Enquête
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Photo : Laurent Vincent Bardin<br />
N° 54 • décembre 2004<br />
<strong>Enquête</strong><br />
ÊTRE VISIBLE AVEC MON VIRUS INVISIBLE ?<br />
DES HOMMES ET DES FEMMES TÉMOIGNENT<br />
CONGRÈS ICAAC<br />
nouvelles générations de médicaments<br />
LES IST<br />
ces microbes qui nous gâchent le plaisir !
2<br />
SOMMAIRE<br />
remaides 54 - décembre 2004<br />
54 • décembre 2004<br />
Directeur de la publication : Christian Saout.<br />
Comité de rédaction : Cynthia Benkhoucha, Jean-<br />
Pierre Buchmann, Agnès Certain, Nicolas Charpentier,<br />
Yves Gilles, Cyrille Leblon, Alain Legrand, Jacqueline<br />
L’Hénaff, Marianne L’Hénaff, Stéphane Korsia-Meffre,<br />
Thierry Prestel, Fabien Sordet, Dominique Thiéry,<br />
Emmanuel Trénado.<br />
A la mémoire des membres du comité de<br />
rédaction morts du sida : Philippe Beiso, Richard<br />
David, René Froidevaux, Yvon Lemoux, Christian Martin,<br />
Alain Pujol, Christine Weinberger.<br />
Coordination : Dominique Thiéry<br />
T. : 01 41 83 46 12 / courriel : dthiery@aides.org<br />
Abonnements, petites annonces : Cyrille Leblon<br />
T. : 01 41 83 46 10 / courriel : cleblon@aides.org<br />
Maquette : Stéphane Blot, courriel : sblot@aides.org<br />
Laurent Marsault, courriel : lmarsault@aides.org<br />
Photos et illustrations (avec nos remerciements) :<br />
Stéphane Blot, Nicolas Charpentier, le CRIPS, Daniel,<br />
Eric Dérian, Gersende*, Jacqueline Maman, Pierre<br />
Maraval, Laurent Marsault, Patrice Miot, PIEM, Pierre<br />
et Gilles, Fabien Sordet, Dominique Thiéry,<br />
Emmanuel Trénado, Laurent Vincent-Bardin.<br />
Remerciements spéciaux à Jean Deleuze et Myriam<br />
Kirstetter (pour leurs conseils), Marie-Hélène Klein<br />
(pour la relecture), Thierry Ceysson (couverture).<br />
Le SNEG (Syndicat national des entreprises gaies) assure<br />
la diffusion de Remaides dans les établissements gays.<br />
Parution trimestrielle Tirage : 45 300 ex.<br />
ISSN : 11620544.<br />
Impression : Corlet Roto, 53300 Ambrières-les-Vallèes.<br />
Remaides sur internet :<br />
www.aides.org (page d’accueil et rubrique VIH / Infos)<br />
Remaides<br />
Tour Essor, 14, rue Scandicci,<br />
93508 Pantin Cedex<br />
Télécopie : 01 41 83 46 19.<br />
Les articles d’informations publiés dans Remaides<br />
peuvent être reproduits, sous réserve de mention de la<br />
source. La reproduction des photos et des illustrations<br />
est interdite, sauf accord de l'artiste. L’utilisation des<br />
témoignages doit donner lieu à une autorisation. La<br />
reproduction des petites annonces est interdite.<br />
CPPAP 1207 H 82735<br />
AGIR !<br />
09 Résultats de l’enquête AIDES et TOI<br />
TRAIT’ PORTRAIT<br />
11 Stéphanie de Monaco,<br />
un des portraits du livre AIDES X 1000<br />
TÉMOIGNER<br />
12 Décollage Fuzéon<br />
vers 7 milliards d’étoiles…<br />
20 Esteban : “L’amour m’a sauvé”<br />
25 Christine Weinberger :<br />
“Ultimes mots d’amour”<br />
PRÉVENTION<br />
13 La fellation peut-elle transmettre le VIH ?<br />
19 Vaccin préventif : l’ANRS a besoin de volontaires !<br />
POUR Y VOIR PLUS CLAIR<br />
15 Les Infections sexuellement transmissibles (IST),<br />
les connaître pour les combattre<br />
ÉQUILIBRE<br />
21 Dois-je être visible avec mon virus invisible ?<br />
Deux femmes et deux hommes témoignent<br />
ACTU<br />
04 New Fill, Viracept, etc.<br />
Rapport 2004 de l’Onusida.<br />
Le sida, grande cause nationale 2005<br />
06 Congrès ICAAC : nouvelles<br />
générations de médicaments<br />
08 Un fond de tristesse, d’Eric Moréna<br />
SE SOIGNER<br />
26 Hépatite C : que faire apres un échec du traitement ?<br />
INTERNATIONAL<br />
28 10 ans d’engagement du Réseau Afrique 2000 :<br />
l’exemple du Mali<br />
PA<br />
30 Vos annonces
Quoi ma gueule ?<br />
Qu’est-ce qu’elle a ma gueule !<br />
Peut-on dire que l’on est séropositif ? Doit-on le dire ? Comment le dire ? Toutes ces questions<br />
sont encore d’une brûlante actualité. Comme si vingt ans de mobilisation en France n’avaient pas<br />
permis que la parole des personnes sur leur séropositivité s’exprime dans une acceptation<br />
bienveillante autant que dans le respect d’une certaine sécurité pour les personnes et pour leurs<br />
proches.<br />
Comment en sommes-nous arrivés là, alors que les années quatre-vingt-dix avaient vu des<br />
personnes séropositives dire avec émotion leur désarroi et crier avec force leurs espoirs ?<br />
Faut-il comprendre qu’avec les trithérapies, la désespérance n’est plus là ? Faut-il croire que les<br />
personnes sont sans attentes ? Qu’elles n’ont plus de demandes ?<br />
Il n’en est rien.<br />
Evidemment, disons-nous. Nous qui savons de quoi est fait un quotidien avec la séropositivité et<br />
aussi avec quelles inquiétudes on aborde une vie avec des traitements sur une longue durée.<br />
Nous qui savons de quelles exclusions notre société est coupable : rejet du monde du travail,<br />
refus de logement, regards péjoratifs, précarité sociale, sexualités et amours plus complexes.<br />
Mais tout cela, on ne l’entend pas. On ne l’entend plus. Comme si une énorme chape de silence<br />
empêchait l’expression des personnes. Comme si nous étions revenus au début de l’épidémie. Cet<br />
étouffement a cependant d’autres raisons : celles qu’une société se donne, tous les jours, par<br />
abandons successifs, pour rejeter l’autre. Et nous avons du mal, plus que d’autres, à faire face.<br />
Debouts, sereins, et fiers.<br />
L’enquête AIDES & TOI, menée cet été dans le réseau AIDES, montre que ceux qui fréquentent<br />
l’association comptent sur nous pour porter leurs paroles, leurs revendications. Mais nous<br />
devons aller plus loin. C’est la raison pour laquelle les *Etats Généraux des personnes touchées<br />
se sont à nouveau réunis. Pour que les paroles s’élèvent. Sur la vie avec la séropositivité. Sur nos<br />
intimités avec le virus. Sur les souffrances face à l’isolement ou la solitude. Sur les espoirs de<br />
changement que nous devons porter collectivement pour lutter contre l’immense repli social qui<br />
nous réduit au silence.<br />
Rien ne nous a jamais été donné. Ce que nous avons obtenu, nous l’avons imposé, et souvent pris.<br />
Regagnons notre droit à la parole. Reprenons nos paroles majuscules. Combat pour tous, et lutte<br />
pour les autres !<br />
Christian Saout, président de AIDES<br />
* La seconde édition des Etats Généraux des personnes touchées, organisés par AIDES s’est tenue à Paris du 26 au 28 novembre<br />
dernier. Cette assemblée qui a permis à près de 300 personnes séropositives ou malades du sida de se rencontrer, est un espace<br />
unique pour échanger, partager et témoigner de son vécu au quotidien et exprimer ses volontés pour demain. Dans le prochain<br />
numéro de Remaides, un article détaillé y sera consacré, apres la publication des Actes.<br />
3<br />
ÉDITO Portraits : Laurent Marsault, Dominique Thiéry, Laurent Vincent -Bardin - Image : Stéphane Blot - remaides 54 - décembre 2004
4<br />
ACTU<br />
remaides 54 - décembre 2004 - Illustration : Stéphane BLot, PIEM<br />
Quoi de neuf, DOC ?<br />
New Fill, enfin remboursé !<br />
Profitant des Etats Généraux des personnes touchées organisés par<br />
AIDES fin novembre, le ministre des Solidarités, de la Santé et de la<br />
Famille, Philippe Douste-Blazy a annoncé que New Fill (produit de<br />
comblement pour lutter contre la perte de graisse du visage du laboratoire<br />
Dermik/Sanofi-Aventis) serait remboursé à 100 % avant la fin<br />
2004. “Sera également remboursée début 2005, la charge virale de<br />
l’hépatite Delta (150 euros)” a-t-il aussi précisé.<br />
Perte de graisse : Bio-Alcamid<br />
Bio-Alcamid (laboratoires Polymékon) est un nouveau produit destinée<br />
à compenser la perte de graisse. Il peut être utilisé pour le visage, mais<br />
aussi pour les fesses. C’est un gel qui s’injecte sous anesthésie locale.<br />
A court terme, il semble efficace et bien toléré. Mais on n’a pas<br />
d’études suffisantes pour connaître son efficacité et ses effets indésirables<br />
éventuels à plus long terme. Bio-Alcamid n’est donc<br />
actuellement pas remboursé par la Sécurité sociale. Son prix est de<br />
800 à 1 200 euros, mais certains médecins sont parvenus à obtenir<br />
une prise en charge Sécu pour des personnes ayant une perte de graisse<br />
entraînant un handicap (difficulté à rester assis).<br />
Pas de Viracept 625 mg<br />
Le laboratoire Roche a annoncé mi-novembre sa décision de ne pas<br />
commercialiser le comprimé de Viracept (nelfinavir) 625 mg, pourtant<br />
attendu depuis deux ans en Europe. Viracept 625 mg permettrait de<br />
passer de dix cachets par jour à quatre avec moins de diarrhées. La<br />
raison invoquée est un problème de fabrication. Les patients français<br />
actuellement en essai sous Viracept 625 mg se verront proposer le<br />
comprimé 250 mg ou un autre traitement ! Les Etats-Unis restent les<br />
seuls à pouvoir utiliser Viracept 625 mg car Roche a cédé ses droits<br />
au laboratoire américain Pfizer qui déclare ne pas avoir les mêmes problèmes…<br />
Hystérie médiatique autour du “vaccin Andrieu”<br />
Début décembre, de nombreux médias ont proclamé, de manière abusive<br />
et inexacte, les résultats d’une étude de vaccin thérapeutique chez<br />
les personnes séropositives, menée par le Pr Jean-Marie Andrieu. L’étude<br />
portait sur un petit nombre de personnes dont seule une partie a<br />
obtenu une amélioration de sa réponse immunitaire (rien de plus, et<br />
sans qu’on sache actuellement si cette amélioration durera). C’est donc<br />
uniquement une piste de recherche parmi d’autres. Le groupe TRT-5 (*)<br />
a vivement critiqué la médiatisation abusive des résultats par le Pr<br />
Andrieu (qui est coutumier du fait) et par la presse.<br />
(*) TRT-5 : Act Up-Paris, Actions Traitements, AIDES, Arcat, Sida Info Service, Dessine-moi un mouton, Sol En Si.<br />
Rapport 2004 de l’Onusida<br />
39,4 millions de personnes sont infectées par le VIH dans le monde,<br />
dont 17,6 millions de femmes. Le rapport confirme les grandes tendances<br />
: une prévention très mal faite dans de nombreux pays (qui<br />
prône abstinence ou fidélité), une féminisation de l’épidémie qui<br />
s’accélère (76 % des jeunes touchés de 14 à 25 ans en Afrique sont<br />
des filles). Néanmoins, grâce au Fonds mondial, les ressources sont<br />
passées de 2,1 milliards de dollars en 2002 à 6 milliards en 2004<br />
et le nombre de personnes ayant accès aux traitements a augmenté<br />
de 56 %. En France, on compte 100 000 séropositifs et toujours<br />
6 000 nouvelles contaminations par an… Pour en savoir plus :<br />
www.unaids.org (il y a une version française).<br />
Avec Têtu+, le VIH en rose<br />
Témoignages, conseils, avancées thérapeutiques,<br />
fiches cuisines… La quatrième<br />
édition du guide gratuit d’information sur le<br />
VIH du journal Têtu vient de sortir. Vous pouvez<br />
vous le procurer dans les associations de<br />
lutte contre le sida, certains hôpitaux ou le<br />
consulter sur www.tetu.com<br />
La lutte contre le sida :<br />
grande cause nationale 2005<br />
En déclarant la lutte contre le sida “grande cause nationale 2005”,<br />
Jean-Pierre Raffarin entend exprimer “le refus de la banalisation”.<br />
Le label “grande cause nationale” permet de fédérer davantage les<br />
différents acteurs d’une lutte et de coordonner leurs initiatives avec<br />
l’Etat. Mais qui se souvient que la “grande cause nationale 2004”<br />
était la fraternité ? Affaire à suivre !
HEPATITES<br />
De plus en plus de gays séropositifs au VIH<br />
et à l’hépatite C !<br />
L’ Institut de Veille Sanitaire (InVS) vient de confirmer une forte<br />
augmentation en France de cas d’hépatite C (contamination inférieure<br />
à six mois) chez les gays séropositifs au VIH. Bien<br />
qu’uniquement transmissible par le sang, l’hépatite C peut, dans<br />
de rares cas, être transmise lors de rapports sexuels ayant un<br />
contact avec le sang. Certaines pratiques sexuelles hard non protégées<br />
(absence de gants lors de fist par exemple) pourraient être<br />
responsables. Par ailleurs, le risque de transmission de l’hépatite<br />
C est plus important si la personne est infectée par le VIH.<br />
Attention les yeux !<br />
Des chercheurs américains ont constaté l’augmentation de<br />
maladies des yeux (tâches cotonneuses, cataracte, diminution de<br />
la vision en couleur) chez les personnes co-infectées par le VIH et<br />
le VHC prenant un traitement contre l’hépatite C (interféron<br />
pégylé). Une surveillance accrue de la vue est donc préconisée<br />
chez les personnes prenant ce médicament.<br />
Alerte à l’hépatite A !<br />
Une équipe soignante italienne a observé une forte augmentation<br />
des cas d’hépatite A chez les hommes ayant des pratiques homosexuelles<br />
(l’hépatite A peut, dans de rares cas, entraîner des<br />
complications mortelles). Par ailleurs, l’étude a mis en évidence<br />
la faible application des recommandations relatives au vaccin<br />
contre l’hépatite A : les personnes ayant des pratiques homosexuelles<br />
et les personnes atteintes par une hépatite chronique B<br />
ou C, (avec des risques de complications), sont rares à être<br />
vaccinées.<br />
Le groupe interassociatif *CHV, dont AIDES fait partie, demande<br />
aux pouvoirs publics le remboursement de ce vaccin depuis<br />
plusieurs années : son coût élevé (90 euros) est en effet plutôt<br />
dissuasif…<br />
Les transaminases ne répondent plus...<br />
Les conditions d’utilisation de Pegasys, l’interféron pégylé de<br />
Roche contre l’hépatite C, ont récemment été modifiées. A<br />
présent, le traitement peut être prescrit même en l’absence de<br />
transaminases élevées (substances libérées dans le sang par le<br />
foie lorsqu’il subit une agression notamment en cas d’hépatite C).<br />
En effet, on constate que les transaminases ne sont pas toujours<br />
un indicateur fiable pour évaluer l’atteinte du foie (surtout chez<br />
les personnes également atteintes par le VIH).<br />
*CHV (Collectif Hépatites Virales) : Act Up-Paris, AIDES, Arcat, Transhépate,<br />
Association Française des Hémophiles, Nova Dona, Actions Traitements, Hépatites<br />
Info Service.<br />
Quoi de neuf, doc ?<br />
Pétition pour les microbicides !<br />
Parce que 5 000 femmes contractent<br />
le sida chaque jour dans le<br />
monde, que 43 % des nouvelles<br />
contaminations en France sont des<br />
femmes, un collectif associatif,<br />
dont AIDES fait partie, vient de lancer<br />
une pétition adressée au<br />
Président de la République pour<br />
encourager l’Etat à soutenir activement<br />
la recherche sur les<br />
microbicides (gels appliqués dans<br />
le vagin destinés à empêcher l’entrée<br />
du VIH dans l’organisme). Si vous souhaitez signer cette<br />
carte postale libellée à l’adresse de l’Elysée, demandez-la à la<br />
délégation de AIDES la plus proche de chez vous ou téléphonez<br />
au 0 820 160 120 (0,12 euro/min).<br />
Un dico sur la santé psy<br />
Dois-je prendre des médicaments<br />
ou suivre une psychothérapie ?<br />
Comment mieux supporter mon traitement<br />
psy ? Où trouver du<br />
soutien ? Les antidépresseurs<br />
entraînent-ils une dépendance ?<br />
Toutes ces questions trouvent leur<br />
réponse dans ce nouveau guide<br />
attrayant et facile d’accès, supervisé<br />
par deux médecins et publié<br />
chez Vidal. Il répertorie aussi tous<br />
les médicaments liés aux troubles<br />
psychiques. Un bon livre de chevet pour ne pas déprimer !<br />
21 euros en librairie. Voir aussi le site Internet : www.vidal.fr<br />
Nous, les femmes...<br />
La journée mondiale contre le sida<br />
avait choisi cette année pour<br />
thème “Femmes et Filles face au<br />
VIH et au sida”. Voici une brochure<br />
Femmes et VIH créée par Le<br />
Kiosque (espace d’accueil et d’informations<br />
sur le VIH) qui fait le<br />
point sur les femmes et leurs<br />
risques de contamination par le<br />
VIH, les IST, comment se dépister<br />
et utiliser les préservatifs (dont le<br />
Fémidom). Vous pouvez vous la<br />
procurer en écrivant au Kiosque,<br />
36 rue Geoffroy L’Asnier, 75004<br />
Paris, tél. : 01 44 78 00 00 ou<br />
www.lekiosque.org<br />
5<br />
ACTU<br />
remaides 54 - décembre 2004
ACTU 6<br />
remaides 54 - décembre 2004<br />
Congrès ICAAC 2004<br />
LES NOUVELLES GÉNÉRATIONS<br />
DE MÉDICAMENTS<br />
La 44 e édition de l’ICAAC, conférence sur les maladies<br />
infectieuses et sur les traitements, s’est tenue à<br />
Washington du 30 octobre au 2 novembre dernier.<br />
Remaides y était pour vous donner les dernières news sur<br />
le front VIH.<br />
Les inhibiteurs d’entrée :<br />
on sent qu’ça vient !<br />
Ce congrès a été l’occasion de présenter les<br />
dernières informations concernant les médicaments<br />
empêchant l’entrée du VIH dans les<br />
cellules T4 : les inhibiteurs d’entrée. Trois<br />
médicaments ont confirmé leur intérêt : tous<br />
trois se prennent par voie orale (gélules ou<br />
comprimés). Ils ont commencé à montrer leur<br />
efficacité et seront étudiés dans des essais<br />
plus importants :<br />
• SchD : (laboratoire Schéring) Un essai thérapeutique<br />
aura lieu début 2005 dans 4<br />
centres en France : Paris (La Pitié-Salpêtrière,<br />
Saint-Louis), Nantes et Montpellier.<br />
• GW873140 : (laboratoire GlaxoSmithKline)<br />
Les essais sur la tolérance ont montré des<br />
résultats intéressants en deux prises par<br />
jour. Un large essai d’efficacité devrait<br />
débuter prochainement.<br />
• UK427857 : (laboratoire Pfizer) Ce<br />
médicament a permis lors d’une<br />
étude préliminaire de 10 jours en<br />
monothérapie (prise sans autre<br />
médicament), une réduction importante<br />
de la charge virale. Il devrait<br />
prochainement faire l’objet d’une<br />
étude d’efficacité dans le cadre d’une<br />
trithérapie chez les patients qui n’ont<br />
jamais pris traitement.<br />
Bémols pour ces inhibiteurs<br />
Il existe deux co-récepteurs permettant au<br />
VIH d’entrer dans les cellules T4 : CCR5 et<br />
CXCR4 (voir Remaides n°51, p 4). Les trois<br />
molécules évoquées ci-dessus n’agissent que<br />
sur le co-récepteur CCR5. Or, chez les<br />
patients à un stade avancé de la maladie, le<br />
VIH utilise davantage le second co-récepteur,<br />
CXCR4. Ces molécules seraient donc peutêtre<br />
d’un moindre intérêt chez ces patients.<br />
Des inhibiteurs du co-récepteur CXCR4 commencent<br />
seulement à être étudiés. Par<br />
ailleurs, les essais d’efficacité prévus pour les<br />
trois inhibiteurs d’entrée cités précédemment<br />
ont été vivement critiqués par le groupe interassociatif<br />
TRT-5*, dont AIDES fait partie : ces<br />
essais seront également proposés à des personnes<br />
ayant moins de 200 T4/mm 3 , mais ils<br />
n’offrent pas une prise en charge thérapeutique<br />
satisfaisante dans cette situation.<br />
Transmission<br />
de virus résistants<br />
La résistance du VIH d’emblée à au moins un<br />
médicament, avant toute prise de traitement,<br />
concerne de 10 à 25 % des patients. Ce pourcentage<br />
n’a pas trop évolué ces<br />
dernières années, mais le type de<br />
résistance a changé. Il y a<br />
quelques années, les médicaments<br />
nucléosidiques (Retrovir,<br />
Videx, Zerit, etc.) étaient les plus<br />
concernés. Aujourd’hui, les<br />
résistances d’emblée concernent<br />
davantage les non<br />
nucléosidiques (Viramune,<br />
Sustiva). Ces observations<br />
rappellent le risque de surcontamination<br />
possible par<br />
un virus résistant lors de<br />
rapports non protégés entre<br />
personnes séropositives.<br />
Elles peuvent enfin avoir<br />
(*) Actions Traitements, Act Up-Paris, AIDES, Arcat, Dessine-moi un mouton, Nova Dona, Sida Info Service et Sol en Si.<br />
des répercussions sur le choix du traitement<br />
d’urgence en cas d’accident d’exposition au<br />
VIH (le traitement d’urgence est destiné aux<br />
personnes séronégatives exposées à un risque<br />
de contamination, à prendre 48 heures maximum<br />
après ce risque).<br />
Syphilis :<br />
un traitement par voie orale ?<br />
Une session entière du congrès a été consacrée<br />
à l’émergence de la syphilis, notamment<br />
aux Etats-Unis et dans tous les pays d’Europe.<br />
La population homosexuelle est la plus touchée.<br />
L’accent a été mis sur l’importance des<br />
contaminations lors des rapports bouche-sexe.<br />
Pour le moment, le traitement de référence de<br />
la syphilis consiste en l’injection de Pénicilline<br />
G dans les fesses… Cette injection peut<br />
être répétée pendant trois semaines (à raison<br />
d’une injection par semaine) à un stade tardif<br />
de la syphilis ou bien chez les personnes séropositives<br />
(voir dossier central p. 17).<br />
En cas d’allergie à la pénicilline, il existe d’autres<br />
possibilités, mais aucune n’avait<br />
démontré la même efficacité. A l’ICAAC, une<br />
étude préliminaire a montré qu’une prise<br />
unique de 2 gr de Zithromax par voie orale (par<br />
la bouche) aurait la même efficacité qu’une<br />
injection de Pénicilline. Une large étude sur<br />
environ 300 patients en phase peu avancée de<br />
la syphilis débute en ce moment aux Etats-<br />
Unis, afin de confirmer ce résultat.
Vaccin<br />
contre les papillomavirus ?<br />
Lors d’une session sur les infections à papillomavirus,<br />
responsables des condylomes et de<br />
cancers (utérus, anus, etc. voir dossier central<br />
p 15), les dernières informations sur le<br />
développement d’un vaccin par le laboratoire<br />
MSD ont été présentées : l’effet protecteur de<br />
ce vaccin est désormais démontré avec une<br />
diminution des infections de 94 % après quatre<br />
ans de suivi et 100 % de protection quant<br />
au développement de lésions pré-cancéreuses.<br />
Le laboratoire prévoit une demande<br />
d’AMM (autorisation de mise sur le marché)<br />
pour la mi-2005.<br />
Brèves...<br />
De notre envoyé spécial<br />
Fabien Sordet<br />
3TC et FTC<br />
3TC (Epivir) et FTC (Emtricitabine, Emtriva) présenteraient<br />
le même profil de résistance, la<br />
même efficacité et la même tolérance contre le<br />
VIH et l’hépatite B.<br />
Fuzéon (T20)<br />
Chez les patients multi-résistants, il pourrait<br />
être intéressant de maintenir Fuzéon (même<br />
chez des personnes résistantes à ce dernier),<br />
car ces résistances “imposées” par la présence<br />
du médicament semblent diminuer<br />
l’agressivité du VIH. Pour le moment, ce traitement<br />
se prend en 2 prises par jour.<br />
L’administration en une prise par jour n’est toujours<br />
pas validée.<br />
Sexualité<br />
Une étude française a révélé la dégradation de<br />
la sexualité (libido, orgasme…) chez les femmes<br />
séropositives. Explications suggérées : le<br />
virus lui-même, l’altération de l’image de soi,<br />
les traitements anti-VIH.<br />
Videx, Emtriva et Sustiva<br />
La présentation des résultats, avec un recul de<br />
cinq ans, confirme l’efficacité et la tolérance<br />
de l’association Videx + Emtriva + Sustiva chez<br />
les patients n’ayant jamais eu de traitement<br />
auparavant.<br />
Pour en savoir plus<br />
Consultez le site américain de l’ICAAC sur<br />
www.icaac.org (attention, en anglais !)<br />
Prochain Icaac : du 21 au 24 septembre<br />
2005 à la Nouvelle Orléans, Louisiane.<br />
Kalétra<br />
• L’efficacité de Kalétra est largement confirmée.<br />
Ce médicament a notamment été étudié<br />
pendant plus de cinq ans, en trithérapie chez<br />
les personnes n’ayant jamais pris de traitement<br />
auparavant.<br />
• Les concentrations de Kalétra dans le sang<br />
varient beaucoup d’une personne à l’autre<br />
(ce qui pourrait expliquer des effets indésirables<br />
plus importants chez certaines<br />
personnes). Aussi, lorsqu’on prend Kalétra, il<br />
est utile d’en mesurer la quantité dans le<br />
sang (sur prise de sang), afin, si nécessaire,<br />
d’en ajuster les doses.<br />
• Sur une durée de six mois, l’association<br />
Sustiva + Kalétra en une seule prise par jour<br />
est aussi efficace que le même traitement<br />
lorsque Kalétra est pris deux fois par jour.<br />
• Enfin, une étude africaine a montré que Kalétra<br />
serait stable jusqu’à 30 jours à une<br />
température pouvant aller jusqu’à 35°C<br />
(demande à être confirmé).<br />
Quadrithérapie<br />
Les résultats à six mois d’une étude sur la<br />
quadrithérapie Trizivir + Viréad, en une prise<br />
par jour, sont intéressants. Chez les personnes<br />
n’ayant jamais pris de traitement, cette association<br />
se révèle aussi efficace qu’une<br />
trithérapie conventionnelle Combivir + Sustiva.<br />
L’efficacité et la tolérance de ce type de traitement<br />
demandent cependant à être<br />
confirmées sur une plus longue durée.<br />
Truvada + Sustiva<br />
Le laboratoire Giléad a présenté les résultats<br />
de son essai comparant Truvada<br />
(Viréad + Emtriva) + Sustiva à l’association<br />
Combivir (AZT + 3TC) + Sustiva chez<br />
les patients n’ayant jamais pris de traitement<br />
anti-VIH. A vingt-quatre semaines,<br />
l’association Truvada + Sustiva se révèle<br />
plus efficace que l’association Combivir +<br />
Sustiva, avec une charge virale indétectable<br />
pour 87% des patients contre 78%<br />
avec l’autre combinaison.<br />
Une des raisons de cette supériorité pourrait<br />
être sa meilleure tolérance avec<br />
moins d’arrêts de traitement et d’effets<br />
indésirables. Cependant, il ne s’agit que<br />
de résultats intermédiaires. On ne pourra<br />
conclure définitivement qu’après une évaluation<br />
à quarante-huit semaines dont les<br />
résultats seront communiqués courant<br />
2005. Par ailleurs, la bonne tolérance de<br />
Viréad a été confirmée.<br />
7<br />
ACTU<br />
Photo : Fabien Sordet - remaides 54 - décembre 2004
8<br />
ACTU<br />
remaides 54 - décembre 2004 - Photos : Pierre & Gilles, Laurent Vincent-Bardin<br />
Livre<br />
Le “mousse” Moréna, devenu célèbre à 37<br />
ans, est aujourd’hui un vaillant capitaine de<br />
53 ans, la poitrine large comme un coffre. Pas<br />
sur le bateau ivre de Rimbaud, mais plutôt sur<br />
celui du capitaine Crochet, n’hésitant pas,<br />
avec une plume acérée comme une lame, à<br />
régler quelques comptes avec des gens du<br />
show biz, milieu qu’il côtoie depuis son tube<br />
Oh, mon bateau !, sans tomber toutefois dans<br />
une dérive amère. Moréna a bien vécu :<br />
argent, luxe, plaisirs et sexe, mais une seule<br />
chose compte : sa passion pour Antoine qui a<br />
duré quatorze ans. Et sa plume devient légère<br />
comme une caresse pour celui avec qui il<br />
partage les angoisses des résultats d’analyses,<br />
les joies de l’espoir retrouvé, une<br />
chambre d’hôpital au fond du couloir. Dans<br />
un récit commencé tel un journal intime,<br />
Eric Moréna :<br />
“OH, MA GALÈRE !”<br />
Dans un livre à paraître début 2005, Un fond de tristesse, Eric Moréna parle avec<br />
force de son amour pour son compagnon Antoine, mort du sida en 1992. Loin de<br />
sombrer dans le vague à l’âme, l’interprète de Oh, mon bateau ! fait son retour,<br />
racontant ses années houleuses avec réalisme et poésie, ou comment il a réussi à<br />
sortir la tête de l’eau et bientôt, un nouvel album.<br />
émouvant par son style parfois virevoltant,<br />
s’égrène la vie de deux hommes que seule la<br />
mort a séparé, jamais le VIH. Un hommage,<br />
mais aussi un avertissement : la “contagion<br />
d’amour” n’arrive pas qu’aux autres et il est<br />
encore plus délicat de l’assumer lorsqu’on est<br />
célèbre. Le rendez-vous est pris dans un café<br />
avec Eric Moréna, œil espiègle, éternel bouc<br />
et ruban rouge en guise de légion d’honneur.<br />
Remaides : Pourquoi avez-vous eu envie de<br />
publier cette histoire très intime ?<br />
Eric Moréna : Je tenais un journal, souvent<br />
interrompu, puis remanié et encore abandonné,<br />
jusqu’au jour où un ami m’a dit :<br />
“Pourquoi ne le partagerais-tu pas avec les<br />
gens ?” L’idée a fait son chemin : témoigner<br />
de la souffrance des autres. Et puis, je voulais<br />
rendre hommage à mon ami, Antoine,<br />
mort dans d’horribles souffrances le 22 septembre<br />
1992. Le sida m’a pris l’homme de<br />
ma vie… Il faut parler de tous ceux qui sont<br />
morts d’amour.<br />
Cela a été difficile de gérer votre célébrité face<br />
à une maladie qui souvent exclut ?<br />
Cela a surtout été très dur pour moi au<br />
moment où la maladie s’est déclarée. Je faisais<br />
des allers et retours entre les “paillettes”<br />
et l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, les rumeurs<br />
Un fond de tristesse<br />
d’Eric Moréna, (éditions Société des Ecrivains,<br />
15 euros), sortie prévue en février 2005 dans<br />
toutes les librairies. Une partie des droits du<br />
CD 2 titres Antonio mio, bientôt dans les bacs,<br />
sera reversée à AIDES.<br />
allaient bon train, des amis ne me parlaient<br />
plus. Je m’évadais dans la peau de Moréna en<br />
faisant des galas ou la folle à la télé, grâce à<br />
mon méga tube Oh, mon bateau ! J’ai mesuré<br />
que, qui que l’on soit, le sida est une<br />
maladie de pestiférés pour les personnes<br />
atteintes et les proches. Mais ceux qui jugent,<br />
souffrent, eux, d’un rétrécissement du cœur.<br />
Comment avez-vous vécu la maladie d’Antoine ?<br />
Je n’avais pas peur du VIH et à une époque,<br />
je voulais moi aussi l’avoir pour épouser ses<br />
souffrances. Je me suis senti désarmé. Lorsqu’il<br />
commença à trop souffrir, j’ai décidé de<br />
l’hospitaliser à domicile, je ne pouvais lui<br />
apporter que ma présence. Il mesurait 1,80 m<br />
et pesait 50 kg, je le portais à la baignoire<br />
comme une plume. Dans ma tête, je me sentais<br />
malade. Et puis après sa mort, j’ai<br />
ressenti la terrible injustice qu’il n’ait pas pu<br />
bénéficier des nouveaux traitements arrivés<br />
par la suite.<br />
Quels sont vos projets aujourd’hui ?<br />
J’attends que mon livre sorte, de l’avoir entre<br />
les mains pour tourner la page. Après,<br />
j’écrirai la suite, tout ce qui s’est passé depuis<br />
sa disparition, la dépression et les espoirs…<br />
Je ne me suis jamais remis de la mort<br />
d’Antoine. C’est un de mes anges aujourd’hui.<br />
Je sors aussi mon quatrième album début<br />
2005 où une chanson s’appelle Antonio mio<br />
qui dit : “Dans le vertige de mes vertiges, la<br />
solitude de mon cœur, tu es parti dans un<br />
pays où l’amour ne fait plus souffrir…” Quand<br />
j’aurai plus de temps, j’aimerais bien aussi<br />
m’engager dans la lutte contre le sida.<br />
Entretien : Dominique Thiéry
Résultats de l’enquête<br />
AIDES, PORTE-PAROLE DES PERSONNES SÉROPOSITIVES<br />
Plus de 2 000 personnes ont répondu à l'enquête AIDES et<br />
toi, un questionnaire qui a pour objectif de mieux<br />
comprendre leurs besoins et leurs espoirs. Le résultat de<br />
cette consultation permet aujourd'hui de dessiner une<br />
image concrète des personnes qui sollicitent l'association<br />
ou qui participent à ses actions. Zoom.<br />
Qui êtes-vous ?<br />
Des femmes<br />
De plus en plus, les femmes viennent à AIDES. Elles représentent<br />
aujourd’hui un tiers des personnes qui poussent la porte de<br />
l'association. Les femmes originaires d'Afrique subsaharienne<br />
viennent en nombre et sont dans une grande précarité.<br />
Des personnes de plus en plus jeunes<br />
Après l’augmentation continue de l’âge des personnes venant<br />
à AIDES constaté lors des précédentes enquêtes, on observe<br />
désormais une légère diminution de l'âge moyen qui est<br />
aujourd’hui de 38 ans.<br />
Des personnes seules et isolées<br />
La maladie, la précarité et les effets indésirables des traitements<br />
contribuent à une grande solitude des personnes. Paradoxalement,<br />
si quatre personnes sur dix disent avoir des enfants,<br />
seulement la moitié d'entre elles vivent avec eux. Et moins d'un<br />
tiers des personnes ayant répondu vivent en couple.<br />
Des personnes de plus en plus touchées par les hépatites<br />
La moitié des répondants sont séropositifs au VIH et un quart<br />
sont concernés par les hépatites (B ou C). Près d'un cinquième<br />
des répondants sont séropositifs au VIH et à une ou plusieurs<br />
hépatites.<br />
Les personnes interrogées ont placé en tête des revendications<br />
la volonté de voir AIDES porter la parole des<br />
personnes séropositives auprès des pouvoirs publics.<br />
Ce désir légitime s'inscrit dans un contexte d'isolement,<br />
de précarité, voire d'inégalité dans l'accès aux<br />
traitements.<br />
Fort impact du VIH<br />
dans la vie quotidienne<br />
Les personnes touchées ont un suivi médical régulier<br />
(96 %) et huit personnes sur dix bénéficient d'un traitement.<br />
Pour les personnes actuellement sans<br />
traitement anti-VIH, un quart d'entre elles sont en<br />
arrêt.<br />
Les résultats de cette enquête rappellent que la maladie<br />
et les traitements ont un impact très fort sur la<br />
vie quotidienne des personnes touchées par le VIH.<br />
Elles sont encore plus seules que l'ensemble des répondants<br />
à l'enquête (75 %) et moins d'un quart (23 %)<br />
disent avoir une activité professionnelle régulière (30 %<br />
pour l'ensemble des répondants). Il est à noter que le<br />
taux de personnes séropositives au VIH en activité dans<br />
cette enquête est très inférieur à celui d'autres<br />
questionnaires. Dans l'enquête VESPA qui vient d'être<br />
publiée et qui concerne des personnes interrogées à<br />
l'hôpital, ce taux s’élève à 57 %. D’autre part, six<br />
personnes sur dix déclarent avoir une vie de couple, soit<br />
plus du double que l'enquête AIDES et toi (25 %). On<br />
comprend pourquoi les actions de AIDES les plus<br />
plébiscitées par les personnes touchées sont les espaces<br />
de convivialité et les accueils qui représentent pour<br />
beaucoup le seul espace de sociabilité.<br />
L'emploi reste au cœur des préoccupations des<br />
personnes séropositives et la grande majorité d'entre<br />
elles souhaitent aujourd'hui retrouver un travail.<br />
9<br />
AGIR ! illustrations : Stéphane Blot - remaides 54 - décembre 2004
10<br />
AGIR !<br />
remaides 54 - décembre 2004 - Photo : Nicolas Charpentier<br />
<strong>Enquête</strong> AIDES & toi<br />
Pour cela, elles demandent un soutien à<br />
AIDES pour mettre leur niveau de vie en<br />
adéquation avec l'évolution de leur état de<br />
santé, et ne plus être contraintes de vivre avec<br />
les minima sociaux liés au handicap (AAH,<br />
Allocation à l’adulte handicapé, etc.).<br />
Concernant l’efficacité des traitements, si<br />
8 % des personnes sont en échec thérapeutique<br />
sévère et 20 % en difficulté au regard<br />
de leurs résultats biologiques, une majorité<br />
(83 %) perçoit ses traitements comme assez,<br />
voire très efficaces. Les effets indésirables<br />
sont gênants pour près de la moitié des<br />
personnes dont beaucoup évoquent ces problèmes<br />
avec leur médecin (Un tiers regrette<br />
l'incapacité de ce dernier à intervenir sur ces<br />
effets). Cela a pour conséquence une demande<br />
importante d'aide à domicile pour<br />
effectuer les tâches de la vie quotidienne,<br />
mais seulement la moitié des demandeurs<br />
bénéficient de ce soutien.<br />
Précarité indigne pour les personnes<br />
infectées par l’hépatite C<br />
Les chiffres parlent d'eux-mêmes :<br />
• 44 % n'ont pas de logement stable,<br />
• 86 % n'ont pas d'activité professionnelle<br />
régulière,<br />
• 64 % bénéficient de la CMU (Couverture<br />
médicale universelle).<br />
Une très grande majorité de personnes vit<br />
sans revenus ou avec un accès très réduit<br />
à l’AAH, l’invalidité, etc. L’accès à ces<br />
allocations pour les personnes en traitement<br />
anti-VHC (hépatite C) semble être<br />
une des priorités de AIDES pour l’avenir.<br />
Beaucoup des personnes interrogées ont<br />
un lien passé ou actuel avec la toxicomanie<br />
et se retrouvent exclues d'une<br />
reconnaissance sociale, accentué par un<br />
accès plus difficile aux traitements ou à<br />
un suivi médical.<br />
AIDES, association communautaire<br />
Les femmes<br />
Elles sont plus nombreuses, plus précaires et de plus en plus souvent<br />
issues d'Afrique subsaharienne (une femme sur cinq). Elles représentent<br />
34 % des personnes interrogées de l'enquête. (En 1999, les femmes ne<br />
constituaient que 25 % des répondants).<br />
Les personnes migrantes ou étrangères<br />
Elles sont plus jeunes, sont majoritairement des femmes, plus touchées par le VIH, et<br />
travaillent rarement. Elles demandent notamment à AIDES de pouvoir bénéficier de formations<br />
sur le VIH et les traitements. Elles représentent 24 % des répondants à l'enquête, 56 % d’entre elles ont<br />
des enfants et seulement 24 % vivent avec eux. Enfin, une personne sur dix ne bénéficie d'aucune<br />
couverture maladie.<br />
Les consommateurs de produits<br />
(personnes consommant des drogues hors alcool et hors cannabis)<br />
Ils sont en situation de grande précarité. Ils représentent 22 % des répondants à l'enquête, 62 % ont<br />
un traitement de substitution, principalement le Subutex, avec une forte proportion de personnes<br />
s'injectant le produit (La moitié des consommateurs de produits sont des injecteurs).<br />
Les hommes homosexuels ou bisexuels<br />
(personnes déclarant avoir des relations sexuelles avec un homme actuellement)<br />
La lutte contre l'homophobie et l'égalité homo/hétéro apparaît pour eux comme une priorité.<br />
Ils représentent 32 % des répondants à l'enquête, 77 % vivent seuls et la moitié d’entre eux ont un<br />
emploi stable.<br />
Ressenti des personnes<br />
infectées par l’hépatite C<br />
11% des répondants sont sous traitement<br />
anti-VHC. Plus d'un tiers des personnes<br />
estiment que leur hépatite C est stable, 12 %<br />
qu'elle s'aggrave et 12 % qu'elle est guérie.<br />
61 % se sont vu proposer une biopsie<br />
(prélèvement sous anesthésie de quelques<br />
cellules du foie pour évaluer la gravité de la<br />
maladie) par leur médecin et 66 % d'entre<br />
elles l'ont réalisée. Seulement 20 % des<br />
médecins ont évoqué l'existence du Fibrotest<br />
(examen sanguin permettant dans certains<br />
cas de remplacer la biopsie, voir Remaides<br />
n°52, p 8).<br />
Pour plus d’infos<br />
Alain Legrand<br />
Une plaquette présentant les principaux<br />
résultats sera disponible auprès de votre<br />
délégation AIDES à partir du 15 janvier 2005.<br />
Pour la connaître : T. : 0 820 160 120 (0,12<br />
euro/min). Plusieurs délégations proposeront<br />
une présentation des résultats à laquelle vous<br />
serez invité.
Stéphanie de Monaco<br />
UN OURAGAN MILITANT<br />
A 39 ans, la Princesse Stéphanie est toujours en ébullition.<br />
Présidente d’une association de lutte contre le sida (Fight Aids<br />
Monaco), elle est partie en croisade pour dénoncer les<br />
discriminations dont sont souvent sujettes les personnes<br />
séropositives. Ainsi, la Princesse contribue à faire de la lutte contre<br />
le VIH une cause “noble”…<br />
Décidément, les princesses n’ont plus peur de<br />
l’étiquette ! Après Diana, une des premières<br />
personnalités à avoir tendu la main à un<br />
malade du sida dans les années 80, voilà qu’à<br />
son tour, Stéphanie de Monaco troque les<br />
tapis rouges pour porter le ruban et présider<br />
l’association monégasque Fight Aids Monaco.<br />
“Sans doute, cette cause que je défends estelle<br />
inhabituelle pour une princesse, mais<br />
j’assume parfaitement. Je me bats pour<br />
l’avenir de mes trois enfants” explique-t-elle.<br />
En 2003, avec son frère le Prince Albert,<br />
Stéphanie crée Femmes face au sida, une<br />
association qui fusionnera avec Monaco Sida<br />
pour devenir Fight Aids Monaco en juillet.<br />
La structure propose des aides (parfois financières)<br />
aux personnes touchées, informe et<br />
incite au dépistage VIH/sida, récolte des<br />
fonds via une grande vente aux enchères.<br />
“Nous nous battons chaque jour pour soutenir<br />
ceux qui souffrent, pour qu’ils aient la<br />
volonté de repartir”. Et lorsqu’on évoque le<br />
mot “protocole”, la Princesse ne pense plus<br />
systématiquement à ce qui incombe à son<br />
rang, elle songe aussi à toutes les personnes<br />
touchées en attente d’un nouveau traitement.<br />
Son déclic à elle ? Marie, une amie proche,<br />
qui est séropositive.<br />
Solide comme un rocher<br />
La petite fille qui gambadait dans le parc du<br />
château de Marchais (Aisne), résidence des<br />
Grimaldi, puis la jeune femme qui, du haut<br />
du Rocher, s’envolait dans le Top 50 avec son<br />
tube Comme un ouragan en 1986, est devenue,<br />
avec la maturité, une femme engagée, se<br />
rendant à l’hôpital, juste pour dire : “Je suis<br />
là”. Et si les vents parfois violents de la presse<br />
à scandales l’ont rendu plus méfiante,<br />
Stéphanie de Monaco n’hésite pas à s’exposer<br />
et faire récemment la une de Point de Vue,<br />
la lutte contre le sida comme étendard. C’est<br />
dans le même esprit qu’elle a bien voulu poser<br />
pour Pierre Maraval dans AIDES X 1000 (voir<br />
1 000 portraits pour les 20 ans de AIDES !<br />
Dix ans après son livre Ideas, déjà consacré à 1 000<br />
acteurs de la lutte contre le sida, Pierre Maraval refait le<br />
portrait de 1 000 personnes, anonymes ou célèbres, toutes<br />
engagées dans la même voie : visibilité d’un combat,<br />
soutien aux personnes touchées et hommage à AIDES.<br />
De Nolwenn à Nicoletta, de Dechavanne à Fogiel, de<br />
Delanoë à Simone Veil, sans parler des volontaires et des<br />
permanents, AIDES X 1000 est “comme une dette de<br />
mémoire, comme une colère d’avenir” revendique le<br />
livre dans lequel résonne un mot sous chaque portrait :<br />
La Princesse Stéphanie, un des 1 000<br />
portraits du livre-hommage à AIDES.<br />
encadré) inscrivant sous son portrait son<br />
leitmotiv : “Ne pas juger”. Une volonté<br />
d’aider les exclus qui lui vient peut-être de sa<br />
grand-mère, la Princesse Charlotte, qui jadis,<br />
rendait visite à des détenus. “Arrêter le fléau,<br />
je n’en suis pas plus capable que les médecins.<br />
Mais aider les gens, les soutenir, je peux<br />
le faire”. Une Princesse qui n’usurpe pas son<br />
titre !<br />
Dominique Thiéry<br />
Pour plus d’infos<br />
Fight Aids Monaco, 72 bd d’Italie, MC,<br />
98 000 Monaco, Tél. : 00 377 977 0 67 97<br />
ou www.fightaidsmonaco.com<br />
“révolté”, “humilitant”, “délivrance”, “amoureuse”... Un<br />
florilège de personnalités hautes en couleurs (ça ressemble<br />
un peu à du Warhol !) dont la diversité rappelle<br />
que le sida est l’affaire de tous. AIDES X 1000, 1000<br />
regards contre le sida (Editions Le Cherche Midi) de P.<br />
Maraval, 29 euros (dont une partie sera reversée à AIDES)<br />
dans toutes les librairies ou en tapant www.aides.org et<br />
www.cherche-midi.com. Une grande exposition gratuite<br />
des 1 000 portraits se tient actuellement à Paris, sur le<br />
pont des Arts, jusqu’au 3 janvier 2005.<br />
11<br />
TRAIT’PORTRAIT Photo : Pierre Maraval - remaides 54 - décembre 2004
12<br />
TÉMOIGNER<br />
remaides 54 - décembre 2004 - Illustration : Gersende*<br />
Un passionné d’astronomie nous raconte sa rencontre avec “l’extra-terrestre”, Fuzéon.<br />
DÉCOLLAGE AVEC FUZÉON<br />
vers 7 milliards d’étoiles…<br />
Je décroche de mon passe-temps favori, l’astronomie et je<br />
décide d’inviter autour d’un repas quelques copains afin<br />
de me fondre en eux et de ne pas oublier que je suis aussi un<br />
terrien. Les couverts sont en ordre et les apéritifs se servent.<br />
Du fond des gosiers, les conneries commencent à fuser. Le<br />
temps n’a plus sa place parmi nous et part dans les ruelles de<br />
la basse ville, à la recherche d’âmes stressées. Les cultivés cultivent,<br />
les drôles me font rire jusqu’au moment où mon portable<br />
se met à sonner. “Il est l’heure !” me dit-il. “Il faut mettre ton<br />
patch anti-douleur, et dans une demi-heure, je sonnerai à nouveau<br />
pour que tu pense à sortir la fiole du frigo !”.<br />
Discrètement, je m’éclipse.<br />
Racontez-nous<br />
vos vies !<br />
Écrivez à la rédaction (voir p.2).<br />
Où vais-je me piquer car il n’y a quasiment plus de place ? Bref,<br />
il faut faire vite, les invités attendent. Je reviens vers eux et je<br />
sais mon visage vieilli par ces automatismes et la volonté de<br />
mon être, rongée. Mais il faut se battre et donner aussi cette<br />
illusion qu’ils ont tous en commun : l’insouciance de la vie.<br />
Dans la foulée, je reprends mon verre de limonade et indépendamment<br />
ma présence s’efface. Lentement mon regard se<br />
détourne par delà ma porte-fenêtre et plonge dans l’obscurité<br />
de notre étoile.<br />
Laissant les paroles se mélanger, je sors sur ma terrasse et me<br />
perds dans le plus vaste des infinis. J’aperçois une autre étoile,<br />
un autre lieu, un scintillement, une flamme lutte pour vivre,<br />
lutte pour que je la regarde ne serait-ce qu’une seule fois.<br />
Mon âme se fond et j’ai comme l’impression de communiquer<br />
avec elle. Je lui tends ma main et un être de lumière vient s’y<br />
poser, je le contemple et l’admire et découvre l’infime petit.<br />
L’infime particule qu’est cette luciole n’est pas plus grande que<br />
mon étoile et de mon souffle, cet insecte repart sur d’autres<br />
terrasses, vers d’autres yeux.<br />
Cronos est de retour, la sonnerie se fait entendre et il est<br />
l’heure de sortir Fuzéon du réfrigérateur. Comme un fantôme,<br />
je m’éclipse dans la cuisine. Le temps est devenu mon ami<br />
car il me donne chaque jour un peu plus d’espace pour lutter<br />
contre lui. Mais il m’aura fallu du temps pour m’adapter à ses<br />
fuseaux horaires et à ses contraintes, et du temps aussi pour<br />
commencer à comprendre qu’avec même une trentaine de T4,<br />
rien ne m’empêche de voir la vie sous un autre angle et d’en<br />
savourer chaque découverte. Mes amis et leurs mines réjouies<br />
sont partis et je me retrouve seul en compagnie de mes deux<br />
hippocampes, l’un se nomme Podargyre, l’autre, Xanthos.<br />
De l’autre côté de l’aquarium, peut-être me voient-ils comme<br />
une petite particule de l’infiniment grand ? Mais peu m’importe<br />
car il est l’heure de m’injecter cette seringue infime contenant<br />
ce produit infiniment grand afin de rester l’infini moi.<br />
Anonyme
Résultats d’études sur les<br />
risques de contamination par fellation<br />
En 1998, une étude américaine révélait que 8 a 10 % des homosexuels séropositifs disaient<br />
avoir été contaminés par fellation. Une étude anglaise similaire publiée en 2001 donne,<br />
quant à elle, le chiffre de 6 %. L’Health protection agency, au vue de l’ensemble des données<br />
connues à ce jour, estime que 3 % des gays séropositifs ont été contaminés par fellation.<br />
Les études précitées sont toutes critiquables sur le plan de la méthodologie (cas déclarés par<br />
les personnes elles-mêmes, sans, bien sûr, qu’on ait la possibilité de s’assurer des pratiques<br />
réelles !), mais elles ont le mérite de nous rappeler que le risque n’est pas théorique. Malgré un<br />
risque faible, la fellation est un mode de transmission du VIH (qui augmente avec le nombre de<br />
fellation pratiquées).<br />
Y a-t-il un risque de transmission du VIH lors d’une fellation ?<br />
Nom d’une pipe !<br />
Même si le risque est faible, il<br />
n’est pas nul, ni celui de<br />
contracter une IST (Infection<br />
sexuellement transmissible),<br />
comme la syphilis (voir dossier<br />
central). Remaides fait le point sur<br />
un sujet certes glissant, mais qui<br />
souffre surtout d’idées fausses.<br />
Exemples de situations…<br />
Pour la personne qui suce<br />
Le risque est, sans aucun doute,<br />
nettement plus faible que pour une pénétration<br />
vaginale ou anale, mais il existe.<br />
Pourquoi est-ce possible ?<br />
La bouche est une muqueuse, tout comme le<br />
vagin ou l’anus, à travers laquelle le virus peut<br />
passer. Certes, cette muqueuse est moins<br />
fragile (que la muqueuse anale notamment),<br />
mais elle peut néanmoins constituer une<br />
porte d’entrée pour le virus. Cela est particulièrement<br />
vrai en cas de petites blessures,<br />
d’irritations dans la bouche, par exemple des<br />
aphtes, des brûlures, des maux de gorge, des<br />
gencives fragilisées après le brossage des<br />
dents, etc. (voir encadré p. 14).<br />
En cas de fellation d’une personne séropositive,<br />
le virus contenu dans son sperme peut<br />
alors passer à travers la bouche de la personne<br />
qui la suce. L’éjaculation dans la bouche<br />
est donc fortement déconseillée… Même<br />
sans éjaculation, ce risque ne peut être exclu.<br />
Certains hommes sécrètent un liquide<br />
transparent lié à l’excitation (liquide<br />
pré-séminal). Ce liquide n’est pas du sperme,<br />
mais il peut, lui aussi, contenir du virus,<br />
même si la personne a une charge virale<br />
indétectable.<br />
13<br />
PRÉVENTION ET SEXUALITE Photo : Laurent Vincent-Bardin - remaides 54 - décembre 2004
14<br />
PRÉVENTION ET SEXUALITÉ<br />
remaides 54 - décembre 2004 - Photo : Pierre et Gilles - Carte : Le Crips<br />
Fellation<br />
Pour la personne sucée<br />
Le risque devrait être encore plus faible puisque<br />
la salive n’est pas contaminante. Pour qu’il y ait<br />
un risque de contamination, il faudrait que la<br />
personne qui suce ait du sang dans la bouche<br />
ou bien, lors de rapports à plusieurs, qu’elle ait<br />
encore en bouche le sperme d’un partenaire<br />
(séropositif) précédent. Tout est possible…<br />
Alors que faire ?<br />
De façon générale, le risque de contamination par<br />
fellation sans éjaculation est très faible, mais il<br />
n’est pas nul : il a été décrit dans plusieurs<br />
études ces dernières années et certains<br />
pensent qu’il a peut-être été sous-estimé<br />
depuis le début de l’épidémie. De récentes<br />
études font état d’un nombre non<br />
négligeable de personnes se disant contaminées<br />
de façon certaine par fellation (voir<br />
encadré p. 13). Certes, les cas sont bien<br />
moindres que lors d’une pénétration anale<br />
ou vaginale, mais il ne s’agit pas d’un simple<br />
“risque théorique”.<br />
Faut-il se protéger lors des fellations ?<br />
Des risques, nous en prenons tous les<br />
jours dans notre vie. L’exemple trivial de la<br />
voiture est assez parlant : lorsque l’on<br />
prend sa voiture, on prend un risque. Ce<br />
n’est pas un “risque théorique” : tous les<br />
jours, des personnes décèdent sur la<br />
route. Pour la fellation, le risque encouru<br />
est moindre et des informations précises<br />
permettent d’écarter toute ignorance ou<br />
toute phobie. Chacun peut alors prendre<br />
sa décision en connaissance de cause…<br />
Comment réduire les risques au maximum ?<br />
“Au maximum”, c’est le préservatif !<br />
(rappelons qu’il en existe de toutes sortes, parfumés, féminins ou masculins).<br />
A défaut :<br />
• Évitez de sucer un partenaire si vous avez des aphtes, des blessures, des<br />
brûlures dans la bouche ou bien si vous avez mal à la gorge (ou alors<br />
sucez avec préservatif).<br />
• Évitez aussi de vous brosser les dents juste avant de faire une fellation<br />
(préférez un bon chewing gum à la menthe ou à la chlorophylle pour<br />
avoir l’haleine fraîche ou alors massez avec vos gencives avec du<br />
dentifrice !)<br />
• Évitez de vous rincer la bouche avec une solution buccale alcoolisée,<br />
après une fellation. Si vous voulez vous rincer la bouche, préférez l’eau,<br />
y compris s’il y a eu éjaculation dans la bouche (fortement déconseillée).<br />
• Évitez enfin d’éjaculer près des yeux qui sont une muqueuse, donc<br />
éventuellement une porte d’entrée pour le VIH (très rare).<br />
Mister condom<br />
Fabien Sordet<br />
A vous la parole !<br />
La fellation est un sujet qui fait souvent<br />
augmenter le thermomètre dans les<br />
d(ébats) !<br />
En effet, si beaucoup s’accordent à dire<br />
qu’il y a risque de contamination mais qu’il<br />
est faible, chacun a sa perception et sa<br />
pratique.<br />
Remaides vous donne la parole !<br />
Connaissez-vous quelqu’un, ou pensezvous<br />
avoir été vous-même contaminé par<br />
fellation ? Pratiquez-vous la fellation<br />
avec, ou sans capote ? Quels messages<br />
aimeriez-vous faire passer au sujet du<br />
risque lié à la fellation ?<br />
Remaides attend vos témoignages qui<br />
seront publiés dans un prochain numéro.<br />
Écrivez à AIDES, Remaides, tour Essor, 14<br />
rue Scandicci, 93508 Pantin Cedex ou via<br />
l’adresse courriel : cleblon@aides.org
Infections<br />
Sexuellement<br />
Transmissibles :<br />
les connaître pour les combattre !<br />
Les condylomes<br />
IST très répandue, les condylomes peuvent “dormir”<br />
longtemps avant de se réveiller entraînant parfois des<br />
troubles graves.<br />
Localisation : ça papillonne !<br />
Dus à des virus de la famille des papillomavirus, les condylomes<br />
s’attrapent sexuellement, mais aussi (rarement) via les<br />
mains (caresses, attouchements, etc.). Le virus reste invisible<br />
jusqu’au jour où (de trois semaines à plusieurs années),<br />
il apparaît sous forme de verrues génitales (crêtes de coq)<br />
localisées sur les zones génitales externes (pénis, testicules,<br />
plis de l’aine, anus, vagin, vulve) ou internes (col de l’utérus,<br />
anus). La bouche est rarement touchée. Si les condylomes<br />
sont indolores, en revanche, ils peuvent entraîner de sérieuses<br />
complications : certains types de papillomavirus peuvent<br />
entraîner des lésions évoluant parfois en cancers (col de<br />
l’utérus, anus ou organes génitaux externes).<br />
Traitements ?<br />
Si la guérison spontanée est possible, la personne reste porteuse<br />
du virus. Pour détruire les condylomes, le médecin peut<br />
les brûler (azote ou laser), les enlever chirurgicalement, ou<br />
appliquer des crèmes spéciales (Condyline, Aldara). Il est<br />
donc important, pour prévenir toute complication, que la<br />
En France, les Infections<br />
sexuellement transmissibles<br />
(IST) sont en recrudescence<br />
depuis 2000. Leur vrai danger<br />
est sournois : souvent<br />
on ne sent rien, donc on<br />
ne traite pas... Pourtant,<br />
elles peuvent compliquer<br />
gravement la<br />
santé des personnes<br />
séropositives.<br />
femme fasse régulièrement<br />
des frottis vaginaux et du col de<br />
l’utérus, que l’homme soit examiné<br />
régulièrement par son médecin pour<br />
éviter les récidives. Il est également conseillé<br />
aux hommes ayant eu des pénétrations anales non<br />
protégées (même longtemps auparavant) de consulter un<br />
spécialiste (gastro-entérologue, proctologue) deux fois par an.<br />
Chaud devant, chaudes-pisses !<br />
Les “chaudes-pisses” se transmettent uniquement par voie<br />
sexuelle. Deux microbes peuvent en être responsables : les<br />
gonoccocies et les Chlamydiae. Bien dépistées, on peut les<br />
supprimer en une fois, une bonne nouvelle car c’est très contagieux<br />
! Ces maladies d’autrefois sont réapparues depuis 1998,<br />
notamment chez les homosexuels.<br />
Gare à la blenno !<br />
Causées par une bactérie, le gonocoque, les gonoccocies (ou<br />
blennorragie) entraînent chez l’homme, trois à dix jours après<br />
un rapport sexuel, un écoulement important de pus jauneblanc<br />
de son méat (orifice du gland) : douleurs (pisser des<br />
“lames de rasoirs”). Les complications à long terme sont rares,<br />
mais graves : rétrécissement de l’urètre (canal à l’intérieur du<br />
pénis), problèmes de prostate (glande située autour de la base<br />
de l’urètre et en dessous de la vessie), de stérilité ou infection<br />
des testicules. Quant à la femme, elle peut avoir des pertes.<br />
Non soignée, la gonoccocie peut conduire à une salpingite<br />
(inflammation de l’une ou des deux trompes de l’utérus). Les<br />
gonoccocies peuvent aussi atteindre la gorge (provoquant une<br />
angine) ou l’anus (entraînant parfois écoulements ou douleurs).<br />
Les Chlamydiae<br />
Causées par la Chlamydia trachomatis, une bactérie, les Chlamydiae,<br />
indolores, provoquent chez l’homme un écoulement<br />
discret au niveau du pénis ou des pertes chez la femme (la<br />
vulvo-vaginite) au niveau du vagin. Elles peuvent rester invisibles<br />
de manière prolongée jusqu’aux complications<br />
analogues aux gonoccocies.<br />
15<br />
POUR Y VOIR PLUS CLAIR Illustration : Eric Dérian, atelier Pop - remaides 54 - décembre 2004
16<br />
POUR Y VOIR PLUS CLAIR<br />
remaides 54 - décembre 2004 - Illustration : Eric Dérian, atelier Pop<br />
Les IST<br />
Traitements-minute<br />
Par prélèvements ou analyses d’urine, on peut facilement<br />
dépister les “chaudes-pisses” et les traiter en une seule prise<br />
d’antibiotique (efficace mais ne protége pas d’une autre<br />
contamination), à condition qu’il soit bien choisi : il ne faut<br />
pas se traiter seul car un traitement inadapté peut masquer<br />
l’évolution de la maladie ou entraîner des risques de résistances<br />
à l’antibiotique de la bactérie responsable.<br />
La maladie de Nicolas-Favre<br />
Appelée aussi lymphogranulomatose vénérienne rectale<br />
(LGV), cette IST, en recrudescence chez les<br />
homosexuels depuis janvier 2004 à Paris et à Bordeaux,<br />
avait quasiment disparu. La moitié des cas concerne des<br />
personnes séropositives. Ce sous-type de Chlamydia se<br />
concentre dans l’anus avec une forte inflammation qui<br />
peut provoquer écoulements et douleurs. Infection<br />
contagieuse, ses premières lésions passent souvent<br />
inaperçues chez la femme comme chez l’homme. Les<br />
ganglions peuvent ensuite gonfler jusqu’au risque de<br />
complications inflammatoires des organes génitaux<br />
externes, si la maladie n’est pas traitée. Pour la<br />
diagnostiquer, un prélèvement de la lésion est effectué<br />
directement ou avec un anuscope, voire par ponction<br />
ganglionnaire. Sa transmission est souvent observée<br />
suite à des pénétrations anales, vaginales ou buccales<br />
non protégées. Le traitement est simple, mais long : 100<br />
mg de Doxycycline deux fois par jour pendant trois à six<br />
semaines. En cas de doute, ou de lésions anales ou<br />
rectales non expliquées, consultez votre médecin ou un<br />
gastro-entérologue.<br />
D’autres infos sur : www.infectiologie.com/public/<br />
actualite-infection/alertes/LGV.htm<br />
L’herpès, ça pousse et repousse !<br />
30 % des herpès sont faciaux (bouton de fièvre), 70 % sont<br />
localisés sur le sexe (bouquet de vésicules sur le gland, chez<br />
l’homme, vulvite chez la femme ou atteinte de l’anus). Seulement<br />
10 % des personnes infectées ont des symptômes (lésions<br />
douloureuses, parfois fièvre). L’infection par le virus herpès peut<br />
durer toute la vie car il s’intègre aux petits filets nerveux de la<br />
peau et de la muqueuse. Cependant, souvent, les poussées<br />
d’herpès restent peu fréquentes.<br />
Quand l’herpès prend-t-il l’air ?<br />
Le virus peut se transmettre par un contact direct de la peau<br />
avec une muqueuse (paroi intérieure, humide : bouche, organes<br />
génitaux, anus, œil, etc.) ou indirectement, par les doigts, s’ils<br />
ont touché une lésion sur laquelle est le virus. La contagion est<br />
maximale lorsque la personne a une poussée d’herpès et possible<br />
jusqu’à 48 heures après une guérison apparente. Les crises<br />
sont favorisées par le soleil, la fatigue, le stress, la dépression,<br />
les cycles hormonaux et tout ce qui fait baisser les défenses<br />
immunitaires.<br />
Comment y remédier ?<br />
• Apprendre à identifier soi-même une poussée d’herpès avant<br />
l’apparition des boutons (lorsque ça commence à chauffer,<br />
démanger…)<br />
• Avoir chez soi le traitement et le commencer tout de suite<br />
• Pour le simple bouton de fièvre, la pommade (aciclovir)<br />
• Pour les herpès plus étendus et pour ceux génitaux et anaux,<br />
des comprimés (Zelitrex ou Zovirax). En cas d’herpès résistant<br />
à l’aciclovir, on augmente les doses (si nécessaire on passe aux<br />
perfusions d’aciclovir). Si cela est insuffisant, le Foscavir (en<br />
perfusion) peut être utilisé.<br />
Après une poussée, l’herpès peut se résorber en 8 à 10 jours. Il<br />
peut aussi être chronique (plus de six fois par an). Pour le diagnostiquer,<br />
le médecin prélève un peu de virus (résultats dans les<br />
2 jours). Le traitement le plus efficace lorsqu’on sent venir la<br />
poussée d’herpès (brûlure annonciatrice), est un traitement<br />
immédiat de 2 comprimés par jour pendant cinq jours de Zovirax.<br />
Pour l’herpès chronique touchant la personne séropositive<br />
qui a moins de 100 T4/mm 3 , un traitement au long cours de Zovirax<br />
ou de Zélitrex doit être envisagé tant que les T4 ne sont pas<br />
revenus durablement au dessus de 300. (Dans les situations plus<br />
sérieuses, des perfusions de Zovirax sont envisageables). Il est<br />
vivement recommandé d’éviter d’avoir tout rapport sexuel pendant<br />
une poussée d’herpès car même avec le préservatif, l’herpès<br />
peut être présent à côté de la zone protégée.<br />
Pour d’autres infos, consultez votre médecin, votre dermatologue<br />
ou votre gynécologue et voir le site Internet :<br />
www.herpes.asso.fr ou Remaides n°47, pp 8 et 9.
Les IST<br />
Epidemie de syphilis en France<br />
la dépister pour se soigner<br />
Alors que la syphilis, la “grande<br />
simulatrice” avait quasiment disparu depuis<br />
1990, elle fait un retour en force depuis<br />
trois ans, dans les grandes agglomérations.<br />
Maladie très contagieuse, mais non<br />
douloureuse, elle menace surtout les<br />
homosexuels et bisexuels (88 % des cas<br />
déclarés, dont la moitié sont séropositifs).<br />
Comment l’éviter, comment se soigner ?<br />
La syphilis, c’est quoi ?<br />
La syphilis (ancienne “petite vérole”) est une infection bactérienne<br />
qui peut commencer par un chancre (ulcère) au niveau<br />
des muqueuses génitales, anales ou buccales. Mais souvent,<br />
il n’est pas visible (gorge ou anus). La syphilis peut se transmettre<br />
par un contact avec le sang ou sexuel (bouche-bouche,<br />
bouche-sexe, sexe-sexe, bouche-anus, sexe-anus) avec une<br />
personne atteinte. Cette IST est très contagieuse : 30 à 40 %<br />
des partenaires risquent de développer la syphilis dans les<br />
trente jours suivant le rapport sexuel.<br />
Trois formes successives de la maladie :<br />
• Forme primaire : possibilité d’apparitions de plaies, d’ulcères<br />
non douloureux qui disparaissent au bout de trois à six<br />
semaines.<br />
• Forme secondaire : dans une durée de six à vingt-quatre<br />
semaines, apparition de boutons sur le torse, les paumes,<br />
les plantes de pied et/ou les muqueuses, troubles auditifs,<br />
etc. (ils peuvent disparaître, mais la maladie reste là).<br />
• Forme tertiaire (quelques mois à quelques années) : complications<br />
sévères neurologiques, oculaires, cardiovasculaires<br />
ou ostéo-articulaires (au niveau des articulations et des os).<br />
Non traitée, la maladie est mortelle.<br />
IST et VIH, couple infernal ?<br />
“Ça n’arrive pas qu’aux autres !”<br />
• Mi-juillet 2003, j'ai une éruption<br />
cutanée sur le torse et l’avant-bras, je<br />
consulte un médecin qui me dit :<br />
"C'est un pityriasis rosé de Gibert.<br />
Pas de fille sale ?" Je ne réponds<br />
même pas. Elle me prescrit une<br />
crème.<br />
• Fin juillet, les boutons gagnent<br />
les jambes et sont plus nombreux<br />
sur le torse et les avant-bras. Je<br />
deviens sourd des deux oreilles et<br />
décide de revoir le médecin. Elle est<br />
en vacances, j'ai donc affaire à son<br />
collègue. Face à ma surdité, il me prescrit<br />
du Fervex et me renvoie dans mes foyers.<br />
• Vers août, je vais voir un dermato. Elle me fait le test de la<br />
syphilis. Mi-août, le résultat est positif, elle me prescrit une<br />
injection d'extencilline. La nuit, j’ai de la fièvre. Je la rappelle,<br />
elle trouve cela anormal et va se renseigner.<br />
• Dernière semaine, je suis complètement sourd, il faut me parler<br />
à 10 cm ! La dermato m’appelle : "Vous partez immédiatement à<br />
l'hôpital. Bilan : syphilis secondaire déclarée ! J'ai subi une<br />
ponction lombaire, une perte auditive de 20 % de l'oreille<br />
gauche. J'ai été hospitalisé onze jours sous perfusion de<br />
pénicilline ! Sorti de l'hosto, j’ai eu encore trois injections<br />
d’extencilline et un suivi durant deux ans.<br />
Voilà, baiser sans capote m'a exposé à des risques bien<br />
dangereux... Conclusion : il faudrait mieux informer les gens et les<br />
médecins sur les IST, notamment sur la syphilis !<br />
Daniel<br />
Les relations entre IST et VIH sont étroites. Les IST peuvent augmenter le risque d’acquisition et de transmission du<br />
VIH à cause des ulcérations et des érosions génitales qu’elles provoquent. Chez les personnes séropositives, les<br />
IST peuvent favoriser la multiplication du virus et des problèmes graves, comme l’herpès génital et les condylomes<br />
(certains types peuvent conduire à un cancer anal). Pour éviter ces “réjouissances”, il faut s’informer, se vacciner<br />
contre l’hépatite B et A, dépister la syphilis et se protéger avec un préservatif. Mais les rapports sexuels même<br />
protégés ne sont pas toujours une barrière suffisante contre les “maladies du baiser” (syphilis, herpès, etc.). Il faut<br />
en accepter le principe, évaluer les risques, cesser de se culpabiliser et en parler à son médecin.<br />
17<br />
POUR Y VOIR PLUS CLAIR<br />
Photos : Daniel - remaides 54 - décembre 2004
18<br />
POUR Y VOIR PLUS CLAIR<br />
remaides 54 - décembre 2004 - Illustration : Eric Dérian, atelier Pop<br />
Les IST<br />
Comment se soigner ?<br />
Les symptômes de la syphilis ne sont pas toujours<br />
apparents. Néanmoins, lorsque le diagnostic est posé, la<br />
maladie est facilement traitable : une à trois injections de<br />
pénicilline (antibiotique) suffit à la faire disparaître. Il est<br />
recommandé de ne pas avoir de relations sexuelles<br />
pendant le traitement (on reste contagieux), d’informer sa<br />
(son, ses) partenaire(s) et de consulter un médecin.<br />
Faites des tests !<br />
A moins d’être abstinent, il est difficile “d’éviter” la<br />
syphilis à moins d’avoir des pratiques sexuelles très soft<br />
(étreintes, caresses, baisers sans salive) et de mettre un<br />
préservatif pour la pénétration et la fellation. La campagne<br />
d’incitation au dépistage “Faites un test facilement, elle<br />
se traite rapidement” est explicite : si vous avez plusieurs<br />
partenaires sexuels au cours d’une année, il est recommandé<br />
de faire un test tous les six mois (une simple prise<br />
de sang). De plus, la syphilis augmente considérablement<br />
le risque de transmission du VIH/sida et de l’hépatite C,<br />
entraînant aussi des problèmes supplémentaires chez les<br />
personnes séropositives au VIH.<br />
Dossier réalisé par Dominique Thiéry<br />
Remerciements à Dominique Blanc (AIDES),<br />
au Dr Jean Derouineau et<br />
au Pr Nicolas Dupin (hôpital Cochin)<br />
Les messages essentiels<br />
• Le préservatif protège du VIH mais ne protège pas de toutes les<br />
IST. En effet, un simple contact (entre la main, la bouche, le<br />
sexe ou l’anus et une zone du corps porteuse de l’infection)<br />
peut parfois suffire à la transmission.<br />
• La plupart des IST se guérissent si elles sont traitées à temps<br />
(seules, les infections virales comme le VIH, l’herpès, le<br />
papillomavirus, les hépatites virales, ne se guérissent pas<br />
actuellement, mais le traitement peut être très utile).<br />
• Les IST non traitées peuvent entraîner des troubles graves,<br />
parfois irréversibles, à moyen et long terme.<br />
• On n’est jamais immunisé contre une IST : après guérison, on<br />
peut être recontaminé.<br />
• Dans de nombreux cas, une IST ne se voit pas (si elle atteint le<br />
vagin, l’anus ou la gorge).<br />
Alors, que faire ?<br />
• Consulter un médecin dès qu’on a une tache, un bouton, une<br />
lésion ou un autre problème sur le sexe ou l’anus, même si ça<br />
ne fait pas mal, et même si ça semble disparaître tout seul. En<br />
revanche, il ne faut pas se traiter seul, en automédication : on<br />
risque de se tromper et d’aggraver la situation.<br />
• Si on a plusieurs partenaires (ou un(e) partenaire qui a plusieurs<br />
partenaires), faire un dépistage des IST deux fois par an.<br />
• Inciter au dépistage et aux traitements son (ses) partenaire(s)<br />
pour stopper la chaîne de contamination.<br />
Pour plus<br />
d’infos<br />
Appelez Sida Info Service au 0 800 840 800<br />
pour connaître une adresse où se faire<br />
dépister, traiter ou parlez-en à votre<br />
médecin.
Grand essai d’un vaccin préventif anti-VIH en France<br />
DES VOLONTAIRES POSITIVENT !<br />
L’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS), mobilisée<br />
sur la recherche d’un vaccin préventif contre le sida, lance un<br />
premier essai de phase II (VAC 18) en France, qui mobilisera 132<br />
volontaires séronégatifs. L’ANRS recherche toujours des<br />
candidats.<br />
“Toutes les six secondes, une personne est<br />
contaminée par le VIH dans le monde. Trouver<br />
un vaccin est une urgence au même titre<br />
que l’accès aux traitements pour les pays du<br />
Sud.” explique Michel Kazatchkine, directeur<br />
de l’ANRS. Depuis douze ans, l’ANRS lance<br />
des essais vaccinaux. Le dernier en date, VAC<br />
18, étudie la réponse immunitaire des cellules<br />
tueuses (qui détruisent les cellules<br />
infectées par le VIH). Trois dosages de préparation<br />
vaccinale seront comparés (les<br />
résultats seront connus fin 2006).<br />
L’ANRS a besoin de volontaires !<br />
Pour faire acte de candidature, outre sa motivation,<br />
le volontaire doit passer un certain<br />
nombre d’examens médicaux et psychologiques<br />
et répondre à des critères spécifiques :<br />
être âgé de 21 à 50 ans, séronégatif (ve) au<br />
VIH, ne pas avoir de graves problèmes de<br />
Annick, 54 ans :<br />
“Je veux valider mon existence”<br />
santé, être à faible risque de contamination<br />
par le VIH (ne pas avoir de rapports sexuels<br />
non protégés avec des partenaires multiples,<br />
par exemple) et, pour les femmes, ne pas<br />
avoir de projet de grossesse dans un avenir<br />
proche.<br />
Trois “non” pour<br />
rassurer le candidat<br />
Non, ce n’est pas douloureux (il y a juste parfois<br />
une petite douleur au point d’injection).<br />
Non, il n’y a aucun risque de contamination par<br />
le vaccin (on n’introduit pas le VIH dans<br />
l’organisme).<br />
Non, ce n’est pas contraignant (cela dure<br />
quelques mois à raison d’une à deux visites<br />
par mois à l’hôpital d’une heure à une demijournée<br />
environ).<br />
Le volontaire s’engage dans une aventure<br />
humaine unique avec<br />
Annick est en retraite, vit en région parisienne. Elle est mère d’une fille de 22 ans.<br />
“Beaucoup de mes collègues sont morts du sida. J’avais envie de donner mon<br />
corps de mon vivant, valider mon existence<br />
pour avoir, un jour, le bonheur de voir naître un<br />
vaccin. Je pense aussi beaucoup à l’Afrique,<br />
un continent qui pourrait disparaître ! Je n’ai eu<br />
aucune peur de faire cet essai (VAC 14) car je<br />
ne pouvais pas imaginer qu’une équipe<br />
médicale de renom puisse me mettre en<br />
danger. En une année, à raison d’une visite à<br />
l’hôpital par mois, j’ai eu des injections, tout<br />
s’est très bien passé, je n’ai eu aucun effet<br />
secondaire.”<br />
l’espoir de contribuer à la mise en place d’un<br />
vaccin dit de première génération qui pourrait<br />
peut-être arriver sur le marché entre 2010 et<br />
2013. Le premier vaccin ne protégerait pas<br />
encore de la contamination par le VIH. Il limiterait<br />
très fortement l’évolution de la maladie<br />
chez les personnes vaccinés qui se contamineraient.<br />
Dominique Thiéry<br />
Remerciements à Marie-Christine Simon<br />
(ANRS)<br />
Pour obtenir de la documentation ou vous<br />
inscrire, écrivez à : Réseau Volontaires pour<br />
un vaccin 101, rue de Tolbiac 75013 Paris<br />
ou sur le courriel : vaccin@anrs.fr<br />
Philippe, 42 ans :<br />
“Il faut gagner cette étape !”<br />
Philippe travaille dans le bâtiment. Marié, un enfant, il vit en<br />
région parisienne. “J’ai un ami qui est mort du sida en 1996, je<br />
voulais faire quelque chose. Je me suis engagé à Sol En Si. Puis,<br />
j’ai entendu un appel de l’ANRS et j’ai eu envie d’aller plus loin. J’ai<br />
eu la chance de faire partie des 40<br />
personnes retenues sur les 4 000<br />
candidatures (VAC 10 et 17). Après<br />
les injections, lorsque mon organisme<br />
a commencé à avoir des réponses<br />
immunitaires, j’étais fier, j’avais donné<br />
satisfaction aux chercheurs. J’ai eu<br />
quatre injections, allongé sur un lit,<br />
pendant une demi-heure et puis c’est<br />
tout. Je pouvais bien le faire, j’ai des<br />
amis séropositifs qui, eux, prennent<br />
40 cachets par jour !”<br />
19<br />
PRÉVENTION<br />
Illustration : PIEM - Photo : Dominique Thiéry - remaides 54 - décembre 2004
20<br />
TÉMOIGNER<br />
remaides 54 - décembre 2004 - Illustration : Gersende*<br />
Esteban, installé en France, raconte comment le<br />
VIH a déboulé dans sa vie, en Colombie et<br />
comment, grâce à l’amour, il a relevé le défi face à<br />
la maladie.<br />
L’amour m’a sauvé<br />
Al’automne 1995, j’ignorais tout de mon état de santé.<br />
J’organisais un congrès national en tant que cadre d’une<br />
institution. Je me plaignais de stress et d’un manque de souffle,<br />
même pour monter trois ou quatre marches. Je pensais que<br />
c’était dû à l’organisation du congrès. J’ai pris la décision<br />
d’aller voir le médecin qui n’a pas vu autre chose que la mort<br />
sur mon visage. Elle m’a ordonné un examen vih d’une voix<br />
ferme : “Venez tout de suite avec moi à l’hôpital”<br />
Panique, stupeur. Je lui ai dit que je devais téléphoner.<br />
Elle m’a offert son portable :<br />
“Téléphonez à qui vous voulez,<br />
mais vous viendrez avec<br />
moi à l’hôpital”. J’ai<br />
téléphoné à Miguel,<br />
lui disant qu’il fallait<br />
que je lui parle.<br />
Miguel, je l’ai connu<br />
début 1995. Je suis<br />
tombé amoureux tout de<br />
suite. Nous sortons, nous<br />
nous amusons comme des<br />
fous. Je lui dis que je l’aime, il ne<br />
me répond jamais, mais il me<br />
donne un beau sourire que j’interprète<br />
comme une évasive courtoisie.<br />
Nous nous voyons tous les jours, sous la<br />
pluie et sous le soleil, nous nous disons à<br />
demain tous les soirs, mais trois minutes<br />
après, nous sommes au téléphone, prétexte<br />
de savoir si nous sommes bien rentrés car<br />
on continue à parler des heures et des heures.<br />
“Tu vas guérir !”<br />
J’ai vu mon ami. Je lui parle de mon état de santé et de mes<br />
craintes. Nous pleurons, nous pleurons. Le lendemain j’ai le<br />
résultat de l’examen vih. Nous pleurons encore. Miguel<br />
m’accompagne à l’hôpital. Je reçois un traitement contre la<br />
pneumocystose (maladie opportuniste). Cette femme médecin<br />
me dit d’une voix décidée : “Tu vas guérir” et le beau sourire<br />
de Miguel, qui prend ma main : “Moi aussi, je t’aime”. Trente<br />
jours d’hôpital. Mes frères, mes sœurs, mes parents viennent<br />
me voir, mais c’est lui qui reste la nuit. Le matin il va à la fac<br />
et s’occupe aussi de cette vie que j’ai laissée dehors (maison,<br />
travail, factures, etc,). Il est toujours présent pour faire le lien<br />
avec l’administration du pavillon des maladies infectieuses. Il<br />
me caresse, me chérit, histoire d’enlever cette peur du vih qui<br />
existait chez le personnel hospitalier. Quelques nuits, quand<br />
l’hôpital dort, il vient sous mes draps, juste pour m’offrir un<br />
peu de chaleur et me dire avec ses caresses que nous sommes<br />
ensemble, au-delà de l’intrus.<br />
Vih, pas VIH !<br />
Nous ne parlons jamais du vih en majuscules,<br />
ce serait donner une force à l’intrus. Il<br />
habite avec nous, mais il sait qu’il<br />
n’est pas le bienvenu. Il se<br />
bat pour nous imposer<br />
sa présence, mais<br />
nous le chassons à<br />
coups de bâtons<br />
pour sentir que nous<br />
sommes plus forts<br />
que lui, qu’il est perdant.<br />
Nous somme soudés<br />
contre lui. Nous ne nous voyons<br />
pas comme un couple sérodifférent.<br />
Aucun de nous deux n’a<br />
renoncé à ses projets. Pour ma<br />
part, je n’ai jamais eu un congé de<br />
maladie de plus d’un mois, si bien<br />
que, parfois, je crois en avoir besoin ! Le<br />
dernier test vih de Miguel date de mai<br />
2004 et il faut que je l’avoue, pendant ces<br />
jours, une incertitude m’envahit. Mon ami<br />
reste confiant. Quand le résultat arrive, je respire<br />
et Miguel me dit : “Tu vois !”. C’est par ces paroles simples,<br />
ces gestes complices, que nous avons construit notre monde,<br />
que nous nous efforçons de vivre tout simplement comme deux<br />
êtres qui s’aiment. Il n’y a pas de mystère.<br />
Esteban
DOIS-JE ÊTRE VISIBLE<br />
avec mon virus invisible ?<br />
“Pour être heureux, vivons caché” dit le dicton. A contrario, peut-on se dire :<br />
pour ne pas être malheureux, vivons libéré ?<br />
Mais comment assumer sa séropositivité ? Rarement un problème de santé aura<br />
été aussi tabou car trop souvent jugé et rejeté. Non seulement le VIH s’immisce<br />
dans l’intimité (son corps, sa sexualité), mais il modifie aussi tous les rapports aux<br />
autres, qu’ils soient des proches (partenaire, conjoint, famille, amis) ou des<br />
interlocuteurs (collègues, médias).<br />
En 2004, peut-on enfin vivre avec le VIH dans toutes les situations ?<br />
Quatre personnes touchées ont accepté de nous faire partager leurs expériences et leurs<br />
choix, toujours très personnels : Carole, Thierry et Jacky parlent à visage découvert,<br />
Sophie préfère l’anonymat. Des témoignages vrais, militants où l’on comprend<br />
l’importance de s’accepter d’abord soi-même pour se faire accepter des autres.<br />
“Je ne veux pas être un imposteur”<br />
Pour la première fois, Thierry, 41 ans,<br />
informaticien à Paris, séropositif depuis dix ans,<br />
accepte de témoigner à visage découvert,<br />
malgré une certaine timidité. Se mettre à nu<br />
est sa manière à lui d’affronter le VIH et de<br />
mieux soutenir le regard de la société.<br />
Remaides : Pourquoi avez-vous accepté aujourd’hui<br />
“d’offrir” votre visage à Remaides ?<br />
Thierry : Pour les autographes ! (rires) D’abord, j’ai envie de<br />
montrer que j’existe, de laisser une trace, comme en jetant une<br />
bouteille à la mer... Le VIH est devenu un compagnon de route<br />
avec lequel je ne pense plus à mourir mais plutôt à vivre.<br />
Et puis AIDES vient de célébrer ses 20 ans d’existence,<br />
j’avais envie de fêter mes dix ans de séropositivité ! Enfin,<br />
à certains moments de ma vie, des témoignages m’ont<br />
aidé car j’ai pu mettre des visages sur des situations.<br />
C’est important le regard, cela donne une force et<br />
une vérité. J’espère que le mien contribuera à<br />
donner une autre image des personnes touchées<br />
par le sida, même si assumer cette<br />
visibilité reste un effort. >>><br />
21<br />
ÉQUILIBRE Photo : Laurent Vincent-Bardin - remaides 54 - décembre 2004
22<br />
ÉQUILIBRE<br />
remaides 54 - décembre 2004 - Photo : Dominique Thiéry<br />
Visibilité<br />
Qu’est-ce que cela vous apporte<br />
de dire que vous êtes séropositif ?<br />
Cela me rassure que des gens le sachent. J’ai<br />
envie de partager un peu plus qu’une apparence.<br />
Et puis si un jour je vais mal, je n’aurais<br />
pas besoin de l’expliquer ou de le cacher.<br />
C’est une sécurité pour moi. C’est dur à dire,<br />
mais le VIH a été un plus dans ma vie. Cela<br />
m’a donné confiance en moi, moi qui suis un<br />
peu sauvage, l’audace d’aborder les autres en<br />
me disant que je n’avais pas grand chose à<br />
perdre. Avoir le VIH, ce n’est pas seulement<br />
être vulnérable. Je me construis une image<br />
plus forte parce que j’assume et je dis.<br />
Avez-vous évoqué votre séropositivité<br />
avec vos proches ?<br />
Mes parents ont reçu un jour, par erreur, les<br />
résultats de ma charge virale dans une lettre à<br />
en-tête de l’hôpital. Naturellement, ils se sont<br />
inquiétés. C’est ma sœur qui m’a demandé si<br />
j’étais malade. Je lui ai tout dit car je ne suis<br />
pas un imposteur ! Si on me demande directement<br />
si je suis séropo, je le dis. En revanche,<br />
je ne l’ai pas annoncé à mes parents, ni à mon<br />
autre sœur, ni à deux de mes nièces car je les<br />
sens plus fragiles. Mon père est mort l’année<br />
dernière, il ne l’a jamais su. Notre relation était<br />
ténue mais non exprimée. J’essaie de protéger<br />
les gens que j’aime. Et puis avec ma famille,<br />
il y a un fossé : la vie à la ferme en Ardèche<br />
et la vie à Paris, ce n’est pas vraiment pareil…<br />
Dites-vous à votre partenaire<br />
votre statut sérologique ?<br />
Je suis célibataire. J’ai vécu six ans avec un<br />
garçon séronégatif à qui je l’ai dit dès le premier<br />
jour. Je préfère le dire vite car si le mec<br />
fuit, je n’aurais pas eu le temps de trop m’y<br />
attacher ! S’il reste, cela lui permet de se positionner.<br />
Je l’ai toujours dit et je n’ai jamais eu<br />
de déconvenue. En revanche, si c’est juste un<br />
partenaire sexuel, ça dépend. Il m’est arrivé<br />
de le dire un peu par provocation pour voir la<br />
tête de l’autre, comme pour dire : “Oui, je suis<br />
séropo et je t’emmerde !” Plus sérieusement,<br />
le dire permet aussi d’établir une réelle<br />
responsabilité partagée en cas de pépin.<br />
Remaides : Pourquoi acceptez-vous de témoigner<br />
à visage découvert ?<br />
Carole : Hier ou aujourd’hui, apprendre sa<br />
séropositivité est un choc, on se sent condamné.<br />
Je veux montrer aux personnes<br />
nouvellement contaminées que je suis vivante,<br />
que je vis avec le VIH depuis quatorze ans,<br />
qu’il faut croire en soi ! Et puis témoigner permet<br />
aussi de revendiquer haut et fort ce qui<br />
ne va pas : je déplore qu’actuellement trop<br />
peu de femmes participent aux protocoles sur<br />
de nouveaux traitements et les laboratoires<br />
n’adaptent pas assez les doses, prévues pour<br />
des hommes de 75 kg !<br />
Et dans votre milieu professionnel,<br />
en parlez-vous ?<br />
Personne ne le sait. Je n’ai pas besoin d’en<br />
parler parce que je vais bien. Si j’étais<br />
malade, ce serait différent… Un jour, j’ai eu<br />
une diarrhée épouvantable au boulot et j’ai<br />
été très mal à l’aise ensuite. Avoir une faiblesse<br />
au travail est mal vu par une entreprise.<br />
On attend de vous que vous colliez à une<br />
image solide par rapport à la fonction que l’on<br />
vous a confiée. Dire qui l’on est au travail est<br />
toujours difficile, on n’a pas vraiment le droit<br />
d’être soi-même.<br />
Depuis l’annonce de votre séropositivité,<br />
votre visibilité avec le virus a-t-elle évolué ?<br />
Ce que je vous confie aujourd’hui, je n’aurais<br />
jamais pu le faire il y a dix ans. Je me sens<br />
aujourd’hui plus courageux, aussi parce que<br />
la société peut davantage entendre les choses.<br />
En témoignant dans Remaides, je pense<br />
participer à ce que la visibilité des personnes<br />
séropositives aille encore plus loin.<br />
“C’est important de dire qu’on est là<br />
aux personnes nouvellement contaminées”<br />
Carole a 38 ans et vit près de Montpellier. Elle est secrétaire comptable à<br />
la recherche d’un emploi. Elle a appris sa séropositivité en 1990, alors<br />
enceinte de sa fille de cinq mois et demi, qui mourra à l’âge de trois ans.<br />
Battante, elle s’expose pour délivrer un message d’espoir.<br />
C’est une démarche difficile de s’afficher publiquement<br />
en tant que personne séropositive ?<br />
Tout dépend du média. Je témoigne plutôt<br />
dans la presse “ciblée” où les personnes sont<br />
concernées ou averties. Pour le grand public,<br />
cela reste difficile… Je vis dans un village où<br />
j’ai toujours l’impression d’être une pestiférée,<br />
la black toxico qui a le sida ! Mais vous savez,<br />
quand vous perdez votre enfant, vous perdez<br />
tout. Le plus important est de rendre la visibilité<br />
aux femmes touchées et de dire, grâce à<br />
Remaides, à toutes les personnes isolées<br />
qu’elles ne sont pas seules. Ce journal est là<br />
pour que l’on puisse échanger entre nous, calmer<br />
nos angoisses et éloigner le rejet. >>>
Lorsque vous travailliez,<br />
vous assumiez votre séropositivité ?<br />
J’avais un emploi précaire, à la Poste, dans<br />
un centre de tri. Je n’ai jamais pu le dire, je<br />
ne voulais pas perdre mon contrat. C’était<br />
assez traumatisant car non seulement je voulais<br />
paraître en bonne santé, mais je devais<br />
aussi me soigner. Toutes les quatre heures, je<br />
prenais ma prise, obligée de m’enfermer dans<br />
les toilettes ! Et puis, partout, j’ai l’impression<br />
qu’on sait que je suis séropositive. J’ai perdu<br />
ma poitrine, je souffrais de neuropathies<br />
(fourmillement dans les extrémités du corps),<br />
l’image de soi est mise à mal. Les gens se<br />
cachent aussi parce qu’ils croient que ça se<br />
voit alors que tout ça, c’est plus dans la tête…<br />
Depuis six mois, je recherche un emploi :<br />
après plusieurs entretiens, j’ai compris qu’il<br />
fallait retirer de mon CV ma “reconnaissance<br />
de travailleuse handicapée”, c’est pas très<br />
vendeur… Il faut toujours faire attention à<br />
tout et assurer une façade alors que parfois<br />
on aimerait partager plus !<br />
Comment se passent vos relations intimes ?<br />
Je vois un homme depuis un an qui ignore<br />
tout de ma séropositivité. Je ne veux pas lui<br />
dire car il va fuir. Je lui ai tendu des perches<br />
en lui disant que j’avais une maladie chronique,<br />
mais cela ne l’intéresse pas.<br />
Sexuellement, j’ai souvent peur que le préservatif<br />
craque alors que lui voudrait l’enlever.<br />
Je lui dis que je fais partie des personnes qui<br />
ne veulent pas connaître leur sérologie et<br />
donc, que je me protége toujours. Je sais que<br />
je ne pourrai pas continuer tout le temps<br />
comme ça, ce n’est pas une vie. Mais je reste<br />
choquée par un ancien petit ami qui, lorsque<br />
je lui ai tout dit, n’arrivait plus à bander. “Je<br />
ne peux pas être en érection quand la viande<br />
est avariée” m’a-t-il déclaré. J’avais la rage.<br />
Après, on se met quelques barrières de pro-<br />
“Arrêtons de vivre caché !”<br />
Jacky a 50 ans et vient de s’installer à Saint-Malo. Divorcé, trois<br />
enfants, il envisage de reprendre une formation professionnelle.<br />
Séropositif depuis 1995, il s’est édifié avec le temps un rempart<br />
contre les remous de la vie mais il se sent prêt, aujourd’hui, à ouvrir<br />
une brèche.<br />
Remaides : Pourquoi pouvez-vous aujourd’hui<br />
parler du VIH plus librement ?<br />
Jacky : Je me sens prêt. Mes enfants sont au<br />
courant, même ma fille de 19 ans, la plus<br />
jeune, à qui je viens de l’annoncer. Cela m’a<br />
libéré. Il faut arrêter de vivre caché car on finit<br />
par s’incarcérer soi-même ! Les séropositifs<br />
sont des citoyens qui doivent être insérés<br />
dans la société. C’est aussi de notre responsabilité<br />
d’aider à changer les mentalités et<br />
plus on sera nombreux à prendre la parole et<br />
à se montrer, mieux ce sera. Si je peux le<br />
faire, tout le monde le peut ! Et puis, j’ai<br />
confiance en Remaides.<br />
Comment s’est passé l’annonce à votre famille ?<br />
Ce n’est pas à ma famille à qui j’en ai parlé,<br />
mais à mes enfants. Ils ont très bien réagi. Un<br />
jour à la fête des pères, mon fils aîné m’a dit :<br />
“J’aimerais qu’on parle”. J’ai compris qu’il fal-<br />
lait que je lui dise. Ensuite, il a fait seul le tour<br />
de l’étang où nous étions et nous n’en avons<br />
plus jamais reparlé. Ma fille, c’était au resto et<br />
cela s’est très bien passé. J’ai aimé qu’ils ne<br />
me posent pas de questions, notamment sur<br />
la façon dont j’avais été contaminé. Pour les<br />
autres membres de ma famille, je ne les estime<br />
pas assez évolués pour comprendre. Quant<br />
à ma mère, elle a 78 ans et j’ai peur de la tuer<br />
en lui disant ! Peut-être que cela se passerait<br />
bien, mais je ne veux prendre aucun risque.<br />
Comment a évolué votre visibilité avec le VIH<br />
depuis dix ans ?<br />
La maladie renforce, mais il faut du temps.<br />
Au début, j’étais silencieux. J’habitais à la<br />
campagne, j’allais souvent chez le kiné du<br />
village, les gens jasaient. J’ai fini par aller<br />
acheter le pain dans le bourg d’à côté. Un<br />
jour, j’ai dit stop, marre du Prozac, j’ai vendu<br />
Visibilité<br />
tection. Le danger est de trop en mettre et de<br />
s’isoler.<br />
Et avec votre famille, quels sont les rapports ?<br />
J’ai une partie de ma famille au Brésil que je<br />
ne connais pas et du côté de maman, c’est<br />
eux qui ne veulent pas me voir à cause de la<br />
couleur de ma peau ! Alors, quand je suis<br />
devenue séropositive, j’ai eu besoin pour avoir<br />
une certaine reconnaissance, de leur dire<br />
voilà, en me rejetant, vous avez participé à ma<br />
destruction. Depuis, j’ai coupé les ponts.<br />
Maman est morte d’un cancer et avec elle, j’ai<br />
pu partager la maladie. Après, on se fait sa<br />
famille avec les amis. Mais il y a peu de place<br />
pour les malades. On ne peut pas vivre, en<br />
France, dans la dignité avec un gros problème<br />
de santé. La pathologie entraîne<br />
l’exclusion morale et sociale. La visibilité des<br />
associations est plus que jamais capitale !<br />
la maison et je ne suis jamais revenu. Puis en<br />
allant à AIDES Rennes et aux Universités des<br />
personnes en traitement (UPT), j’ai eu un<br />
déclic en discutant avec d’autres personnes,<br />
j’ai retrouvé confiance en moi. S’il y avait du<br />
mieux pour elles, pourquoi pas pour moi ? J’ai<br />
aussi pu imposer ma vision du VIH. Mon<br />
médecin me disait : “Essayez de vivre sans”.<br />
Droit dans les yeux, je lui ai répondu : “Apprenez-moi<br />
plutôt à vivre avec !”. >>><br />
23<br />
ÉQUILIBRE<br />
Photo : Laurent Marsault - remaides 54 - décembre 2004
24<br />
ÉQUILIBRE<br />
remaides 54 - décembre 2004<br />
Visibilité<br />
Dans la visibilité, il faut trouver un juste<br />
milieu : ne pas banaliser le sida, ni le ghettoïser,<br />
mais bien choisir à qui le dire et ça fait<br />
du bien ! Mais j’aurais préféré avoir un œil<br />
crevé ou un cancer de la peau, je n’aurais pas<br />
eu besoin de raconter ce qui se voit déjà…<br />
Vos amis sont-ils au courant ?<br />
Je l’ai confié à des amis très proches, à mon<br />
meilleur ami, qui a bien réagi. D’autres l’ont<br />
appris et petit à petit se sont éloignés. Je leur<br />
ai laissé croire ce qu’ils voulaient, d’une certaine<br />
façon, cela m’a permis de faire le<br />
ménage. Concernant ma vie sentimentale, j’ai<br />
Remaides : Pourquoi ne souhaitez-vous pas être<br />
identifiée comme personne séropositive ?<br />
Sophie : Je refuse que le VIH prenne plus de<br />
place qu’il n’en a déjà et je veux rester Sophie<br />
tout court, pas Sophie réduite à un virus. J’ai<br />
parfois l’impression que certaines personnes<br />
touchées se complaisent dans un côté victime.<br />
Moi, je veux montrer que je vais bien, je<br />
ne veux pas qu’on change de regard sur moi.<br />
Vous ne partagez votre séropositivité<br />
avec personne ?<br />
Bien sûr que si ! Avec mon mari, Marc, qui<br />
est lui-même séropositif et aussi avec ma<br />
famille. Cela s’est passé naturellement. Marc<br />
était malade et il est allé passer des examens.<br />
On ne savait rien de son état ni du mien. Du<br />
côté maternel, nous sommes une famille très<br />
unie et ma tante m’a proposé son aide. A l’annonce<br />
des résultats, tout le monde l’a su. Le<br />
fait que Marc ait été contaminé, cela ne faisait<br />
nul doute que moi aussi, je l’étais. Je n’ai<br />
pas imaginé garder un instant le secret ni que<br />
ma famille réagisse mal. Il s’est créé une<br />
vraie solidarité. C’est très libérateur de dire ce<br />
que l’on vit aux gens qu’on aime et c’est de<br />
notre responsabilité de montrer qui nous<br />
dit à la personne que j’aime que je suis séropositif<br />
en lui envoyant une lettre quinze jours<br />
après notre rencontre. J’ai reçu sa réponse :<br />
“Moi aussi, je le suis”. Bien sûr, cela nous a<br />
rapprochés ! C’est la première personne à qui<br />
j’ai eu envie de le dire car je crois en cette histoire.<br />
Et dans votre vie professionnelle,<br />
comment cela s’est-il passé ?<br />
J’étais chef d’agence. Un jour, à mon retour<br />
de vacances, j’ai senti un malaise. Le patron<br />
m’a convoqué pour me dire que j’étais licencié.<br />
“Prends tes affaires, tu n’as plus rien à<br />
“Je ne veux pas<br />
qu’on change de regard sur moi”<br />
Sophie a 38 ans, vit en couple et travaille dans une association de lutte contre le<br />
sida. Paradoxalement si elle parle facilement de sa séropositivité, elle ne souhaite<br />
pas l’exposer à tous, préférant choisir les personnes avec qui le partager.<br />
sommes. On sent toujours à qui on peut ou<br />
on ne peut pas le dire. Si je pense ça, je le<br />
dois à Marc : il est très solide et avec lui, j’ai<br />
appris à apprécier les petites choses de la vie,<br />
des détails que je ne remarquais pas avant :<br />
une image dans la rue, une parole, un geste…<br />
Tout s’est intensifié.<br />
Comment se passe la vie de couple ?<br />
J’ai été contaminée par Marc, mais pas une<br />
seconde je lui en ai voulu. Nous sommes deux<br />
à avoir fait l’amour et lorsqu’on ne se protège<br />
pas, la responsabilité est partagée. Depuis,<br />
l’amour s’est amplifié, nous avons une belle<br />
complicité. Lorsque Marc est malade, j’ai toujours<br />
envie de le protéger. C’est à travers lui<br />
que je prends conscience du virus, moi, je n’y<br />
pense pas. Et lors des rapports sexuels, nous<br />
avons décidé que le VIH n’existait pas.<br />
Vous travaillez dans une association de lutte<br />
contre le sida. C’est plus facile à gérer, non ?<br />
C’est une grande chance car je ne l’aurais<br />
jamais dit dans un autre contexte. Et puis,<br />
avec Marc, on s’était un peu enfermés dans<br />
une bulle, retravailler et pouvoir en parler<br />
librement, ça m’a aidé à me dépasser. Je<br />
faire ici !”. Manque de dynamisme paraît-il.<br />
Quand j’ai vidé mes tiroirs, j’ai vu que j’avais<br />
laissé traîné mes médicaments anti-VIH entre<br />
mes trombones et mes timbres… J’étais tellement<br />
abasourdi que je n’ai rien dit. On ne<br />
s’est jamais reparlé alors qu’on partait en<br />
week-ends ensemble à la montagne ou à la<br />
mer. Je n’ai pas voulu retravailler tout de<br />
suite. Maintenant, j’y pense. Mais, c’est certain<br />
: je ne dirais jamais que je suis séropo au<br />
travail. Ça ne se voit pas, pourquoi je le<br />
dirais ?! Si je sympathise avec un collègue, on<br />
verra, car je n’aime pas vivre non plus dans le<br />
mensonge avec les gens que j’estime.<br />
mets un point d’honneur à m’arrêter le moins<br />
possible en cas de fatigue, mais c’est vrai<br />
qu’ici, l’avantage est qu’on peut en parler…<br />
Paradoxalement, le fait de ne pas se cacher<br />
finit par faire oublier plus facilement le VIH,<br />
alors que l’on travaille et se bat contre lui tous<br />
les jours<br />
Alors pourquoi, finalement, ne pas vouloir en parler<br />
plus dans les médias, vous qui le vivez bien ?<br />
Je ne sais pas. Peut-être par manque de<br />
confiance en moi… Je crois que j’aurais peur<br />
de bousculer les personnes touchées qui ne<br />
se sentent pas encore prêtes à parler. Je ne<br />
voudrais pas assumer une telle responsabilité.<br />
Je ne veux pas non plus en étant vue, être<br />
contrainte d’accorder une place plus importante<br />
au VIH, être sollicitée. Témoigner dans<br />
Remaides, c’est espérer aider cinq minutes<br />
ceux qui vont plus mal que moi, c’est tout.<br />
Ma vie s’est construite sur un fil sur lequel je<br />
me sens en équilibre. Pourquoi risquer de le<br />
perdre ?<br />
<strong>Enquête</strong> : Dominique Thiéry
Christine est morte du sida en septembre (voir Remaides<br />
n°53), mais son regard bleu planté dans le nôtre, ses écrits,<br />
ses cris, continuent de nous faire vibrer. Remaides a voulu,<br />
une dernière fois, vous faire partager un de ses textes,<br />
inédit, dédié à son fils. Une maman comme tout le monde…<br />
Presque.<br />
Ultimes mots d’amour<br />
Midi. Chez elle seule devant son bureau, avec son bouquin<br />
à écrire sur la vie quotidienne d'une séropositive.<br />
Deux heures de l'après-midi. Entamer ou finir quelque chose,<br />
un peu coincée entre deux horaires qui devront de toute manière<br />
lui faire interrompre toute activité. Envie de parler de son<br />
virus à un être humain, un commun des mortels.<br />
Interdiction. La France a beau être un pays libre et tolérant, il<br />
fallait faire le muet. C'est honorable d'avoir un cancer, mais le<br />
sida, malades et séropositifs confondus, il fallait le cacher pour<br />
la famille, la profession, et celle du conjoint, pour les enfants.<br />
C'était son cas, elle qui n'avait contaminé ni son fils ni son mari.<br />
De nombreux exemples, que je ne citerai pas ici, d'émissions<br />
chocs où le scoop avait été de filmer un malade ou un jeune<br />
séropositif parlant de fin proche, à plus ou moins brève échéance.<br />
De la merde tout ça, du crime ! Et l'espoir, et la vie dans<br />
tout ça ? La rage de vivre, de prendre en main mon virus.<br />
Les toubibs qui me suivent me l'avaient bien dit : un séropositif<br />
doit vivre comme tout le monde, surtout ne pas lire, voir et<br />
écouter la presse. Les malades aussi n'étaient pas forcément<br />
des morts-vivants, ils pouvaient vivre, travailler, se faire suivre.<br />
Décence et dignité, messieurs des médias.<br />
16h20. Je piétinais d'impatience avec le pain au chocolat du<br />
goûter de mon fils qui suintait de chaleur.<br />
16h30. Les enfants, sortie en bousculade. Et je me haussais le<br />
cou comme une girafe. Toute miro que je suis, je le vis de loin,<br />
le tee-shirt hors du pantalon, la braguette à moitié ouverte, le<br />
bidon à l'air, tout dépenaillé, avec son cartable sur le dos qui tirait<br />
d'un côté. Il était relax, comme d'habitude, pas pressé, pourquoi<br />
le serait-il ? Il avait, lui, l'assurance que je serais là. C'était ma<br />
rentrée plus que la sienne, et j'avais eu l'éclipse momentanée de<br />
l'avoir perdu. Il avait vaguement l'air de me chercher, puis quand<br />
il me vit, il me fit une grimace de gros bébé, ce genre de grimace<br />
qu'il savait que je détestais, et il se précipita sur le pain au<br />
chocolat en me réclamant à boire. Je lui tendis une brique de jus<br />
de pomme, et il engloutit le tout avant de s'intéresser à moi. Sur<br />
le chemin, je le rafistolais. Qu'il faisait chaud. Déjà, il croisait des<br />
gosses qui l'appelaient par son nom.<br />
Mais lui, hautain, passait l'air "c'est cela, oui ! Vous ne voyez<br />
pas que je suis avec ma maman !". Je lui expliquai que ce<br />
n'était pas très sympa ce mépris qu'il affichait, et que c'était<br />
bon d'avoir des potes, qu'il fallait leur répondre, que…<br />
- D'accord Maman,<br />
me répondit-il d'un<br />
air excédé et soumis.<br />
Il a fallu au<br />
moins une semaine<br />
pour qu'il nous<br />
parle de ce qui se<br />
passait en classe.<br />
Il était "lent", me<br />
disait la maîtresse,<br />
puis ça s'améliora.<br />
Il était le fort en<br />
maths, avait envie<br />
de savoir lire, vite.<br />
Mon fils, la vie. Ma vie.<br />
Il faut que je tienne. Il faut que je me bagarre. Encore<br />
combien de temps ? Combien d’analyses, de visites à l’hosto,<br />
de comprimés ? Comment et quand tout cela va finir ? J’ai<br />
tellement envie de le voir grandir, de lui faire réciter ses leçons,<br />
de lui fêter ses anniveraires, de l’accompagner dans sa jeune<br />
vie. Tellement envie de voir sa première petite amie en me<br />
tordant le nez parce que je ne la trouve pas assez bien pour lui.<br />
Si je pars, qui va lui dire comme je l’aimais ?<br />
“Maman, j’ai plein de devoirs à faire. J’ai deux phrases à lire,<br />
et une poésie…”<br />
Alors voilà mon amour, ma vie,<br />
en voilà une jolie poésie, elle est pour toi :<br />
Dehors il fait beau<br />
Mais je ne vais pas dehors<br />
J’ai pris résolument dans mes bras<br />
Un morceau de ciel pour toi<br />
Sans soleil et sans pluie<br />
Mais avec un nuage entier<br />
Le plus douillet de tous les nuages<br />
Je l’ai pris pour toi<br />
Je m’y suis fait une place<br />
D’où, à chaque instant<br />
Je poserai tout l’amour du monde<br />
Dans ta vie et dans ton cœur.<br />
Christine Weinberger<br />
Extraits de son roman, Morgane ou l’enfant inachevé (non publié).<br />
25<br />
TÉMOIGNER Photo : Patrice Miot - remaides 54 - décembre 2004
26<br />
SE SOIGNER<br />
remaides 54 - décembre 2004 - Illustrations : Jacqueline Maman<br />
Hépatite C :<br />
QUE FAIRE APRÈS<br />
UN ÉCHEC DU TRAITEMENT ?<br />
Les traitements actuels contre l’hépatite C n’atteignent pas<br />
toujours leur objectif principal : guérir, c’est-à-dire éliminer<br />
le virus de l’hépatite C (VHC). Des médicaments vraiment<br />
nouveaux ne seront probablement pas disponibles avant<br />
plusieurs années. En attendant, quelles sont les stratégies<br />
possibles ?<br />
Tenter une seconde chance<br />
Renouveler un traitement contre l’hépatite C<br />
(interféron pégylé, Pegasys ou Viraferonpeg,<br />
associé à de la ribavirine, Rébétol ou Copegus)<br />
peut parfois permettre d’obtenir une<br />
guérison. Mais, avant de reprendre un traitement<br />
souvent lourd et contraignant, il faut<br />
évaluer les chances de réussite. Pour cela, le<br />
premier traitement doit avoir agi sur le VHC<br />
(la quantité de virus a diminué au cours du<br />
traitement ou bien le virus a disparu pour<br />
réapparaître ensuite). Votre médecin pourra<br />
aussi vous proposer une durée plus longue de<br />
traitement (en fonction de la réaction du virus<br />
et de votre tolérance) que la durée standard<br />
(qui est de 6 à 12 mois selon les cas). Mais<br />
cette stratégie n’est pas validée. Si, en accord<br />
avec votre médecin, vous décidez de recommencer<br />
le traitement, vous pouvez attendre<br />
pour “reprendre des forces” et vous organiser.<br />
Evaluer l’état du foie<br />
Afin d’assurer les meilleures chances<br />
de succès, il est vivement<br />
conseillé de ne pas sauter de prise<br />
et préférable que le médecin n’ait<br />
pas à baisser les doses. Les effets<br />
indésirables du traitement (fatigue<br />
ou anémie, due à la baisse des globules<br />
rouges, dépression, etc.) sont<br />
souvent responsables de la baisse<br />
de dose ou de l’arrêt du traitement.<br />
Il est donc utile d’envisager leur<br />
prise en charge avant le début du<br />
traitement. Les facteurs de croissance<br />
sanguins peuvent être utilisés contre<br />
l’anémie (EPO, NeoRecormon, Eprex) ou contre<br />
la baisse des globules blancs (G-CSF,<br />
Neupogen). Un antidépresseur ou un suivi<br />
psychologique adaptés permettent de limiter la<br />
dépression, l’arrêt de travail ou un temps partiel<br />
thérapeutique de mieux gérer la fatigue.<br />
Pour évaluer l’état du foie, il est encore souvent nécessaire de pratiquer une biopsie<br />
(prélèvement sous anesthésie locale ou générale d’un fragment de foie). Cependant<br />
des tests plus simples nécessitant uniquement une prise de sang (comme le Fibrotest)<br />
sont en cours d’évaluation. D’autres méthodes (comme le Fibroscan qui mesure<br />
l’élasticité du foie à l’aide d’un appareil ressemblant à un échographe) sont aussi en<br />
cours de développement et d’évaluation.<br />
Ces examens permettent de définir le score Métavir :<br />
• F (pour fibrose) suivi d’un chiffre allant de 0 (absence de fibrose) à 4 (cirrhose).<br />
• A (pour activité de l’hépatite) suivi d’un chiffre allant de 0 à 3.<br />
Entretenir le foie<br />
En l’absence de guérison, on peut bénéficier<br />
d’un traitement dit “d’entretien” qui consiste<br />
à prendre seulement de l’interféron pégylé.<br />
L’objectif est de tenter de ralentir l’évolution<br />
de la maladie du foie.<br />
On n’est pas encore sûr de l’efficacité de cette<br />
stratégie, en cours d’évaluation, et les doses<br />
et la durée du traitement ne sont pas connues<br />
(à ce jour, il s’agit de doses standards<br />
d’interféron que l’on diminue en cas d’intolérance).<br />
En raison des effets indésirables possibles de<br />
l’interféron (cependant moindres en l’absence<br />
de ribavirine), le médecin proposera ce<br />
traitement seulement dans les cas suivants :<br />
• Lorsque les lésions du foie (fibrose) sont<br />
bien avancées (scores Métavir F3 ou F4, cirrhose,<br />
voir encadré). Mais quand la cirrhose<br />
est très avancée, le traitement est contreindiqué<br />
car il peut au contraire aggraver les<br />
complications.
• Lorsque le traitement entraîne une diminution<br />
des transaminases (substances libérées<br />
par le foie lorsqu’il est agressé par un virus,<br />
des médicaments, de l’alcool, etc.). Toutefois,<br />
il n’est pas encore prouvé que cette<br />
baisse des transaminases corresponde toujours<br />
à une amélioration de l’état du foie.<br />
Patience et suivi<br />
Un autre stratégie possible est… la patience !<br />
L’hépatite C évolue habituellement lentement,<br />
il y a rarement urgence à traiter. On<br />
espère que de nouveaux médicaments, pour<br />
l’instant en développement, seront disponibles<br />
d’ici à cinq ans (voir encadré).<br />
En attendant, un suivi espacé mais régulier de<br />
l’évolution de l’hépatite est conseillé : mesure<br />
des transaminases une à deux fois par an,<br />
biopsie (tous les trois à cinq ans selon les cas)<br />
ou Fibrotest (test sanguin, voir encadré). Il est<br />
également essentiel de veiller à préserver son<br />
foie, en évitant la consommation d’alcool (au<br />
moins en la limitant le plus possible) et celle<br />
de drogues particulièrement toxiques pour le<br />
foie (cocaïne, ecstasy, etc.).<br />
En cas de cirrhose, le suivi doit être plus rapproché<br />
(au moins tous les six mois) afin de<br />
détecter d’éventuelles complications (cancer<br />
ou aggravation de la cirrhose). Ce suivi<br />
consiste en un examen sanguin, une échographie<br />
et, moins fréquemment, une<br />
fibroscopie (tous les un à quatre ans). La<br />
consommation d’alcool et de drogues<br />
toxiques pour le foie est très déconseillée.<br />
Pensez également à demander l’avis de votre<br />
médecin avant de prendre des médicaments<br />
ou autres produits, même à base de plantes.<br />
Ma foi, pourquoi pas la greffe ?<br />
On peut vivre de nombreuses années avec une<br />
cirrhose du foie. Mais, quand la maladie évolue<br />
vers la cirrhose, mieux vaut se préparer<br />
psychologiquement à l’éventualité d’une greffe<br />
du foie. N’hésitez pas à en parler à votre<br />
médecin. Celui-ci pourra vous inscrire sur une<br />
liste de personnes en attente de greffe. Cette<br />
formalité ne vous engage en rien mais vous<br />
permet, en cas de nécessité, de gagner du<br />
temps. Les organes sont rares et la demande<br />
importante, alors autant anticiper ! (pour un<br />
dossier sur la greffe, avec des témoignages,<br />
voir Remaides n°49).<br />
Les orientations de la recherche<br />
Dans le domaine de l’hépatite C, la recherche cherche à développer ou à étudier :<br />
• des antiviraux contre le VHC (antiprotéase, antipolymérase, etc.)<br />
• de nouveaux interférons (interféron gamma, consensus ou encore lié à<br />
de l’albumine, etc.) ou d’autres médicaments pouvant stimuler le<br />
système immunitaire (IL2, IL10, thymosine alfa, etc.)<br />
• des médicaments permettant de gérer les effets indésirables du<br />
traitement actuel (EPO pour l’anémie, Deroxat pour la dépression, etc.)<br />
• des médicaments ou stratégies permettant de ralentir la progression de<br />
la maladie (prazosine, sartan, étude de différentes doses et durées de<br />
l’interféron pégylé et de la ribavirine, etc.) ou d’augmenter les chances<br />
d’éradication du VHC (durées plus longues du traitement ou doses de<br />
médicament plus importantes)<br />
N’hésitez pas à vous renseigner auprès de vos médecins pour connaître les essais<br />
thérapeutiques proposés dans les hôpitaux proches de chez vous. L’ANRS (Agence<br />
nationale de recherches sur le sida et les hépatites) vient également<br />
d’éditer une brochure présentant les essais hépatites qu’elle coordonne.<br />
Destinée aux médecins, vous pouvez cependant vous la procurer en téléphonant au<br />
01 53 94 60 00.<br />
Les personnes également séropositives<br />
au VIH peuvent<br />
bénéficier de cette intervention<br />
dans le cadre d’un essai thérapeutique<br />
en cours, l’essai<br />
Thévic de l’ANRS (Agence<br />
nationale de recherches sur le<br />
sida et les hépatites).<br />
Cynthia Benkhoucha<br />
Remerciements au<br />
Pr Jean-Claude Trinchet,<br />
Hôpital Jean Verdier, Bondy<br />
27<br />
SE SOIGNER remaides 54 - décembre 2004
28<br />
INTERNATIONAL<br />
remaides 54 - décembre 2004<br />
RÉSEAU AFRIQUE 2000<br />
Du Nord au Sud, le malade du sida,<br />
un transformateur social<br />
25 millions de personnes touchées par le VIH pour 400 000 traitées, l’Afrique<br />
connaît une situation sanitaire grave et les prévisions sont alarmantes :<br />
100 millions de personnes seraient infectées d’ici quinze ans. Face à un tel<br />
constat, AIDES s’est investie depuis dix ans aux côtés des associations du Sud.<br />
L’argent :<br />
“traitement d’urgence” !<br />
Le Réseau Afrique 2000, né en 1997, a<br />
pour objectif de démontrer que l’accès aux<br />
traitements anti-VIH est possible dans un<br />
contexte d’extrême pauvreté. Grâce à la<br />
mobilisation de huit associations locales du<br />
Sud (au Burkina Faso, Burundi, Côte d’Ivoire,<br />
Guinée-Conakry, Mali, Niger, Sénégal,<br />
Togo) et de AIDES, la mise en commun des<br />
expertises sur la prise en charge globale et<br />
l’apprentissage de l’utilisation des réseaux<br />
français et internationaux ont permis<br />
d’accroître leur financement et leur visibilité<br />
auprès des institutions.<br />
Ainsi, quinze associations sur les seize du<br />
réseau ont pu créer leur centre associatif où<br />
sont prescrit les médicaments anti-VIH. Cette<br />
mobilisation sans précédent a permis à plusieurs<br />
milliers de personnes touchées de<br />
bénéficier d’un accès aux soins de qualité et<br />
de sensibiliser les populations à la prévention.<br />
Mais le véritable obstacle aux traitements et<br />
à leur observance (le fait de bien les prendre)<br />
reste le manque d’argent pour les acheter.<br />
Toujours le nerf de la guerre...<br />
Renforcer au Sud<br />
la société civile<br />
Principale voix des personnes touchées par le<br />
VIH, la société civile africaine entend initier<br />
les pouvoirs publics aux réalités de terrain de<br />
l’épidémie pour que ceux-ci s’approprient et<br />
développent des réponses adéquates comme<br />
la distribution de médicaments ou l’accès aux<br />
tests de dépistage : 8 % seulement de la<br />
population africaine connaît son statut sérologique<br />
et dans certains pays comme le Mali,<br />
il n’existe que trois centres prescripteurs de<br />
traitements (deux hôpitaux et un centre associatif<br />
de soins) car il n’existe pas d’initiative<br />
nationale d’accès aux médicament anti-VIH.<br />
Si le sida est l’ennemi à abattre, il est aussi<br />
le moyen d’aider à transformer les mentalités<br />
et à faire évoluer les savoirs-faire dans<br />
les domaines sanitaire et social comme la<br />
France a pu le vivre. Face à l’urgence, la<br />
Nouvelle édition du guide Afrique<br />
communauté internationale se réveille enfin<br />
en soutenant l’accès aux médicaments pour<br />
les pays du Sud et la société civile africaine<br />
commence à bouger : un centre de formation<br />
des partenaires publics et privés appelé<br />
Donya a vu le jour au Mali et l’ensemble des<br />
associations du Réseau Afrique 2000 agissent<br />
aujourd’hui dans les régions pour<br />
permettre cet accès universel aux soins et<br />
aux traitements.<br />
Emmanuel Trénado<br />
La réédition du guide Réponses associatives à la<br />
lutte contre le sida en Afrique (paru la première<br />
fois en 2001) témoigne des nouvelles avancées<br />
des associations africaines de lutte contre le sida<br />
en lien avec AIDES, évoquant la somme des expériences<br />
accumulées ces dernières années et<br />
consacrant le succès de la mobilisation de la<br />
société civile. Un outil utile pour tous, en particulier<br />
pour les associations africaines qui ont ainsi<br />
une vue d’ensemble de toutes les bonnes pratiques<br />
concernant la prise en charge du VIH/sida.<br />
Pour en savoir plus sur les associations membres<br />
du Réseau Afrique 2000 et pour obtenir leurs coordonées,<br />
consultez www.reseauafrique2000.org.<br />
Pour vous procurer gratuitement le guide, prenez<br />
contact avec votre délégation de AIDES au 0 820<br />
160 120 (0,12 euro/min).
Entretien avec Mohammed Touré, Président de Kénédougou Solidarité :<br />
“LE MALI NOUS A PROMIS<br />
LES TRAITEMENTS GRATUITS”<br />
Dernière association entrée dans le Réseau Afrique<br />
2000, Kénédougou Solidarité est basée à Sikasso, une<br />
ville au sud du Mali. Son président, Mohammed Touré,<br />
évoque l’importance d’appartenir au Réseau pour<br />
développer actions et soutiens aux personnes<br />
séropositives dans cette région dont le nom,<br />
Kénédougou, signifie la cité verte. Comme l’espoir.<br />
Remaides : Pourquoi avoir voulu rejoindre<br />
le Réseau Afrique 2000 ?<br />
Mohammed Touré : Pour être plus forts. Nous<br />
connaissions le Réseau pour avoir rencontré<br />
des associations membres et nous savions<br />
qu’y participer nous permettrait d’être plus<br />
visibles, plus crédibles et de pouvoir développer<br />
des appuis techniques et des<br />
formations. Notre association est née en<br />
1998 pour apporter une réponse locale à la<br />
lutte contre le sida. Sikasso est une ville carrefour<br />
située au centre d’un axe de<br />
ravitaillement entre le Mali, la Côte d’Ivoire,<br />
le Burkina Faso et le Togo. Beaucoup de routiers<br />
et d’agriculteurs sont touchés par le<br />
VIH. Nous devions prendre les choses en<br />
main !<br />
Que le Réseau vous apporte-t-il ?<br />
Le Réseau nous permet de rencontrer d’autres<br />
associations africaines locales,<br />
d’améliorer nos informations et d’échanger<br />
des expériences, mais aussi d’avoir une visibilité<br />
nationale et même internationale grâce<br />
au site Internet (voir encadré p. 28). Petit à<br />
petit, nous sommes reconnus pour ce que<br />
nous faisons : à Sikasso, beaucoup de médecins<br />
pratiquent des dépistages sauvages de<br />
patients sous prétexte qu’ils n’ont pas le<br />
temps de les informer ou parce qu’ils estiment<br />
que cela ne sert à rien de dire à<br />
quelqu’un qu’il est séropositif s’il n’y a pas<br />
de traitement. Aujourd’hui, ils continuent à<br />
dépister en cachette, mais désormais, ils<br />
nous envoient les personnes déclarées séropositives<br />
pour qu’on les prenne en charge.<br />
Qu’est-ce que Kénédougou Solidarité propose<br />
aux personnes séropositives ?<br />
Nous disposons d’une unité opérationnelle,<br />
appelée le “Cerkes” qui propose au public un<br />
dépistage anonyme, des consultations médicales<br />
et psychothérapeutiques pour les<br />
personnes touchées ainsi qu’une pharmacie.<br />
Dans un autre local, nous avons aussi des<br />
groupes de paroles et nous menons des<br />
actions d’éducation thérapeutique et nutritionnelle.<br />
Et puis nos activités concernent<br />
aussi les soins à domicile.<br />
Qu’en est-t-il de l’accès<br />
aux médicaments anti-VIH au Mali ?<br />
Il y a peu, j’étais encore assez pessimiste<br />
puisque seules 700 personnes à Bamako et<br />
une quarantaine à Sikasso, bénéficiaient d’un<br />
traitement. Mais le gouvernement malien<br />
vient de nous promettre la gratuité des médi-<br />
caments pour tous les malades du sida du<br />
pays, financée par le Fonds mondial. Nous<br />
venons de recevoir une mission exploratoire à<br />
Sikasso. Mais nous attendons de voir : si, le<br />
1 er décembre, nous ne les avons toujours pas,<br />
une grande marche sera organisée dans la<br />
capitale pour nous rappeler au bon souvenir<br />
du chef de l’Etat !<br />
Etre séropositif, malade du sida en Afrique,<br />
est-ce toujours difficile de l’assumer ?<br />
Il y a une grande amélioration concernant la<br />
visibilité des personnes. Avant, les familles<br />
associaient le sida à la conséquence de mauvaises<br />
mœurs, maintenant, elles acceptent<br />
mieux la situation de leurs proches confrontés<br />
à la maladie et sont souvent sollicitées<br />
pour leur venir en aide, ce qui fait partie de<br />
la prise en charge du malade.<br />
En quoi est-il capital que le Nord et le Sud<br />
travaillent de plus en plus ensemble ?<br />
Le sida a prouvé que l’on ne peut pas mener<br />
le combat tout seul, que ce soit au niveau des<br />
relations entre pays du Sud ou avec les pays<br />
du Nord. Nos échanges sont plus fructueux<br />
car nous savons mieux ce dont nous souffrons<br />
et ce dont nous avons besoin. Nous<br />
contribuons au Nord à la connaissance du<br />
Sud et grâce à lui, nous avons des soutiens<br />
logistiques, financiers et des informations sur<br />
les dernières avancées thérapeutiques.<br />
Entretien : D. T.<br />
29<br />
INTERNATIONAL photo : Emmanuel Trénado - remaides 54 - décembre 2004
30<br />
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remaides 54 - décembre 2004 - Photo : Pierre & Gilles<br />
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famille et envisageant un mariage<br />
fondé sur l’amour. Contact par<br />
courriel : dorespoir@voilà.fr<br />
51 : Denis, 37 ans, équilibré, aimant la<br />
nature, bien physiquement cherche F,<br />
avec ou sans enfant, intelligente,<br />
sincère pour vie à deux et plus.<br />
Contact plutôt en soirée au<br />
03.26.86.45.62.<br />
54 : Flore, 27 ans, séropositive, sous<br />
trithérapie, souhaite rencontrer ami<br />
pour rompre la solitude et plus si<br />
affinités. Ecrire à : Flore, S/C de AIDES<br />
54, 15 rue Saint-Nicolas, 54000 Nancy.<br />
57 : Louis, homo, séropositif depuis<br />
12 ans, 42 ans, 1.70m, 53kg, simple,<br />
sincère, fidèle, souhaite rencontrer H<br />
âgé de 30 à 40 ans, même profil, pour<br />
relation durable ou vie à deux si<br />
affinités. Téléphone : 06.33.61.68.42.<br />
57 : Charles, 46 ans, gay séropositif<br />
depuis 2001, yeux verts, 1.70m, 65kg,<br />
seul dans la vie, souhaite rencontrer H<br />
entre 40 et 50 ans, pour relation<br />
sincère et durable, dans son<br />
département. Si toi, tu es seul comme<br />
moi, contactes moi au : 06.60.36.64.42.<br />
59 : “D’être mignon c’est bien, être<br />
seul c’est vraiment triste”, alors toi<br />
l’ami que je recherche depuis<br />
toujours, fais un signe à : Christopher,<br />
1.86m, 75kg, 39 ans paraissant 25,<br />
imberbe aux yeux clairs, pour essayer<br />
d’établir une relation voire une vie de<br />
couple. Contact au : 06.75.81.12.03.<br />
63 : Sébastien, JH de 24 ans, 1.71m,<br />
65kg, cheveux blond/châtain, yeux<br />
bleus, cherche un JH ou un H âgé de<br />
24 à 50 ans, pour vivre des projets à<br />
deux qui seront basés sur une relation<br />
sincère et durable. Deux possibilités<br />
de me contacter : S. Dubuisson, Foyer<br />
Home Dome, Ch n° 816G, 12 place de<br />
Regensburg, 63038 Clermont-Ferrand<br />
cedex 1 ou au 06.75.99.54.06.<br />
64 : Thierry, 43 ans, séropositif, en<br />
bonne santé, cherche F, âgée de 30 à<br />
40 ans, aimant la vie, pour envisager<br />
des projets à deux et vivre ensemble.<br />
Téléphone : 06.33.56.60.73.<br />
66 : Olivier, la quarantaine, propose à<br />
celui qui a envie de vivre une belle<br />
histoire au milieu des montagnes<br />
pyrénéennes (pas loin de Barcelone,<br />
Toulouse ou Andorre, à 1600 mètres<br />
d’altitude) de me rencontrer et faire<br />
un bout de chemin ensemble si<br />
feeling. J’aime le parapente, les<br />
randonnées, le ski, je navigue aussi<br />
dans le milieu “free-teckno”. Ecrire à :<br />
O. Drouault, 5 Carre Del Puigmal,<br />
66760 Dorres ou contact par le :<br />
06.70.03.10.04.<br />
66 : Philippe, 39 ans, séropositif, brun,<br />
non-fumeur, non-alcoolique, souhaite<br />
faire la connaissance d’une F,<br />
séropositive si possible, pour<br />
entreprendre une correspondance<br />
dans le respect. La beauté du cœur est<br />
celle qui compte le plus à mes yeux. Je<br />
pense que par le papier nous<br />
pourrions nous offrir un espace de<br />
liberté. J’ai une grande passion pour<br />
les chevaux et les dauphins. Ecrire à :<br />
P. Legret, écrou n° 24081, cel 319D,<br />
Centre pénitentiaire, BP 945, 66945<br />
Perpignan cedex.<br />
67 : Jean-luc, H de 46 ans, 1.88m,<br />
77kg, séropositif depuis 1996. Je<br />
recherche une F, si possible nonfumeuse,<br />
entre 30 et 45 ans, pour<br />
relation sérieuse et beaucoup plus si<br />
affinités. Contact : 06.16.11.41.73.<br />
83 : Alain, 52 ans, 1.70m, 55kg, brun,<br />
recherche H, âge indifférent, pour<br />
passer de bons moments et voire plus<br />
si affinités. Contact si possible le soir<br />
au : 04.94.68.16.97.<br />
83 : Jean-philippe, 38 ans, 1.78m,<br />
64kg, JH antillais cherche H entre 30<br />
et 40 ans, pour rompre solitude, pour<br />
partager bons moments amoureux,<br />
balades, cinéma, voyages, restaurants,<br />
et pourquoi pas plus si affinités<br />
sincères. Dix chiffres pour me<br />
contacter : 06.63.65.47.52.<br />
83 : Jean-Yves, 38 ans, 1.74m, 64kg,<br />
cheveux châtain clair, yeux bleus,<br />
séropositif, aimant les arts, balades et<br />
câlins pour JH bien dans sa tête. Mon<br />
numéro : 06.24.52.74.01.<br />
83 : Filip, si tu es dans la même galère<br />
que moi, difficile de finir les fins de<br />
mois, moral en baisse, anxieux et la<br />
solitude qui pèse, je te propose une<br />
colocation dans un T2, proche des<br />
plages. Je recherche une personne<br />
sérieuse et motivée. J’ai un cœur à<br />
partager, moi, 39 ans, 1.74m, 68kg,<br />
yeux verts, je recherche H entre 30 et<br />
42 ans, si possible non-fumeur.<br />
Contact au : 06.13.48.43.74.<br />
87 : Bouchta, français de 37 ans,<br />
séropositif, brun, 1.78m, souhaite<br />
rencontrer JF entre 30 et 40 ans,<br />
séropositive ou non, avec ou sans<br />
enfant, pour envisager une relation<br />
durable. J’aime le sport et le cinéma.<br />
Mon portable : 06.74.72.68.60.<br />
89 : Mey, jeune mère de 37 ans,<br />
africaine, séropositive depuis 2003,<br />
sans traitement, souhaiterait<br />
rencontrer un H (culture différente si<br />
possible) entre 35 et 50 ans, pour se<br />
soutenir mutuellement pendant les<br />
bons et mauvais moments, car malgré<br />
tout mon cœur a encore de l’amour à<br />
partager. 06.26.87.14.50.
PARIS et RP :<br />
75 : Thierry, 35 ans, HIV depuis 92,<br />
sans traitement depuis 4 ans, en<br />
bonne santé et bon bilan, recherche<br />
pour des relations amicales, sincères<br />
et durables des H, entre 30 et 50 ans.<br />
Contact plutôt en fin d’après-midi,<br />
sinon répondeur au : 06.88.63.97.74.<br />
78 : Elise, je suis une africaine de 33<br />
ans, et j’aimerais correspondre avec<br />
des H ou des F séropositifs, de toutes<br />
nationalités. Téléphone : 06.16.26.83.96.<br />
ou courriel : elisegoubo@yahoo.fr<br />
75 : Abdal, 30 ans, séropositif,<br />
situation stable, actif, sportif et sincère,<br />
cherche JF ou F, âge indifférent, pour<br />
relation durable, voire fonder une<br />
famille. Un numéro le : 06.17.35.37.09.<br />
95 : Marie, F ayant la quarantaine,<br />
charmante, coquette et souriante,<br />
recherche un H convenable, réfléchi,<br />
serein, frugal, et apte à mener une<br />
relation durable dans l’optique d’une<br />
union certaine. Merci de téléphoner<br />
au : 06.98.87.51.48.<br />
75 : Chris, 1.78m, 68kg, 33 ans faisant<br />
beaucoup moins, séropositif, en<br />
bonne santé, mignon sympathique, je<br />
recherche sur Paris ou Paris-Est, H ou<br />
JH masculin, viril, câlin tendre, si<br />
possible hors milieu, aimant l’art, la<br />
peinture, les balades et découvrir<br />
plein de choses… Le tout pour<br />
relation durable, voire vie commune si<br />
affinités. Mon téléphone :<br />
06.27.37.08.21.<br />
95 : Thé, JF africaine, séropositive<br />
depuis 4 ans, en bonne santé, 1.72m,<br />
79kg, 45 ans, ayant deux enfants,<br />
cherche à rompre solitude, dans la<br />
rencontre avec un H, de 45 à 55 ans,<br />
généreux de cœur, ayant plein<br />
d’amour à donner et à recevoir, pour<br />
une vie basée sur le respect et la<br />
confiance, voire mariage si affinités.<br />
Mon portable : 06.89.60.01.29.<br />
78 : Jean-Marc, 45 ans, 1.77m, 74kg,<br />
blond aux yeux bleus, sympathique,<br />
situation stable, cherche à rencontrer<br />
sur le 78 ou le 92, F de 30 à 40 ans, si<br />
possible séropositive, afin de ne plus<br />
avoir sans cesse à vouloir partager sa<br />
différence. 06.07.65.63.03.<br />
75 : Daniel, 40 ans, parfois hésitant,<br />
parfois indécis, je recherche à créer<br />
une relation amicale avec une F, non<br />
seulement pour rompre ma solitude<br />
mais aussi pour me pousser à être<br />
plus sûr de moi, de ma personne et<br />
de mes qualités. Contact au :<br />
06.82.50.37.44.<br />
92 : Dominique, 26 ans, blond aux<br />
yeux bleus, 1.80m, 72kg, souhaite<br />
rencontre sur le 92 ou le 75, avec un<br />
H entre 35 et 45 ans, si possible<br />
d’origine espagnole pour échange<br />
hispanique et relation sérieuse. Si<br />
possible en fin d’après-midi au :<br />
06.66.12.14.08.<br />
95 : Sisi, JF africaine, séropositive<br />
depuis 4 ans, 1.68m, 62kg, ayant trois<br />
enfants, cherche à rompre solitude<br />
avec H de 40 à 50 ans, plein d’amour,<br />
équilibré, afin d’échanger nos<br />
expériences pour une vie affective<br />
basée sur le respect et la confiance,<br />
voire plus et mariage si affinités. Mon<br />
téléphone : 06.23.30.54.50.<br />
75 : Dimitri, 38 ans, 1.80m, 73kg,<br />
séropositif depuis 2003, sans<br />
traitement, en pleine forme,<br />
célibataire, jeune de corps et d’esprit,<br />
passionné de musique, désire<br />
rencontrer JF, âgée de 20 à 30 ans,<br />
mignonne, plutôt mince, sensuelle,<br />
affectueuse, gentille, débordant de<br />
tendresse, pour trouver ensemble le<br />
vrai bonheur, envisager un enfant et<br />
établir une relation sérieuse.<br />
Composer-le : 06.07.80.24.00.<br />
78 : Jacques, JH, 44 ans, séropositif<br />
depuis 85, sous trithérapie, en bonne<br />
santé, 1.72m, 63kg, châtain, les yeux<br />
noisette, cherche sur le 75 ou le 78, un<br />
JH entre 30 et 45 ans, aimant le<br />
cinéma, théâtre, pour relation d’amitié<br />
ou plus. Contact au : 06.68.20.52.60.<br />
75 : Amar, H de 41 ans, 1.71m, dans le<br />
but de rompre ma solitude, cherche à<br />
rencontrer une F, entre 35 et 45 ans,<br />
pour établir dans un premier temps<br />
une relation amicale, puis si affinités,<br />
voire beaucoup plus. Mon portable :<br />
06.70.62.58.41.<br />
93 : Eva, 37 ans, africaine, 64kg,<br />
1.70m, belle, féminine, sérieuse et<br />
indépendante, mûre d’esprit avec un<br />
enfant, séropositive depuis deux ans,<br />
recherche H, son âge entre 35/50 ans,<br />
non fumeur si possible, sérieux,<br />
indépendant et sincère, pour<br />
reconstruire ensemble ce que le<br />
destin a brisé : un foyer. Contact :<br />
06.13.73.69.19.<br />
75 : Marc, H de 46 ans, 1.80m. Je<br />
recherche une petite colombe qui<br />
arrivera à m’ouvrir le cœur. Je suis<br />
sincère et souhaite vraiment établir<br />
une relation d’amitié voire d’amour<br />
avec la personne avec qui j’aurai des<br />
affinités. Un numéro : 01.42.41.11.79.<br />
77 : Boyé, H black, 42 ans, physique<br />
d’athlète, 1.82m, 85kg, séropositif,<br />
sans traitement, gentil et très<br />
sympathique, j’aime la nature et la<br />
musique “reggae”, je cherche une<br />
relation sérieuse avec une F, entre 30<br />
et 50 ans, pour partager de bons<br />
moments ensemble, voire plus si<br />
affinités. Contact après 20 heures si<br />
possible au : 01.64.37.03.50.<br />
91 : Rémy, 40 ans, 1.78m, 60kg, brun,<br />
yeux noisette, séropositif depuis 84,<br />
sensible, cherche JF entre 22 et 28<br />
ans, pour relation sérieuse si grande<br />
affinité. Contact au : 06.60.79.72.04.<br />
75 : Robert, H de 43 ans, bien dans sa<br />
tête, stable, recherche F, même profil.<br />
Ecrire par courriel à :<br />
toto75013@hotmail.com<br />
92 : Caroline, africaine de 38 ans,<br />
1.73m, 70kg, pas moche, élégante,<br />
douce, sentimentale, divorcée et<br />
séropositive, situation régulière, bien<br />
dans sa peau, recherche pour rompre<br />
sa solitude, un H, âgé de 40 à 50 ans,<br />
sincère et prêt à s’investir dans une<br />
relation durable basée sur les valeurs<br />
morales et profiter de la vie aussi<br />
longtemps que possible. Mon<br />
portable : 06.84.82.83.77.<br />
93 : Michel, 50 ans, séropositif, 1.67m,<br />
57kg, non-fumeur, sympathique, facile<br />
à vivre, situation stable, recherche fine<br />
compagne, âgée entre 35 et 45 ans,<br />
indépendante, pour relation durable.<br />
Mon téléphone : 01.43.60.69.40.<br />
75 : Fernande, séropositive,<br />
indépendante, la cinquantaine, désire<br />
rencontrer un H, entre 50 et 60 ans,<br />
non-fumeur si possible, sérieux,<br />
affectueux, pour une relation si<br />
affinités. Contact au : 06.76.76.05.68.<br />
93 : Mino, JF de 29 ans, 1.65m, 60kg,<br />
en bonne santé, désire rencontrer H<br />
entre 35 et 45 ans, pour relation<br />
sérieuse et plus si affinités. Contact<br />
au : 06.26.85.94.81.<br />
75 : Robert, H d’âge mûr, séropositif,<br />
non-fumeur, en bonne santé,<br />
beaucoup d’amour à donner, cherche<br />
F indépendante, pour partager des<br />
moments complices et sincères, dans<br />
relation stable et sérieuse. Téléphone :<br />
06.19.73.51.23.<br />
78 : Dominique, 38 ans, las de la<br />
solitude, souhaiterait relations<br />
amicales et durable avec F seule ou<br />
avec enfant. Si toi aussi la solitude te<br />
pèse, n’hésites pas à m’appeler au :<br />
0.627.421.387.<br />
95 : Bernard, 45 ans, ayant perdu son<br />
ami après 7 ans de vie commune,<br />
recherche un H de 20 à 45 ans, gentil,<br />
câlin, affectueux. Si tu es en région<br />
parisienne, la relation sera encore<br />
mieux, car nous sommes plus proche<br />
l’un de l’autre. Contact au :<br />
01.39.86.41.59.<br />
75 : Jacky, 51 ans, 1.71m, 66kg, yeux<br />
marron, brun aux cheveux courts,<br />
séropositif depuis 87, sous trithérapie<br />
et en bonne santé, cherche à rompre<br />
la solitude et souhaite rencontrer un<br />
garçon honnête entre 35 et 50 ans,<br />
non-fumeur si possible, pour établir<br />
une relation sérieuse et sincère, pour<br />
Comment passer une PA ?<br />
• Pour passer une annonce, envoyez à Remaides votre texte et vos<br />
coordonnées (nom, adresse, téléphone). L’annonce qui paraîtra indiquera<br />
uniquement le moyen que vous aurez choisi (téléphone, boîte postale, etc.)<br />
pour permettre aux lecteurs de vous répondre.<br />
• Les annonces publiées visent à rompre la solitude. Elles n’engagent que<br />
la responsabilité de leur auteur.<br />
• Nous ne publierons pas de demandes à caractère commercial ou<br />
discriminatoire ni de description de pratiques sexuelles.<br />
• Nous nous réservons le droit de raccourcir les textes un peu longs.<br />
• La reproduction de ces annonces est interdite.<br />
• Nous recevons de très nombreuses annonces et ne pouvons publier que les<br />
premières qui nous parviennent. Pour le prochain numéro, envoyez-nous<br />
votre texte avant la fin janvier.<br />
Remaides n’a aucun moyen de s’assurer de la bonne foi des personnes<br />
qui font paraître une annonce ou qui y répondent : nous invitons donc<br />
nos lecteurs à faire preuve de la prudence nécessaire lors de toute<br />
rencontre avec une personne inconnue.<br />
de bons moments de détente, balades<br />
à pied, en vélo, danse rétro à deux, et<br />
plus si affinités. 01.40.38.31.57.<br />
91 : Sylvia, JF africaine de 34 ans, nonfumeuse,<br />
3 enfants, indépendante,<br />
cherche relation suivie, stable voire vie<br />
commune avec H de 30 à 45 ans, bien<br />
dans sa tête, indépendant également,<br />
pour une belle histoire, car après tout,<br />
les projets à long terme sont encore<br />
réalisables. Contact à l’adresse :<br />
a.sandrine4@voilà.fr ou au<br />
téléphone : 06.77.89.23.88.<br />
93 : Bernard, 47 ans, 1.78m, 78kg,<br />
séropositif depuis 93, aimerait<br />
rencontrer son âme sœur dans une F<br />
âgée de 30 à 50 ans, pour relation<br />
durable. Tendresse, humour, partage<br />
et sincérité seront de la partie. Contact<br />
téléphone au : 01.48.22.07.37.<br />
75 : Philippe, 48 ans, 1.72m, 65kg,<br />
volontaire, presque sain de corps, en<br />
tout cas d’esprit, cherche son copain,<br />
doux, attachant, autonome et aimant<br />
la vie pour la partager. Mon portable :<br />
06.14.20.26.76.<br />
91 : Claude, H de 42 ans, d’origine<br />
africaine, séropositif depuis 4 ans,<br />
80kg, en bonne santé, pour amitié et<br />
voire plus si affinités, cherche F, âgée<br />
entre 25 et 38 ans. Deux fois plus de<br />
chance de me contacter au :<br />
01.69.05.76.52. ou au : 06.13.25.18.42.<br />
92 : Pierre, 56 ans, divorcé, sportif et<br />
musclé, en bonne forme, tendre,<br />
cultivé, aimant sortir et voyager,<br />
souhaite vivement rencontrer JF ou F,<br />
si possible plutôt mince, séropositive<br />
ou non, pour tout partager et ce le<br />
plus longtemps possible. Contact par<br />
courriel à : bopierrot@free.fr<br />
75 : Ach, parisien de 36 ans, doux,<br />
sensible, sentimental, recherche une F<br />
sincère, pour partager ensemble le<br />
Vos annonces<br />
plaisir d’être deux et d’établir une<br />
relation amoureuse durable. Contact<br />
par courriel à : ach75@free.fr ou par<br />
téléphone au : 06.19.84.12.10.<br />
91 : J., H quarante ans, gentil, hors<br />
milieu, grand, mince, cherche mon<br />
ami dans la région parisienne et<br />
limitrophe du 91. Jeune ou d’âge mûr,<br />
séropositif, calme et naturel. Comme<br />
moi, solitaire, on pourra s’entraider<br />
moralement et on pourra échanger<br />
bien-être et confiance pour se sentir<br />
mieux. A vos claviers pour écrire par<br />
courriel à : eurowision@yahoo.fr<br />
94 : Clara, JF africaine, 27 ans,<br />
séropositive depuis un an, sans<br />
traitement, 1.68m, 68kg, cherche H<br />
entre 35 et 50 ans, pour relation<br />
sérieuse et voire plus si affinités. Mon<br />
portable : 06.25.26.02.46.<br />
95 : Rachid, 40 ans, fumeur, désire<br />
élargir mes relations au-delà de mon<br />
cercle familial. Je désire correspondre<br />
avec F ou H aimant la vie, la nature,<br />
les enfants. Je suis d’une grande<br />
sensibilité et je suis surtout très timide.<br />
J’attends avec impatience vos appels<br />
ou vos courriers ; pour cela :<br />
06.13.01.38.49. ou R. Rahmani, 3 allée<br />
Elsa Triollet, 95100 Argenteuil.<br />
78 : Rosa, JF africaine, 45 ans, 1.72m,<br />
72kg, mère de famille, simple et<br />
gentille, aimant les voyages, la lecture<br />
et le cinéma, souhaite rencontrer H de<br />
45 à 60 ans, ayant les mêmes goûts<br />
que moi. Contact au : 06.66.94.77.49.<br />
31<br />
PA<br />
remaides 54 - décembre 2004
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Numéro 54 : décembre 2004 - CPPAP 1207 H 82735 - Photo : Stéphane Blot