Océanographie de la côte de la Colombie-Britannique - Pêches et ...
Océanographie de la côte de la Colombie-Britannique - Pêches et ...
Océanographie de la côte de la Colombie-Britannique - Pêches et ...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Chapitre 7. La production <strong>de</strong> vagues <strong>de</strong> vent<br />
Les vents produisent <strong>de</strong>s vagues. L'homme le sait<br />
<strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s milliers d'années <strong>et</strong> doit faire face à ce phénomène<br />
<strong>de</strong>puis qu'il s'aventure sur les mers. D'autres<br />
mécanismes engendrent <strong>de</strong>s vagues, mais c'est sûrement<br />
le vent qui contribue le plus à ri<strong>de</strong>r <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> l'eau<br />
sur notre p<strong>la</strong>nète. Cependant, <strong>la</strong> façon dont l'énergie du<br />
vent se transm<strong>et</strong> aux vagues est encore mal comprise.<br />
L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> production <strong>de</strong>s vagues <strong>de</strong> vent <strong>de</strong>meure un<br />
aspect important <strong>de</strong> l'océanographie.<br />
Un problème difficile<br />
En plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong>s quantités, les importants<br />
problèmes techniques <strong>de</strong>meurent les obstacles majeurs à<br />
l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> genèse <strong>de</strong>s vagues <strong>de</strong> vent. Il est très difficile<br />
<strong>de</strong> concevoir <strong>de</strong>s instruments qui mesurent les<br />
variations du vent <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression à <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> l'eau<br />
ainsi que le mouvement <strong>de</strong> bas en haut <strong>de</strong>s vagues. Les<br />
capteurs doivent d'abord être exposés à l'air qui<br />
s'écoule au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s vagues tout en <strong>de</strong>meurant secs, <strong>la</strong><br />
moindre goutte d'eau ayant l'eff<strong>et</strong> d'un coup <strong>de</strong> masse<br />
par rapport aux faibles brises. De plus, les instruments<br />
doivent flotter <strong>de</strong> façon à enregistrer le mouvement<br />
vertical <strong>de</strong> <strong>la</strong> vague sans s'agiter comme les embarcations<br />
dans un c<strong>la</strong>pot. En outre, <strong>la</strong> présence <strong>de</strong>s instruments<br />
perturbe l'écoulement <strong>de</strong> l'air au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s<br />
vagues. Les données recueillies peuvent donc induire en<br />
erreur l'océanographe qui comprend mal comment son<br />
instrument flottant perturbe le processus naturel <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
génération <strong>de</strong>s vagues. Un autre problème qui hante<br />
tous les chercheurs est <strong>la</strong> façon <strong>de</strong> bien faire fonctionner,<br />
en eau salée, les instruments électroniques sensibles.<br />
Pour une raison ou pour une autre, l'eau salée s'infiltre<br />
dans les instruments les mieux scellés <strong>et</strong>, conductrice<br />
d'électricité, elle corro<strong>de</strong> les métaux <strong>et</strong> cause bien<br />
<strong>de</strong>s ennuis aux chercheurs. Finalement, le théoricien a<br />
un rôle à jouer : construire, d'après les lois <strong>de</strong> <strong>la</strong> physique,<br />
un modèle mathématique qui explique en détail <strong>la</strong><br />
genèse <strong>de</strong>s vagues <strong>de</strong> vent. Pour être acceptable, le<br />
modèle doit se vérifier par les observations.<br />
Qu'est-ce qui doit être expliqué? Toute théorie doit<br />
d'abord expliquer <strong>la</strong> formation <strong>de</strong>s vagues sur une<br />
surface p<strong>la</strong>ne; elle doit donc tenir compte du rôle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
tension <strong>de</strong> surface dans les premiers sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> formation<br />
d'une vague. Les observations montrent que c<strong>et</strong>te<br />
force engendre les premières ri<strong>de</strong>s (on<strong>de</strong>s capil<strong>la</strong>ires)<br />
lorsque le vent se lève. Ensuite, toute théorie doit expliquer<br />
<strong>la</strong> croissance <strong>de</strong> ces ri<strong>de</strong>s <strong>et</strong> leur transformation en<br />
on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gravité. Comme ce<strong>la</strong> est mentionné précé<strong>de</strong>mment,<br />
trois facteurs principaux régissent c<strong>et</strong>te croissance<br />
: <strong>la</strong> force moyenne du vent, sa persistance à une<br />
vitesse donnée <strong>et</strong> sa course. Plus le vent souffle longtemps<br />
<strong>et</strong> fort, plus est gran<strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité d'énergie<br />
transmise aux vagues. (L'énergie <strong>de</strong>s vagues est proportionnelle<br />
au carré <strong>de</strong> leur hauteur.) Parce qu'elle<br />
détermine <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> pendant <strong>la</strong>quelle un groupe<br />
d'on<strong>de</strong>s en dép<strong>la</strong>cement reçoit directement <strong>de</strong> l'énergie<br />
-115-<br />
d'un système <strong>de</strong> vent donné, <strong>la</strong> course du vent est<br />
importante. Les hautes vagues à longue pério<strong>de</strong> ne peuvent<br />
apparaître que par forts vents persistants souff<strong>la</strong>nt<br />
sur une gran<strong>de</strong> étendue <strong>de</strong> l'océan. Ces vagues sont donc<br />
confinées aux régions médio-océaniques, là où <strong>la</strong> course<br />
du vent n'est limitée que par les dimensions <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
tempête. Elles ne se produisent pas dans <strong>de</strong>s eaux abritées,<br />
tel le détroit <strong>de</strong> Géorgie, où <strong>la</strong> course du vent est<br />
limitée par les terres.<br />
Il est évi<strong>de</strong>nt que <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong>s vagues s'accroît<br />
proportionnellement à <strong>la</strong> force, à <strong>la</strong> persistance <strong>et</strong> à <strong>la</strong><br />
course du vent. Pour un ensemble <strong>de</strong> conditions<br />
données, cependant, les vagues ne s'accroissent pas<br />
indéfiniment; il existe une limite, appelée mer entièrement<br />
levée, qui marque le moment où les vagues <strong>de</strong>viennent<br />
saturées d'énergie <strong>et</strong> où toute addition d'énergie<br />
par le vent augmente <strong>la</strong> turbulence <strong>et</strong> le chaos à <strong>la</strong><br />
surface (tableau 6.2). Bien que ce processus soit également<br />
intéressant pour les océanographes, c'est plutôt <strong>la</strong><br />
croissance <strong>de</strong>s vagues entre les <strong>de</strong>ux extrêmes — mer<br />
calme <strong>et</strong> mer entièrement levée — qui attire l'attention<br />
<strong>de</strong>s chercheurs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s théoriciens.<br />
Mécanismes <strong>de</strong> <strong>la</strong> production<br />
<strong>de</strong>s vagues<br />
Sir William Thomson (Lord Kelvin) fut le premier,<br />
en 1874, à proposer une explication mathématique au<br />
processus <strong>de</strong> <strong>la</strong> production <strong>de</strong>s vagues <strong>de</strong> vent. S'inspirant<br />
<strong>de</strong>s idées <strong>de</strong> H. Helmholtz, il expliqua <strong>la</strong> croissance<br />
<strong>de</strong>s vagues par le mécanisme qu'il appe<strong>la</strong> l'instabilité <strong>de</strong><br />
Kelvin-Helmholtz. Bien qu'abandonné <strong>de</strong>puis longtemps<br />
pour rendre compte <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> surface, ce<br />
mécanisme est aujourd'hui considéré comme l'une <strong>de</strong>s<br />
causes principales <strong>de</strong> <strong>la</strong> turbulence en air limpi<strong>de</strong> (dont<br />
nous avons parlé au chapitre 6 re<strong>la</strong>tivement aux on<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> gravité internes). En 1932, le physicien Lamb expliqua<br />
<strong>de</strong> façon presque i<strong>de</strong>ntique <strong>la</strong> croissance <strong>de</strong>s vagues.<br />
Malheureusement, c<strong>et</strong>te théorie prévoyait un vent d'au<br />
moins 6,5 m /s (13 kn) pour que <strong>de</strong>s vagues apparaissent;<br />
elle décrivait donc un processus qui n'est ni efficace<br />
ni réaliste. Jeffreys (1925) proposa <strong>la</strong> théorie <strong>de</strong><br />
l'abritement. Celle-ci suppose un vent d'au moins 1 m / s<br />
(2 kn) seulement. En termes simples, elle dit que le vent<br />
passe au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> vague <strong>de</strong> façon à se détacher <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
crête du côté sous le vent <strong>et</strong> à <strong>la</strong>isser une zone abritée ou<br />
contre-remous (fig. 7.1). Ainsi, <strong>la</strong> pression <strong>de</strong> l'air dans<br />
le contre-remous est inférieure à <strong>la</strong> pression normale <strong>et</strong><br />
amplifie le mouvement ascendant <strong>de</strong> <strong>la</strong> partie sous le<br />
vent <strong>de</strong> <strong>la</strong> crête <strong>de</strong> <strong>la</strong> vague. De <strong>la</strong> même façon, <strong>la</strong> pression<br />
<strong>de</strong> l'air du côté au vent <strong>de</strong> <strong>la</strong> crête, pression plus<br />
forte que <strong>la</strong> normale, agit plus fermement sur c<strong>et</strong>te face<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> crête <strong>et</strong> accroît le mouvement vers le bas. Si c<strong>et</strong><br />
eff<strong>et</strong> se poursuit, <strong>la</strong> vague grossit. La théorie n'expliquait<br />
pas <strong>et</strong> ne pouvait pas expliquer comment les<br />
vagues naissent, rien ne perturbant l'écoulement <strong>de</strong> l'air