Bulletin 27 - Association des amis de Raoul Salan
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4ème # 27 trimestre 2010 les amis de raoul salan le bulletin - Le général Salan en 1960 (suite) Conférence de presse -Bigeard - Missions en Espagne A. de Gorostarzu (suite) - Colonel Godard (suite) association «les amis de raoul salan» 24, rue alain chartier - 75015 Paris - www.salan.asso.fr - info@salan.asso.fr
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4ème #<br />
<strong>27</strong> trimestre 2010<br />
les <strong>amis</strong> <strong>de</strong> raoul salan<br />
le bulletin<br />
- Le général <strong>Salan</strong> en 1960 (suite)<br />
Conférence <strong>de</strong> presse<br />
-Bigeard<br />
- Missions en Espagne A. <strong>de</strong> Gorostarzu (suite)<br />
- Colonel Godard (suite)<br />
association «les <strong>amis</strong> <strong>de</strong> raoul salan»<br />
24, rue alain chartier - 75015 Paris - www.salan.asso.fr - info@salan.asso.fr
Le général <strong>Salan</strong> en 1960<br />
5<br />
L’expression publique du désaccord fondamental du général <strong>Salan</strong> avec la politique algérienne du<br />
général <strong>de</strong> Gaulle, déjà manifestée à Alger en septembre, est renouvelée solennellement lors <strong>de</strong> la<br />
conférence <strong>de</strong> presse - en fait une déclaration - tenue le 25 octobre dans les salons <strong>de</strong> l’Hôtel d’Orsay.<br />
Quelques jours plus tard, ce sera le départ pour l’Espagne en compagnie du capitaine Ferrandi.<br />
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Georges Bidault et le général André Zeller assistent à la conférence <strong>de</strong> presse du général <strong>Salan</strong><br />
11<br />
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Bigeard<br />
1<br />
Il y eut, semble-t-il, <strong><strong>de</strong>s</strong> problèmes <strong>de</strong> transmission <strong><strong>de</strong>s</strong> ordres par radio<br />
2<br />
Sur l’affaire du bazooka, voir les articles <strong>de</strong> Jean-Paul Angelelli parus dans les numéros 11 à 14 du bulletin<br />
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12<br />
Beaucoup a été dit et écrit dans les média sur Bigeard, après sa mort intervenue le 18 juin<br />
2010, sur le combattant hors du commun qu’il a été en Indochine et en Algérie. Jean-Paul<br />
Angelelli rappelle quelques éléments <strong><strong>de</strong>s</strong> relations pas toujours faciles, spécialement en mai<br />
1958, entre le général <strong>Salan</strong> et Bigeard<br />
Bigeard et <strong>Salan</strong><br />
Décédé à Toul le 18 juin 2010, le général Bigeard a connu <strong><strong>de</strong>s</strong> obsèques solennelles le 21<br />
juin dans la cathédrale <strong>de</strong> Toul où le prési<strong>de</strong>nt Giscard d’Estaing lui a rendu un émouvant<br />
hommage en le saluant comme « la <strong>de</strong>rnière figure emblématique du soldat dans notre<br />
histoire militaire » Le Général <strong>Salan</strong> a souvent parlé <strong>de</strong> lui dans <strong>de</strong>ux livres <strong>de</strong> ses<br />
mémoires (tomes 2 et 3: Fin d’un Empire, Presses <strong>de</strong> la Cité, 971 et 1972)<br />
En faisant son éloge <strong>de</strong> combattant avec émotion et respect..<br />
Mais pour la petite histoire (qui contribue à la gran<strong>de</strong>), il faut bien signaler ici et là quelques<br />
frictions.<br />
Par exemple en Indochine ; en octobre 1952, lors <strong>de</strong> l’évacuation du poste <strong>de</strong> Tulé dans le<br />
Nord Ouest du Tonkin. Le général <strong>Salan</strong> avait donné l’ordre d’évacuer le poste « sans<br />
tar<strong>de</strong>r ». Bigeard le fait mais avec un certain retard 1 . Il fut talonné par une division vietminh,<br />
à travers le relief et la jungle ; un retrait pénible avec blessés et pertes jusqu’à Na San. Ce<br />
qui restait du bataillon <strong>de</strong> Bigeard fut sauvé <strong>de</strong> justesse par l’intervention d’un bataillon thaï<br />
(presqu’entièrement exterminé) aux ordres <strong>de</strong> .l’adjudant Peyrol. A Hanoï, <strong>Salan</strong> fit<br />
remarquer à Bigeard qu’il lui <strong>de</strong>vait la vie.<br />
En Algérie le général <strong>Salan</strong> qui prit ses fonctions en 1957 a admiré l’action du régiment <strong>de</strong><br />
Bigeard, le 3 ème RPC et <strong>de</strong> ses hommes dans la première phase <strong>de</strong> la bataille (dans la secon<strong>de</strong><br />
aussi) d’Alger où Bigeard cassa les premiers réseaux terroristes du F.L.N. et captura l’un<br />
<strong>de</strong> ses grands chefs Larbi ben M’hidi,. Sans être responsable <strong>de</strong> son exécution.<br />
Mais le général <strong>Salan</strong> fut plus critique quand il apprit les relations entre Bigeard et le ministre<br />
<strong>de</strong> la Défense Nationale, le gaulliste Chaban Delmas. Qui le soutint dans son projet <strong>de</strong> créer<br />
le centre anti-guérilla Jeanne d’Arc à Philippeville, créa une antenne (politique) à Alger<br />
dirigée par Léon Delbecque et aurait même préparé en 1958 un coup qui <strong>de</strong>vait ramener au<br />
pouvoir le général <strong>de</strong> Gaulle.<br />
De plus, <strong>de</strong> Paris, Chaban poussait au remplacement du général <strong>Salan</strong> par le général Cogny<br />
(en poste au Maroc). Or, sans entrer dans les détails, le général <strong>Salan</strong> témoignait d’une grand<br />
méfiance pour Cogny et sa possible implication dans l’affaire du bazooka 2 . A noter que le 11<br />
mai 1958 Chaban, qui n’était plus ministre (le gouvernement venait d’être renversé), était<br />
venu à Philippeville pour procé<strong>de</strong>r au jumelage avec Bor<strong>de</strong>aux. Mais en même temps il avait<br />
eu <strong><strong>de</strong>s</strong> contacts avec le général Gilles commandant l’Est Constantinois et son adjoint le<br />
colonel Bigeard. Chaban aurait même proposé à Gilles <strong>de</strong> remplacer .<strong>Salan</strong>.. ..<br />
Le Général <strong>Salan</strong> savait .tout cela. Dans la publication «La guerre d’Algérie» d’Yves<br />
Courriére, le colonel Trinquier a rapporté (P.1253-4), les confi<strong>de</strong>nces que lui fit le général.<br />
On est le 14 mai 58. Evoquant Delbecque, <strong>Salan</strong> dit »… « Je sais qu’il grenouille ici <strong>de</strong>puis<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> mois avec l’appui constant <strong>de</strong> Chaban-Delmas sans que je puisse rien faire. Je suis à peu<br />
prés au courant <strong>de</strong> leurs projets. Mais avec Massu vous avez démoli leur plan <strong>de</strong> bataille (1).
13<br />
L’opération <strong>de</strong>vait être menée par Gilles, Bigeard et Cie.; ils <strong>de</strong>vaient d’abord<br />
m’arrêter .mais ils n’ont toujours pas bougé. Pour eux, l’heure est maintenant passée. Il y a<br />
longtemps que je suis au courant <strong>de</strong> leurs manigances. Mais je n’y pouvais rien »<br />
Le 15 mai, le len<strong>de</strong>main, <strong>Salan</strong> vit arriver à Alger le général Gilles venu <strong>de</strong> Constantine avec<br />
Bigeard. A Constantine la situation est difficile. Il y a eu <strong><strong>de</strong>s</strong> heurts entre les C.R.S. et la<br />
population civile ralliée au 13 mai. <strong>Salan</strong> leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> regagner d’urgence la ville pour<br />
la reprise en main. Ce qu’ils firent. Au mois d’août, Bigeard fut rappelé en métropole. Plus<br />
tard, on retrouvera Bigeard en Algérie à la tête du Secteur <strong>de</strong> Saïda. De ce secteur, au<br />
moment <strong><strong>de</strong>s</strong> barrica<strong><strong>de</strong>s</strong> (fin janvier 60), il lança un message <strong>de</strong> sympathie aux insurgés. Qu’il<br />
aurait plus tard démenti mais ceci explique que De Gaulle l’ait éloigné <strong>de</strong> l’Algérie pour<br />
l’envoyer en Afrique Noire et à Madagascar. Bigeard a donc pu connaître à divers moments<br />
une tentation politique. Ce qui ne diminue en rien ses exploits militaires et sa brillante et<br />
glorieuse personnalité.<br />
Bigeard vu par Joseph Kessel<br />
Le mensuel <strong>de</strong> luxe "femina<br />
illustration", dirigé par Hélène<br />
Gordon-Lazareff, dont la rédactrice<br />
en chef était Michèle Rosier, le<br />
directeur <strong>de</strong> la rédaction Louis<br />
Martin-Chauffier et le directeur<br />
littéraire Roger Nimier, a publié<br />
dans son numéro <strong>de</strong> juin 1956 un<br />
long article <strong>de</strong> Joseph Kessel sur<br />
Bigeard qu’il est allé rencontrer à<br />
Bône en mai 1956. Kessel a intitulé<br />
cet article :<br />
« Bigeard, le magnétique, m’a<br />
convaincu, envoûté ».<br />
Joseph Kessel était parti <strong>de</strong> Paris<br />
pour Bône en s’étant interdit <strong>de</strong> se<br />
construire une image <strong>de</strong> lui.<br />
« Trois campagnes illustres en<br />
Indochine, lieutenant-colonel à 38<br />
ans… Nommé en plein enfer <strong>de</strong><br />
Dien Bien Phu... La religion <strong>de</strong> la<br />
forme physique, une indépendance<br />
ombrageuse, orageuse. Vingt-cinq<br />
citations…Figure <strong>de</strong> légen<strong>de</strong> dans<br />
l’armée et commençant à le<br />
<strong>de</strong>venir dans la tradition<br />
populaire …Telles étaient les<br />
données abstraites que j’avais et<br />
que je ne voulais pas habiller <strong>de</strong><br />
traits préconçus. Je connais trop<br />
les pièges <strong>de</strong> l’imagination. »<br />
LES AMIS DE 13 RAOUL SALAN<br />
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14<br />
Extraits<br />
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15<br />
Quand la "gran<strong>de</strong> presse" célébrait l’armée française en Algérie<br />
14 juillet 1956<br />
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Missions en Espagne<br />
Avec <strong>Salan</strong> (suite)<br />
Avant le ‘’Putsch’’ du 22 avril 1961<br />
Février : reprise <strong><strong>de</strong>s</strong> liaisons avec l’Espagne<br />
Le général Jacques Faure prend contact avec moi. A différentes reprises, il me fixa ren<strong>de</strong>zvous.<br />
Ici ‘’ Jacques <strong>de</strong> Talence ‘’, tel était le moyen d’i<strong>de</strong>ntification au début <strong>de</strong> chaque<br />
communication. Sa voix était facile à reconnaître.<br />
Nos rencontres avaient lieu soit dans sa propriété ‘’ Les Charmes ‘’ en bordure <strong>de</strong> la<br />
nationale 10 à Talence d’où madame Faure, née Kappelhoff-Lancon , était originaire soit<br />
dans un restaurant <strong>de</strong> routiers à Laboueyre , à mi chemin entre Bor<strong>de</strong>aux et Bayonne.<br />
Après chaque entrevue avec Faure, je repartais pour Madrid, rendre compte.<br />
Les évènements semblent se précipiter. Tixier-Vignancour est <strong>de</strong> retour à Madrid.<br />
« Susini m’annonce que Me Tixier-Vignancour arrive ce soir à Madrid… L’humeur du<br />
général s’en trouve considérablement assombrie : il n’a pas oublié l’imbroglio du mois <strong>de</strong><br />
décembre <strong>de</strong>rnier. » (19 mars )<br />
« J’ai eu droit au déjeuner à une très violente diatribe <strong>de</strong> la part du général contre Tixier-<br />
Vignancour. Il m’affirme qu’il ne le reverra sous aucun prétexte et m’interdit <strong>de</strong> le rencontrer.<br />
Les évènements <strong>de</strong> décembre <strong>de</strong>rnier reviennent sans cesse dans ses propos… » (21 mars)<br />
« Avant <strong>de</strong> quitter Madrid, Me Tixier Vignancour n’a pas pu s’empêcher <strong>de</strong> faire une<br />
déclaration à la presse… Je connais trop bien l’actuel état d’esprit <strong>de</strong> <strong>Salan</strong> : son<br />
ressentiment est encore trop violent pour accepter d’envisager une quelconque médiation ou<br />
un quelconque accommo<strong>de</strong>ment. » (600 jours avec <strong>Salan</strong>, Jean Ferrandi, 23 mars, page 108 ).<br />
Le général Faure " clan<strong><strong>de</strong>s</strong>tinement" à Madrid.<br />
« "L’événement" si souvent annoncé par <strong>Salan</strong> et toujours vainement attendu va-t-il enfin se<br />
produire ? La visite que nous recevons aujourd’hui est cette fois capitale. Il s’agit du général<br />
Jacques Faure qui vient <strong>de</strong> passer clan<strong><strong>de</strong>s</strong>tinement la frontière. » (600 jours avec <strong>Salan</strong>, Jean<br />
Ferrandi, 24 mars, page 108 )<br />
Le 23 mars, en début d’après-midi, Maury et Jean Bagieu, tous <strong>de</strong>ux membres actifs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
Anciens Combattants <strong>de</strong> l’Union Française à Bor<strong>de</strong>aux, conduisirent le général Faure dans un<br />
petit bistrot situé à Biarrotte sur la R N 117 où je le récupérais.<br />
Ce jour là, je fis la connaissance <strong>de</strong> Bagieu qui apporta une énorme contribution à notre<br />
combat pour la sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Algérie. Après avoir passé quatre ans en prison à l’île <strong>de</strong> Ré,<br />
il s’installera dans sa région d’origine, dans mon village, où nous avons travaillé ensemble et<br />
conservé <strong><strong>de</strong>s</strong> relations très amicales.<br />
Elisabeth, le général Faure et moi, avons rejoint le village basque <strong>de</strong> Dantcharria où nous<br />
attendait « Henri » frère <strong>de</strong> « Louis » qui en décembre avait assuré le ‘’ <strong>de</strong>uxième relais’’<br />
véhiculant <strong>Salan</strong> et Ferrandi entre Burgos et San Augustin.<br />
Nous avions l’impression que <strong>de</strong> nombreux basques, sous le contrôle d’Henri se trouvaient<br />
dans le secteur pour une surveillance discrète.<br />
Elisabeth nous a quittés ramenant notre voiture, alors que Faure, Henri et moi, en empruntant<br />
le chemin très connu, dit <strong><strong>de</strong>s</strong> contrebandiers », sommes arrivés en Espagne. Quelques<br />
centaines <strong>de</strong> mètres plus loin, dans une ferme amie, Louis nous attendait. Il sera notre<br />
chauffeur durant tout ce voyage.<br />
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17<br />
A Madrid, par sécurité, Faure et Louis passeront la nuit dans la voiture. Quant à moi, déjà<br />
i<strong>de</strong>ntifié, je <strong><strong>de</strong>s</strong>cendis à l’hôtel, permettant à mes compagnons d’utiliser ma chambre, au petit<br />
matin. Le 24 mars, à l’hôtel Princesa, Faure rencontrera longuement <strong>Salan</strong>, Ferrandi et Susini.<br />
Dans l’après-midi nous repartons, passons la nuit à Pampelune dans un refuge <strong>de</strong><br />
contrebandiers et traversons la frontière à Hendaye, Jacques Faure étant muni d’un faux<br />
passeport. Le général Faure restera, durant son escapa<strong>de</strong> espagnole, un passager clan<strong><strong>de</strong>s</strong>tin<br />
non recherché et non i<strong>de</strong>ntifié.<br />
En mission auprès du général Maurice Challe<br />
Le 26 mars, ma femme reçoit à déjeuner le général et Madame Faure à Saint Vincent <strong>de</strong><br />
Tyrosse. Ils resteront une partie <strong>de</strong> l’après-midi. Ce n’est pas, bien sûr, pour faire du tourisme<br />
qu’ils ont fait ce déplacement <strong>de</strong>puis Talence. Le <strong>27</strong> mars Elisabeth donne naissance dans une<br />
clinique <strong>de</strong> Bayonne à notre cinquième enfant, Caroline. Le mé<strong>de</strong>cin s’étonnera <strong>de</strong> ne jamais<br />
me voir. Le 28 mars, j’ai repris le chemin <strong>de</strong> Madrid où je reste plusieurs heures en<br />
compagnie <strong>de</strong> <strong>Salan</strong> et Susini.<br />
C’est avec une lettre écrite par le général <strong>Salan</strong> d’une part, et un message oral très précis,<br />
d’autre part, que je rentre en France puis prends le train pour Paris afin <strong>de</strong> rencontrer le<br />
général Maurice Challe.<br />
Lorsque je sonne à la porte du général Challe, sans avoir pris contact au préalable bien<br />
évi<strong>de</strong>mment, je sais qu’il est là. Le général Faure m’avait précisé qu’il avait ren<strong>de</strong>z-vous avec<br />
lui un quart d’heure plutôt. Nous <strong>de</strong>vions faire comme si nous ne nous connaissions pas.<br />
Un employé en veste blanche m’ouvrit la porte et aussitôt le Général apparut. Après m’être<br />
présenté et lui avoir dévoilé l’objet <strong>de</strong> ma visite, le général, très aimable, me fit entrer dans le<br />
salon où se trouvait Jacques Faure. Mon nom <strong>de</strong> famille ne lui était pas inconnu ; il avait<br />
connu dans l’armée un <strong>de</strong> mes oncles. L’entretien s’est déroulé dans une excellente<br />
atmosphère, il m’a offert un whisky.<br />
Le général a pris connaissance <strong>de</strong> la lettre et entendu le message oral. Il m’a dit textuellement :<br />
vous direz au général <strong>Salan</strong> que :<br />
- « Je suis prêt à participer à cette action en Algérie, mais je ne peux pas prendre une<br />
décision définitive sans m’être mis d’accord avec le général Zeller qui est à Nancy<br />
aujourd’hui. »<br />
- « Je mets une condition qui est pour moi fondamentale : il ne faut pas qu’une goutte<br />
<strong>de</strong> sang soit versée. »<br />
Voilà les <strong>de</strong>ux points essentiels <strong>de</strong> cette longue conversation au cours <strong>de</strong> laquelle « d’autres<br />
sujets furent abordés. » Le général Challe avait pris sa décision.<br />
Première rencontre avec le général Edmond Jouhaud<br />
En quittant le domicile du général Challe, Jacques Faure et moi partîmes rejoindre chez<br />
André Regard, lui aussi présent, boulevard Malesherbes, le général Edmond Jouhaud et Yves<br />
Gignac.<br />
Assis à sa gauche autour d’une table, ce qui m’a instantanément frappé chez le général<br />
Jouhaud, c’est sa gentillesse, la spontanéité <strong>de</strong> sa parole, la franchise émanant <strong>de</strong> son regard.<br />
Je n’avais jamais rencontré auparavant ce personnage attachant. Durant les cinq premières<br />
minutes, je lui racontais mon voyage en Algérie en novembre, le message que le général<br />
<strong>Salan</strong> m’avait confié pour lui et l’impossibilité <strong>de</strong> le rencontrer. Sa réponse m’a déconcerté.<br />
« Vous direz au général <strong>Salan</strong> que je ne l’ai jamais trahi. »<br />
Je savais qu’il y avait eu <strong><strong>de</strong>s</strong> malentendus, conséquence <strong><strong>de</strong>s</strong> difficultés <strong>de</strong> communication,<br />
mais il y eut <strong><strong>de</strong>s</strong> initiatives individuelles voulues et malheureuses qui laissèrent<br />
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18<br />
volontairement le général Jouhaud dans l’ignorance et le général <strong>Salan</strong> sciemment trompé,<br />
victime <strong>de</strong> fausses informations. Le général Jouhaud décrivit la nature et l’importance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
moyens dont il pensait pouvoir disposer en Algérie, en particulier dans le domaine aérien. Il<br />
insista longuement pour que je sois son interprète pour dire à <strong>Salan</strong> combien il le soutiendrait<br />
dans leur combat commun pour la sauvegar<strong>de</strong> <strong>de</strong> sa terre algérienne.<br />
Pendant cette réunion, j’ai été surpris <strong>de</strong> voir Robert Lalfert traverser la pièce sans nous<br />
regar<strong>de</strong>r.<br />
Muni d’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> messages oraux pour le général <strong>Salan</strong>, je pris congé <strong>de</strong> cette haute<br />
assemblée pour rejoindre Madrid.<br />
Installé dans le train à la gare d’Austerlitz, surgit dans mon compartiment un Yves Gignac<br />
essoufflé que je venais <strong>de</strong> quitter boulevard Malesherbes et qui parcourait les wagons à ma<br />
recherche.<br />
« J’ai oublié <strong>de</strong> te donner un document pour "l’oncle <strong>Raoul</strong>". Il faut absolument le remettre<br />
à lui seul. Je ne lui posais pas <strong>de</strong> question et il ne m’en dit pas davantage. C’était une<br />
enveloppe en papier marron type administratif. »<br />
Gignac partit, le train aussi, j’étais joyeux, ma mission à Paris était terminée, tout avait bien<br />
fonctionné. Le len<strong>de</strong>main, je prendrai la route pour Madrid.<br />
Madrid Hôtel Princesa. Le document " Gignac"<br />
Le général <strong>Salan</strong>, Susini, Ferrandi m’attendaient. Ils étaient <strong>de</strong>bout tous les trois, Susini à<br />
droite du général, Ferrandi à gauche. Ce tableau est resté gravé dans ma mémoire.<br />
Gignac ne m’en avait pas assez dit ; en arrivant, je les saluais tous les trois puis remis à <strong>Salan</strong><br />
l’enveloppe en papier marron confiée par Gignac. <strong>Salan</strong> la prit avec ses <strong>de</strong>ux mains. Dans la<br />
secon<strong>de</strong> qui suivit, Ferrandi la subtilisa. Je n’y attachais pas d’importance.<br />
Plus tard, bien plus tard, Gignac, à Paris me <strong>de</strong>manda pourquoi je n’avais pas remis ce pli et<br />
bien sûr je lui racontais comment cela s’était passé. Le général a donc été le seul à ignorer que<br />
Ferrandi, son principal et plus proche collaborateur, avait été condamné à une lour<strong>de</strong> peine <strong>de</strong><br />
prison sans en connaître ni la durée ni le motif.<br />
« Ma sieste a été interrompue, au début <strong>de</strong> l’après-midi par un coup <strong>de</strong> téléphone d’un<br />
journaliste parisien me <strong>de</strong>mandant ce que je pensais <strong>de</strong> la condamnation dont je viens d’être<br />
l’objet. Et c’est ainsi que j’apprends qu’un tribunal <strong>de</strong> Marseille m’a condamné à 10 ans <strong>de</strong><br />
détention criminelle. Motif : désertion. (600 jours avec <strong>Salan</strong>, Jean Ferrandi, 29 mars, page<br />
110) »<br />
« Je ne peux m’empêcher ensuite <strong>de</strong> me souvenir <strong>de</strong> la question que m’a posée Challe dès<br />
qu’il m’a eu reconnu auprès <strong>de</strong> <strong>Salan</strong> : A combien avez vous été condamné ? A dix ans mon<br />
général, ai-je répondu. » (600 jours avec <strong>Salan</strong>, Jean Ferrandi, 23 avril, page 125) »<br />
Notre discussion, avec <strong>Salan</strong> Susini et Ferrandi, a duré <strong><strong>de</strong>s</strong> heures ; j’ai raconté tout <strong>de</strong> que<br />
j’avais vu et entendu et répondu à toutes les questions posées.<br />
La nuit passée chez Lagaillar<strong>de</strong> sans Lagaillar<strong>de</strong><br />
En fin <strong>de</strong> journée, Susini m’a invité à passer la soirée et la nuit dans l’appartement qu’il<br />
occupait provisoirement avec sa femme. C’était le logis du sympathique mais turbulent<br />
Lagaillar<strong>de</strong>, rencontré à différentes reprises à Madrid, expédié passer quelques jours chez<br />
les moines, hors <strong>de</strong> la capitale pour effectuer une " retraite", ce que j’ai eu du mal à croire.<br />
Je fis la connaissance cette nuit là <strong>de</strong> Philipe Castille, mon camara<strong>de</strong> du 11ème Bataillon<br />
Parachutiste <strong>de</strong> Choc.<br />
Condamné pour avoir essayé <strong>de</strong> tuer <strong>Salan</strong> sur ordre supérieur dans l’affaire du " Bazooka",<br />
libéré au moment <strong><strong>de</strong>s</strong> « Barrica<strong><strong>de</strong>s</strong> », il était maintenant reçu à la table du général <strong>Salan</strong>. Nous<br />
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19<br />
avons beaucoup sympathisé.<br />
Jean-Jacques Susini, me paru être un personnage hors du commun, très sympathique, ayant<br />
une capacité d’analyse étonnante, <strong><strong>de</strong>s</strong> yeux d’acier pétillants d’intelligence, ne posant que <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
questions pertinentes. Il voulait tout savoir par rapport à mes entretiens parisiens. Nous avons<br />
discuté jusqu’au petit matin.<br />
Le"Top"<br />
En gare <strong>de</strong> Bayonne, j’accueillis, venu <strong>de</strong> Paris entre <strong>de</strong>ux trains, le colonel Romain-<br />
Desfossés qui me communiqua le Top à transmettre au général <strong>Salan</strong>. Le "Top" fut véhiculé à<br />
Madrid par l’efficace "Louis" à qui le général <strong>de</strong>manda <strong>de</strong> porter un cierge à la grotte <strong>de</strong><br />
Lour<strong><strong>de</strong>s</strong>, ce qu’il fît. A son retour, Louis me remis le message suivant figurant en annexe.<br />
Mon cher Arnaud<br />
Le 19 avril 1961<br />
Bien reçu votre message.<br />
Nous tenons prêts à exécuter par nos propres moyens.<br />
Je vous fais essentiellement confiance pour la retransmission du message.<br />
Que Dieu soit avec nous. Merci.<br />
Affectueusement.<br />
<strong>Salan</strong><br />
Le message qui <strong>de</strong>vait être diffusé sur les on<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> la radio en Algérie a été entendu par un<br />
certain nombre <strong>de</strong> personnes et retransmis. Ce message était :<br />
"La chambre <strong>de</strong> bonne a été cambriolée"<br />
Le putsch eût lieu avec 24 heures <strong>de</strong> retard.<br />
Par la radio, j’appris que le général Faure avait été arrêté, à Paris, en possession <strong>de</strong> son carnet<br />
d’adresses. Le dimanche soir à l’entrée <strong>de</strong> la nuit, pendant que Debré et Malraux,<br />
complètement affolés, gesticulaient sur les antennes, survint ce qui suit.<br />
Le propriétaire du bar restaurant "Les Gourmets" situé en bordure <strong>de</strong> la RN 10 à proximité <strong>de</strong><br />
mon domicile à St Vincent <strong>de</strong> Tyrosse vint me voir tenant ces propos :<br />
« Mon établissement est fermé, il y a chez moi le sous préfet et le commissaire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
renseignements généraux <strong>de</strong> Dax. Ils veulent vous voir. »<br />
C’est une plaisanterie, répondis-je.<br />
« Je vous affirme qu’il ne vous arrivera rien. »<br />
C’est ainsi que j’ai passé une partie <strong>de</strong> la nuit accoudé au bar avec le sous préfet dont le nom<br />
m’échappe, officier <strong>de</strong> la légion d honneur, et Lartigau, pied noir, disait-il, chevalier <strong>de</strong> la<br />
légion d’honneur, responsable <strong><strong>de</strong>s</strong> Renseignements Généraux <strong>de</strong> la circonscription <strong>de</strong> Dax,<br />
que je commençais à bien connaître.<br />
Ces messieurs ont beaucoup bu, le chauffeur attendait <strong>de</strong>hors. Ils ne se sont pas aperçu que je<br />
n’avais pas consommé une seule goutte d’alcool, les fleurs situées à mes côtés ont absorbé la<br />
totalité <strong><strong>de</strong>s</strong> verres <strong>de</strong> cognac.<br />
Ces " personnalités" sont venues me voir pour se dédouaner, pensant que le régime allait<br />
sombrer, que le putsch allait réussir. Avant <strong>de</strong> nous quitter, ils m’ont dit tous les <strong>de</strong>ux que je<br />
pouvais reprendre mon travail et que si je <strong>de</strong>vais être arrêté, ils me feraient prévenir au<br />
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20<br />
préalable. Si je raconte cette anecdote, c’est pour bien montrer quel était le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> fébrilité<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> fonctionnaires au service du Pouvoir.<br />
Malheureusement, c’était l’échec.<br />
« Du 1 er REP lui même, il restait une compagnie. C’était là les seuls soldats <strong>de</strong>meurés<br />
fidèles à l’Algérie. A leur tête, <strong>de</strong>ux silhouettes athlétiques, celle d’un survivant <strong>de</strong><br />
Büchenwald et d’un ancien <strong><strong>de</strong>s</strong> FTP, le commandant <strong>de</strong> Saint Marc et le lieutenant Degueldre.<br />
Puis une ombre fine, nerveuse, le capitaine Sergent. La partie était irrémédiablement perdue,<br />
mais Alger ne le savait pas. »<br />
(Histoire <strong>de</strong> l’OAS, La Table Ron<strong>de</strong>, Jean Jacques Susini, 1963, page 41)<br />
(A suivre)<br />
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1<br />
Le préfet Verdier, directeur <strong>de</strong> la Sûreté Nationale<br />
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21<br />
Le colonel Godard en janvier 1960 (IV)<br />
La journée du 24 janvier 1960 (suite)<br />
Il 1 opine du bonnet, m’inon<strong>de</strong> <strong>de</strong> "cher ami" et <strong>de</strong> mots aimables. Je sais bien qu’on a<br />
beaucoup d’usage dans la Préfectorale mais je ne doute quand même pas que, dix jours plus<br />
tard, le même Verdier, venant à Alger en commission d’enquête, aura tellement peur <strong>de</strong> se<br />
compromettre qu’il refusera <strong>de</strong> me rencontrer !<br />
A trois heures et <strong>de</strong>mie, il y a à peine trois pelés et un tondu <strong>de</strong>vant la Compagnie Algérienne<br />
mais on s’agite beaucoup dans l’entourage d’Ortiz pour relancer le cirque. Il faut d’abord<br />
retrouver un public. Des voitures, décuplées sur toute la ville, usent du haut parleur et du<br />
klaxon pour inviter la population à reprendre le chemin <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Poste. Des groupes <strong>de</strong><br />
jeunes gens, plus ou moins contrôlés, font aussi évacuer <strong><strong>de</strong>s</strong> cinémas et <strong><strong>de</strong>s</strong> cafés. Pour donner<br />
un sens à cette reprise, un style et <strong><strong>de</strong>s</strong> objectifs sont définis : manifestations "sur le tas" pour<br />
arracher, avec le retour <strong>de</strong> Massu, <strong><strong>de</strong>s</strong> engagements plus précis que ceux du 16 septembre.<br />
Ceux qui ont accès aux micros <strong><strong>de</strong>s</strong> U.T., sont - c’est indéniable - grisés par leur succès du<br />
matin et cherchent à l’exploiter à fond. En choisissant l’arme <strong>de</strong> l’inertie, Ortiz respecte ses<br />
engagements vis à vis <strong>de</strong> Challe mais, en prétendant "rester sur place le temps qu’il faudra", il<br />
semble oublier les limites qu’il a admises. Alors, les plus durs parlent déjà d’une grève<br />
générale illimitée. Susini apporte lui aussi une pierre à l’édifice. Alors qu’il n’a jamais su et<br />
ne saura jamais que diviser, il annonce, <strong>de</strong> façon solennelle, la réalisation d’une véritable<br />
unité <strong><strong>de</strong>s</strong> Mouvements Nationaux! Ce ne sont là que <strong><strong>de</strong>s</strong> mots, mais ces mots sont tentants<br />
pour <strong><strong>de</strong>s</strong> gens, maintenant restaurés, qui croient avoir, dans la matinée, remporté une gran<strong>de</strong><br />
victoire. Pour ne pas en perdre le fruit ils reviennent donc nombreux et, à partir <strong>de</strong> quatre<br />
heures meublent à nouveau le Plateau <strong><strong>de</strong>s</strong> Glières, en rangs serrés. Il y a parmi eux beaucoup<br />
<strong>de</strong> femmes et <strong>de</strong> gosses que ce matin <strong><strong>de</strong>s</strong> familles entières, rentrant <strong>de</strong> Aïn Taya ou <strong>de</strong> Sidi<br />
Ferruch, viennent renforcer ceux qui ont sacrifié leur dimanche. Ne suffit-il pas <strong>de</strong> se serrer<br />
les cou<strong><strong>de</strong>s</strong> et <strong>de</strong> faire masse pour "leur y faire comprendre"?<br />
Mais, brusquement, vers quatre heures et <strong>de</strong>mie, le ton change et la tension monte. A la<br />
tribune, on annonce l’imminence "d’un combat capital et décisif", alors que les bruits les plus<br />
invraisemblables commencent à circuler : attentat contre De Gaulle, émeutes à Oran, Boualem,<br />
à la tête <strong>de</strong> ses partisans, en marche sur Alger... Un gamin a subitement l’idée d’entasser <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
pavés au beau milieu <strong>de</strong> la rue Michelet. Son geste est contagieux. Des barrages – ce ne sont<br />
pas encore <strong><strong>de</strong>s</strong> barrica<strong><strong>de</strong>s</strong> – sont dressés, un peu partout, dans la fièvre. Des planches<br />
arrachées à un chantier voisin, sont mises en travers <strong>de</strong> la chaussée, dans le bas du boulevard<br />
Pasteur. La rue d’Isly est barrée symboliquement tout près <strong>de</strong> la Poste. La rue Péguy est<br />
bouclée à ses <strong>de</strong>ux bouts, côté Laferrière et côté Lyautey, <strong>de</strong> même que le haut <strong><strong>de</strong>s</strong> rues<br />
Monge et Charras. Dans ce périmètre improvisé, la foule, nerveuse et anxieuse grossit à vue<br />
d’œil.<br />
A quoi tient ce brusque retour <strong>de</strong> flamme ? Pourquoi ces barrages ? Pourquoi cette subite<br />
exaspération ? Tout simplement parce qu’on sait, à la Compagnie Algérienne et dans la foule,<br />
que la manifestation va être dispersée manu militari. C’est malheureusement vrai. Après <strong>de</strong><br />
longues palabres, dont beaucoup en phonie, à bord <strong>de</strong> jeeps radio entourées <strong>de</strong> badauds<br />
attentifs, il a été décidé <strong>de</strong> donner un grand coup <strong>de</strong> balai, c’est-à-dire assez <strong>de</strong> coup <strong>de</strong><br />
crosses, pour que ces pouilleux <strong>de</strong> Pieds Noirs, qui osent faire obstacle à la volonté d’un<br />
pouvoir infaillible, soient reconduits chez eux avant qu’ils ne le fassent d’eux mêmes.
22<br />
L’ordre d’opérations, <strong>de</strong>venu secret <strong>de</strong> polichinelle, et, finalement, diffusé, par le palais Bruce,<br />
un peu avant cinq heures. La 1 er R.C.P. doit gagner la Gran<strong>de</strong> Poste par le boulevard Baudin.<br />
Le R.E.P., empruntant le boulevard Saint-Saëns, a pour premier objectif la place Lyautey.<br />
Debrosse et les gar<strong><strong>de</strong>s</strong> mobiles <strong><strong>de</strong>s</strong>cendront du Forum pour déblayer les Glières. Un beau<br />
schéma, somme toute, qui, sur le plan, se traduit par <strong>de</strong> belles flèches concentriques, en vert<br />
pour la Légion puisque c’est une <strong>de</strong> ses couleurs, en bleu pour Broizat comme le béret <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
paras <strong>de</strong> l’Armée d’Afrique qu’il a longtemps porté. Pour Debrosse, la flèche est rouge,<br />
comme le sang. Mais ce n’est malheureusement pas du Kriegspiel. Les flèches, ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
soldats, qui, même quand ils sont étrangers, ne sont là que pour servir la France. Et, au point<br />
<strong>de</strong> convergence <strong><strong>de</strong>s</strong> flèches, il n’y a aussi que <strong><strong>de</strong>s</strong> français. Certains se nomment Lopez ou<br />
Hernan<strong>de</strong>z. Pourquoi pas ? Peut-on leur faire grief <strong>de</strong> ne pas avoir imité ceux qui se font<br />
aujourd’hui appeler Grandval ou Dassault ?<br />
Il a été décidé, dit-on, mais par qui ? Le trio Crépin-Costes-Fon<strong>de</strong> est prêt à tout, c’est certain.<br />
Ces bâtards portent, tous les trois, curieuse coïnci<strong>de</strong>nce, l’ancre <strong>de</strong> la marsouille. Ils avaient,<br />
jadis, choisi, <strong>de</strong> défendre un empire. Ils préfèrent maintenant assurer leurs carrières. Un tel<br />
souci exclut les initiatives trop risquées. Si ce n’est pas eux, alors, c’est Challe, chauffé à<br />
blanc par un inspecteur <strong><strong>de</strong>s</strong> finances, <strong>de</strong>venu proconsul. Je ne peux pas le croire. Challe est<br />
trop loyal et pas assez girouette pour faire assaillir Ortiz quelques instants après avoir consenti<br />
à le recevoir. L’ordre vient <strong>de</strong> plus haut, <strong>de</strong> ce trio, plus sinistre encore que celui d’Alger, qui<br />
monte la gar<strong>de</strong> à l’Elysée : Foccart, qui a renié le nom <strong>de</strong> son père, Tricot, déjà nommé, et<br />
Olivier Guichard qui se dit baron d’Empire. Crépin est leur homme <strong>de</strong> confiance et <strong>de</strong> main. Il<br />
leur a signalé, au début <strong>de</strong> l’après-midi, que, l’affaire mollissant, <strong><strong>de</strong>s</strong> possibilités d’actes<br />
d’autorité semblaient se <strong><strong>de</strong>s</strong>siner. Pour le trio, c’est l’aubaine, tant attendue <strong>de</strong>puis <strong><strong>de</strong>s</strong> mois,<br />
l’occasion d’actions <strong>de</strong> force que, dans l’hexagone, la gauche exige pour oublier le 13 mai !<br />
On comprend que les trois compères aient, sur le champ, entrepris <strong>de</strong> secouer l’apathie d’un<br />
commandant en chef dont la modération <strong>de</strong>vient suspecte. Comme le général d’Alger persiste<br />
dans la tié<strong>de</strong>ur, alors, ils ordonnent au nom, et sans aucun doute avec la bénédiction, du chef<br />
suprême. Et Challe, éternel torturé, malheureusement s’incline. Tout ceci s’est passé entre<br />
trois et quatre heures…<br />
Il faut pourtant <strong>de</strong> longs délais pour passer à l’exécution. Challe, en effet, n’est pas le seul à<br />
renâcler. Les régiments paras répugnent <strong>de</strong> s’associer à une entreprise qu’ils savent insensée.<br />
Le général Gracieux, qui comman<strong>de</strong> la division parachutiste, n’exerce, ce jour, aucune<br />
responsabilité directe. Il se soucie pourtant <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions d’emploi <strong>de</strong> trois <strong>de</strong> ses régiments<br />
qui sont à la disposition <strong>de</strong> Fon<strong>de</strong>, qu’il connaît et dont il se méfie. Il a détaché, au palais<br />
Bruce, son chef d’état-major, le colonel Ceccaldi. Cette précaution lui permet <strong>de</strong> suivre, <strong>de</strong><br />
son P.C. algérois, l’ancienne propriété Pelzer à Hydra, les événements au plus près. Il<br />
comprend l’inquiétu<strong>de</strong> et les scrupules <strong>de</strong> ses subordonnés engagés dans l’opération "Balai".<br />
Il s’emploie, donc, en agissant à la fois sur Rignot et sur Bruce, à modérer mais ne fait que<br />
retar<strong>de</strong>r. Envers et contre tout "Balai" <strong>de</strong>vra se jouer à 18 heures. Pendant que "Balai" tar<strong>de</strong>,<br />
la foule, qui attend le choc, ne fait que s’exaspérer. Le temps qu’on a voulu gagner n’est que<br />
du temps perdu !<br />
Je n’ignore rien <strong>de</strong> ce qui se passe à la D.P.. Non pas que j’y entretienne <strong><strong>de</strong>s</strong> "indics" mais<br />
parce que, bien que <strong>de</strong>venu préfet <strong>de</strong> police par la volonté <strong>de</strong> <strong>Salan</strong>, je suis encore chez moi<br />
dans l’ancienne rési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’Aga <strong><strong>de</strong>s</strong> spahis où siège Gracieux.<br />
Nous y avons beaucoup travaillé en 1955 et 1956 pour mettre sur pied, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> lambeaux qui<br />
rentraient d’Indochine, le G.P.I., Groupement Parachutiste d’Intervention, qui <strong>de</strong>viendra 10 ème<br />
D.P. quand il faudra aller guerroyer à Suez.<br />
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23<br />
Un saut et une journée d’explication pour Château-Jobert, Fossey-François et le 2 ème R. P. C.,<br />
une promena<strong>de</strong> en mer pour le R.E.P. puis, avec trop <strong>de</strong> généraux et aussi d’amiraux se<br />
disputant <strong>de</strong> pauvres strapontins, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> britanniques au moral ébréché, <strong>de</strong>ux mois ou<br />
presque d’ennui mortel dans une "Usine <strong><strong>de</strong>s</strong> Eaux ", et enfin une relève par <strong><strong>de</strong>s</strong> Indiens<br />
arrogants un peu comme en 1954 au Tonkin. Vraiment une belle campagne ! C’est donc avec<br />
joie que, débarquant du Pasteur, nous avons retrouvé Alger à la veille <strong>de</strong> Noël. L’ambiance,<br />
certes, y est lour<strong>de</strong>. Amédée Froger vient d’être porté en terre. Le F.L.N. caresse<br />
d’orgueilleux projets. Les grena<strong><strong>de</strong>s</strong> et le plastic, d’origine incertaine, pètent un peu partout,<br />
même dans les bénitiers ! C’est alors qu’un bonhomme, court sur pattes mais large d’encolure,<br />
nous a donné mission <strong>de</strong> purger Alger <strong>de</strong> la pègre rebelle. Nous étions <strong><strong>de</strong>s</strong> paras et parfois,<br />
quand il le fallait, <strong><strong>de</strong>s</strong> "Marines ", rien ne nous <strong><strong>de</strong>s</strong>tinait à jouer les policiers. Nous l’avons<br />
fait pourtant. La D.P. a foncé et le Fel a éclaté. Ce fameux C.C.E., né quelque mois avant dans<br />
un gourbi <strong>de</strong> la Soumam, dont se gargarisait "Le Mon<strong>de</strong>" et "Le Figaro" a compris sur le<br />
coup que le temps n’était plus aux réunions tranquilles chez les Gautron ou autres illuminés.<br />
Krim, hors-la-loi à défaut d’être gar<strong>de</strong> champêtre, a filé le premier sans <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r son reste.<br />
Les autres ont suivi, Saad Dalhab, Abane, Ben Khedda. Un seul <strong>de</strong> ces héros Ben Mid’hi,<br />
est resté, plutôt contre son gré. La piétaille <strong>de</strong> la Casbah et du Clos Salembier, elle, est<br />
<strong>de</strong>meurée, et fut un peu secouée. « A n’importe quel prix », nous a dit Bourgès , flanqué <strong>de</strong><br />
Max Lejeune, le jour <strong><strong>de</strong>s</strong> bombes du sta<strong>de</strong>, à El Biar, au P.C. <strong>de</strong> Bigeard : nous nous sommes<br />
limités à percer les baudruches, à remettre les gens au travail et surtout les gosses à l’école,<br />
avec moins <strong>de</strong> bavures et beaucoup moins <strong>de</strong> "gégène" qu’on ne nous a prêtés. Je ne parle pas<br />
d’Audin. J’en laisse le soin à Massu et à son ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> camp, le lieutenant G.<br />
La D.P. est partie dès le printemps vers <strong><strong>de</strong>s</strong> combats plus virils, mais plus simples, contre les<br />
katibas. Moi, j’ai dû rester pour parfaire cette prétendue "Bataille d’Alger" qui n’avait été<br />
qu’un coup <strong>de</strong> boutoir.<br />
Juin 1956, avec l’explosion <strong><strong>de</strong>s</strong> lampadaires – 5 morts et 92 blessés - la boucherie du Casino<br />
<strong>de</strong> la Corniche – 7 morts, 95 blessés dont 14 amputés – et quelques autres vacheries <strong>de</strong><br />
moindre dimension, coûta aux civils algérois 225 <strong><strong>de</strong>s</strong> leurs. Ce fut le mois sanglant mais le<br />
retour <strong>de</strong> flamme fut <strong>de</strong> courte durée. Quelques semaines après, en juillet, les porteurs <strong>de</strong><br />
bombes tentaient vainement <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> la Casbah. La bête jeta son cri, en août, avec un<br />
<strong>de</strong>rnier engin qui sauta Boulevard Baudin. Le réseau <strong><strong>de</strong>s</strong> "Trucs", comme disaient ces<br />
messieurs, ses chefs dont Mourad, ses dépôts <strong>de</strong> "carcasses", <strong>de</strong> dynamite-gomme et <strong>de</strong><br />
détonateurs, étaient tombés entre nos mains. Ce fut ensuite le tour <strong><strong>de</strong>s</strong> patrons. D’abord, Ben<br />
Hamida, dit Salem, commissaire politique <strong>de</strong> la zone autonome, kabyle diplômé <strong>de</strong> l’Institut<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> Etu<strong><strong>de</strong>s</strong> Islamiques, qui, en pleine Casbah, vint à un <strong>de</strong> nos ren<strong>de</strong>z-vous et fut fort étonné<br />
<strong>de</strong> se retrouver au trou. Nous savions les efforts qu’il avait déployés pour relever Mourad et<br />
relancer les bombes. Nous n’avons pourtant pas tué ce vulgaire assassin. Remis à la justice,<br />
condamné grâce à <strong><strong>de</strong>s</strong> preuves formelles, gracié par qui vous savez, amnistié à Evian, il a été<br />
ministre <strong>de</strong> l’Education Nationale dans le premier cabinet Ben Bella… Yacef Saadi, ensuite.<br />
Imitant Germaine Tillon, mais pour d’autres motifs, nous avons lié avec lui une<br />
correspondance amicale qui nous livra finalement son repaire <strong>de</strong> la rue Caton, chez Fathia<br />
Bouirhed. C’est là que nous sommes venus en prendre livraison, en septembre. Yacef sut se<br />
montrer loquace puis, traduit en justice, fut condamné à mort, lui aussi à trois reprises, je crois.<br />
Il n’était alors, comme moi, maintenant, à une reprise près. Il a été, <strong>de</strong>puis, édité par<br />
Julliard…<br />
L’heure sonna, quelques jours après, pour un petit macrot, héritier <strong>de</strong> Yacef, nommé Ali la<br />
Pointe. Tout barbeau qu’il était, il ne faisait pas le poids. Nous l’avons fait sauter, à la charge<br />
creuse, parce que, bouclé au fond d’une cave, il entendait encore jouer <strong>de</strong> la mitraillette. Sa<br />
mort fut la fin d’une fructueuse coopération puisque, en échange <strong>de</strong> promesses <strong>de</strong> "carcasses",<br />
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toujours les bombes, que nous lui avons faites, il nous avait fourni, non seulement tous les<br />
schémas techniques que nous connaissions bien, mais aussi les "finances" nécessaires au<br />
marché ! Lui, au moins, a doublement payé. Alors, paix à son âme, même si la rue Randon<br />
porte maintenant son nom. Ce qui me chagrine, c’est que l’argent d’Ali fut bien mal employé.<br />
Il a en effet servi à ceux qui se sont fait un tremplin du 13 mai. On a beaucoup parlé <strong>de</strong><br />
millions avancés par Alain <strong>de</strong> Sérigny. Il n’a jamais été question <strong>de</strong> quelques autres qui,<br />
prises <strong>de</strong> guerre, eux, ont été donnés. La police a pourtant saisi, chez moi, les reçus, en avril<br />
1961. Je croyais que ce serait pour l’Algérie française. L’erreur me pèse encore, comme à<br />
Soustelle, sans doute, lui qui n’a pas trahi. Je crains que d’autres, comme Frey, alors<br />
dépourvus et maintenant nantis, en rigolent encore.<br />
Après Amar Ali, dit la Pointe parce que <strong>de</strong> la pointe Pesca<strong>de</strong>, il n’y eut plus comme gros<br />
poisson qu’un autre Amar s’appelant Ouzegane. Il avait été autrefois député communiste<br />
d’Alger. Radié du P.C.A. mais <strong>de</strong>meuré marxiste, il était le cerveau et le moteur d’un<br />
syndicalisme algérien acquis au F.L.N.. Nous l’avons cueilli grâce aux confi<strong>de</strong>nces <strong>de</strong> la fille<br />
<strong>de</strong> feu Ahmed "le Corbeau", à El Biar, dans l’opulente rési<strong>de</strong>nce d’un sénateur <strong>de</strong> Petite<br />
Kabylie, indigène et docteur en mé<strong>de</strong>cine, qu’une élémentaire pru<strong>de</strong>nce avait déjà incité à<br />
élire domicile en France. L’affaire fit du bruit, la C.I.S.L. s’en mêlant, mais le syndicaliste<br />
qu’était Lacoste ne mollit pas. Ouzegane se disait diabétique. Alors, dans cette affreuse prison,<br />
tant <strong>de</strong> fois dénoncée comme centre <strong>de</strong> torture qu’était <strong>de</strong>venu le Casino <strong>de</strong> la Corniche, le<br />
cuistot <strong>de</strong> la popote <strong><strong>de</strong>s</strong> sous-officiers – il était gar<strong>de</strong> mobile – lui mijota <strong><strong>de</strong>s</strong> menus <strong>de</strong> régime.<br />
Cela peu sembler gros mais c’est vrai ! Je ne me souviens plus si Ouzegane est passé en<br />
justice. Je me rappelle, pourtant, que c’est Delouvrier qui a tremblé pour lui, quand Aïssat<br />
Idir est passé <strong>de</strong> vie à trépas. C’était en 1959. Bien que membre du C.N.R.A., <strong>de</strong>venu entre<br />
temps le G.P.R.A. <strong>de</strong> Fehrat Abbas, Idir avait été blanchi par un tribunal militaire mal<br />
informé <strong><strong>de</strong>s</strong> choses <strong>de</strong> la rébellion et ignorant Mao Tsé Toung. J’avais obtenu, non sans peine,<br />
c’est-à-dire imposé, qu’il soit interné à sa sortie <strong>de</strong> Barberousse. Encore un scandale pour le<br />
syndicalisme international et la C.I.S.L. ! Idir, qui ne fumait jamais, même pas du Benchicou,<br />
garanti vert et blanc – c’est exact – décida <strong>de</strong> simuler un suici<strong>de</strong> pour qu’on ne l’oublie pas. A<br />
la façon <strong><strong>de</strong>s</strong> bonzes, il mit le feu à son grabat. Mais il mit trop d’essence et, malgré <strong>de</strong><br />
prompts secours, y perdit la vie. Ses gardiens ennuyés – ils étaient gendarmes et tous<br />
assermentés – crurent au banal acci<strong>de</strong>nt dû à une cigarette échappée <strong>de</strong> la main <strong>de</strong> celui qui<br />
s’endort. Or Idir ne fumait jamais. On nous accusa alors <strong>de</strong> l’avoir assassiné. La mort d’Idir<br />
profita à Ouzegane que "Monlouvrier" fit filer sur la métropole <strong>de</strong> toute urgence, c’est-à-dire<br />
par avion spécial. Il en est revenu, son diabète apaisé, pour prendre en main l’agriculture enfin<br />
délivrée <strong>de</strong> ces maudits colons. Encore un ministre qui nous a échappé!<br />
L’histoire d’Idir me fait penser à une autre, dont la sœur d’Ali Mallem fut la triste héroïne.<br />
Mallem, avocat besogneux du barreau <strong>de</strong> Batna, morne préfecture et Clochemerle du Sud-<br />
Constantinois, avait coutume <strong>de</strong> jouer en virtuose sur <strong>de</strong> nombreux pianos. Il avait <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
"contacts", un peu trop même, avec les rebelles Chaouïas <strong>de</strong> la Willaya I. Il était bien en cours<br />
auprès <strong>de</strong> monsieur Paye qui, maintenant ambassa<strong>de</strong>ur à Pékin, était, en 1957, directeur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
Affaires Politiques du G.G.. A la barbe <strong>de</strong> Parlange, qui commandait les Aurès et en était<br />
préfet, à la barbe <strong>de</strong> Lacoste, Mallem, couvert par Paye, se lança dans la négociation avec<br />
quelques notables, dont Boubakeur, le futur directeur <strong>de</strong> la mosquée <strong>de</strong> Paris, et quelques<br />
impru<strong>de</strong>nts comme le colonel Lanusse, dont l’épouse entendait <strong>de</strong>venir "générale" Un<br />
courrier intercepté par hasard au cours <strong>de</strong> nos investigations algéroises fit découvrir le pot aux<br />
roses. Nous avons cru d’abord à une collusion condamnable. Mais Paye est apparu et ce fut un<br />
tollé ! Lacoste se fâcha. Paye dut faire ses malles, ainsi que Boubakeur et Mallem renoncer à<br />
son "Evian" <strong><strong>de</strong>s</strong> Némenchas. Le 13 mai lui ouvrit <strong>de</strong> nouvelles perspectives. Il <strong>de</strong>vint député<br />
U.N.R. , comme <strong>de</strong> bien en tendu et apôtre <strong>de</strong> l’intégration. (A suivre)<br />
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