le maître ne voudrait<br />

avoir de relations sexuelles avec eux. Si d'aventure un Chinois arrivé<br />

là-bas, et après son long célibat, a par mégarde une fois commerce<br />

avec quelqu'une de ces femmes et que la maître l'apprenne, celui-ci refuse<br />

le jour suivant de s'asseoir avec lui, parce qu'il a eu commerce avec<br />

une sauvage. Si l'une d'elles devient enceinte des oeuvres de quelqu'un<br />

d'étranger à la maison et met au monde un enfant, le maître ne s'inquiète<br />

pas de savoir qui est le père, puisque la mère n'a pas de rang<br />

civil et que lui-même a profit à ce qu'il ait des enfants; ce sont encore<br />

des esclaves pour l'avenir.<br />

Si des esclaves s'enfuient et qu'on les reprenne, on les marque en bleu<br />

au visage; ou bien on leur met un collier de fer au cou pour les retenir;<br />

d'autres portent ces fers au bras ou aux jambes.<br />

10. Le langage.<br />

Ce pays a une langue spéciale.<br />

Bien que les sons soient voisins des leurs, les gens <strong>du</strong> Champa et <strong>du</strong> Siam<br />

ne le comprennent pas.<br />

Un se dit mei (muï); deux, pie (pi); tois pei (baï); quatre, pan (boun); cinq;<br />

po-lan (pram) ; six po-lan-mei ( pram muï) ; sept, po-lan -pie (pram pir)<br />

; huit, prolan-pei; (pram bei); neuf, p-lan -pan (pram buon); dix, ta (dop);<br />

père, pa-t'o (patau); oncle paternel aussi pa-t'o; mère, mi (mi,mé); tante<br />

paternelle ou maternelle et jusqu'aux voisines d'âge respectable; au mi;<br />

frère aîné, pang (ban) ; soeur aînée, également pang; frère cadet, pouwen<br />

(phaon); oncle maternel, k'i-lai (khlai): mari de la tante paternelle<br />

aussi k'i-lai.<br />

D'une façon générale, ces gens renversent l'ordre des mots.<br />

Ainsi, là où nous disons: cet homme-ci est de Tchan san le frère cadet,<br />

ils diront >: cet homme-là est de Li Sseu l'oncle<br />

maternel, ils diront : un mandarin, pa-ting; un lettré, pan-k'i.<br />

Or, pour dire >, ils ne diront pas pei-che pa-ting,<br />

mais pa-ting pei-che; pour dire ils ne diront pas peiche<br />

pan-k'i, mais pan k'i pei-che; il en est ainsi généralement; Voilà les<br />

grandes lignes.<br />

En outre, les mandarins ont leur style mandarinal de délibérations; les<br />

lettrés ont leurs conversations soignées de lettrés ; les bonzes et les<br />

taoïstes ont leur langage de bonzes et de taoïstes ; les parlers des villes<br />

et des villages différent. C'est absolument le même cas qu'en Chine.<br />

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