Océanographie de la côte de la Colombie-Britannique - Pêches et ...
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Chapitre 3. Marées <strong>et</strong> courants <strong>de</strong> marée<br />
Premières connaissances<br />
La montée <strong>et</strong> <strong>la</strong> chute rythmiques du niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
mer, qu'on appelle <strong>la</strong> marée, a longtemps fait partie <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> vie du marin. Les Grecs <strong>et</strong> les Romains, habitant les<br />
rives <strong>de</strong> <strong>la</strong> Méditerranée, mer à très faible marnage,<br />
comprirent les marées <strong>et</strong> leur association avec le Soleil <strong>et</strong><br />
<strong>la</strong> Lune lors <strong>de</strong> voyages dans l'océan At<strong>la</strong>ntique.<br />
Pythéas <strong>de</strong> Marseille, qui aurait circumnavigué <strong>la</strong><br />
Br<strong>et</strong>agne en 320 av. J.-C., fut l'un <strong>de</strong>s premiers à<br />
vraiment remarquer l'existence <strong>de</strong>s marées <strong>et</strong> l'étroite<br />
re<strong>la</strong>tion entre l'heure <strong>de</strong> <strong>la</strong> pleine mer <strong>et</strong> <strong>la</strong> course <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Lune. Jules César nota également ce lien pendant une<br />
campagne en Br<strong>et</strong>agne, bien qu'au début, son ignorance<br />
<strong>de</strong>s marées entraînât l'échouage <strong>de</strong> sa flotte sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge,<br />
pendant une tentative d'invasion juste avant une pleine<br />
mer. Alexandre le Grand avait connu un <strong>de</strong>stin semb<strong>la</strong>ble<br />
à l'embouchure du Gange quelques siècles plus<br />
tôt. Des pilotes arabes <strong>et</strong> perses, qui commencèrent à<br />
naviguer près <strong>de</strong>s <strong>côte</strong>s <strong>de</strong> l'In<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chine environ<br />
au IXe siècle ap. J.-C., savaient que dans certains<br />
estuaires, le niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer monte <strong>et</strong> baisse <strong>de</strong>ux fois<br />
par jour <strong>et</strong> que <strong>de</strong>s renverses y sont associées. Bien que<br />
le lien étroit entre les marées <strong>et</strong> les phases <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lune soit<br />
mentionné dans <strong>de</strong>s écrits arabes du IXe siècle, un grand<br />
érudit, Ibn al-Fakih (902 ap. J.-C.), associa les marées<br />
dans le port <strong>de</strong> Canton à un ange qui fait monter l'eau<br />
lorsqu'il plonge le doigt dans <strong>la</strong> mer <strong>de</strong> Chine, <strong>et</strong> <strong>la</strong> fait<br />
<strong>de</strong>scendre lorsqu'il r<strong>et</strong>ire le doigt, ou à une baleine qui<br />
« aspire <strong>de</strong> l'eau, causant le jusant, <strong>et</strong> l'expire,<br />
entraînant le flot ».<br />
En 1325, l'érudit arabe Al Dimiski, <strong>de</strong> Damas,<br />
publia <strong>de</strong>s prévisions <strong>de</strong>s marées remarquablement<br />
précises à l'intention <strong>de</strong>s agriculteurs qui irriguaient<br />
leurs champs près <strong>de</strong> l'embouchure du Chatt al-Arab,<br />
fleuve formé par <strong>la</strong> confluence du Tigre <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
l'Euphrate, qui s'écoule dans le nord du golfe Persique.<br />
Il parle entre autres <strong>de</strong> l'existence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pleines mers<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux basses mers par jour, du déca<strong>la</strong>ge d'un peu<br />
moins d'une heure du jusant <strong>et</strong> du flot par rapport à <strong>la</strong><br />
veille, <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus longue durée du jusant que du flot<br />
dans l'estuaire. Des écrits semb<strong>la</strong>bles du XVIe siècle<br />
montrent que certains hommes gagnaient leur vie en<br />
Angl<strong>et</strong>erre en prévoyant les marées pour certaines<br />
régions <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>côte</strong>.<br />
C'est seulement au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> publication, en<br />
1687, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Théorie <strong>de</strong> l'équilibre <strong>de</strong>s marées <strong>de</strong> Sir Isaac<br />
Newton que le suj<strong>et</strong> commença à être compris <strong>de</strong> façon<br />
un peu plus scientifique. Même aujourd'hui, les marées<br />
sont loin d'être complètement étudiées, quoique leur<br />
cause soit bien comprise. Les scientifiques commencent<br />
tout juste à discerner les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s marées dans les<br />
grands fonds <strong>et</strong> dans les régions côtières complexes,<br />
comme celles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Colombie</strong>-<strong>Britannique</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> l'État <strong>de</strong><br />
Washington. Parfois même, <strong>de</strong>s théories sur les marées<br />
semblent sorties tout droit <strong>de</strong> l'époque médiévale; une<br />
— 51 —<br />
théorie récente, par exemple, veut que les marées existent<br />
parce que « les océans sont venus <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lune <strong>et</strong><br />
essaient d'y r<strong>et</strong>ourner ».<br />
Zéro <strong>de</strong>s cartes<br />
Il est universellement reconnu que le niveau <strong>de</strong> référence<br />
à partir duquel <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong>s marées se mesure est<br />
le zéro <strong>de</strong>s cartes, niveau le plus bas atteint à marée<br />
basse normale (fig. 3.1). Le zéro <strong>de</strong>s cartes est utilisé<br />
comme niveau <strong>de</strong> référence pour les profon<strong>de</strong>urs indiquées<br />
sur les cartes marines. Il a été établi <strong>de</strong> manière<br />
que peu <strong>de</strong> marées soient plus basses, mais pas trop bas<br />
afin d'éviter que les cartes n'indiquent <strong>de</strong>s profon<strong>de</strong>urs<br />
moindres que celles rencontrées en général par tout<br />
marin. Des valeurs négatives sur les tables <strong>de</strong> marées,<br />
montrant <strong>de</strong>s marées anormalement faibles, signalent<br />
que le niveau <strong>de</strong> l'eau s'abaissera sous le zéro <strong>de</strong>s cartes.<br />
L'un <strong>de</strong>s buts principaux <strong>de</strong>s marégraphes est d'obtenir<br />
suffisamment <strong>de</strong> mesures pour perm<strong>et</strong>tre d'établir <strong>de</strong><br />
façon précise le niveau <strong>de</strong> référence.<br />
NIVEAU<br />
DE LA MER<br />
ZÉRO DES CARTES<br />
FIG. 3.1 Zéro <strong>de</strong>s basses mers. Les marées se mesurent à partir <strong>de</strong> ce<br />
niveau.<br />
Avis à ceux qui utilisent <strong>de</strong>s cartes américaines ou<br />
canadiennes : les <strong>de</strong>ux pays diffèrent dans leurs interprétations<br />
<strong>de</strong> basse mer inférieure. Alors que pour les<br />
Canadiens, le zéro <strong>de</strong>s cartes est le niveau <strong>de</strong> l'eau aux<br />
« marées normales les plus basses », pour les<br />
Américains <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>côte</strong> ouest, elle se définit comme étant<br />
« <strong>la</strong> basse mer inférieure moyenne ». Parce que <strong>de</strong>s valeurs<br />
moyennes sont utilisées, les zéros <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong>s<br />
États-Unis sont légèrement plus élevés que ceux du<br />
Canada. Les sondages sur les cartes américaines montreraient<br />
donc une profon<strong>de</strong>ur d'eau plus importante<br />
qu'une carte canadienne <strong>de</strong> <strong>la</strong> même région. En d'autres<br />
mots, les hydrographes canadiens sont plus pru<strong>de</strong>nts<br />
lorsqu'ils préviennent le marin <strong>de</strong> <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur d'eau<br />
minimale qu'il peut rencontrer à un endroit précis.