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Photo : Laurent Vincent Bardin<br />

N° 54 • décembre 2004<br />

<strong>Enquête</strong><br />

ÊTRE VISIBLE AVEC MON VIRUS INVISIBLE ?<br />

DES HOMMES ET DES FEMMES TÉMOIGNENT<br />

CONGRÈS ICAAC<br />

nouvelles générations de médicaments<br />

LES IST<br />

ces microbes qui nous gâchent le plaisir !


2<br />

SOMMAIRE<br />

remaides 54 - décembre 2004<br />

54 • décembre 2004<br />

Directeur de la publication : Christian Saout.<br />

Comité de rédaction : Cynthia Benkhoucha, Jean-<br />

Pierre Buchmann, Agnès Certain, Nicolas Charpentier,<br />

Yves Gilles, Cyrille Leblon, Alain Legrand, Jacqueline<br />

L’Hénaff, Marianne L’Hénaff, Stéphane Korsia-Meffre,<br />

Thierry Prestel, Fabien Sordet, Dominique Thiéry,<br />

Emmanuel Trénado.<br />

A la mémoire des membres du comité de<br />

rédaction morts du sida : Philippe Beiso, Richard<br />

David, René Froidevaux, Yvon Lemoux, Christian Martin,<br />

Alain Pujol, Christine Weinberger.<br />

Coordination : Dominique Thiéry<br />

T. : 01 41 83 46 12 / courriel : dthiery@aides.org<br />

Abonnements, petites annonces : Cyrille Leblon<br />

T. : 01 41 83 46 10 / courriel : cleblon@aides.org<br />

Maquette : Stéphane Blot, courriel : sblot@aides.org<br />

Laurent Marsault, courriel : lmarsault@aides.org<br />

Photos et illustrations (avec nos remerciements) :<br />

Stéphane Blot, Nicolas Charpentier, le CRIPS, Daniel,<br />

Eric Dérian, Gersende*, Jacqueline Maman, Pierre<br />

Maraval, Laurent Marsault, Patrice Miot, PIEM, Pierre<br />

et Gilles, Fabien Sordet, Dominique Thiéry,<br />

Emmanuel Trénado, Laurent Vincent-Bardin.<br />

Remerciements spéciaux à Jean Deleuze et Myriam<br />

Kirstetter (pour leurs conseils), Marie-Hélène Klein<br />

(pour la relecture), Thierry Ceysson (couverture).<br />

Le SNEG (Syndicat national des entreprises gaies) assure<br />

la diffusion de Remaides dans les établissements gays.<br />

Parution trimestrielle Tirage : 45 300 ex.<br />

ISSN : 11620544.<br />

Impression : Corlet Roto, 53300 Ambrières-les-Vallèes.<br />

Remaides sur internet :<br />

www.aides.org (page d’accueil et rubrique VIH / Infos)<br />

Remaides<br />

Tour Essor, 14, rue Scandicci,<br />

93508 Pantin Cedex<br />

Télécopie : 01 41 83 46 19.<br />

Les articles d’informations publiés dans Remaides<br />

peuvent être reproduits, sous réserve de mention de la<br />

source. La reproduction des photos et des illustrations<br />

est interdite, sauf accord de l'artiste. L’utilisation des<br />

témoignages doit donner lieu à une autorisation. La<br />

reproduction des petites annonces est interdite.<br />

CPPAP 1207 H 82735<br />

AGIR !<br />

09 Résultats de l’enquête AIDES et TOI<br />

TRAIT’ PORTRAIT<br />

11 Stéphanie de Monaco,<br />

un des portraits du livre AIDES X 1000<br />

TÉMOIGNER<br />

12 Décollage Fuzéon<br />

vers 7 milliards d’étoiles…<br />

20 Esteban : “L’amour m’a sauvé”<br />

25 Christine Weinberger :<br />

“Ultimes mots d’amour”<br />

PRÉVENTION<br />

13 La fellation peut-elle transmettre le VIH ?<br />

19 Vaccin préventif : l’ANRS a besoin de volontaires !<br />

POUR Y VOIR PLUS CLAIR<br />

15 Les Infections sexuellement transmissibles (IST),<br />

les connaître pour les combattre<br />

ÉQUILIBRE<br />

21 Dois-je être visible avec mon virus invisible ?<br />

Deux femmes et deux hommes témoignent<br />

ACTU<br />

04 New Fill, Viracept, etc.<br />

Rapport 2004 de l’Onusida.<br />

Le sida, grande cause nationale 2005<br />

06 Congrès ICAAC : nouvelles<br />

générations de médicaments<br />

08 Un fond de tristesse, d’Eric Moréna<br />

SE SOIGNER<br />

26 Hépatite C : que faire apres un échec du traitement ?<br />

INTERNATIONAL<br />

28 10 ans d’engagement du Réseau Afrique 2000 :<br />

l’exemple du Mali<br />

PA<br />

30 Vos annonces


Quoi ma gueule ?<br />

Qu’est-ce qu’elle a ma gueule !<br />

Peut-on dire que l’on est séropositif ? Doit-on le dire ? Comment le dire ? Toutes ces questions<br />

sont encore d’une brûlante actualité. Comme si vingt ans de mobilisation en France n’avaient pas<br />

permis que la parole des personnes sur leur séropositivité s’exprime dans une acceptation<br />

bienveillante autant que dans le respect d’une certaine sécurité pour les personnes et pour leurs<br />

proches.<br />

Comment en sommes-nous arrivés là, alors que les années quatre-vingt-dix avaient vu des<br />

personnes séropositives dire avec émotion leur désarroi et crier avec force leurs espoirs ?<br />

Faut-il comprendre qu’avec les trithérapies, la désespérance n’est plus là ? Faut-il croire que les<br />

personnes sont sans attentes ? Qu’elles n’ont plus de demandes ?<br />

Il n’en est rien.<br />

Evidemment, disons-nous. Nous qui savons de quoi est fait un quotidien avec la séropositivité et<br />

aussi avec quelles inquiétudes on aborde une vie avec des traitements sur une longue durée.<br />

Nous qui savons de quelles exclusions notre société est coupable : rejet du monde du travail,<br />

refus de logement, regards péjoratifs, précarité sociale, sexualités et amours plus complexes.<br />

Mais tout cela, on ne l’entend pas. On ne l’entend plus. Comme si une énorme chape de silence<br />

empêchait l’expression des personnes. Comme si nous étions revenus au début de l’épidémie. Cet<br />

étouffement a cependant d’autres raisons : celles qu’une société se donne, tous les jours, par<br />

abandons successifs, pour rejeter l’autre. Et nous avons du mal, plus que d’autres, à faire face.<br />

Debouts, sereins, et fiers.<br />

L’enquête AIDES & TOI, menée cet été dans le réseau AIDES, montre que ceux qui fréquentent<br />

l’association comptent sur nous pour porter leurs paroles, leurs revendications. Mais nous<br />

devons aller plus loin. C’est la raison pour laquelle les *Etats Généraux des personnes touchées<br />

se sont à nouveau réunis. Pour que les paroles s’élèvent. Sur la vie avec la séropositivité. Sur nos<br />

intimités avec le virus. Sur les souffrances face à l’isolement ou la solitude. Sur les espoirs de<br />

changement que nous devons porter collectivement pour lutter contre l’immense repli social qui<br />

nous réduit au silence.<br />

Rien ne nous a jamais été donné. Ce que nous avons obtenu, nous l’avons imposé, et souvent pris.<br />

Regagnons notre droit à la parole. Reprenons nos paroles majuscules. Combat pour tous, et lutte<br />

pour les autres !<br />

Christian Saout, président de AIDES<br />

* La seconde édition des Etats Généraux des personnes touchées, organisés par AIDES s’est tenue à Paris du 26 au 28 novembre<br />

dernier. Cette assemblée qui a permis à près de 300 personnes séropositives ou malades du sida de se rencontrer, est un espace<br />

unique pour échanger, partager et témoigner de son vécu au quotidien et exprimer ses volontés pour demain. Dans le prochain<br />

numéro de Remaides, un article détaillé y sera consacré, apres la publication des Actes.<br />

3<br />

ÉDITO Portraits : Laurent Marsault, Dominique Thiéry, Laurent Vincent -Bardin - Image : Stéphane Blot - remaides 54 - décembre 2004


4<br />

ACTU<br />

remaides 54 - décembre 2004 - Illustration : Stéphane BLot, PIEM<br />

Quoi de neuf, DOC ?<br />

New Fill, enfin remboursé !<br />

Profitant des Etats Généraux des personnes touchées organisés par<br />

AIDES fin novembre, le ministre des Solidarités, de la Santé et de la<br />

Famille, Philippe Douste-Blazy a annoncé que New Fill (produit de<br />

comblement pour lutter contre la perte de graisse du visage du laboratoire<br />

Dermik/Sanofi-Aventis) serait remboursé à 100 % avant la fin<br />

2004. “Sera également remboursée début 2005, la charge virale de<br />

l’hépatite Delta (150 euros)” a-t-il aussi précisé.<br />

Perte de graisse : Bio-Alcamid<br />

Bio-Alcamid (laboratoires Polymékon) est un nouveau produit destinée<br />

à compenser la perte de graisse. Il peut être utilisé pour le visage, mais<br />

aussi pour les fesses. C’est un gel qui s’injecte sous anesthésie locale.<br />

A court terme, il semble efficace et bien toléré. Mais on n’a pas<br />

d’études suffisantes pour connaître son efficacité et ses effets indésirables<br />

éventuels à plus long terme. Bio-Alcamid n’est donc<br />

actuellement pas remboursé par la Sécurité sociale. Son prix est de<br />

800 à 1 200 euros, mais certains médecins sont parvenus à obtenir<br />

une prise en charge Sécu pour des personnes ayant une perte de graisse<br />

entraînant un handicap (difficulté à rester assis).<br />

Pas de Viracept 625 mg<br />

Le laboratoire Roche a annoncé mi-novembre sa décision de ne pas<br />

commercialiser le comprimé de Viracept (nelfinavir) 625 mg, pourtant<br />

attendu depuis deux ans en Europe. Viracept 625 mg permettrait de<br />

passer de dix cachets par jour à quatre avec moins de diarrhées. La<br />

raison invoquée est un problème de fabrication. Les patients français<br />

actuellement en essai sous Viracept 625 mg se verront proposer le<br />

comprimé 250 mg ou un autre traitement ! Les Etats-Unis restent les<br />

seuls à pouvoir utiliser Viracept 625 mg car Roche a cédé ses droits<br />

au laboratoire américain Pfizer qui déclare ne pas avoir les mêmes problèmes…<br />

Hystérie médiatique autour du “vaccin Andrieu”<br />

Début décembre, de nombreux médias ont proclamé, de manière abusive<br />

et inexacte, les résultats d’une étude de vaccin thérapeutique chez<br />

les personnes séropositives, menée par le Pr Jean-Marie Andrieu. L’étude<br />

portait sur un petit nombre de personnes dont seule une partie a<br />

obtenu une amélioration de sa réponse immunitaire (rien de plus, et<br />

sans qu’on sache actuellement si cette amélioration durera). C’est donc<br />

uniquement une piste de recherche parmi d’autres. Le groupe TRT-5 (*)<br />

a vivement critiqué la médiatisation abusive des résultats par le Pr<br />

Andrieu (qui est coutumier du fait) et par la presse.<br />

(*) TRT-5 : Act Up-Paris, Actions Traitements, AIDES, Arcat, Sida Info Service, Dessine-moi un mouton, Sol En Si.<br />

Rapport 2004 de l’Onusida<br />

39,4 millions de personnes sont infectées par le VIH dans le monde,<br />

dont 17,6 millions de femmes. Le rapport confirme les grandes tendances<br />

: une prévention très mal faite dans de nombreux pays (qui<br />

prône abstinence ou fidélité), une féminisation de l’épidémie qui<br />

s’accélère (76 % des jeunes touchés de 14 à 25 ans en Afrique sont<br />

des filles). Néanmoins, grâce au Fonds mondial, les ressources sont<br />

passées de 2,1 milliards de dollars en 2002 à 6 milliards en 2004<br />

et le nombre de personnes ayant accès aux traitements a augmenté<br />

de 56 %. En France, on compte 100 000 séropositifs et toujours<br />

6 000 nouvelles contaminations par an… Pour en savoir plus :<br />

www.unaids.org (il y a une version française).<br />

Avec Têtu+, le VIH en rose<br />

Témoignages, conseils, avancées thérapeutiques,<br />

fiches cuisines… La quatrième<br />

édition du guide gratuit d’information sur le<br />

VIH du journal Têtu vient de sortir. Vous pouvez<br />

vous le procurer dans les associations de<br />

lutte contre le sida, certains hôpitaux ou le<br />

consulter sur www.tetu.com<br />

La lutte contre le sida :<br />

grande cause nationale 2005<br />

En déclarant la lutte contre le sida “grande cause nationale 2005”,<br />

Jean-Pierre Raffarin entend exprimer “le refus de la banalisation”.<br />

Le label “grande cause nationale” permet de fédérer davantage les<br />

différents acteurs d’une lutte et de coordonner leurs initiatives avec<br />

l’Etat. Mais qui se souvient que la “grande cause nationale 2004”<br />

était la fraternité ? Affaire à suivre !


HEPATITES<br />

De plus en plus de gays séropositifs au VIH<br />

et à l’hépatite C !<br />

L’ Institut de Veille Sanitaire (InVS) vient de confirmer une forte<br />

augmentation en France de cas d’hépatite C (contamination inférieure<br />

à six mois) chez les gays séropositifs au VIH. Bien<br />

qu’uniquement transmissible par le sang, l’hépatite C peut, dans<br />

de rares cas, être transmise lors de rapports sexuels ayant un<br />

contact avec le sang. Certaines pratiques sexuelles hard non protégées<br />

(absence de gants lors de fist par exemple) pourraient être<br />

responsables. Par ailleurs, le risque de transmission de l’hépatite<br />

C est plus important si la personne est infectée par le VIH.<br />

Attention les yeux !<br />

Des chercheurs américains ont constaté l’augmentation de<br />

maladies des yeux (tâches cotonneuses, cataracte, diminution de<br />

la vision en couleur) chez les personnes co-infectées par le VIH et<br />

le VHC prenant un traitement contre l’hépatite C (interféron<br />

pégylé). Une surveillance accrue de la vue est donc préconisée<br />

chez les personnes prenant ce médicament.<br />

Alerte à l’hépatite A !<br />

Une équipe soignante italienne a observé une forte augmentation<br />

des cas d’hépatite A chez les hommes ayant des pratiques homosexuelles<br />

(l’hépatite A peut, dans de rares cas, entraîner des<br />

complications mortelles). Par ailleurs, l’étude a mis en évidence<br />

la faible application des recommandations relatives au vaccin<br />

contre l’hépatite A : les personnes ayant des pratiques homosexuelles<br />

et les personnes atteintes par une hépatite chronique B<br />

ou C, (avec des risques de complications), sont rares à être<br />

vaccinées.<br />

Le groupe interassociatif *CHV, dont AIDES fait partie, demande<br />

aux pouvoirs publics le remboursement de ce vaccin depuis<br />

plusieurs années : son coût élevé (90 euros) est en effet plutôt<br />

dissuasif…<br />

Les transaminases ne répondent plus...<br />

Les conditions d’utilisation de Pegasys, l’interféron pégylé de<br />

Roche contre l’hépatite C, ont récemment été modifiées. A<br />

présent, le traitement peut être prescrit même en l’absence de<br />

transaminases élevées (substances libérées dans le sang par le<br />

foie lorsqu’il subit une agression notamment en cas d’hépatite C).<br />

En effet, on constate que les transaminases ne sont pas toujours<br />

un indicateur fiable pour évaluer l’atteinte du foie (surtout chez<br />

les personnes également atteintes par le VIH).<br />

*CHV (Collectif Hépatites Virales) : Act Up-Paris, AIDES, Arcat, Transhépate,<br />

Association Française des Hémophiles, Nova Dona, Actions Traitements, Hépatites<br />

Info Service.<br />

Quoi de neuf, doc ?<br />

Pétition pour les microbicides !<br />

Parce que 5 000 femmes contractent<br />

le sida chaque jour dans le<br />

monde, que 43 % des nouvelles<br />

contaminations en France sont des<br />

femmes, un collectif associatif,<br />

dont AIDES fait partie, vient de lancer<br />

une pétition adressée au<br />

Président de la République pour<br />

encourager l’Etat à soutenir activement<br />

la recherche sur les<br />

microbicides (gels appliqués dans<br />

le vagin destinés à empêcher l’entrée<br />

du VIH dans l’organisme). Si vous souhaitez signer cette<br />

carte postale libellée à l’adresse de l’Elysée, demandez-la à la<br />

délégation de AIDES la plus proche de chez vous ou téléphonez<br />

au 0 820 160 120 (0,12 euro/min).<br />

Un dico sur la santé psy<br />

Dois-je prendre des médicaments<br />

ou suivre une psychothérapie ?<br />

Comment mieux supporter mon traitement<br />

psy ? Où trouver du<br />

soutien ? Les antidépresseurs<br />

entraînent-ils une dépendance ?<br />

Toutes ces questions trouvent leur<br />

réponse dans ce nouveau guide<br />

attrayant et facile d’accès, supervisé<br />

par deux médecins et publié<br />

chez Vidal. Il répertorie aussi tous<br />

les médicaments liés aux troubles<br />

psychiques. Un bon livre de chevet pour ne pas déprimer !<br />

21 euros en librairie. Voir aussi le site Internet : www.vidal.fr<br />

Nous, les femmes...<br />

La journée mondiale contre le sida<br />

avait choisi cette année pour<br />

thème “Femmes et Filles face au<br />

VIH et au sida”. Voici une brochure<br />

Femmes et VIH créée par Le<br />

Kiosque (espace d’accueil et d’informations<br />

sur le VIH) qui fait le<br />

point sur les femmes et leurs<br />

risques de contamination par le<br />

VIH, les IST, comment se dépister<br />

et utiliser les préservatifs (dont le<br />

Fémidom). Vous pouvez vous la<br />

procurer en écrivant au Kiosque,<br />

36 rue Geoffroy L’Asnier, 75004<br />

Paris, tél. : 01 44 78 00 00 ou<br />

www.lekiosque.org<br />

5<br />

ACTU<br />

remaides 54 - décembre 2004


ACTU 6<br />

remaides 54 - décembre 2004<br />

Congrès ICAAC 2004<br />

LES NOUVELLES GÉNÉRATIONS<br />

DE MÉDICAMENTS<br />

La 44 e édition de l’ICAAC, conférence sur les maladies<br />

infectieuses et sur les traitements, s’est tenue à<br />

Washington du 30 octobre au 2 novembre dernier.<br />

Remaides y était pour vous donner les dernières news sur<br />

le front VIH.<br />

Les inhibiteurs d’entrée :<br />

on sent qu’ça vient !<br />

Ce congrès a été l’occasion de présenter les<br />

dernières informations concernant les médicaments<br />

empêchant l’entrée du VIH dans les<br />

cellules T4 : les inhibiteurs d’entrée. Trois<br />

médicaments ont confirmé leur intérêt : tous<br />

trois se prennent par voie orale (gélules ou<br />

comprimés). Ils ont commencé à montrer leur<br />

efficacité et seront étudiés dans des essais<br />

plus importants :<br />

• SchD : (laboratoire Schéring) Un essai thérapeutique<br />

aura lieu début 2005 dans 4<br />

centres en France : Paris (La Pitié-Salpêtrière,<br />

Saint-Louis), Nantes et Montpellier.<br />

• GW873140 : (laboratoire GlaxoSmithKline)<br />

Les essais sur la tolérance ont montré des<br />

résultats intéressants en deux prises par<br />

jour. Un large essai d’efficacité devrait<br />

débuter prochainement.<br />

• UK427857 : (laboratoire Pfizer) Ce<br />

médicament a permis lors d’une<br />

étude préliminaire de 10 jours en<br />

monothérapie (prise sans autre<br />

médicament), une réduction importante<br />

de la charge virale. Il devrait<br />

prochainement faire l’objet d’une<br />

étude d’efficacité dans le cadre d’une<br />

trithérapie chez les patients qui n’ont<br />

jamais pris traitement.<br />

Bémols pour ces inhibiteurs<br />

Il existe deux co-récepteurs permettant au<br />

VIH d’entrer dans les cellules T4 : CCR5 et<br />

CXCR4 (voir Remaides n°51, p 4). Les trois<br />

molécules évoquées ci-dessus n’agissent que<br />

sur le co-récepteur CCR5. Or, chez les<br />

patients à un stade avancé de la maladie, le<br />

VIH utilise davantage le second co-récepteur,<br />

CXCR4. Ces molécules seraient donc peutêtre<br />

d’un moindre intérêt chez ces patients.<br />

Des inhibiteurs du co-récepteur CXCR4 commencent<br />

seulement à être étudiés. Par<br />

ailleurs, les essais d’efficacité prévus pour les<br />

trois inhibiteurs d’entrée cités précédemment<br />

ont été vivement critiqués par le groupe interassociatif<br />

TRT-5*, dont AIDES fait partie : ces<br />

essais seront également proposés à des personnes<br />

ayant moins de 200 T4/mm 3 , mais ils<br />

n’offrent pas une prise en charge thérapeutique<br />

satisfaisante dans cette situation.<br />

Transmission<br />

de virus résistants<br />

La résistance du VIH d’emblée à au moins un<br />

médicament, avant toute prise de traitement,<br />

concerne de 10 à 25 % des patients. Ce pourcentage<br />

n’a pas trop évolué ces<br />

dernières années, mais le type de<br />

résistance a changé. Il y a<br />

quelques années, les médicaments<br />

nucléosidiques (Retrovir,<br />

Videx, Zerit, etc.) étaient les plus<br />

concernés. Aujourd’hui, les<br />

résistances d’emblée concernent<br />

davantage les non<br />

nucléosidiques (Viramune,<br />

Sustiva). Ces observations<br />

rappellent le risque de surcontamination<br />

possible par<br />

un virus résistant lors de<br />

rapports non protégés entre<br />

personnes séropositives.<br />

Elles peuvent enfin avoir<br />

(*) Actions Traitements, Act Up-Paris, AIDES, Arcat, Dessine-moi un mouton, Nova Dona, Sida Info Service et Sol en Si.<br />

des répercussions sur le choix du traitement<br />

d’urgence en cas d’accident d’exposition au<br />

VIH (le traitement d’urgence est destiné aux<br />

personnes séronégatives exposées à un risque<br />

de contamination, à prendre 48 heures maximum<br />

après ce risque).<br />

Syphilis :<br />

un traitement par voie orale ?<br />

Une session entière du congrès a été consacrée<br />

à l’émergence de la syphilis, notamment<br />

aux Etats-Unis et dans tous les pays d’Europe.<br />

La population homosexuelle est la plus touchée.<br />

L’accent a été mis sur l’importance des<br />

contaminations lors des rapports bouche-sexe.<br />

Pour le moment, le traitement de référence de<br />

la syphilis consiste en l’injection de Pénicilline<br />

G dans les fesses… Cette injection peut<br />

être répétée pendant trois semaines (à raison<br />

d’une injection par semaine) à un stade tardif<br />

de la syphilis ou bien chez les personnes séropositives<br />

(voir dossier central p. 17).<br />

En cas d’allergie à la pénicilline, il existe d’autres<br />

possibilités, mais aucune n’avait<br />

démontré la même efficacité. A l’ICAAC, une<br />

étude préliminaire a montré qu’une prise<br />

unique de 2 gr de Zithromax par voie orale (par<br />

la bouche) aurait la même efficacité qu’une<br />

injection de Pénicilline. Une large étude sur<br />

environ 300 patients en phase peu avancée de<br />

la syphilis débute en ce moment aux Etats-<br />

Unis, afin de confirmer ce résultat.


Vaccin<br />

contre les papillomavirus ?<br />

Lors d’une session sur les infections à papillomavirus,<br />

responsables des condylomes et de<br />

cancers (utérus, anus, etc. voir dossier central<br />

p 15), les dernières informations sur le<br />

développement d’un vaccin par le laboratoire<br />

MSD ont été présentées : l’effet protecteur de<br />

ce vaccin est désormais démontré avec une<br />

diminution des infections de 94 % après quatre<br />

ans de suivi et 100 % de protection quant<br />

au développement de lésions pré-cancéreuses.<br />

Le laboratoire prévoit une demande<br />

d’AMM (autorisation de mise sur le marché)<br />

pour la mi-2005.<br />

Brèves...<br />

De notre envoyé spécial<br />

Fabien Sordet<br />

3TC et FTC<br />

3TC (Epivir) et FTC (Emtricitabine, Emtriva) présenteraient<br />

le même profil de résistance, la<br />

même efficacité et la même tolérance contre le<br />

VIH et l’hépatite B.<br />

Fuzéon (T20)<br />

Chez les patients multi-résistants, il pourrait<br />

être intéressant de maintenir Fuzéon (même<br />

chez des personnes résistantes à ce dernier),<br />

car ces résistances “imposées” par la présence<br />

du médicament semblent diminuer<br />

l’agressivité du VIH. Pour le moment, ce traitement<br />

se prend en 2 prises par jour.<br />

L’administration en une prise par jour n’est toujours<br />

pas validée.<br />

Sexualité<br />

Une étude française a révélé la dégradation de<br />

la sexualité (libido, orgasme…) chez les femmes<br />

séropositives. Explications suggérées : le<br />

virus lui-même, l’altération de l’image de soi,<br />

les traitements anti-VIH.<br />

Videx, Emtriva et Sustiva<br />

La présentation des résultats, avec un recul de<br />

cinq ans, confirme l’efficacité et la tolérance<br />

de l’association Videx + Emtriva + Sustiva chez<br />

les patients n’ayant jamais eu de traitement<br />

auparavant.<br />

Pour en savoir plus<br />

Consultez le site américain de l’ICAAC sur<br />

www.icaac.org (attention, en anglais !)<br />

Prochain Icaac : du 21 au 24 septembre<br />

2005 à la Nouvelle Orléans, Louisiane.<br />

Kalétra<br />

• L’efficacité de Kalétra est largement confirmée.<br />

Ce médicament a notamment été étudié<br />

pendant plus de cinq ans, en trithérapie chez<br />

les personnes n’ayant jamais pris de traitement<br />

auparavant.<br />

• Les concentrations de Kalétra dans le sang<br />

varient beaucoup d’une personne à l’autre<br />

(ce qui pourrait expliquer des effets indésirables<br />

plus importants chez certaines<br />

personnes). Aussi, lorsqu’on prend Kalétra, il<br />

est utile d’en mesurer la quantité dans le<br />

sang (sur prise de sang), afin, si nécessaire,<br />

d’en ajuster les doses.<br />

• Sur une durée de six mois, l’association<br />

Sustiva + Kalétra en une seule prise par jour<br />

est aussi efficace que le même traitement<br />

lorsque Kalétra est pris deux fois par jour.<br />

• Enfin, une étude africaine a montré que Kalétra<br />

serait stable jusqu’à 30 jours à une<br />

température pouvant aller jusqu’à 35°C<br />

(demande à être confirmé).<br />

Quadrithérapie<br />

Les résultats à six mois d’une étude sur la<br />

quadrithérapie Trizivir + Viréad, en une prise<br />

par jour, sont intéressants. Chez les personnes<br />

n’ayant jamais pris de traitement, cette association<br />

se révèle aussi efficace qu’une<br />

trithérapie conventionnelle Combivir + Sustiva.<br />

L’efficacité et la tolérance de ce type de traitement<br />

demandent cependant à être<br />

confirmées sur une plus longue durée.<br />

Truvada + Sustiva<br />

Le laboratoire Giléad a présenté les résultats<br />

de son essai comparant Truvada<br />

(Viréad + Emtriva) + Sustiva à l’association<br />

Combivir (AZT + 3TC) + Sustiva chez<br />

les patients n’ayant jamais pris de traitement<br />

anti-VIH. A vingt-quatre semaines,<br />

l’association Truvada + Sustiva se révèle<br />

plus efficace que l’association Combivir +<br />

Sustiva, avec une charge virale indétectable<br />

pour 87% des patients contre 78%<br />

avec l’autre combinaison.<br />

Une des raisons de cette supériorité pourrait<br />

être sa meilleure tolérance avec<br />

moins d’arrêts de traitement et d’effets<br />

indésirables. Cependant, il ne s’agit que<br />

de résultats intermédiaires. On ne pourra<br />

conclure définitivement qu’après une évaluation<br />

à quarante-huit semaines dont les<br />

résultats seront communiqués courant<br />

2005. Par ailleurs, la bonne tolérance de<br />

Viréad a été confirmée.<br />

7<br />

ACTU<br />

Photo : Fabien Sordet - remaides 54 - décembre 2004


8<br />

ACTU<br />

remaides 54 - décembre 2004 - Photos : Pierre & Gilles, Laurent Vincent-Bardin<br />

Livre<br />

Le “mousse” Moréna, devenu célèbre à 37<br />

ans, est aujourd’hui un vaillant capitaine de<br />

53 ans, la poitrine large comme un coffre. Pas<br />

sur le bateau ivre de Rimbaud, mais plutôt sur<br />

celui du capitaine Crochet, n’hésitant pas,<br />

avec une plume acérée comme une lame, à<br />

régler quelques comptes avec des gens du<br />

show biz, milieu qu’il côtoie depuis son tube<br />

Oh, mon bateau !, sans tomber toutefois dans<br />

une dérive amère. Moréna a bien vécu :<br />

argent, luxe, plaisirs et sexe, mais une seule<br />

chose compte : sa passion pour Antoine qui a<br />

duré quatorze ans. Et sa plume devient légère<br />

comme une caresse pour celui avec qui il<br />

partage les angoisses des résultats d’analyses,<br />

les joies de l’espoir retrouvé, une<br />

chambre d’hôpital au fond du couloir. Dans<br />

un récit commencé tel un journal intime,<br />

Eric Moréna :<br />

“OH, MA GALÈRE !”<br />

Dans un livre à paraître début 2005, Un fond de tristesse, Eric Moréna parle avec<br />

force de son amour pour son compagnon Antoine, mort du sida en 1992. Loin de<br />

sombrer dans le vague à l’âme, l’interprète de Oh, mon bateau ! fait son retour,<br />

racontant ses années houleuses avec réalisme et poésie, ou comment il a réussi à<br />

sortir la tête de l’eau et bientôt, un nouvel album.<br />

émouvant par son style parfois virevoltant,<br />

s’égrène la vie de deux hommes que seule la<br />

mort a séparé, jamais le VIH. Un hommage,<br />

mais aussi un avertissement : la “contagion<br />

d’amour” n’arrive pas qu’aux autres et il est<br />

encore plus délicat de l’assumer lorsqu’on est<br />

célèbre. Le rendez-vous est pris dans un café<br />

avec Eric Moréna, œil espiègle, éternel bouc<br />

et ruban rouge en guise de légion d’honneur.<br />

Remaides : Pourquoi avez-vous eu envie de<br />

publier cette histoire très intime ?<br />

Eric Moréna : Je tenais un journal, souvent<br />

interrompu, puis remanié et encore abandonné,<br />

jusqu’au jour où un ami m’a dit :<br />

“Pourquoi ne le partagerais-tu pas avec les<br />

gens ?” L’idée a fait son chemin : témoigner<br />

de la souffrance des autres. Et puis, je voulais<br />

rendre hommage à mon ami, Antoine,<br />

mort dans d’horribles souffrances le 22 septembre<br />

1992. Le sida m’a pris l’homme de<br />

ma vie… Il faut parler de tous ceux qui sont<br />

morts d’amour.<br />

Cela a été difficile de gérer votre célébrité face<br />

à une maladie qui souvent exclut ?<br />

Cela a surtout été très dur pour moi au<br />

moment où la maladie s’est déclarée. Je faisais<br />

des allers et retours entre les “paillettes”<br />

et l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, les rumeurs<br />

Un fond de tristesse<br />

d’Eric Moréna, (éditions Société des Ecrivains,<br />

15 euros), sortie prévue en février 2005 dans<br />

toutes les librairies. Une partie des droits du<br />

CD 2 titres Antonio mio, bientôt dans les bacs,<br />

sera reversée à AIDES.<br />

allaient bon train, des amis ne me parlaient<br />

plus. Je m’évadais dans la peau de Moréna en<br />

faisant des galas ou la folle à la télé, grâce à<br />

mon méga tube Oh, mon bateau ! J’ai mesuré<br />

que, qui que l’on soit, le sida est une<br />

maladie de pestiférés pour les personnes<br />

atteintes et les proches. Mais ceux qui jugent,<br />

souffrent, eux, d’un rétrécissement du cœur.<br />

Comment avez-vous vécu la maladie d’Antoine ?<br />

Je n’avais pas peur du VIH et à une époque,<br />

je voulais moi aussi l’avoir pour épouser ses<br />

souffrances. Je me suis senti désarmé. Lorsqu’il<br />

commença à trop souffrir, j’ai décidé de<br />

l’hospitaliser à domicile, je ne pouvais lui<br />

apporter que ma présence. Il mesurait 1,80 m<br />

et pesait 50 kg, je le portais à la baignoire<br />

comme une plume. Dans ma tête, je me sentais<br />

malade. Et puis après sa mort, j’ai<br />

ressenti la terrible injustice qu’il n’ait pas pu<br />

bénéficier des nouveaux traitements arrivés<br />

par la suite.<br />

Quels sont vos projets aujourd’hui ?<br />

J’attends que mon livre sorte, de l’avoir entre<br />

les mains pour tourner la page. Après,<br />

j’écrirai la suite, tout ce qui s’est passé depuis<br />

sa disparition, la dépression et les espoirs…<br />

Je ne me suis jamais remis de la mort<br />

d’Antoine. C’est un de mes anges aujourd’hui.<br />

Je sors aussi mon quatrième album début<br />

2005 où une chanson s’appelle Antonio mio<br />

qui dit : “Dans le vertige de mes vertiges, la<br />

solitude de mon cœur, tu es parti dans un<br />

pays où l’amour ne fait plus souffrir…” Quand<br />

j’aurai plus de temps, j’aimerais bien aussi<br />

m’engager dans la lutte contre le sida.<br />

Entretien : Dominique Thiéry


Résultats de l’enquête<br />

AIDES, PORTE-PAROLE DES PERSONNES SÉROPOSITIVES<br />

Plus de 2 000 personnes ont répondu à l'enquête AIDES et<br />

toi, un questionnaire qui a pour objectif de mieux<br />

comprendre leurs besoins et leurs espoirs. Le résultat de<br />

cette consultation permet aujourd'hui de dessiner une<br />

image concrète des personnes qui sollicitent l'association<br />

ou qui participent à ses actions. Zoom.<br />

Qui êtes-vous ?<br />

Des femmes<br />

De plus en plus, les femmes viennent à AIDES. Elles représentent<br />

aujourd’hui un tiers des personnes qui poussent la porte de<br />

l'association. Les femmes originaires d'Afrique subsaharienne<br />

viennent en nombre et sont dans une grande précarité.<br />

Des personnes de plus en plus jeunes<br />

Après l’augmentation continue de l’âge des personnes venant<br />

à AIDES constaté lors des précédentes enquêtes, on observe<br />

désormais une légère diminution de l'âge moyen qui est<br />

aujourd’hui de 38 ans.<br />

Des personnes seules et isolées<br />

La maladie, la précarité et les effets indésirables des traitements<br />

contribuent à une grande solitude des personnes. Paradoxalement,<br />

si quatre personnes sur dix disent avoir des enfants,<br />

seulement la moitié d'entre elles vivent avec eux. Et moins d'un<br />

tiers des personnes ayant répondu vivent en couple.<br />

Des personnes de plus en plus touchées par les hépatites<br />

La moitié des répondants sont séropositifs au VIH et un quart<br />

sont concernés par les hépatites (B ou C). Près d'un cinquième<br />

des répondants sont séropositifs au VIH et à une ou plusieurs<br />

hépatites.<br />

Les personnes interrogées ont placé en tête des revendications<br />

la volonté de voir AIDES porter la parole des<br />

personnes séropositives auprès des pouvoirs publics.<br />

Ce désir légitime s'inscrit dans un contexte d'isolement,<br />

de précarité, voire d'inégalité dans l'accès aux<br />

traitements.<br />

Fort impact du VIH<br />

dans la vie quotidienne<br />

Les personnes touchées ont un suivi médical régulier<br />

(96 %) et huit personnes sur dix bénéficient d'un traitement.<br />

Pour les personnes actuellement sans<br />

traitement anti-VIH, un quart d'entre elles sont en<br />

arrêt.<br />

Les résultats de cette enquête rappellent que la maladie<br />

et les traitements ont un impact très fort sur la<br />

vie quotidienne des personnes touchées par le VIH.<br />

Elles sont encore plus seules que l'ensemble des répondants<br />

à l'enquête (75 %) et moins d'un quart (23 %)<br />

disent avoir une activité professionnelle régulière (30 %<br />

pour l'ensemble des répondants). Il est à noter que le<br />

taux de personnes séropositives au VIH en activité dans<br />

cette enquête est très inférieur à celui d'autres<br />

questionnaires. Dans l'enquête VESPA qui vient d'être<br />

publiée et qui concerne des personnes interrogées à<br />

l'hôpital, ce taux s’élève à 57 %. D’autre part, six<br />

personnes sur dix déclarent avoir une vie de couple, soit<br />

plus du double que l'enquête AIDES et toi (25 %). On<br />

comprend pourquoi les actions de AIDES les plus<br />

plébiscitées par les personnes touchées sont les espaces<br />

de convivialité et les accueils qui représentent pour<br />

beaucoup le seul espace de sociabilité.<br />

L'emploi reste au cœur des préoccupations des<br />

personnes séropositives et la grande majorité d'entre<br />

elles souhaitent aujourd'hui retrouver un travail.<br />

9<br />

AGIR ! illustrations : Stéphane Blot - remaides 54 - décembre 2004


10<br />

AGIR !<br />

remaides 54 - décembre 2004 - Photo : Nicolas Charpentier<br />

<strong>Enquête</strong> AIDES & toi<br />

Pour cela, elles demandent un soutien à<br />

AIDES pour mettre leur niveau de vie en<br />

adéquation avec l'évolution de leur état de<br />

santé, et ne plus être contraintes de vivre avec<br />

les minima sociaux liés au handicap (AAH,<br />

Allocation à l’adulte handicapé, etc.).<br />

Concernant l’efficacité des traitements, si<br />

8 % des personnes sont en échec thérapeutique<br />

sévère et 20 % en difficulté au regard<br />

de leurs résultats biologiques, une majorité<br />

(83 %) perçoit ses traitements comme assez,<br />

voire très efficaces. Les effets indésirables<br />

sont gênants pour près de la moitié des<br />

personnes dont beaucoup évoquent ces problèmes<br />

avec leur médecin (Un tiers regrette<br />

l'incapacité de ce dernier à intervenir sur ces<br />

effets). Cela a pour conséquence une demande<br />

importante d'aide à domicile pour<br />

effectuer les tâches de la vie quotidienne,<br />

mais seulement la moitié des demandeurs<br />

bénéficient de ce soutien.<br />

Précarité indigne pour les personnes<br />

infectées par l’hépatite C<br />

Les chiffres parlent d'eux-mêmes :<br />

• 44 % n'ont pas de logement stable,<br />

• 86 % n'ont pas d'activité professionnelle<br />

régulière,<br />

• 64 % bénéficient de la CMU (Couverture<br />

médicale universelle).<br />

Une très grande majorité de personnes vit<br />

sans revenus ou avec un accès très réduit<br />

à l’AAH, l’invalidité, etc. L’accès à ces<br />

allocations pour les personnes en traitement<br />

anti-VHC (hépatite C) semble être<br />

une des priorités de AIDES pour l’avenir.<br />

Beaucoup des personnes interrogées ont<br />

un lien passé ou actuel avec la toxicomanie<br />

et se retrouvent exclues d'une<br />

reconnaissance sociale, accentué par un<br />

accès plus difficile aux traitements ou à<br />

un suivi médical.<br />

AIDES, association communautaire<br />

Les femmes<br />

Elles sont plus nombreuses, plus précaires et de plus en plus souvent<br />

issues d'Afrique subsaharienne (une femme sur cinq). Elles représentent<br />

34 % des personnes interrogées de l'enquête. (En 1999, les femmes ne<br />

constituaient que 25 % des répondants).<br />

Les personnes migrantes ou étrangères<br />

Elles sont plus jeunes, sont majoritairement des femmes, plus touchées par le VIH, et<br />

travaillent rarement. Elles demandent notamment à AIDES de pouvoir bénéficier de formations<br />

sur le VIH et les traitements. Elles représentent 24 % des répondants à l'enquête, 56 % d’entre elles ont<br />

des enfants et seulement 24 % vivent avec eux. Enfin, une personne sur dix ne bénéficie d'aucune<br />

couverture maladie.<br />

Les consommateurs de produits<br />

(personnes consommant des drogues hors alcool et hors cannabis)<br />

Ils sont en situation de grande précarité. Ils représentent 22 % des répondants à l'enquête, 62 % ont<br />

un traitement de substitution, principalement le Subutex, avec une forte proportion de personnes<br />

s'injectant le produit (La moitié des consommateurs de produits sont des injecteurs).<br />

Les hommes homosexuels ou bisexuels<br />

(personnes déclarant avoir des relations sexuelles avec un homme actuellement)<br />

La lutte contre l'homophobie et l'égalité homo/hétéro apparaît pour eux comme une priorité.<br />

Ils représentent 32 % des répondants à l'enquête, 77 % vivent seuls et la moitié d’entre eux ont un<br />

emploi stable.<br />

Ressenti des personnes<br />

infectées par l’hépatite C<br />

11% des répondants sont sous traitement<br />

anti-VHC. Plus d'un tiers des personnes<br />

estiment que leur hépatite C est stable, 12 %<br />

qu'elle s'aggrave et 12 % qu'elle est guérie.<br />

61 % se sont vu proposer une biopsie<br />

(prélèvement sous anesthésie de quelques<br />

cellules du foie pour évaluer la gravité de la<br />

maladie) par leur médecin et 66 % d'entre<br />

elles l'ont réalisée. Seulement 20 % des<br />

médecins ont évoqué l'existence du Fibrotest<br />

(examen sanguin permettant dans certains<br />

cas de remplacer la biopsie, voir Remaides<br />

n°52, p 8).<br />

Pour plus d’infos<br />

Alain Legrand<br />

Une plaquette présentant les principaux<br />

résultats sera disponible auprès de votre<br />

délégation AIDES à partir du 15 janvier 2005.<br />

Pour la connaître : T. : 0 820 160 120 (0,12<br />

euro/min). Plusieurs délégations proposeront<br />

une présentation des résultats à laquelle vous<br />

serez invité.


Stéphanie de Monaco<br />

UN OURAGAN MILITANT<br />

A 39 ans, la Princesse Stéphanie est toujours en ébullition.<br />

Présidente d’une association de lutte contre le sida (Fight Aids<br />

Monaco), elle est partie en croisade pour dénoncer les<br />

discriminations dont sont souvent sujettes les personnes<br />

séropositives. Ainsi, la Princesse contribue à faire de la lutte contre<br />

le VIH une cause “noble”…<br />

Décidément, les princesses n’ont plus peur de<br />

l’étiquette ! Après Diana, une des premières<br />

personnalités à avoir tendu la main à un<br />

malade du sida dans les années 80, voilà qu’à<br />

son tour, Stéphanie de Monaco troque les<br />

tapis rouges pour porter le ruban et présider<br />

l’association monégasque Fight Aids Monaco.<br />

“Sans doute, cette cause que je défends estelle<br />

inhabituelle pour une princesse, mais<br />

j’assume parfaitement. Je me bats pour<br />

l’avenir de mes trois enfants” explique-t-elle.<br />

En 2003, avec son frère le Prince Albert,<br />

Stéphanie crée Femmes face au sida, une<br />

association qui fusionnera avec Monaco Sida<br />

pour devenir Fight Aids Monaco en juillet.<br />

La structure propose des aides (parfois financières)<br />

aux personnes touchées, informe et<br />

incite au dépistage VIH/sida, récolte des<br />

fonds via une grande vente aux enchères.<br />

“Nous nous battons chaque jour pour soutenir<br />

ceux qui souffrent, pour qu’ils aient la<br />

volonté de repartir”. Et lorsqu’on évoque le<br />

mot “protocole”, la Princesse ne pense plus<br />

systématiquement à ce qui incombe à son<br />

rang, elle songe aussi à toutes les personnes<br />

touchées en attente d’un nouveau traitement.<br />

Son déclic à elle ? Marie, une amie proche,<br />

qui est séropositive.<br />

Solide comme un rocher<br />

La petite fille qui gambadait dans le parc du<br />

château de Marchais (Aisne), résidence des<br />

Grimaldi, puis la jeune femme qui, du haut<br />

du Rocher, s’envolait dans le Top 50 avec son<br />

tube Comme un ouragan en 1986, est devenue,<br />

avec la maturité, une femme engagée, se<br />

rendant à l’hôpital, juste pour dire : “Je suis<br />

là”. Et si les vents parfois violents de la presse<br />

à scandales l’ont rendu plus méfiante,<br />

Stéphanie de Monaco n’hésite pas à s’exposer<br />

et faire récemment la une de Point de Vue,<br />

la lutte contre le sida comme étendard. C’est<br />

dans le même esprit qu’elle a bien voulu poser<br />

pour Pierre Maraval dans AIDES X 1000 (voir<br />

1 000 portraits pour les 20 ans de AIDES !<br />

Dix ans après son livre Ideas, déjà consacré à 1 000<br />

acteurs de la lutte contre le sida, Pierre Maraval refait le<br />

portrait de 1 000 personnes, anonymes ou célèbres, toutes<br />

engagées dans la même voie : visibilité d’un combat,<br />

soutien aux personnes touchées et hommage à AIDES.<br />

De Nolwenn à Nicoletta, de Dechavanne à Fogiel, de<br />

Delanoë à Simone Veil, sans parler des volontaires et des<br />

permanents, AIDES X 1000 est “comme une dette de<br />

mémoire, comme une colère d’avenir” revendique le<br />

livre dans lequel résonne un mot sous chaque portrait :<br />

La Princesse Stéphanie, un des 1 000<br />

portraits du livre-hommage à AIDES.<br />

encadré) inscrivant sous son portrait son<br />

leitmotiv : “Ne pas juger”. Une volonté<br />

d’aider les exclus qui lui vient peut-être de sa<br />

grand-mère, la Princesse Charlotte, qui jadis,<br />

rendait visite à des détenus. “Arrêter le fléau,<br />

je n’en suis pas plus capable que les médecins.<br />

Mais aider les gens, les soutenir, je peux<br />

le faire”. Une Princesse qui n’usurpe pas son<br />

titre !<br />

Dominique Thiéry<br />

Pour plus d’infos<br />

Fight Aids Monaco, 72 bd d’Italie, MC,<br />

98 000 Monaco, Tél. : 00 377 977 0 67 97<br />

ou www.fightaidsmonaco.com<br />

“révolté”, “humilitant”, “délivrance”, “amoureuse”... Un<br />

florilège de personnalités hautes en couleurs (ça ressemble<br />

un peu à du Warhol !) dont la diversité rappelle<br />

que le sida est l’affaire de tous. AIDES X 1000, 1000<br />

regards contre le sida (Editions Le Cherche Midi) de P.<br />

Maraval, 29 euros (dont une partie sera reversée à AIDES)<br />

dans toutes les librairies ou en tapant www.aides.org et<br />

www.cherche-midi.com. Une grande exposition gratuite<br />

des 1 000 portraits se tient actuellement à Paris, sur le<br />

pont des Arts, jusqu’au 3 janvier 2005.<br />

11<br />

TRAIT’PORTRAIT Photo : Pierre Maraval - remaides 54 - décembre 2004


12<br />

TÉMOIGNER<br />

remaides 54 - décembre 2004 - Illustration : Gersende*<br />

Un passionné d’astronomie nous raconte sa rencontre avec “l’extra-terrestre”, Fuzéon.<br />

DÉCOLLAGE AVEC FUZÉON<br />

vers 7 milliards d’étoiles…<br />

Je décroche de mon passe-temps favori, l’astronomie et je<br />

décide d’inviter autour d’un repas quelques copains afin<br />

de me fondre en eux et de ne pas oublier que je suis aussi un<br />

terrien. Les couverts sont en ordre et les apéritifs se servent.<br />

Du fond des gosiers, les conneries commencent à fuser. Le<br />

temps n’a plus sa place parmi nous et part dans les ruelles de<br />

la basse ville, à la recherche d’âmes stressées. Les cultivés cultivent,<br />

les drôles me font rire jusqu’au moment où mon portable<br />

se met à sonner. “Il est l’heure !” me dit-il. “Il faut mettre ton<br />

patch anti-douleur, et dans une demi-heure, je sonnerai à nouveau<br />

pour que tu pense à sortir la fiole du frigo !”.<br />

Discrètement, je m’éclipse.<br />

Racontez-nous<br />

vos vies !<br />

Écrivez à la rédaction (voir p.2).<br />

Où vais-je me piquer car il n’y a quasiment plus de place ? Bref,<br />

il faut faire vite, les invités attendent. Je reviens vers eux et je<br />

sais mon visage vieilli par ces automatismes et la volonté de<br />

mon être, rongée. Mais il faut se battre et donner aussi cette<br />

illusion qu’ils ont tous en commun : l’insouciance de la vie.<br />

Dans la foulée, je reprends mon verre de limonade et indépendamment<br />

ma présence s’efface. Lentement mon regard se<br />

détourne par delà ma porte-fenêtre et plonge dans l’obscurité<br />

de notre étoile.<br />

Laissant les paroles se mélanger, je sors sur ma terrasse et me<br />

perds dans le plus vaste des infinis. J’aperçois une autre étoile,<br />

un autre lieu, un scintillement, une flamme lutte pour vivre,<br />

lutte pour que je la regarde ne serait-ce qu’une seule fois.<br />

Mon âme se fond et j’ai comme l’impression de communiquer<br />

avec elle. Je lui tends ma main et un être de lumière vient s’y<br />

poser, je le contemple et l’admire et découvre l’infime petit.<br />

L’infime particule qu’est cette luciole n’est pas plus grande que<br />

mon étoile et de mon souffle, cet insecte repart sur d’autres<br />

terrasses, vers d’autres yeux.<br />

Cronos est de retour, la sonnerie se fait entendre et il est<br />

l’heure de sortir Fuzéon du réfrigérateur. Comme un fantôme,<br />

je m’éclipse dans la cuisine. Le temps est devenu mon ami<br />

car il me donne chaque jour un peu plus d’espace pour lutter<br />

contre lui. Mais il m’aura fallu du temps pour m’adapter à ses<br />

fuseaux horaires et à ses contraintes, et du temps aussi pour<br />

commencer à comprendre qu’avec même une trentaine de T4,<br />

rien ne m’empêche de voir la vie sous un autre angle et d’en<br />

savourer chaque découverte. Mes amis et leurs mines réjouies<br />

sont partis et je me retrouve seul en compagnie de mes deux<br />

hippocampes, l’un se nomme Podargyre, l’autre, Xanthos.<br />

De l’autre côté de l’aquarium, peut-être me voient-ils comme<br />

une petite particule de l’infiniment grand ? Mais peu m’importe<br />

car il est l’heure de m’injecter cette seringue infime contenant<br />

ce produit infiniment grand afin de rester l’infini moi.<br />

Anonyme


Résultats d’études sur les<br />

risques de contamination par fellation<br />

En 1998, une étude américaine révélait que 8 a 10 % des homosexuels séropositifs disaient<br />

avoir été contaminés par fellation. Une étude anglaise similaire publiée en 2001 donne,<br />

quant à elle, le chiffre de 6 %. L’Health protection agency, au vue de l’ensemble des données<br />

connues à ce jour, estime que 3 % des gays séropositifs ont été contaminés par fellation.<br />

Les études précitées sont toutes critiquables sur le plan de la méthodologie (cas déclarés par<br />

les personnes elles-mêmes, sans, bien sûr, qu’on ait la possibilité de s’assurer des pratiques<br />

réelles !), mais elles ont le mérite de nous rappeler que le risque n’est pas théorique. Malgré un<br />

risque faible, la fellation est un mode de transmission du VIH (qui augmente avec le nombre de<br />

fellation pratiquées).<br />

Y a-t-il un risque de transmission du VIH lors d’une fellation ?<br />

Nom d’une pipe !<br />

Même si le risque est faible, il<br />

n’est pas nul, ni celui de<br />

contracter une IST (Infection<br />

sexuellement transmissible),<br />

comme la syphilis (voir dossier<br />

central). Remaides fait le point sur<br />

un sujet certes glissant, mais qui<br />

souffre surtout d’idées fausses.<br />

Exemples de situations…<br />

Pour la personne qui suce<br />

Le risque est, sans aucun doute,<br />

nettement plus faible que pour une pénétration<br />

vaginale ou anale, mais il existe.<br />

Pourquoi est-ce possible ?<br />

La bouche est une muqueuse, tout comme le<br />

vagin ou l’anus, à travers laquelle le virus peut<br />

passer. Certes, cette muqueuse est moins<br />

fragile (que la muqueuse anale notamment),<br />

mais elle peut néanmoins constituer une<br />

porte d’entrée pour le virus. Cela est particulièrement<br />

vrai en cas de petites blessures,<br />

d’irritations dans la bouche, par exemple des<br />

aphtes, des brûlures, des maux de gorge, des<br />

gencives fragilisées après le brossage des<br />

dents, etc. (voir encadré p. 14).<br />

En cas de fellation d’une personne séropositive,<br />

le virus contenu dans son sperme peut<br />

alors passer à travers la bouche de la personne<br />

qui la suce. L’éjaculation dans la bouche<br />

est donc fortement déconseillée… Même<br />

sans éjaculation, ce risque ne peut être exclu.<br />

Certains hommes sécrètent un liquide<br />

transparent lié à l’excitation (liquide<br />

pré-séminal). Ce liquide n’est pas du sperme,<br />

mais il peut, lui aussi, contenir du virus,<br />

même si la personne a une charge virale<br />

indétectable.<br />

13<br />

PRÉVENTION ET SEXUALITE Photo : Laurent Vincent-Bardin - remaides 54 - décembre 2004


14<br />

PRÉVENTION ET SEXUALITÉ<br />

remaides 54 - décembre 2004 - Photo : Pierre et Gilles - Carte : Le Crips<br />

Fellation<br />

Pour la personne sucée<br />

Le risque devrait être encore plus faible puisque<br />

la salive n’est pas contaminante. Pour qu’il y ait<br />

un risque de contamination, il faudrait que la<br />

personne qui suce ait du sang dans la bouche<br />

ou bien, lors de rapports à plusieurs, qu’elle ait<br />

encore en bouche le sperme d’un partenaire<br />

(séropositif) précédent. Tout est possible…<br />

Alors que faire ?<br />

De façon générale, le risque de contamination par<br />

fellation sans éjaculation est très faible, mais il<br />

n’est pas nul : il a été décrit dans plusieurs<br />

études ces dernières années et certains<br />

pensent qu’il a peut-être été sous-estimé<br />

depuis le début de l’épidémie. De récentes<br />

études font état d’un nombre non<br />

négligeable de personnes se disant contaminées<br />

de façon certaine par fellation (voir<br />

encadré p. 13). Certes, les cas sont bien<br />

moindres que lors d’une pénétration anale<br />

ou vaginale, mais il ne s’agit pas d’un simple<br />

“risque théorique”.<br />

Faut-il se protéger lors des fellations ?<br />

Des risques, nous en prenons tous les<br />

jours dans notre vie. L’exemple trivial de la<br />

voiture est assez parlant : lorsque l’on<br />

prend sa voiture, on prend un risque. Ce<br />

n’est pas un “risque théorique” : tous les<br />

jours, des personnes décèdent sur la<br />

route. Pour la fellation, le risque encouru<br />

est moindre et des informations précises<br />

permettent d’écarter toute ignorance ou<br />

toute phobie. Chacun peut alors prendre<br />

sa décision en connaissance de cause…<br />

Comment réduire les risques au maximum ?<br />

“Au maximum”, c’est le préservatif !<br />

(rappelons qu’il en existe de toutes sortes, parfumés, féminins ou masculins).<br />

A défaut :<br />

• Évitez de sucer un partenaire si vous avez des aphtes, des blessures, des<br />

brûlures dans la bouche ou bien si vous avez mal à la gorge (ou alors<br />

sucez avec préservatif).<br />

• Évitez aussi de vous brosser les dents juste avant de faire une fellation<br />

(préférez un bon chewing gum à la menthe ou à la chlorophylle pour<br />

avoir l’haleine fraîche ou alors massez avec vos gencives avec du<br />

dentifrice !)<br />

• Évitez de vous rincer la bouche avec une solution buccale alcoolisée,<br />

après une fellation. Si vous voulez vous rincer la bouche, préférez l’eau,<br />

y compris s’il y a eu éjaculation dans la bouche (fortement déconseillée).<br />

• Évitez enfin d’éjaculer près des yeux qui sont une muqueuse, donc<br />

éventuellement une porte d’entrée pour le VIH (très rare).<br />

Mister condom<br />

Fabien Sordet<br />

A vous la parole !<br />

La fellation est un sujet qui fait souvent<br />

augmenter le thermomètre dans les<br />

d(ébats) !<br />

En effet, si beaucoup s’accordent à dire<br />

qu’il y a risque de contamination mais qu’il<br />

est faible, chacun a sa perception et sa<br />

pratique.<br />

Remaides vous donne la parole !<br />

Connaissez-vous quelqu’un, ou pensezvous<br />

avoir été vous-même contaminé par<br />

fellation ? Pratiquez-vous la fellation<br />

avec, ou sans capote ? Quels messages<br />

aimeriez-vous faire passer au sujet du<br />

risque lié à la fellation ?<br />

Remaides attend vos témoignages qui<br />

seront publiés dans un prochain numéro.<br />

Écrivez à AIDES, Remaides, tour Essor, 14<br />

rue Scandicci, 93508 Pantin Cedex ou via<br />

l’adresse courriel : cleblon@aides.org


Infections<br />

Sexuellement<br />

Transmissibles :<br />

les connaître pour les combattre !<br />

Les condylomes<br />

IST très répandue, les condylomes peuvent “dormir”<br />

longtemps avant de se réveiller entraînant parfois des<br />

troubles graves.<br />

Localisation : ça papillonne !<br />

Dus à des virus de la famille des papillomavirus, les condylomes<br />

s’attrapent sexuellement, mais aussi (rarement) via les<br />

mains (caresses, attouchements, etc.). Le virus reste invisible<br />

jusqu’au jour où (de trois semaines à plusieurs années),<br />

il apparaît sous forme de verrues génitales (crêtes de coq)<br />

localisées sur les zones génitales externes (pénis, testicules,<br />

plis de l’aine, anus, vagin, vulve) ou internes (col de l’utérus,<br />

anus). La bouche est rarement touchée. Si les condylomes<br />

sont indolores, en revanche, ils peuvent entraîner de sérieuses<br />

complications : certains types de papillomavirus peuvent<br />

entraîner des lésions évoluant parfois en cancers (col de<br />

l’utérus, anus ou organes génitaux externes).<br />

Traitements ?<br />

Si la guérison spontanée est possible, la personne reste porteuse<br />

du virus. Pour détruire les condylomes, le médecin peut<br />

les brûler (azote ou laser), les enlever chirurgicalement, ou<br />

appliquer des crèmes spéciales (Condyline, Aldara). Il est<br />

donc important, pour prévenir toute complication, que la<br />

En France, les Infections<br />

sexuellement transmissibles<br />

(IST) sont en recrudescence<br />

depuis 2000. Leur vrai danger<br />

est sournois : souvent<br />

on ne sent rien, donc on<br />

ne traite pas... Pourtant,<br />

elles peuvent compliquer<br />

gravement la<br />

santé des personnes<br />

séropositives.<br />

femme fasse régulièrement<br />

des frottis vaginaux et du col de<br />

l’utérus, que l’homme soit examiné<br />

régulièrement par son médecin pour<br />

éviter les récidives. Il est également conseillé<br />

aux hommes ayant eu des pénétrations anales non<br />

protégées (même longtemps auparavant) de consulter un<br />

spécialiste (gastro-entérologue, proctologue) deux fois par an.<br />

Chaud devant, chaudes-pisses !<br />

Les “chaudes-pisses” se transmettent uniquement par voie<br />

sexuelle. Deux microbes peuvent en être responsables : les<br />

gonoccocies et les Chlamydiae. Bien dépistées, on peut les<br />

supprimer en une fois, une bonne nouvelle car c’est très contagieux<br />

! Ces maladies d’autrefois sont réapparues depuis 1998,<br />

notamment chez les homosexuels.<br />

Gare à la blenno !<br />

Causées par une bactérie, le gonocoque, les gonoccocies (ou<br />

blennorragie) entraînent chez l’homme, trois à dix jours après<br />

un rapport sexuel, un écoulement important de pus jauneblanc<br />

de son méat (orifice du gland) : douleurs (pisser des<br />

“lames de rasoirs”). Les complications à long terme sont rares,<br />

mais graves : rétrécissement de l’urètre (canal à l’intérieur du<br />

pénis), problèmes de prostate (glande située autour de la base<br />

de l’urètre et en dessous de la vessie), de stérilité ou infection<br />

des testicules. Quant à la femme, elle peut avoir des pertes.<br />

Non soignée, la gonoccocie peut conduire à une salpingite<br />

(inflammation de l’une ou des deux trompes de l’utérus). Les<br />

gonoccocies peuvent aussi atteindre la gorge (provoquant une<br />

angine) ou l’anus (entraînant parfois écoulements ou douleurs).<br />

Les Chlamydiae<br />

Causées par la Chlamydia trachomatis, une bactérie, les Chlamydiae,<br />

indolores, provoquent chez l’homme un écoulement<br />

discret au niveau du pénis ou des pertes chez la femme (la<br />

vulvo-vaginite) au niveau du vagin. Elles peuvent rester invisibles<br />

de manière prolongée jusqu’aux complications<br />

analogues aux gonoccocies.<br />

15<br />

POUR Y VOIR PLUS CLAIR Illustration : Eric Dérian, atelier Pop - remaides 54 - décembre 2004


16<br />

POUR Y VOIR PLUS CLAIR<br />

remaides 54 - décembre 2004 - Illustration : Eric Dérian, atelier Pop<br />

Les IST<br />

Traitements-minute<br />

Par prélèvements ou analyses d’urine, on peut facilement<br />

dépister les “chaudes-pisses” et les traiter en une seule prise<br />

d’antibiotique (efficace mais ne protége pas d’une autre<br />

contamination), à condition qu’il soit bien choisi : il ne faut<br />

pas se traiter seul car un traitement inadapté peut masquer<br />

l’évolution de la maladie ou entraîner des risques de résistances<br />

à l’antibiotique de la bactérie responsable.<br />

La maladie de Nicolas-Favre<br />

Appelée aussi lymphogranulomatose vénérienne rectale<br />

(LGV), cette IST, en recrudescence chez les<br />

homosexuels depuis janvier 2004 à Paris et à Bordeaux,<br />

avait quasiment disparu. La moitié des cas concerne des<br />

personnes séropositives. Ce sous-type de Chlamydia se<br />

concentre dans l’anus avec une forte inflammation qui<br />

peut provoquer écoulements et douleurs. Infection<br />

contagieuse, ses premières lésions passent souvent<br />

inaperçues chez la femme comme chez l’homme. Les<br />

ganglions peuvent ensuite gonfler jusqu’au risque de<br />

complications inflammatoires des organes génitaux<br />

externes, si la maladie n’est pas traitée. Pour la<br />

diagnostiquer, un prélèvement de la lésion est effectué<br />

directement ou avec un anuscope, voire par ponction<br />

ganglionnaire. Sa transmission est souvent observée<br />

suite à des pénétrations anales, vaginales ou buccales<br />

non protégées. Le traitement est simple, mais long : 100<br />

mg de Doxycycline deux fois par jour pendant trois à six<br />

semaines. En cas de doute, ou de lésions anales ou<br />

rectales non expliquées, consultez votre médecin ou un<br />

gastro-entérologue.<br />

D’autres infos sur : www.infectiologie.com/public/<br />

actualite-infection/alertes/LGV.htm<br />

L’herpès, ça pousse et repousse !<br />

30 % des herpès sont faciaux (bouton de fièvre), 70 % sont<br />

localisés sur le sexe (bouquet de vésicules sur le gland, chez<br />

l’homme, vulvite chez la femme ou atteinte de l’anus). Seulement<br />

10 % des personnes infectées ont des symptômes (lésions<br />

douloureuses, parfois fièvre). L’infection par le virus herpès peut<br />

durer toute la vie car il s’intègre aux petits filets nerveux de la<br />

peau et de la muqueuse. Cependant, souvent, les poussées<br />

d’herpès restent peu fréquentes.<br />

Quand l’herpès prend-t-il l’air ?<br />

Le virus peut se transmettre par un contact direct de la peau<br />

avec une muqueuse (paroi intérieure, humide : bouche, organes<br />

génitaux, anus, œil, etc.) ou indirectement, par les doigts, s’ils<br />

ont touché une lésion sur laquelle est le virus. La contagion est<br />

maximale lorsque la personne a une poussée d’herpès et possible<br />

jusqu’à 48 heures après une guérison apparente. Les crises<br />

sont favorisées par le soleil, la fatigue, le stress, la dépression,<br />

les cycles hormonaux et tout ce qui fait baisser les défenses<br />

immunitaires.<br />

Comment y remédier ?<br />

• Apprendre à identifier soi-même une poussée d’herpès avant<br />

l’apparition des boutons (lorsque ça commence à chauffer,<br />

démanger…)<br />

• Avoir chez soi le traitement et le commencer tout de suite<br />

• Pour le simple bouton de fièvre, la pommade (aciclovir)<br />

• Pour les herpès plus étendus et pour ceux génitaux et anaux,<br />

des comprimés (Zelitrex ou Zovirax). En cas d’herpès résistant<br />

à l’aciclovir, on augmente les doses (si nécessaire on passe aux<br />

perfusions d’aciclovir). Si cela est insuffisant, le Foscavir (en<br />

perfusion) peut être utilisé.<br />

Après une poussée, l’herpès peut se résorber en 8 à 10 jours. Il<br />

peut aussi être chronique (plus de six fois par an). Pour le diagnostiquer,<br />

le médecin prélève un peu de virus (résultats dans les<br />

2 jours). Le traitement le plus efficace lorsqu’on sent venir la<br />

poussée d’herpès (brûlure annonciatrice), est un traitement<br />

immédiat de 2 comprimés par jour pendant cinq jours de Zovirax.<br />

Pour l’herpès chronique touchant la personne séropositive<br />

qui a moins de 100 T4/mm 3 , un traitement au long cours de Zovirax<br />

ou de Zélitrex doit être envisagé tant que les T4 ne sont pas<br />

revenus durablement au dessus de 300. (Dans les situations plus<br />

sérieuses, des perfusions de Zovirax sont envisageables). Il est<br />

vivement recommandé d’éviter d’avoir tout rapport sexuel pendant<br />

une poussée d’herpès car même avec le préservatif, l’herpès<br />

peut être présent à côté de la zone protégée.<br />

Pour d’autres infos, consultez votre médecin, votre dermatologue<br />

ou votre gynécologue et voir le site Internet :<br />

www.herpes.asso.fr ou Remaides n°47, pp 8 et 9.


Les IST<br />

Epidemie de syphilis en France<br />

la dépister pour se soigner<br />

Alors que la syphilis, la “grande<br />

simulatrice” avait quasiment disparu depuis<br />

1990, elle fait un retour en force depuis<br />

trois ans, dans les grandes agglomérations.<br />

Maladie très contagieuse, mais non<br />

douloureuse, elle menace surtout les<br />

homosexuels et bisexuels (88 % des cas<br />

déclarés, dont la moitié sont séropositifs).<br />

Comment l’éviter, comment se soigner ?<br />

La syphilis, c’est quoi ?<br />

La syphilis (ancienne “petite vérole”) est une infection bactérienne<br />

qui peut commencer par un chancre (ulcère) au niveau<br />

des muqueuses génitales, anales ou buccales. Mais souvent,<br />

il n’est pas visible (gorge ou anus). La syphilis peut se transmettre<br />

par un contact avec le sang ou sexuel (bouche-bouche,<br />

bouche-sexe, sexe-sexe, bouche-anus, sexe-anus) avec une<br />

personne atteinte. Cette IST est très contagieuse : 30 à 40 %<br />

des partenaires risquent de développer la syphilis dans les<br />

trente jours suivant le rapport sexuel.<br />

Trois formes successives de la maladie :<br />

• Forme primaire : possibilité d’apparitions de plaies, d’ulcères<br />

non douloureux qui disparaissent au bout de trois à six<br />

semaines.<br />

• Forme secondaire : dans une durée de six à vingt-quatre<br />

semaines, apparition de boutons sur le torse, les paumes,<br />

les plantes de pied et/ou les muqueuses, troubles auditifs,<br />

etc. (ils peuvent disparaître, mais la maladie reste là).<br />

• Forme tertiaire (quelques mois à quelques années) : complications<br />

sévères neurologiques, oculaires, cardiovasculaires<br />

ou ostéo-articulaires (au niveau des articulations et des os).<br />

Non traitée, la maladie est mortelle.<br />

IST et VIH, couple infernal ?<br />

“Ça n’arrive pas qu’aux autres !”<br />

• Mi-juillet 2003, j'ai une éruption<br />

cutanée sur le torse et l’avant-bras, je<br />

consulte un médecin qui me dit :<br />

"C'est un pityriasis rosé de Gibert.<br />

Pas de fille sale ?" Je ne réponds<br />

même pas. Elle me prescrit une<br />

crème.<br />

• Fin juillet, les boutons gagnent<br />

les jambes et sont plus nombreux<br />

sur le torse et les avant-bras. Je<br />

deviens sourd des deux oreilles et<br />

décide de revoir le médecin. Elle est<br />

en vacances, j'ai donc affaire à son<br />

collègue. Face à ma surdité, il me prescrit<br />

du Fervex et me renvoie dans mes foyers.<br />

• Vers août, je vais voir un dermato. Elle me fait le test de la<br />

syphilis. Mi-août, le résultat est positif, elle me prescrit une<br />

injection d'extencilline. La nuit, j’ai de la fièvre. Je la rappelle,<br />

elle trouve cela anormal et va se renseigner.<br />

• Dernière semaine, je suis complètement sourd, il faut me parler<br />

à 10 cm ! La dermato m’appelle : "Vous partez immédiatement à<br />

l'hôpital. Bilan : syphilis secondaire déclarée ! J'ai subi une<br />

ponction lombaire, une perte auditive de 20 % de l'oreille<br />

gauche. J'ai été hospitalisé onze jours sous perfusion de<br />

pénicilline ! Sorti de l'hosto, j’ai eu encore trois injections<br />

d’extencilline et un suivi durant deux ans.<br />

Voilà, baiser sans capote m'a exposé à des risques bien<br />

dangereux... Conclusion : il faudrait mieux informer les gens et les<br />

médecins sur les IST, notamment sur la syphilis !<br />

Daniel<br />

Les relations entre IST et VIH sont étroites. Les IST peuvent augmenter le risque d’acquisition et de transmission du<br />

VIH à cause des ulcérations et des érosions génitales qu’elles provoquent. Chez les personnes séropositives, les<br />

IST peuvent favoriser la multiplication du virus et des problèmes graves, comme l’herpès génital et les condylomes<br />

(certains types peuvent conduire à un cancer anal). Pour éviter ces “réjouissances”, il faut s’informer, se vacciner<br />

contre l’hépatite B et A, dépister la syphilis et se protéger avec un préservatif. Mais les rapports sexuels même<br />

protégés ne sont pas toujours une barrière suffisante contre les “maladies du baiser” (syphilis, herpès, etc.). Il faut<br />

en accepter le principe, évaluer les risques, cesser de se culpabiliser et en parler à son médecin.<br />

17<br />

POUR Y VOIR PLUS CLAIR<br />

Photos : Daniel - remaides 54 - décembre 2004


18<br />

POUR Y VOIR PLUS CLAIR<br />

remaides 54 - décembre 2004 - Illustration : Eric Dérian, atelier Pop<br />

Les IST<br />

Comment se soigner ?<br />

Les symptômes de la syphilis ne sont pas toujours<br />

apparents. Néanmoins, lorsque le diagnostic est posé, la<br />

maladie est facilement traitable : une à trois injections de<br />

pénicilline (antibiotique) suffit à la faire disparaître. Il est<br />

recommandé de ne pas avoir de relations sexuelles<br />

pendant le traitement (on reste contagieux), d’informer sa<br />

(son, ses) partenaire(s) et de consulter un médecin.<br />

Faites des tests !<br />

A moins d’être abstinent, il est difficile “d’éviter” la<br />

syphilis à moins d’avoir des pratiques sexuelles très soft<br />

(étreintes, caresses, baisers sans salive) et de mettre un<br />

préservatif pour la pénétration et la fellation. La campagne<br />

d’incitation au dépistage “Faites un test facilement, elle<br />

se traite rapidement” est explicite : si vous avez plusieurs<br />

partenaires sexuels au cours d’une année, il est recommandé<br />

de faire un test tous les six mois (une simple prise<br />

de sang). De plus, la syphilis augmente considérablement<br />

le risque de transmission du VIH/sida et de l’hépatite C,<br />

entraînant aussi des problèmes supplémentaires chez les<br />

personnes séropositives au VIH.<br />

Dossier réalisé par Dominique Thiéry<br />

Remerciements à Dominique Blanc (AIDES),<br />

au Dr Jean Derouineau et<br />

au Pr Nicolas Dupin (hôpital Cochin)<br />

Les messages essentiels<br />

• Le préservatif protège du VIH mais ne protège pas de toutes les<br />

IST. En effet, un simple contact (entre la main, la bouche, le<br />

sexe ou l’anus et une zone du corps porteuse de l’infection)<br />

peut parfois suffire à la transmission.<br />

• La plupart des IST se guérissent si elles sont traitées à temps<br />

(seules, les infections virales comme le VIH, l’herpès, le<br />

papillomavirus, les hépatites virales, ne se guérissent pas<br />

actuellement, mais le traitement peut être très utile).<br />

• Les IST non traitées peuvent entraîner des troubles graves,<br />

parfois irréversibles, à moyen et long terme.<br />

• On n’est jamais immunisé contre une IST : après guérison, on<br />

peut être recontaminé.<br />

• Dans de nombreux cas, une IST ne se voit pas (si elle atteint le<br />

vagin, l’anus ou la gorge).<br />

Alors, que faire ?<br />

• Consulter un médecin dès qu’on a une tache, un bouton, une<br />

lésion ou un autre problème sur le sexe ou l’anus, même si ça<br />

ne fait pas mal, et même si ça semble disparaître tout seul. En<br />

revanche, il ne faut pas se traiter seul, en automédication : on<br />

risque de se tromper et d’aggraver la situation.<br />

• Si on a plusieurs partenaires (ou un(e) partenaire qui a plusieurs<br />

partenaires), faire un dépistage des IST deux fois par an.<br />

• Inciter au dépistage et aux traitements son (ses) partenaire(s)<br />

pour stopper la chaîne de contamination.<br />

Pour plus<br />

d’infos<br />

Appelez Sida Info Service au 0 800 840 800<br />

pour connaître une adresse où se faire<br />

dépister, traiter ou parlez-en à votre<br />

médecin.


Grand essai d’un vaccin préventif anti-VIH en France<br />

DES VOLONTAIRES POSITIVENT !<br />

L’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS), mobilisée<br />

sur la recherche d’un vaccin préventif contre le sida, lance un<br />

premier essai de phase II (VAC 18) en France, qui mobilisera 132<br />

volontaires séronégatifs. L’ANRS recherche toujours des<br />

candidats.<br />

“Toutes les six secondes, une personne est<br />

contaminée par le VIH dans le monde. Trouver<br />

un vaccin est une urgence au même titre<br />

que l’accès aux traitements pour les pays du<br />

Sud.” explique Michel Kazatchkine, directeur<br />

de l’ANRS. Depuis douze ans, l’ANRS lance<br />

des essais vaccinaux. Le dernier en date, VAC<br />

18, étudie la réponse immunitaire des cellules<br />

tueuses (qui détruisent les cellules<br />

infectées par le VIH). Trois dosages de préparation<br />

vaccinale seront comparés (les<br />

résultats seront connus fin 2006).<br />

L’ANRS a besoin de volontaires !<br />

Pour faire acte de candidature, outre sa motivation,<br />

le volontaire doit passer un certain<br />

nombre d’examens médicaux et psychologiques<br />

et répondre à des critères spécifiques :<br />

être âgé de 21 à 50 ans, séronégatif (ve) au<br />

VIH, ne pas avoir de graves problèmes de<br />

Annick, 54 ans :<br />

“Je veux valider mon existence”<br />

santé, être à faible risque de contamination<br />

par le VIH (ne pas avoir de rapports sexuels<br />

non protégés avec des partenaires multiples,<br />

par exemple) et, pour les femmes, ne pas<br />

avoir de projet de grossesse dans un avenir<br />

proche.<br />

Trois “non” pour<br />

rassurer le candidat<br />

Non, ce n’est pas douloureux (il y a juste parfois<br />

une petite douleur au point d’injection).<br />

Non, il n’y a aucun risque de contamination par<br />

le vaccin (on n’introduit pas le VIH dans<br />

l’organisme).<br />

Non, ce n’est pas contraignant (cela dure<br />

quelques mois à raison d’une à deux visites<br />

par mois à l’hôpital d’une heure à une demijournée<br />

environ).<br />

Le volontaire s’engage dans une aventure<br />

humaine unique avec<br />

Annick est en retraite, vit en région parisienne. Elle est mère d’une fille de 22 ans.<br />

“Beaucoup de mes collègues sont morts du sida. J’avais envie de donner mon<br />

corps de mon vivant, valider mon existence<br />

pour avoir, un jour, le bonheur de voir naître un<br />

vaccin. Je pense aussi beaucoup à l’Afrique,<br />

un continent qui pourrait disparaître ! Je n’ai eu<br />

aucune peur de faire cet essai (VAC 14) car je<br />

ne pouvais pas imaginer qu’une équipe<br />

médicale de renom puisse me mettre en<br />

danger. En une année, à raison d’une visite à<br />

l’hôpital par mois, j’ai eu des injections, tout<br />

s’est très bien passé, je n’ai eu aucun effet<br />

secondaire.”<br />

l’espoir de contribuer à la mise en place d’un<br />

vaccin dit de première génération qui pourrait<br />

peut-être arriver sur le marché entre 2010 et<br />

2013. Le premier vaccin ne protégerait pas<br />

encore de la contamination par le VIH. Il limiterait<br />

très fortement l’évolution de la maladie<br />

chez les personnes vaccinés qui se contamineraient.<br />

Dominique Thiéry<br />

Remerciements à Marie-Christine Simon<br />

(ANRS)<br />

Pour obtenir de la documentation ou vous<br />

inscrire, écrivez à : Réseau Volontaires pour<br />

un vaccin 101, rue de Tolbiac 75013 Paris<br />

ou sur le courriel : vaccin@anrs.fr<br />

Philippe, 42 ans :<br />

“Il faut gagner cette étape !”<br />

Philippe travaille dans le bâtiment. Marié, un enfant, il vit en<br />

région parisienne. “J’ai un ami qui est mort du sida en 1996, je<br />

voulais faire quelque chose. Je me suis engagé à Sol En Si. Puis,<br />

j’ai entendu un appel de l’ANRS et j’ai eu envie d’aller plus loin. J’ai<br />

eu la chance de faire partie des 40<br />

personnes retenues sur les 4 000<br />

candidatures (VAC 10 et 17). Après<br />

les injections, lorsque mon organisme<br />

a commencé à avoir des réponses<br />

immunitaires, j’étais fier, j’avais donné<br />

satisfaction aux chercheurs. J’ai eu<br />

quatre injections, allongé sur un lit,<br />

pendant une demi-heure et puis c’est<br />

tout. Je pouvais bien le faire, j’ai des<br />

amis séropositifs qui, eux, prennent<br />

40 cachets par jour !”<br />

19<br />

PRÉVENTION<br />

Illustration : PIEM - Photo : Dominique Thiéry - remaides 54 - décembre 2004


20<br />

TÉMOIGNER<br />

remaides 54 - décembre 2004 - Illustration : Gersende*<br />

Esteban, installé en France, raconte comment le<br />

VIH a déboulé dans sa vie, en Colombie et<br />

comment, grâce à l’amour, il a relevé le défi face à<br />

la maladie.<br />

L’amour m’a sauvé<br />

Al’automne 1995, j’ignorais tout de mon état de santé.<br />

J’organisais un congrès national en tant que cadre d’une<br />

institution. Je me plaignais de stress et d’un manque de souffle,<br />

même pour monter trois ou quatre marches. Je pensais que<br />

c’était dû à l’organisation du congrès. J’ai pris la décision<br />

d’aller voir le médecin qui n’a pas vu autre chose que la mort<br />

sur mon visage. Elle m’a ordonné un examen vih d’une voix<br />

ferme : “Venez tout de suite avec moi à l’hôpital”<br />

Panique, stupeur. Je lui ai dit que je devais téléphoner.<br />

Elle m’a offert son portable :<br />

“Téléphonez à qui vous voulez,<br />

mais vous viendrez avec<br />

moi à l’hôpital”. J’ai<br />

téléphoné à Miguel,<br />

lui disant qu’il fallait<br />

que je lui parle.<br />

Miguel, je l’ai connu<br />

début 1995. Je suis<br />

tombé amoureux tout de<br />

suite. Nous sortons, nous<br />

nous amusons comme des<br />

fous. Je lui dis que je l’aime, il ne<br />

me répond jamais, mais il me<br />

donne un beau sourire que j’interprète<br />

comme une évasive courtoisie.<br />

Nous nous voyons tous les jours, sous la<br />

pluie et sous le soleil, nous nous disons à<br />

demain tous les soirs, mais trois minutes<br />

après, nous sommes au téléphone, prétexte<br />

de savoir si nous sommes bien rentrés car<br />

on continue à parler des heures et des heures.<br />

“Tu vas guérir !”<br />

J’ai vu mon ami. Je lui parle de mon état de santé et de mes<br />

craintes. Nous pleurons, nous pleurons. Le lendemain j’ai le<br />

résultat de l’examen vih. Nous pleurons encore. Miguel<br />

m’accompagne à l’hôpital. Je reçois un traitement contre la<br />

pneumocystose (maladie opportuniste). Cette femme médecin<br />

me dit d’une voix décidée : “Tu vas guérir” et le beau sourire<br />

de Miguel, qui prend ma main : “Moi aussi, je t’aime”. Trente<br />

jours d’hôpital. Mes frères, mes sœurs, mes parents viennent<br />

me voir, mais c’est lui qui reste la nuit. Le matin il va à la fac<br />

et s’occupe aussi de cette vie que j’ai laissée dehors (maison,<br />

travail, factures, etc,). Il est toujours présent pour faire le lien<br />

avec l’administration du pavillon des maladies infectieuses. Il<br />

me caresse, me chérit, histoire d’enlever cette peur du vih qui<br />

existait chez le personnel hospitalier. Quelques nuits, quand<br />

l’hôpital dort, il vient sous mes draps, juste pour m’offrir un<br />

peu de chaleur et me dire avec ses caresses que nous sommes<br />

ensemble, au-delà de l’intrus.<br />

Vih, pas VIH !<br />

Nous ne parlons jamais du vih en majuscules,<br />

ce serait donner une force à l’intrus. Il<br />

habite avec nous, mais il sait qu’il<br />

n’est pas le bienvenu. Il se<br />

bat pour nous imposer<br />

sa présence, mais<br />

nous le chassons à<br />

coups de bâtons<br />

pour sentir que nous<br />

sommes plus forts<br />

que lui, qu’il est perdant.<br />

Nous somme soudés<br />

contre lui. Nous ne nous voyons<br />

pas comme un couple sérodifférent.<br />

Aucun de nous deux n’a<br />

renoncé à ses projets. Pour ma<br />

part, je n’ai jamais eu un congé de<br />

maladie de plus d’un mois, si bien<br />

que, parfois, je crois en avoir besoin ! Le<br />

dernier test vih de Miguel date de mai<br />

2004 et il faut que je l’avoue, pendant ces<br />

jours, une incertitude m’envahit. Mon ami<br />

reste confiant. Quand le résultat arrive, je respire<br />

et Miguel me dit : “Tu vois !”. C’est par ces paroles simples,<br />

ces gestes complices, que nous avons construit notre monde,<br />

que nous nous efforçons de vivre tout simplement comme deux<br />

êtres qui s’aiment. Il n’y a pas de mystère.<br />

Esteban


DOIS-JE ÊTRE VISIBLE<br />

avec mon virus invisible ?<br />

“Pour être heureux, vivons caché” dit le dicton. A contrario, peut-on se dire :<br />

pour ne pas être malheureux, vivons libéré ?<br />

Mais comment assumer sa séropositivité ? Rarement un problème de santé aura<br />

été aussi tabou car trop souvent jugé et rejeté. Non seulement le VIH s’immisce<br />

dans l’intimité (son corps, sa sexualité), mais il modifie aussi tous les rapports aux<br />

autres, qu’ils soient des proches (partenaire, conjoint, famille, amis) ou des<br />

interlocuteurs (collègues, médias).<br />

En 2004, peut-on enfin vivre avec le VIH dans toutes les situations ?<br />

Quatre personnes touchées ont accepté de nous faire partager leurs expériences et leurs<br />

choix, toujours très personnels : Carole, Thierry et Jacky parlent à visage découvert,<br />

Sophie préfère l’anonymat. Des témoignages vrais, militants où l’on comprend<br />

l’importance de s’accepter d’abord soi-même pour se faire accepter des autres.<br />

“Je ne veux pas être un imposteur”<br />

Pour la première fois, Thierry, 41 ans,<br />

informaticien à Paris, séropositif depuis dix ans,<br />

accepte de témoigner à visage découvert,<br />

malgré une certaine timidité. Se mettre à nu<br />

est sa manière à lui d’affronter le VIH et de<br />

mieux soutenir le regard de la société.<br />

Remaides : Pourquoi avez-vous accepté aujourd’hui<br />

“d’offrir” votre visage à Remaides ?<br />

Thierry : Pour les autographes ! (rires) D’abord, j’ai envie de<br />

montrer que j’existe, de laisser une trace, comme en jetant une<br />

bouteille à la mer... Le VIH est devenu un compagnon de route<br />

avec lequel je ne pense plus à mourir mais plutôt à vivre.<br />

Et puis AIDES vient de célébrer ses 20 ans d’existence,<br />

j’avais envie de fêter mes dix ans de séropositivité ! Enfin,<br />

à certains moments de ma vie, des témoignages m’ont<br />

aidé car j’ai pu mettre des visages sur des situations.<br />

C’est important le regard, cela donne une force et<br />

une vérité. J’espère que le mien contribuera à<br />

donner une autre image des personnes touchées<br />

par le sida, même si assumer cette<br />

visibilité reste un effort. >>><br />

21<br />

ÉQUILIBRE Photo : Laurent Vincent-Bardin - remaides 54 - décembre 2004


22<br />

ÉQUILIBRE<br />

remaides 54 - décembre 2004 - Photo : Dominique Thiéry<br />

Visibilité<br />

Qu’est-ce que cela vous apporte<br />

de dire que vous êtes séropositif ?<br />

Cela me rassure que des gens le sachent. J’ai<br />

envie de partager un peu plus qu’une apparence.<br />

Et puis si un jour je vais mal, je n’aurais<br />

pas besoin de l’expliquer ou de le cacher.<br />

C’est une sécurité pour moi. C’est dur à dire,<br />

mais le VIH a été un plus dans ma vie. Cela<br />

m’a donné confiance en moi, moi qui suis un<br />

peu sauvage, l’audace d’aborder les autres en<br />

me disant que je n’avais pas grand chose à<br />

perdre. Avoir le VIH, ce n’est pas seulement<br />

être vulnérable. Je me construis une image<br />

plus forte parce que j’assume et je dis.<br />

Avez-vous évoqué votre séropositivité<br />

avec vos proches ?<br />

Mes parents ont reçu un jour, par erreur, les<br />

résultats de ma charge virale dans une lettre à<br />

en-tête de l’hôpital. Naturellement, ils se sont<br />

inquiétés. C’est ma sœur qui m’a demandé si<br />

j’étais malade. Je lui ai tout dit car je ne suis<br />

pas un imposteur ! Si on me demande directement<br />

si je suis séropo, je le dis. En revanche,<br />

je ne l’ai pas annoncé à mes parents, ni à mon<br />

autre sœur, ni à deux de mes nièces car je les<br />

sens plus fragiles. Mon père est mort l’année<br />

dernière, il ne l’a jamais su. Notre relation était<br />

ténue mais non exprimée. J’essaie de protéger<br />

les gens que j’aime. Et puis avec ma famille,<br />

il y a un fossé : la vie à la ferme en Ardèche<br />

et la vie à Paris, ce n’est pas vraiment pareil…<br />

Dites-vous à votre partenaire<br />

votre statut sérologique ?<br />

Je suis célibataire. J’ai vécu six ans avec un<br />

garçon séronégatif à qui je l’ai dit dès le premier<br />

jour. Je préfère le dire vite car si le mec<br />

fuit, je n’aurais pas eu le temps de trop m’y<br />

attacher ! S’il reste, cela lui permet de se positionner.<br />

Je l’ai toujours dit et je n’ai jamais eu<br />

de déconvenue. En revanche, si c’est juste un<br />

partenaire sexuel, ça dépend. Il m’est arrivé<br />

de le dire un peu par provocation pour voir la<br />

tête de l’autre, comme pour dire : “Oui, je suis<br />

séropo et je t’emmerde !” Plus sérieusement,<br />

le dire permet aussi d’établir une réelle<br />

responsabilité partagée en cas de pépin.<br />

Remaides : Pourquoi acceptez-vous de témoigner<br />

à visage découvert ?<br />

Carole : Hier ou aujourd’hui, apprendre sa<br />

séropositivité est un choc, on se sent condamné.<br />

Je veux montrer aux personnes<br />

nouvellement contaminées que je suis vivante,<br />

que je vis avec le VIH depuis quatorze ans,<br />

qu’il faut croire en soi ! Et puis témoigner permet<br />

aussi de revendiquer haut et fort ce qui<br />

ne va pas : je déplore qu’actuellement trop<br />

peu de femmes participent aux protocoles sur<br />

de nouveaux traitements et les laboratoires<br />

n’adaptent pas assez les doses, prévues pour<br />

des hommes de 75 kg !<br />

Et dans votre milieu professionnel,<br />

en parlez-vous ?<br />

Personne ne le sait. Je n’ai pas besoin d’en<br />

parler parce que je vais bien. Si j’étais<br />

malade, ce serait différent… Un jour, j’ai eu<br />

une diarrhée épouvantable au boulot et j’ai<br />

été très mal à l’aise ensuite. Avoir une faiblesse<br />

au travail est mal vu par une entreprise.<br />

On attend de vous que vous colliez à une<br />

image solide par rapport à la fonction que l’on<br />

vous a confiée. Dire qui l’on est au travail est<br />

toujours difficile, on n’a pas vraiment le droit<br />

d’être soi-même.<br />

Depuis l’annonce de votre séropositivité,<br />

votre visibilité avec le virus a-t-elle évolué ?<br />

Ce que je vous confie aujourd’hui, je n’aurais<br />

jamais pu le faire il y a dix ans. Je me sens<br />

aujourd’hui plus courageux, aussi parce que<br />

la société peut davantage entendre les choses.<br />

En témoignant dans Remaides, je pense<br />

participer à ce que la visibilité des personnes<br />

séropositives aille encore plus loin.<br />

“C’est important de dire qu’on est là<br />

aux personnes nouvellement contaminées”<br />

Carole a 38 ans et vit près de Montpellier. Elle est secrétaire comptable à<br />

la recherche d’un emploi. Elle a appris sa séropositivité en 1990, alors<br />

enceinte de sa fille de cinq mois et demi, qui mourra à l’âge de trois ans.<br />

Battante, elle s’expose pour délivrer un message d’espoir.<br />

C’est une démarche difficile de s’afficher publiquement<br />

en tant que personne séropositive ?<br />

Tout dépend du média. Je témoigne plutôt<br />

dans la presse “ciblée” où les personnes sont<br />

concernées ou averties. Pour le grand public,<br />

cela reste difficile… Je vis dans un village où<br />

j’ai toujours l’impression d’être une pestiférée,<br />

la black toxico qui a le sida ! Mais vous savez,<br />

quand vous perdez votre enfant, vous perdez<br />

tout. Le plus important est de rendre la visibilité<br />

aux femmes touchées et de dire, grâce à<br />

Remaides, à toutes les personnes isolées<br />

qu’elles ne sont pas seules. Ce journal est là<br />

pour que l’on puisse échanger entre nous, calmer<br />

nos angoisses et éloigner le rejet. >>>


Lorsque vous travailliez,<br />

vous assumiez votre séropositivité ?<br />

J’avais un emploi précaire, à la Poste, dans<br />

un centre de tri. Je n’ai jamais pu le dire, je<br />

ne voulais pas perdre mon contrat. C’était<br />

assez traumatisant car non seulement je voulais<br />

paraître en bonne santé, mais je devais<br />

aussi me soigner. Toutes les quatre heures, je<br />

prenais ma prise, obligée de m’enfermer dans<br />

les toilettes ! Et puis, partout, j’ai l’impression<br />

qu’on sait que je suis séropositive. J’ai perdu<br />

ma poitrine, je souffrais de neuropathies<br />

(fourmillement dans les extrémités du corps),<br />

l’image de soi est mise à mal. Les gens se<br />

cachent aussi parce qu’ils croient que ça se<br />

voit alors que tout ça, c’est plus dans la tête…<br />

Depuis six mois, je recherche un emploi :<br />

après plusieurs entretiens, j’ai compris qu’il<br />

fallait retirer de mon CV ma “reconnaissance<br />

de travailleuse handicapée”, c’est pas très<br />

vendeur… Il faut toujours faire attention à<br />

tout et assurer une façade alors que parfois<br />

on aimerait partager plus !<br />

Comment se passent vos relations intimes ?<br />

Je vois un homme depuis un an qui ignore<br />

tout de ma séropositivité. Je ne veux pas lui<br />

dire car il va fuir. Je lui ai tendu des perches<br />

en lui disant que j’avais une maladie chronique,<br />

mais cela ne l’intéresse pas.<br />

Sexuellement, j’ai souvent peur que le préservatif<br />

craque alors que lui voudrait l’enlever.<br />

Je lui dis que je fais partie des personnes qui<br />

ne veulent pas connaître leur sérologie et<br />

donc, que je me protége toujours. Je sais que<br />

je ne pourrai pas continuer tout le temps<br />

comme ça, ce n’est pas une vie. Mais je reste<br />

choquée par un ancien petit ami qui, lorsque<br />

je lui ai tout dit, n’arrivait plus à bander. “Je<br />

ne peux pas être en érection quand la viande<br />

est avariée” m’a-t-il déclaré. J’avais la rage.<br />

Après, on se met quelques barrières de pro-<br />

“Arrêtons de vivre caché !”<br />

Jacky a 50 ans et vient de s’installer à Saint-Malo. Divorcé, trois<br />

enfants, il envisage de reprendre une formation professionnelle.<br />

Séropositif depuis 1995, il s’est édifié avec le temps un rempart<br />

contre les remous de la vie mais il se sent prêt, aujourd’hui, à ouvrir<br />

une brèche.<br />

Remaides : Pourquoi pouvez-vous aujourd’hui<br />

parler du VIH plus librement ?<br />

Jacky : Je me sens prêt. Mes enfants sont au<br />

courant, même ma fille de 19 ans, la plus<br />

jeune, à qui je viens de l’annoncer. Cela m’a<br />

libéré. Il faut arrêter de vivre caché car on finit<br />

par s’incarcérer soi-même ! Les séropositifs<br />

sont des citoyens qui doivent être insérés<br />

dans la société. C’est aussi de notre responsabilité<br />

d’aider à changer les mentalités et<br />

plus on sera nombreux à prendre la parole et<br />

à se montrer, mieux ce sera. Si je peux le<br />

faire, tout le monde le peut ! Et puis, j’ai<br />

confiance en Remaides.<br />

Comment s’est passé l’annonce à votre famille ?<br />

Ce n’est pas à ma famille à qui j’en ai parlé,<br />

mais à mes enfants. Ils ont très bien réagi. Un<br />

jour à la fête des pères, mon fils aîné m’a dit :<br />

“J’aimerais qu’on parle”. J’ai compris qu’il fal-<br />

lait que je lui dise. Ensuite, il a fait seul le tour<br />

de l’étang où nous étions et nous n’en avons<br />

plus jamais reparlé. Ma fille, c’était au resto et<br />

cela s’est très bien passé. J’ai aimé qu’ils ne<br />

me posent pas de questions, notamment sur<br />

la façon dont j’avais été contaminé. Pour les<br />

autres membres de ma famille, je ne les estime<br />

pas assez évolués pour comprendre. Quant<br />

à ma mère, elle a 78 ans et j’ai peur de la tuer<br />

en lui disant ! Peut-être que cela se passerait<br />

bien, mais je ne veux prendre aucun risque.<br />

Comment a évolué votre visibilité avec le VIH<br />

depuis dix ans ?<br />

La maladie renforce, mais il faut du temps.<br />

Au début, j’étais silencieux. J’habitais à la<br />

campagne, j’allais souvent chez le kiné du<br />

village, les gens jasaient. J’ai fini par aller<br />

acheter le pain dans le bourg d’à côté. Un<br />

jour, j’ai dit stop, marre du Prozac, j’ai vendu<br />

Visibilité<br />

tection. Le danger est de trop en mettre et de<br />

s’isoler.<br />

Et avec votre famille, quels sont les rapports ?<br />

J’ai une partie de ma famille au Brésil que je<br />

ne connais pas et du côté de maman, c’est<br />

eux qui ne veulent pas me voir à cause de la<br />

couleur de ma peau ! Alors, quand je suis<br />

devenue séropositive, j’ai eu besoin pour avoir<br />

une certaine reconnaissance, de leur dire<br />

voilà, en me rejetant, vous avez participé à ma<br />

destruction. Depuis, j’ai coupé les ponts.<br />

Maman est morte d’un cancer et avec elle, j’ai<br />

pu partager la maladie. Après, on se fait sa<br />

famille avec les amis. Mais il y a peu de place<br />

pour les malades. On ne peut pas vivre, en<br />

France, dans la dignité avec un gros problème<br />

de santé. La pathologie entraîne<br />

l’exclusion morale et sociale. La visibilité des<br />

associations est plus que jamais capitale !<br />

la maison et je ne suis jamais revenu. Puis en<br />

allant à AIDES Rennes et aux Universités des<br />

personnes en traitement (UPT), j’ai eu un<br />

déclic en discutant avec d’autres personnes,<br />

j’ai retrouvé confiance en moi. S’il y avait du<br />

mieux pour elles, pourquoi pas pour moi ? J’ai<br />

aussi pu imposer ma vision du VIH. Mon<br />

médecin me disait : “Essayez de vivre sans”.<br />

Droit dans les yeux, je lui ai répondu : “Apprenez-moi<br />

plutôt à vivre avec !”. >>><br />

23<br />

ÉQUILIBRE<br />

Photo : Laurent Marsault - remaides 54 - décembre 2004


24<br />

ÉQUILIBRE<br />

remaides 54 - décembre 2004<br />

Visibilité<br />

Dans la visibilité, il faut trouver un juste<br />

milieu : ne pas banaliser le sida, ni le ghettoïser,<br />

mais bien choisir à qui le dire et ça fait<br />

du bien ! Mais j’aurais préféré avoir un œil<br />

crevé ou un cancer de la peau, je n’aurais pas<br />

eu besoin de raconter ce qui se voit déjà…<br />

Vos amis sont-ils au courant ?<br />

Je l’ai confié à des amis très proches, à mon<br />

meilleur ami, qui a bien réagi. D’autres l’ont<br />

appris et petit à petit se sont éloignés. Je leur<br />

ai laissé croire ce qu’ils voulaient, d’une certaine<br />

façon, cela m’a permis de faire le<br />

ménage. Concernant ma vie sentimentale, j’ai<br />

Remaides : Pourquoi ne souhaitez-vous pas être<br />

identifiée comme personne séropositive ?<br />

Sophie : Je refuse que le VIH prenne plus de<br />

place qu’il n’en a déjà et je veux rester Sophie<br />

tout court, pas Sophie réduite à un virus. J’ai<br />

parfois l’impression que certaines personnes<br />

touchées se complaisent dans un côté victime.<br />

Moi, je veux montrer que je vais bien, je<br />

ne veux pas qu’on change de regard sur moi.<br />

Vous ne partagez votre séropositivité<br />

avec personne ?<br />

Bien sûr que si ! Avec mon mari, Marc, qui<br />

est lui-même séropositif et aussi avec ma<br />

famille. Cela s’est passé naturellement. Marc<br />

était malade et il est allé passer des examens.<br />

On ne savait rien de son état ni du mien. Du<br />

côté maternel, nous sommes une famille très<br />

unie et ma tante m’a proposé son aide. A l’annonce<br />

des résultats, tout le monde l’a su. Le<br />

fait que Marc ait été contaminé, cela ne faisait<br />

nul doute que moi aussi, je l’étais. Je n’ai<br />

pas imaginé garder un instant le secret ni que<br />

ma famille réagisse mal. Il s’est créé une<br />

vraie solidarité. C’est très libérateur de dire ce<br />

que l’on vit aux gens qu’on aime et c’est de<br />

notre responsabilité de montrer qui nous<br />

dit à la personne que j’aime que je suis séropositif<br />

en lui envoyant une lettre quinze jours<br />

après notre rencontre. J’ai reçu sa réponse :<br />

“Moi aussi, je le suis”. Bien sûr, cela nous a<br />

rapprochés ! C’est la première personne à qui<br />

j’ai eu envie de le dire car je crois en cette histoire.<br />

Et dans votre vie professionnelle,<br />

comment cela s’est-il passé ?<br />

J’étais chef d’agence. Un jour, à mon retour<br />

de vacances, j’ai senti un malaise. Le patron<br />

m’a convoqué pour me dire que j’étais licencié.<br />

“Prends tes affaires, tu n’as plus rien à<br />

“Je ne veux pas<br />

qu’on change de regard sur moi”<br />

Sophie a 38 ans, vit en couple et travaille dans une association de lutte contre le<br />

sida. Paradoxalement si elle parle facilement de sa séropositivité, elle ne souhaite<br />

pas l’exposer à tous, préférant choisir les personnes avec qui le partager.<br />

sommes. On sent toujours à qui on peut ou<br />

on ne peut pas le dire. Si je pense ça, je le<br />

dois à Marc : il est très solide et avec lui, j’ai<br />

appris à apprécier les petites choses de la vie,<br />

des détails que je ne remarquais pas avant :<br />

une image dans la rue, une parole, un geste…<br />

Tout s’est intensifié.<br />

Comment se passe la vie de couple ?<br />

J’ai été contaminée par Marc, mais pas une<br />

seconde je lui en ai voulu. Nous sommes deux<br />

à avoir fait l’amour et lorsqu’on ne se protège<br />

pas, la responsabilité est partagée. Depuis,<br />

l’amour s’est amplifié, nous avons une belle<br />

complicité. Lorsque Marc est malade, j’ai toujours<br />

envie de le protéger. C’est à travers lui<br />

que je prends conscience du virus, moi, je n’y<br />

pense pas. Et lors des rapports sexuels, nous<br />

avons décidé que le VIH n’existait pas.<br />

Vous travaillez dans une association de lutte<br />

contre le sida. C’est plus facile à gérer, non ?<br />

C’est une grande chance car je ne l’aurais<br />

jamais dit dans un autre contexte. Et puis,<br />

avec Marc, on s’était un peu enfermés dans<br />

une bulle, retravailler et pouvoir en parler<br />

librement, ça m’a aidé à me dépasser. Je<br />

faire ici !”. Manque de dynamisme paraît-il.<br />

Quand j’ai vidé mes tiroirs, j’ai vu que j’avais<br />

laissé traîné mes médicaments anti-VIH entre<br />

mes trombones et mes timbres… J’étais tellement<br />

abasourdi que je n’ai rien dit. On ne<br />

s’est jamais reparlé alors qu’on partait en<br />

week-ends ensemble à la montagne ou à la<br />

mer. Je n’ai pas voulu retravailler tout de<br />

suite. Maintenant, j’y pense. Mais, c’est certain<br />

: je ne dirais jamais que je suis séropo au<br />

travail. Ça ne se voit pas, pourquoi je le<br />

dirais ?! Si je sympathise avec un collègue, on<br />

verra, car je n’aime pas vivre non plus dans le<br />

mensonge avec les gens que j’estime.<br />

mets un point d’honneur à m’arrêter le moins<br />

possible en cas de fatigue, mais c’est vrai<br />

qu’ici, l’avantage est qu’on peut en parler…<br />

Paradoxalement, le fait de ne pas se cacher<br />

finit par faire oublier plus facilement le VIH,<br />

alors que l’on travaille et se bat contre lui tous<br />

les jours<br />

Alors pourquoi, finalement, ne pas vouloir en parler<br />

plus dans les médias, vous qui le vivez bien ?<br />

Je ne sais pas. Peut-être par manque de<br />

confiance en moi… Je crois que j’aurais peur<br />

de bousculer les personnes touchées qui ne<br />

se sentent pas encore prêtes à parler. Je ne<br />

voudrais pas assumer une telle responsabilité.<br />

Je ne veux pas non plus en étant vue, être<br />

contrainte d’accorder une place plus importante<br />

au VIH, être sollicitée. Témoigner dans<br />

Remaides, c’est espérer aider cinq minutes<br />

ceux qui vont plus mal que moi, c’est tout.<br />

Ma vie s’est construite sur un fil sur lequel je<br />

me sens en équilibre. Pourquoi risquer de le<br />

perdre ?<br />

<strong>Enquête</strong> : Dominique Thiéry


Christine est morte du sida en septembre (voir Remaides<br />

n°53), mais son regard bleu planté dans le nôtre, ses écrits,<br />

ses cris, continuent de nous faire vibrer. Remaides a voulu,<br />

une dernière fois, vous faire partager un de ses textes,<br />

inédit, dédié à son fils. Une maman comme tout le monde…<br />

Presque.<br />

Ultimes mots d’amour<br />

Midi. Chez elle seule devant son bureau, avec son bouquin<br />

à écrire sur la vie quotidienne d'une séropositive.<br />

Deux heures de l'après-midi. Entamer ou finir quelque chose,<br />

un peu coincée entre deux horaires qui devront de toute manière<br />

lui faire interrompre toute activité. Envie de parler de son<br />

virus à un être humain, un commun des mortels.<br />

Interdiction. La France a beau être un pays libre et tolérant, il<br />

fallait faire le muet. C'est honorable d'avoir un cancer, mais le<br />

sida, malades et séropositifs confondus, il fallait le cacher pour<br />

la famille, la profession, et celle du conjoint, pour les enfants.<br />

C'était son cas, elle qui n'avait contaminé ni son fils ni son mari.<br />

De nombreux exemples, que je ne citerai pas ici, d'émissions<br />

chocs où le scoop avait été de filmer un malade ou un jeune<br />

séropositif parlant de fin proche, à plus ou moins brève échéance.<br />

De la merde tout ça, du crime ! Et l'espoir, et la vie dans<br />

tout ça ? La rage de vivre, de prendre en main mon virus.<br />

Les toubibs qui me suivent me l'avaient bien dit : un séropositif<br />

doit vivre comme tout le monde, surtout ne pas lire, voir et<br />

écouter la presse. Les malades aussi n'étaient pas forcément<br />

des morts-vivants, ils pouvaient vivre, travailler, se faire suivre.<br />

Décence et dignité, messieurs des médias.<br />

16h20. Je piétinais d'impatience avec le pain au chocolat du<br />

goûter de mon fils qui suintait de chaleur.<br />

16h30. Les enfants, sortie en bousculade. Et je me haussais le<br />

cou comme une girafe. Toute miro que je suis, je le vis de loin,<br />

le tee-shirt hors du pantalon, la braguette à moitié ouverte, le<br />

bidon à l'air, tout dépenaillé, avec son cartable sur le dos qui tirait<br />

d'un côté. Il était relax, comme d'habitude, pas pressé, pourquoi<br />

le serait-il ? Il avait, lui, l'assurance que je serais là. C'était ma<br />

rentrée plus que la sienne, et j'avais eu l'éclipse momentanée de<br />

l'avoir perdu. Il avait vaguement l'air de me chercher, puis quand<br />

il me vit, il me fit une grimace de gros bébé, ce genre de grimace<br />

qu'il savait que je détestais, et il se précipita sur le pain au<br />

chocolat en me réclamant à boire. Je lui tendis une brique de jus<br />

de pomme, et il engloutit le tout avant de s'intéresser à moi. Sur<br />

le chemin, je le rafistolais. Qu'il faisait chaud. Déjà, il croisait des<br />

gosses qui l'appelaient par son nom.<br />

Mais lui, hautain, passait l'air "c'est cela, oui ! Vous ne voyez<br />

pas que je suis avec ma maman !". Je lui expliquai que ce<br />

n'était pas très sympa ce mépris qu'il affichait, et que c'était<br />

bon d'avoir des potes, qu'il fallait leur répondre, que…<br />

- D'accord Maman,<br />

me répondit-il d'un<br />

air excédé et soumis.<br />

Il a fallu au<br />

moins une semaine<br />

pour qu'il nous<br />

parle de ce qui se<br />

passait en classe.<br />

Il était "lent", me<br />

disait la maîtresse,<br />

puis ça s'améliora.<br />

Il était le fort en<br />

maths, avait envie<br />

de savoir lire, vite.<br />

Mon fils, la vie. Ma vie.<br />

Il faut que je tienne. Il faut que je me bagarre. Encore<br />

combien de temps ? Combien d’analyses, de visites à l’hosto,<br />

de comprimés ? Comment et quand tout cela va finir ? J’ai<br />

tellement envie de le voir grandir, de lui faire réciter ses leçons,<br />

de lui fêter ses anniveraires, de l’accompagner dans sa jeune<br />

vie. Tellement envie de voir sa première petite amie en me<br />

tordant le nez parce que je ne la trouve pas assez bien pour lui.<br />

Si je pars, qui va lui dire comme je l’aimais ?<br />

“Maman, j’ai plein de devoirs à faire. J’ai deux phrases à lire,<br />

et une poésie…”<br />

Alors voilà mon amour, ma vie,<br />

en voilà une jolie poésie, elle est pour toi :<br />

Dehors il fait beau<br />

Mais je ne vais pas dehors<br />

J’ai pris résolument dans mes bras<br />

Un morceau de ciel pour toi<br />

Sans soleil et sans pluie<br />

Mais avec un nuage entier<br />

Le plus douillet de tous les nuages<br />

Je l’ai pris pour toi<br />

Je m’y suis fait une place<br />

D’où, à chaque instant<br />

Je poserai tout l’amour du monde<br />

Dans ta vie et dans ton cœur.<br />

Christine Weinberger<br />

Extraits de son roman, Morgane ou l’enfant inachevé (non publié).<br />

25<br />

TÉMOIGNER Photo : Patrice Miot - remaides 54 - décembre 2004


26<br />

SE SOIGNER<br />

remaides 54 - décembre 2004 - Illustrations : Jacqueline Maman<br />

Hépatite C :<br />

QUE FAIRE APRÈS<br />

UN ÉCHEC DU TRAITEMENT ?<br />

Les traitements actuels contre l’hépatite C n’atteignent pas<br />

toujours leur objectif principal : guérir, c’est-à-dire éliminer<br />

le virus de l’hépatite C (VHC). Des médicaments vraiment<br />

nouveaux ne seront probablement pas disponibles avant<br />

plusieurs années. En attendant, quelles sont les stratégies<br />

possibles ?<br />

Tenter une seconde chance<br />

Renouveler un traitement contre l’hépatite C<br />

(interféron pégylé, Pegasys ou Viraferonpeg,<br />

associé à de la ribavirine, Rébétol ou Copegus)<br />

peut parfois permettre d’obtenir une<br />

guérison. Mais, avant de reprendre un traitement<br />

souvent lourd et contraignant, il faut<br />

évaluer les chances de réussite. Pour cela, le<br />

premier traitement doit avoir agi sur le VHC<br />

(la quantité de virus a diminué au cours du<br />

traitement ou bien le virus a disparu pour<br />

réapparaître ensuite). Votre médecin pourra<br />

aussi vous proposer une durée plus longue de<br />

traitement (en fonction de la réaction du virus<br />

et de votre tolérance) que la durée standard<br />

(qui est de 6 à 12 mois selon les cas). Mais<br />

cette stratégie n’est pas validée. Si, en accord<br />

avec votre médecin, vous décidez de recommencer<br />

le traitement, vous pouvez attendre<br />

pour “reprendre des forces” et vous organiser.<br />

Evaluer l’état du foie<br />

Afin d’assurer les meilleures chances<br />

de succès, il est vivement<br />

conseillé de ne pas sauter de prise<br />

et préférable que le médecin n’ait<br />

pas à baisser les doses. Les effets<br />

indésirables du traitement (fatigue<br />

ou anémie, due à la baisse des globules<br />

rouges, dépression, etc.) sont<br />

souvent responsables de la baisse<br />

de dose ou de l’arrêt du traitement.<br />

Il est donc utile d’envisager leur<br />

prise en charge avant le début du<br />

traitement. Les facteurs de croissance<br />

sanguins peuvent être utilisés contre<br />

l’anémie (EPO, NeoRecormon, Eprex) ou contre<br />

la baisse des globules blancs (G-CSF,<br />

Neupogen). Un antidépresseur ou un suivi<br />

psychologique adaptés permettent de limiter la<br />

dépression, l’arrêt de travail ou un temps partiel<br />

thérapeutique de mieux gérer la fatigue.<br />

Pour évaluer l’état du foie, il est encore souvent nécessaire de pratiquer une biopsie<br />

(prélèvement sous anesthésie locale ou générale d’un fragment de foie). Cependant<br />

des tests plus simples nécessitant uniquement une prise de sang (comme le Fibrotest)<br />

sont en cours d’évaluation. D’autres méthodes (comme le Fibroscan qui mesure<br />

l’élasticité du foie à l’aide d’un appareil ressemblant à un échographe) sont aussi en<br />

cours de développement et d’évaluation.<br />

Ces examens permettent de définir le score Métavir :<br />

• F (pour fibrose) suivi d’un chiffre allant de 0 (absence de fibrose) à 4 (cirrhose).<br />

• A (pour activité de l’hépatite) suivi d’un chiffre allant de 0 à 3.<br />

Entretenir le foie<br />

En l’absence de guérison, on peut bénéficier<br />

d’un traitement dit “d’entretien” qui consiste<br />

à prendre seulement de l’interféron pégylé.<br />

L’objectif est de tenter de ralentir l’évolution<br />

de la maladie du foie.<br />

On n’est pas encore sûr de l’efficacité de cette<br />

stratégie, en cours d’évaluation, et les doses<br />

et la durée du traitement ne sont pas connues<br />

(à ce jour, il s’agit de doses standards<br />

d’interféron que l’on diminue en cas d’intolérance).<br />

En raison des effets indésirables possibles de<br />

l’interféron (cependant moindres en l’absence<br />

de ribavirine), le médecin proposera ce<br />

traitement seulement dans les cas suivants :<br />

• Lorsque les lésions du foie (fibrose) sont<br />

bien avancées (scores Métavir F3 ou F4, cirrhose,<br />

voir encadré). Mais quand la cirrhose<br />

est très avancée, le traitement est contreindiqué<br />

car il peut au contraire aggraver les<br />

complications.


• Lorsque le traitement entraîne une diminution<br />

des transaminases (substances libérées<br />

par le foie lorsqu’il est agressé par un virus,<br />

des médicaments, de l’alcool, etc.). Toutefois,<br />

il n’est pas encore prouvé que cette<br />

baisse des transaminases corresponde toujours<br />

à une amélioration de l’état du foie.<br />

Patience et suivi<br />

Un autre stratégie possible est… la patience !<br />

L’hépatite C évolue habituellement lentement,<br />

il y a rarement urgence à traiter. On<br />

espère que de nouveaux médicaments, pour<br />

l’instant en développement, seront disponibles<br />

d’ici à cinq ans (voir encadré).<br />

En attendant, un suivi espacé mais régulier de<br />

l’évolution de l’hépatite est conseillé : mesure<br />

des transaminases une à deux fois par an,<br />

biopsie (tous les trois à cinq ans selon les cas)<br />

ou Fibrotest (test sanguin, voir encadré). Il est<br />

également essentiel de veiller à préserver son<br />

foie, en évitant la consommation d’alcool (au<br />

moins en la limitant le plus possible) et celle<br />

de drogues particulièrement toxiques pour le<br />

foie (cocaïne, ecstasy, etc.).<br />

En cas de cirrhose, le suivi doit être plus rapproché<br />

(au moins tous les six mois) afin de<br />

détecter d’éventuelles complications (cancer<br />

ou aggravation de la cirrhose). Ce suivi<br />

consiste en un examen sanguin, une échographie<br />

et, moins fréquemment, une<br />

fibroscopie (tous les un à quatre ans). La<br />

consommation d’alcool et de drogues<br />

toxiques pour le foie est très déconseillée.<br />

Pensez également à demander l’avis de votre<br />

médecin avant de prendre des médicaments<br />

ou autres produits, même à base de plantes.<br />

Ma foi, pourquoi pas la greffe ?<br />

On peut vivre de nombreuses années avec une<br />

cirrhose du foie. Mais, quand la maladie évolue<br />

vers la cirrhose, mieux vaut se préparer<br />

psychologiquement à l’éventualité d’une greffe<br />

du foie. N’hésitez pas à en parler à votre<br />

médecin. Celui-ci pourra vous inscrire sur une<br />

liste de personnes en attente de greffe. Cette<br />

formalité ne vous engage en rien mais vous<br />

permet, en cas de nécessité, de gagner du<br />

temps. Les organes sont rares et la demande<br />

importante, alors autant anticiper ! (pour un<br />

dossier sur la greffe, avec des témoignages,<br />

voir Remaides n°49).<br />

Les orientations de la recherche<br />

Dans le domaine de l’hépatite C, la recherche cherche à développer ou à étudier :<br />

• des antiviraux contre le VHC (antiprotéase, antipolymérase, etc.)<br />

• de nouveaux interférons (interféron gamma, consensus ou encore lié à<br />

de l’albumine, etc.) ou d’autres médicaments pouvant stimuler le<br />

système immunitaire (IL2, IL10, thymosine alfa, etc.)<br />

• des médicaments permettant de gérer les effets indésirables du<br />

traitement actuel (EPO pour l’anémie, Deroxat pour la dépression, etc.)<br />

• des médicaments ou stratégies permettant de ralentir la progression de<br />

la maladie (prazosine, sartan, étude de différentes doses et durées de<br />

l’interféron pégylé et de la ribavirine, etc.) ou d’augmenter les chances<br />

d’éradication du VHC (durées plus longues du traitement ou doses de<br />

médicament plus importantes)<br />

N’hésitez pas à vous renseigner auprès de vos médecins pour connaître les essais<br />

thérapeutiques proposés dans les hôpitaux proches de chez vous. L’ANRS (Agence<br />

nationale de recherches sur le sida et les hépatites) vient également<br />

d’éditer une brochure présentant les essais hépatites qu’elle coordonne.<br />

Destinée aux médecins, vous pouvez cependant vous la procurer en téléphonant au<br />

01 53 94 60 00.<br />

Les personnes également séropositives<br />

au VIH peuvent<br />

bénéficier de cette intervention<br />

dans le cadre d’un essai thérapeutique<br />

en cours, l’essai<br />

Thévic de l’ANRS (Agence<br />

nationale de recherches sur le<br />

sida et les hépatites).<br />

Cynthia Benkhoucha<br />

Remerciements au<br />

Pr Jean-Claude Trinchet,<br />

Hôpital Jean Verdier, Bondy<br />

27<br />

SE SOIGNER remaides 54 - décembre 2004


28<br />

INTERNATIONAL<br />

remaides 54 - décembre 2004<br />

RÉSEAU AFRIQUE 2000<br />

Du Nord au Sud, le malade du sida,<br />

un transformateur social<br />

25 millions de personnes touchées par le VIH pour 400 000 traitées, l’Afrique<br />

connaît une situation sanitaire grave et les prévisions sont alarmantes :<br />

100 millions de personnes seraient infectées d’ici quinze ans. Face à un tel<br />

constat, AIDES s’est investie depuis dix ans aux côtés des associations du Sud.<br />

L’argent :<br />

“traitement d’urgence” !<br />

Le Réseau Afrique 2000, né en 1997, a<br />

pour objectif de démontrer que l’accès aux<br />

traitements anti-VIH est possible dans un<br />

contexte d’extrême pauvreté. Grâce à la<br />

mobilisation de huit associations locales du<br />

Sud (au Burkina Faso, Burundi, Côte d’Ivoire,<br />

Guinée-Conakry, Mali, Niger, Sénégal,<br />

Togo) et de AIDES, la mise en commun des<br />

expertises sur la prise en charge globale et<br />

l’apprentissage de l’utilisation des réseaux<br />

français et internationaux ont permis<br />

d’accroître leur financement et leur visibilité<br />

auprès des institutions.<br />

Ainsi, quinze associations sur les seize du<br />

réseau ont pu créer leur centre associatif où<br />

sont prescrit les médicaments anti-VIH. Cette<br />

mobilisation sans précédent a permis à plusieurs<br />

milliers de personnes touchées de<br />

bénéficier d’un accès aux soins de qualité et<br />

de sensibiliser les populations à la prévention.<br />

Mais le véritable obstacle aux traitements et<br />

à leur observance (le fait de bien les prendre)<br />

reste le manque d’argent pour les acheter.<br />

Toujours le nerf de la guerre...<br />

Renforcer au Sud<br />

la société civile<br />

Principale voix des personnes touchées par le<br />

VIH, la société civile africaine entend initier<br />

les pouvoirs publics aux réalités de terrain de<br />

l’épidémie pour que ceux-ci s’approprient et<br />

développent des réponses adéquates comme<br />

la distribution de médicaments ou l’accès aux<br />

tests de dépistage : 8 % seulement de la<br />

population africaine connaît son statut sérologique<br />

et dans certains pays comme le Mali,<br />

il n’existe que trois centres prescripteurs de<br />

traitements (deux hôpitaux et un centre associatif<br />

de soins) car il n’existe pas d’initiative<br />

nationale d’accès aux médicament anti-VIH.<br />

Si le sida est l’ennemi à abattre, il est aussi<br />

le moyen d’aider à transformer les mentalités<br />

et à faire évoluer les savoirs-faire dans<br />

les domaines sanitaire et social comme la<br />

France a pu le vivre. Face à l’urgence, la<br />

Nouvelle édition du guide Afrique<br />

communauté internationale se réveille enfin<br />

en soutenant l’accès aux médicaments pour<br />

les pays du Sud et la société civile africaine<br />

commence à bouger : un centre de formation<br />

des partenaires publics et privés appelé<br />

Donya a vu le jour au Mali et l’ensemble des<br />

associations du Réseau Afrique 2000 agissent<br />

aujourd’hui dans les régions pour<br />

permettre cet accès universel aux soins et<br />

aux traitements.<br />

Emmanuel Trénado<br />

La réédition du guide Réponses associatives à la<br />

lutte contre le sida en Afrique (paru la première<br />

fois en 2001) témoigne des nouvelles avancées<br />

des associations africaines de lutte contre le sida<br />

en lien avec AIDES, évoquant la somme des expériences<br />

accumulées ces dernières années et<br />

consacrant le succès de la mobilisation de la<br />

société civile. Un outil utile pour tous, en particulier<br />

pour les associations africaines qui ont ainsi<br />

une vue d’ensemble de toutes les bonnes pratiques<br />

concernant la prise en charge du VIH/sida.<br />

Pour en savoir plus sur les associations membres<br />

du Réseau Afrique 2000 et pour obtenir leurs coordonées,<br />

consultez www.reseauafrique2000.org.<br />

Pour vous procurer gratuitement le guide, prenez<br />

contact avec votre délégation de AIDES au 0 820<br />

160 120 (0,12 euro/min).


Entretien avec Mohammed Touré, Président de Kénédougou Solidarité :<br />

“LE MALI NOUS A PROMIS<br />

LES TRAITEMENTS GRATUITS”<br />

Dernière association entrée dans le Réseau Afrique<br />

2000, Kénédougou Solidarité est basée à Sikasso, une<br />

ville au sud du Mali. Son président, Mohammed Touré,<br />

évoque l’importance d’appartenir au Réseau pour<br />

développer actions et soutiens aux personnes<br />

séropositives dans cette région dont le nom,<br />

Kénédougou, signifie la cité verte. Comme l’espoir.<br />

Remaides : Pourquoi avoir voulu rejoindre<br />

le Réseau Afrique 2000 ?<br />

Mohammed Touré : Pour être plus forts. Nous<br />

connaissions le Réseau pour avoir rencontré<br />

des associations membres et nous savions<br />

qu’y participer nous permettrait d’être plus<br />

visibles, plus crédibles et de pouvoir développer<br />

des appuis techniques et des<br />

formations. Notre association est née en<br />

1998 pour apporter une réponse locale à la<br />

lutte contre le sida. Sikasso est une ville carrefour<br />

située au centre d’un axe de<br />

ravitaillement entre le Mali, la Côte d’Ivoire,<br />

le Burkina Faso et le Togo. Beaucoup de routiers<br />

et d’agriculteurs sont touchés par le<br />

VIH. Nous devions prendre les choses en<br />

main !<br />

Que le Réseau vous apporte-t-il ?<br />

Le Réseau nous permet de rencontrer d’autres<br />

associations africaines locales,<br />

d’améliorer nos informations et d’échanger<br />

des expériences, mais aussi d’avoir une visibilité<br />

nationale et même internationale grâce<br />

au site Internet (voir encadré p. 28). Petit à<br />

petit, nous sommes reconnus pour ce que<br />

nous faisons : à Sikasso, beaucoup de médecins<br />

pratiquent des dépistages sauvages de<br />

patients sous prétexte qu’ils n’ont pas le<br />

temps de les informer ou parce qu’ils estiment<br />

que cela ne sert à rien de dire à<br />

quelqu’un qu’il est séropositif s’il n’y a pas<br />

de traitement. Aujourd’hui, ils continuent à<br />

dépister en cachette, mais désormais, ils<br />

nous envoient les personnes déclarées séropositives<br />

pour qu’on les prenne en charge.<br />

Qu’est-ce que Kénédougou Solidarité propose<br />

aux personnes séropositives ?<br />

Nous disposons d’une unité opérationnelle,<br />

appelée le “Cerkes” qui propose au public un<br />

dépistage anonyme, des consultations médicales<br />

et psychothérapeutiques pour les<br />

personnes touchées ainsi qu’une pharmacie.<br />

Dans un autre local, nous avons aussi des<br />

groupes de paroles et nous menons des<br />

actions d’éducation thérapeutique et nutritionnelle.<br />

Et puis nos activités concernent<br />

aussi les soins à domicile.<br />

Qu’en est-t-il de l’accès<br />

aux médicaments anti-VIH au Mali ?<br />

Il y a peu, j’étais encore assez pessimiste<br />

puisque seules 700 personnes à Bamako et<br />

une quarantaine à Sikasso, bénéficiaient d’un<br />

traitement. Mais le gouvernement malien<br />

vient de nous promettre la gratuité des médi-<br />

caments pour tous les malades du sida du<br />

pays, financée par le Fonds mondial. Nous<br />

venons de recevoir une mission exploratoire à<br />

Sikasso. Mais nous attendons de voir : si, le<br />

1 er décembre, nous ne les avons toujours pas,<br />

une grande marche sera organisée dans la<br />

capitale pour nous rappeler au bon souvenir<br />

du chef de l’Etat !<br />

Etre séropositif, malade du sida en Afrique,<br />

est-ce toujours difficile de l’assumer ?<br />

Il y a une grande amélioration concernant la<br />

visibilité des personnes. Avant, les familles<br />

associaient le sida à la conséquence de mauvaises<br />

mœurs, maintenant, elles acceptent<br />

mieux la situation de leurs proches confrontés<br />

à la maladie et sont souvent sollicitées<br />

pour leur venir en aide, ce qui fait partie de<br />

la prise en charge du malade.<br />

En quoi est-il capital que le Nord et le Sud<br />

travaillent de plus en plus ensemble ?<br />

Le sida a prouvé que l’on ne peut pas mener<br />

le combat tout seul, que ce soit au niveau des<br />

relations entre pays du Sud ou avec les pays<br />

du Nord. Nos échanges sont plus fructueux<br />

car nous savons mieux ce dont nous souffrons<br />

et ce dont nous avons besoin. Nous<br />

contribuons au Nord à la connaissance du<br />

Sud et grâce à lui, nous avons des soutiens<br />

logistiques, financiers et des informations sur<br />

les dernières avancées thérapeutiques.<br />

Entretien : D. T.<br />

29<br />

INTERNATIONAL photo : Emmanuel Trénado - remaides 54 - décembre 2004


30<br />

PA<br />

remaides 54 - décembre 2004 - Photo : Pierre & Gilles<br />

Vos annonces<br />

ETRANGER :<br />

B : Hervé, bruxellois de 57 ans,<br />

séropositif depuis 85, sous trithérapie<br />

depuis 95, ayant eu une rétinite sur un<br />

œil, mais maintenant en bonne forme<br />

sauf quelques neuropathies,<br />

recherche des contacts un peu partout<br />

avec des séropositifs. Contact à<br />

l’adresse : dukmenen@hotmail.com<br />

ou au téléphone : 00.32.497.16.88.22.<br />

C : André, africain de 44 ans,<br />

séropositif depuis 10 ans,<br />

physiquement bien portant, pas<br />

encore sous ARV, 1.78m, 74kg, aimant<br />

la lecture, les voyages et le sport,<br />

recherche compagne, si possible<br />

séropositive, de plus de 25 ans, pour<br />

nouer une amitié sincère et durable<br />

qui pourra aboutir sur un mariage.<br />

Ecrire à : evans1060@yahoo.fr<br />

C : Rodolphe, cubain de 40 ans,<br />

1.74m, 79kg, cheveux châtain avec des<br />

yeux verts, en bonne santé, cultivé et<br />

aimant les arts et la science, aimerait<br />

rencontrer des amis. On peut m’écrire<br />

à : R. Alés, Apartado 3038, Ciudad<br />

Habana, CP 10300, Cuba ou à :<br />

chezrantes@yahoo.fr<br />

RCI : Maria, 31 ans, 53kg pour 1.62m,<br />

ivoirienne, plutôt agréable à regarder,<br />

avec un niveau bac + 5, je recherche<br />

H 31/40 ans, qui a un profil intellectuel<br />

similaire, pour une amitié sincère et<br />

plus si affinités. Contact à l’adresse :<br />

marialuzbellissima@yahoo.fr<br />

France<br />

(Régions) :<br />

01 : Marc, 37 ans, séropositif, 1.65m,<br />

65kg, en bonne santé, aimant les<br />

sorties, tendre mais ayant le cœur très<br />

seul, aimerait rencontrer F sur Lyon<br />

ou sa région. Contact téléphone :<br />

04.74.23.92.13.<br />

06 : Gérard, 43 ans, séropositif depuis<br />

18 ans, 1.81m, blond rasé, cool, désire<br />

rencontrer, sur les départements 03,<br />

13, 30 et RP, H viril entre 35 et 50 ans,<br />

sincère pour établir relation sérieuse.<br />

Mon numéro : 06.33.73.98.42.<br />

13 : Sylvie, F de 45 ans, 1.60m, 55kg,<br />

brune aux yeux verts, cherche à<br />

dialoguer avec H de 35 à 40 ans, pour<br />

rompre solitude. Aime musique,<br />

balades, cuisine, toutes les choses<br />

sympas de la vie ; Dynamique et<br />

pleine de gaieté, je suis séropositive<br />

depuis 89. Contact portable :<br />

06.67.17.22.77.<br />

13 : Michel, 48 ans, divorcé, 1.65m,<br />

68kg, emploi stable, souhaite<br />

rencontrer sur sa région, une<br />

compagne entre 18 et 35 ans, sans<br />

enfant si possible, désirant fonder une<br />

famille voire mariage si affinités et<br />

projet d’enfant. Contact en soirée et<br />

week-end au : 06.16.59.03.98.<br />

13 : Alexi, F de 47 ans, 1.73m, 60kg,<br />

yeux bleus, cherche H sérieux pour<br />

partager à deux le goût de la musique<br />

et de la danse, les voyages et les<br />

sentiments. Une vie à deux quoi et<br />

coll. Contact à l’adresse :<br />

alexi132000@yahoo.fr ou au<br />

téléphone : 06.73.34.90.98.<br />

17 : Eric, H de 44 ans, habitant près de<br />

la Rochelle, séropositif, en trithérapie<br />

depuis 98, désire rompre sa solitude<br />

et cherche à rencontrer une F, entre<br />

35 et 50 ans, pour soutien mutuel et<br />

une vie à deux si affinités. Contact sur<br />

mon fixe au : 05.46.27.51.18.<br />

20 : Joëlle, 41 ans, 1.65m, 54kg, HIV<br />

depuis 86, VHC en cours de<br />

traitement, aimant néanmoins la vie<br />

en général et la mienne en particulier.<br />

Lecture, musique, concerts, sorties et<br />

soirées entre amis, paresse aussi,<br />

sport et bricolage. Souhaite prendre<br />

contact sur mon département, avec<br />

un H âgé de 35 à 45 ans, pour<br />

confirmer que notre “boulet” n’est<br />

qu’une petite part de nous et partager<br />

mon bonheur de vivre. Appeler-le :<br />

06.73.87.99.15.<br />

26 : Juan, 40 ans, beaucoup d’amour<br />

à donner et à recevoir, souhaite<br />

rencontrer une F, âge en rapport entre<br />

38 et 42 ans, pour construire une<br />

relation durable. Pour un appel le :<br />

06.77.28.59.69.<br />

27 : Philippe, 36 ans, séropositif<br />

depuis 95, ayant comme handicap<br />

une hémiplégie gauche, aimant bien<br />

les balades, le théâtre et la musique.<br />

Aimerait bien avoir des contacts avec<br />

H sérieux et si possible ne buvant pas.<br />

Mon fixe : 02.32.32.82.27.<br />

29 : Yann, 39 ans, 1.78m, 68kg,<br />

séropositif, en forme, cherche mec,<br />

profil similaire, pour complicité au<br />

masculin. Contact, si possible après 20<br />

heures au : 06.33.22.18.93.<br />

33 : François, 47 ans, métis des îles,<br />

1.85m, 85kg, santé correcte, vivant<br />

seul, souhaite établir relation amicale,<br />

toutes régions, dans la rencontre<br />

d’une JF, entre 35 à 50 ans, pour faire<br />

un bout de chemin ensemble. J’aime<br />

la nature, le sport, la bonne bouffe et<br />

j’apprécie la franchise et la loyauté.<br />

Appelez-le : 06.12.75.29.27.<br />

37 : Suzy, JF de couleur, 28 ans, en<br />

pleine forme, douce, câline, sincère et<br />

affectueuse, séropositive depuis 99,<br />

aimant la vie de famille, cherche son<br />

âme sœur dans la rencontre d’un H,<br />

pour rompre solitude et voire plus si<br />

affinités. Contact au : 06.03.49.53.59.<br />

37 : Nicole, soixantaine, 1.70m, 55kg,<br />

bien physiquement, très bonne santé,<br />

allure jeune, sympathique, recherche<br />

ami pour relation durable et briser la<br />

solitude. Contact fixe au :<br />

02.47.66.31.54.<br />

41 : Séverine, 27 ans, 1.60m, 89kg,<br />

yeux bleu/vert, maman d’un enfant de<br />

3 ans, je suis séropositive, cherche sur<br />

la région Centre de préférence, un H<br />

sérieux, fidèle pour fonder un foyer.<br />

Contact : 06.66.13.57.08.<br />

45 : Jean-François, 32 ans, 1.87m,<br />

74kg, avis de recherche pour une<br />

construction amicale et sincère avec<br />

toute personne de 18 à 40 ans, afin de<br />

fermer ou briser la porte de la<br />

solitude. Je vous attends à l’adresse<br />

suivante: jeff551@msn.com ou au<br />

06.87.23.06.85.<br />

45 : Dorothée, une quarantaine<br />

d’années, africaine, mère de famille,<br />

en bonne santé, en pleine forme,<br />

spirituelle, fidèle et sérieuse. Je<br />

cherche un H entre 45 et 60 ans, nonfumeur<br />

si possible, aimant vie de<br />

famille et envisageant un mariage<br />

fondé sur l’amour. Contact par<br />

courriel : dorespoir@voilà.fr<br />

51 : Denis, 37 ans, équilibré, aimant la<br />

nature, bien physiquement cherche F,<br />

avec ou sans enfant, intelligente,<br />

sincère pour vie à deux et plus.<br />

Contact plutôt en soirée au<br />

03.26.86.45.62.<br />

54 : Flore, 27 ans, séropositive, sous<br />

trithérapie, souhaite rencontrer ami<br />

pour rompre la solitude et plus si<br />

affinités. Ecrire à : Flore, S/C de AIDES<br />

54, 15 rue Saint-Nicolas, 54000 Nancy.<br />

57 : Louis, homo, séropositif depuis<br />

12 ans, 42 ans, 1.70m, 53kg, simple,<br />

sincère, fidèle, souhaite rencontrer H<br />

âgé de 30 à 40 ans, même profil, pour<br />

relation durable ou vie à deux si<br />

affinités. Téléphone : 06.33.61.68.42.<br />

57 : Charles, 46 ans, gay séropositif<br />

depuis 2001, yeux verts, 1.70m, 65kg,<br />

seul dans la vie, souhaite rencontrer H<br />

entre 40 et 50 ans, pour relation<br />

sincère et durable, dans son<br />

département. Si toi, tu es seul comme<br />

moi, contactes moi au : 06.60.36.64.42.<br />

59 : “D’être mignon c’est bien, être<br />

seul c’est vraiment triste”, alors toi<br />

l’ami que je recherche depuis<br />

toujours, fais un signe à : Christopher,<br />

1.86m, 75kg, 39 ans paraissant 25,<br />

imberbe aux yeux clairs, pour essayer<br />

d’établir une relation voire une vie de<br />

couple. Contact au : 06.75.81.12.03.<br />

63 : Sébastien, JH de 24 ans, 1.71m,<br />

65kg, cheveux blond/châtain, yeux<br />

bleus, cherche un JH ou un H âgé de<br />

24 à 50 ans, pour vivre des projets à<br />

deux qui seront basés sur une relation<br />

sincère et durable. Deux possibilités<br />

de me contacter : S. Dubuisson, Foyer<br />

Home Dome, Ch n° 816G, 12 place de<br />

Regensburg, 63038 Clermont-Ferrand<br />

cedex 1 ou au 06.75.99.54.06.<br />

64 : Thierry, 43 ans, séropositif, en<br />

bonne santé, cherche F, âgée de 30 à<br />

40 ans, aimant la vie, pour envisager<br />

des projets à deux et vivre ensemble.<br />

Téléphone : 06.33.56.60.73.<br />

66 : Olivier, la quarantaine, propose à<br />

celui qui a envie de vivre une belle<br />

histoire au milieu des montagnes<br />

pyrénéennes (pas loin de Barcelone,<br />

Toulouse ou Andorre, à 1600 mètres<br />

d’altitude) de me rencontrer et faire<br />

un bout de chemin ensemble si<br />

feeling. J’aime le parapente, les<br />

randonnées, le ski, je navigue aussi<br />

dans le milieu “free-teckno”. Ecrire à :<br />

O. Drouault, 5 Carre Del Puigmal,<br />

66760 Dorres ou contact par le :<br />

06.70.03.10.04.<br />

66 : Philippe, 39 ans, séropositif, brun,<br />

non-fumeur, non-alcoolique, souhaite<br />

faire la connaissance d’une F,<br />

séropositive si possible, pour<br />

entreprendre une correspondance<br />

dans le respect. La beauté du cœur est<br />

celle qui compte le plus à mes yeux. Je<br />

pense que par le papier nous<br />

pourrions nous offrir un espace de<br />

liberté. J’ai une grande passion pour<br />

les chevaux et les dauphins. Ecrire à :<br />

P. Legret, écrou n° 24081, cel 319D,<br />

Centre pénitentiaire, BP 945, 66945<br />

Perpignan cedex.<br />

67 : Jean-luc, H de 46 ans, 1.88m,<br />

77kg, séropositif depuis 1996. Je<br />

recherche une F, si possible nonfumeuse,<br />

entre 30 et 45 ans, pour<br />

relation sérieuse et beaucoup plus si<br />

affinités. Contact : 06.16.11.41.73.<br />

83 : Alain, 52 ans, 1.70m, 55kg, brun,<br />

recherche H, âge indifférent, pour<br />

passer de bons moments et voire plus<br />

si affinités. Contact si possible le soir<br />

au : 04.94.68.16.97.<br />

83 : Jean-philippe, 38 ans, 1.78m,<br />

64kg, JH antillais cherche H entre 30<br />

et 40 ans, pour rompre solitude, pour<br />

partager bons moments amoureux,<br />

balades, cinéma, voyages, restaurants,<br />

et pourquoi pas plus si affinités<br />

sincères. Dix chiffres pour me<br />

contacter : 06.63.65.47.52.<br />

83 : Jean-Yves, 38 ans, 1.74m, 64kg,<br />

cheveux châtain clair, yeux bleus,<br />

séropositif, aimant les arts, balades et<br />

câlins pour JH bien dans sa tête. Mon<br />

numéro : 06.24.52.74.01.<br />

83 : Filip, si tu es dans la même galère<br />

que moi, difficile de finir les fins de<br />

mois, moral en baisse, anxieux et la<br />

solitude qui pèse, je te propose une<br />

colocation dans un T2, proche des<br />

plages. Je recherche une personne<br />

sérieuse et motivée. J’ai un cœur à<br />

partager, moi, 39 ans, 1.74m, 68kg,<br />

yeux verts, je recherche H entre 30 et<br />

42 ans, si possible non-fumeur.<br />

Contact au : 06.13.48.43.74.<br />

87 : Bouchta, français de 37 ans,<br />

séropositif, brun, 1.78m, souhaite<br />

rencontrer JF entre 30 et 40 ans,<br />

séropositive ou non, avec ou sans<br />

enfant, pour envisager une relation<br />

durable. J’aime le sport et le cinéma.<br />

Mon portable : 06.74.72.68.60.<br />

89 : Mey, jeune mère de 37 ans,<br />

africaine, séropositive depuis 2003,<br />

sans traitement, souhaiterait<br />

rencontrer un H (culture différente si<br />

possible) entre 35 et 50 ans, pour se<br />

soutenir mutuellement pendant les<br />

bons et mauvais moments, car malgré<br />

tout mon cœur a encore de l’amour à<br />

partager. 06.26.87.14.50.


PARIS et RP :<br />

75 : Thierry, 35 ans, HIV depuis 92,<br />

sans traitement depuis 4 ans, en<br />

bonne santé et bon bilan, recherche<br />

pour des relations amicales, sincères<br />

et durables des H, entre 30 et 50 ans.<br />

Contact plutôt en fin d’après-midi,<br />

sinon répondeur au : 06.88.63.97.74.<br />

78 : Elise, je suis une africaine de 33<br />

ans, et j’aimerais correspondre avec<br />

des H ou des F séropositifs, de toutes<br />

nationalités. Téléphone : 06.16.26.83.96.<br />

ou courriel : elisegoubo@yahoo.fr<br />

75 : Abdal, 30 ans, séropositif,<br />

situation stable, actif, sportif et sincère,<br />

cherche JF ou F, âge indifférent, pour<br />

relation durable, voire fonder une<br />

famille. Un numéro le : 06.17.35.37.09.<br />

95 : Marie, F ayant la quarantaine,<br />

charmante, coquette et souriante,<br />

recherche un H convenable, réfléchi,<br />

serein, frugal, et apte à mener une<br />

relation durable dans l’optique d’une<br />

union certaine. Merci de téléphoner<br />

au : 06.98.87.51.48.<br />

75 : Chris, 1.78m, 68kg, 33 ans faisant<br />

beaucoup moins, séropositif, en<br />

bonne santé, mignon sympathique, je<br />

recherche sur Paris ou Paris-Est, H ou<br />

JH masculin, viril, câlin tendre, si<br />

possible hors milieu, aimant l’art, la<br />

peinture, les balades et découvrir<br />

plein de choses… Le tout pour<br />

relation durable, voire vie commune si<br />

affinités. Mon téléphone :<br />

06.27.37.08.21.<br />

95 : Thé, JF africaine, séropositive<br />

depuis 4 ans, en bonne santé, 1.72m,<br />

79kg, 45 ans, ayant deux enfants,<br />

cherche à rompre solitude, dans la<br />

rencontre avec un H, de 45 à 55 ans,<br />

généreux de cœur, ayant plein<br />

d’amour à donner et à recevoir, pour<br />

une vie basée sur le respect et la<br />

confiance, voire mariage si affinités.<br />

Mon portable : 06.89.60.01.29.<br />

78 : Jean-Marc, 45 ans, 1.77m, 74kg,<br />

blond aux yeux bleus, sympathique,<br />

situation stable, cherche à rencontrer<br />

sur le 78 ou le 92, F de 30 à 40 ans, si<br />

possible séropositive, afin de ne plus<br />

avoir sans cesse à vouloir partager sa<br />

différence. 06.07.65.63.03.<br />

75 : Daniel, 40 ans, parfois hésitant,<br />

parfois indécis, je recherche à créer<br />

une relation amicale avec une F, non<br />

seulement pour rompre ma solitude<br />

mais aussi pour me pousser à être<br />

plus sûr de moi, de ma personne et<br />

de mes qualités. Contact au :<br />

06.82.50.37.44.<br />

92 : Dominique, 26 ans, blond aux<br />

yeux bleus, 1.80m, 72kg, souhaite<br />

rencontre sur le 92 ou le 75, avec un<br />

H entre 35 et 45 ans, si possible<br />

d’origine espagnole pour échange<br />

hispanique et relation sérieuse. Si<br />

possible en fin d’après-midi au :<br />

06.66.12.14.08.<br />

95 : Sisi, JF africaine, séropositive<br />

depuis 4 ans, 1.68m, 62kg, ayant trois<br />

enfants, cherche à rompre solitude<br />

avec H de 40 à 50 ans, plein d’amour,<br />

équilibré, afin d’échanger nos<br />

expériences pour une vie affective<br />

basée sur le respect et la confiance,<br />

voire plus et mariage si affinités. Mon<br />

téléphone : 06.23.30.54.50.<br />

75 : Dimitri, 38 ans, 1.80m, 73kg,<br />

séropositif depuis 2003, sans<br />

traitement, en pleine forme,<br />

célibataire, jeune de corps et d’esprit,<br />

passionné de musique, désire<br />

rencontrer JF, âgée de 20 à 30 ans,<br />

mignonne, plutôt mince, sensuelle,<br />

affectueuse, gentille, débordant de<br />

tendresse, pour trouver ensemble le<br />

vrai bonheur, envisager un enfant et<br />

établir une relation sérieuse.<br />

Composer-le : 06.07.80.24.00.<br />

78 : Jacques, JH, 44 ans, séropositif<br />

depuis 85, sous trithérapie, en bonne<br />

santé, 1.72m, 63kg, châtain, les yeux<br />

noisette, cherche sur le 75 ou le 78, un<br />

JH entre 30 et 45 ans, aimant le<br />

cinéma, théâtre, pour relation d’amitié<br />

ou plus. Contact au : 06.68.20.52.60.<br />

75 : Amar, H de 41 ans, 1.71m, dans le<br />

but de rompre ma solitude, cherche à<br />

rencontrer une F, entre 35 et 45 ans,<br />

pour établir dans un premier temps<br />

une relation amicale, puis si affinités,<br />

voire beaucoup plus. Mon portable :<br />

06.70.62.58.41.<br />

93 : Eva, 37 ans, africaine, 64kg,<br />

1.70m, belle, féminine, sérieuse et<br />

indépendante, mûre d’esprit avec un<br />

enfant, séropositive depuis deux ans,<br />

recherche H, son âge entre 35/50 ans,<br />

non fumeur si possible, sérieux,<br />

indépendant et sincère, pour<br />

reconstruire ensemble ce que le<br />

destin a brisé : un foyer. Contact :<br />

06.13.73.69.19.<br />

75 : Marc, H de 46 ans, 1.80m. Je<br />

recherche une petite colombe qui<br />

arrivera à m’ouvrir le cœur. Je suis<br />

sincère et souhaite vraiment établir<br />

une relation d’amitié voire d’amour<br />

avec la personne avec qui j’aurai des<br />

affinités. Un numéro : 01.42.41.11.79.<br />

77 : Boyé, H black, 42 ans, physique<br />

d’athlète, 1.82m, 85kg, séropositif,<br />

sans traitement, gentil et très<br />

sympathique, j’aime la nature et la<br />

musique “reggae”, je cherche une<br />

relation sérieuse avec une F, entre 30<br />

et 50 ans, pour partager de bons<br />

moments ensemble, voire plus si<br />

affinités. Contact après 20 heures si<br />

possible au : 01.64.37.03.50.<br />

91 : Rémy, 40 ans, 1.78m, 60kg, brun,<br />

yeux noisette, séropositif depuis 84,<br />

sensible, cherche JF entre 22 et 28<br />

ans, pour relation sérieuse si grande<br />

affinité. Contact au : 06.60.79.72.04.<br />

75 : Robert, H de 43 ans, bien dans sa<br />

tête, stable, recherche F, même profil.<br />

Ecrire par courriel à :<br />

toto75013@hotmail.com<br />

92 : Caroline, africaine de 38 ans,<br />

1.73m, 70kg, pas moche, élégante,<br />

douce, sentimentale, divorcée et<br />

séropositive, situation régulière, bien<br />

dans sa peau, recherche pour rompre<br />

sa solitude, un H, âgé de 40 à 50 ans,<br />

sincère et prêt à s’investir dans une<br />

relation durable basée sur les valeurs<br />

morales et profiter de la vie aussi<br />

longtemps que possible. Mon<br />

portable : 06.84.82.83.77.<br />

93 : Michel, 50 ans, séropositif, 1.67m,<br />

57kg, non-fumeur, sympathique, facile<br />

à vivre, situation stable, recherche fine<br />

compagne, âgée entre 35 et 45 ans,<br />

indépendante, pour relation durable.<br />

Mon téléphone : 01.43.60.69.40.<br />

75 : Fernande, séropositive,<br />

indépendante, la cinquantaine, désire<br />

rencontrer un H, entre 50 et 60 ans,<br />

non-fumeur si possible, sérieux,<br />

affectueux, pour une relation si<br />

affinités. Contact au : 06.76.76.05.68.<br />

93 : Mino, JF de 29 ans, 1.65m, 60kg,<br />

en bonne santé, désire rencontrer H<br />

entre 35 et 45 ans, pour relation<br />

sérieuse et plus si affinités. Contact<br />

au : 06.26.85.94.81.<br />

75 : Robert, H d’âge mûr, séropositif,<br />

non-fumeur, en bonne santé,<br />

beaucoup d’amour à donner, cherche<br />

F indépendante, pour partager des<br />

moments complices et sincères, dans<br />

relation stable et sérieuse. Téléphone :<br />

06.19.73.51.23.<br />

78 : Dominique, 38 ans, las de la<br />

solitude, souhaiterait relations<br />

amicales et durable avec F seule ou<br />

avec enfant. Si toi aussi la solitude te<br />

pèse, n’hésites pas à m’appeler au :<br />

0.627.421.387.<br />

95 : Bernard, 45 ans, ayant perdu son<br />

ami après 7 ans de vie commune,<br />

recherche un H de 20 à 45 ans, gentil,<br />

câlin, affectueux. Si tu es en région<br />

parisienne, la relation sera encore<br />

mieux, car nous sommes plus proche<br />

l’un de l’autre. Contact au :<br />

01.39.86.41.59.<br />

75 : Jacky, 51 ans, 1.71m, 66kg, yeux<br />

marron, brun aux cheveux courts,<br />

séropositif depuis 87, sous trithérapie<br />

et en bonne santé, cherche à rompre<br />

la solitude et souhaite rencontrer un<br />

garçon honnête entre 35 et 50 ans,<br />

non-fumeur si possible, pour établir<br />

une relation sérieuse et sincère, pour<br />

Comment passer une PA ?<br />

• Pour passer une annonce, envoyez à Remaides votre texte et vos<br />

coordonnées (nom, adresse, téléphone). L’annonce qui paraîtra indiquera<br />

uniquement le moyen que vous aurez choisi (téléphone, boîte postale, etc.)<br />

pour permettre aux lecteurs de vous répondre.<br />

• Les annonces publiées visent à rompre la solitude. Elles n’engagent que<br />

la responsabilité de leur auteur.<br />

• Nous ne publierons pas de demandes à caractère commercial ou<br />

discriminatoire ni de description de pratiques sexuelles.<br />

• Nous nous réservons le droit de raccourcir les textes un peu longs.<br />

• La reproduction de ces annonces est interdite.<br />

• Nous recevons de très nombreuses annonces et ne pouvons publier que les<br />

premières qui nous parviennent. Pour le prochain numéro, envoyez-nous<br />

votre texte avant la fin janvier.<br />

Remaides n’a aucun moyen de s’assurer de la bonne foi des personnes<br />

qui font paraître une annonce ou qui y répondent : nous invitons donc<br />

nos lecteurs à faire preuve de la prudence nécessaire lors de toute<br />

rencontre avec une personne inconnue.<br />

de bons moments de détente, balades<br />

à pied, en vélo, danse rétro à deux, et<br />

plus si affinités. 01.40.38.31.57.<br />

91 : Sylvia, JF africaine de 34 ans, nonfumeuse,<br />

3 enfants, indépendante,<br />

cherche relation suivie, stable voire vie<br />

commune avec H de 30 à 45 ans, bien<br />

dans sa tête, indépendant également,<br />

pour une belle histoire, car après tout,<br />

les projets à long terme sont encore<br />

réalisables. Contact à l’adresse :<br />

a.sandrine4@voilà.fr ou au<br />

téléphone : 06.77.89.23.88.<br />

93 : Bernard, 47 ans, 1.78m, 78kg,<br />

séropositif depuis 93, aimerait<br />

rencontrer son âme sœur dans une F<br />

âgée de 30 à 50 ans, pour relation<br />

durable. Tendresse, humour, partage<br />

et sincérité seront de la partie. Contact<br />

téléphone au : 01.48.22.07.37.<br />

75 : Philippe, 48 ans, 1.72m, 65kg,<br />

volontaire, presque sain de corps, en<br />

tout cas d’esprit, cherche son copain,<br />

doux, attachant, autonome et aimant<br />

la vie pour la partager. Mon portable :<br />

06.14.20.26.76.<br />

91 : Claude, H de 42 ans, d’origine<br />

africaine, séropositif depuis 4 ans,<br />

80kg, en bonne santé, pour amitié et<br />

voire plus si affinités, cherche F, âgée<br />

entre 25 et 38 ans. Deux fois plus de<br />

chance de me contacter au :<br />

01.69.05.76.52. ou au : 06.13.25.18.42.<br />

92 : Pierre, 56 ans, divorcé, sportif et<br />

musclé, en bonne forme, tendre,<br />

cultivé, aimant sortir et voyager,<br />

souhaite vivement rencontrer JF ou F,<br />

si possible plutôt mince, séropositive<br />

ou non, pour tout partager et ce le<br />

plus longtemps possible. Contact par<br />

courriel à : bopierrot@free.fr<br />

75 : Ach, parisien de 36 ans, doux,<br />

sensible, sentimental, recherche une F<br />

sincère, pour partager ensemble le<br />

Vos annonces<br />

plaisir d’être deux et d’établir une<br />

relation amoureuse durable. Contact<br />

par courriel à : ach75@free.fr ou par<br />

téléphone au : 06.19.84.12.10.<br />

91 : J., H quarante ans, gentil, hors<br />

milieu, grand, mince, cherche mon<br />

ami dans la région parisienne et<br />

limitrophe du 91. Jeune ou d’âge mûr,<br />

séropositif, calme et naturel. Comme<br />

moi, solitaire, on pourra s’entraider<br />

moralement et on pourra échanger<br />

bien-être et confiance pour se sentir<br />

mieux. A vos claviers pour écrire par<br />

courriel à : eurowision@yahoo.fr<br />

94 : Clara, JF africaine, 27 ans,<br />

séropositive depuis un an, sans<br />

traitement, 1.68m, 68kg, cherche H<br />

entre 35 et 50 ans, pour relation<br />

sérieuse et voire plus si affinités. Mon<br />

portable : 06.25.26.02.46.<br />

95 : Rachid, 40 ans, fumeur, désire<br />

élargir mes relations au-delà de mon<br />

cercle familial. Je désire correspondre<br />

avec F ou H aimant la vie, la nature,<br />

les enfants. Je suis d’une grande<br />

sensibilité et je suis surtout très timide.<br />

J’attends avec impatience vos appels<br />

ou vos courriers ; pour cela :<br />

06.13.01.38.49. ou R. Rahmani, 3 allée<br />

Elsa Triollet, 95100 Argenteuil.<br />

78 : Rosa, JF africaine, 45 ans, 1.72m,<br />

72kg, mère de famille, simple et<br />

gentille, aimant les voyages, la lecture<br />

et le cinéma, souhaite rencontrer H de<br />

45 à 60 ans, ayant les mêmes goûts<br />

que moi. Contact au : 06.66.94.77.49.<br />

31<br />

PA<br />

remaides 54 - décembre 2004


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Numéro 54 : décembre 2004 - CPPAP 1207 H 82735 - Photo : Stéphane Blot

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