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Le Missel du Concile de Trente (1570-1962) et celui du Concile

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<strong>Le</strong> <strong>Missel</strong> <strong>du</strong> <strong>Concile</strong> <strong>de</strong> <strong>Trente</strong> (<strong>1570</strong>-<strong>1962</strong>) <strong>et</strong> <strong>celui</strong> <strong>du</strong> <strong>Concile</strong> Vatican Il (1970-2002)<br />

Dans les discussions actuelles, on suppose parfois que les particularités <strong>du</strong> <strong>Missel</strong><br />

promulgué à la suite <strong>du</strong> IIe <strong>Concile</strong> <strong>du</strong> Vatican tiendraient à <strong>de</strong>ux éléments : la langue vivante, <strong>et</strong> la<br />

célébration "face au peuple". En, fait, le nouveau <strong>Missel</strong> a été si bien reçu par la plupart <strong>de</strong>s<br />

catholiques qu'ils n'ont même plus le souvenir <strong>de</strong> ce qu'était l'ancien ! Il paraît donc utile, pour la<br />

clarté <strong>du</strong> débat, <strong>de</strong> faire apparaître les différences entre les <strong>de</strong>ux <strong>Missel</strong>s ; cela perm<strong>et</strong>tra à chacun<br />

<strong>de</strong> se forger un jugement mieux fondé.<br />

Précisons d'abord <strong>de</strong> quoi l'on parle. Comme le <strong>de</strong>rnier <strong>Concile</strong>, <strong>celui</strong> <strong>de</strong> <strong>Trente</strong> a promulgué lui<br />

aussi une réforme liturgique, elle a abouti, en ce qui concerne l'Eucharistie, au <strong>Missel</strong> édicté en<br />

<strong>1570</strong> par saint Pie V. Il a connu <strong>de</strong> très nombreuses rééditions, avec quelques aménagements<br />

(comme les réformes <strong>de</strong> la Semaine sainte, en 1951 <strong>et</strong> 1955) ; sa <strong>de</strong>rnière édition date <strong>de</strong> <strong>1962</strong>, ce<br />

qui explique qu'on l'attribue parfois au pape Jean XXIII .<br />

<strong>Le</strong> <strong>Missel</strong> <strong>du</strong> concile Vatican Il, pour sa part, a été publié en 1970 ; il a connu une révision, légère<br />

en 1975, une plus importante en 2002. On peut donc parler <strong>du</strong> <strong>Missel</strong> <strong>de</strong> <strong>Trente</strong>, <strong>celui</strong> <strong>de</strong> <strong>1570</strong> ou <strong>de</strong><br />

<strong>1962</strong>, <strong>et</strong> d'autre part <strong>du</strong> <strong>Missel</strong> <strong>de</strong> Vatican II, <strong>de</strong> 1970 ou <strong>de</strong> 2002.<br />

Soulignons d'emblée la différence essentielle entre les <strong>de</strong>ux Livres. <strong>Le</strong> <strong>Missel</strong> <strong>de</strong> <strong>Trente</strong> prévoit la<br />

manière dont le prêtre doit dire sa messe ; <strong>celui</strong> <strong>de</strong> Vatican II, pour sa part, commence par ces mots :<br />

"Lorsque le peuple est rassemblé …". L'un est le livre <strong>du</strong> prêtre, l'autre souhaite que la communauté<br />

chrétienne puisse entrer au mieux dans la prière <strong>de</strong> l'Église pour la gloire <strong>de</strong> Dieu <strong>et</strong> sa propre<br />

édification. C'est la base <strong>de</strong> la participation active, souhaitée par le <strong>Concile</strong> pour que les chrétiens<br />

puissent entrer plus profondément dans les mystères célébrés (Constitution sur liturgie, n° 14).<br />

Dans la comparaison <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>Missel</strong>s, on r<strong>et</strong>iendra cinq aspects : la manière dont la messe se<br />

déroule, les prières, les lectures bibliques, les langues <strong>et</strong> le calendrier. On m<strong>et</strong>tra surtout en relief<br />

l'intérêt <strong>de</strong>s éléments nouveaux que comporte le <strong>Missel</strong> actuel.<br />

1. <strong>Le</strong> déroulement <strong>de</strong> la messe<br />

La position <strong>du</strong> prêtre à autel<br />

Contrairement à ce que pensent <strong>de</strong> nombreux catholiques, les règles liturgiques actuelles n'imposent<br />

pas la célébration que l'on nomme le plus souvent " face au peuple". La Présentation Générale <strong>du</strong><br />

<strong>Missel</strong> Romain, qui régule la célébration <strong>de</strong> la messe, s'exprime ainsi :<br />

« En toute église, il y aura normalement un autel fixe, symbole clair <strong>et</strong> permanent <strong>du</strong> Christ,<br />

qui est "la pierre angulaire" (I Pierre 2, 4 ; Eph 2, 20) ...<br />

« L'autel principal sera élevé à une distance <strong>du</strong> mur qui perm<strong>et</strong>te d'en faire aisément le tour<br />

<strong>et</strong> d'y célébrer en se tournant vers le peuple, ce qu'il convient <strong>de</strong> faire partout où c'est<br />

possible » (Édition <strong>de</strong> 2002, n° 298-299).<br />

<strong>Le</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> célébration, est donc, recommandé, mais non imposé. En fait, <strong>de</strong>puis les années 60, les<br />

recherches à ce propos se sont beaucoup affinées ; on a mieux saisi que certaines actions, comme<br />

les lectures, exigeaient <strong>de</strong> par leur nature même d'être adressées à l'assemblée ; d'autres au contraire,<br />

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comme les prières, se comprennent mieux si toute l'assemblée est tournée vers l'autel <strong>et</strong> la croix. I1<br />

s'agit <strong>du</strong> sens même <strong>de</strong> l'action posée.<br />

Mais l'autel n'est plus le seul pôle <strong>du</strong> sanctuaire ; ce <strong>de</strong>rnier comporte aussi l'ambon ou lieu <strong>de</strong> la<br />

proclamation <strong>de</strong> la Parole, ainsi que le siège <strong>du</strong> prêtre, lieu <strong>de</strong> la prési<strong>de</strong>nce. Signe <strong>de</strong> sa nouveauté,<br />

c<strong>et</strong>te modification est loin, d'avoir été intégrée en <strong>de</strong> nombreux endroits, où l'autel est transformé en<br />

tribune, faute d'utiliser le lieu <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>nce, <strong>et</strong> l'ambon en pupitre d'animation <strong>de</strong>s chants...<br />

<strong>Le</strong> geste <strong>de</strong> paix<br />

C'est un rite antique : "Saluez-vous les uns les autres d'un saint baiser", lit-on notamment en Rm 16,<br />

16. Il a été conservé en Orient <strong>et</strong> la réforme liturgique post-conciliaire a voulu le rem<strong>et</strong>tre à<br />

l'honneur. Car, s'il existait dans l'ancien rite romain, l'usage <strong>de</strong> donner la paix aux fidèles s'était peu<br />

à peu per<strong>du</strong>, vers le XVI e siècle . Malgré certains excès parfois dans ce geste, qui cherche encore sa<br />

mise en œuvre la plus appropriée, on ne peut que se réjouir que les fidèles, réconciliés avec Dieu <strong>et</strong><br />

entre eux par le renouvellement <strong>du</strong> sacrifice <strong>du</strong> Christ, ayant chanté ensemble le Notre Père,<br />

puissent se donner la paix, fruit par excellence <strong>du</strong> Mystère Pascal <strong>et</strong> manière déjà <strong>de</strong> "communier",<br />

avant la réception <strong>du</strong> corps <strong>et</strong> <strong>du</strong> sang <strong>du</strong> Christ.<br />

La communion<br />

Beaucoup d'entre nous n'ont plus souvenir <strong>de</strong> la mauvaise habitu<strong>de</strong> prise par nos prédécesseurs, à<br />

partir <strong>du</strong> 5 e /6 e siècle, <strong>de</strong> ne communier que très rarement ; rappelons-nous qu'un "comman<strong>de</strong>ment<br />

<strong>de</strong> l'Église prescrivait <strong>de</strong> communier au moins à Pâques", indice que beaucoup ne communiaient<br />

jamais. C'est le pape saint Pie X qui, en 1905, souhaita que les catholiques puissent communier<br />

fréquemment.<br />

Pour sa part, le <strong>Missel</strong> actuel perm<strong>et</strong> <strong>et</strong> encourage la communion non seulement au corps mais aussi<br />

au sang <strong>du</strong> Christ, dans le but <strong>de</strong> mieux correspondre à ce que Jésus lui-même a fait <strong>et</strong> nous a<br />

<strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> faire à sa suite. Mais il faut reconnaître que l'on n'a pas encore suffisamment développé<br />

la mystique profon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'enivrement spirituel par la communion à la coupe.<br />

La concélébration<br />

<strong>Le</strong>s Pères <strong>du</strong> 2 e <strong>Concile</strong> <strong>du</strong> Vatican ont souhaité que soit restaurée la concélébration, c'est-à-dire la<br />

manière d'affirmer, par la présence <strong>de</strong> plusieurs prêtres, qu'il n'y a qu'une Eucharistie, celle qui fait<br />

l'unité <strong>de</strong> l'Église (Constitution sur la liturgie, n° 57-58). Lorsque les prêtres concélèbrent avec leur<br />

évêque, on se trouve en présence d'un symbole fort <strong>de</strong> l'Église réunie par le Christ <strong>et</strong> priant dans<br />

l'Esprit.<br />

La prière universelle<br />

Elle aussi fut restaurée par le <strong>de</strong>rnier <strong>Concile</strong> (i<strong>de</strong>m, n° 53). Beaucoup <strong>de</strong> chrétiens en ont goûté les<br />

fruits, même si l'on ressent bien l'effort à faire auiourd'hui, ici comme ailleurs, pour ne pas tomber<br />

dans la routine.<br />

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2. <strong>Le</strong>s prières<br />

On songe moins, habituellement, à l'enrichissement qu'a connu le <strong>Missel</strong>, entre <strong>1962</strong> <strong>et</strong> 1970, en ce<br />

qui concerne les textes <strong>de</strong> prière. Qui pourrait penser que c'est là chose indifférente ?<br />

<strong>Le</strong> travail le plus important a concerné la prière eucharistique ; on la nommait autrefois "canon <strong>de</strong> la<br />

messe »," car le <strong>Missel</strong> <strong>de</strong> <strong>Trente</strong> ne connaissait qu'une prière eucharistique, "canonisée" dès lors<br />

dans l'expression canon romain. <strong>Le</strong> <strong>Missel</strong> actuel a conservé ce <strong>de</strong>rnier, mais y a joint neuf autres<br />

prières ; certaines sont <strong>de</strong>s adaptations <strong>de</strong> prières anciennes, d'autres sont <strong>de</strong>s créations nouvelles.<br />

C<strong>et</strong>te diversité perm<strong>et</strong> d'adapter la prière aux circonstances en lesquelles se fait la célébration, on ne<br />

prie pas exactement avec les mêmes mots le jour <strong>de</strong> Pâques <strong>et</strong> lors <strong>de</strong> funérailles.<br />

La nouveauté la plus importante <strong>de</strong> la prière eucharistique, outre le nombre <strong>de</strong> textes, est<br />

l'invocation <strong>de</strong> l'Esprit-Saint qu'elle intègre désormais. <strong>Le</strong> canon romain ne nomme pas le Saint<br />

Esprit, sinon dans sa finale ; ceci a été ressenti comme une lacune, d'autant plus que les chrétiens<br />

d'Orient accor<strong>de</strong>nt à c<strong>et</strong>te invocation une très gran<strong>de</strong> importance. <strong>Le</strong>s prières actuelles <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<br />

donc à Dieu d'envoyer l'Esprit <strong>de</strong> saint<strong>et</strong>é pour qu'il sanctifie à la fois les dons, afin qu'ils<br />

<strong>de</strong>viennent corps <strong>et</strong> sang <strong>du</strong> Christ, <strong>et</strong> les fidèles, afin qu'ils soient sanctifiés par la communion aux<br />

saints dons. Il y a là un très grand enrichissement théologique, salué par les chrétiens d'Orient,<br />

même si les Occi<strong>de</strong>ntaux n'en ont pas encore tous goûté la profon<strong>de</strong>ur. Ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

sanctification impriment aussi un dynamisme à la prière ; une fois qu'on y est ren<strong>du</strong> attentif, on<br />

participe mieux au mouvement <strong>de</strong> l'Eucharistie.<br />

Il faut encore noter la variété beaucoup plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong>s préfaces ; le <strong>Missel</strong> actuel en compte 98,<br />

contre 15 dans le <strong>Missel</strong> <strong>de</strong> <strong>1962</strong> ; elles perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> louer Dieu d'une manière correspondant<br />

mieux au mystère célébré.<br />

L'enrichissement concerne aussi, bien sûr, les oraisons, c'est-à-dire les prières d'ouverture, celles sur<br />

les dons <strong>et</strong> après la communion. Elles ont fait l'obj<strong>et</strong> d'un travail important, <strong>de</strong> manière à r<strong>et</strong>enir, <strong>de</strong><br />

l'ensemble <strong>de</strong>s textes existant dans la tradition <strong>de</strong> l'Occi<strong>de</strong>nt, les textes les plus riches pour la prière<br />

<strong>de</strong>s chrétiens d'aujourd'hui, <strong>et</strong> à en créer quelques autres. Pour ne prendre qu'un exemple, citons la<br />

prière après la communion <strong>du</strong> 27 e dimanche ordinaire :<br />

« Accor<strong>de</strong>-nous, Seigneur, <strong>de</strong> trouver dans c<strong>et</strong>te communion notre force <strong>et</strong> notre joie ; afin<br />

que nous puissions <strong>de</strong>venir ce que nous sommes : le Corps <strong>du</strong> Christ. »<br />

Parmi les nouveaux textes, il faut encore remarquer ceux <strong>de</strong> la Présentation <strong>de</strong>s dons, anciennement<br />

appelé Offertoire. Ce sont <strong>de</strong>ux "bénédictions", au sens biblique <strong>du</strong> terme, c'est-à-dire <strong>de</strong>s prières<br />

qui bénissent Dieu. <strong>Le</strong>s formulaires <strong>du</strong> <strong>Missel</strong> actuel sont inspirés par la prière juive :<br />

« Tu es béni, Dieu <strong>de</strong> l'univers, toi qui nous donnes ce pain ..., ce vin... »<br />

3. La lecture <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu<br />

Un progrès énorme a été réalisé en ce domaine. <strong>Le</strong> <strong>Missel</strong> <strong>de</strong> <strong>1962</strong> correspond à ce que les<br />

spécialistes appellent un "missel plénier" : il rassemble en un volume tous les éléments nécessaires<br />

à la célébration <strong>de</strong> la messe par le seul prêtre ; il comporte, pour chaque messe, <strong>de</strong>ux lectures,<br />

appelées épître <strong>et</strong> évangile. <strong>Le</strong> <strong>Missel</strong> actuel, quant à lui, ne contient plus les lectures, <strong>et</strong> pour<br />

causes. La première est que leur choix a été multiplié par trois, pour les seuls dimanches. Jugez-en :<br />

l'ancien <strong>Missel</strong> a <strong>de</strong>ux lectures pour les 52 dimanches <strong>de</strong> l'année. <strong>Le</strong> nouveau, pour sa part, a établi<br />

un cycle <strong>de</strong> trois ans pour les lectures <strong>du</strong> dimanche ; comme trois lectures sont proposées chaque<br />

dimanche, le total s'élève a 468 lectures. Sans compter la semaine, qui obéit à <strong>de</strong>s règles plus<br />

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complexes. <strong>Le</strong>s catholiques d'aujourd'hui enten<strong>de</strong>nt donc la Parole <strong>de</strong> Dieu <strong>de</strong> manière beaucoup<br />

plus diversifiée qu'autrefois ; manifestement, le renouveau biblique est passé par là, <strong>et</strong> la volonté <strong>du</strong><br />

<strong>Concile</strong> qui a <strong>de</strong>mandé que "on lise au peuple la partie la plus importante <strong>de</strong>s Saintes Écritures"<br />

(Constitution sur la liturgie, n° 51). Aussi a-t-on rassemblé les lectures en un autre livre que le<br />

<strong>Missel</strong> : le <strong>Le</strong>ctionnaire, livre <strong>du</strong> lecteur ; la mise en relief <strong>de</strong> ce ministère, qui est inauguré par une<br />

"institution" <strong>et</strong> utilise un livre qui lui est spécifique, est la secon<strong>de</strong> raison <strong>de</strong> distinguer le livre <strong>du</strong><br />

prêtre <strong>et</strong> <strong>celui</strong> <strong>du</strong> lecteur.<br />

Notons que l'ancien <strong>Missel</strong> ne prévoyait ni sermon ni homélie ; conformément au vœu <strong>du</strong> <strong>Concile</strong><br />

qui la « recomman<strong>de</strong> fortement, comme faisant partie <strong>de</strong> la liturgie elle-même » (i<strong>de</strong>m, n° 52 ), le<br />

<strong>Missel</strong> actuel propose l'homélie tous les jours, <strong>et</strong> l'impose le seul dimanche.<br />

4. <strong>Le</strong>s langues<br />

<strong>Le</strong>s modifications intro<strong>du</strong>ites pour les prières <strong>et</strong> l'importance accordée à la proclamation <strong>de</strong> la<br />

Parole <strong>de</strong> Dieu font comprendre que les Pères <strong>du</strong> II e <strong>Concile</strong> <strong>du</strong> Vatican aient ouvert la porte aux<br />

langues vivantes (Constitution sur la liturgie, 36,2).<br />

On peut difficilement souhaiter que les chrétiens enten<strong>de</strong>nt la Parole <strong>et</strong> s'unissent à la prière <strong>de</strong><br />

l'Église si elles sont énoncées en une langue qui leur est étrangère. Il n'y a pas là acte sacrilège ;<br />

l'Église ancienne est passée <strong>du</strong> grec au latin, en Occi<strong>de</strong>nt, au cours <strong>du</strong> 4 e siècle, <strong>et</strong> les Églises<br />

orientales, si elles aiment cultiver leurs langues anciennes, n'éprouvent aucune difficulté à célébrer<br />

aujourd'hui en arabe, pour plusieurs d'entre elles. Quelles que soient les époques, les mêmes causes<br />

engendrent les mêmes eff<strong>et</strong>s. Il faut donc se réjouir <strong>de</strong> ce que, lors <strong>de</strong>s célébrations, les Japonais<br />

puissent aujourd'hui écouter la Parole <strong>de</strong> Dieu en leur langue, <strong>de</strong> même que les Boliviens ou les<br />

Congolais.<br />

Selon la législation actuelle, le latin reste la langue liturgique officielle tous les livres sont publiés<br />

d'abord à Rome en c<strong>et</strong>te langue, <strong>et</strong> sont ensuite tra<strong>du</strong>its en <strong>de</strong> très nombreuses langues.<br />

5.<strong>Le</strong> calendrier<br />

On ne peut oublier, dans ce panorama, qu'un <strong>Missel</strong> est bâti sur un calendrier. Calendrier <strong>de</strong>s<br />

dimanches <strong>et</strong> fêtes, selon le cycle liturgique ; calendrier <strong>de</strong>s semaines, en fonction <strong>de</strong>s fêtes <strong>de</strong><br />

saints.<br />

<strong>Le</strong>s calendriers sur lesquels se fon<strong>de</strong>nt les <strong>de</strong>ux <strong>Missel</strong>s ne sont pas les mêmes. C'est surtout pour la<br />

semaine que les changements sont importants. Vu l'universalité <strong>de</strong> l'Église, le 2 e <strong>Concile</strong> <strong>du</strong> Vatican<br />

a en eff<strong>et</strong> tenu à rendre le calendrier moins strictement européen ; on a donc mis en relief les saints<br />

importants pour la vie <strong>de</strong> l'Église entière, <strong>et</strong> l'on a fait place à <strong>de</strong>s saints d'autres continents. <strong>Le</strong><br />

calendrier <strong>de</strong> 1970 supprime la fête <strong>de</strong> certains saints peu connus, commue Audifax le 19 janvier ou<br />

Épimaque le 10 mai ; il établit par ailleurs une fête <strong>du</strong> Coréen André Kim, le 20 septembre, <strong>et</strong> <strong>du</strong><br />

Polonais Maximilien Kolbe, le 14 août ; l'édition <strong>de</strong> 2002 fait place à Édith Stein, <strong>de</strong>venue sainte<br />

Thérèse Bénédicte <strong>de</strong> la Croix, le 9 août. On a parfois modifié la date <strong>de</strong> la fête d'un saint, par<br />

exemple saint Benoît, passé <strong>du</strong> 21 mars au 11 juill<strong>et</strong>, ou saint Irénée, <strong>du</strong> 3 juill<strong>et</strong> au 28 juin, en<br />

fonction <strong>du</strong> progrès <strong>de</strong>s sciences historiques.<br />

<strong>Le</strong> résultat est que, pour la semaine surtout, les calendriers <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>Missel</strong>s ne sont pas les mêmes.<br />

<strong>Le</strong>ur utilisation conjointe, en un même lieu, entraînerait bien <strong>de</strong>s difficultés.<br />

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Conclusion<br />

<strong>Le</strong> lecteur l'aura compris : ces <strong>Missel</strong>s, s'ils portent le même nom, ne sont pas i<strong>de</strong>ntiques. Il est<br />

difficile <strong>de</strong> nier l'enrichissement dont a bénéficié le <strong>Missel</strong> actuel. On pense principalement aux<br />

lectures <strong>et</strong> aux prières eucharistiques, les premières nous rapprochent <strong>de</strong>s chrétiens <strong>de</strong> la Réforme <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> leur respect à l'égard <strong>de</strong> la Parole <strong>de</strong> Dieu, les secon<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ceux d'Orient <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur vénération<br />

pour le Saint-Esprit. Sans oublier les bénédictions <strong>de</strong> la présentation <strong>de</strong>s dons, qui plongent leurs<br />

racines dans la prière juive. <strong>Le</strong> <strong>Missel</strong> actuel est donc porté par un souci œcuménique <strong>et</strong><br />

interreligieux. <strong>Le</strong> négliger risque donc d'être perçu comme une injure par les chrétiens d'autres<br />

confessions <strong>et</strong> par les Juifs.<br />

La conclusion s'impose. Ces <strong>de</strong>ux <strong>Missel</strong>s ne sont pas i<strong>de</strong>ntiques ; cinq siècles <strong>de</strong> travail<br />

théologique <strong>et</strong> liturgique, sanctionnés par un concile œcuménique, les distinguent.<br />

Paul De Clerck<br />

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