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Enquête

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Quoi ma gueule ?<br />

Qu’est-ce qu’elle a ma gueule !<br />

Peut-on dire que l’on est séropositif ? Doit-on le dire ? Comment le dire ? Toutes ces questions<br />

sont encore d’une brûlante actualité. Comme si vingt ans de mobilisation en France n’avaient pas<br />

permis que la parole des personnes sur leur séropositivité s’exprime dans une acceptation<br />

bienveillante autant que dans le respect d’une certaine sécurité pour les personnes et pour leurs<br />

proches.<br />

Comment en sommes-nous arrivés là, alors que les années quatre-vingt-dix avaient vu des<br />

personnes séropositives dire avec émotion leur désarroi et crier avec force leurs espoirs ?<br />

Faut-il comprendre qu’avec les trithérapies, la désespérance n’est plus là ? Faut-il croire que les<br />

personnes sont sans attentes ? Qu’elles n’ont plus de demandes ?<br />

Il n’en est rien.<br />

Evidemment, disons-nous. Nous qui savons de quoi est fait un quotidien avec la séropositivité et<br />

aussi avec quelles inquiétudes on aborde une vie avec des traitements sur une longue durée.<br />

Nous qui savons de quelles exclusions notre société est coupable : rejet du monde du travail,<br />

refus de logement, regards péjoratifs, précarité sociale, sexualités et amours plus complexes.<br />

Mais tout cela, on ne l’entend pas. On ne l’entend plus. Comme si une énorme chape de silence<br />

empêchait l’expression des personnes. Comme si nous étions revenus au début de l’épidémie. Cet<br />

étouffement a cependant d’autres raisons : celles qu’une société se donne, tous les jours, par<br />

abandons successifs, pour rejeter l’autre. Et nous avons du mal, plus que d’autres, à faire face.<br />

Debouts, sereins, et fiers.<br />

L’enquête AIDES & TOI, menée cet été dans le réseau AIDES, montre que ceux qui fréquentent<br />

l’association comptent sur nous pour porter leurs paroles, leurs revendications. Mais nous<br />

devons aller plus loin. C’est la raison pour laquelle les *Etats Généraux des personnes touchées<br />

se sont à nouveau réunis. Pour que les paroles s’élèvent. Sur la vie avec la séropositivité. Sur nos<br />

intimités avec le virus. Sur les souffrances face à l’isolement ou la solitude. Sur les espoirs de<br />

changement que nous devons porter collectivement pour lutter contre l’immense repli social qui<br />

nous réduit au silence.<br />

Rien ne nous a jamais été donné. Ce que nous avons obtenu, nous l’avons imposé, et souvent pris.<br />

Regagnons notre droit à la parole. Reprenons nos paroles majuscules. Combat pour tous, et lutte<br />

pour les autres !<br />

Christian Saout, président de AIDES<br />

* La seconde édition des Etats Généraux des personnes touchées, organisés par AIDES s’est tenue à Paris du 26 au 28 novembre<br />

dernier. Cette assemblée qui a permis à près de 300 personnes séropositives ou malades du sida de se rencontrer, est un espace<br />

unique pour échanger, partager et témoigner de son vécu au quotidien et exprimer ses volontés pour demain. Dans le prochain<br />

numéro de Remaides, un article détaillé y sera consacré, apres la publication des Actes.<br />

3<br />

ÉDITO Portraits : Laurent Marsault, Dominique Thiéry, Laurent Vincent -Bardin - Image : Stéphane Blot - remaides 54 - décembre 2004

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