MANUEL GÉNÉRAL DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP
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77° Année.-8" Série -Tome XLyi. N» 19 22 Janvier 1910.<br />
<strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong><br />
<strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
JOURNAL HEBDOMADAIRE<br />
<strong>DE</strong>S INSTITUTEURS ET <strong>DE</strong>S INSTITUTRICES<br />
On s'abonne à Paris, chez MM. Hachette et C", Prix de l'abonnement :<br />
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- SOMMAIRE •-<br />
ÉDUCATION f La neutralité scolaire (p. 217). 0 0 0 0 0 0 0 <strong>DE</strong>NYS COCH1N.<br />
s, Tj\rcprr>juupMT \ L'esprit de justice dans l'enseignement de i histoire a<br />
a iUNbUitjiNJiMfciN i ^ l'école primaire [suite] (p. 220). 0 0 0 0 0 0 0 0 H. BRUN.<br />
T "d?/"* TCT A TTr"\XT 1<br />
&ADMINISTRATION I plaidoyer pour les veufs (p. 222). 0 0 0 0 0 0 ANDRÉ BALZ.<br />
CORPORATIF | Les délégués cantonaux (p. 223). 0 0 0 0 0 0 0 LE LECTEUR.<br />
VARIÉTÉS : La vie intérieure (p. 224). 0 0 0 0 0 DOCTEUR TOULOUSE.<br />
OPINIONS <strong>DE</strong> NOS ( Pour défendre l'enseignement privé (p. 226). 0 0 0 LAVADOUX.<br />
LECTEURS ( Pour les adjoints des villes (p. 227). 0 0 0 0 0 0 0 MARTIN.<br />
Revue de la Presse. Actes officiels. Annonces. 0 0 0 0 0 0 0 . 0 0 0 0 0 0 o<br />
— — = ÉDUCATION ET ENSEIGNEMENT = = — =<br />
LA NEUTRALITÉ SCOLAIRE 1<br />
Opinion de M. <strong>DE</strong>NYS COCHIN<br />
Député de Paris.<br />
A M. F. BUISSON<br />
Député de Paris.<br />
MON CHER COLLÈGUE,<br />
J'ai accepté volontiers votre invitation, sachant<br />
bien que vous me donniez fort loyalement<br />
la liberté de tout dire.<br />
L'école peut-elle être neutre ? L'instituteur<br />
peut-il rester étranger à toute tendance politique<br />
ou philosophique ainsi que doit l'être, au moins<br />
dans-le service, un receveur de l'enregistrement?<br />
C'est ce qu'on nous a promis. E t Raymond<br />
Poincaré pitait à ce sujet dans votre journal<br />
de belles paroles de Jules Ferry : « Supposez,<br />
disait cet homme. d'Etat à l'instituteur,' que<br />
tous les pères de vos élèves vous entendent, et<br />
s'il vous vient à l'esprit une pensée qui puisse<br />
choquer un seul d'entre eux, taisez-vous. »<br />
Il faudrait se taire souvent.<br />
Une pareille réserve peut-elle être exigée d'un<br />
maître ? La neutralité à l'école est-elle possible ?<br />
Est-elle concevable ? Je dirai un peu plus loin<br />
mon sentiment sur cette question. Mais ce que<br />
je puis établir d'abord, mon -cher collègue, et<br />
établir d'après vous-même, c'est que chez nous,,<br />
en ce moment, cette neutralité n'existe pas en<br />
1. Voir dans lca numéros M ot 15, dos 18 ot 25 décombre<br />
1909, los uni clos do MM. Raymond Poincaré otCharlosDupuy.<br />
Partie générale.<br />
général, et n'est point encouragée. Votre récent<br />
article de' la Grande Revue, « l'Instituteur et la<br />
République, » ne laisse aucun doute à cet égard.<br />
I<br />
L'instituteur laïque, dites-vous en effet (p. 26),<br />
qu'il le veuille ou non, est, par destination et par<br />
fonction, placé en bataille, non contre le curé,<br />
mais, ce qui est tout autre chose, contre l'Eglise.<br />
Et voici déjà, malgré une distinction subtile,<br />
la neutralité abolie. Bataille et neutralité sont<br />
incompatibles.<br />
« Vous ne voulez pas (p. 27) simplement rayer<br />
du programme l'instruction morale et religieuse.<br />
Ce serait abdiquer. Vous voulez la remplacer,<br />
et ne point enseigner seulement l'orthographe et<br />
la grammaire. Vous voulez « laïciser non seulement<br />
l'école, mais la morale enseignée à l'école. »<br />
Chemin faisant, il est vrai (p. 28), vous affirmez<br />
contre des défenseurs de l'Eglise que<br />
votre entreprise ne doit ni conduire ni tendre à<br />
déchristianiser la France. Vous repoussez cette<br />
accusation, ce que je ne comprends plus. Car<br />
«la nation, dites-^vous (p. 29), a le droit d'enseigner<br />
sa morale à la place de la morale de<br />
l'Eglise, — à une condition : c'est d'en avoir<br />
une à enseigner. » N'est-ce pas détruire et remplacer?<br />
Maintenant, que sera cette morale ? Vous<br />
N° 19.
218 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> L' INSTRUCTION <strong>PRIMAIRE</strong><br />
£.. . .<br />
nous apprenez surtout ce qu'elle ne sera pas.<br />
Elle pourrait rester simplement chrétienne, en<br />
se dégageant du dogme et du culte : ceci,<br />
Ferry ne l'a pas voulu et vous ne le voulez pas<br />
davantage. Ce fut, suivant vous, un contresens<br />
de voir en lui un protestant. Guidé par lui, « l'instituteur<br />
français n'a cru pouvoir accueillir ni<br />
le christianisme libéral le plus dégagé du surnaturel,<br />
ni la religion à la Channing, ni le noble<br />
idéalisme à peine nuancé d'aspirations mystiques<br />
de notre Union pour l'action morale ou<br />
des sociétés éthiques d'outre-mer.:. Il a pensé,<br />
avec Renan, qu'en France tout réveil religieux<br />
profiterait au catholicisme. »<br />
Voilà le danger. Vous continuez, mon cher collègue,<br />
avec une rare franchise, l'énumération des<br />
doctrines et des noms qui vous effraient. Vous<br />
ne voulez pas, « à défaut de la morale évangélique,<br />
du spiritualisme philosophique tel que depuis<br />
un demi-siècle la Sorbonne l'avait enseigné.»<br />
Et les noms de Jouffroy, de Cousin, de Saisset,<br />
de Jules Simon, de Paul Janet, cités par vous,<br />
ne sont point assez laïques pour votre goût.<br />
Vous n'acceptez pas davantage, pour y chercher<br />
un fondement à votre morale nouvelle, l'œuvre<br />
de Kant ni celle de Renouvier. E t enfin vous<br />
reniez même la foi nuageuse du Vicaire savoyard.<br />
Ainsi la morale chrétienne ne sera pas enseignée<br />
à l'école ; et ne le seront pas davantage les<br />
doctrines soupçonnées d'avoir reçu de près ou<br />
de loin ses inspirations, ou de pouvoir provoquer<br />
vers elle un retour. 'Même celle de Kant,<br />
même celle de Rousseau. Qu'appelez-vous donc<br />
déchristianiser, et pourquoi êtes-vous choqué<br />
de ce mot barbare ?<br />
Et quelle est enfin votre doctrine, la doctrine<br />
laïque? Jules Ferry disait : « Prenez simplement<br />
la vieille morale de nos pères. » Le renseignement<br />
' est insuffisant, car c'était la morale chrétienne,<br />
ou bien ce n'était rien. Il est étonnant<br />
qu'une pareille définition satisfasse des hommes<br />
si inquiets d'apporter des idées nouvelles, et<br />
portés à décerner le titre d'inventeur de la<br />
morale laïque à M. Léon Bourgeois. Je lis bien<br />
que Ferry avait reçu une forte préparation positiviste<br />
; en même temps vous vous réclamez<br />
de M. Bergson et de l'élan vital... Comte et<br />
Bergson : étrange rapprochement ! et qui n'apporte<br />
dans nos idées sur la morale nouvelle<br />
aucune précision.<br />
Je continue donc à voir très bien ce que la<br />
doctrine n'est pas, et, suivant vous, ne. doit pas<br />
être. Je ne vois pas très clairement ce qu'elle<br />
sera, et encore moins dans quelle voie vous<br />
poussez les générations nouvelles.<br />
A défaut de la doctrine, une chose apparaît<br />
en toute lumière: c'est l'organisation. Peu vous<br />
importent les formes de syndicat ou d'association.<br />
Dans les derniers congrès, les amicalistes<br />
et les syndicalistes, loin de se livrer les assauts<br />
attendus, ont conclu, paraît-il, un traité de paix.<br />
Et désormais vous nous annoncez un résultat<br />
acquis : « la cohésion, la solidarité, l'unité d'inspiration<br />
de l'immense majorité du personnel de<br />
l'enseignement primaire. » Vous nous annoncez<br />
plus encore : « Un grand corps est en voie d'organisation,<br />
sinon organisé... Il agira. Il aura sa<br />
doctrine, sa politique, son idéal et les servira<br />
avec esprit de suite... Ce sera... une petite république<br />
professionnelle... Elle aura, comme la<br />
grande, ses trois pouvoirs constitutionnels. Elle<br />
délibérera, jugera, administrera... »<br />
Ce sera donc, mon cher collègue, une nouvelle<br />
Eglise avec s'es conseils, ses tribunaux etses chefs.<br />
Une Église, dit M. Durkheim, est une réunion<br />
d'hommes acceptant des croyances obligatoires.<br />
Ce sera le cas, suivant vous, dans le corps des<br />
instituteurs ; car, pour ceux qui professeraient<br />
d'autres croyances que celles que vous indiquez,<br />
la carrière sera fermée, convenez-en, et la<br />
vie impossible.<br />
Voici donc une Eglise, sans religion, sans I<br />
philosophie ni morale bien définies, mais forte- I<br />
ment organisée pour régner dans les villages,<br />
et disposant sans réserve de la puissance et de<br />
l'argent de l'Etat : en un mot, une Eglise d'Etat.<br />
Et déjà vous me permettrez de relever chez<br />
elle les défauts que vous avez reprochés avec<br />
tant de persistance et d'exagération à la nôtre.<br />
Vous dénonciez, dirai-je aux pontifes de votre<br />
nouvelle Eglise, l'ingérence cléricale dans les<br />
affaires de l'Etat ou de la commune. Vous ordonniez<br />
au prêtre de ne point sortir delà sacristie.<br />
Vous ne conseillez pas cependant à l'instituteur<br />
de demeurer enfermé dans l'école. Tout au çon- j<br />
traire, vous l'invitez à se mêler sans cesse des I<br />
affaires publiques, ayant à remplir -un « grand I<br />
rôle dans l'évolution de la démocratie. » Le<br />
voilà lancé dans la politique.<br />
Vous accusiez notre orthodoxie d'intolérance<br />
et vous venez cependant de mettre à l'index<br />
Channing, Cousin, Simon, Renouvier, Kant et<br />
Rousseau. Je ne sais pas pourquoi vous faites<br />
grâce à Comte et à Bergson ; et je crois bien I<br />
que le premier eût considéré l'élan vital du I<br />
second comme une notion très peu positive. J<br />
Mais Dieu me garde de vouloir ajouter à la j<br />
liste de votre Index ! Cependant pourquoi n'y 1<br />
mettez-vous pas Voltaire ? Il était déiste, quel- |<br />
quefois.<br />
Au moins, me direz-vous, Jiotre intolérance<br />
est purement doctrinale. Pardonnez-moi. Vous<br />
savez faire appel au bras séculier . Vingt mille<br />
écoles ont été fermées pour vous faire place ;<br />
et l'interdiction d'enseigner sous peine d'amende<br />
et de prison a été prononcée contre les maîtres.<br />
Il paraît que la defense de l'école laïque exige<br />
encore de nouvelles interdictions.<br />
Qui parle cependant de ne pas respecter, et<br />
encourager l'école ? Personne au monde ; surtout<br />
s'il y avait beaucoup d'écoles diverses.<br />
Mais on veut l'unité. Point de schisme ! Proposer<br />
quelque progrès est une marque de mauvais<br />
esprit ; hasarder quelque critique est un<br />
blasphème ; essayer d'enseigner aussi bien mais<br />
ailleurs, l'orthographe et les quatre règles, est<br />
un complot. M. Doumergue prépare le châtiment,<br />
aux dépens du peu qui nous reste de la liberté<br />
d'enseignement. Ainsi périssent les sacrilèges-!<br />
Et tous vos journaux ne manquent pas d'ajouter<br />
qu'eux-mêmes se seront attiré cette peine.<br />
L'intolérance est poussée parfois jusqu'au<br />
fanatisme. M. le député Pozzi, si j'en crois<br />
les Débats du 11 janvier, a proposé, dans une.réunion<br />
tenue à Reims, de priver du droit civique .<br />
les pères de famille coupables d'avoir prétendu,<br />
en s'inquiétant de l'éducation qu'on donne à<br />
leurs enfants, exercer le droit paternel ! Il faudrait<br />
choisir, si la Chambre écoutait M. Pozzi,<br />
entre être père et être citoyen.<br />
Nous sommes ramenés à deux cent cinquante<br />
ans en arrière, et la révocation de l'édit de<br />
Nantes, ne contenant pas davantage, aurait pu<br />
être contresignée par M. Pozzi.<br />
r
I<br />
Laissez-moi encore, mon cher collègue, avant<br />
d'émettre une opinion sur la neutralité, soumettre<br />
à vos lecteurs quelques observations<br />
au sujet de la vaste organisation enseignante<br />
dont votre article de la Grande Revue a fait<br />
connaître les plans.<br />
Je ne serais pas du tout indigné, je vous<br />
assure, ni effrayé à l'aspect d'une association<br />
scolaire libre, quelle qu'en fût la doctrine...<br />
Je trouverais juste et naturel que vos amis<br />
et vous organisiez ce qui vous plaît pour la<br />
propagation de vos idées. J'essaierais de faire<br />
autant pour répandre les miennes. Et de notre<br />
rivalité politique et philosophique naîtraient<br />
des efforts dont l'enseignement populaire tirerait<br />
profit.<br />
Mais il ne s'agit pas d'associations indépendantes.<br />
Vous n'êtes pas une Eglise libre dans l'Etat<br />
libre, vous êtes une Eglise d'Etat. Aux conseils<br />
municipaux il a été interdit d'adopter et même<br />
de subventionner un autre culte. Vous prétendez<br />
installer non pas un syndicat ou une association<br />
professionnelle, mais une congrégation<br />
d'instituteurs, unis par un credo philosophique<br />
fort vague, mais poursuivant un objet politique<br />
mieux défini. Et, en même temps, à l'exclusion<br />
de tous les autres, vous voulez être l'école de<br />
l'Etat, du budget, de la nation.<br />
Eh bien! là est la difficulté et l'origine de<br />
la crise, s'il est vrai qu'il y ait une crise scolaire.<br />
Car l'Etat, la nation, le budget, nous<br />
Ien sommes aussi, vous ne pouvez le nier. Ne<br />
dites' pas « nos écoles. » Les écoles qui coûtent<br />
trois cents millions au public sont à tout le<br />
• monde, à nous comme à vous. Parmi nous, les<br />
I pères de famille mécontents peuvent et doivent<br />
I ie dire.<br />
S'ils estiment médiocres quant, aux conseils,<br />
nuls quant aux fondements, les manuels de<br />
morale ; si l'histoire leur paraît travestie ; si la<br />
religion ne leur semble point respectée ; si là<br />
tendance philosophique soi-disant nouvelle ne<br />
s'inspire, suivant leur jugement, que d'un matérialisme<br />
arriéré et puéril, ces pères de famille<br />
doivent se plaindre. Et je ne sais pas comment<br />
M. Pozzi leur en fera un crime. S'il ne respecte<br />
pas leur droit de pères, s'il ose menacer .leur<br />
droit de citoyen, il est une qualité que personne<br />
ne leur conteste et en vertu de laquelle,<br />
ils pourront toujours parler, c'estcelle de contribuables.<br />
L'école publique officielle entretenue par<br />
tous ne'peut pas être l'école d'un parti politique<br />
ou d'une secte philosophique. Notamment, elle<br />
ne doit pas être, suivant votre expression,<br />
« en bataille contre l'Eglise. » Pas plus contre<br />
l'Eglise que contre le curé. Et quand nos évêques<br />
s'aperçoivent que nos enfants sont dressés pour<br />
cette déplorable bataille, ils obéissent, en nous<br />
avertissant, aux plus strictes obligations de<br />
leur charge.<br />
i<br />
II<br />
III<br />
J'arrive enfin à la question que vous m'avez<br />
posée d'abord, Nous n'avons pas la neutralité<br />
scolaire. Nous y avons droit cependant, en raison<br />
même des conventions que vous nous avez<br />
faites.. Mais est-elle possible ?<br />
J'avoue en toute franchise que je ne crois pas<br />
PARTIE <strong>GÉNÉRAL</strong>E ; 219<br />
à la neutralité, surtout dans l'enseignement<br />
primaire, si succinct, et donné à de si jeunes<br />
enfants. L'enfant généralise, par le fait même<br />
de son manque d'information, et un mot exerce<br />
sur un très jeune esprit une influence profonde,<br />
L'enfant abuse de l'induction et, d'un seul<br />
exemple, tire une loi. Voyez comme il se plaît<br />
aux fahies ! Puis l'enfant est confiant en son<br />
maître, il lui donne volontiers ce nom de maître ;<br />
il attend de lui une direction et ne le conçoit pas<br />
indifférent et neutre. Et du maître lui-même, du<br />
maître primaire, faut-il attendre la délicatesse de<br />
jugement, l'impartialité scrupuleuse qui sont le<br />
fruit d'une culture parfaite et de connaissances<br />
étendues. J'ai connu, parmi les instituteurs,<br />
des esprits possédant ces rares qualités. Mais<br />
elles ne brillent pas dans les manuels. Si je ne<br />
pouvais me faire une opinion que d'après certains<br />
auteurs dont je ne dirai pas les noms<br />
(car ils me poursuivraient pour avoir fait tort<br />
à leur commerce), je jugerais qu'on dogmatise<br />
lourdement, qu'où tranche avec audace, et<br />
qu'on peint avec de grosses couleurs, dans<br />
l'enseignement primaire.<br />
Je ne crois donc guère à la neutralité de<br />
l'école.<br />
Et .alors l'origine de la crise scolaire devient<br />
pour moi visible, Elle est le résultat obligé d'une<br />
situation que vous avez créée. Ayant voulu une<br />
école nationale, obligatoire pour tout le monde,<br />
payée par tout le monde, vous nous deyez la neutralité.<br />
Vous êtes tenus de ne blesser la conscience<br />
de personne. Vous vous êtes volontairement<br />
privés de la ressource qui consisterait à<br />
dire aux mécontents : « Allez en face! » Il n'y a<br />
plus de maison d'en face. Vous l'avez aux trois<br />
quarts abattue.<br />
Devant ces difficultés, vous et vos amis ne<br />
voyez jamais qu'un remède : abolir ce qui reste<br />
de la liberté d'enseigner.<br />
Ce n'est pas un bon moyen de sortir de cette<br />
-impasse ; et, à mon avis, le remède est tout<br />
contraire. Ce n'est p
220<br />
<strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
tion même dans l'enseignement primaire, comme<br />
empiétant sur le pouvoir domestique.<br />
A la vérité, l'écrivain positiviste reconnaît<br />
que, devant les menaces de la réaction, il faut<br />
renoncer actuellement à cet idéal. Ces menaces<br />
renaissantes ont fait reparaître le projet de<br />
monopole : projet qui l'afflige comme vous,<br />
et auquel on ne se résigne que pour nous mettre<br />
à la raison. Ici, par parenthèse, nous retrouvons<br />
le bon esprit jacobin toujours fidèle à cette<br />
devise : Liberté pour tous; mais demain, quand<br />
tôus nos adversaires seront morts 1 Je n'en sais<br />
pas moins gré à M. Grimanelli d'avoir déclaré<br />
que le monopole de l'Etat en matière scolaire<br />
amènerait un recul, et prolongerait l'anarchie<br />
et ce qu'il appelle Vamorphisme social. E t pour<br />
la paix de ce pays et l'avenir de notre jeunesse,<br />
je souhaite l'école libre et le respect de toutes<br />
les initiatives sérieuses et honnêtes en matière<br />
4'enseignement.<br />
Il y aura deux jeunesses, disait Waldeck-<br />
Rousseau. Tant mieux 1 fuisse-t-il y avoir vingt<br />
jeunesses, ardentes, et vivantes, et diverses!<br />
De pareilles paroles font révoquer les édits de<br />
Nantes, quand par bonheur les peuples les ont<br />
obtenus.<br />
Je me résume ainsi : En matière d'enseignement<br />
la neutralité est un leurre, et la liberté<br />
est le salut. Tout progrès vers la liberté fera<br />
naître des écoles, élèvera la situation et la dignité<br />
des maîtres, augmentera le nombre et la bonne<br />
volonté des élèves. Tout recul vers le monopole,<br />
en dépit de toute la puissance de l'Etat, produira<br />
l'effet contraire.<br />
Et je vous prie de croire, mon cher collègue,<br />
à la parfaite estime et aux sentiments dévoués<br />
d'un adversaire.<br />
<strong>DE</strong>NYS COCHIN.<br />
L'esprit de justice dans l'enseignement<br />
de l'histoire à l'école primaire.<br />
Entretien d'un professeur d'école normale<br />
avec les élèves-maîtres de 3 e année.<br />
[Suite '.)<br />
LE MAÎTRE. — Une seconde question se pose<br />
maintenant : à qui devons-nous la justice historique<br />
?<br />
UN ÉLÈVE. — Nous devons la justice aux hommes<br />
de l'histoire.<br />
LE MAÎTRE. — Très bien. Ils ne sont plus?<br />
Qu'importe! Nous devons la justice aux morts<br />
comme aux vivants. L'opinion de l'histoire, son<br />
éloge ou son blâme, perpétués indéfiniment à<br />
travers les générations, sont comme le châtiment<br />
et la récompense éternels des hommes<br />
d'autrefois.<br />
UN ÉLÈVE. — Nous devons aussi la justice aux<br />
enfants. Nous leur devons un enseignement de<br />
vérité et de raison.<br />
LE MAÎTRE. — Mais oui! Nous devons la justice<br />
aux enfants comme aux grandes personnes.<br />
Plus, même ! L'adulte est capable de se défendre :<br />
l'enfant ne le sait ni ne le peut. Ainsi, pour<br />
l'historien comme pour l'éducateur, la justice<br />
historique est un devoir sacré.<br />
Faisons un dernier pas. Il y a, dans la nature<br />
humaine, un certain nombre de prédispositions<br />
1. Voir Manuel général, n° 18, du 15 janvier.<br />
à l'injustice. Appliquons-nous à les découvrir<br />
pour nous en affranchir au besoin.<br />
Je suppose un maître qui termine ainsi une<br />
leçon sur Louis XVI : « Il fut traître à la Révolution<br />
et à la patrie. C'est un criminel. Il ne<br />
mérite ni sympathie ni estime. » Que pensezvous<br />
de ce maître?<br />
UN ÉLÈVE. — Il est injuste pour Louis XVI. Il<br />
ne tient compte ni des circonstances qui peuvent<br />
l'excuser en partie, ni des qualités qui<br />
peuvent le relever.<br />
LE MAÎTRE. — Eh bien ! comment vous expliquez-vous<br />
une telle négligence"?<br />
UN ÉLÈVE. — Peut-être ne connaît-il pas assez<br />
Louis XVI. Le connaissant mal, il le juge mal.<br />
Il pèche par ignorance.<br />
LE MAÎTRE. —C'est possible. L'ignorance sacrifie<br />
les faits, qu'elle enjambe ou qu'elle accroche<br />
en roule, parce qu'elle ne les voit pas. L'ignorance<br />
égare la raison, parce qu'elle ouvre<br />
l'oreille à tous les on-dil, et se laisse duper par<br />
les apparences.<br />
SAGE. — Il me semble aussi que si le maître<br />
avait essayé d'entrer dans l'âme de Louis XVI, il<br />
lai eût été plus indulgent. En somme, h.éritier,<br />
dépositaire de la monarchie de droit divin,<br />
Louis XVI en devait compte à ses aïeux et à son<br />
Dieu. Abdiquer, c'était pour lui lâcheté e l impiété.<br />
VIF. — Mais l'appel à l'étranger, la trahison!<br />
SAGE. — C'est très grave, assurément! Mais<br />
l'était-ce autantpour LouisXVI que pour nous?...<br />
Il ne voulait que châtier des sujets rebelles, ce<br />
qui a ses yeux était un devoir strict. Et puis,<br />
cet homme d'esprit faible et lent avait-il le loisir<br />
de la réflexion? Figurez-vous sa stupeur et<br />
son effroi quand il vit devant lui le « monde ren<br />
versé > par la Révolution ! N'est-il pas explicable<br />
qu'il ait perdu la tête?... En tout cas, je crois<br />
bien faire d'essayer de comprendre son crime.<br />
LE MAÎTRE» — Et je vous en félicite! Oui, il<br />
manque au maître en question le don de vivre<br />
en autrui. Ce maître ne sait pas comprendre. Ce<br />
qui lui manque, en dernière analyse, c'est tout<br />
simplement...?<br />
UN ÉLÈVE. — La profondeur, l'ouverture de<br />
l'intelligence.<br />
LE MAÎTRE. — Parfaitement! Eh bien! manque<br />
de savoir, manque d'intelligence, sont-ce maux<br />
faciles à guérir?<br />
UN ÉLÈVE. — Le premier, oui! Il n'y a qu'à<br />
vouloir. On guérit l'ignorance par l'étude.<br />
LE MAÎTRE. — Très bien. Il faudra donc vous<br />
documenter sur les faits et les hommes de<br />
l'histoire. Chacun de vos jugements doit être<br />
précédé d'une petite çnquêke. On n'improvise<br />
pas l'histoire. Et il ne tient qu'à vous de préparer<br />
vos classes !<br />
Est-il aussi facile de s'élargir l'esprit, de<br />
s'ouvrir à la compréhension de la vie passée ?<br />
UN ÉLÈVE. — C'est une affaire de chance. Je<br />
crois qu'il y faut le don. Comprendre un personnage<br />
historique, c'est se faire son âme, et<br />
l'âme de son temps. Comprendre l'histoire, c'est<br />
sortir de soi, et vivre successivement, et jusqu'à<br />
l'infini, une multitude de vies étrangères, et<br />
combien diverses ! Et cette perpétuelle métamorphose<br />
suppose un pouvoir d'assimilation et<br />
même de création qui est le fait du dramaturge<br />
et du poète !<br />
LE MAÎTRE. — Sans doute ! Mais, tout de même,<br />
il n'est pas besoin, pour comprendre à peu près
la vie, d'avoir du génie 1 11 suffit d'une mesure<br />
moyenne d'imagination et de jugement. Le<br />
maître quia fait de bonnes études à l'école normale,<br />
qui a lu, observé, pensé, — le maître qui<br />
s'est habitué à se regarder vivre et à regarder<br />
vivre les hommes, dans la vie, dans l'histoire,<br />
dans le roman, au théâtre, dans les œuvres de<br />
nos moralistes, le maître qui ne blâme jamais<br />
un homme sans rechercher pourquoi il a agi<br />
ainsi, et s'il pouvait bien agir autrement, qui<br />
ne punit jamais un de ses élèves sans se demander<br />
: « Voyons, à son âge, à sa place, qu'auraisfait'?<br />
» — le maître qui a pris l'habitude de<br />
penser sa vie en la vivant et avant de la vivre,<br />
de vivre en pensée sa vie d'autrui avant de la<br />
juger, celui-là. est assuré de comprendre la vie<br />
des hommes de l'histoire et de la juger avec<br />
justice. Or je ne lui prête aucun trait de génie :<br />
ce sont là qualités qui sont « dans nos prix ».<br />
Ici, comme dans beaucoup d'ordres d'activités,<br />
l'habitude crée en partie l'aptitude.<br />
Ainsi on peut guérir le défaut et l'infirmité<br />
d'esprit d'où procède l'injustice. N'a-t-elle pas,<br />
en dehors de l'esprit, une autre origine? Revenons<br />
à notre maître.<br />
UN ÉLÈVE. — Il peut se faire que ce maître<br />
soit un homme de principes, un de ces intransigeants<br />
de la vertu qui ne peuvent pas supporter<br />
les défaillances humaines, moralistes surhumains<br />
et inhumains qui, à force d'avoir de la<br />
conscience, n'ont presque plus de cœur.<br />
LE MAÎTRE. — Combien je suis de votre avis!<br />
L'absolutisme de la conscience peut faire tant<br />
de mal! Il manque à ces idéalistes le sens du<br />
réel et du possible. Il manque à ces rigoristes<br />
un don, don charmant entre tous : la sympathie !<br />
— la sympathie, qui voit dans l'homme un être<br />
vivant et faible, une raison susceptible de s'obscurcir,<br />
une volonté exposée aux défaillances,<br />
par-dessus tout un cœur capable de souffrir. Il<br />
laut savoir sentir ces misères de l'homme pour<br />
avoir le droit de le juger. Voulez-vous être<br />
vraiment justes, mes amis ? Prenez conscience,<br />
en vous-mêmes, des faiblesses humaines !<br />
Mais j'aperçois une dernière raison de la<br />
malveillance de votre maître envers Louis X.VI.<br />
Cherchez dans l'ordre du cœur, cette fois!<br />
UN ÉLEVE. — Peut-être ce maître est-il un ennemi<br />
des rois, et, en particulier, d'un roi qui a<br />
tenté d'étouffer la Révolution. Il a été aveuglé<br />
par la haine. L'injustice procéderait ici de la<br />
passion.<br />
LE MAÎTRE. — Ah! la voilà, en effet, la grande<br />
ennemie de la justice! Sans doute, elle a du<br />
bon, parfois !'Elle est une grâce et une force!<br />
I-es passionnés, ce sont ceux qui ont un idéal,<br />
qui l'aiment, qui s'y dévouent! Ayez une foi!<br />
Aimez, et de tout votre cœur, la France, la République,<br />
le peuple, la pensée libre... Mais prenez<br />
garde!... Savez-vous quel est le vœu, quelle<br />
est la pente presque fatale de la passion?<br />
SAGE. — Exalter ce qu'elle aime, rabaisser ce<br />
qu'elle hait.<br />
LE MAÎTRE. — Voilà! Et comme, à cette fin,<br />
elle est habile à déformer la réalité! C'est elle,<br />
surtout, qui invente, qui supprime, qui arrange<br />
les faits, qui fait le roman de l'histoire! Et c'est<br />
elle, aussi, qui trouble, qui perd le jugement!<br />
Voyez plutôt : voici venir un de ses amis, Révolution,<br />
peuple : « Ah! en voilà un qui ne peut<br />
faire que de grandes choses! » Survient une de<br />
ses bêtes noires, Eglise, Royauté, Noblesse,<br />
PARTIE <strong>GÉNÉRAL</strong>E 221<br />
Prussien : « Voilà l'ennemi! Il n'en peut sortir<br />
que du mal!» Bonnes dispositions, n'est-ce pas,<br />
pour voir clair et juger jutte? Faites donc le<br />
silence en vous au moment où les personnages<br />
de l'histoire entrent en scène.<br />
Les voilà qui agissent. L'ami fait le bien. La<br />
France défend le faible contre le fort. Que dit<br />
la passion?<br />
UN ÉLÈVE. — Bravo! voilà ce que nous savons<br />
faire, nous autres! Fàites-en donc autant!<br />
LE MAÎTRE. — A-t-elle raison de se réjouir?<br />
A-t-elle raison de se réjouir particulièrement,<br />
que ce soit sa patrie ou son parti qui soit à<br />
l'honneur?<br />
L'ÉLÈVE. — Oui, c'est tout naturel. On a le<br />
droit d'être heureux et fier delà gloire des siens.<br />
SAGE. — Mais elle a tort de triompher avec<br />
bravade. Il y a de belles pages aussi dans l'histoire<br />
de l'adversaire.<br />
LE MAÎTRE. — Certainement! Vous entendrez<br />
dire peut-être : « J'aime cette belle action parce<br />
qu'elle est l'œuvre de la France. » Moi, je renverse<br />
les termes et je dis : « J'aime la France<br />
parce qu'elle a fait cette belle action. » Ce qui<br />
revient à dire : « J'aime cette belle action parce<br />
que c'est une belle action. »<br />
Et, de même, si l'ennemi a fait le mal, ne<br />
manquez pas de vous en indigner, certes! Les<br />
Anglais ont brûlé Jeanne d'Arc. Les Allemands<br />
ont brutalisé les femmes et les enfants de France.<br />
C'est odieux! Il faut savoir haïr le mal vigoureusement.<br />
Mais haïssez le mal pour lui-même<br />
et non pour celui qui l'a fait. Surtout, gardezvous<br />
bien de vous en réjouir ! N'y voyez pas une<br />
victoire pour votre parti, mais une défaite pour<br />
l'idéal! Soyez tristes devant le mal !<br />
Mais voici qui va mettre la passion à plus<br />
rude épreuve. Cette fois, c'est l'ennemi qui a<br />
fait le bien. Que dit la passion?<br />
UN ÉLÈVE. — Pas possible ! Il n'est pas capable<br />
de ça !<br />
UN AUTRE. — Il ne l'a pas fait exprès! Ça lui a<br />
échappé !<br />
UN AUTRE. — La belle affaire ! nous avons<br />
mieux que ça, nous!<br />
UN AUTRE. — Pas dommage! Il a fait assez de<br />
mal !<br />
UN AUTRE. — Il doit y avoir quelque intérêt<br />
par là-dessous !<br />
LE MAÎTRE. — C'est bien cela! Et elle accueille<br />
de la même façon le mal qu'ont pu faire les<br />
siens : elle a peine à y croire, — elle n'y veut<br />
pas attacher d'importance, — elle s'empresse de<br />
tourner le mal en bien. Singulière manie, singulière<br />
malice!<br />
Si donc vous voyez, vous, que vos amis font<br />
le mal, que vos ennemis font le bien, gardezvous<br />
d'être incrédules ou insoiiciants; défendez-vous<br />
surtout de louer ceux qui ont fait le<br />
mal, de blâmer ceux qui ont fait le bien;<br />
mais attristez-vous du mal qu'ont fait vos amis,<br />
et réjouissez-vous du bien qu'ont fait vos ennemis.<br />
N'allez pas croire, mes amis, que je vous<br />
prêche là un idéal évangélique révolu : c'est de<br />
simple justice qu'il s'agit, et elle est de tous les<br />
temps. Si l'effort est trop grand pour vos<br />
forces, vous n'êtes pas dignes d'enseigner l'histoire<br />
!<br />
Eli bien ! d'un mot, quel doit être l'état d'âme<br />
du maître qui assiste au spectacle de l'histoire?
222<br />
<strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
SAGE. — L'impartialité.<br />
LE MAÎTRE. — Et dans quel esprit doit-il le<br />
commenter devant ses élèves?<br />
SAGE. — Dans le même esprit : son commentaire<br />
fera aux amis et aux ennemis une part<br />
égale d'éloge ou de blâme. IL sera équitable.<br />
LE MAÎTRE. — 11 est d'ailleurs aisé d'être équitable,<br />
en fait, quand on a su rester impartial<br />
d'esprit.<br />
Ah! un petit avertisseII va sans dire<br />
que vous ne pousserez pas à l'excès — comme<br />
011 dit qu'il arrive parfois en Franco — la chevalerie<br />
de la bienveillance à l'endroit de vos<br />
ennemis, la coquetterie de la réserve ou de<br />
la rigueur à l'endroit des vôtres : vous ne tom-<br />
- LÉGISLATION ET<br />
Un plaidoyer pour les veufs.<br />
Que fait-on de l'argent retenu aux institutrices?<br />
La question des veufs. — Placement à fonds<br />
perdus. — Deux poids et deux mesures.<br />
La réciproque doit être vraie.<br />
Un instituteur retraité dans des conditions normales<br />
vient à mourir. Le tiers de sa pension de<br />
retraite passe à sa veuve. Supposez l'inverse : une<br />
institutrice retraitée vient à mourir, l'Etat s'approprie<br />
tous les versements qu'elle a faits pendant<br />
trente ans. Est-ce juste, et puisque, hélas!<br />
justice et'légaliténe sont pas toujours synonymes,<br />
est-ce tout au moins légal?<br />
Dans une lettre adressée à notre aimable confrère<br />
et ami -Seignette, une institutrice .s'élève en ces<br />
termes contre celte anomalie :<br />
« Quand une institutrice meurt à cinquante ou<br />
cinquante-cinq ans, qu'est le mari qui lui survit<br />
•sinon un vieillard impotent et presque toujours<br />
pauvre, car un homme riche n'épouse pas une<br />
institutrice et nos traitements ne nous permettent<br />
pas de nous enrichir. Et alors, voyez comme les<br />
derniers moments de cette pauvre femme sont cruels<br />
quand elle se dit que l'homme qui a partagé .son<br />
existence plus que modeste va peut-être connaître<br />
la misère. «<br />
Oh! je sais bien que cette question ouvre le<br />
champ à d'agréables plaisanteries. Le sexe faible<br />
devenu soudain l'appui du sexe fort, la femme<br />
couvrant de son égide la fragilité de l'homme,<br />
c'est un groupe original pour nos modernes statuaires.<br />
« La femme, dit un proverbe, est comme<br />
la vigne; elle s'appuie et elle enivre. » Avec la<br />
femme fonctionnaire, il va falloir renverser la<br />
proposition. Ce n'est plus la vigne qui s'appuie à<br />
l'ormeau, c'est l'ormeau qui demande aide et protection<br />
à la vigne. Ces facéties peuvent amuser la<br />
galerie, mais elles ne changent rien au fond des<br />
choses et, avant comme après, la question reste<br />
posée.<br />
Sur quoi s'appuie-t-on pour contester la réversibilité<br />
de la pension de retraite d'une institutrice<br />
mariée? Nous objectera-t-on la lettre de là loi?<br />
Clest, emeffet, l'article 13 de la loi du 0 juin 18133<br />
qui établifen ces termes cette réversibilité au profit<br />
de tous les fonctionnaires.<br />
« A droit à.pension la veuve du fonctionnaire<br />
qui a obtenu une pension de retraite en vertu de<br />
berez pas dans l'injustice par scrupule de justice.<br />
Mais je ne le crains guère, n'est-ce pas?<br />
Vous serez plutôt enclins à briser les dieux<br />
ennemis qu'à toucher à vos propres idoles.<br />
Résumons-nous : Voulez-vous échapper aux<br />
maléfices de la passion, au systématisme qui<br />
déforme la réalité, au fanatisme qui égare la<br />
raison? Aimez la vérité, et vous vous ferez scrupule<br />
de lui faire tort, quelle qu'elle soit. Aimez<br />
le bien, et vous vous réjouirez de le ren<br />
contrer où qu'il soit. Le culte du vrai, l'amour<br />
désintéressé du bien, voilà les meilleures dispositions<br />
pour être j ustes. H. BRU.N,<br />
professeur à l'école normale de -Carcassonne.<br />
ADMINISTRATION = = = = =<br />
la présente loi ou qui a accompli la durép dç service<br />
exigée par l'article 8, pourvu que le mariage<br />
ait été contracté six ans avant la cessation des<br />
fonctions du mari.<br />
« La pension de la veuve est du tieTs de celle<br />
que le mari aurait obtenue ou à laquelle il aurait<br />
eu droit. Elle ne peut être inférieure à 100 francs,<br />
sans toutefois excéder celle que le mari aurait obtenue<br />
ou pu obtenir. Le droit à pension n'existe<br />
pas pour la veuve dans le cas de séparation de<br />
corps prononcée sur la demande du mari. »<br />
Très explicite sur le droit des veuves, la loi est<br />
muette sur les droits similaires des veufs. Pauvres<br />
de nous qui en sommes réduits sur.ce chapitre<br />
à réclamer la réciprocité pour le sexe masculin !<br />
Mais si l'on n'a pas d'autre argument à nous<br />
opposer, je me demande alors pourquoi l'on consent<br />
à accorder aux femmes des pensions de retraite.<br />
La loi de 1833, en effet, ne parle que des hommes,<br />
et pour une raison bien simple. On ne connaissait<br />
guère, il y a un demi-siècle, les femmes fonction<br />
naires. On ne supposait pas qu'un jour viendrait<br />
où elles envahiraient non seulement les écoles et<br />
les lycées, mais nombre d'administrations publiques,<br />
les postes, les télégraphes, les téléphones,<br />
et qu'on en trouverait un jour à tous les guichets<br />
et dans tous les bureaux.<br />
C'est donc par assimilation qu'on applique aux<br />
femmes les règles de la grande loi organique qui<br />
nous régit encore aujourd'hui. Mais alors, il faut<br />
que cette assimilation soit poursuivie jusqu'au<br />
bout. Il est souverainement arbitraire et injuste<br />
d'assimiler les femmes aux hommes quand il s'agit<br />
de prélever des retenues sur leurs appointements,<br />
et de leur refuser l'assimilation quand vient le<br />
moment de leur assurer la compensation de leurs<br />
sacrifices. Si l'Etat trouve la loi excellente quand<br />
il est question de recevoir, il n'a pas le droit de<br />
la trouver mauvaise quand il lui faut payer.<br />
Il fut peut-être un temps où les rois épousaient<br />
des bergères, mais, comme le dit la correspondante<br />
de M. Seignette, les institutrices épousent<br />
rarement des milliardaires, et il n'est malheureusement<br />
pas impossible qu'elles laissent en mourant<br />
un homme chargé d'années, "incapable de<br />
gagner sa vie et ayant peut-être encore, par surcroît,<br />
des enfants à élever ou à établir.<br />
Au surplus, la loi du 17 août 1876 cite nommément,<br />
parmi les bénéficiaires de.la loi de 1853,<br />
les directrices et maîtresses des écoles normales
primaires et les institutrices communales. Elle<br />
les range dans le cadre des fonctionnaires de la<br />
partie active et elle ne fait, en ce qui les concerne,<br />
aucune restriction ni réserve aux droits<br />
que la loi confère à tous les retraités sans exception.<br />
EL-alors, de deux, choses l'une : ou il faut appliquer<br />
aux femmes, la loi, toute la loi, y compris<br />
l'article sur la réversibilité des pensions; ou il<br />
faut leur laisser la libre disposition des retenues<br />
qu'on leur fait subir. Elles placeront leur argent<br />
Les délégués cantonaux.<br />
PARTIE <strong>GÉNÉRAL</strong>E<br />
LE MOUVEMENT CORPORATIF<br />
Je me souviens d'avoir vu, il y a quelques<br />
années, dans les environs de Saint-Brieuc, une<br />
vieille tour, dernier vestige d'un château féodal,<br />
la tour de Gesson. Regardée d'un certain côté, elle<br />
donnait l'impression d'une construction solide,<br />
capable encore de résister à un assaut ou tout<br />
au moins de défier pendant de longues années<br />
les intempéries ou les bourrasques du large.<br />
Sur l'autre face, au contraire, elle n'offrait au<br />
visiteur qu'un aspect de ruine ; les murs écroulés<br />
n'étaient plus qu'un amoncellement informe de<br />
pierres, de mortier et de terre. Le souvenir<br />
qu'en emportait le voyageur, n'ayant vu Gesson<br />
que d'un côté, différait selon le point de vue où<br />
il s'était placé.<br />
Il en est ainsi de beaucoup de questions et<br />
notamment de celle des délégués.cantonaux. On<br />
formule sur leur compte des appréciations<br />
diverses, souvent même contradictoires, selon<br />
la façon dont on comprend leur rôle et aussi, il<br />
faut bien le dire, selon la manière dont les délégués<br />
auxquels on a affaire remplissent leur<br />
mission.<br />
«Trop de zèle! dit-on d'un côté; vous ne.<br />
' devez, messieurs les délégués, ni interroger les<br />
élèves, ni regarder les cahiers; vous n'avez pn-s<br />
été institués pour doubler l'inspecteur primaire<br />
et contrôler l'instituteur, mais seulement pour<br />
vous assurer si les locaux scolaires sont hygiéniques<br />
et le mobilier m bon état. »<br />
« Pas assez de zèle! » répond-on par ailleurs.<br />
« Il m'est signalé, écrit le préfet de la Somme,<br />
dans une circulaire récente, et j'ai été personnellement<br />
amené à constater que les délégations<br />
cantonales instituées dans le département<br />
en vertu de la loi du 30 octobre 1886 ne fonctionnent<br />
qu?exceptionnellement eL que la plupart<br />
d'entre elles s'abstiennent notamment de<br />
tenir; les'réunions trimestrielles ^prévues à l'article:<br />
52'.de la loi. »<br />
« La délégation cantonale -sera supprimée, •>;<br />
avait demandé le congrès des instituteurs tenu<br />
à Glermont en 1907.<br />
« Il faut faire ressortir lîimportance du rôle<br />
individuel dévolu aux membres des délégations<br />
cantonales dans notre organisation scolaire »,;<br />
écrit le ministre de l'Instruction publique dansi<br />
une circulaire adressée aux préfets le d or mars!<br />
1909.<br />
Une phrase de cette circulaire : « Par un contrôle<br />
discret qui ne diminue en rien l'autorité;<br />
morale du maître, le délégué s'assurera quei<br />
l'école est bien'tenue, que l'enseignement donné,<br />
223<br />
à leur guise, aumieuxdes intérêts de leurs familles;<br />
elles verseront une prime d'assurance pour leur<br />
assurer un jour un morceau de pain. Mais, du<br />
moins, ne seront-elles pas. dupes d'une fausse générosité<br />
qui leur refuse les bénéfices les plus<br />
clairs de ia loi pour ne leur en laisser que les<br />
charges. Toujours prendre et jamais rendre, c'est<br />
malheureusement la devise des agents du Trésor,<br />
et c'est pourquoi l'on ne saurait trop leur rappeler<br />
le vieil adage : « Donner et retenir ne vaut. «<br />
ANDRÉ BALZ.<br />
aux enfants leur est profitable » a de nouveau<br />
éveillé les susceptibilités des instituteurs et<br />
VAmicale de la Côte-dJOr vient à ce sujet d'émettre<br />
les vœux suivants :<br />
« 1° Que la circulaire ministérielle du 1 er mars<br />
1909 soit, sinon retirée, du moins modifiée conformément<br />
aux dispositions du décret organique,<br />
afin d'éviter les mauvais effets d'un conflit<br />
d'attributions;<br />
« 2° Que les délégués cantonaux veuillent bien<br />
s'en tenir à l'accomplissement de leur rôle légal<br />
concernant l'hygiène et l'aménagement des<br />
locaux scolaires, et laissent aux inspecteurs<br />
primaires le soin d'apprécier la valeur professionnelle<br />
des maîtres;<br />
« 3° Invite les instituteurs et institutrices à<br />
faire connaître au bureau de l'Amicale, ou aux<br />
délégués au conseil départemental, les noms<br />
des délégués cantonaux qui se seraient attribués<br />
les fonctions de sous-inspecteurs primaires,<br />
ainsi que les rapports, observations et<br />
interrogations qu'ils auraient cru devoir faire à<br />
cette occasion. »<br />
Ne soyons pas des voyageurs pressés qui ne<br />
voient la tour de Gesson que d'un seul côté, et<br />
examinons à loisir le point litigieux, car : il n'y<br />
en a qu'un : l'intervention des délégués dans<br />
l'enseignement proprement dit.<br />
'Les textes d'abord :<br />
L'article 140 du décret organique du 18 janvier<br />
1887 dit que « l'inspection des autorités préposées<br />
à la surveillance des écoles portera dans<br />
les écoles publiques sur l'état des locaux et du<br />
matériel sur l'hygiène et sur la tenue des élèves.<br />
Elle ne pourra jamais porter sur Venseignement. »<br />
A peine ce texte était-il publié que déjà<br />
-t-s-'élevaient quelques doutes et quelques divergences<br />
d'appréciation sur la nature des fonctions<br />
des délégués cantonaux » et que le ministre<br />
crut devoir adresser une circulaire destinée<br />
« à dissiper à cet égard tout malentendu. » Cette<br />
circulaire est du 25 imars 1887, c'est-à-dire<br />
qu'elle est postérieure de deux mois au décret<br />
organique. On peut donc dire qu'elle donne<br />
exactement le sentiment du ministre qui avait<br />
préparé le décret.<br />
« L'article 140 n'a pas pour but, dit'la circulaire,<br />
d'enlever au délégué cantonal une partie<br />
•de'ses attributions. En réalité, il n'ajoute ni.ne<br />
retranche rien au rôle dont le délégué est<br />
investi depuis plus de trente ans. ><br />
Et rappelant les instructions ministérielles<br />
publiées au début même de l'institution, le ministre<br />
rappelle que « si les délégués ne doivent<br />
point juger les méthodes et les livres, ils doivent<br />
s'assurer que les enfants admis dans les
224 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
écoles y ont reçu une instruction suffisante, y sont<br />
tenus sainement, y puisent de bons préceptes<br />
et surtout de bons exemples de morale... en un<br />
mot, s'ils sont bien élevés. » « MM. les délégués<br />
sont, aux yeux de la loi, les représentants<br />
de la famille dans l'école. C'est~au nom<br />
des familles que leur influence morale s'y fait<br />
sentir et que leur autorité s'y exerce. »<br />
Et plus loin : « Yeut-il prendre part à une<br />
interrogation, adresser quelques questions aux<br />
élèves? Veut-il examiner les cahiers, les devoirs,<br />
les cartes, les dessins?... Tout est à sa disposition<br />
et il fera bien de témoigner qu'il s'intéresse à tout<br />
dans l'école. Que nos instituteurs eux-mêmes<br />
n'oublient pas que notre enseignement primaire<br />
public ne doit pas tendre à s'isoler, à s'enfermer,<br />
à se défendre contre l'incessante intervention<br />
de la société, contre les critiques, les observations,<br />
le contrôle du dehors. Mais la<br />
« surveillance » confiée aux délégués du conseil<br />
départemental et « l'inspection » confiée aux<br />
inspecteurs, nommés par le ministre, ne sont<br />
pas et ne doivent pas être une même chose. »<br />
La phrase de la circulaire du 1 er mars, visée<br />
par VAmicale de la Côte-d'Or, est inspirée par<br />
le même sentiment.<br />
Voyons les faits maintenant. Regarder les<br />
cahiers, interroger les élèves, est-ce « inspecter,<br />
» est-ce « apprécier la valeur professionnelle<br />
du maître, » est-ce juger les méthodes? Y<br />
a-t-il des délégués cantonaux qui dans leurs<br />
rapports au conseil départemental sur les visites<br />
qu'ils ont faites, puissent provoquer un<br />
« conflit d'attribution » avec l'inspecteur?<br />
Nous connaissons un grand nombre de délégués,<br />
quelques-uns très particulièrement. Ces<br />
délégués visitent les cahiers, interrogent les<br />
enfants, les morigènent ou les félicitent, et<br />
jamais aucun conflit ne s'est élevé, ni avec l'instituteur,<br />
ni avec l'inspecteur. Ces délégués sont<br />
des protecteurs et des amis de l'école et, souvent<br />
des appuis pour l'instituteur.<br />
Dans les circonstances actuelles, l'instituteur<br />
a parfois besoin de ces appuis. Il peut se produire<br />
entre les parents et l'instituteur tel ou tel<br />
incident que l'instituteur ne peut régler seul et<br />
qui nécessite une solution immédiate; l'inspecteur<br />
est loin, ne connaît pas les familles; le<br />
délégué cantonal est tout près, peut facilement<br />
et rapidement se déranger et ne demande pas<br />
mieux que de jouer le rôle de conciliateur ou<br />
de tampon pour la tranquillité de l'instituteur<br />
et le plus grand bien de l'école.<br />
Mais si le rôle du délégué est utile pour<br />
les écoles publiques qui ne sont pas toutes parfaites,<br />
il est indispensable pour la surveillance<br />
de certaines écoles privées. Il peut exister tel<br />
pensionnat, où les parents sont reçus dans un<br />
salon magnifiquement meublé, et où les élèves<br />
sont entassés dans des classes sales, mal aérées,<br />
garnies d'un mobilier absolument défectueux.<br />
Nous ne croyons donc pas qu'il faille avoir<br />
cette sensibilité à fleur de peau qui excite notre<br />
défiance contre tous ceux qui veulent s'intéresser<br />
à notre œuvre et qu'il convient de s'inspirer<br />
du sentiment qui animait le préfet, de la<br />
Somme quand il concluait ainsi la circulaire<br />
aux délégués cantonaux :<br />
« Au moment où de nouveau l'école laïque<br />
est en butte aux attaques et aux calomnies les<br />
plus injustifiées, au moment où s'organisent<br />
des campagnes, dont le Parlement n'est pas sans<br />
se préoccuper, destinées à jeter le discrédit sur<br />
son enseignement et sa valeur éducative, il<br />
convient que des citoyens de bonne volonté, des<br />
hommes compétents et dévoués s'attachent à<br />
remplir la mission de confiance qu'ils ont acceptée,<br />
et que grâce à eux soit réalisée la collaboration<br />
chaque, jour plus étroite de l'école et de<br />
la famille. •><br />
LE LECTEUR.<br />
VARIÉTÉS<br />
Comment se conduire dans la vie<br />
Par le DOCTEOR TOULOUSE<br />
LA VIE INTERIEURE<br />
L'habitude de la méditation se perd à mesure que l'homme moderne devient plus actif. — Les effets<br />
de la rapidité des transports et de la diffusion du journal. — Sans la méditation on ne peut sortir<br />
de son ornière. — La routine dans le travail et dans la distraction. — Jouissances de la réflexion.<br />
— Ce que doit être la vie intérieure. — Les leçons du passé. — L'exploration sentimentale<br />
du passé. — La méditation et l'avenir. — Les combinaisons nouvelles. — Utilité de la rêverie<br />
et ses limites.-— Qui peut s'y abandonner avec profit?<br />
L'homme moderne a peu à peu perdu l'habitude<br />
de la médilalion. Ses occupations sont plus pleines<br />
que celles de l'homme d'autrefois, aussi bien<br />
dans le plaisir que dans le travail. Le petit boutiquier<br />
avait jadis le temps de réfléchir entre les<br />
clients qui se succédaient à de longs intervalles.<br />
Aujourd'hui il est employé dans un grand magasin,<br />
où la bousculade est continue.<br />
L'oisif — tout au moins à Paris — est lui-même<br />
plus occupé. Son milieu s'est accru à proportion<br />
de l'augmentation de la population générale ; et de<br />
ce fait il y a plus de visites à rendre. Les expositions,<br />
les théâtres, les attractions de toutes sortes<br />
se multiplient et prennent à la curiosité un<br />
temps qui s'allonge sans cesse.<br />
Pour tous la rapidité du transport est une cause de<br />
diminution de la méditation. L'individu n'a plus les<br />
loisirs des grands trajets où il pouvait se recueillir.<br />
Une dernière cause est un effet inattendu de la diffusion<br />
du journal d'informations. Cette commodité<br />
de trouver partout, à tout moment, une feuille<br />
imprimée, la facilité de sa lecture ont développé<br />
cette pratique qui est devenue, chez plusieurs, un<br />
besoin impérieux. Dès qu'ils ont un court instant<br />
de répit, ils absorbent un morceau de journal.<br />
Ainsi la pensée s'habitue à suivre une direction<br />
extérieure, discipline du travail, conversation, lecture.<br />
Elle devient incapable d'une activité propre,<br />
et tout effort dans ce sens est même pénible.<br />
Voilà le mal dont nous souffrons. Nous travaillons<br />
davantage, nous réfléchissons moins.
Or, sans méditation, on reste continuellement<br />
dans l'ornière de sa besogne, qui finit par nous diriger<br />
plus qu'on ne la dirige- C'est un peu le cas<br />
du cheval aveugle qui tourne la meule dans un<br />
cercle étroit.<br />
L'individu qui passe d'une occupation à une<br />
autre ou encore à une distraction occupante, -sans<br />
trêve, n'a pas le temps de se ressaisir. Et quand<br />
il tombe dans le sommeil il n'a souvent pas vécu<br />
dix minutes d'une vie personnelle. Ce qu'il fait est<br />
bien fait, au sens où l'exécution d'un acte se perfectionne<br />
à mesure qu'il devient automatique et<br />
perd toute valeur de création. Tel un pianiste qui<br />
joue par cœur un morceau, manifeste un mécanisme<br />
parfait au moment où toute pensée, tout sentiment<br />
en sont exclus.<br />
Ainsi un employé accomplit plus ponctuellement<br />
sa besogne, un ingénieur construit avec plus<br />
de facilité ses dessins, un peintre compose plus<br />
aisément une toile et même un médecin remplit<br />
plus vite une ordonnance quand tous ne font<br />
qu'appliquer strictement des formules, des recettes<br />
qui les dispensent de tout effort.<br />
La routine peut envahir toutes les activités,<br />
même les plus hautes et les plus personnelles,<br />
telles que l'art, parce qu'en toutes la pensée directrice,<br />
l'invention peut se dégrader et tomber au<br />
rang du procédé, du truc. Or toutes — je l'ai dit<br />
souvent — ne valent que par l'effort de création,<br />
du nouveau.<br />
11 n'est pas que le travail qui ait besoin de pensée<br />
spontanée : la simple conduite de la vie y est<br />
tout autant subordonnée. Sans elle les relations<br />
sociales, les distractions ne rendent pas en agrément,<br />
en utilité, en sentiment, tout ce qu'elles recèlent.<br />
Enfin partout la plus grande jouissance de<br />
l'homme est de réfléchir d'un peu haut et assez<br />
loin SUT les événements, les passions, les actes<br />
qui l'ont occupé et qui restent inertes, inféconds<br />
pour lui quand il ne peut sortir de sa vie automatique.<br />
J'ai connu un homme épuisé par une vie de<br />
gros labeur, qui avait occupé de hautes situations.<br />
Frappé en pleine activité, il avait été aussitôt mis<br />
hors de combat; ce grand actif, qui n'avait jamais<br />
pris de repos, était tout d'un coup forcé à ne<br />
rien faire. Ne pouvant même plus lire il s'était<br />
mis à méditer; et sa pensée était, merveilleusement<br />
lucide. Un jour, dans ses derniers moments,<br />
il me parlait de son existence; et ce qui le frappait,<br />
c'était d'apercevoir des solutions toutes différentes<br />
et plus logiques que jadis, des situations<br />
qui l'avaient en leur temps beaucoup tracassé. À<br />
ce moment il n'était pas satisfait de son activité<br />
qui lui avait donné une réputation d'homme intelligent.<br />
Et une parole me frappa qui résumait parfaitement<br />
ce qu'il avait dans l'esprit et que je ne<br />
compris que plus tard : J e me rends compte aujourd'hui<br />
que j'ai vécu très affairé un peu comme<br />
l'abeille dans la ruche. Je meurs sans avoir réfléchi<br />
sur ma vie. »<br />
Que doit être cette vie intérieure? Méditer sur<br />
le passé et méditer sur l'avenir dans des fins un<br />
peu différentes.<br />
Lorsqu'on réfléchit sur les événements accomplis,<br />
on les juge mieux qu'au moment présent,<br />
par l'expérience acquise. On en connaît surtout les<br />
conséquences. En outre l'élément passionnel, qui<br />
grossissait l'importance de certains faits, s'est ef<br />
PARTIE <strong>GÉNÉRAL</strong>E 225<br />
facé; et cela suffît pour en modifier profondémen<br />
les valeurs.<br />
On est surpris quand on explore ainsi le passé<br />
de rester si froid devant des événements qui vous<br />
ont fort agité. Je me rémémorais récemment une<br />
scène de ma vie d'étudiant, où je dus assister un<br />
camarade dans un duel. La cause de cette affaire<br />
était une misérable querelle de brasserie. La<br />
grande amitié que je ressentais pour mon ami me<br />
poussait à trouver un arrangement. Et cependant<br />
les arguments que développaient d'autres témoins<br />
m'impressionnaient beaucoup. Je reconnaissais<br />
que les circonstances de la dispute rendaient une<br />
rencontre inévitable : i! y âvait eu une insulte publique,<br />
devant des femmes, — et quelles femmes!<br />
— dont l'opinion devait compter. Pendant deux<br />
longues soirées, je fus tourmenté par ces événements<br />
auxquels j'avais assisté et qui motivaient à<br />
mes yeux une rencontre toujours périlleuse, qui<br />
finalement eut lieu sans accident. Aujourd'hui, les<br />
circonstances de cette affaire sotte et susceptible<br />
de maux m'apparaissent dépouillées de l'a plus légère<br />
importance.<br />
Ainsi le passé s'épure; et le point de vue rationnel,<br />
même en sentiment, est peu à peu le<br />
seul d'où l'on juge les événements disparus. Cette<br />
école est dans la conscience de chacun; il ne<br />
tient qu'à lui d'.y pénétrer et de s'instruire. Quels<br />
enseignements il pourrait y puiser si chaque jour<br />
il descendait ainsi dans un compartiment de son<br />
passé pour y rechercher les fautes de tactique, les<br />
erreurs d'appréciation, les vices de caractère, et<br />
aussi les intuitions heureuses qui firent la trame<br />
de sa vie sur un point!<br />
Le passé n'est pas qu'une matière d'enseignement.<br />
C'est aussi une source de jouissances. Par<br />
suite de leur effacement, les images perdent de<br />
leur éclat et se dépouillent de leurs éléments intenses<br />
de joie et de peine. Il ne reste lié à leur<br />
résurrection qu'un sentiment atténué qui ne manque<br />
pas, même dans l'évocation des plus grandes<br />
douleurs, de quelque charme. Cette exploration<br />
sentimentale du passé est un des agréments de la<br />
vie intérieure.<br />
Enfin, la méditation doit porter sur l'avenir,<br />
sur la création de formules nouvelles de travail,<br />
d'activités plus fécondes. Le danger du succès est<br />
de vous renfermer dans une voie que ce succès<br />
même rend plus aisée à parcourir. L'effort de<br />
création s'affaiblit à proportion. Et cela est vrai<br />
pour toutes les activités.<br />
Voici un commerçant qui dans l'alimentation a<br />
créé une maison prospère. Elle se développe normalement,<br />
sur le type de tous les établissements<br />
analogues. Cela est bien et cela est insuffisant.<br />
Admettons que cette maison puissante ait peu à<br />
peu centralisé toutes les denrées qu'on a coutume<br />
de voir plus - ou moins voisiner, les légumes, les<br />
fruits, les primeurs. Quand on y joindra une<br />
boucherie, ce sera un effort en dehors de la. voie<br />
tracée. Et si un jour on ajoute une boulangerie,<br />
l'effort sera encore plus original. Or pour sortir<br />
du sillon, il faut généralement avoir quelque loisir<br />
et se dire : « Ne pensons plus à perfectionner<br />
ce que j'ai, c'est-à-dire à ce qui est, mais pensons<br />
à côté. »<br />
Ce que je reproche surtout aux esprits encore<br />
jeunes qui doivent sans cesse tendre vers la création,<br />
vers le nouveau, c'est qu'ils ne sortent pas<br />
assez du champ où ils besognent. De temps à<br />
autre un industriel, un artiste, un savant, un professeur<br />
doit s'arrêter et chercher des sentiers laté
226 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
raux qui peuvent les porter dans des terres fécondes,<br />
toutes proches et qu'ils ne voient pas,<br />
parce qu'ils ne regardent pàs au-dessus des haies<br />
de clôture.<br />
Ainsi dans la vie de pure distraction, il faut<br />
combiner des existences différentes, dans la solitude<br />
l'existence mondaine, des formules nouvelles<br />
d'intérieur, des relations imprévues.<br />
* - •<br />
* *<br />
Le moyen de méditation est simple en réalité.<br />
Je conseillerai de ne pas trop chercher dans une<br />
voie déterminée, ce qui est le propre du travail<br />
ordonné — et nous sommes en ce moment dans<br />
une pensée plus libre. Cette réllexion doit surtout<br />
participer de la rêverie et l'on ne doit pas craindre<br />
l'imagination qui se complaît dans des constructions<br />
impossibles ou tout au moins opposées aux<br />
conditions actuelles et d'où souvent, sortent des<br />
suggestions fécondes.<br />
Je crois avoir l'esprit assez positif; et l'on m'attribue<br />
même — non sans une pointe de mauvaise<br />
intention parfois — un certain bon sens. Or, quand<br />
j'ai fini mon labeur quotidien, aux heures perdues,<br />
un de mes grands plaisirs est d'imaginer des situations<br />
tout à fait irréelles et bien invraisemblables.<br />
Si j'ai un interlocuteur, je cherche à l'intéresser<br />
à ces combinaisons. Ainsi — pour pren<br />
(Les wtiçtes ou fragments d'articles insérés sous les<br />
rubriques OPINIONS <strong>DE</strong> NOS LECTEURS, COMMUNICATIONS<br />
DIVERSES, REVUE <strong>DE</strong> LA. PRESSE, expriment en toute liberté<br />
Vopinion de leurs auteurs, mais n'engagent en rien celle du<br />
Manuel Général.) _<br />
Pour défendre l'enseignement privé.<br />
Monsieur le directeur,<br />
Dans votre Revue de la Presse du 25 décembre<br />
dernier, nous lisons un extrait d'un article paru dans<br />
le Journal et intitulé les Parias de l'enseignement<br />
libre.<br />
Vous dites que, quoique poussé au noir, le tableau<br />
tracé par l'auteur est exact dans ses lignes générales.<br />
Il n'entre pas dans nos intentions d'entreprendre à<br />
ce sujet une polémique.<br />
Cependant, monsieur le directeur, votre estimable<br />
journal, lu par la plupart d'entre nous et par nos<br />
nombreux amis de l'enseignement public, pourrait,<br />
sans intention il est vrai, noug faire suspecter d'exploitation<br />
èhomèe, partant nous faire perdre l'estime<br />
de ceux qui nous connaissent et celle de nos supérieurs<br />
hiérarchiques qui nous voient à la tâche et<br />
peuvent nous apprécier justement. Nous vous prions<br />
donc de nous permettre de réfuter en quelques lignes<br />
les arguments défavorables que vous avez extraits de<br />
l'article cité.<br />
Nous divisons notre personnel enseignant en trois<br />
catégories. La première renferme des maîtres en grand<br />
nombre, véritables éducateurs et instituteurs qui ont<br />
dans certaines maisons des emplois stables ; ils y restent<br />
de nombreuses années et ne les quittent le plus<br />
souvent que pour fonder ou prendre la direction<br />
d'un établissement privé. Ceux-] à ne se plaignent pas ;<br />
leurs longs et loyaux services sont justement appréciés<br />
et les directeurs qui ont la chance de les<br />
avoir ne négligent rien pour conserver des collaborateurs<br />
aussi précieux.<br />
La deuxième catégorie comprend des jeunes gens,<br />
des débutants, Sis d'instituteurs pour la plupart, se<br />
destinant à l'enseignement public et qui viennent<br />
OPINIONS <strong>DE</strong> NOS LECTEURS<br />
dre un exemple familier —• je viens d'arranger<br />
ma vie .pour vivre d'une existence très casanière,<br />
à mon foyer; je me complais alors à me représenter<br />
une existence faite de voyages et dans les<br />
hôtels, examinant tous les aspects de cette conduite<br />
opposée, considérant , le côté économique,<br />
les avantages de toutes sortes, les inconvénients<br />
à éviter.<br />
Et mon interlocuteur — les femmes sont particulièrement<br />
rétives à suivre cette pensée opposée<br />
à ce qui est la tendance présente la plus manifeste—<br />
souvent s'étonne de l'intérêt que je prends<br />
à ces exercices qui lui paraissent déraisonnables<br />
et en un tel désaccord avec mon caractère. Or il<br />
ne voit pas les applications que l'on peut tirer de<br />
pareils jeux de l'esprit. Bien des idées utiles pour<br />
la vie pratique, comme pour les conceptions théoriques<br />
les plus inattendues, naissent dans ces<br />
exercices en apparence futiles et irrationnels. Et<br />
je les recommande comme les procédés les plus<br />
féconds de la vie intérieure.<br />
Que chacun cependant connaisse sa mesure ici<br />
et ne s'abandonne à des rêveries méditatives qu'à<br />
proportion de la maîtrise qu'il a sur ses idées.<br />
Les esprits les plus logiques seuls peuvent s'y<br />
confier en toute sûreté. C'est pour eux que les<br />
imaginations ont toute leur vertu.<br />
D R TOULOUSE.<br />
dans nos maisons passer les quelques années qui<br />
précèdent leur admission dans l'enseignement de<br />
l'Etat. Ils sont en général zélés., dévoués, ont une<br />
excellente éducation, sortent des E. P. S. ou des<br />
E. N. Ce sont des apprentis. Ceux-là non plus ne se<br />
plaignent pas. Quelle est, en effet, la fonction qui permet<br />
à un jeune homme de dix-huit à vingt ans 1<br />
d'avoir en lin de mois de 50 à 70 francs outre la<br />
nourriture et le logement (s'il a le B. E.) ou de 70 à<br />
100 francs (s'il a le B. S.)?<br />
La troisième catégorie, celle des plaignants, est<br />
composée de ceux qui ayant échoué partout, ont cru<br />
trouver dans l'enseignement libre un fromage où<br />
grignoter à leur aise. Ils prennent momentanément<br />
le titre de professeur ou d'instituteur libre, mais la<br />
fonction n'est pas plus faite pour eux qu'ils ne sontfaits<br />
pour la fonction. Transfuges des études d'huissiers<br />
ou de notaires, des maisons de commerce, voire<br />
même de l'enseignement congréganiste ou de l'enseignement<br />
public, ils échouent chez nous comme ils<br />
ont échoué ailleurs. Ils s'intitulent parias, ils se déclassent<br />
eux-mêmes, ils n'ont rien de commun avec<br />
les maîtres zélés, dévoués, remplis de bonne volonté<br />
et de bon sens que nous avons l'habitude d'employer<br />
dans nos maisons et avec qui nous conservons les<br />
meilleures relations d'amitié après leur départ.<br />
• Quant à l'hygiène et à la nourriture, je puis vous<br />
affirmer, monsieur le directeur, que dans nos maisons<br />
elles répondent à toutes les exigences des règlements<br />
auxquels nous sommes soumis. Nous y<br />
sommes les premiers intéressés, car bien qu'on nous<br />
considère comme des gens riches ou le devenant rapidement,<br />
nous sommes en général très heureux<br />
lorsqu'après avoir payé notre personnel, notre loyer<br />
et nos fournisseurs, nous avons la satisfaction do<br />
boucler notre budget sans trop de difficultés. Aussi<br />
la moindre sanction disciplinaire étant susceptible de<br />
nous causer le plus grand préjudice, .nous apportons<br />
le soin le plus jaloux k l'accomplissement de la tâche<br />
qui assure le pain à nos familles. Je fais abstraction<br />
des sentiments qui nous font aimer l'enseignement,<br />
de tous les soins particuliers auxquels nous nous astreignons.
Les institutions qui ont des boursiers d'internat de<br />
la Ville de Paris ou du département de la Seine sont<br />
inspectées au moins quatre fois l'an avec un soin minutieux<br />
par un inspecteur administratif qui ne craint<br />
pas, le cas échéant, de faire toute observation qu'il<br />
croit devoir faire dans l'intérêt de ces enfants. Des<br />
états mensuels sont fournis sur leur travail, et leur<br />
nourriture est déterminée par un règlement auquel<br />
nous nous gardons bien de désobéir.<br />
— Mais, dites-vous, le travail exigé des maîtres<br />
est énorme!<br />
— De prime abord, cela peut paraître. Mais chacun<br />
de nous sait y apporter l'allégement nécessaire en<br />
établissant dans la surveillance le roulement par<br />
tiers ou par quarts, et le surmenage n'existe qu'à<br />
l'état de fiction.<br />
Agréez, etc.<br />
Pour le syndicat de Venseignement<br />
libre et laïque de l'académie de Paris,<br />
LAVADOUX, président.<br />
Pour les adjoints des villes.<br />
RÉPONSE A M . CHASTAINO.<br />
Dans un article du Manuel général l , M. Chastaing<br />
propose tout simplement d'envoyer « d'office » dans<br />
une école rurale tout adjoint ayant plus de trois ou<br />
quatre ans de stage dans une école urbaine.<br />
Une telle justice serait l'application brutale delà formule<br />
« Ote-toi delà que jem'v mette. » Mais examinons<br />
un peu les faits : voici un cas qui me semble assez<br />
général. Il s'agit d'un instituteur de quarante-cinq ans<br />
qui exerce ses fonctions de titulaire dans une ville où<br />
« le travail est facile dans une classe à une division. »<br />
Ce serait à démontrer, cette facilité de travail. Sorti<br />
de l'école normale à dix-neuf ans avec leB. S., ce maître<br />
fut placé comme adjoint dans une école de cheflieu<br />
de canton pourvue de deux classes ; et il eut<br />
tout d'abord à diriger une classe à trois divisions,<br />
voire même quatre, en comptant les débutants qui ne<br />
savaient pas lire. Le directeur de l'école, qui avait<br />
vingt-huit ans, lui donna comme directions la manière<br />
de tenir le registre d'appel, le programme et<br />
l'emploi du temps, les titres des livres de élasse et lui<br />
dit : « Allez 1 » — Et pendant que le directeur faisait<br />
sa classe, l'adjoint dut, sans aucune aide, s'occuper<br />
de la sienne.<br />
Sans nier la période d'apprentissage qui existe pour<br />
tous les débutants, ii faut dire qu'en realité la durée<br />
de cette période varie, beaucoup selon l'intelligence,<br />
la sensibilité et le caractère des maîtres. Les difficultés<br />
de l'enseignement sont à peu prés les mêmes par-,<br />
tout, aussi bien dans les écoles urbaines que dans .les<br />
écoles rurales, plus grandes peut-être dans les premières<br />
à cause de l'excessive nervosité des petits citadins.<br />
Je ne crains pas d'affirmer, ayant exercé dans<br />
ces deux milieux, qu'il est plus facile, avec un emploi<br />
du temps bien compris, de faire travailler sans<br />
fatigue et avec profit une classe rurale de 30 élèves<br />
à trois divisions de 10 élèves chacune, qu'une classe<br />
urbaine de 40 élèves à une seule division.<br />
Que M. Chastaing ne veuille plus voir les « écoles<br />
rurales servir de champ d'expérience aux apprentis<br />
instituteurs, » cela vient d'une excellente intention.<br />
Mais comme il y aura toujours des « apprentis instituteurs,<br />
» ce seront alors les écoles des villes qui leur<br />
serviront de champ d'expérience si l'on applique les<br />
procédés de l'auteur qui me paraissent bien contradictoires,<br />
car il déclare en outre : On pourrait réserver<br />
les postes d'adjoints des grandes villes à de bons<br />
instituteurs ruraux qui ont des charges de famille. »<br />
Pour nous, la règle de l'avancement des maîtres doit<br />
se formuler ainsi : donner les postes avantageux à<br />
ceux qui les méritent par leur âge, leurs titres, leurs<br />
efforts, leurs talents et les services rendus.<br />
1. Manuel général n° 16, du 1" janvier 1910.<br />
PARTIE <strong>GÉNÉRAL</strong>E 227<br />
MARTIN,<br />
instituteur à Angoulôme.<br />
REVUE <strong>DE</strong> LA PRESSE<br />
La morale à l'école.<br />
L'enseignement de la morale à l'école publique ne<br />
peut être que laïque.<br />
L'Eclair ayant ouvert une enquête sur l'enseignement<br />
delà morale à l'école publique, publie,<br />
entre autres opinions, celle de M. Emile Faguet,<br />
qui est, comme le dit justement notre conlrère,<br />
« l'un des plus libres esprits dont s'honore<br />
l'Université. »<br />
La morale à l'école ne peut être que laïque.<br />
Elle ne doit pas être antireligieuse.<br />
Elle ne peut être que laïque puisqu'elle s'adresse à<br />
des fils de catholiques, à des fils de protestants, à des<br />
fils de juifs et à des fils de libres penseurs. Si elle<br />
était religieuse, elle blesserait d'abord les fils de<br />
libres penseurs ; ensuite, elle blesserait même les fils<br />
de catholiques, de protestants et de juifs, parce qu'il<br />
serait très difficile qu'elle n'eût pas une conclusion<br />
catholique, ou protestante, ou juive.<br />
Voyez-vous l'instituteur, sur la question, qui est<br />
essentielle, des sanctions de la morale, parlant du<br />
purgatoire devant de petits protestants ; ou, à cause<br />
des protestants, n'en parlant pas devant de petits<br />
catholiques, qui seront aussi scandalisés qu'il n'en<br />
parle pas que les petits protestants le seraient qu'il<br />
en parlât ?<br />
Non, s'adressant à tous, l'enseignement de la morale<br />
ne peut être que l'enseignement de la morale<br />
acceptée par tous: il ne peut être que l'enseignement<br />
du devoir, du devoir dicté pai; 1' « impératif » de la<br />
conscience, du devoir sanctionné par le remords et<br />
par tous les maux que la désobéissance, à la voix de la<br />
conscience, traîne après elle.<br />
Dans ces conditions, il y a terrain commun, puisque<br />
toutes les religions et même la libre pensée<br />
aboutissent, au point de vue moral, à cette doctrine :<br />
« Ta conscience te dit: tu dois. — Si tu n'obéis pas,<br />
tù seras malheureux. »<br />
Dans ces conditions, l'enfant ne sera pas « ecartelé »<br />
comme on dit. Ce que lui dira l'instituteur ne sera pas<br />
contredit par ce que lui dira le prêtre ; ce que lui<br />
dira le prêtre ne sera pas contredit par ce que lui<br />
dira l'instituteur... ,<br />
L'enseignement moral à l'école doit être laïque,<br />
sans polémique, sans allusion épigrammatique et<br />
même sans aucune allusion. La morale à l'école doit<br />
être la morale indépendante, mais elle ne doit pas se<br />
targuer d'être la morale indépendante. Elle ne doit<br />
pas alïecter d'être la seule morale réelle, la seule morale<br />
possible et la seule morale vraie.<br />
L'instituteur doit enseigner sa morale sans aucune<br />
préoccupation religieuse et sans aucune préoccupation<br />
antireligieuse. Il doit enseigner sa morale purement<br />
laïque et ne pas dire en finissant : « Et il n'y a que<br />
cela. » Qu'il n'y ait que cela, il peut le croire, mais il<br />
ne doit pas le dire, car c'est déjà de la polémique.<br />
De même que, s'il est catholique, protestant, juif,<br />
il ne doit pas faire son cours de morale et ajouter :<br />
« Mais il y a autre chose. » Ceci encore est de la polémique,<br />
c'est de la polémique anti-libre penseuse.<br />
Voilà, selon moi, la neutralité telle que l'entend la<br />
loi française et, ce qui n'est pas un mauvais titre non<br />
plus, telle que l'entend le bon sens, telle que l'entend<br />
la liberté de conscience, qui est le respect de sa conscience<br />
et de la conscience des autres.<br />
La famille et l'école.<br />
On demande qu'un délégué des pères de famille<br />
surveille l'école.<br />
La famille et l'école : voilà le sujet, si souvent<br />
débattu, qui revient à l'ordre du jour.<br />
Donnons aujourd'hui la parole à un homme<br />
qui ne passe point pour un ami de l'école pu-
228 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
.blique. Sur une question de celte importance<br />
il est juste et il peut être utile d'entendre ce<br />
que dit un adversaire, surtout quand cet adversaire<br />
est un homme d'esprit large et de manières<br />
courtoises, comme l'honorable M. Gurnaud<br />
:<br />
Le Code civil en main, M. Gurnaud tient, dit la<br />
Liberté, pour indiscutable le droit des pères àsurveiller<br />
^l'éducation donnée à leurs enfants. Il faut bien<br />
constater que nos lois sur l'enseignement primaire taisent<br />
ce droit des parents, ou du moins elles ont omis<br />
de créer le rouage qui en assurerait l'exercice.<br />
Il est bien vrai que la loi de 1886 indique l'intention<br />
d'accorder à la famille une place et un rôle dans<br />
l'école pour la création du délégué cantonal. Mais ce<br />
délégué cantonal qui doit être le représentant des familles,<br />
par qui est-il élu? Par le conseil départemental.<br />
Ce sont des instituteurs, ce sont les autorités<br />
académiques, c'est le préfet qui nomment le délégués<br />
des parents.<br />
« L'anomalie est criante, dit M. Gurnaud; elle peut<br />
à bon droit surprendre dans un pays de suffrage<br />
universel où il est de règle ancienne et incontestée,<br />
qu'on ne représente que ceux dont on est l'élu.<br />
o Pour que;ce délégué, investi du mandat d'inspecter<br />
l'école, mérite le nom que lui donnait une récente<br />
circulaire de « représentant des familles, » il faut<br />
qu'il soit élu par elles. »<br />
On ôte ainsi son caractère d'arbitraire à une loi de<br />
la République, on revient à l'idée qu'eut la Révolution<br />
du contrôle de l'école de l'Etat.<br />
En effet, dans un décret du 29 frimaire an II, sur<br />
l'organisation de l'instruction publique auquel la volonté<br />
formelle de la Convention donna force de loi,<br />
on lit :<br />
« Les instituteurs ou institutrices sont sous la surveillance<br />
immédiate de la municipalité ou section,<br />
des pères, mères, tuteurs ou curateurs, et sous la<br />
surveillance de tous les citoyens. » (Section II, article<br />
premier, de la surveillance de l'enseignement.)<br />
On n'accusera pas, je suppose, la Convention de<br />
tendances cléricales ou réactionnaires. Pourquoi, d'ailleurs,<br />
les pères de famille n'auraient-ils pas juridiction<br />
sur les écoles publiques qui sont leur propriété<br />
et sur les instituteurs qu'ils payent?<br />
Un nouveau collège serait constitué qui comprendrait<br />
tous les chefs de famille (pères, mères, tuteurs),<br />
dont les enfants ou pupilles fréquentent les écoles<br />
publiques d'un canton.<br />
ÎNommé par de tels électeurs, le délégué serait pour<br />
l'enseignement primaire un surveillant autorisé.<br />
Les pères de famille nommeront-ils un seul délégué<br />
par canton? — M. Gurnaud estime qu'ils devront<br />
en élire plusieurs, et ces délégués formeraient<br />
le conseil cantonal de l'enseignement primaire. Par<br />
cette représentation permanente, les familles seraient<br />
en contact fréquent avec l'école, et il y aurait entre<br />
elles et le corps enseignant collaboration continue.<br />
Bien plus, ce rouage essentiellement décentralisateur<br />
sera pour le corps enseignant primaire un appui sftr<br />
contre les ingérences politiques dont il est victime.<br />
L'éducation physique.<br />
Les « oiseaux migrateurs » et les<br />
« jeunes éclaireurs ».<br />
Nous avons donné dans ce journal d'intéressants<br />
renseignements sur les boys-scouts britanniques.<br />
M. Naudeau présente aux lecteurs du<br />
Journal les Wandervôgel (oiseaux migrateurs)<br />
allemands, dont l'organisation paraît un peu<br />
calquée sur celle de leurs rivaux d'Outre-<br />
Manche.<br />
Quelques personnes me demandent des détails sur<br />
les Wandervôgel (oiseauxmigrateurs) allemands. Elles<br />
ont appris avec surprise que l'Angleterre et la France<br />
ont déjà reçu leur visite. Rien n'est cependant plus<br />
exact. Ces jeunes Allemands forment des sociétés qui<br />
ressemblent extrêmement à celles des boy-scouts britanniques.<br />
Une bande de Wandervôgel a visité toute l'Ecosse<br />
l'été dernier; ces adolescents germaniques, le bâton<br />
à la main et le sac au dos, ont couru les grandes<br />
routes et ont couché le plus souvent sous la tente ;<br />
ils ont été très cordialement reçus tant par les municipalités<br />
écossaises que par des délégations des boyscouts.<br />
Finalement, un groupe de Wandervôgel est<br />
venu jusqu'à Paris, où il a été photographié par le<br />
journal le Foyer à l'Ecole (numéro du 15 août 1909).<br />
Ces quelques détails suffiront à montrer, je le pense,<br />
que les sociétés de boy-scouts et de Wandervôgel ne<br />
rappellent en rien nos anciens bataillons scolaires,<br />
comme plusieurs personnes mal informées l'avaient<br />
cru.<br />
Les boy-scouts et les Wandervôgel ne portent ni<br />
fusil ni sabre ; ils ne font pas l'oxercice ; ils ne défilent<br />
au son d'aucun clairon. Ils exécutent de longues<br />
marches à travers la campagne, tout en s'efforçant de<br />
faire une série de remarques analogues à celles que<br />
pourrait noter un habile éclaireur, et ainsi se trouvent<br />
développées leurs facultés d'observation et d'initiative.<br />
Ils campent en plein air et se plongent en pleine<br />
nature : ils mènent l'existence du chasseur, du trappeur,<br />
du coureur de bois. Ils reçoivent en outre une<br />
éducation morale dont j'ai dit ici même les caractéristiques<br />
si remarquables.<br />
Au printemps prochain, les boy-scouts anglais vont<br />
être passés en revue par le roi Edouard VII. Cet honneur,<br />
qui augmentera considérablement le prestige<br />
de l'œuvre entreprise par le général Baden-Poweil,<br />
pourra néanmoins contribuer à retarder le voyage<br />
d'un groupe des boy-scouts dans le sud de la France,<br />
pour répondre à l'invitation de la ville de Pau, dont<br />
j'ai parlé. Quant à la question de savoir si l'on parviendra<br />
un jour à organiser en France des sociétés<br />
d'adolescents qui ressembleraient plus ou moins aux<br />
patrouilles de boy-scouts britanniques ou aux groupes<br />
de T andervôgel allemands, c'est là le secret de l'avenir.<br />
L'idée fait rapidement son chemin et séduit de<br />
plus en plus l'opinion. Voilà tout ce qu'on peut en<br />
dire aujourd'hui.<br />
ACTES OFFICIELS<br />
CONCERNANT L 'ENSEIGNEMENT <strong>PRIMAIRE</strong><br />
<strong>DE</strong>CRET modifiant l'article 4, paragraphe 2 du dé<br />
cret du 19 juillet 1890 en ce qui concerne la surveillance<br />
dans les écoles normales d'institutrices.—<br />
23 décembre.<br />
LE PRÉSI<strong>DE</strong>NT <strong>DE</strong> LA RÉPUBLIQtJE FRANÇAISE,<br />
Sur le rapport du ministre de l'Instruction publique ot dos<br />
Beaux-Arts ;<br />
Vu la loi du 19 juillet 1B89, et notamment l'article 48, § 13;<br />
Yu la loi du 30 octobre 1886 sur l'organisation de l'enseignement<br />
primaire ;<br />
Vu les règlements organiques du 18 janvier 1887 ;<br />
Yu la loi du 26 décembre 1908 ;<br />
Vu les décrets des 29 mars et 19 juillet 1890 ;<br />
Vu l'avis émis par le Conseil supérieur do l'instruction<br />
publique ;<br />
Le Conseil d'Etat entendu,<br />
DÉCRÈTE :<br />
ARTICLE PREMIER. — L'article 4, § 2, du décret portant<br />
règlement d'administration publique du 19 juillet 1890 est modifié<br />
ainsi qu'il suit :<br />
« Dans les écoles normales d'institutrices, la surveillance<br />
do nuit est faite soit par deux professeurs, deux déléguées,<br />
deux institutrices, qui en sont chargées alternativement,<br />
soit, à défaut, par une ou deux auxiliaires, moyennant une<br />
allocation annuelle et non soumise à retenue, calculée à raison,<br />
do 500 francs ou do 300 francs selon que le service sera<br />
assuré par deux personnes ou par une seule.<br />
« La surveillance de jour incombe au personnel do l'école<br />
ot de l'école annexe, sans toutefois que le nombre dos heures<br />
d'enseignement et de surveillance totalisées puisse dépasser<br />
do plus de cinrj- heures par semaine pour le personnel<br />
externe ot de dix heures par semaine pour le personnel<br />
interne, les maxima prévus en ce qui concerne les heures<br />
d'enseignement par les articles l of , dernier paragraphe, ot 5<br />
du décret du 19 juillet 1890. »<br />
ART. 2. — Le ministre do l'Instruction publique et dos<br />
Beaux-Arts est )st c chargé de l'exécution du présont décret.<br />
A. FALLTERES.<br />
Par le président de la République,<br />
Le ministre de l'Instruction publique<br />
el des Becmcc-Arls,<br />
GASTON DOUMERGUE.<br />
4409. — Imp. KAPP, 20, rue de Condé, Paris. Le Gérant : A. BAUERLÉ.
77 e Année. - 8° Série. - Tome XLVI. N° 19 22 Janvier 1910.<br />
. ACTES OFFICIELS — —<br />
CONCERNANT L'ENSEIGNEMENT <strong>PRIMAIRE</strong><br />
A.RRETES décernant des prix spéciaux aux instituteurs<br />
et institutrices publics pour l'enseignement<br />
agricole et horticole. — 24 décombre.<br />
(Suite),<br />
ART. 4. — Jl est accordé dos rappels do médaillos et dos<br />
médailles d'oncoiiragement aux 308 instituteurs et institutricos<br />
publics dont les noms suivent :<br />
Rappel de médaille de vermeil.<br />
M. Rousselin (Augusto), à Saint-Pierre-les-Elbouf (Seine-<br />
InTérieure).<br />
Médailles de vermeil.<br />
MM. Aléonard (Isidore), à Saint-Germain-de-Salles (A-llier) ;<br />
— Ardin (Jules), à Lanvénégen (Morbihau) ; — Auvray<br />
(Pierre), à Yorgéal (Il!e-et-Vilaine) ; — Béhier (Elie), à Châtillor.-sur-Colmont<br />
(Mayenne) ; — Bernard IJoan), à Montmarault<br />
(Allier) ; — Borthelot (Henri), à Saint-Gilles-Vioux-Marché<br />
(Côtes-du-Nord) ; — Bertrand (Paul), à Landivy (Mayenne)<br />
; — Boizeau (Noël), à Arzembourg (Nièvre); — lîourlier<br />
(Joseph), à la Guierclie (Sartlie) ; — Bourtoloup (Félix), à<br />
Mayet (Sartlie) ; — Bouton (Aimable), à Grand-Lucé (Sarthe)<br />
; — Brôvault (Louis), à Laigné (Mayenne) ; — Caillaud<br />
(Louis), à Nozay (Loire-Inférieure) ; — Capitaine 'Constant),<br />
à Ardilleux (Deux-Sèvres); — Capron (Emile), à SalnfrSaëns<br />
(Seine-Infériouro) ; — Chaigneau (Léon), à Bois-do-Cené<br />
(Vendée) ; — Chéreau (Albert), à Belléme (Orne) ; — Chopin<br />
(Alexandro), à Crouzier-le-Neuf (Allier) ; — Clément<br />
(Alphonso), à la Meillerayo (Loire-Inférieure): — Collinot<br />
(Jules), à Mauron (Morbihan); —Cottineau (Julien), à Teillé<br />
(Loire-Inférieure) ; — Cousson (Jean), à Chasseneuil (Vienne) :<br />
— Crochet (Gabriel), à Saint-Aubin-sur-Scie (Seine-Inférieure)<br />
: — Desmier (Pierre), à Saint-Philibert (Loire Inférieure)<br />
; — Doignon (Philippe), à Domeyrot (Creuse) ; —<br />
Donie (Alphonse), à Guern (Moibihan) ; — Dubois (André), à<br />
Chamborand (Creuse); — Dubreuil (Jean), à Vaudebarrier<br />
(Saône-et-Loire) ; — Duéme (Michel), à Saint-Priest-er.-Murat<br />
(Allier) ; — Evenon (Yves), à Jossolin (Morbihan) : —<br />
Faugaret (I.ouis), à Gorges (Loire-Inférieure) ; — Mme<br />
Floury (Juliette), à Notrc-Damc-dc-Franqueville (Seine-Infériouro);<br />
— MM.Fleury (Félix), à Notro-Dame-do-Franqueville<br />
(Seine-Inférieure) ; — Fontaine (Louis), à Arques-la-Bataille<br />
(Seine-Inférieure) ; — Frémont (Samuel), à Avremesnil<br />
iSeine-Inférieure) ; — Garnier (Pierre), à Brouil Chaussée<br />
(Deux-Sèvres) ; — Genin (Alfred), à Ambricres (Mayenne);<br />
— Georgeault (Alexandre), à Locmiquelec (Morbilian) ; —<br />
Gorbar.lt (Anibroise), à Ciran (Indre-et-Loire) ; — Godon<br />
(Auguste), à Asnières les-Bourges (Cher) ; —Granier (Pierre),<br />
à Pindray (Vienne); — Guchet (Henri), à la Limouzinière<br />
(Loire-Inférieure) ; —Guesdon (Elie), à Romille (Ille-et-Vilaine)<br />
; — Guillon (Joseph), au Bouchot (Vienne) ; — Ilalouse<br />
(François), à Brécé (Mayenne) ; — Iloimey (Pierre), à Genouillv<br />
(Saône-et-Loire) ; — Inizan (Christophe), à Lesnoven<br />
(Finistère) ; — Joubert (Pierro), à Couëron (Loire-Inférieure) ;<br />
— Labbé (Paul), h Fourmetot (Eure) ; — Latoueho (Ferdinand),<br />
à Allonos (Sartlie) ; —Laurens (Toussaint), à Stivalcn-Pontigny<br />
(Morbihan); — Leblanc (Alexis), à Sainte-Lizaïgne<br />
(Indro); — Lebreton (Jean), à Thouaro (Loire-Inférieure)<br />
; — Le Fouvre (Eugène), àQuilly (Loire-lnférieuro) ;<br />
— Legeay (Léon), à Saint-Denis-d'Orgues (Sarthe); •—<br />
l.iaumo (Auguste), à Martizay (Indre); — Le geais (Théophile),<br />
à Sens-de-Bretagne (IlIe-et-Vilaine) ; — Mahé (François),<br />
à Squiffiec (Cotor-du-Nord) ; — Mancel (Edouard), à<br />
^aint-Georges-de-Remtombault (Ille-et-Vilaine) : — Mandroux<br />
(Lucien), à Marcain (Cher) ; — Martin (Hippolyto), à Guéméné-I<br />
onfao (l.oiro Inférieure) ; — Maugor (Gabriel), à Blair.villo<br />
(Manche) ; — Mautaint (Célestin), à Bazougos (Mayenne)<br />
; — Mercier (Anatole), Pouzanges (Vendée) ; — Nipon<br />
(liornard), à Rochecorbon (Indre-et-Loire); Olivier<br />
(1 terre), à Danvon (Calvados) ; — Papin (Augustin), à Mozé<br />
(Jlaine-ol-Loiro) ; — Plaisir (Adrien), à Plumelin (Morbi-<br />
'">n) ; —Poivet (Chartes), à Plélan-le-Grand (Ille-et-Vilaino) ;<br />
' 1 rost (Josoph), à la Bouillo (Seine-Inférioure) ; —• Raygondeau<br />
(Joan), à la Brotagne-Saint-Junien (Ilaute-Vionno) ;<br />
— Hocovoau (Fordinand), à Bazouges (Sartlie) ; — Renault<br />
1 lorro), à Fyé (Sarthe) ; — Richard (Edouard), à Abbaretz<br />
(Loire-Inférionre); — Roche (Léonard), A Roussac (I-Iauto-<br />
\ lonne) ; — Rondoau (Eugène), à Courcué (Mavonno) ; —<br />
•Sabounn (Désiré), a Saint-Varont (Doux-Sèvres) ; — Sanson<br />
(Alphonse), à Ilantôt-Saint-Sulpico (Soino-Infériouro) ; •—•<br />
jsollorot (Jules), à Saint-Marion (Creuso) ; — Toxior (Chartes)<br />
a Champoaux (Deux-Sèvres) ; — Trichet (Goorgos), à<br />
> ix (% endéo) ; — Trolong (Edouard), à Lison (Calvados).<br />
— Duprez (Marie), à Saint-Laurent-de-Brévedent (Seine-Inférieure)<br />
; — Henry (Gaston), à Malaunay (Seine-Inférieure) ;<br />
— Miannay (Edmond), à Cany (Seme-Inférieure) ; — Pinchon<br />
(Albert), à Foucart (Seine-Inférieure) ; — ThieuL'n<br />
(Gustave), à Ouville-l'Abbaye (Seine-Inférieure).<br />
Médailles d'argent.<br />
MM. Adde (Georges), à Saint-AignanMle-Roé (Mayenne) ;<br />
— Addes (Constant), à Guipel (Ille-et-Vilaine) ; — Àlory (Victor),<br />
à Saint-Sébastien-les-Nàntos (Loire-Inférieure); — Aufort<br />
(Louis), à Thenay (Indre); -*• Avenier (Gilbert), à Deux-<br />
Chaises (Allier) ; — Babule (François), à Saint-Léger-la-<br />
Montagne (Haute-Vienne) ; — Baglin (Paul), à Vimoutiers<br />
(Orne) ; — Ballu (Louis), à Pocé (Indre-et-Loire) : —Banâtre<br />
(François), à Saint-Léger (Ille-et-Vilaine); — Barrault<br />
(Auguste), au Plessis-Grammoire (Maine-et-Loire) : — Barillot<br />
(Adolphe), à Chauray (Deux-Sèvres).; — Bazeilles (Tranquil),<br />
à Bures (Orne); —Benoît (Pascal), à Quettehou (Manche):—<br />
Berger (Victor), à Ahun (Creuse) ; — Breton (Désiré),<br />
à Bournan (Indre-et-Loire); — Bezès (André), à l'IIermitage<br />
(Ille-et-Vilaine) ; — Billaud (Auguste), à Saint-Gervais<br />
(Vendée); •— Bouchaud v (Arsène), à Malville (Loire-Inférieure);<br />
— Bouàevin (Auguste), à Cravaux (Indre-et-Loire);<br />
— Bougault (François), à Douragné (Ille-et-Vilaine) ;—Boutron<br />
(Jean), àChavenon (Allier); — Bricard (Julien), àVillaines-lc-Juhel<br />
(Mayenne); —Buisson (Auguste),à Coulandon<br />
(Allier) ;— Cagnac (Louis), à Chassignolîes (Indre) ; — Can-^<br />
cel (Jean), à Doulonbourg (Nantes) (Loire-Inférieure) ; —<br />
Chapeau (Victor), à Pré-en-Pail (Mayenne); — Chàtel<br />
(Adolphe), à Ecaquelon (Eure) ; — Chauvigné (Dominique), à<br />
Port-Saint-Père (Loire-lnférieuro) ; — Chené (Auguste), au<br />
Temple-de-Breiagne (Loire-Inférieure) Chevrel (Auguste),<br />
à Lavernat (Sarthe); — Chevy (Abel), à Saint-Valentin<br />
(Indre) ; — Coffre (François), à Yvillc-sur-Seine (Seine-Inférieure)<br />
; — Daguier (Pascal), à Livré (Mayenne) ; — Dauguet<br />
(Alphonse), à Ballots (Mayenne) ; — Défrène (Jules), à<br />
ReuviUe (Seine-Inférieure) ; •— Delaunay (François), à<br />
Sainte-Scolasse (Orne); — Denys (Jean), à Vigneux (Loire-<br />
Inférieure) ; — Doschamps (Gabriel), à Condé-sur-Isle<br />
(Eure): — Descubes (Jean), à Eyjeaux (Haute-Vienne) : —<br />
Desmot (Elie), à Sillé-lc-Guillaume (Sarihe); — Dubourg<br />
(Henri), à Oisseau-le-Petit (Sarthe) ; — Dumesnil (Roch), à<br />
Blossevillin-sur-Mer (Seine-Inférieure) ; — Falaise (Paul), à<br />
'Morville (Seine-Inférieure) ; — Faribault (Ferdinand), à Luché-Pringé<br />
(Sarthe) ; — Fléchard (Louis), à Montenay<br />
(Mayenne) ; — Floch (Michel), à Plourin-Morlaix (Finistère)<br />
; — Forget (Jean), à _Saint-Germain-en-Coglès (Ille-et-<br />
Vilaine);— Fournot (Eugène), à Belleville-sur-Mèr (Seine-<br />
Inférieure) ; — Fraslin (François), à Saint-Léger (Loire-Infé»<br />
rieure) : — Gaildraud (Alexis), à Saint-Nicolas-en-Ploumelian.<br />
(Morbihan); — Galand (Alfred), à Marcilly-les-Buxy (Saôneet-Loire)<br />
; —• Garreau (Alphonse), à Piacé (Sarthe) ; —<br />
Mme Garreau (Arthémise), à Saint-Sauveur (Vienno); —<br />
MM. Garreau (Max), à Saint-Sauveur (Vienno) ; — Goujat<br />
(Dominique), à Larochemillay (Nièvre); — Groud (Fleuribert),à<br />
< hàteaugiron (Illo-et-Vilaine) : — Guédon (Napoléon),<br />
à Baunaloc (Finistère) ; — Guéroult (Albert), à la Nouville-<br />
Champ-d Oisel (Seine-Inférieure) ; —Guimard (Léon), à Sallertaine<br />
(Vendée) ; — Hébert (Augusto), à Cerny-la-Salle<br />
(Manche) ; — Hervouet (Alphonse), à Bouguenais (Loire-<br />
Inférieure) ; — Hubert (François), à Monterfil (Ille-et-Vilaine)<br />
: — Ilulin (Auguste), à Saint-Michel-do-Chavaignes<br />
(Sarthe);—Jolivet (Louis), à Pommorit-Je-Vicomte (Côtesdu-Nord)<br />
; — Jutoau (Joseph), à Sucé (Loire-Inférieure); —<br />
Lachiver (Aristide), à Rostrenen (Côtes-du-Nord) ; —Langlais<br />
(Ange), à Livré (Ille-et-Vilaine) ; —- Lebreil (Jean), à<br />
Saint-Nicolas-dc-Redon (Loire-Inférieure) ; —Leçadieu (François),<br />
à IIoding-sur-Bon (Seine-Inférieure) ; — Lechatou (Augustin),<br />
à Eréac (Côtes-du-Nord) ; — Le Gai (Joseph), à<br />
Merdrignac (Côtes-du-Nord) ; — Leg;endre (Joseph), à Grezon-Bonère<br />
(Mayenne) ; — Le Louédec (Yves), à .Quévert<br />
(Côlos-du-Nord) ; — Le Moal (Alexis), à. Korgrisy-Moëlon<br />
(Côtes-du-Nord) ;— Le Morvan (Louis), à Loudéac (Côtee-<br />
.lu-Nord) ; — Lopago (Eugène), à Saint-Pair-Kairou (Manc),e)<br />
; _ Lesimplo (Clautfe), à Barbecbat (Loire-Inférieure) ;<br />
— Lovézier (/ippolinaire), à Isnéanville (Seine-Inférieure);<br />
— Lhoumeau (Louis), à la Chapelle-Bassc-Mer (Loire-Inférieure)<br />
; — Loreau (Anibroise), à Rouans (Loire-Inférieure) ;<br />
— Maingot (Hippolyte), à Saint-Gemme-la-Plaine (Vendée) ;<br />
—Maireau (Eugène), à. Collos-sur-Belle (Deux-Sèvres) y —*<br />
Mallot (Pierre), à Luzigny (Allier) ; —Marie (Paul), à Aizenay<br />
(Vendée) ; —Martienne (Louis), à. la Chapelle (Morbihan)<br />
; — Martinet (Antoine), à Loché .(Indre-et-Loire) ; —<br />
Rappels de médaille d'arr/ent.<br />
Massonnat (Silvain), à Saint-Hilairc-de-Court (Cher) ; Maudoux<br />
(Louis), à la Regrippière (Loire-Inférieure); — Mé-<br />
MM. Bondu (Aimé), à Gaucourt-Saint-Euonno (Soine-Tnféneux (Julien), à Château-Thibaud (Loire^Inférieure) ; Minoure)<br />
; — Catois (Gustave), à Saintc-Gommor-le-Robert chard (François), à Saint-Léger-cles-Bois (Saône-et-Loire) ;<br />
S - » l L - D » " (Constant), à Villolleur (Soine-Infé- — Mirebeau (Léon), à Etoutteville (Seine-Inférieure) ; —<br />
nouro); — Dufétollo (Lucien), ù Bihorol (Seine-Inférioure) • Motreul (Joseph), à Brains (Loirc-lnférieure) ; — Moulinot
146<br />
<strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
{•Alfred), A Yerneuil-Moustiers (Haute-Vienne) ; — Olieix<br />
(Jean-Baptiste), à Saint-André-des-Eaux (Loire-Iiiférieure) ;<br />
— Papillon (Emile), à Gruchet-Saint-Siméon (Seine-Inférieure);<br />
— Pasquier (Félix), à Saint-Nazaire-l'Immaculée<br />
(Loire-Inférieure): — Petit (Georges), à Martigné (Ille-et-<br />
Vilaine); — Poivet (Eugène), à Bruz (llle-et-Yilaine) ; —<br />
Bottier (Emile), à Crosmières (Sarthe) ; — Raffoux (Jules),<br />
A Saint-Aignan (Loire-Inférieure) ;—Rasse (Ernest), à Auzebosc<br />
(Seine-Inférieure); — Riolon (Louis), à Pezé-le-Robert<br />
(Sarthe); — Riot (François), à Chapelle-Heulin (Loire-<br />
Inférieure) ; — Robin (Alexandre), à Brinay (Cher); —<br />
Roussaud (André), à Carquefou (Loire-Inférieure); — Simon<br />
(Joseph), à Trébedan (Côtes-du-Nord) ; —Tacheux (Edmond),<br />
à Tôtes (Seme-Inférieure) ; — Tardif (Pierre), à Moréàc<br />
(Morbihan); — Mme Thieulin (Léonie), :à Ouville-l'Abbaye<br />
(•Seine-Inférieure) ; —M Tison (Félix), à Saih^ilimer (Cal<br />
vados) ; •—Mme Trichet (Irma), à Yix (Vendée) j — MM. Tru»<br />
chot (Marins), à Virey (Saône-et-Loire) ;— Vallet (Victor),<br />
àNanteuil (Deux-Sèvres) ;— Vieau (André), à Bauné (Maine-et-Loire)<br />
; — Vincent (Marc), aux Rollins (Nièvre);—<br />
-Viovy (Silvain), à Varennes (Indre).<br />
(A suivre.)<br />
PERSONNEL. — NOMINATIONS.<br />
Inspection académique.<br />
Inspecteurs. — 24 décembre. — M. Abit va de la Rochesur-Yon<br />
à Avignon : — M. Ginous, de Draguignan à Saint-<br />
Etienne ; — M. Lamounette, d'Alger à Lyon :—M. Brunet,<br />
de Constantine à Alger.<br />
Secrétaire. —.21 «lécombre.— M. Guieu va de Mont-de-<br />
Marsan à Périgueux.<br />
Conseil départemental.<br />
21 décembre. — M. Arrivetz, inspecteur primaire à Pau,<br />
est désigné pour faire partie du conseil départemental des<br />
Basses-Pyrénées, en remplacement de M. Bancal, admis à<br />
faire valoir Ees droits à une. pension de retraite.<br />
Inspection primaire.<br />
17 décembre. — M. André va.de Reims à Paris, en remplacement<br />
de M. .d'Ollendon, admis.à faire valoir.ses droits à<br />
une pension de retraite.<br />
24 décembre. — M. Benoit, d'Gloron à Pau ; — M. Berneuil,<br />
d'Avesnes à Douai ; — M. Cayasse, de Dôle. à Avesnes<br />
; — M. Ilumbert, d'Avallon à Evreux ; — M. Lépine,<br />
de Bourges à Reims ; — M. Perrenot, de Redon à. Lunéville;<br />
ANNONCES<br />
— M. Yernay,. d'Annecy à Grasse ; — -M. Sauvanet, de Ghâtillon-sur-Seine<br />
à Saini-Amand (Cher); —.M. Faivre, de<br />
Castellane à Châtillon-sur-Seine.<br />
Écoles primaires siiuérieures.— FILLES. —Institutrices<br />
adjointes — 13 décembre. — Mme Matagrin est<br />
déléguée dans' les fonctions d'institutrice adjointe à l'école<br />
primaire supérieure d'Epinal.<br />
24 décembre. — Mlle Gault est déléguée, pendant l'annéo<br />
scolaire 1909-1910, dans les fonctions d'institutrice adjointe à<br />
l'ecole primaire supérieure de.Fougères; — Mlle Chasseroau<br />
va de La Ferté-Macé à Mayenne ; — Mlle Verger est déléguéé,<br />
pendant l'année scolaire 1909-1910, dans les fonctions<br />
d'institutrice adjointe à l'école primaire supérieure de La<br />
Ferté-Macé, en remplacement de Mlle Cliassereau.<br />
Ecoles normales primaires. —INSTITUTEURS. —<br />
Directeurs. — 17 décembre. — M. Ab der .Halden, inspecteur<br />
primaire à Saint-Amand (Cher), est nommé, à dater du<br />
1 er janvier 1910, directeur de l'école normale d'Alger-Bouzaréa,<br />
en remplacement do M. Bernard : — M. Ghopis va de<br />
Draguignan à Nice ; — M. Girod, de Gap à Draguignan : —<br />
M. Nicolas est nommé directeur de l'école normale de Gap.<br />
Professeur. — 6 décembre. — Un nouveau congé d'inactivité<br />
d'Un an, à dater du l or octobre 1909, est accordé, sur sa<br />
demande, à M. Descalle, professeur d'école normale, en<br />
congé.<br />
Institutews -adjoints. — 21 .décembre. — M. Germain,<br />
instituteur adjoint titulaire à l'école primaire supérieure de<br />
Saint-lIilairerdu-Harcouët, est mis à la disposition du mi-<br />
Inférieure), est.délégué,.pendant l'année scolaire 1909-1910,<br />
dans les fonctions d'instituteur adjoint (ordre des lettres) à<br />
l'école primaire supérieure de Saint-Hil ire-du-Harcouët.<br />
INSTITUTRICES. — Professeurs. — 21 décembre. —<br />
Mlle Henry, professeur à l'école normale d'institutrices de<br />
Perpignan, est admise, sur sa demande, à faire /valoir ses<br />
droits à une pension.de retraite, à dater du l« r janvier. 1910,<br />
comme hors d'état de continuer ses fonctions.<br />
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supérieure de Fougères, est nommée professeur à<br />
l'école normale de La Roche-sur-Yon.<br />
Economes. — 21 décembre.— Mme Guisard va de Valence<br />
à Miliana (emploi nouveau); —Mlle Midol-Monnet, institutrice-adjointe<br />
à Ilay (Jura), est,nommée économe (5° classe)<br />
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Professeur Professeur à l'École 1 Ecole des Hantes Hautes Études Etudes commerciales et à l'Ecole l fccole Supérieure bupèr: Lavoisier, Examinateur à l'Institut Commercial de<br />
Paris, Ancien Membre du Jury d'Etat pour l'Ecole Supérieure de Cor Commerce, Expert-Comptable breveté, 9, ru© Bridaine<br />
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Année scolaire 1909-1910. H° 19 22 Janvier 1910.<br />
SUJETS <strong>DE</strong> COMPOSITIONS<br />
donnés dans<br />
LES EXAMENS ET CONCOURS <strong>DE</strong> L'ENSEIGNEMENT PRIMA IR1<br />
AVIS RELATIF A LA CORRECTION <strong>DE</strong>S COPIES<br />
Pour la préparation des maîtres aux examens du<br />
certificat d'aptitude pédag'Og-ique, du brevet supérieur,<br />
du professorat des écoles normales, de<br />
l'Inspection primaire, nous tenons à la disposition<br />
de nos abonnés un grand nombre de sujets à<br />
traiter que nous leur adresserons gratuitement sur<br />
demande accompagnée d'une bande du journal et<br />
adressée au secrétaire de la rédaction du Manuel<br />
général.<br />
Nous prions nos correspondants de vouloir bien<br />
indiquer avec précision l'espèce des sujets qu'ils désirent.<br />
(Sujets du C. A. P., ou du brevet supérieur,<br />
ou du professorat, ou de l'inspection.)<br />
Nous rappelons à nos abonnés que nous corrigeons<br />
toutes les copies qui nous sont adressées par eux et<br />
que le tarif .des corrections est fixé ainsi qu'il suit :<br />
CERTIFICAT D'ETU<strong>DE</strong>S <strong>PRIMAIRE</strong>S !<br />
I<br />
Orthographe et Ecriture 2 .<br />
La Seine.<br />
La Seine, doucement épanchée des coteaux, de la<br />
Bourgogne, est en .tous sens le premier de nos<br />
fleuves, le plus civilisable, le rplus perfectible. Elle n'a<br />
ni .la capricieuse et perfide mollesse de la Loire, ni la<br />
brusquerie de la Garonne, ni la terrible impétuosité<br />
du lihône. Dès Troyes, la Seine se laisse couper,<br />
diviser à plaisir, allant chercher les manufactures et<br />
leur prêtant ses eaux 1 II faut la voir entre Pont-d^-»<br />
l'Arche et Rouen, la belle rivière, comme elle se pare<br />
de ses îles innombrables, encadrées au soleil couchant,<br />
dans les flots d'or, tandis que, tout du long,<br />
les pommiers mirent.leurs fruits jaunes et rouges sous<br />
des masses blanchâtres.<br />
La Seine porte la pensée de la France de Paris<br />
vers la.Normandie, vers l'Océan, vers l'Angleterre, la<br />
ointaine Amérique. MICHELET. — (Notre France.)<br />
QUESTIONS. — 1 Expliquer les mots : mollesse,<br />
brusquerie, impétuosité.<br />
(Manque d'énergie. — Caractère de ce qui est soudain.<br />
— Caractère de ce qui se meut avec rapidité et<br />
violence.)<br />
2. Que signifient les expressions : douoement épanchée,<br />
les flots d'or?<br />
(:Epancher : verser, répandre ; la Seine coule lentement<br />
des coteaux peu élevés où elle prend sa<br />
source. Les eaux que roule la Seine sont colorées<br />
par le soleil couchant, ce qui les fait ressembler à de<br />
l'or.)<br />
3. Analyser le mot encadrées et expliquer l'accord<br />
de ce mot.<br />
4. Pourquoi Michelet .dit-il que la Seine est .le premier<br />
de nos fleuves ?<br />
1. En remerciant vivement ceux de nos abonnés qui ont<br />
l'obligeance de nous envoyer les sujets de compositions donné»<br />
dans les examons et concours, nous les prions, pour faciliter<br />
le travail do l'imprimerie, d'écrire seulement sur le recto<br />
des feuilles qu'ils nous adressent<br />
2. Canton d'Alnifçno (Ando), 16 juin 1909. Communiqué par<br />
M. E. Maffre, instituteur à Armineau (Aude).<br />
Sujets de Compositions.<br />
1 fr. 50 par sujet pour les compositions -préparatoires<br />
aux examens de l'inspection primaire et du<br />
professorat des écoles normales ;<br />
1 fr. par sujet pour les compositions préparatoires<br />
au C. A. P.;<br />
0 fr. 75 peur sujet pour les compositions préparatoires<br />
aux examens du brevet supérieur {la composition<br />
de mathématiques peut comprendre deux problèmes<br />
qui sont corrigés pour 0 fr. 75);<br />
0 fr. 50 par sujet pour les compositions des aspirants<br />
au brevet élémentaire, aux écoles normales<br />
primaires et au certificat d'études primaires.<br />
De plus, les abonnés qui désirent recevoir sous enveloppe<br />
fermée leurs copies annotées, doivent ajouter<br />
15 cent, au prix indiqué pour la correction<br />
Ces petites sommes peuvent nous être adressées soit<br />
par mandat-poste, soit en timbres-poste, soit en timbres<br />
spéciaux d'une valeur conventionnelle de 0 fr. 25<br />
chacun, que l'administration du journal tient à la disposition<br />
de ceux qui en demandent.<br />
(Parce qu'elle est celui qui rend le plus de services<br />
étant le plus navigable.)<br />
Composition française.<br />
Le maire. — Ses attributions. — Quelles sont les<br />
fonctions du maire comme représentant du conseil<br />
municipal, comme représentant du préfet ?<br />
INDICATIONS. — Le maire est l'officier de l'état civil<br />
qui exerce le pouvoir exécutif dans une commune.<br />
Elu par le conseil municipal, il en est de droit le<br />
président. Il prépare et présente le budget, fait exécuter<br />
.les. décisions des conseillers, représente la commune<br />
dans tous les actes d'administration de ses<br />
biens, et en justice ; il y assure l'ordre et la paix<br />
publique, le service de la voirie. Comme officier de<br />
l'état civil, il enregistre les naissances, les mariages<br />
et les décès. Représentant du préfet, il fait exécuter<br />
les lois et règlements transmis par celui-ci.<br />
Calcul.<br />
1. Une propriété se compose de trois pièces de terre<br />
dont les surfaces sont: 2 ha. 1/2, 25 400 ca.,S745mq.<br />
On la vend à 26 fr. 75 l'are. Quel sera le produit de<br />
cette vente ?<br />
Solution. — 2 ha. 1/.2 = 250 ares ; 25 400 ca. =<br />
254 ares : 8745 mq. = 87 a. 45.<br />
Surface totale de la propriété: 250 a. + 254 a. +<br />
87 a. 45 = 591 a. 45.<br />
Prix de vente de la propriété : 26 fr. 75 X 59.1,45 =<br />
15 821 fr. 30, par excès.<br />
2. Un commerçant a perdu les 4/5 de sa fortune.<br />
Le reste, placé à 4 fr. 25 0 /o, lui rapporte un intérêt<br />
annuel de 1 230 fr. Quelle était la fortune ?<br />
Solution. — Somme placée à 4 fr. 25 % :<br />
100 fr. x 1230 24 600 fr. ' qn<br />
= 2S 941 fr. 20, par excès.<br />
4,25 0,85<br />
Fortune totale : 28 941 fr. 20 X 5 = 144 706 fr.<br />
Agriculture.<br />
Qu'appelle-t-on amendement ? — Comment les<br />
plantes se reproduisent-elles?— Quelles sont les plant es<br />
que l'on cultive dans notre pays?<br />
Ourlet. — Boutonnière.<br />
Couture.<br />
N» 19.<br />
DICTÉE. G. <strong>MANUEL</strong>. Cent Dictées du certificat d'études primaires réponses, 6 ^"^'broché^ 60 C.
74 <strong>MANUEL</strong>S <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
II<br />
Orthographe et Ecriture<br />
Le soleil est tout en haut du ciel, les murs ne donnent<br />
presque plus d'ombre, ou se fatigue à marcher<br />
tant la chaleur est accablante. C'est l'heure du repos<br />
pour les moissonneurs dans les champs, pour les faucheurs<br />
dans les prairies. Ils dorment en ce moment,<br />
étendus sous l'ombrage des arbres ou au pied des<br />
meules qu'ils ont entassées. Les bœufs, les moutons<br />
ruminent ou dorment couchés dans l'herbe.<br />
Le ciel est bleu et sans nuages; on ne sent aucun<br />
souffle à la plus haute branche des peupliers ; les<br />
feuilles restent immobiles. Les oiseaux se sont tus<br />
depuis quelques instants ; les insectes se sont mis à<br />
l'abri sous les feuilles et la cigale seule se fait entendre.<br />
Les fleurs s'inclinent et l'herbe est altérée; tout<br />
semble fatigué et endormi.<br />
EXERCICE. — 1. Qu'est la nature à midi d'après<br />
la description ci-dessus? Cette description est-elle<br />
exacte ?<br />
(La nature est comme pétrifiée par la très grande<br />
chaleur. La description est exacte pour une chaude<br />
journée d'été ; elle ne le serait pas pour une journée<br />
d'automne ou de printemps, ni même pour une_ journée<br />
pluvieuse ou orageuse d'été.)<br />
2. Combien la première phrase renferme-t-elle de<br />
propositions? Ecrivez-les en indiquant la nature de<br />
chacune d'elles.<br />
3. Tronver des mots de la même famille que ombrage,<br />
insecte.<br />
(Ombre, ombrager, ombragé, ombrer, pénombre.<br />
Insectivore, insecticide.)<br />
Composition française.<br />
Décrivez la mairie de votre village. Pourquoi l'appelle-t-on<br />
maison commune ? Dites à quoi elle sert.<br />
SUJET TRAITÉ. — La mairie de mon village est toute<br />
petite et bien simple : un rez-de-chaussée aux murs<br />
blancs, percé de deux grandes fenêtres et couvert<br />
d'un toit de tuile rouge. Elle est située sur la place<br />
du village ; à sa porte claque un drapeau tricolore.<br />
C'est la maison commune, c'est-à-dire qui appartient<br />
à tous. On y traite les affaires du village puisque<br />
le conseil municipal y tient ses séances ; on y<br />
-accomplit les actes de la vie publique, comme les<br />
élections; on y inscrit les naissances, les décès, les<br />
mariages sur le registre de l'état civil ; les décrets y<br />
sont affichés. Les différents services communaux ont<br />
leur siège à la mairie: écoles, voirie, police, assistance<br />
publique. Si humble qu'elle soit, notre mairie<br />
abrite les intérêts des six cents habitants du village.<br />
Calcul.<br />
1. Partager le nombre 480 en deux parties dont<br />
l'une soit les 3/5 de l'autre.<br />
Si l'une des parties était 5, la seconde serait 3 et<br />
le nombre 8.<br />
Solution. — La première partie réelle est : ^<br />
= 3 x 60 = 180.<br />
La deuxième partie est : 480 — 180 = 3 00.<br />
2. Pour se rendre à son travail, un ouvrier fait<br />
3140 pas de 0 m. 70 chacun en allant, autant en revenant.<br />
Combien en a-t-il fait en un an s'il chôme<br />
80 jours et s'il se rend à son travail deux fois par<br />
jour? (année : 305 jours.)<br />
Solution. — Nombre de jours pendant lesquels<br />
1 ouvrier marche : 365 — 80 = 285.<br />
Combien de fois en un an l'ouvrier accomplit le<br />
trajet : 285 x -4 = 1140 fois.<br />
Longueur du trajet : 0 m. 70 x 3 1 40 = 2 1 98 m.<br />
Distance parcourue chaque année : 2 198 m. x<br />
1 140 = 3 0 7 7 2 0 m. .<br />
Agriculture,<br />
L'étable d'une ferme bien tenue : l'emplacement à<br />
choisir; étendue, propreté du bétail.<br />
CONCOURS POUR L'OBTENTION <strong>DE</strong>S<br />
BOURSES D'ENSEIGNEMENT <strong>PRIMAIRE</strong><br />
SUPÉRIEUR 1 .<br />
Orthographe.<br />
Le Puy en Velay.<br />
Rien, mon ami, ne peut te donner l'idée de la<br />
beauté pittoresque de ce bassin du Puy, et je ne connais<br />
point de site dont le caractère soit plus difficile<br />
à décrire. Ce n'est pas la Suisse, c'est moins terrible ;<br />
ce n'est pas l'Italie, c'est plus beau : c'est la France<br />
centrale, avec tous ses "Vésuves éteints et revêtus<br />
d'une splendide végétation ; ce n'est pourtant ni l'Auvergne,<br />
ni le Limousin. Ici, point de riche Limagne,<br />
arène vaste et tranquille de moissons et de prairies<br />
abritées au loin par un horizon de montagnes soudées<br />
ensemble, point de plateaux fermés de fossés naturels.<br />
Non, tout est cime et ravin, et la culture ne<br />
peut s'emparer que de profondeurs resserrées et de<br />
versants rapides. Elle s'en empare, elle se glisse partout,<br />
jetant ses frais tapis de verdure, de céréales, de<br />
légumineuses avides de la cendre fertilisée des volcans,<br />
jusque dans les interstices des coulées de lave<br />
qui la rayent dans tous les sens. Quand, des bords<br />
élevés de cette enceinte tourmentée, on peut l'embrasser<br />
d'un coup d'œil, cm y retrouve les vastes proportions<br />
et les suaves harmonies qui font qu'un tableau<br />
est admirable et que l'imagination n'y peut rien ajouter.<br />
GEORGE SAND.<br />
QUESTIONS. — 1. Expliquer le sens des expressions<br />
suivantes: Vésuves éteints, riche Limagne, arène<br />
vaste et tranquille de moissons... fossés naturels.<br />
2. Analyser la première phrase. Indiquer le nombre<br />
et la nature des propositions.<br />
3. Conjuguer les verbes connaître, éteindre, à la<br />
l re personne du singulier et du pluriel des temps suivants<br />
: présent et imparfait de l'indicatif, passé indéfini,<br />
futur simple, présent du conditionnel.<br />
EXPLICATIONS. — Vésuves éteints : volcans éteints<br />
(c'est-à-dire qui n'ont plus d'éruptions). Le Vésuve<br />
est un volcan d'Italie qui a, souvent encore, des<br />
éruptions terribles. La figure qui consiste à employer<br />
un nom propre pour un nom commun, ou vice versa,<br />
s'appelle Vantonomase ; exemples : un crésus (un<br />
homme très riche : Crésus, roi-de Lydie dans les<br />
temps anciens, possédait de grandes richesses), un<br />
harpagon (un homme très avare, comme Y Harpagon<br />
de Molière), l'Aigle de Meaux (Bossuet), le Cygne de<br />
Cambrai (Pénelon), etc. — Riche Limagne : fertile<br />
vallée de l'Allier, en Auvergne; la fertilité du sol<br />
enrichit un pays. — Arène vaste et tranquille de<br />
moissons: ici, l'ensemble de la vallée couverte de<br />
moissons est comparée à une sorte de plage dorée ;<br />
l'auteur relie ainsi directement le sens figuré du mot<br />
arène au sens primitif de ce terme. Arène signifie, en<br />
effet, proprement, espace, enceinte, dont le sol, comme<br />
celui des cirques, a été recouvert de sable fin, pour<br />
faciliter les courses et les autres exercices et spécialement<br />
pour amortir l'effet des chutes. — Abritées<br />
par un horizon de montagnes : abritées contre les<br />
vents trop froids ou trop chauds par les montagnes<br />
qui, de tous côtés, bordent l'horizon. — Fermés de<br />
fossés naturels : ces fossés naturels de l'Auvergne<br />
sont des vallées ou des vallons où coulent l'Allier et<br />
son affluent la Sioule, la Dordogne, la Cère, etc. —<br />
Rien, mon ami, ne peut te donner l'idée, etc. 11 y a,<br />
dans cette phrase, trois propositions. 1° Principale:<br />
Rien, mon ami, ne peut le donner Vidée de la beauté<br />
pittoresque de ce bassin du Puy. 2° Coordonnée à lu<br />
principale : et je ne connais point de site. 3° Complétive<br />
déterminative : dont le caractère soit plus difficile<br />
à décrire.<br />
Composition française.<br />
Dans une lettre à une amie, vous prenez la défense<br />
de l'âne en faisant le commentaire de cette phrase de<br />
1. Marconat (Cantal) ; garçons et fillos, 19 juin 1509. Com- t. Aspirantes, 1909 : Clermonl-Forranil, Communiqué par<br />
muniquô par M. Dolmon, instituteur à Albepierro (Cantal). Mlle Marie Accariat, instilutrico au Pianol (Puy-de-Dôme).<br />
RÉDACTION fi MANIIFI Cpnt ftiîilarfinns duCertificat d'études primaires, suivies deplans, de C A c<br />
I lun. u . 1Y1A1W.I. cent Keaactions développements et de conseils nux candidats. Tn-1G br. u .
Buffon : « Pourquoi tant de mépris pour cet anima,<br />
si bon, si patient, si sobre, si utile? »<br />
INDICATIONS. — Encore un assez bizarre sujet de<br />
lettre I Essayez de bien amener votre plaidoyer. Commencez<br />
par les gentillesses d'usage ; une lettre ne<br />
doit pas être, d'un bout à l'autre, une simple dissertation.<br />
Vous pouvez supposer ensuite, par exemple,<br />
qu'on vous a fait don d'un joli petit âne qui doit<br />
égayer vos promenades d'été. Et vous vous etonnez<br />
qu'on ait tant de mépris pour « Messire Aliboron. »<br />
La phrase de Buffon vous indique à peu près le plan<br />
de votre devoir. L'âne est bon ; il s'attache facilement<br />
à qui le traite avec douceur. Il est patient, car il supporte<br />
avec courage de rudes fatigues ; si on le maltraite<br />
constamment, il devient entêté, indocile ; mais<br />
pourquoi le rouer de coups, alors que, sans peine,<br />
par 1 la bonté, on peut obtenir de lui tant de services?<br />
Il est sobre: il se contente, à la rigueur, d'herbes<br />
rudes, (iont ne voudrait nul autre herbivore, et de<br />
chardons ; il n'est délicat que sur l'eau : y a-t-il lieu<br />
de lui reprocher son dégoût, si naturel, pour l'eau<br />
bourbeuse et fétide des mares? Il est utile : parlez ici<br />
de l'âne qui porte au marché les légumes que la<br />
paysanne va vendre, de l'âne qui fait le service du<br />
moulin, de celui qui traîne le bazar ambulant du<br />
gagne-petit, etc. C'est au pauvre surtout, à celui qui<br />
ne peut pas se payer un cheval, que l'âne est utile.<br />
Ajoutez que cet animal ne manque pas d'intelligence,<br />
qu'il en a plus, en réalité, que le cheval et que, par<br />
suite,, on a grand tort d'appliquer son nom à l'ignorant,<br />
au sot. — Voir d'autres détails'dans les Cent<br />
compositions françaises du B. E., par G. Manuel 1 ,<br />
page 58.<br />
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BREVET ÉLÉMENTAIRE 1<br />
Orthographe.<br />
L'é«lucation dans la famille.<br />
L'enfant ne se passe pas impunément de caresses.<br />
De ceux à qui elles manquent, les meilleurs souffrent<br />
et se replient sur eux-mêmes, ou se jettent ailleurs<br />
avec une ardeur fébrile ; les autres désapprennent<br />
d'aimer. Les caresses n' excluent pas la discipline :<br />
elles la tempèrent, elles lui otent son visage farouche<br />
; il est si doux, quand on entre dans le monde,<br />
d'y rencontrer la bonté ! Un spectacle odieux est celui<br />
d'une maison où les enfants commandent et les<br />
parents obéissent; mais quand chacun est à sa place,<br />
quand la raison a l'autorité, encore faut-il que l'autorité<br />
soit raisonnable. Que les parents maintiennent<br />
donc le respect gui leur est dû; qu'ils aient constamment<br />
en vue d'obtenir le travail et le bon caractère,<br />
qu'ils ne prétendent pas tout obtenir en un jour et<br />
pardonnent beaucoup à la légèreté de l'âge ; s'ils ne<br />
rencontrent pas dans leurs enfants d'autre résistance<br />
que celle-là, de grâce, qu'ils ne refoulent pas cette<br />
joie qui déborde. Prévoir que leurs enfants auront à<br />
traverser des temps difficiles et commencer par leur<br />
imposer des chagrins, pour les préparer à ceux qui<br />
Arithmétique.<br />
doivent venir, c'est vraiment, trop de prévoyance;<br />
Théorie. — Faites l'opération suivante : 245:37-<br />
autant vaudrait leur dire : a Ne riez pas maintenant,<br />
à 0,01 près, et expliquez la manière dont vous pro,<br />
car vous pleurerez plus tard. » Qu'ils ne soient pas si<br />
cédez..<br />
sévères, la vie le sera assez : d'ailleurs quand viendra<br />
l'épreuve, viendra aussi la force qui fait qu'on la<br />
INDICATIONS. — Remarquer : 1° que 245 peut supporte; et une partie de cette force sera le souve<br />
s'écrire: 245,0, 245,00..., etc., c'est-à-dire: 245 + nir des bonnes années passées dans la famille, comme<br />
0 dizième + 0 centième, etc.; 2° que 245,00 = un rayon de soleil dans l'existence assombrie, comme<br />
2i 500 centièmes. En divisant 24 500 centièmes par une douce chaleur au cœur. E. BERSOT.<br />
37, on aura le quotient approché, à moins d'un cen QUESTIONS. — 1. Quel est le seiis du mot discitième<br />
près; on pourra ensuite, pour que le quotient pline? D'où vient ce mot? Nommer les principaux<br />
exprime des unités, séparer deux chiffres décimaux dérivés de ce mot et indiquer le sens de chacun.<br />
sur la droite de ce nombre. On peut aussi, en divi 2. Expliquer cette phrase : Les caresses n'excluent<br />
sant 245,00 par 37, opérer comme dans la division pas la discipline: elles la tempèrent, elles lui ôtent<br />
d'un nombre décimal quelconque par un nombre son visage farouche.<br />
entier ; on aura encore ainsi le quotient approché, à 3. Analyser si et y dans: Il est si doux d'y rencon<br />
moins d'un centième près.<br />
trer la bonté. Que peuvent encore être si et y ?<br />
Problème. — Un rentier achète, au cours de Exemples.<br />
408 fr., une obligation nominative du Crédit foncier, 4. Analyser grammaticalement : Que les parents<br />
dont le revenu annuel est de 15 fr. Ce revenu est maintiennent donc le respect gui leur est dû.<br />
payé en trois coupons égaux, déduction faite d'un 5. Indiquer le nombre et la nature des propositions<br />
impôt de 4 °/0. Quel est le montant de chaque cou contenues dans : Qu'ilsne soient pas si sévères...vienpon?<br />
A quel taiix le rentier a-t-il placé son argent? dra aussi la force.<br />
Eùt-il été préférable pour lui d'acheter de la rente<br />
3 »/o à 90 fr. 45, exempte de tout impôt ? Dites le bé<br />
EXPLICATIONS. — Discipline: d'après l'étymologie,<br />
néfice °/o réalisé par l'opération la plus avantageuse.<br />
science, tout ce qu'on enseigne. La racine disci signifie<br />
dire, enseigner; rapprocher disciple: celui qui<br />
Solution. — Valeur d'un coupon, avant le prélève- écoute les leçons d'un maître connu, d'un homme re<br />
15 fr<br />
marquable, qui se fait l'adepte de ses idées, de sa<br />
ment de l'impôt: —5—•' = 5 fr. Impôt sur un coupon : doctrine, et condisciple, compagnon de travail intel<br />
4 fr. x 5<br />
lectuel. Toute science, tout art a ses règles ; de là le<br />
— — = 0 fr. 20. Valeur nette du coupon : 5 fr. sens actuel du mot discipline: règle ou ensemble de<br />
règles que l'esprit, la volonté subissent, bon gré mal<br />
— 0 fr. 20 = 4 fr. 80. Un coupon représente le re- gré, acceptent librement ou même, au besoin, s'im<br />
468 fr.<br />
venu annuel de 5— = 156 fr. de capital. Taux du<br />
posent ; observation de ces règles. Principaux dérivés<br />
de discipline: discipliner (astreindre à une certaine<br />
4 fr. X 100 120 fr. 40 fr. discipline) et disciplinaire (qui a trait à la discipline<br />
placement : s — ^ 3^ des prisons, des établissements pènitenciaires). On<br />
156 39 13<br />
appelle aussi discipline une sorte de fouet à plusieurs<br />
3 fr. 07 %, à moins d'un centime près, par défaut. cordes qui sert pour l'accomplissement d'une pénitence<br />
3 fr. x 156 156 fr.<br />
Pour 156 fr., on aurait<br />
religieuse. — Les caresses n'excluent pas la disci<br />
96,45 32,15 pline, etc.: elles favorisent la discipline, au lieu de<br />
15 600 fr. 3120 fr<br />
l'exclure, quand elles rendent agréables la règle, le<br />
= 4 fr. 85 de revenu en rente devoir (on obéit souvent avec plaisir à qui l'on aime)<br />
3 215 643<br />
ou en atténuent la rigueur. —ILest si doux d'y ren<br />
3 °/o. L'avantage est donc, évidemment, du côté de contrer là bonté. Si,en ce cas, est mis pour tellement,<br />
la rente. L'opération la plus avantageuse donnerait, et, par suite, joue le rôle d'adverbe ; il joue le même<br />
par rapport à l'autre, un bénéfice de 4 ir. 85 — 3 fr. 07<br />
1. Aspirantes, Soine, 1909.<br />
PROBLÈME. G. <strong>MANUEL</strong>. Deux cents Problèmes du Certificat d'études, ^réponses 05 40 C.
76 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
rôle quand il remplace aussi, autant; exemple: l'oisiveté<br />
n'est pas si douce que vous le supposez. Si est<br />
conjonction quand il indique une hypothèse, une condition:<br />
Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait! Dans<br />
le texte ci-dessus, y est adverbe de lieu; d'y rencontrer<br />
signifie: de rencontrer là; ce mot est pronom<br />
personnel quand il est mis pour à cela: Sacrifier<br />
votre honneur, y pensez--vous ?— Que les parents<br />
maintiennent donc le respect qui leur est dû. Pour<br />
analyser complètement ce membre de phrase, il faut<br />
placer une proposition principale avantla conjonction<br />
que : il importe donc ou il convient que... — Qu'ils<br />
ne soient pas.si scvères... viendra aussi la force. Il<br />
y a, dans celte partie de phrase, cinq propositions.<br />
1» Principale elliptique : Il convient. 2° Complétive<br />
directe : Qu'ils ne soient pas si sévères. .3° Juxtaposée<br />
à la principale : la vie le sera assez. 4° Coordonnée<br />
.à.la .précédente : d'ailleurs, la force viendra<br />
aussi. 5° Complétive circonstancielle : quand viendra<br />
l'épreuve.<br />
Composition française.<br />
Vous avez assisté à l'arrivée d'un train de voyageurs.<br />
Dites les observations que vous avez faites et<br />
les réflexions que ces observations vous ont inspirées.<br />
INDICATIONS. — Nous avons déjà fourni quelques<br />
indications surce sujet. On vous demande des observations<br />
personnelles ; évitez de recourir à des phrases<br />
toutes faites ; laissez de côté les détails empruntés au<br />
livre. Le spectacle de l'arrivée d'un train est chose<br />
commune. Selon toutes probabilités, vous avez vu<br />
vous-même ce que vous avez à décrire ; faites appel,<br />
simplement, à vos souvenirs. Ne brodez pas, c'est<br />
inutile. Donnez au tableau de l'animation, de la vie,<br />
puisque la réalité estjrès vivante. 'Il y a là des types<br />
curieux; essayez de les distinguer les uns des autres.<br />
Des voyageurs attendent le train pour y prendre<br />
place; d'autres personnes attendent les voyageurs qui<br />
vont arriver. De là deux séries de détails à noter;<br />
classez-les bien. La physionomie d'une famille qui va<br />
faire une partie de campagne ou visiter quelque ville<br />
importante ne ressemble pas à celle de l'homme ou de<br />
la lemme qui voyage pour ses affaires. Sur le visage de<br />
ceux qui attendent, il peut y avoir de la gaieté, de la<br />
gravité ou de la tristesse : dites pourquoi. Si l'attente<br />
se prolonge, on s'impatiente. Enfin l'on entend siffler<br />
la locomotive, lé train arrive ; on ouvre les portes.<br />
L'animation devient bruyante, fébrile. Indiquez les<br />
incidents qui se produisent, presque toujours, sur le<br />
quai. Montrez ensuite la physionomie des arrivants ;<br />
les uns, qu'on n'attend pas, se hâtent et partent seuls ;<br />
décrivez l'accueil que l'on lait aux autres. Mettez en<br />
relief les contrastes. — Viennent ensuite les réflexions<br />
finales: avantages de la locomotion à vapeur.; diversité.<br />
des aspects de la vie ; on savoure certaines joies<br />
dont la sincérité n'est pas douteuse et l'on voudrait<br />
partager, adoucir, des chagrins profonds qui serrent<br />
le cœur.<br />
Arithmétique.<br />
Théorie. — Indiquez comment on peut effectuer<br />
les multiplications suivantes : ^79,8'^lo|^> ^90<br />
^6 sans convertir les nombre* fractionnaires en<br />
expressions fractionnaires.<br />
N. B. — Ce qui importe surtout, c'est de justifier<br />
la manière d'opérer.<br />
INDICATIONS. — 1° ^7 + - J 9.11 s'agit de multiplier<br />
îe somme par un nombre : on peut multiplier chaîe<br />
partie de la somme par le nombre et faire le total<br />
>s produits ainsi obtenus. On a donc : ^7 -f ^ 9 B;<br />
7 X 9 + g X 9 = 63 + 3 = G6. Justification di<br />
recte : le produit doit être formé avec le multiplicande<br />
comme le multiplicateur est formé avec l'unité.<br />
Or, on peut choisir Y 7 -(- j j comme multiplicateur.<br />
Il faut donc prendre 7 fois le multiplicande + 1/3 du<br />
multiplicande, ce qui fait 9 x 7 + 9Xg=7 r x9 +<br />
1x9.<br />
2° 8 ^10 + C'est un nombre à multiplier par<br />
une somme; cas analogue au précédent. On a (voir<br />
ci-dessus), 8 .^10 + = 8 x 10 + 8 x ^ = 80 + 6<br />
= 86.<br />
3° A) + ^6 + C'est une somme à multiplier<br />
par une somme:; on peut multiplier chaque terme du<br />
multiplicande par chaque terme du multiplicateur et<br />
taire la somme des produits partiels. On a ainsi :<br />
6<br />
( 9 + D (<br />
+|)--?X6+1-X.6.+ 9 ^ | . + |X<br />
| = 54 + 3 + 6 + § = 63 1/3.<br />
•<br />
Problème.—Une personne désire placer 30400 fr.,<br />
partie à 3 °/° et partie à 4 %, de manière que le re-<br />
4<br />
venu annuel de la partie placée à 4 °/0 soit les g du<br />
revenu annuel de la partie placée à 3 °/o. Calculer<br />
les deux parties et le revenu total. On vérifiera les<br />
réponses trouvées. Q xy /. 4 9<br />
Solution.<br />
j 3 x 4 12<br />
500 — 500<br />
première par-<br />
tie égalent les — ou les ^ de la deuxième, ce qui<br />
revient à dire que 12 fois la première = 20 fois la<br />
deuxième ou que 3 fois la première = 5 fois la<br />
deuxième, ou que le rapport de la première à la<br />
deuxième est^- Si l'on divise en 5 + 3 = 8 parts le<br />
O<br />
capital total, on aura, pour la valeur d'une part :<br />
On /,( |A fp<br />
——l = 3800 fr. Première partie du capital<br />
3 SOOfr. x 5 = 19 OOO fr. Deuxième partie : 3 800 fr.<br />
X 3 == 11 400 fr. Revenu de la première partie:<br />
3fr. x 19 000<br />
100<br />
= 3 fr. X 190 570 fr.. ; de la<br />
4-.fr; X 11 400<br />
deuxième partie :<br />
= 4 fr. x 114=456 fr.<br />
100<br />
Revenu total : 570 fr. + 456 fr. = 1 026 fr. — Vé<br />
rification. — 19000 fr. + 11 400 fr. = 30 400 fr. ; ^<br />
de 570 fr. = 114 fr. X 4 = 456 fr.<br />
Couture.<br />
Couper l'étoffe en deux dans le droit fil; replier les<br />
deux bords coupés silr l'espace de 3 cm. et les bâtir.<br />
Placer un bouton sur l'un d'eux, exactement au milieu,<br />
et faire sur l'autre une boutonnière correspondante.<br />
Dessin<br />
Une chaise.<br />
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Destiné à faciliter l a démonstration du SYSTÈME MÉTRIQUE<br />
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Année scolaire 1909-1910. N° 19 22 Janvier 1910.<br />
PARTIE SCOLAIRE<br />
DÏREGTSONS ET EXERCICES<br />
RIR8 A'DHIR TU SYM/TS ZUT!? Q [SOUS cette rubrique, nous mettrons chaque semaine J'annonce des<br />
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Alsace-Lorraine. (La Carte au liseré vert), par Georges <strong>DE</strong>LAHA.CHE. — Un volume in-16,<br />
broché 3 fr. 50<br />
(Bibliothèque variée, l r& série.)<br />
L'auteur rappelle, dans un émouvant avant-propos, que, sur la carte de l'état-major prussien qui servit aux discussions<br />
de Versailles et de Francfort en-1871, l'Alsace-Lorraine était entourée d'un liseré vert — délimitation qui avait été<br />
dessinée par lès Allemands bien avant qu'il fût question de la paix : d'où le sous-titre de ce livre.<br />
M. Georges Delahache a voulu faire œuvre objective : l'histoire de l'Alsace et de. la. Lorraine avant-1870, puis de leur<br />
arrachement injustifié à la patrie, l'immense bouleversement qui en résulta, après la paix même, pour les Alsaciens-<br />
Lorrains, contraints de tout abandonner pour partir ou de rester en devenant Allemands, la longue lutte qui s'en est suivie<br />
entre l'élément indigène et l'élément immigré, — tout ce drame ' poignant se déroule en un bel ordre de faits qui<br />
n'avaient pas encore été. réunis : pas de phrases inutiles, mais de l'histoire précise et de la vie palpitante, du document<br />
auquel l'auteur communique simplement son émotion — l'émotion d'un - originaire de « là-bas ». C'est vraiment un beau<br />
livre, sobre et passionnant à la fois, que devraient lire tous les Français qui veulent savoir.<br />
Lecture.<br />
LA FINALE MUETTE S .<br />
Rappeler que certaines lettres (voir n° 18) ne se<br />
prononcent: pas à la .fin des mots. — Faire lire un<br />
certain nombre de ces mots. — Montrer une image<br />
représentant un canard et .une cane (ou faire un dessin<br />
sommaire au tableau). Ecrire : La cane est grosse<br />
et grasse, et, au-dessous : le canard est gros et gras.<br />
— La robe est grise; le corsage est gris. — Faire remarquer<br />
que la lettre s ne se prononce pas dans<br />
gros, gras, gris.<br />
Former ces mots avec les lettres mobiles ; remplacer<br />
le g- par b dans gras : bras ; supprimer r : bas ;<br />
mettre à la place de b, p, l ou t.-.pas, las, tas, vas<br />
(tu). Avec gris, faire : pris, pis, fis, lis, ris, mis, vis...<br />
Autres mots. — as : as (tu), cabas, fracas, tracas,<br />
cervelas, lilas, matelas, Nicolas, verglas, amas, repas,<br />
canevas, débarras.<br />
is : brebis, jadis, radis; — (je) dis^ fis, perdis, mis,<br />
lis, finis, vernis, pris, ris, bâtis, vis; — salsifis, logis,<br />
commis, tamis, anis, Denis, tapis, abattis, avis.<br />
Dos, gros ; — (je) lus, reçus, dus, bus, lus, connus,<br />
pus, sus, crus, parus ; — refus, jus, plus, talus, dessus,<br />
pardessus.<br />
Ajouter à cette liste le pluriel de certains des noms<br />
et les deux premières personnes des verbes indiqués<br />
dans le numéro précèdent ; ex. : je fis, je vis, je tords,<br />
tu pars, tu sors, tu dors, etc.<br />
Réserver pour une leçon ultérieure les mots terminés<br />
par une syllabe muette.<br />
E s = è DANS LES MOTS D'UNE. SYLLABE.<br />
ES, <strong>DE</strong>S, LES, MES : N'ES, SES, TES, CES, QU'ES.<br />
Ecrire au tableau : Victor est sage ; si je parle à<br />
Victor, je lui dirai : tu es sage. — La prononciation<br />
de est et de es est la même. Isoler es. Ajouter ensuite<br />
devant cette syllabe les lettres mobiles : d, l, m,<br />
s, c, t et aussi ri et qu\<br />
Donner une courte explication au sujet de la différence<br />
d'orthographe entre le singulier et le pluriel.<br />
Voici comment on écrit tel mot quand il ne représente<br />
qu'un seul objet; voilà, comment on l'écrit quand<br />
il y a deux objets ou davantage. Ex.: le drap, les<br />
draps ; — le lit, les lits ; — le grelot, les grelots, etc.<br />
Partie scolaire.<br />
CLASSE D'INITIATION<br />
PHRASES. — Le bras de papa est gros. — Cette rue<br />
n'est pas très large. — Tu n'as plus le gros livre que<br />
Nicolas t'as prêté.— Es-tu sage? — N'es-tu pas venu<br />
à l'école avec Colas à midi? — Ce lilas estfané. — La<br />
bonne tera frire les salsifis. — Le tapis est usé. — Le<br />
commis a pris le gros colis et l'a porté à la gare.<br />
Ma mère a servi des fruits cuits à midi. — Je sors<br />
avec mes petits amis. — Mets tes soldats sur la table,<br />
près du fort. — Ce navire a ses mâts brisés par des.<br />
éclats d'obus. — Qu'es-tu devenu depuis que tu es<br />
parti? — Robert a arrosé ses bégonias. — Paris est.<br />
une très belle ville.<br />
Eeçon de choses.<br />
La cire.<br />
MATÉRIEL. — Rayons de cire vides ; — cire vierge<br />
— cire à cacheter et cachet; — cire à modeler; —<br />
cire à parquets ; — encaustique; — rat de cave; —<br />
allumettes ; — casserole ; — eau ; — lampe à alcool.<br />
Montrer aux enfants des rayons de cire provenant<br />
d'une ruche et faire dire à ceux qui ont vu récolter le<br />
miel ce qu'ils savent à ce sujet. — Faire compter les<br />
côtés des petites cases. — Tracer en grand au tableau<br />
deux ou trois lignes de ces cases vues de face. — Les<br />
parois sont minces, planes et les cases sont sensiblement<br />
égales. — Observer la couleur ; — sentir<br />
l'odeur. — Faire toucher; la cire n'est pas très résistante;<br />
— elle est douce au toucher. — La mettre sur<br />
l'eau : elle flotte ; elle est donc moins dense que<br />
l'eau.<br />
Montrer un morceau de cire vierge. — Cette cire<br />
est blanche; l'ongle la raye facilement; une épingle<br />
s'y enfonce, mais il faut un effort assez grand pour la<br />
pousser. — Chauffer l'épingle: elle entre plus facilement.<br />
— Mettre un peu de cire sur le poêle chaud ;<br />
elle fond vile et forme une tache humide. — Chauffer<br />
fortement la pelle à charbon; la cire y fond enoore<br />
plus vite et fume. — Approcher une allumette ; la<br />
cire prend feu sur la pelle et brûle avec une flamme<br />
bleue sans laisser de cendre. De même si l'on a<br />
trempé une épingle ouNun fil de fer dans de la cire<br />
fondue, on peut brûler la cire restéo adhérente au<br />
métal.<br />
Laisser un morceau de cire dans l'eau ; il flotte mais<br />
N° 19.<br />
LECTURE COURANTE : AIASSON et ROUSTAN. NOU COTS'-ROYEN%F 0 SUPLFOUR TITLUE . • • 1 fr.
290 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
ne fond pas. — Chauffer l'eau; avant môme que l'eau<br />
ait bouilli, la cire est fondue. — Le liquide paraît<br />
gras. — Le faire refroidir; la cire forme une croûte<br />
au-dessus. — Vider l'eau, puis ôter la mince couche<br />
de cire. Si on veut la plier, elle casse net. Aux endroits<br />
les plus minces elle est transparente. Si on la<br />
pose sur de l'écriture, on voit au travers.<br />
Si l'on fait un trou avec une épingle chauffée dans<br />
un morceau de cire vierge et qu'on y mette en guise<br />
de mèche une allumette-bougie, on peut s'éclairer<br />
comme avec une bougie ordinaire.— Les cierges sont<br />
faits en cire.<br />
Montrer un rat de cave et en faire fondre une petite<br />
partie pour faire voir la mèche. Lorsque la cire est<br />
chauffée, elle se ramollit. Si l'on pose dessus un objet,<br />
pièce de monnaie, ornement en relief, il s'y imprime<br />
en creux. — La marque ou empreinte (expliquer ce<br />
mot) reste visible et très nette après le refroidissement.<br />
[A suivre.)<br />
Calcul.<br />
Nombres de 30 à 39.<br />
Avec les bandes et les carrés, former le nombre 29 :<br />
deux bandes debout et les carrés en colonne se touchant.<br />
Nous voudrions ajouter un carré; nous n'en<br />
avons plus. Otons donc les 9 carrés et remplaçons-les<br />
par une bande de 10. Il y a 3 bandes ou 3 dizaines ;<br />
on dit trente et on écrit un 3 au 2 e rang. Placer le<br />
chiffre mobile 3 sur le 2 e zéro : 0<br />
Faire trouver combien 30 contient de fois 5. Dans<br />
10, 2 fois ; dans 20, 4 fois ; dans 30, 6 fois. — Un sou,<br />
c'est 5 centimes ; 30 centimes, c'est 6 sous. Compter<br />
5, 10, 15; 20, 25, 30. Faire remarquer que les nombres<br />
finissent alternativement par 5 et par 0. — 30,<br />
c'est aussi 5 fois 6.<br />
En ajoutant successivement les 9 carrés, on formera<br />
31, 32 ...39. — Faire trouver expérimentalement que<br />
31 ne peut être partagé qu'en unités. Il en sera de<br />
même pour le nombre 37. — L'un des élèves tracera<br />
sur l'ardoise des groupes de 3 carrés et numérotera<br />
chaque carré. Il arrivera à 30; 31 ne se partage pas<br />
en 3 exactement. Un autre élève fera des groupes de<br />
4 carrés et les numérotera. Il verra que 31 ne peut pas<br />
être partagé en 4. D'autres élèves feront des groupes<br />
MORALE<br />
Garde à vous !<br />
Donc, ainsi que nous l'avons annoncé, nous transposerons<br />
aujourd'hui dans le spirituel nos expériences<br />
sur les armées ennemies des poussières, rouilles et<br />
oxydes de tout acabit. Transposer est un terme de<br />
musique. On transpose d'un ton dans l'autre. Les<br />
expériences et les vérités peuvent se transposer aussi.<br />
On le fait même constamment. Sans savoir que vous<br />
transposez, vous accomplissez cette opération chaque<br />
fois que vous employez une image matérielle pour<br />
exprimer une chose intellectuelle. Quand vous dites<br />
de quelqu'un qui déraisonne : « Il a perdu la boule, »<br />
vous transposez. Et si vous dites : « Il a perdu la<br />
tête, » vous transposez encore. Et pourquoi? Mettons<br />
que vous dites : « Il a perdu la boule. » Vous<br />
voulez dire qu'il a perdu l'esprit, le jugement, le<br />
bon sens. Mais pourquoi dites-vous boule? Parce que<br />
tout cela réside dans la tête qui a la forme d'une<br />
boule. Mais tête ou boule, l'homme ou l'enfant dont<br />
vous parlez, les a-t-ii réellement et matériellement<br />
perdues? Bien sûr que non, puisqu'il n'est pas décapité.<br />
Sa tête est à sa place. Mais vous avez transposé.<br />
Tête ou boule, chose matérielle, vous a servi pour<br />
désigner le jugement, la raison, choses spirituelles.<br />
Les événements matériels répondent souvent à des<br />
A IZECOL.E <strong>PRIMAIRE</strong><br />
de 5, 7, II, 13, 15 carrés et verront que 31 ne finit<br />
jamais par un groupe.<br />
Les mois de l'année ont 30 ou 31 jours. — Ne pas<br />
eflacer les carrés tracés et faire ajouter à chaque<br />
élève un carré. Ou verra ainsi que 32 se partage en 2,<br />
en 4, en S, en 16.<br />
Continuer: 33, c'est 3 fois 11, ou inversement; —<br />
34, nombre pair, c'est 2 fois 17 ; — 35, c'est 7 fois 5 :<br />
7 sous, c'est 35 centimes; ou 5 fois 7 : 5 semaines, c'est<br />
35 jours.<br />
Le nombre 36 est intéressant à. cause des différentes<br />
manières dont on peut le partager : en 2, en 4, en 3,<br />
en fj, en 12, en 18 ; — 3 douzaines, c'est 36. — En<br />
traçant sur l'ardoise les carrés par groupes de 6, on<br />
voit que 6 fois 6 font 36. — Tourner l'ardoise; c'est<br />
encore la même chose; la figure est un carré. Rappeler<br />
les autres nombres qui forment un carré sur l'ardoise<br />
: 1, 4, 9, 16, 25.<br />
Le nombre 38, étant pair, se partage en 2 ; c'est<br />
2 fois 19 et 39 c'est 3 fois 13. — Refaire jusqu'à 39<br />
les exercices précédemment indiqués : ajouter' 10,<br />
ajouter 9; compter par 2, nombres pairs et impairs.<br />
Dessin.<br />
ORANGES ET CITRONS.<br />
Avec un crayon de couleur orangé et en commençant<br />
par le milieu, faire une tache ayant la forme<br />
d'une orange. La refaire une autre fois en laissant<br />
au milieu, en blanc, le point d'attache du fruit. Expliquer<br />
aux enfants qu'un point placé juste au milieu<br />
d'un rond ou d'un cercle s'appelle le centre. S'il est<br />
plus près d'un bord que de l'autre, ce n'est plus le<br />
centre.<br />
Par le même procédé, dessiner au cnyon jaune un<br />
citron. Faire remarquer les deux pointes. L'orange<br />
était bien ronde ; le citron est allongé. Dessiner le<br />
contour des deux fruits. En comparer la couleur. —<br />
Montrer comment on obtient l'orangé avec deux<br />
crayons, le rouge et le jaune. — Couper une orange<br />
en travers, une autre en tranches. — Faire dessiner<br />
les tranches. — Observer si le point intérieur est au<br />
centre.— Tracer les séparations des quartiers.<br />
Dessiner des quartiers en forme de demi-lunes,<br />
Mme FOURNIER,<br />
institutrice d'école annexe.<br />
faits spirituels. D'un homme qui a été trompé, vous<br />
dites : « 11 est tombé dans un piège. » Mais il n'y<br />
avait ni souricière, ni chausse-trape, ni lacet tendu,<br />
et l'homme n'est pas tombé. Mais il a été circonvenu,<br />
abusé, induit en erreur, attrapé par la ruse comme<br />
une souris est prise dans une souricière. Tous les<br />
jours vous entendez dire : « Son esprit s'est aigri. »<br />
Qu'est-ce que cela veut dire ? L'esp-rit de l'homme<br />
est-il un liquide, comme le lait, le bouillon, le vin, et<br />
peut-il tourner et devenir aigre? Pas le moins du<br />
monde. Mais de même que laits, bouillons, vins, attaqués<br />
par les ferments, se décomposent et surissent,<br />
un esprit qui fut a (fa ble, charmant, doux de relations,<br />
peut, sous l'influence de certains accidents,<br />
changer, devenir désagréable et irritant, fort semblable,<br />
en un mot, à un vinaigre qui vous crispe la<br />
bouche.<br />
En ce qui concerne les rouilles et les poussières,<br />
personne ne pensera jamais que la plus fine poussière<br />
puisse pénétrer jusqu'au cerveau ou au cœur<br />
d'un homme, ni que son énergie puisse s'oxyder ou<br />
son humeur être mangée à la rouille. Mais il se passe<br />
dans l'esprit des hommes des choses qui rappellent<br />
si bien le dommage causé par les crasses, verts-degris<br />
et'autres funestes oxydations, que vous entendez<br />
couramment dire : Son esprit est complètement<br />
rouillé. Que veut dire cela et comment cela arrivet-il?<br />
Cela veut dire qu'une intelligence qui fonctionnait<br />
bien jadis, ne fonctionne plus. L'enfant qui pos<br />
GÉOGRAPHIE: LEMONNIER,SCHRA<strong>DE</strong>R et ÛALLOUE<strong>DE</strong>C, Cours préparai.,^ e ^^|D n h 0 ^ 0n8 75c.
sède cette intelligence, l'a négligée, comme un mécanicien<br />
sans soin négligerait sa machine. Sans effort,<br />
sans application, sans exercice régulier, livrée à ellemême,<br />
cette intelligence, jadis prompte et sûre, est<br />
maintenant lente. De belles connaissances acquises<br />
mais non entretenues, se sont dissipées. Elles traînent<br />
dans la mémoire comme des objets abandonnés<br />
traînent dans un grenier où ils finissent par se couvrir<br />
de poussière et de toiles d'araignée. Pour décrire<br />
l'état intellectuel d'un homme semblable on le compare<br />
à une horloge envahie par la rouille, à une<br />
épée ou un couteau qui ne coupent plus parce qu'ils<br />
sont mangés par les oxydes. Certainement aucun de<br />
vous n'aimerait que de pareils accidents lui arrivent.<br />
Et, pas plus, que vous ne voudriez être comparés à<br />
une vaisselle fêlée, vous ne trouveriez agréable d'être<br />
assimilé à un outil hors d'usage et descendu, pour<br />
cause de rouille, au rang de ferraille. — S'il en est<br />
ainsi, vous avez raison. Mais alors, prenez garde à<br />
vous ! Toute négligence vous expose à l'invasion des<br />
armées ennemies. 1 faut tenir son esprit comme une<br />
bonne ménagère ses meubles, ses cuivres, ses parquets,<br />
et comme un bon soldat son fusil et son uniiorme.<br />
Les mauvaises habitudes sont une sorte de lente<br />
occupation de notre personne par des puissances<br />
ennemies. Cette occupation ne semble d'abord presque<br />
rien. On se sent libre de s'en dégager. Si l'on voulait<br />
on se secouerait et ces petits commencements<br />
d'habitudes encore peu fixées, tomberaient comme<br />
tombent les flocons de neige d'un manteau qu'on<br />
agite. Mais vous savez bien ce qui arrive quand la<br />
neige tombe longtemps. Elle couvre tout de son<br />
linceul blanc. Elle ensevelit chemins, sillons, et jusqu'aux<br />
voyageurs attardés que le sommeil surprend<br />
en route. A la fin la couche est si épaisse qu'on ne<br />
peut plus s'en débarrasser.<br />
Où sont les belles facultés de tant de gens? Les<br />
promesses que donnait leur enfance? — Ensevelies<br />
toutes vivantes sous les habitudes funestes qui peu à<br />
peu ont tout envahi et tout recouvert. Garde à vous 1<br />
L'homme qui ne veille pas sur lui-même perd sa<br />
liberté : c'en est fait de lui avant même qu'il ait<br />
pu crier au- secours.<br />
Vous savez ce qu'on appelle un abus. C'est une<br />
irrégularité, une infraction à l'ordre, un emploi mauvais<br />
d'une chose bonne. C'est un abus de ne pas replacer<br />
sur le rayon un livre qu'on vous a permis de<br />
prendre. C'est un abus, de se servir des outils des<br />
camarades et de les rendre sans les nèttoyer; C'est<br />
un abus d'emprunter une plume, du papier, un sou,<br />
et de ne pas les rendre. Les abus qui commencent<br />
sont fort modestes. Us se contentent de peu et ne<br />
prennent qu'une place minime. Attention! une fois<br />
installés ils se font arrogants, impudents et ne veulent<br />
plus déloger. C'est une crasse, un cambouis dont on<br />
ne peut plus se décrotter. Donnez-leur le petit doigt,<br />
ils prennent le corps tout entierl On est toujours<br />
tenté de négliger ces imperceptibles petits abus qui<br />
semblent, comme de bons petits oiseaux, ne réclamer<br />
que de petites miettes tombées de la table. Mais si<br />
vous leur donnez vos miettes, ils grossissent et avec<br />
eux grossit leur appétit. A la fin vous remarquerez,<br />
trop tard, que vous avez nourri des vautours qui dévorent<br />
tout le repas et les convives avec. — Résistons<br />
aux abus. Quand ils s'installent dans une maison,<br />
un commerce, une école, une administration, c'est<br />
comme lorsque les vers se mettent dans le bois, les<br />
termites dans les cales des vaisseaux, les sauterelles<br />
dans les moissons.<br />
La vie est une lutte perpétuelle contre les abus, les<br />
habitudes mauvaises, la négligence, la routine, le<br />
laisser-aller. A quelques-uns cela ne plaît pas. Mais<br />
on ne peut rien y changer. Il faudra toujours veiller<br />
sur son caractère, son esprit et sa conduite pour les<br />
tenir en bon étal, propres et dispos; comme il faudra<br />
toujours frotter, astiquer, brosser, cirer, épousseter.<br />
Mais par ces soins mêmes et par cette lutte,<br />
nous acquérons des qualités, des forcos. Les armées<br />
ennemies, en nous obligeant il la vigilance perpétuelle,<br />
nous rendent donc un grand service. Ne nous<br />
plaignons pas. L'essentiel est de faire des progrès.<br />
Si pour faire des progrès il est nécessaire d'être sti<br />
PARTIE SCOLAIRE 291<br />
mulé, poussé, et même quelquefois harcelé, secoué,<br />
inquiété, disons : « Tout est bien qui finit bien. »<br />
Résumé.<br />
Rouilles et poussières dans le domaine de l'esprit<br />
sont aussi envahissantes et aussi dangereuses que<br />
dans le domaine matériel. Si vous négligez voire<br />
intelligence, elle perd ses qualités comme une èpée<br />
que la rouille a rongée. Si vous négligez votre volonté<br />
elle perd sa puissance et lentement devient l'esclave<br />
des mauvaises habitudes. Elle s'encrasse littéralement.<br />
Attention donc et garde à vous! Veillez sur<br />
vos facultés et tenez-les en bon état.<br />
CHARLES "WAGNER.<br />
NOTIONS <strong>DE</strong> C!VILIT È<br />
Un dîner de cérémonie.<br />
Je sais des personnes charmantes et, dans l'intimité,<br />
très naturelles, qui s'effrayent à l'idée d'aller<br />
dîner en ville ou d'assister aux fêtes d'un mariage.<br />
Elles s'effacent alors et semblent craindre d'être vues.<br />
Vraiment il faut s'habituer à plus de simplicité, car<br />
une méfiance exagérée de soi-même n'est plus de la<br />
modestie : ce sentiment confine à l'orgueil; on a<br />
peur de n'être pas aussi bien que les autres, on en<br />
est d'avance humiliée et l'on en rougit presque. Sachez<br />
donc, mes amies, que, pour se comporter en<br />
tout lieu comme il convient, il suffit d'être soi-même,<br />
d'avoir la bonne volonté de faire pour le mieux,<br />
sans aucun désir d'attirer l'attention, aimable à tous,<br />
et'attentive à ne rien dire ou faire qui puisse choquer<br />
qui que ce soit. Cela étant, voyez comme tout<br />
se simplifie.<br />
Vous recevez par écrit une invitation à dîner.<br />
Vous répondez tout aussitôt par la même voie pour<br />
remercier et pour dire que vous acceptez avec grand<br />
plaisir. Si vous ne pouvez vous rendre à l'invitation,<br />
si vous ne le voulez pas, dans la crainte d'être tenue<br />
à payer un jour de la même monnaie et à faire<br />
des frais qui dépassent vos moyens, il vous suffit<br />
d'exprimer tout à la fois vos remerciements et vos<br />
regrets, sans qu'il soit nécessaire d'exposer le motif<br />
de votre refus.-— Je mets que vous ayez accepté :<br />
vous arrivez donc au jour dit et à l'heure dite. Vous<br />
allez tout d'abord serrer la main de vos amis, vous<br />
déposez au vestibule ou dans une chambre que l'on<br />
TOUS indique votre jaquette et votre chapeau, puis<br />
vous rentrez dans la pièce où tout le monde est<br />
réuni. Vous causez gracieusement et sans façon avec<br />
ceux et celles que vous connaissez déjà, — car enfin<br />
l'on connaît toujours quelqu'un en pareil cas, — et<br />
d'ailleurs la maîtresse de maison aura certainement<br />
l'amabilité de vous présenter aux personnes qui vous<br />
sont inconnues. — Le repas est servi. A moins que<br />
la place des convives ne leur soit particulièrement<br />
indiquée, chacun s'installe suivant ses goûts et ses<br />
sympathies.<br />
Le dîner commence généralement par un potage.<br />
Faut-il vous recommander de ne faire de bruit ni<br />
avec votre cuiller ni avec vos lèvres? Ne prenez que<br />
peu à la fois, ne soufflez pas, et ne déclarez pas,<br />
même si cela est, que ce potage est excellent. Un tel<br />
excès d'amabilité ferait sourire. Surtout ne soulevez<br />
pas votre assiette pour y recueillir les dernières<br />
gouttes : c'est là un geste de gourmandise. Certains<br />
cassent parfois des bouchées de pain dans leur soupe,<br />
ils y ajoutent même assez souvent du vin. Prenez<br />
garde : les gens de bonne compagnie vous jugeraient<br />
bien ignorants des règles élémentaires do la civilité.<br />
Quand vous avez fini, déposez votre cuiller dans l'assiette<br />
et attendez qu'on vous enlève le tout. — Voici<br />
que l'on vous présente un nouveau plat. Prenez sans<br />
choisir le morceau qui se trouve devant vous, ne<br />
l'arrosez pas de sauce trop copieusement, mais songez<br />
qu'il y a d'autres convives. On ne coupe jamais<br />
son pain, on le rompt. Après le poisson, l'usage est<br />
d'enlever les fourchettes et d'en servir d'autres. Laissez<br />
faire et ne dites pas que cela n'en vaut pas la<br />
GRAMMAIRE: DUSSOUCHET, Grammaire esiantinc iUeetrét. Un vol. ln-16, cart. . . 4 0 C,
292 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
peine. Cela vaut au contraire la peine, car rien n'est<br />
tenace, comme le goût de poisson. Si quelque mets<br />
vous a plu et que l'on vous en offre de nouveau,<br />
il vous est assurément permis d'en prendre une seconde<br />
fois, mais n'oubliez pas que le diner comporte<br />
plusieurs plats et que votre réserve donnera d'ailleurs<br />
la mesure de votre éducation. — Vous causerez avec<br />
vos voisins, et j'entends par là qu'il ne faut pas se<br />
borner à répondre par monosyllabes, comme ferait<br />
quelque sotte ou quelque mijaurée. Votre conversation<br />
doit être naturelle et enjouée. S'il vous arrive<br />
par malheur d'entendre des paroles un peu choquantes,<br />
faites comme si vous n'avitz rien enten^<br />
du; ne les accueillez ni d'un front sourcilleux, ni<br />
par des rires inconvenants : il ne faut être ni provocante<br />
ni prude. Veillez sur vos gestes : vous seriez<br />
singulièrement confuse, mademoiselle si vous veniez<br />
à briser quelque verre ou si vous en répandiez le<br />
contenu sur la nappe. Je vous engage beaucoup à<br />
ne pas prendre de vin pur, sauf au dessert, car<br />
vous pourriez en être incommodée. Evitez surtout<br />
de boire alternativement du vin rouge et du vin<br />
blanc : on dit que ces mélanges ne valent rien pour<br />
l'estomac. Dans un grand diner où l'on peut être entraînée<br />
à boire plus que de coutume, il est. sage de<br />
s'en tenir à l'eau pure. Je sais des femmes qui le<br />
font. On évite ainsi de se sentir mal à l'aise, le visage<br />
congestionné, l'esprit peu lucide, et les idées fort<br />
embrouillées peut-être.<br />
Et maintenant, mes chères filles, il vous reste un<br />
devoir à remplir. La maison a revêtu partout un air<br />
de fête en votre honneur : vous devrez en témoigner<br />
votre reconnaissance et, quelques jours après, venir<br />
remercier vos amis de leur gracieuse hospitalité.<br />
LANGUE FRANÇAISE<br />
JOLIE SÉVRETTE.<br />
nniTRS ÉLÉMENTAIRE = = = = =<br />
I. — ma fille.<br />
Elle avait l'air d'une princesse<br />
Quand je la tenais par la main;<br />
Elle cherchait des fleurs sans cesse<br />
Et des pauvres dans le chemin.<br />
Elle donnait, comme on dérobe,<br />
En se cachant aux yeux de tous...<br />
Oh ! la belle petite robe<br />
Qu'elle avait, vous rappelez-vous?<br />
Le soir auprès de ma bougie<br />
Elle jasait à petit bruit<br />
Tandis qu'à la vitre rougie<br />
Heurtaient les papillons de nuit.<br />
V. HUGO. (Les Contemplations.)<br />
Explications.<br />
LES IDÉES. — Victor Hugo évoque dans cette poésie<br />
le souvenir de sa fille, enfant encore, morte jeune<br />
femme en 1843. — Dans la première strophe c'est<br />
une vision toute gracieuse qu'il nous donne : une petite<br />
princesse qui cherche des fleurs et des pauvres.<br />
Sa recherche convient à sa qualité de princesse : elle<br />
aime ce qui est beau, elle a pitié de ceux qui sont<br />
malheureux. Dans la deuxième strophe, il montre la<br />
manière dont sa petite fille donnait aux pauvres,<br />
mais ses yeux de papà sont surtout fixés sur ellemême<br />
et il la revoit dans sa jolie robe. — Puis, dans la<br />
troisième strophe, c'est la causerie du soir dont il se<br />
souvient. Mais tout cela n'est qu'un souvenir très<br />
triste pour Victor Hugo.<br />
LES MOTS. — Dérober : voler mais en se cachant.<br />
— Jaser : ici, veut dire gazouiller, dire des paroles<br />
chantantes et gentilles comme en trouvent les petits<br />
enfants. — Heurter : produire un choc; à la fois les<br />
papillons se heurtent, en heurtant la vitre qui est<br />
rougie par la lumière de la bougie.<br />
GRAMMAIRE : DJUSSOl'CJSET» Cours prépari<br />
II. — La poche.<br />
Pour le bébé la poche est un endroit bien à lui où<br />
il accumule ses petits trésors : morceaux de bois,<br />
noyaux de pêche, bouts de crayons, clous, boutons et<br />
joujoux divers. Là sa vie entière laisse une trace de<br />
ses pensées et de ses travaux. — G. Duoz.<br />
Explications.<br />
Comment est faite une poche? Quelle différence<br />
avec un sac? Son ouverture où est-elle? A quels vêtements<br />
met-on des poches? Qu'est-ce que votre maman<br />
a ordinairement dans sa poche? Qu'est-ce que le<br />
bébé y met? Que fait-il de tout cela? Pourquoi l'auteur<br />
dit-il que ce sont ses trésors? Qu'est-ce que accumulfrl<br />
Exercices oraux ou écrits.<br />
Chercher toutes les qualités que peut avoir une poche.<br />
(Large, étroite, profonde, solide, percée, etc.<br />
— Chercher autour de vous tous les objets que vous<br />
pourriez accumuler dans votre poche — ceux que<br />
vous ne pourriez pas accumuler. Pourquoi?<br />
EXERCICES <strong>DE</strong> GRAMMAIRE. — Chercher tous les<br />
noms communs d'objets qui sont dans la poche du<br />
bébé, indiquer comment ils s'écrivent au singulier?<br />
au pluriel?<br />
11 y a des adjectifs qui se terminent comme les<br />
noms en eau ; en chercher trois ; en on — les faire<br />
qualifier un nom commun singulier, un nom commun<br />
pluriel. Analogie des formes du pluriel. Ex. : un beau,<br />
ionneau — des bonbons mous, etc.<br />
III. — Le petit ramoneur.<br />
« Est-il assez laid, papa, ce petit ramoneur? Je<br />
n'aime pas à voir des figures si noires; on dirait un<br />
nègre on un diable. Sans doute qu'il est méchant,<br />
n'est-ce pas, papa?<br />
Ne parle pas ainsi, ma petite fille. Sans le savoir tu<br />
te montres ingrate. Car, si le petit ramoneur est noir,<br />
c'est pour toi.<br />
WAGNER. — (Le long du chemin.)<br />
Explications.<br />
LES IDÉES. — Ce morceau s'appelle un dialogue.<br />
Pourquoi? La petite fille parle la première, que ditelle<br />
du ramoneur? à qui le compare-t-elle? — Comment<br />
juge-t-elle de son caractère? (1« paragraphe )<br />
— Le père lui répond : elle parle sans savoir, elle<br />
est ingrate. — Qu'est-ce qu'être ingrat? — Quels<br />
services rend le ramoneur 1 Est-il vrai que la fillette<br />
est ingrate? — Le petit ramoneur est-il noir pour<br />
elle?<br />
LES MOTS. — Un nègre, un diable : en ont-ils vu?<br />
Pourquoi ces deux mots appliqués au ramoneur?<br />
pourquoi dire, que, parce qu'il est noir il est méchant?<br />
Exercices oraux ou écrits.<br />
GRAMMAIRE. — Le pluriel dans les adjectifs qualificatifs.<br />
— Relever tous les adjectifs qualificatifs.de<br />
la dictée, dire s'ils sont au singulier ou au pluriel.<br />
— Copier le premier paragraphe de la dictée en mettant<br />
pour titre : Les petits ramoneurs ; expliquer le<br />
changement que subissent les adjectifs, les noms communs.<br />
Lesquels seulement ont changé?<br />
Analyse grammaticale : analyser en donnant le<br />
genre, le nombre et la fonction : lait, noires, petite,<br />
ingrate.<br />
EXERCICES <strong>DE</strong> CONJUGAISON. — Etude d e l'imparfait<br />
des verbes de la 2° conjugaison, comparaison avec<br />
les verbes de la l re conjugaison. Exemple : finir son<br />
devoir et fermer son cahier. — Appeler l'attention<br />
sur la terminaison.<br />
Composition française.<br />
I. — Entretien des vêtements.<br />
VOCABULAIRE. — 1° Nettoyage du linge. — Le lavoir,<br />
la buanderie, la lessiveuse, le cuvier, la cendre,<br />
le baquet, le savon, le battoir, la brosse, le<br />
s, Théorie, 364 exercices . . . . 5 0 C»
ieu, l'essoreuse, le séchoir, l'amidon, le 1er à. repas-'<br />
ser, le porte-fer, etcM etc.<br />
Verbes : essangor, lessiver, laver, rincer, frotter,<br />
étendre, amidonner, repasser, plier, etc.<br />
EXERCICES D'OJISERVATION. — Où lave-t-on le linge<br />
de votre famille? Qui le lave ? Avez-vous accompagné<br />
votre inaman quand elle porte son linge U couler au,<br />
lavoir? Qu'avez-vous vu? (Pesage du linge, le bulletin,.la<br />
mise au cuvier.)— Votre mère fait-elle la<br />
lessive chez elle? Dans quoi? —Comment est faite sa<br />
lessiveuve? — Comment fait-on pour donner de la raideur<br />
aux cols, aux devants des chemises de votre<br />
papa? (Montrer de l'amidon, en faire délayer quelques<br />
morceaux.) Pourquoi votre maman approche-telle<br />
le fer de sa joue quand elle repasse ?-etc., etc.<br />
II. — Histoire sans paroles<br />
Maman se prépare à aller au lavoir ; dessiner tous<br />
les objets qu'elle va emporter.<br />
III. — Description : un baquet.<br />
En montrer un, le faire dessiner pour en savoir la<br />
forme; comment il est fait; les cercles de ter; comment<br />
on les a mis; a-t-il des anses ? comment sontelles?<br />
comparer avec l'anse d'un panier, d'un seau,,<br />
les anses d'une lessiveuse, etc., etc.<br />
IV. — Le mensonge.<br />
Plan.<br />
Marie n'a pas de bons points. — « La maîtresse<br />
n'en a pas donné, » dit-elle. Maman: a vu les autres:<br />
petites filles sortir de l'école avec leurs bons points<br />
dans la main. Marie a menti; sa mère la punit.<br />
Sujet traité.<br />
Marie n'a pas été sage; elle n'a pas eu de bons<br />
points cette après-midi. Sa maman l'attendait à la<br />
porte de l'école, elle a vu sortir toutes les petites<br />
compagnes de Marie qui avaient leurs bons points<br />
dans la main. « Où est le tien? dit la maman. —<br />
Mademoiselle n'en a pas donné, » répond Marie. —<br />
La. maman lui a:montré tout de suite qu'elle mentait,<br />
en appelant Jeanne, sa> petite amie. Elle a été grondée<br />
bien fort, et n'a:pas'eu de chocolat pour son goûter.<br />
' - COURS MOYEN* —<br />
I. — Travaille!<br />
Si tu veux être respecté,<br />
'Travaille !<br />
Si tu veux garder ta santé,<br />
Ta belle humeur et ta fierté,<br />
Travaille !<br />
Si tu veux soutenir tes droits,<br />
Travaille 1<br />
Si tu veux que ta grande voix<br />
Ait plus de force qu'autrefois,<br />
Travaille!<br />
Situ veux forcer ton destin,<br />
Travaille 1<br />
Si tu veux que sur ton chemin<br />
Ton frère te tende la main,<br />
Travaille !<br />
XAVIER PRIVAS.<br />
Explications.<br />
È^LES IDÉES. — L'auteur énumère tous les biens<br />
qu'un honnête homme possède et qui font sa vie heureuse<br />
: le respect des autres, la dignité de sa personne,<br />
la joie, la santé (l re strophe); le droit d'être<br />
écouté et entendu (2 e strophe); la possibilité d'arriver<br />
aux premiers rangs des honneurs ou de la fortune,<br />
la loyauté et la bonté qui forcent l'estima et<br />
l'affection de tous (3 e strophe). Tous ces biens le<br />
travail seul les donne. C'est pour affirmer avec force<br />
cette idée, que revient au milieu et à la fin de chaque<br />
strophe, ce mot, véritable refrain : Travaille!<br />
qui sert de titre h. la poésie.<br />
~ LES EXPRESSIONS . — Si tu veux que ta grande<br />
voix: pourquoi grande? est-ce bien la qualité qui<br />
convient à voix? Ce qui est grand, c'est ce qui oc<br />
PARTIE SCOLAIRE 293<br />
cupe beaucoup de place, ce qui a beaucoup d'importance,<br />
ce qui en impose ; dans ce sens la voix, du travailleur<br />
est grande en raison de l'importance de son<br />
.activité, de son énergie, et des efforts qu'il tente<br />
pour faire mieux et davantage,, ce qui en impose k<br />
tous. — Forcer ton destin : le destin est considéré<br />
comme une sorte de fatalité qui vous oblige à rester<br />
dans la médiocrité où l'on est né ; le forcer, c'est en<br />
sortir avec violence et quand même; l'instrument qui<br />
sert à le forcer, c'est le travail.<br />
II. — Margot.<br />
La petite Margot n'avait pas seize ans ; son nez retroussé,<br />
sa bouche bien fendue, bien garnie et toujours<br />
riante, son teint doré par le soleil, ses bras potelés,<br />
sa taille rondelette lui donnaient l'air de la<br />
gaieté même; aussi faisait-elle la joie de la famille.<br />
Au milieu: de ses frères elle brillait et réjouissait la<br />
vue comme un bluet dans un bouquet de blé...<br />
III<br />
Margot savait coudre et même broder, son père<br />
avait voulu en outre qu'elle sût lire et écrire et<br />
qu'elle apprît l'orthographe, un peu de grammaire<br />
et de géographie. Aussi Margot était-elle l'oracle de<br />
l'endroit; dès qu'elle ouvrait la bouche, les paysans<br />
s'ébahissaient. Kilo leur disait que la terre était ronde<br />
et ils l'en croyaient sur parole... Elle trouvait moyen<br />
d'être en même temps aimée et admirée, ce qui peut<br />
passer pour difficile. — A. <strong>DE</strong> MUSSET.<br />
Explications.<br />
LES IDÉES. — Alfred de Musset fait le portrait d'une<br />
jeune fille de fermiers beaucerons, la dernière née<br />
d'une famille nombreuse qui compte huit garçons. —<br />
Dans le premier paragraphe, - il nous fait son portrait<br />
,physique ; dans ie second, il nous dit quelle<br />
éducation soignée elle ,a reçue, rare à cette époque,<br />
plus rare encore chez les paysans. — Margot esl admirée<br />
et aimée dans sa famille, pourquoi? — Elle<br />
est admirée, et aimée dans tout le village, pourquoi?<br />
Pourquoi Alfred de Musset dit-il que c'est difficile<br />
d'être en même temps l'un et l'autre ? — L'admiration<br />
va k ceux qui ont une supériorité : avantages<br />
physiques, dons de l'esprit, fortune, etc., cela n'est<br />
pas sans exciter l'envie, parfois la jalousie.<br />
LES EXPRESSIONS. — Avoir l'air de la gaieté même :<br />
Alfred de^Musset personnifie la gaieté en faisant le portrait<br />
de Margot; ce n'est pas seulement par les traits<br />
de son visage, c'est par toute sa personne jeune, en<br />
belle santé physique et morale. — Gomme un bluet<br />
dans un bouquet de blé. Dit-on habituellement :<br />
un bouquet de blé? (Une gerbe.) Idée-éveillée.par le<br />
mot bouquet : arrangement harmonieux qui fait valoir<br />
les fleurs l'une par l'autre. Le bluet dans un bouquet<br />
de blé est donc plus beau encore que dans<br />
une gerbe où il disparaît; dans le bouquet on!l'a mis<br />
à/la place d'honneur; faire remarquer là beauté de la<br />
comparaison empruntée au milieu dans lequel vit la<br />
jeune fille des fermiers. — Ils l'en croyaient sur.<br />
parole : ils ne mettaient pas en doute sa parole,<br />
parce qu'ils ,1a savaient instruite et qu'ils étaient<br />
ignorants. Avaient-ils raison dans l'exemple donné?<br />
Est-ce que de tout temps on a cru que la<br />
terre est ronde? qu'elle tourne? etc. — Trouver<br />
moyen : expression à peu près synonyme de arriver<br />
à; remarquer le nom commun employé ici sans article.<br />
LES MOTS. — Riante et rieuse : une bouche riante<br />
est celle qui de sa nature exprime la gaieté, elle est<br />
rieuse si la personne aime à rire; le premier marque<br />
un état permanent, le second mot un état passager.<br />
— S'ébahir : rester la bouche ouverte par suite d'un<br />
grand étonnement.<br />
Exercices oraux ou écrits.<br />
GRAMMAIRE. — L'adjectif possessif (suite). — l°Un<br />
seul (mon, ton, son); — 2» plusieurs objets possédés<br />
(notre, moi, votre, vos). Exemples. Relire la première<br />
partie de . la dictée en donnant pour titre :<br />
Mar-got et Jeanne. — Etude deleur ; leur singulier<br />
leurs, pluriel. Justifier l'orthographe choisie en mdi-<br />
| quant : 1° les possesseurs ; 2° la ou les choses possédées.<br />
LECTURE COURANTE : T.OUTEY, Cours préparatoire, 63 morceaux choisi» . . . 60ÎÇ.
294 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
Rechercher, dans la lecture du matin, les adjectifs<br />
possessifs : indiquer le genre et le nombre. Faire<br />
trouver : 1° qu'en français l'adjectif possessif s'accorde<br />
en genre et en nombre avec l'objet possédé ;<br />
2° que le nombre des possesseurs lui impose une<br />
forme différente.<br />
Analyse logique. — Indiquer le nombre de propositions<br />
que renferme la phrase : Au milieu de ses<br />
frères, etc., quatre propositions; rétablir les verbes<br />
dans la 2 e partie de la comparaison : comme un bluet<br />
brille et rejouit, etc.<br />
Analyse grammaticale des mots variables de la<br />
même phrase.<br />
EXERCICE <strong>DE</strong> CONJUGAISON. — Revision de l'étude<br />
des verbes réguliers des quatre conjugaisons aux<br />
temps simples et aux temps composés du mode indicatit.<br />
Ex. : Apporter son assiette et la remplir de<br />
soupe ; apercevoir son père et bondir au devant de<br />
lui; recevoir et rendre de la monnaie, etc., etc.<br />
IV. — La sincérité.<br />
Les paroles, ce moyen de s'entendre si charmant, si<br />
facile, les paroles n'ont pas par elles-mêmes de' valeur<br />
fixe ; elles en prennent chez chaque individu une<br />
particulière dont on est averti par des indices très<br />
délicats, mais qui, dans leur ensemble, trompent rarement.<br />
Cette valeur peut être fort élevée. Tel mot,<br />
prononcé par tel homme, répond de sa conduite à jamais;<br />
ce mot est lui. En revanche, les protestations<br />
les plus fortes de tel autre homme ne comptent pas;<br />
ce sont des assignats démonétisés dont on ne regarde<br />
plus le chiffre. — Mme NECKER <strong>DE</strong> SAUSSURE.<br />
Explications.<br />
Qu'est-ce qu'une valeur fixe? Donner des exemples<br />
de choses qui ont une valeur fixe. (La monnaie, les<br />
poids, les mesures.) — Les mots ont-ils une valeur<br />
fixe? (Oui, ils veulent dire une chose et non une autre.)<br />
— Cependant, que dit l'auteur? (Les mots ont bien<br />
une valeur fixe, l'homme droit, sincère, les remplit de<br />
sa pensée; le menteur les emploie pour tromper sur<br />
la sienne.) — Est-il facile de distinguer l homme vrai<br />
du menteur? (Non, cependant il y a des indices, des<br />
marques.) — En connaissez-vous? Que vous dit votre<br />
mère quand elle veut s'assurer que vous dites bien la<br />
vérité? (Les yeux.) — Quels sont ceux que cite l'auteur?<br />
(L'accent, la sobriété du discours.] — Connaissez-vous<br />
des expressions courantes qui mettent en<br />
évidence, comme dans la dictée, que les paroles n'ont<br />
pas la même valeur pour tous? (Quand il dit : non,<br />
c'est non ; c'est comme si le notaire avait passé dessus;<br />
ses paroles valent un écrit; c'est dit, c'est signé<br />
; et, au contraire : les paroles s'envolent, les<br />
écrits restent; autant en emporte le vent; se payer<br />
de belles paroles, de paroles mielleuses, donner de<br />
l'eau bénite de cour, etc., etc.) En résumé qu'est-ce<br />
qui fait la valeur des paroles? (La sincérité et la vérité<br />
du caractère de celui qui les dit.)<br />
LES MOTS. — Indices : signes probables d'une chose ;<br />
en ajoutant très délicats, Mme Necker montre combien<br />
il est difficile d'apprécier par eux la quantité de<br />
vérité qu'il y a dans les paroles qu'on entend, mais<br />
on la sent. — Des protestations : assurances nombreuses<br />
de la vérité de ce que l'on avance. — Un assignat<br />
: un papier-monnaie créé pendant la Révolution<br />
et qui perdit vite toute valeur. — Ce qui est démonétisé<br />
a perdu toute valeur dans les échanges.<br />
Exemple de pièces démonétisées.<br />
Exercices oraux et écrits.<br />
1° Donner cinq exemples d'indices de faits que<br />
vous connaissez bien.<br />
2° Chercher des mots à. peu près synonymes (présomption,<br />
soupçon) ; les contraires (assurance, certitude,<br />
preuve).<br />
3° Quelle différence de sens amène un trait d'union<br />
entre les mots peut-être ? — L'expliquer sur des<br />
exemples.<br />
4° Relever tous les pronoms en indiquant les noms<br />
qu'ils remplacent.<br />
Composition française.<br />
I. — La vie en société. Le village.<br />
VOCABULAIRE. — Village, bourg, hameau, localité,<br />
la place, la grand'route, le chemin, le sentier, la venelle,<br />
la mairie, l'école, l'église, le lavoir, la fontaine,<br />
l'abreuvoir, l'auberge, le cabaret, le paysan, le villageois,<br />
le campagnard, le bourgeois, un rural, etc.<br />
EXERCICES. — Chercher les mots de la même famille<br />
que bourg (bourgade, bourgeois, bourgeoisie,<br />
bourgmestre, faubourg, faubourien, etc.) ; faire entrer<br />
chacun d'eux dans une phrase qui en fasse connaître<br />
le sens.<br />
II. — Mon village.<br />
Décrivez votre village : 1° importance, nombre<br />
d'habitants; 2° les rues, la place; 3° les monuments<br />
publics; 4° les boutiques; 5° les personnes.<br />
III. — Corbeau ou Renard?<br />
Raconter brièvement la fable que vous avez apprise<br />
; dites lequel des deux personnages vous voudriez<br />
être ou ne pas être, pourquoi?<br />
Sujet traité.<br />
Messire Corbeau, perché sur un arbre, tenait en son<br />
bec un fromage, volé sans doute. Attiré par l'odeur appétissante,<br />
un renard madré et gourmand arriva. « Bonjour,<br />
seigneur Corbeau ! dit le rusé compère, comme<br />
votre plumage est noir et luisant ! Si vous chantez aussi<br />
bien que vous êtes joli, vous êtes le plus parfait des<br />
oiseaux qui habitent la forêt. » A ces paroles flatteuses,<br />
le Corbeau ressentit un tel émoi de satisfaction<br />
et d'orgueil, qu'il ouvrit largement son bec pour<br />
montrer qu'il avait une voix digne de charmer les<br />
alentours. Hélas! le fromage tomba. Le Renard se<br />
jeta dessus et le mangea sous le regard consterné du<br />
pauvre vaniteux. Quand il eut fini, le Renard dit au<br />
Corbeau en lui faisant sa révérence : « Ce fromage<br />
était excellent, mes belles flatteries valaient bien cela;<br />
à l'avenir, n'écoutez plus les flatteurs, ils vivent à vos<br />
dépens. »<br />
Je ne voudrais avoir ni les défauts du Corbeau ni<br />
ceux du Renard. Le Corbeau est trop naïf, le Renard<br />
est trop malin, et puis il ment, ce qui est honteux; et<br />
je ne tiens à être ni le trompé ni le trompeur. —<br />
L. D. et M. M. (onze ans et demi.)<br />
= COURS SUPÉRIEUR -<br />
I. — Un singulier médecin.<br />
Il était le maire du village et sa science le rendait<br />
fort utile au pays, d'autant qu'il l'exerçait sans rétribution<br />
aucune. Il était de si grand cœur qu'il n'était<br />
point de nuit noire et orageuse, point de chaud, de<br />
froid ni d'heure mdue qui l'empêchassent de courir,<br />
souvent fort loin, par des chemins perdus, pour porter<br />
du secours dans les chaumières. Son dévouement<br />
et son désintéressement étaient vraiment admirables.<br />
Mais comn e il fallait qu'il fût ridicule autant que sublime<br />
en toutes choses, il poussait l'intégrité de ses<br />
fonctions jusqu'à, battre ses malades quand ils revenaient<br />
guéris lui apporter de l'argent. Il n'entendait<br />
pas plus raison sur le chapitre des présents, et je l'ai<br />
vu dix fois faire dégringoler l'escalier à de pauvres<br />
diables, en les assommant à coups de canards, de dindons<br />
et de lièvres apportés par eux en hommage à<br />
leur sauveur. Ces braves, humiliés et maltraités, s'en<br />
allaient le cœur gros en disant :
dévouement et son dèsintéressement^dont elle parle<br />
d'abord. Il est ridicule parce qu'il maltraite les gens<br />
qui lui offrent de l'argent ou des cadeaux.<br />
LES EXPRESSIONS. — XJne heure, indue : la racine<br />
•du mot indue vient du participe passé du verbe devoir,<br />
et le préfixe in indique le contraire. Ce qui est<br />
indu est contraire au devoir, à la raison. Le docteur<br />
sort à une heure où les gens raisonnables restent chez<br />
eux. — Des chemins perdus... : un objet perdu a disparu,<br />
on ne le voit plus. Les chemins perdus sont<br />
ceux que les gens ne voient pas, où ils ne passent<br />
pas parce qu'ils sont écartés. — Il n'entendait pas<br />
raison il refusait d'approuver ce qui était raisonnable.<br />
— Une voies de stentor : le nom commun stentor<br />
était d'abord un nom propre désignant un guerrier<br />
grec qui avait une voix formidable. Une voix de<br />
stentor est donc une voix très forte.<br />
LES MOTS. — Ridicule : qui prête à rire. — Su<br />
blime : ici, qui a des qualités très rares et très hautes,<br />
dignes d'admiration. — Vociférer : parler en criant<br />
et avec colère. —. Butor : c'est le nom d'un gros<br />
oiseau ; ce nom devient une injure quand onl'adresse<br />
à un homme. 11 signifie personnage grossier, stupide.<br />
Exercices oraux ou écrits.<br />
Définir les mots dévouement et désintéressement.<br />
En quoi le docteur est-il dévoué ? En quoi est-il désintéressé<br />
? Quel défaut principal le docteur reproche-<br />
1 t-il à ses obligés ? (L'ingratitude, car selon lui, un<br />
salaire est insuffisant pour payer son dévouement. Il y<br />
faut la reconnaissance qui a plus de prix.) — Les gens<br />
qui offrent des présents au médecin qui les a sauvés<br />
sont-ils.des ingrats ? (Non, car ils le font pour témoi<br />
gner leur reconnaissance, et non pour se dispenser<br />
de l'éprouver. Ils seraient ingrats s'ils pensaient qu'un<br />
cadeau suffit pour acquiLter leur dette et récompenser<br />
leur sauveur.)<br />
Pourquoi la phrase : Est-il méchant, le brave cher<br />
homme! nous fait-elle sourire? (Elle est amusante<br />
I par les sentiments contradictoires qu'elle exprime :<br />
colère, et blâme envers cet homme qui accueille si mal<br />
les cadeaux ; affection et estime pour les bienfaits<br />
qu'on lui doit.)<br />
Que veut dire le mot rétribution? Trouver d'autres<br />
mots qui désignent le payement d'un travail. (Salaire,<br />
traitement, honoraires, gages, etc.) — Chercher.des<br />
noms communs tirés de noms propres comme le mot<br />
stentor. (Un cerbère, un mentor, un harpagon, un<br />
dédale, un quinquet, une bougie, du cognac, un madras,<br />
etc.)<br />
GRAMMAIRE. — Comment appelez-vous les expressions<br />
suivantes : entendre raison, porter secours,<br />
rendre service 1 (Ce sont des expressions verbales.j<br />
Le nom joint directement au verbe sans l'intermédiaire<br />
d'un article, forme avec lui une expression indécomposable<br />
qui, dans les. cas cités, équivaut à un<br />
verbe intransitif.<br />
Etude du verbe dèfectif : falloir.<br />
Composition française.<br />
I. — La sincérité mal récompensée.<br />
' Un homme riche, qui ne fait de bien à personne,<br />
demande un jour à son domestique de lui dire sincèrement<br />
les propos que tiennent sur lui les gens du<br />
pays. Le serviteur obéit. Son maître se fâche.<br />
PLAN ET INDICATIONS. — Il sera bon de s'inspirer de<br />
la scène entre Harpagon et Maître Jacques dans<br />
l'Avare de Molière. Le sujet est analogue. D'après<br />
ce modèle, on peut développer le plan qui suit.<br />
1° Entrée en matière. Le maître prie son serviteur<br />
de lui répéter les opinions que les gens du pays expriment<br />
sur lui. Le domestique résiste un moment,<br />
puisse décide;<br />
2°Toutlemonde s'accorde à critiquer laduretè de son<br />
maître qui ne s'inquiète jamais des infortunes d'autrui.<br />
Chacun cite un fait particulier qui prouve cette<br />
sécheresse de coeur. Exemples : Jacques le cocher a<br />
été blessé par le cheval. Son maître ne l'a pas aidé à<br />
payer les frais d'une maladie coûteuse. La vieille<br />
servante Jeanne, trop âgée pour suffire au travail<br />
qu'elle faisait depuis longtemps, a été congédiée sans<br />
PARTIE SCOLAIRE 293<br />
aucun secours. Le voisin a tout perdu dans un incendie<br />
; les gens du pays lui sont venus en aide, sauf son<br />
maître qui n'a rien donné, etc... Aussi n'est-il aimé<br />
de personne.<br />
Le riche égoïste a tout écouté, mais la colère l'a peu<br />
à peu gagné. La conversation peut prendre fin de bien<br />
des manières diverses que l'on est libre d'imaginer à<br />
son gré.<br />
II. — Les lettres.<br />
Montrer qu'il est. utile, commode et agréable de<br />
pouvoir correspondre par lettre avec ceux qui sont<br />
éloignés de nous.<br />
B...<br />
ARITHMÉTIQUE, GÉOMÉTRIE ET<br />
SYSTÈME MÉTRIQUE<br />
COURS ÉLÉMENTAIRE = = = = =<br />
Partage de l'unité en centièmes.<br />
I. INDICATIONS. — Gomment on forme les centièmes<br />
: prendre un cahier de 10 feuilles de papier —<br />
(chacune des feuilles est donc... un dixième du cahier)<br />
; — partager chacune des feuilles en 10 bandes<br />
égales, — on aura ainsi 10 bandes dans une feuille,<br />
20 bandes dans 2, 30 bandes dans 3 feuilles et... 100<br />
bandes dans les 10 feuilles ou le cahier entier. — Conclure<br />
: une bande est le centième du cahier. — Gomment<br />
on compte les centièmes : comme on compte<br />
les dixièmes; on dit : une, deux, trois bandes, etc.,<br />
ou un, deux, trois centièmes, etc. — Remarques :<br />
1° 10 bandes (ou 10 centièmes) font une feuille (ou<br />
1 dixième); 2» ne pas confondre centième (100 fois<br />
plus petit que un) et centaine (100 fois plus grand<br />
que un). Ex. : une des bandes et un paquet de 100<br />
cahiers, — 1 cm. et 1 hm., — 1 centime et 1 billet<br />
de 100 fr. — Comment on écrit les centièmes. — Suivant<br />
les principes de la numération décimale (voir<br />
n° 13), les centièmes, étant dix fois plus petits que les<br />
dixièmes, doivent s'écrire à la droite des dixièmes,<br />
c'est-à-dire au 2 e rang à droite de la virgule.<br />
II. EXERCICES. — Si l'on partage une ficelle en 100<br />
parties, chaque partie est... un centième de la ficelle.<br />
— Si l'on partage 1 m. en 100 parties, chaque partie<br />
est... un centième de mètre ou 1 cm. — Si l'on prend<br />
2, 3, 4, 5 parties de la ficelle ou du mètre, on obtient...<br />
2, 3, 4, 5 centièmes, ou 2, 3, 4, 5 cm. — Si l'on en<br />
prend 10 parties, qu'obtient-on? Si l'on en prend 100,<br />
qu'obtient-on encore? — Pour écrire un nombre de<br />
centièmes, remarquer que 1 m. vaut 103 cm ou<br />
1 m., 00. — Si on enlève 1 centième (ou l cm.) on<br />
n'a plus que 99 centièmes, que l'on écrira , 99 cm.<br />
et pour remplacer les mètres absents, on mettra un<br />
zéro devant la virgule 0 m., 99. — Former ainsi et<br />
écrire 98, 97... 12, 11, 10 centièmes. — Remarquer<br />
que 10 centièmes forment 1 dixième (rappeler aussi<br />
10 cm. = 1 dm.), donc0,1 (en dixièmes) = 0,10 (en<br />
centièmes) ; — de même 0,2 = 0,20 ; 0,3 = 0,30, etc.<br />
— Conclure : si on supprime les zéros à la droite des<br />
chiffres décimaux d'un nombre on change le nom de<br />
la partie décimale, mais la valeur du nombre n'est<br />
pas modifiée. — A 0,10 centièmespretranchons 1 centième,<br />
on obtient 0,.9 centièmes. Il n'y a plus de<br />
chiffre à la place des dixièmes, il faut les remplacer<br />
par un zéro, on écrit donc 0,09. — Ecrire de même<br />
8, 7, 6... 1 centième.<br />
Exercices de revision. — Que manque-t-il à 93 centièmes,<br />
à 85 centièmes, à 70 centièmes, à 50 centièmes,<br />
à 8 centièmes, etc., pour faire une unité? —<br />
Que manque-t-il à 3 centièmes, à 8 centièmes pour<br />
faire un dixième? à 26 centièmes pour faire 3 dixièmes?<br />
— Combien pourrait-on faire de bandes (c'est-àdire<br />
de centièmes) avec 2 cahiers (ou unités), 6 cahiers,<br />
9 cahiers, etc.? — avec 2 feuilles (ou dixièmes), 5 feuilles,<br />
12 feuilles, etc.? — avec 7 feuilles et 2 bandes,<br />
9 feuilles et 5 bandes, etc.? — avec-2 cahiers et 3<br />
feuilles? avec 5 cahiers et 7 feuilles? etc.: -—• avec 3<br />
cahiers et 6 bandes? — avec 4 cahiers, 3 feuilles et 5<br />
bandes? etc. — Faire les mêmes exercices avec des<br />
m., dm., cm.; — avec des unités, dixièmes, centièmes.<br />
LECTURE COURANTE: TOUTEY, Cours élémentaire, 120 morceaux choisi»
296 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
Ajouter e t retrancher 8.<br />
1. EXPLICATIONS. — A l'aide d'exemples concrets<br />
(voir n° 1), montrer que 8, c'est 10 — 2. Pour ajouter<br />
8, on ajoute donc 10 et on diminue le résultat de<br />
2 unités. Pour retrancher 8, on retranche 10 et on<br />
augmente de 2 unités le résultat obtènu.<br />
II. EXERCICES. — 1. Faire, suivant les modèles et<br />
procédés indiqués au numéro 1, ajouter, puis aussitôt,<br />
après retrancher S successivement à chacun des 9<br />
premiers nombres.<br />
Ex. : •pour 1 : 1 cahier et 8 cahiers font.... 9 cahiers;<br />
S cahiers ôtés de 9 cahiers, reste... I cahier; à<br />
1 cahier il faut ajouter 8 cahiers pour avoir 9 cahiers.<br />
On fera de même pour 2, 3, 4..., 9.<br />
2. Refaire lès exercices précédents dans un ordre<br />
quelconque.<br />
3. Sa'chant que 4 cahiers et 8 cahiers font 12 cahiers,<br />
combien font 14 cahierset 8 cahiers? 24 cahiers<br />
et 8 cahiers? etc.<br />
4. Sachant qu'il manque 8 cahiers à 4 cahiers pour<br />
faire 12 cahiers, combien manque-t-il à 14 cahiers<br />
pour taire 22 cahiers? à 24 cahiers pour faire 32 cahiers?<br />
etc.<br />
5. Sachant que si l'on ôte 8 cahiers de 12 cahiers,<br />
il reste 4 cahiers, combien reste-t-il si l'on retire 8<br />
cahiers de 22 cahiers? de 32 cahiers? etc.<br />
RÉCAPITULATION. — 6. Effectuer rapidement les<br />
opèratiôns suivantes : 8 + 8 + 8 + 8 + 8 + 8 + 8<br />
+ 8 = (on dira 8 et 8, 16 et 8, 24, etc.) 1 (ou 2, ou<br />
3, ou 4, ou 5/ + 8 + 8 + 8 + 8 + 8 + 8 + 8 + 8<br />
-f- 8 + 8 = 14 + 8 + 8 + 8 + 8 + 8 + 8 etc. ;<br />
24+1+8 + 3 + 4 + 8 + 7 + 8, etc.<br />
Pour les élèves de 2 e année.<br />
RECHERCHE D'UN PRODUIT, après le calcul d'un premier<br />
produit. — Une grosse de plumes contient 12<br />
douzaines. Combien a reçu de plumes un marchand<br />
qui en a acheté 4 grosses?<br />
Modèle de raisonnement :<br />
( N. de pl. ( N. de pl. dans \<br />
On demande \ dans une ) une douz. .. /<br />
le nombre de
çoit 718 fr. ; pour 1/3, il recevra : 718 fr. : 2 = 359 fr. ;<br />
pour 3/3 ou le traitement annuel, il reçoit : 359 fr.<br />
X 3 = 1 0 77 fr.<br />
2. Un employé qui gagnait 2 000 fr. par an'a été<br />
augmenté d'un 5 e ; quatre ans ajirès il a été augmenté<br />
de nouveau d'un 6°. A combien s'élève alors- son<br />
traitement ?<br />
Solution. — Après la première augmentation,<br />
l'employé gagne : 2 000 fr. + (2 000 fr. : 5) =<br />
2 400 fr. ; après la seconde augmentation, il gagne :<br />
2400 fr. + (2 400 fr. : 6) = 2 800 fr.<br />
* 3. Un ouvrier a. travaillé 312 jours dans une année.<br />
Pendant 1/3 de ce temps, il a été payé 6 fr. par<br />
jour; pendant le 1/4 de ce même temps il a reçu<br />
journellement 4 fr. 50, et pendant le reste du temps<br />
il a gagné 5 fr. 60. Quel a été son gain annuel? (Gard.)<br />
Solution. — 1/3 = 312 j. : 3, soit, 104 j. ; gain en<br />
104 j. : 6 fr. x 104 = 624 fr. ; — 1/4 = 312 j. : 4 =<br />
78 j. ; gain en 78 j. : 4 fr. 50 x 78 = 351 fr. ; nombre<br />
de jours restants : 312 — (104 + 78) =<br />
130 jours ; gain en 130 j. : 5 fr. 60 x 130 = 728 fr.<br />
Gain annuel: 624 fr. + 351 fr. + 728 fr. = 1 703 fr.<br />
* 4. Une fabrique occupe 252 ouvriers divisés en<br />
3 catégories : la l re comprend 1/6 de l'effectif total,<br />
la 2 e en comprend 1/4 et la 3 e le reste. Les ouvriers<br />
de la l r0 catégorie gagnent 6 ir. par jour ; ceux de<br />
la 2 e , 5 fr. 75; ceux de la 3 e , 4 fr. 25. Quelle somme<br />
faudra-t-il pour payer tous ces ouvriers pendant un<br />
an, l'usine restant fermée le dimanche et 7 jours de<br />
fête? (Finistère.)<br />
Solution. — lr e catégorie : 252 ouvriers : 6 =<br />
42 ouvriers qui gagnent par jour : 6 fr. X 42 =<br />
252 fr. ; par an ; 252 X (365 - 59) = 77 112 fr. ;<br />
2 e catégorie : 252 : 4 = 62'ouvriers, gagnant par jour :<br />
5 fr. 75 X 62 = 356 fr. 50; par an : 356 fr. 50 X<br />
(365 — 59) = 109089-fr. ; 3 e catégorie : 252 ouvriers<br />
— (42'ouv. + 62 ouv.) = 148 ouvriers qui reçoivent<br />
par jour : 4 fr. 25 x 148 = 629 fr. ; par an : 629 fr.<br />
X (365 — 59)= 192 474' fr. ; somme'nécessaire pour<br />
le payement dé tous les ouvriers : 77112 fr. +<br />
109089 fr. + 192 474 fr. = 378 675 fr.<br />
II. Calcul de la dépense. — 5. Un charpentier gagne<br />
27 fr. par semaine; que gagne-t-il par an? Et<br />
s'il économise le quart de son salaire, combien dépense-t-il<br />
? (Seine-Inférieure. )<br />
Solution. — Gain annuel : 27 fr. X 52 = 1 404 fr. :<br />
économies: 1404 fr. : 4 = 351 fr. ; dépense : 1404fr.<br />
- 351 fr. = 1 053 fr.<br />
6. Un ouvrier gagne 6 fr. 50 par jour.. S'il veut<br />
économiser le 1/13 de son gain, quelle somme peut-il<br />
dépenser par mois ? Cet ouvrier se repose lé dimanche<br />
et 6 jours de fête.<br />
Solution. — Nombre de jours de travail : 365 j. —<br />
(52-1- 6) = 307 jours ; gain annuel : 6 fr. 50 X 307 =<br />
1995 fr. 50; économies: 1995 fr. 50: 13 = 153 fr. 50;.<br />
dépense annuelle : 1 995 fr. 50 — 153 fr. 50 = 1842 fr. ;<br />
par mois : 1 842 fr. : 12 = 153 fr. 50.<br />
* 7. Dans une famille, le père gagne 225 fr. par<br />
mois, la mère reçoit le 1/3 du salaire de son mari et<br />
l'aîné des enfants ne gagne que 1/5 de ce que touchent<br />
ensemble son père et sa.mère. Sachant que,<br />
dans cette famille, on place 423 fr. à la caisse d'épargne<br />
par trimestre, dire à combien s'élève la dépense<br />
annuelle. (Tarn.)<br />
Solution. — Gain annuel de la mère : 225 fr. : 3<br />
= 75 fr. ; gain de l'enfant : (225 fr. 75 fr.) : S =<br />
60 fr. ; gain mensuel 4e la famille : 225 fr. + 75 fr.<br />
+ 60 fr. = 360 fr. ; gain annuel : 360 fr. x 12 = •<br />
4 320 fr. ;• économies en. un an : 423 fr x 4 =<br />
1692 fr. ;. dépense annuelle. : 4 320 fr. — 1.692 fr. =<br />
2 628 fr.<br />
III. Calcul des économies. — 8. Une ouvrière gagne<br />
75 fr. par mois ; elle place 1/5 de son gain à la<br />
caisse d'épargne. On demande quel sera.le montant<br />
de ses économies annuelles. (Oise.)<br />
Solution. — Economies mensuelles : 75 fr. : 5 =<br />
15 fr. ; économies annuelles : 15 fr. X 12 = 180 fr.<br />
9. Un ouvrier gagne 1230 fr. par an. Il dépense<br />
les 3/4 de son gain pour sa nourriture, son entrelien<br />
et son logement. Combien économise-t-il par an?<br />
(Ilaute-Saône.)<br />
PARTIE SCOLAIRE 297:<br />
Solution. — Il dépense les 3/4 de son gain et<br />
économise 1/4. Economies annuelles : 1 230 fr. : 4 =<br />
307 fr. 50.<br />
* 10. Un employé gagne 2 400 fr. par an. Il dépense<br />
la moitié pour sa nourriture, la moitié du reste<br />
pour son.entretien et la moitié du nouveau reste pour<br />
son logement. Combien peut-il économiser ? (Eure.)<br />
Solution. — Il dépense pour sa nourrriture :<br />
2 400 fr. : 2 = 1 200 fr. ; pour son entretien : (2 400.fr.<br />
— 1 200) : 2 = 600 fr. ; pour son logement : [2 400 fr.<br />
— (1 200 fr. + 600 fr.)] : 2 = 300 fr. ; dépense totale :<br />
1 200 lr. + 600 fr. + 300 fr. = 2 100 fr ; il peut économiser<br />
: 2 400 fr. — 2 100 fr. = 300 fr.<br />
Géométrie et système métrique. ï<br />
ALLÉES <strong>DE</strong> JARDIN 1 . — I. Allées laissant un rectangle<br />
intérieur. — Un jardin rectangulaire qui a<br />
55 m. sur 83 m. est entouré d'une allée ayant 1 m. 25<br />
de large. Quelle surface reste-t-il à cultiver? (Aube.)<br />
Solution. — Largeur du rectangle intérieur : 55 m.<br />
— (1 m. 25 x 2) = 52 m. 50; longueur du rectangle<br />
intérieur : 83-m. — (1 m. 25 X 2) = 80 m. 50 ; surface<br />
à cultiver : 1 m 2 x (52,50 x 80,50)= 4 226 m 2 , 25.<br />
2. Un jardin rectangulaire a un pourtour de<br />
140 m. 60 sur lequel on a ménagé une allée de<br />
0 m. 80 de large. L'un des côtés de ce jardin a 27 m. 80.<br />
Quelle est la surface de l'allée ? {Côte-d'Or.) ,.m<br />
Solution. — Longueur du jardin : [140 m. 60 —<br />
(27 m. 80 X 2)] : 2 = 42 m. 50 ; surface de l'allée<br />
suivant les 2 largeurs :1m 2 X (27,80 x 0,80) X 2<br />
1= 44 m 2 48;: dans le sens des longueurs, la surface<br />
,n'est que de : 1 m? x [42,50 — (0.80 X 2) X'0, 80]x-<br />
2 = 65 m 2 44. Surface totale de l'allée : 44 m 2 4S +<br />
:65 m a 44 = 109 m 2 92.<br />
3. Un terrain rectangulaire est entouré d'une allée<br />
dont la largeur est de.O m. 85. Ce jardin a une contenance<br />
de 35 a. 4 ca. (allée comprise), et sa longueur<br />
est de 73 m. Dites la surface de l'allée; (JS 7 ord.)<br />
Solution. — 35 ares 4. ca. = 3504 m 2 . ; larg: du<br />
terrain : 1 m. x (3 504 : 73) = 48 m. : surface de<br />
l'allée, suivant la long, totale :1m 2 x (73 X 0,85)<br />
X 2 = 124 m 2 10 ; surf, de l'allée, suivant la larg^<br />
réduite : 1 m 2 x [48 — (0,85 X 2) x- 0,85] X 2 =<br />
78 m 2 71 ; surface totale de l'allée : 124*jn 2 li} +•<br />
78 m 2 71 = 202 m 2 81. " " M '<br />
Problèmes dérivés. — 4. Une table carrée, de -<br />
1 m; 45 de côté, est couverte d'un tapis qui déborde<br />
tout autour de 0 m. 25. Trouvez, la surface dH^Btois.<br />
(Mayenne.)<br />
Solution. — Côté du tapis : 1 m. 45 + (0,25.x 2)<br />
= 1 m. 95 ; surface du tapis : 1 m 2 X (1,95 >XL95)<br />
= 3 m 2 8025. W )<br />
5. Une chambre a 6 m. 20 de longueur sur 5 m. 60<br />
de largeur. On veut placer sur le parquet un tapis à<br />
0 m. 45 des murs. Quelle sera la valeur de: ce tapis à<br />
5 fr. 80 le mètre carré ? (Paris.)<br />
Solution. — Long; du tapis : 6 m. 20 — (0 m. 45<br />
X 2) = 5 m. 30; larg. du tapis : 5 m. 60 — (0 m. 45<br />
X 2) = 4 m. 70 ; surface du tapis : 1 m 2 x (5,30 X<br />
4,70 = 24 m 2 91; valeur'du tapis : 5 fr. 80 X 24,91<br />
= 144 fr. 478.<br />
IL Allées en croix. — 6. Un jardin rectangulaire a<br />
35 m. sur 18 m. On'y trace 2 allées en croix ay an t<br />
1' m. 50 de large. L'une suivant la longueur, l'autre<br />
suivant la largeur. Quelle est la.surface cultivable?<br />
(Meurthe-et-AIoselle.)<br />
Solution. — Si .l'on réunit les 4 rectangles restants;<br />
on obtient un rectangle total ayant 35 m. — 1 m. 50<br />
= 33 m. 50 de long sur 18 m. — 1 m. 50 = 16 m. 50<br />
de large. Surface :1m 2 x 33,5 X 16,5 = 552 m 2 . 75.<br />
7. Un jardin carré a 24 m. de côté. On le partage<br />
en 4 carrés égaux par deux allées perpendiculaires de.<br />
1 m. 60 de large. Dites,, en ares et centiares, là surface<br />
de chaque carré. (Meuse.)<br />
Solution. —Côté d'un carré : (24 m. — 1 m. 60) :<br />
2 = 11 m. 20. Surface : 1 m 2 X 11,2® = 125 m 2 44<br />
ou 1 a. 25 ca. 44.<br />
1. Recommandation importante : Faire tracer, pour toits<br />
les problèmes, le croquis des terrains dans les conditions de<br />
l'énoncé: —Montror qu'on calcule do mfmo la surface des<br />
terrains dont on augmente ou diminue les dimensions, — la<br />
surface de rectangles intérieurs ou extérieurs, etc.<br />
LECTURE EXPLIQUÉE : GUÉCHOT, Premier livre-, Cours élémentaire èours moyen " née . d " 1 • »
298 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
COURS SUPÉRIEUR =======<br />
Sommaire.<br />
ARITHMÉTIQUE. — Multiplication des fractions. —<br />
Prendre pour point de départ la définition générale<br />
de la multiplication; en montrer, par des exemples,<br />
l'application aux fractions. — Cas que l'on peut envisager<br />
: 1° le multiplicateur est un nombre entier<br />
(c'est rendre la fraction multiplicande ce nombre de<br />
fois plus grande); 2° le multiplicateur est une fraction<br />
(c'est prendre cette fraction du multiplicande).<br />
— Généraliser eu montrant qu'un nombre entier<br />
n'est autre qu'une fraction ayant l'unité pour dénominateur.<br />
— Cas particuliers : les facteurs sont<br />
des nombres entiers accompagnés de fractions, expliquer<br />
l'emploi des parenthèses. — Simplification des<br />
résultats. — Calcul des puissances des fractions.<br />
GÉOMÉTRIE ET SYSTÈME MÉTRIQUE. — Surface du<br />
cercle, considéré comme un polygone régulier d'un<br />
nombre infini de côtés ; conclure : surf. — circ. X de-<br />
Y<br />
mi-rayon = 2^1- x ^ = s r ! . Surface d'un sec<br />
teur, par analogie avec la surf, d'un triangle : long,<br />
de l'arc x demi-rayon. Surface du segment = surf,<br />
du secteur, moins la surface du triangle. Surface de<br />
la couronne : différence entre les aires des deux cercles;<br />
en tirer la formule : - (R 2 — r 2 ), ou r. (R + r)<br />
(R - r).<br />
Théorie.<br />
1. Quelle est la définition de la multiplication? —<br />
Dire ce que l'on entend par multiplier une fraction<br />
par une fraction, et expliquer comment il se fait que<br />
le produit de deux fractions, l'une et l'autre plus<br />
petites que l'unité, est plus petit que chacune des<br />
deux fractions. [Brev. élém. Tam-et-Garonne.)<br />
Indications. — Principes : 1° Le produit est au<br />
multiplicande comme le multiplicateur est à l'unité.<br />
2° La valeur d'un produit ne change pas quand on<br />
intervertit l'ordre des facteurs. — Donc le produit<br />
est plus petit que la fraction multiplicande, parce que<br />
la fraction multiplicateur est plus petite que 1. — Ce<br />
produit est aussi plus petit que la fraction multiplicateur,<br />
puisque, en intervertissant les facteurs, cette<br />
dernière fraction devient multiplicande et la l re devient<br />
multiplicateur.<br />
2. Ayant un produit de 2 facteurs, on multiplie le<br />
multiplicande par 3/5 et le multiplicateur par 7. Le<br />
produit des facteurs ainsi modifié est égal au produit<br />
primitif multiplié par le produit 3/5 x 7. [Brev.<br />
" élém., Rennes.)<br />
Indications. •— Soit le produit a x b, on aura (a<br />
X 3/5) x (b X 7) = a x 3/5 x b x 7 = (en intervertissant<br />
les facteurs) a x b x 3/5 X 7 = (en remplaçant<br />
deux ou plusieurs facteurs par leur produit<br />
effectué) {a x b) x (3/5 x 7).<br />
3. Enoncer la règle à suivre pour réduire des fractions<br />
au p. p. dénominateur commun et l'appliquer<br />
aux fractions suivantes : 12/60, 22/33, 51/85. — Effectuer<br />
ensuite, le plus simplement possible : 1° leur<br />
somme ; 2° leur produit. (Brev. élém. Somme.)<br />
Indications. — Simplifier; on obtient : 1/5, 2/3,<br />
3/5. Pour faire la somme rapidement, ajouter d'abord.<br />
1/5 et 3/5 = 4/5. Le p. p. dén. com. à. 2/3 et à 4/5<br />
est 15 et on a : 10/15 -f 12/15 = 22/15 ou 1 + 7/15.<br />
T J-, T ' I J . 1 x 2 x 3 1 x 2 2<br />
Le produit est égal à : 5 x 3 > < 5 = 5 ^ 5 = g-<br />
Remarquer que le moyen le plus rapide d'obtenir le<br />
roduit est d'opérer la simplification indiquée plus<br />
aut.<br />
4. On propose de diminuer la fraction 275/289 des<br />
7/24 de sa valeur en opérant seulement sur le dénominateur.<br />
Expliquer l'opération. (Brev. élém. Poitiers.)<br />
Indications. — La fraction cherchée est égale aux<br />
24/24 — 7/24 =17/24 do la fraction donnée : 275/289.<br />
Or les 17/24 de 275/289 = ^ X Remarquons<br />
que 289 = 172; on a : ^ X 17 * *275 27_5-<br />
4 ' 172 x 24 17 X 24 408<br />
Donc, pour diminuer 275/289 des 7/24 de sa valeur,<br />
ou pour prendre les 17/24 de 275/289, il a suffi de<br />
prendre les 24/17 du dénominateur 289. Remarquer<br />
que ce n'est là qu'un cas particulier, car 289 est multiple<br />
de 17.<br />
Problèmes.<br />
1. COMPLÉMENT <strong>DE</strong>S PROBLÈMES DU COURS MOYEN. —<br />
Salaires d'ouvriers. — 1. Une ménagère qui s'approvisionnait<br />
à la ville dépensait pour son ménage<br />
les 3/4 du salaire de son mari. Depuis qu'elle prend<br />
ses marchandises à la Coopérative, elle ne dépense<br />
plus que les 2/3 de ce même salaire et réalise ainsi<br />
une économie annuelle de 75 fr. Sachant que son<br />
mari a travaillé en moyenne 300 jours par an, on<br />
demande quel est le salaire quotidien de cet ouvrier.<br />
(Ecoles nationales professionnelles.)<br />
Indications. — Economie réalisée par la ménagère<br />
: 3/4 — 2/3 = 1/12 du salaire de son mari. Ce<br />
1/12 vaut 75 fr. ; le salaire entier est de 75 fr. x 12<br />
= 900 fr. Gain par jour : 900 fr. : 300 = 3 fr.<br />
2. Un ouvrier dépense pour sa nourriture le tiers<br />
de ce qu'il gagne; pour son habillement, le huitième;<br />
pour son logement, le sixième; pour ses menues déenses,<br />
le neuvième. Chaque année, il économise<br />
85 fr. Combien gagne-t-il par an?<br />
Indications. — Total des dépenses : 1/3 + 1/8 +<br />
1/6 + 1/9 = 53/72. Restent donc : 72/72 — 53/72 =<br />
19/72. Gain par an : 285 fr. X 19/72 = 1 080 fr.<br />
Problèmes dérivés. — Traitement avec retenue. —<br />
3. On retient à un fonctionnaire, à son entrée en<br />
fonctions, le premier mois de son traitement; puis,<br />
chaque mois, le vingtième de ce traitement. 1° Quelle<br />
portion lui a-t-on retenue au bout de la l re année?<br />
2° Combien aura-t-il touché sur des appointements<br />
annuels de 1 200 fr. ?<br />
Indications. — On a retenu le 1 er mois entier ou<br />
1/12 du traitement, plus 1/20 de chacun des 11 autres<br />
douzièmes ou 11/12 x 1/20 = 11/240. Retenue<br />
totale : 1/12 + -11/240 = 31/240 de 1200 fr. ou<br />
155 fr. Il a touché ; 1 200 fr. — 155 fr. = 1 045 fr.<br />
Remarque : sur le 1 er mois, qui est retenu en entier,<br />
on ne prélève pas 1/20 en plus.<br />
4. Un fonctionnaire a un traitement annuel de<br />
2 000fr. soumis à la.retenue de 1/20 pour la retraite.<br />
Il touche 500 fr. pour des fonctions accessoires, il a<br />
en outre un revenu de 300 fr. Sachant que,, les 3/5<br />
de ses recettes sont employés pour les dépenses de<br />
nourriture de la famille, les 2/3 du reste pour l'habillement<br />
et ce qui reste à des frais divers, on demande<br />
à quel chiffre s'élève chaque nature de dépense.<br />
Indications. — Traitement net : 2 000 fr. X 19/20<br />
= 1 900 fr. Revenu total : 1 900 fr. + 500fr. + 300 fr.<br />
= 2 700 fr. Nourriture : 3/5 de 2 700 ir. = 1 620 fr.<br />
Habillement.: 2/3 des 2/5 de 2 700 fr. ou 4/15 de<br />
2 700 fr. = 720 fr. Frais divers : 1/3 des 2/5 de<br />
2 700 fr. ou 2/5 de 2 700 fr. = 360 fr.<br />
II. GÉOMÉTRIE. — Surface du cercle. — 5. Un<br />
homme placé sur une éminence aperçoit toute la<br />
contrée dans un rayon de 12 km. Dites, en lieues kilométriques<br />
carrées, la surface du pays qu'il a sous<br />
les yeux.<br />
Indications. — Surface en km 2 : 1 km. (12 2 X<br />
3,1416) = 452 km 2 3904; en lieues carrées : 1 1. carrée<br />
(452,3901 : 4 2 ) = 28 1. carr. 2744.<br />
6. Sur les deux plus grands côtés d'un rectangle<br />
011 décrit une demi-circonférence, chacun d'eux étant<br />
pris comme diamètre. La figure ainsi obtenue a une<br />
surface totale de 249 cm 2 , 7 326, et dépasse dé<br />
132 cm 2 , 7 326 celle du rectangle. Calculer les deux<br />
dimensions du rectangle. (Cours compl., Paris.)<br />
Indications. — 132 cm 2 " 326 représentent la surface<br />
des deux demi-circonférences, ou d'une circonférence<br />
eDtière ayantle grand côté comme diamètre. Or, surf.<br />
7T d 2 ,, . 4 S 132 cm 2 ,7 326 x4<br />
du cercle = —1 d ou d- = — = ,, ,,<br />
4 7r 3,141b<br />
= 169 cm 2 , d = 1 cm. \/169 = 1 3 cm. Surf, du rectangle<br />
: 2 49 cm 2 , 7 326 — 132 cm 2 , 7 326 = 117 cm 2 .<br />
Petit côté : 1 cm. (117 : 13) = 9 cm. 1.<br />
1. Problèmes sur les secteurs, segments- et couronne au<br />
numéro suivant.<br />
HISTOIRE : GAUTHIER et <strong>DE</strong>SCHAMPS, Cours préparatoire d'histoire de France . . . . 50 C.<br />
i
7. Calculer la surface d'un cercle circonscrit à un<br />
carré de 35 cm. de côté.<br />
Indications. — Diag. du carré ou diamètre du<br />
, A ,s. 0 m . 35 s/2 0 m. 35<br />
cercle : 0 m. 35 y2, rayon — : ^ = -=—•<br />
Surface : , ( ^ f ) ' x 3,1416 - fi2E£fi8<br />
= 0 m 2 192 423. COHEN,<br />
instituteur.<br />
H I S T O I R E<br />
Les guerres de religion.<br />
Leurs causes. — Leurs caractères. — Importance<br />
de ledit de Nantes.<br />
Causes des guerres de religion. — La tolérance<br />
était alors chose inconnue ou suspecte. — La tolérance<br />
l Le mot est très souvent employé aujourd'hui,<br />
et nous voudrions tous voir la tolérance régner en<br />
tout et partout. Etre tolérant, c'est respecter les sentiments,<br />
la pensée et les croyances d'autrui, si différents<br />
qu'ils puissent être de nos propres sentiments,<br />
de nos pensées, de nos croyances personnelles.<br />
Il TOUS semble que ce soit là chose toute naturelle,<br />
et qu'il aurait dû toujours en être ainsi; Au xvi e siècle,<br />
la tolérance, loin de sembler une vertu, était<br />
considérée comme une faiblesse ou une trahison. C'est<br />
que la religion avait alors une large place dans la<br />
vie des nations. Elle n'èiait pas, comme aujourd'hui,<br />
une affaire individuelle. C'était une question nationale,<br />
une question d'Etat.<br />
Par toute l'Europe, les souverains, catholiques ou<br />
protestants, voulurent imposer à leurs pays la religion<br />
qu'ils adoptèrent. — Les souverains qui embrassèrent<br />
le protestantisme persécutèrent les catholiques,<br />
comme ceux qui restèrent attachés à la religion catholique<br />
persécutèrent les protestants. Philippe II, en<br />
Èspagné, chassait les Maures, faisait mettre à mort<br />
les protestants (800 en un jour à Sèville). Aux Pays-<br />
Bas, son lieutenant, le duc d'Albe, instituait le Tribunal<br />
de sang qui faisait exécuter 1 800 protestants<br />
en trois mois. En France, sous François I er , le président<br />
du parlement d'Aix faisait brûler 3 villes et<br />
22 villages, égorger 3 000 personnes et vendre comme<br />
esclaves aux Turcs des centaines d'enfants, pour détruire<br />
les Yaudois qu'on avait laissés en paix depuis<br />
les croisades, mais qui parurent alors être des protestants.<br />
De 1547 à 1550, le parlement de Paris prononça<br />
500 condamnations. On sait les horreurs de la Saint-<br />
Barthélémy qui fut surtout le crime politique d'une<br />
femme ambitieuse. — En Suède, le roi se trouvant<br />
sans ressources, adopta le luthéranisme, confisqua<br />
les biens de l'Eglise et obligea ses sujets à se faire<br />
luthériens. — En Angleterre, Henri VIII se déclara<br />
chef suprême et pape de l'Eglise d'Angleterre avec<br />
« tout pouvoir pour examiner, réprimer, redresser,<br />
réformer et amender les erreurs, hérésies, abus,<br />
offenses et irrégularités. » Aussi fit-il pendre les catholiques<br />
comme traîtres, et les protestants comme<br />
hérétiques. Pendant les six premières années du<br />
règne de son fils, roi à neuf ans et calviniste, ce<br />
furent les calvinistes qui persécutèrent. Puis Marie<br />
Tudor voulut rétablir le catholicisme et mérita le<br />
nom de Marie la Sanglante. Puis Elisabeth imposa<br />
par des supplices aux vrais catholiques et aux vrais<br />
protestants l'obligation de se convertir à « l'Eglise<br />
établie par la loi. » En moins de cent ans, cinq religions<br />
officielles successivement obligatoires, sous<br />
peine de mort ! Et tous ces odieux excès ne sont<br />
pas éloignés de nous de quatre siècles !<br />
Partout donc, on s'inspirait du principe énoncé<br />
dans la paix d'Augsbourg : « que telle était la religion<br />
du prince, telle était la religion des sujets. »<br />
Les chefs religieux, eux aussi, eurent recours à la<br />
violence. Au moins, si les chefs politiques usaient de<br />
moyens odieux pour imposer la religion d'Etat, les<br />
chefs religieux réprouvaient-ils les violences? Héla?!<br />
non. Un concile catholique restaurait le tribunal san<br />
PARTIE SCOLAIRE 299<br />
glant de l'Inquisition pour punir, même par le feu,<br />
les auteurs de livres contraires à ses doctrines. Calvin,<br />
à Genève, voulait réprimer les hérésies « par le<br />
glaive ». « Quiconque, écrivait-il, soutiendra qu'on<br />
fait du tort aux hérétiques en les punissant, se rend<br />
coupable et complice du crime. » Luther assurait<br />
« qu'il ne faut pas tolérer dans le même Etat des<br />
doctrines contraires, » et que « ceux même qui ne<br />
croient pas doivent être contraints d'aller au sermon. »<br />
Le sentiment que la violence était un droit, même un<br />
devoir, était général alors, dans l'un et l'autre partis.<br />
Les adeptes de religions diverses se haïssaient. —<br />
Cette ardeur passionnée des chefs, politiques ou religieux,<br />
chacun des fidèles l'éprouvait. Aux Etats généraux<br />
de 1560, le sage Michel de l'Hospital avait bien<br />
dit : « Le couteau vaut peu contre l'esprit... La douceur<br />
profite plus que la violence... Otons tous ces<br />
mots diaboliques, luthériens, huguenots, papistes ; ne<br />
changeons pas le nom de chrétiens. » Mais il avait dû<br />
avouer avec tristesse : « C'est folie d'espérer paix,<br />
repos et amitié entre les personnes qui sont de<br />
diverses religions... Nous voyons que deux Français et<br />
Anglais qui sont d'une même religion ont plus d'affection<br />
et d'amitié entre eux que deux citoyens d'une<br />
même ville, sujets à un même seigneur, qui seraient<br />
de religions diverses. »<br />
On n'attachait pas autrefois à la vie humaine le<br />
prix que nous lui donnons aujourd'hui. — Voilà,<br />
donc des causes de la sauvagerie aSreuse des guerres<br />
de religion partout où elles se sont produites. — En<br />
voici une autre : le peu de cas qu'on faisait alors de<br />
la vie humaine. Vous vous rappelez combien elle<br />
comptait peu dans l'antiquité (donner des exemples :<br />
les esclaves mis à mort par caprice, les sacrifices<br />
humains, les combats de gladiateurs). — Et les<br />
contemporains de Richelieu jugeaient-ils la vie un<br />
bien précieux entre tous? Pensez aux duels que le<br />
grand ministre réprima avec tant de peine.<br />
Au xvi e siècle, on n'attachait pas plus d'importance<br />
à la vie d'un homme que n'en attachent aujourd'hui<br />
les rôdeurs des boulevards extérieurs d'une<br />
ville. En 1595, les Espagnols ayant occupé Doullens<br />
sans combat, y égorgèrent plus" de 4000 personnes.<br />
« Qu'y faire, disait un de leurs officiers; s'il y en<br />
avait eu moins, on en aurait moins tué. » Saccager<br />
des églises ou des temples, profaner des tombes, briser<br />
des statues exaspérait bien plus qu'un meurtre<br />
les populations d'alors.<br />
Tout ceci explique, sans les excuser, les massacres,<br />
les tortures, les atrocités de cette époque, où en tout<br />
pays, catholiques et protestants accumulèrent les violences.<br />
Les guerres. — Personnes et faits principaux :<br />
François II. — Les Guises, la conjuration d'Amboise.<br />
Charles IX et sa mère. — Michel de l'Hospital,<br />
Poissy; Vas.sy; Montluc et des Adrets. — Coli'gny; la<br />
Saint-Barthélémy.<br />
Henri III; Henri de Guise; La Ligue; les Barricades;<br />
Blois; Siège de Paris.<br />
Henri IV, Arques, Ivry; L'abjuration; Fontaine-<br />
Française et la paix de Vervins; l'édit de Nantes.<br />
L'èdit de Nantes. — Henri IV dut imposer la<br />
paix et l'édit aux protestants, puis aux catholiques.<br />
— Vous pensez sans doute qu'après trente ans de<br />
guerres civiles et de massacres, après quatre ans<br />
d'interrègne et de désordres, l'abjuration d'Henri I V<br />
devait être accueillie avec joie par tous les Français?<br />
Par tous? Cherchez bien. — Un grand nombre de<br />
Français catholiques vinrent au roi qui avait adopté<br />
leur religion ; mais d'autres ne crurent pas à sa sincérité<br />
et conspirèrent; beaucoup de protestants<br />
s'éloignèrent attristés et inquiets. Certains quittèrent<br />
l'armée royale qui assiégeait La Fère, et » sans<br />
permission du roi, » se réunirent pour organiser la<br />
France en neuf grandes provinces ayant des députés,<br />
et chaque année, une assemblée générale, qui se tint<br />
d'abord à Londres.<br />
Il faudrait, mes enfants, pour que nous puissions<br />
apprécier ce que fut alors l'édit de Nantes, suivre<br />
dans le détail les eSorts du roi et ses négociations<br />
auprès de l'un et l'autre partis. Pendant plusieurs<br />
années, il dut agir auprès des protestants, qui récla<br />
HISTOIRE : GAUTHIER et <strong>DE</strong>SCHAMPS, cours sup. d'histoire de France, ^2 r o7r!ltiart.!2o a tab! 1 - 8 0
300 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
maient avec raison tous leurs droits de Français,<br />
mais prétendaient en outre « vivre en distinction, »<br />
c'est-à-dire se constituer à part dans l'Etat. — Puis,<br />
lorsque l'accord fut à peu près établi entre Henri et<br />
les délégués du protestantisme, il fallut que le roi<br />
luttât contre la résistance des parlements qui, selon<br />
les idées générales de l'époque, se refusaient .à admettre<br />
l'existence de deux cultes et la. reconnaissance de<br />
deux'religions dans un même pays. Les parlements<br />
de Paris, de Grenoble, de Toulouse, de Dijon protestèrent,<br />
résistèrent, disputèrent. Priant ou commandant<br />
tour à tour, Henri maintint fermement l'édit pacificateur.<br />
« Je suis roi et parle en roi, et veux être obéi...<br />
Donnez à mes prières ce que vous ne donneriez aux<br />
menaces... Faites:seulement ce que je vous commande,<br />
ou plutôt ce dont je vous prie... J'ai fait un édit, je<br />
veux qu'il soit gardé... »<br />
Conditions de l'édit. — Qu'était-il donc, cet édit,<br />
« le plus maudit, » et que les délégués de Grenoble<br />
disaient ne pouvoir enregistrer sans se « dégrader » ?<br />
Les protestants avaient la liberté de conscience dans<br />
toutes les villes et lieux du royaume, « sans être enquis,<br />
vexés ou molestés* » Le. libre exercice du culte...<br />
l'admissibilité aux emplois... les chambres mi-parties...<br />
etc. — Mais il faudrait en lire les détails pour avoir<br />
quelque idée des difficultés infinies que soulevaient<br />
alors les questions qui nous semblent si simples aujourd'hui<br />
: à la cour, les capitaines pourront célébrer<br />
le culte dans leur logis, mais portes closes, en évitant<br />
tout bruit et tout scandale. Il est défendu aux prédicateurs<br />
d'injurier en chaire les protestants; aux parents,<br />
de. les déshériter pour cause de religion. (Citer<br />
d'autres clauses.).<br />
. Mais à ces droits si naturels s'ajoutaient des privilèges<br />
: assemblées politiques... places de sûreté,<br />
dont quelques-unes très fortes : Montauban, Montpellier,<br />
La Rochelle. « Les 3500 hommes de la Religion<br />
pouvaient lever 25 000 soldats à une époque où<br />
l'armée royale sur pied de paix ne dépassait pas<br />
10 000 hommes. »<br />
Importance dé l'édit de Nantes. — Pour mieux<br />
comprendre toute la valeur de l'édit de. Nantes, rappelons-nous<br />
qu'à l'époque où. il fut-signé, partout, en<br />
Allemagne, en-Espagne, en Angleterre, les sujets<br />
étaient contraints, sous peine de bannissement ou de<br />
mort, à. pratiquer la religion de leur souverain,-.catholique<br />
ou protestant.— La France eut l'honneur<br />
d'adopter la première le régime de la liberté religieuse.<br />
« Elle ne faisait plus d'une croyance la<br />
condition même de la nationalité... Aucun autre pays<br />
d'Europe, à cette époque, ne présentait le spectacle<br />
d'une pareille tolérance... L'édit de Nantes mérite de<br />
faire date dans l'histoire du monde... » (Mariêjol, Histoire<br />
de France, Lavisse, Hachette.)<br />
A voir pendant, la semaine. •— 1. G-uerres de religion.<br />
François II.— Charles IX..— 2. Henri III.<br />
— Henri 1 V jusqu'en 1598.<br />
E. HEP-MANN,<br />
institutrice d'école annexe.<br />
G É O G R A P H I E<br />
Le Massif Central.<br />
Physionomie g-énérale. — Si nous comparons<br />
la région du Massif Central à celle du bassin parisien,<br />
nous n'observerons que des contrastes; de quelque<br />
côté qne nous nous dirigions vers le centre de<br />
la cuvette parisienne, il nous iâut toujours descendre ;<br />
de quelque côté que nous nous acheminions vers le<br />
puy de Sancy (1886 m.) point culminant du Massif<br />
Central, il nous faut toujours monter; vers Paris,<br />
nous voyons converger plus ou moins longtemps les<br />
vallées des fleuves, même de ceux qui, comme la<br />
Meuse et la Loire, ne rejoignent pas la Seine; le<br />
Massif Central, au contraire, est un centre de dispersion<br />
des eaux : elles vontà la Loire, à la Garonne,<br />
au Rhône, à l'Océan et à la Méditerranée. Enfin,<br />
nous avons vu que Paris est en quelque sorte le<br />
centre d'absorption des régions qui l'avoisinent, lesquelles<br />
sont, soit au point de vue agricole, soit au<br />
point de vue industriel, les plus riches de France; le<br />
Massif Central, au contraire, forme, dans l'ensemble,<br />
un pays pauvre soit par l'àpreté de son sol, soit par<br />
la rigueur de son climat. Au lieu d'attirer les groupements<br />
de population comme la fertile région parisienne,<br />
elle les repousse en quelque sorte; beaucoup<br />
de. ses habitants èmigrent soit pendant une partie de<br />
l'année, soit pour se fixer définitivement dans des<br />
pays où la vie est plus facile.<br />
Ce bloc montagneux, qui occupe presque la sixième<br />
partie de notre territoire (85000 Ml. carrés), ne manque<br />
pas, certes, d'intérêt; il constitue d'abord les seules<br />
montagnes vraiment, purement françaises. Nous partageons<br />
avec d'autres pays d'Europe les aspects grandioses<br />
des Alpes, les sommets lumineux des Pyrénées;<br />
les paysages plus doux et plus calmes du jura<br />
et des Vosges; mais le Massif Cenirai n'est qu'à nous :<br />
à nous les murailles sauvages du Vivarais, les aspects<br />
chaotiques, tourmentés et variés de l'Auvergne ; à<br />
nous les arides plateaux des Causses avec leurs gorges<br />
mystérieuses au fond desquelles grondent les<br />
torrents. Notre Massif Central offre à chaque pas<br />
des beautés pittoresques qui ne sont pas encore assez<br />
connues; il mérite bien, les visites des touristes de<br />
tout pays; il mérite aussi que nous l'aimions. La<br />
montagne donne à l'homme une nature plus forte et<br />
plus vigoureuse; elle est la réserve des forces physiques<br />
et morales, elle trempe les énergies.. C'en serait<br />
fait bientôt de la population de nos grandes<br />
villes si à tout instant elle n'était renouvelée par celle<br />
qui leur arrive de la montagne. Si le Massif Central<br />
est pauvre, ne croyons pas pour cela qu'il est inhabité<br />
: de profondes vallées le pénètrent, où la vie est<br />
du moins possible, et les voies de communication<br />
modernes ne laissent plus isolée aucune de ses régions.<br />
Nature du sol. — Divisions. — Dans l'ensemble,<br />
le Massif Central est un bloc de roches .anciennes<br />
comme la Bretagne et les Vosges. Comme elles, il a<br />
subi l'action destructrice et nivelante des agents<br />
atmosphériques, des glaciers et des cours d'eau ; mais<br />
on ne peut le constater que dans sa partie occidentale<br />
(monts de la Marche et au Limousin) où l'altitude est<br />
faible et le relief adouci. Au centre et à l'est, l'ancien<br />
massif a subi de profondes modifications .dues à<br />
des causes différentes : dans sa partie orientale il a<br />
été relevé par . le soulèvement des Alpes. auquel il<br />
faisait obstacle ; enfin, l'est et le centre ont été bouleversés<br />
par des phénomènes volcaniques (Vivarais,<br />
Velay, Forez, Auvergne) qui. ont élevé l'altitude des<br />
sommets et creusé des vallées profondes. Dans sa<br />
partie ..méridionale, sur de . grandes surfaces, il a été<br />
recouvert par les dépôts séddmentaires dits jurassiques<br />
(Causses du Larzac et du Quercy). Pour la<br />
facilité de l'étude, on peut diviser ainsi le Massif<br />
Central, d'après la carte : 1° .le rebord oriental, dont<br />
la^partie la: plus importante ,est formée par les Cévennes<br />
et les monts du Vivarais ; 2° les monts compris<br />
entre la Loire et l'Allier; 3° le groupe, des monts<br />
d'Auvergne; 4°. les plateaux de la. Marche et du Limousin;<br />
5°.les plateaux des Causse?.<br />
Le rebord oriental. — Ce rebord est plus ou<br />
moins large; il est formé tantôt de roches, granitiques<br />
ou schisteuses, tantôt de roches volcaniques.: Il comprend<br />
:<br />
La Montagne Noire, dont le point, le plus élevé<br />
est le pic de Nore (1 210 m.) et dont les versants<br />
sont couverts de végétations très différentes : au nord,<br />
les pâturages que fréquentent de beaux troupeaux de<br />
vaches ; au sud, les pentes sur lesquelles on cultive<br />
la vigne. On rattache aux Montagnes Noires les monts<br />
de l'Espinous, très disloqués, et les monts de La-<br />
caume, couverts de prairies et de forêts. Au pied des<br />
monts de l'Espinous s'étend le bassin .< houiller . de<br />
Graissessac.<br />
Les Gévennes. — Les Cévennes proprement dites<br />
sont séparées des monts de l'Espinous par un plateau<br />
calcaire qui se rattache aux Causses. Elles commencent<br />
au mont Aigoual et finissent au mont Tanargue.<br />
Elles sont tantôt schisteuses, tantôt granitiques,<br />
très tourmentées, fendues par des gorges<br />
profondes dans. lesquelles . coulent les torrents qui<br />
GÉOGRAPHIE : LEMONNIER, SCHRA<strong>DE</strong>R et QALLOUE<strong>DE</strong>C, Cour» élément, 1 • ? 0
vont à l'Ardècke et au Gard; leur point culminant est<br />
le mont Lozère (1702 m.). « Les crues désastreuses<br />
des cours d'eau, auxquelles on cherche à remédier<br />
par des plantations ae bois, résineux, sont le fléau<br />
des Cévennes. Les bourrasques du sud-est, surtout<br />
fréquentes en automne, s'y déchargent en déluges.<br />
Une seule tempête verse quelquefois autant d'eau<br />
quil en tombe pendant un an à Paris... La raideur<br />
des pentes du versant oriental rend les communications<br />
très difficiles entre le Massif Central et la plaine<br />
méditerranéenne. La voie ferrée de Paris à Nîmes<br />
compte 108 tunnels et 32 viaducs et monte jusqu'à<br />
1 033 mètres d'altitude au faîte compris entre l'Alliei 1<br />
et le Chassezac. » Au pied des Cévennes on cultive<br />
le mûrier; sur les pentes, le châtaignier. D'Alais à<br />
Bessèges, s'étend un important bassin houiller.<br />
Les monts du Vivarais. — Les monts du Vivarais<br />
s'étendent entre la source du Chassezac et la-double<br />
dépression du Furens et du Gier ; ils présentent le<br />
double aspect d'un massif ancien et d'un massif volcanique<br />
; c'est une région très complexe présentant<br />
tantôt des plateaux formés de basaltes, tantôt des pitons<br />
de couleur grise, dépourvus de végétation,<br />
groupés sans ordre, tantôt des pyramides ou de<br />
grandes murailles déchiquetées. Comme dans les Cévennes,<br />
les torrents coulent dans des gorges profondes.<br />
La végétation est à peu près la même; vers la<br />
vallée du Rhône se fait en grand l'élevage des vers à<br />
soie ; les châtaigneraies fournissent les marrons dits<br />
de Lyon ; la vigne donnent les vins de Saint-Péray.<br />
Les principaux sommets sont le Mézenc (1754 mètres),<br />
le Gerbier des Joncs, et le Pilât (1 435 mètres).<br />
Entre les monts du Vivarais et ceux du Lyonnais,<br />
la dépression de Saint-Etienne abrite une des plus<br />
actives régions industrielles de France, grâcji aux<br />
abondants gisements houillers qu'elle renferme.*'.-<br />
Monts du Lyonnais, du Beaujolais, du Maçonnais,<br />
du Gharolais. — Ce sont des hauteurs qui vont<br />
en s'abaissant vers le nord et que séparent des dépressions<br />
parallèles à la direction des chaînes; elles<br />
tombent à pic sur les vallées du Rhône et de la Saône ;<br />
de ce côté les pentes sont généralement couvertes de<br />
vignobles (vins du Beaujolais et du Maçonnais). Les<br />
points les plus élevés sont dans le Lyonnais (937 m. au<br />
Signal de Saint-André), et dansle Beaujolais (1012 mètres<br />
ou mont Saint Rigaud). Le Charolàis n'atteint plus<br />
que 772 mètres à son point culminant et ne présente que<br />
ae longues ondulations. Entre la Loire et la Saône le<br />
point de partage n'est plus qu'à 438 m. d'altitude, et<br />
l'on y arrive par des pentes douces. Le Lyonnais et<br />
le Beaujolais sont des régions très industrielles dont<br />
le centre est Lyon ; le Mâconnais est surtout un pays<br />
de vignobles ; enfin la dépression qui marque la limite<br />
du Charolais est occupée par les charbonnages de<br />
Montceau-les-Mines, Blanzy et Montchanin qui alimentent<br />
l'important groupe métallurgique du Creusot.<br />
Entre Loire et Ailler : Velay et Forez. — Ces<br />
monts sont, comme ceux du Vivarais, d'origine granitique,<br />
mais des épanchements volcaniques ont comme<br />
dans le Vivarais élevé l'altitude. Pays triste, au climat<br />
rude. Une de ses principales industries est celle<br />
de la dentelle du Puy. Les monts du Forez, granitiques<br />
et porphyriques, atteignent 1 640 mètres à<br />
Pierre-sur-Haute. Entre eux et les monts du Lyoni<br />
nais s'étend la belle plaine du Forez (Feurs et Roanne)<br />
(jadis occupée par un lac. Enfin les monts de la Madeleine<br />
et les Bois Noirs, entre la Limagne et le Forez,<br />
tombent à 1100 mètres d'altitude.<br />
La Margeride et les monts d'Aubrac s'étendent<br />
entre les monts du Vivarais et les monts . d'Auvergne.<br />
Les premiers, aux formes arrondies, mamelonnées,<br />
appartiennent à l'ancien massif : les seconds, qui<br />
s'élèvent à 1100 ou 1200 mètres ont été recouverts de<br />
basaltes sur lesquels se sont développés des pâturages<br />
riches.<br />
Les monts d'Auvergne. — Quoiqu'ils constituent<br />
la partie la plus intéressante du Massif Central,<br />
c'est celle sur laquelle nous nous étendrons le moins,<br />
en-raison des détails qu^on peut trouver sur elle un<br />
peu partout ; il en sera de même pour la région si<br />
curieuse des Causses.<br />
PARTIE SCOLAIRE 301<br />
Les volcans d'Auvergne dominent les plus riches<br />
plaines de la France centrale. Ils comprennent:<br />
1° Le massif du Cantal, qui est en France le plus<br />
important des reliefs volcaniques. Les géologues lui<br />
attribuent au temps de son activité des dimensions<br />
comparables à celles de l'Etna. Les bords de son cratères<br />
ont été rongés, dentelés par les influences<br />
atmosphériques et par les glaciers, mais autour de<br />
lui s'élèvent des puys rangés encercle dont les principaux<br />
sont le Plomb du Cantal (1 858 mètres), le puy<br />
Mary et le puy Violent. Tout un système dé vallées<br />
en étoile rayonnent autour du point central ; celles<br />
de l'Alagnori et de la Cère livrent passage au chemin<br />
de fer qui va de Clermont-Ferrand à Aûrillac par le<br />
tunnel du Lioran (1 900 mètres de long).<br />
2° Les monts Èore ne présentent de diflérence<br />
avec le Cantal que par leurs proportions plus modestes<br />
; ils renferment cependant le plus haut sommet<br />
du centre de la France, le puy de Sancy, à 1886 mètres<br />
d'altitude. Les dernières manifestations volcaniques<br />
sont ici représentées par les sources du mont<br />
Dore et de la Bourboule.<br />
3° La chaîne des puys.<br />
S. <strong>DE</strong>CHARBOGNE,<br />
institutrice d'école annexe.<br />
A G R I C U L T U R E<br />
Les amendements.<br />
SOMMAIRE. — Chaulage. — Propriétés de la chaux.<br />
— Rôle de la chaux. — La chaux épuise le sol si<br />
on ne le fume pas. — Le plâtrage. — Comment on<br />
emploie le plâtre.<br />
MATÉRIEL NÉCESSAIRE. — Morceaux de marbre ou de<br />
craie. — Un échantillon de pierre à plâtre, de<br />
plâtre cru et de plâtre cuit. — Une soucoupe. —<br />
Un verre d'eau. — Chaux vive.<br />
Il ne faut pas confondre les amendements avec les<br />
engrais. Les engrais apportent des aliments aux plantes<br />
alors que les amendements sont des substances qui<br />
servent à changer, à modifier les propriétés du sol.<br />
Amendement signifie littéralement changement en<br />
mieux. Les principaux amendements sont : la chaux,<br />
la marne et le plâtre.<br />
Chaulag-e. — Le chaulage a pour but d'incorporer<br />
aux terres une certaine quantité de chaux. La<br />
cliaux provient de la calcination des pierres calcaires.<br />
Expérience I. — Prenons un morceau de calcaire<br />
ou carbonate de chaux, du marbre, par exemple, calcaire<br />
presque pur, pour mieux réussir notre expérience,<br />
et mettons-le dans le poêle au milieu des<br />
charbons rouges. Au bout d'une demi-heure ou d'une<br />
heure, nous retirons une pierre bien plus légère que<br />
le marbre. Ce n'est plus du calcaire ou carbonate de<br />
chaux, c'est maintenant de la chaux vive ; elle est<br />
plus légère parce que sous l'action de la chaleur elle a<br />
laissé dégager un gaz bien connu, l'acide carbonique.<br />
La chaux vive obtenue est très avide d'eau. —-<br />
Expérience II. — Laissons dans une soucoupe à<br />
l'air qui est plus ou moins humide, un morceau de<br />
chaux vive; elle absorbe de l'humidité, augmente<br />
considérablement de volume (foisonne) .puis se désagrège<br />
(se délite) et se réduit en une poudre très fine.<br />
Expérience 111. — Mettons un morceau de chaux<br />
vive dans l'eau ; elle augmente beaucoup de volume,<br />
foisonne comme 'Jans l'expérience précédente, en<br />
produisant un dégagement de chaleur considérable<br />
qui vaporise une partie de l'eau employée.<br />
Dans les expériences II et III (à l'air et dans l'eau),<br />
la chaux vive à- absorbé de l'eau ; on dit qu'elle s'est<br />
transformée en chaux éteinte.<br />
Expérience IV. — En délayant la chaux éteinte<br />
dans une petite quantité d'eau, on obtient une bouillie<br />
blanche qui a reçu le nom de lait de chaux. Le<br />
lait de chaux est très employé par les agriculteurs<br />
pour blanchir et désinfecter les murs des écuries, des<br />
(Voir ?a suite pag-e 303.)<br />
LECTURE; p. QUILICI et V. BACCUS, Petit livre de lecture et d'élocutlon et°moyet? 0 "^! 9 0 C*
302 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
J U - U J<br />
â<br />
ff 7<br />
fcv<br />
COURS ÉLÉMENTAIRE.<br />
<strong>DE</strong>SSIN<br />
Planche XIV. — Notice<br />
Dispositions des lignes<br />
disposition pennée unilatérale, droite, oblique ou<br />
courbe 1 • Ne faire dessiner aux enfants que les applications<br />
d'après nature: peigne, frange, brosse, etc.<br />
2. Disposition pennée bilatérale k traits symétriques<br />
ou alternes, égaux, croissants, ou décroissants :<br />
plume, arêtes de poissons, feuille de robinier, épi de<br />
blé, d'orge ou de seigle, nervures de feuilles, palme,<br />
cosse de pois ou de haricot ouverte, perchoir de perroquet,<br />
etc.<br />
Dessin libre. — Un bonhomme de neige.<br />
CUL'RS MOYEN. — 3. Géométral : élévation, plan et<br />
coupe (suivant A B) d'un plumier en bois, ouvert. —<br />
Attirer l'attention sur les séparations intérieures.<br />
1. Ces dénominations, ainsi que les croquis explicatifs,<br />
sont des indications uniquement réservées aux maîtros. Elles<br />
lie doivent pas être imposées aux enfants.<br />
\\w<br />
1<br />
4. Perspective du même objet placé sur une table<br />
au-dessous do la ligne d'horizon.<br />
5. Cartes à coins carrés. — Remarquer que la<br />
partie cassée et repliée â plat a une surface égale à<br />
la partie manquante de la carte. Les deux parties<br />
sont symétriques par rapport au pli.<br />
Envisager aussi le cas où le coin n'est qu'à demi<br />
replié.<br />
G. Décoration. — Encadrements rectangulaires<br />
entourant des motifs pleins ou évidés. On peut utiliser<br />
comme motif central soit une ouverture quelconque<br />
(ovale, ronde ou irrégulière], soit une carte à<br />
coins cassés ou roulés, soit une silhouette: palette,<br />
tambourin, bouée de sauvetage, etc. — La feuille<br />
crevée et la faucille ont été imaginées par des écoliers<br />
de douze et treize ans.<br />
Dessin libre. —Jeux et sports d'hiver.<br />
H. C...,<br />
instituteur.<br />
•ECRITURE : C. ROBQUIN, Méthode d'écriture droite, 4 cahiers modèles Le Cahier" d applic ' 10 C.
caves, des salles de laiterie, des cuisines, etc. La<br />
chaux (vive ou éteinte) peut servir à désinfecter, car<br />
jjlle brûle, elle détruit les microbes.<br />
liôle de la cliaux. —- La chaux sert-à la nourriture<br />
des plantes, mais les terres en ayant suffisamment<br />
pour remplir ce rôle, elle n'a qu'une importance<br />
secondaire comme aliment. C'est ce qui fait<br />
que la chaux n'est pas considérée comme un engrais.<br />
La chaux sert encore à la nitrifîcation ; elle est indispensable<br />
au pouvoir absorbant du sol, pour retenir<br />
les engrais potassiques et les engrais azotés<br />
ammoniacaux (sulfate d'ammoniaque) (voir Manuel<br />
général). ;C'est pour remplir ces derniers rôles que<br />
la chaux est nécessaire dans les sols.<br />
Comment on emploie la oliaux. — On dispose sur<br />
la terre à chauler la chaux vive en petits tas de 20<br />
à 50 litres, espacés de 8 mètres environ en tous sens.<br />
Ces tas sont recouverts de terre. La chaux absorbe<br />
peu à peu l'humidité, s'éteint et se transforme au<br />
bout d'une vingtaine de jours en poudre très fine,<br />
que l'on répand sur le sol à chauler.<br />
La chaux épuise le sol si on ne le fume pas. —<br />
Frappés des bons effets obtenus avec le chaulage<br />
dans les terres dépourvues de calcaire, les agriculteurs,<br />
au début, crurent que la chaux était l'engrais<br />
par excellence.<br />
Ils employèrent la chaux à profusion sans autres<br />
fumures et furent tout étonnés de voir les rendements,<br />
si beaux au début, diminuer très fortement et<br />
même devenir insignifiants. Beaucoup crurent que la<br />
chaux « avait brûlé le sol » ou que la chaux « épuisait<br />
le sol ». C'est que la chaux, ainsi que nous<br />
l'avons vu, ne fait que rendre assimilable par les<br />
plantes, l'azote organique en réserve qui n'est pas<br />
. utilisable. Lès plantes pouvant absorber plus d'azote,<br />
prennent en même temps au sol une plus grande<br />
quantité d'acide phosphorique et de potasse; elles se<br />
nourrissent mieux et épuisent ainsi plus rapidement<br />
le sol si l'agriculteur n'a pas le soin de fumer convenablement<br />
ses terres. Les agriculteurs ignorants<br />
ont dit : » La chaux enrichit le père et ruine les<br />
enfants. » C'est une erreur. La chaux enrichit le<br />
père ainsi que les enfants, mais à la condition de<br />
fumer les terres. Il faut chauler et fumer.<br />
« Qui chaule sans fumer,<br />
Se ruine sans y penser. »<br />
Le plâtrage. — Le plâtrage a pour but d'incorporer<br />
au sol une certaine quantité de plâtre en vue<br />
de favoriser le développement des plantes.<br />
Ce que c'est que le plâtre. — Lorsqu'on chauSe<br />
une pierre particulière, la pierre à plâtre, l'eau<br />
qu'elle contient se dégage à l'état de vapeur, et il<br />
reste une substance que l'on réduit en poudre, c'est<br />
du plâtre. Ce plâtre mélangé (gâché) avec de l'eau,<br />
reprend son eau et forme une pâte qui durcit assez<br />
rapidement. (Rappeler ce que font les plâtriers.)<br />
La pierre à plâtre réduite en poudre et non chauffée<br />
s'appelle plâtre cru; le plâtre obtenu comme<br />
nous l'avons indiqué, en chauffant la pierre à plâtre,<br />
s'appelle plâtre cuit. En agriculture on emploie<br />
surtout le plâtre cru, plus efficace et moins cher que<br />
-le plâtre cuit.<br />
L'expérience a montré que le plâtre agit efficacement<br />
sur les plantes de la famille des légumineuses<br />
(luzerne, sainfoin, trèfle, etc.); il n'agit pas ou<br />
presque pas sur les céréales (blé, avoine, etc.) et les<br />
plantes-racines (betteraves, pommes de torre).<br />
Expérience de Franklin. — Pour montrer l'influence<br />
du plâtre sur le développement des légumineuses,<br />
Franklin eut l'idée de répandre le plâtre<br />
dans un champ de luzerne, de façon h former les<br />
mots : Ceci a été plâtré. Bientôt, les pieds de luzerne<br />
ayant reçu du plâ'.re devinrent plus vigoureux, élevèrent<br />
leurs feuilles au-dessus des plantes voisines,<br />
et le relief formé par la luzerne elle-même forme les<br />
mots : Ceci a été plâtré.<br />
Au début, après s'être longtemps refusés à employer<br />
le plâtre, les agriculteurs finirent par l'utiliser, puis<br />
s'engouèrent beaucoup de cette matière ; on s'imagina<br />
qu'elle était un engrais universel et qu'elle allait<br />
remplacer tous les autres. Il n'en était rien cepen-<br />
G. M ANUEL. Cent Compositions françaises mot^7<br />
PARTIE SCOLAIRE •303<br />
dant; les mécomptes arrivèrent, et l'on reconnut<br />
bientôt qu'il n'agissait que sur les terres suffisamment<br />
fumées et seulement sur les légumineuses.<br />
Comment on emploie le plâtre. — On emploie le<br />
plâtre surtout au commencement du printemps, d'avril<br />
à mai, au moment où les jeunes feuilles commencent<br />
à pousser; on le met en couverture par un temps<br />
humide et calme, en saupoudrant la récolte d'une<br />
façon aussi uniforme que possible. La dose moyenne<br />
est de 400 kilogrammes à l'hectare.<br />
Le plâtre n'est pas à proprement parler un engrais,<br />
c'est plutôt un stimulant de la végétation, ou plus<br />
exactement une substance qui met à la disposition<br />
des plantes les matières fertilisantes que contient le<br />
sol. D'où la conclusion qu'il ne faut pas employer le<br />
plâtre sans d'autres fumures; qu'il ne faut pas<br />
mettre de plâtre dans les sols pauvres.<br />
QUESTIONS ORALES. — A quoi peut-on utiliser le<br />
lait de chaux? A badigeonner les murs des ètables,<br />
des écuries, des chambres, etc. ; on détruit ainsi tous<br />
les germes de maladie qui peuvent se trouver sur les<br />
murs, car la chaux est caustique (elle brûle). Dans<br />
les jardins on badigeonne l'écorce des arbres; la<br />
chaux tue les insectes et les champignons.<br />
Quelles sont les terres que l'on chaule? Celles qui<br />
ne sont pas calcaires. Comment reconnaît-on qu'une<br />
terre est calcaire ? Lorsqu'en versant un acide dessus,<br />
on constate une effervescence. Quelle est l'action de<br />
la chaux sur les terres argileuses ? Elle les ameublit.<br />
<strong>DE</strong>VOIRS DONNÉS AU C. E. — Comment reconnaissez-vous<br />
une terre calcaire? Comment obtient-on la<br />
chaux nécessaire à l'industrie et à l'agriculture? Comment<br />
prèpare-t-on le lait de chaux et quel usage en<br />
fait-on en agriculture? (Yonne.)<br />
Dites ce que c'est que la chaux et d'où elle provient.<br />
En quoi consiste le chaulage? Les chaulages<br />
dispensent-ils des fumures? (Basses-Pyrénées.)<br />
E. CHANCRIN,<br />
directeur de l'école d'agriculture et<br />
de viticulture do Boauno (Côte-d'Or).<br />
L A L E C T U R E D U S A M E D I<br />
L'anneau de Gygès.<br />
Pendant le règne du fameux Crésus, il y avait en<br />
Lydie un jeune homme bien fait, plein d'esprit, très<br />
vertueux, nommé Callimaque, de la race des anciens<br />
rois, et devenu si pauvre qu'il fut réduit à se faire<br />
berger.<br />
Se promenant un jour sur des montagnes écartées,<br />
où il rêvait de ses malheurs en menant son troupeau,<br />
il s'assit au pied d'un arbre pour se délasser. Il aperçut<br />
auprès de lui une ouverture étroite dans un rocher.<br />
La curiosité l'engage à y entrer. Il trouve une<br />
caverne large et protonde. D'abord, il ne voit goutte;<br />
enfin ses yeux s'accoutument à l'obscurité. Il entrevoit<br />
dans une lueur sombre une urne d'or, sur laquelle<br />
ces mots étaient gravés :<br />
loi tu trouveras l'anneau de Gygcs 1 . O mortel,<br />
qui que tu sois, à qui les dieux destinent un si<br />
grand bien, montre-leur que tu n'es pas ingrat, et<br />
garde-toi d'envier le bonheur d'aucun autre homme.<br />
Callimaque ouvre l'urne, trouve l'anneau, le prend,<br />
et, dans le transport de sa joie, il laissa l'urne, quoiqu'il<br />
fût très pauvre et qu'elle fût d'un grand prix. 11<br />
sort de la caverne, et se hâte d'éprouver l'anneau<br />
enchanté, dont il avait-si souvent entendu parler depuis<br />
son enfance.<br />
11 voit de loin le roi Crésus, qui passait pour aller<br />
de Sardes dans une maison délicieuse sur les bords<br />
du Pactole 2 . D'abord il s'approche de quelques esclaves<br />
qui marchaient devant, et qui portaient des parfums<br />
pour les répandre sur les chemins où le roi devait<br />
passer. 11 se mêle parmi eux, après avoir tourné<br />
son anneau en dedans, et personne ne l'aperçoit. Il<br />
1. Gygôs, esclave et berger, trouva, dans les flancs d'un<br />
clioval do bronzo, un anneau merveilleux qui avait la vertu<br />
do rendre invisible colui qui lo portait.<br />
2. Rivière d'Asie Mineure qui charriait des paillettes d'or.<br />
it élémentaire suivies de plans, de développede<br />
conseils aux candidats. Un vol. in-lG. br. C*
304 <strong>MANUEL</strong> <strong>GÉNÉRAL</strong> <strong>DE</strong> <strong>L'INSTRUCTION</strong> <strong>PRIMAIRE</strong><br />
fait du bruit tout exprès en marchant : il prononce<br />
même quelques paroles. Tous prêtèrent l'oreille ; tous<br />
lurent étonnés d'entendre une voix et de ne voir personne.<br />
Ils se disaient les uns aux autres : « Est-ce un<br />
songe ou une vérité? N'avez-vous pas cru entendre<br />
parler quelqu'un ? »<br />
Callimaque, ravi d'avoir fait cette expérience, quitte<br />
ces esclaves et s'approche du roi. 11 est déjà tout auprès<br />
de lui sans être découvert; il monte avec lui sur<br />
son char, qui était tout d'argent, orné d'une merveilleuse<br />
sculpture. La reine était, auprès de lui et ils<br />
parlaient ensémble>des plus grands secrets de l'Etat,<br />
que. Crésus ne confiait qu'à la reine seule. Callimaque<br />
les entendit pendant tout le chemin.<br />
On arrive dans cette maison, où tous les murs<br />
étaient de jaspe; le toit était de cuivre fin et brillant<br />
comme l'or; les lits étaient d'argent, et tout le reste<br />
des meubles de même; tout était orné de diamants et<br />
de pierres précieuses.<br />
Tout le palais était sans cesse rempli des plus doux<br />
parfums, et, pour les rendre plus agréables on ne<br />
répandait de nouveaux à chaque heure du jour.<br />
Crésus avait des lions, des tigres et des léopards,<br />
auxquels on avait limé les dents et les griffes, qui<br />
étaient attelés à de petits chars d'écaillé de tortue<br />
garnis d'argent. Ces animaux féroces étaient conduits<br />
par un frein d'or et par des rênes de soie. Ils servaient<br />
au roi et à toute la cour pour se promener<br />
dans les vastes routes d'une forêt qui conservait sous<br />
ses rameaux impénétrables une éternelle nuit.<br />
Souvent on faisait aussi des courses, avec ces chars,<br />
le long du fleuve, dans une prairie unie comme un<br />
tapis vert. Ces fiers animaux couraient si légèrement,<br />
et avec tant de rapidité, qu'ils ne laissaient pas même<br />
sur l'herbe tendre la moindre trace de leurs pas, ni<br />
des roues qu'ils traînaient après eux. Chaque jour on<br />
inventait de nouvelles espèces de courses pour exercer<br />
la vigueur et l'adresse des jeunes gens.<br />
Callimaque résolut de surprendre tous les Lydiens<br />
par le moyen de son anneau. Plusieurs jeunes hommes<br />
de la plus haute naissance avaient couru devant<br />
le roi, qui était descendu de son char dans la prairie<br />
pour les voir courir. Dans le moment où tous les<br />
prétendants eurent achevé leur course, et que Crésus<br />
examinait à qui le prix devait appartenir, Callimaque<br />
se met dans le char du roi. Il demeure invisible : il<br />
pousse les lions, le char vole.<br />
D'abord on crut que les lions, s'étant échappés,'<br />
s'enfuyaient au hasard; mais bientôt on reconnut qu'ils<br />
étaient guidés avec beaucoup d'art, et que cette<br />
course surpassait toutes les autres. Cependant le char<br />
paraissait vide, et tout le monde demeurait immobile<br />
dlétonnement. '<br />
Enfin, la course est achevée, et le prix remporté,<br />
sans qu'on puisse comprendre par qui. Les uns croient<br />
que c'est une divinité qui se joue des hommes; les<br />
autres assurent que c'est un homme nommé Orodes,<br />
venu de Perse, qui avait l'art des enchantements, et<br />
qui pouvait éclipser la lune et la faire descendre du<br />
ciel sur !a terre.<br />
Callimaque perdit peu à peu les sentiments de<br />
modération et de vertu qu'il avait eus dans sa solitude<br />
et dans ses malheurs. Il fut même tenté d'entrer dans<br />
la chambre du roi, et de le tuer dans son lit.<br />
Mais on ne passe pas- d'un coup aux plus grands<br />
crimes : il eut horreur d'une action si noire, et ne<br />
put endurcir son cœur pour l'exécuter Mais il partit<br />
pour s'en aller en Perse trouver Cyrus 1 : il lui dit les<br />
secrets de Crésus, qu'il avait entendus, et le dessein<br />
des Lydiens de faire une ligue contre les Perses avec<br />
1. Lo puissant roi dos. Perses.<br />
Porteplume à réservoir d'encre<br />
L<br />
:E= IL,-cr ^ :E EINT O:R, rois î s<br />
= Qualité extra=supérieure -<br />
les colonies grecques de toute la côte de l'Asie Mineure;<br />
en même temps, il lui expliqua les préparatifs<br />
de Crésus et les moyens de le prévenir.<br />
Aussitôt Cyrus part de dessus les- bords du Tigre,<br />
où il était campé avec une armée innombrable; il<br />
vient jusqu'au fleuve Halys, où Crésus se présenta à<br />
lui avec dos troupes plus magnifiques que courageuses.<br />
Les Lydiens vivaient trop délicieusement pour ne<br />
craindre point la mort. Leurs habits étaient brodés<br />
d'or, et semblables à ceux des femmes les plus vaines;<br />
leurs armes étaient toutes dorées; ils étaient suivis<br />
d'un nombre prodigieux de chariots superbes; l'or,<br />
l'argent, les pierres précieuses éclataient partout dans<br />
leurs tentes, dans leurs vases, dans leurs meubles,<br />
et jusque sur leurs esclaves.<br />
Le faste et la mollesse de cette armée ne. devaient<br />
faire attendre qu'imprudence et lâcheté, quoique les<br />
Lydiens fussent en beaucoup plus grand nombre que<br />
les Perses.<br />
Ceux-ci, au contraire, ne montraient que pauvreté<br />
et courage : ils étaient légèrement vêtus; ils vivaient<br />
de peu, se nourrissaient de racines et de légumes, ne<br />
buvaient que de l'eau, dormaient sur la terre, exposés<br />
aux injures de l'air, exerçaient sans cesse leurs corps<br />
pour les endurcir au travail; ils n'avaient pour tout<br />
ornement que le fer; leurs troupes étaient toutes hérissées<br />
dépiqués, de dards et d'épées : aussi n'avaientils<br />
que du mépris pour des ennemis noyés dans les<br />
délices.<br />
A peine la bataille mèrita-t-elle le nom d'un combat.<br />
Les Lydiens ne purent soutenir le premier choc ;<br />
ils se renversent les uns sur les autres ; les Perses ne<br />
font que tuer; ils nagent dans le sang.<br />
Crésus s'enfuit jusqu'à Sardes. Cyrus l'y poursuit<br />
sans perdre un moment. Le voilà assiégé dans: sa<br />
ville capitale. Il succombe après un long siège ; il est<br />
pris; on le mène au supplice. En cette extrémité, il<br />
prononce le nom de Solon 1 . Cyrus. veut, savoir ce<br />
qu'il dit. Il apprend: que Crésus déplore son malheur<br />
de n'avoir pas cru ce Grec, qui lui avait donné de: si<br />
sages conseils. Cyrus, touché de ces paroles, donne<br />
la vie à Crésus.<br />
Alors Callimaque commença à se dégoûter de. sa<br />
fortune. Cyrus l'avait mis au rang de ses satrapes 2 ,<br />
et lui avait donné d'assez grandes richesses'. Un autre<br />
en eût été content; mais le Lydien, avec son anneau,<br />
se sentait en état de monter plus haut. Il ne pouvait<br />
souffrir de se voir borné à une condition où il avait<br />
tant d'égaux et un maître. Il ne pouvait se résoudre<br />
à tuer Cyrus, qui lui avait fait tant de bien. Il avait<br />
même quelquefois du regret d'avoir renversé Crésus<br />
de son trône. Lorsqu'il l'avait vu conduit au supplice,<br />
il avait été saisi de douleur. Il ne pouvait plus demeurer<br />
dans un pays où il avait causé tant de maux, et<br />
où il ne pouvait rassasier son ambition.<br />
Il part; il cherche un pays inconnu ; il traverse<br />
des terres immenses, éprouve partout l'effet magique<br />
et merveilleux de son anneau, élève à son grè et renverse<br />
les rois et les royaumes, amasse de grandes richesses,<br />
parvient au faîte des honneurs, et se trouve<br />
cependant toujours dévoré de désirs. Son talisman<br />
lui procure tout, excepté la paix et le bonheur.<br />
C'est qu'on ne les trouve que dans soi-même, qu'ils<br />
sont indépendants de tous ces avantages axtèrieurs<br />
auxquels nous mettons tant de prix.<br />
FÉNEI.ON (Fables et contes.)<br />
1. I. Législateur d'Athènes, célèbre par sa sagesse.<br />
2. Gouverneurs de provinces dans l'ancien empire «tes<br />
Porses.<br />
En vente chez tous les<br />
Libraires et Papetiers<br />
C A- _£». T 1 3<br />
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