COURS DE LITTÉRATURE FRANÇAISE, III - World eBook Library

1U DIX-BUITIDo StELl. 341
Iphyctone, int.erprete et ministre des dieux,
Qui se montra 8UX mortels, et s'ecbappe it leurs yeux.
Ainsi voila une espece de magicienne du grand monde,
qui s'appeUe du beau nom d'Iphyctone, qu'on ne voit
pas, qu'on n'entend pas, qui n'a rien de cette sorcellerie
sauvage et populaire etalee par Shakspeare , et qui certes
ne fera pas plus de peur a la societe polie du XVIII- siecle,
ql1'eUe n'en eut fait aux imaginations grossicres du XVIt'.
C'est un personnage sans date, sans realite dans l'imagination.
Ducis, cependant, ctait obsede de ces fantltmes du'
genie de Shakspeare, qu'i1 n'osait pas reproduire, ct
qu'il ne savait comment rendrc supportablcs a In. dcIic8tesse
moderne; il en prend ce qu'il peut, et Ie place
dans un sooge.
Cette forme est bien usee; mais Ie recit de ce sooge
est energique :
« Hxist.ez-vous' leur dis-je,
Ou bien ne m'offrez-vous qu'un effrayant prestige? »
Par des mots inconnus, ces etres monstrueux
S'appelaient tour a tour, 8'applaudissaient entre eux.
S'approcbaieot, me montraient avec un ris farouche:
Leur doigt mysterieux se posait sur leur bouche.
Ce sont lil de beaux traits, ce sont des intentions poetiques
fortement rendues; mais ce n'est plus la vie et la
terreur "de la scene originale.
Continuons; car e'est une maniere de juger a la fois
Shakspeare et I'esprit litteraire du XVlll e siecle. On a dit
que, dans In sauvage irregularite de ses pieces, tout est
. jete a l'aventure, qu'aucune vue de I'art ne determine Ja
place d'une scene, que rien n'est prepare. Sans doute la