COURS DE LITTÉRATURE FRANÇAISE, III - World eBook Library

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de l'illusion bienveillante, de I'csprit de libertc qui caracterisent
Filangieri, d'abord gentilhomme de la chambre
du roi, pendant qu'il faisait son ouvragc, ct ministre ,
pour l'avoir fait. Vous direz : Conlmcnt est-il possible
qu' en 1780 de pareiIs ouvrages, qui auraient paru singulierement
hardis a la cour de France, alors si tolerante ,
devinssent un moyen de credit ct d'elcvation dans Ie
royaume de Naples?
Messieurs, Ie probleme s' explique nat.urcllcmcnt par
une chose qui est nee du pouvoir absolu menIe , Ie prodigieux
enthousiasme qui dans Ie XVIll e siccle, s'attachait
a la Ii tterature.
Louis XIV avait supprinlc tons les pouvoirs politiques ;
il avait annule Ie parlcnlcnt, si respectable par son courage
, par son zele pour les anciennes traditions, les anciennes
libertes du royalllne. II avait nivele In noblesse,
il avait fait descendre les plus hautains seigneurs au service
de sa personne. Mais sans Ie savoir, ou du moins
sans Ie vouloir, il avait cree aupres de lui, par sa faveur,
une puissance qui devait bientot grandir, remplacer
tontes les autres ou les faire renaitre : c' etait la puissance
des lettres.
Cette puissance ne prit pas d'abord Ie caractere qll' elle
eut plus tard ; elle se Inontra hardie par Ie genie, timide
par les objets ou s'appliquait ce genie. Elle fut d'abord
puissance d'abstraction appuyee sur Ia foi ct sur une
philosophie toute speculative, ou puissance d'imagination
realisee et satisfaite par les merveilles ingenieuses
des arts et de la poesie. Mais ensuite, quand la premiere
moisson fut faite, quand il fallut, a l'actil'ite des esprits
eveillcs par la noble jouissance des arts, un autre exercice
ou plutOt Ie mame exercice etendu a d'autres objets.