Océanographie de la côte de la Colombie-Britannique - Pêches et ...
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un c<strong>la</strong>potis. Environ 1,7 h avant <strong>la</strong> renverse du jusant,<br />
un groupe <strong>de</strong> 5 à 10 on<strong>de</strong>s est généré <strong>et</strong> est prêt à se<br />
propager vers l'amont du chenal (fig. 6.23b). Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
renverse du flot, le groupe d'on<strong>de</strong>s (dont les amplitu<strong>de</strong>s<br />
sont maximales le long <strong>de</strong> <strong>la</strong> limite entre <strong>la</strong> couche<br />
saumâtre peu profon<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>la</strong> couche plus profon<strong>de</strong> salée)<br />
passe au-<strong>de</strong>ssus du seuil <strong>et</strong> s'avance sous <strong>la</strong> forme d'une<br />
barre d'eau interne qui se manifeste à <strong>la</strong> surface par une<br />
série <strong>de</strong> moires (fig. 6.23c, d). De <strong>la</strong> même façon, un<br />
groupe plus faible d'on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gravité internes peut<br />
parfois se former du côté chenal du seuil lors du flot. De<br />
telles on<strong>de</strong>s se propageront évi<strong>de</strong>mment vers <strong>la</strong> mer lors<br />
du jusant suivant.<br />
En plus <strong>de</strong> l'interaction entre les courants <strong>de</strong> marée<br />
<strong>et</strong> <strong>la</strong> topographie du fond, les on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gravité internes<br />
seraient également générées par les vents, par les fluctuations<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> pression atmosphérique, par l'interaction<br />
mutuelle <strong>de</strong>s vagues dans <strong>la</strong> mer <strong>et</strong> par <strong>la</strong> houle. Dans les<br />
régions côtières inondées par l'écoulement d'eau douce,<br />
les navires à fort tirant d'eau, dont les coques sont<br />
situées sous <strong>la</strong> couche supérieure saumâtre, peuvent engendrer<br />
<strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s internes dans leur sil<strong>la</strong>ge. À moins<br />
que le navire n'échappe à ces on<strong>de</strong>s, sa progression sera<br />
fortement ralentie, car une partie <strong>de</strong> l'énergie produite<br />
par son moteur sera utilisée pour créer le sil<strong>la</strong>ge.<br />
Lorsque <strong>la</strong> vitesse du navire excè<strong>de</strong> <strong>de</strong> façon appréciable<br />
celle <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s, celles-ci disparaissent. Ce phénomène <strong>de</strong><br />
l'« eau morte » a d'abord été étudié dans les fjords norvégiens<br />
au début du siècle; il est cependant possible que<br />
les Vikings en aient connu l'eff<strong>et</strong> mille ans auparavant.<br />
Des scientifiques du Centre <strong>de</strong> recherches pour <strong>la</strong><br />
défense — Pacifique à Esquimalt (<strong>Colombie</strong>-<strong>Britannique</strong>)<br />
ont utilisé l'eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> l'eau morte pour étudier l'interaction<br />
entre <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s internes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s superficielles<br />
dans le cadre d'expériences dans l'inl<strong>et</strong> Bute. Un navire<br />
<strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> 4 m <strong>de</strong> tirant d'eau a engendré, en<br />
marche arrière, <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gravité internes dans <strong>la</strong><br />
couche supérieure saumâtre (fig. 6.24). L'expérience a<br />
été tentée alors que le navire avançait à travers le champ<br />
d'on<strong>de</strong>s. L'inl<strong>et</strong> Bute était intéressant dans ce cas-ci<br />
parce qu'il ne présente aucun seuil peu profond <strong>et</strong> que<br />
les on<strong>de</strong>s internes en sont absentes même pendant l'été,<br />
époque où <strong>la</strong> structure <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité serait favorable à<br />
leur formation. Finalement, l'écroulement d'un sil<strong>la</strong>ge<br />
sous-marin produit <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gravité internes qui<br />
rayonnent.<br />
Dissipation <strong>de</strong> l'énergie<br />
Les on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gravité internes per<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'énergie à<br />
un rythme proportionnellement plus rapi<strong>de</strong> que les<br />
on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gravité superficielles à pério<strong>de</strong>s comparables <strong>et</strong><br />
sont capables <strong>de</strong> se dép<strong>la</strong>cer sur <strong>de</strong> longues distances<br />
dans l'océan. Dans l'inl<strong>et</strong> Knight, <strong>de</strong>s groupes d'on<strong>de</strong>s<br />
internes engendrées près du cap Hoeya semblent s'être<br />
complètement dissipées à 30 km en amont du chenal;<br />
leur disparition est peut-être causée par leur incapacité<br />
<strong>de</strong> traverser <strong>la</strong> partie sinueuse <strong>de</strong> l'inl<strong>et</strong>, située au nord<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> pointe Sallie. Des observations faites lors d'expériences<br />
en <strong>la</strong>boratoire <strong>et</strong> dans les <strong>la</strong>cs <strong>et</strong> par <strong>de</strong>s plongeurs<br />
autonomes dans <strong>la</strong> chau<strong>de</strong> mer Méditerranée, à<br />
l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> teintures pour suivre le mouvement <strong>de</strong> l'eau,<br />
montrent qu'à l'intérieur du flui<strong>de</strong>, les on<strong>de</strong>s se trans-<br />
-109—<br />
FIG. 6.24 Moires <strong>de</strong> surface dans <strong>la</strong> baie Orford, inl<strong>et</strong> Bute, associées<br />
à un groupe d'on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gravité internes produites par un navire<br />
(sil<strong>la</strong>ge interne), juill<strong>et</strong> 1972. Le RV En<strong>de</strong>avour (tirant d'eau, 3,7 m;<br />
longueur, 65 m), a engendré <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s internes en faisant marche arrière<br />
à toute vitesse le long d'une trajectoire fixée d'avance en rég<strong>la</strong>nt<br />
<strong>la</strong> puissance <strong>de</strong> ses machines pour obtenir un eff<strong>et</strong> d'eau morte maximal.<br />
Le groupe d'on<strong>de</strong>s résultant, formé à l'interface d'une couche superficie<br />
lle d'eau saumâtre épaisse <strong>de</strong> 4 m <strong>et</strong> d'eau salée sous-jacente, a<br />
été observé lorsque le navire a traversé les on<strong>de</strong>s. (Tiré <strong>de</strong> Hughes <strong>et</strong><br />
Grant 1978)<br />
forment en <strong>la</strong>mes, puis s'effondrent en désordre<br />
lorsqu'elles se brisent. Ce type <strong>de</strong> rupture d'on<strong>de</strong>s,<br />
qu'on appelle l'instabilité (cisaillement) <strong>de</strong> Kelvin-<br />
Helmholtz, se produit lorsqu'une variation assez importante<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse du courant en profon<strong>de</strong>ur est capable<br />
<strong>de</strong> rendre les on<strong>de</strong>s instables. Des on<strong>de</strong>s internes s'effondrent<br />
également dans les régions intérieures <strong>de</strong><br />
l'océan, là où leur vitesse <strong>de</strong> propagation est égale à <strong>la</strong><br />
vitesse locale du courant (absorption critique <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
couche); dans ce cas, les on<strong>de</strong>s transm<strong>et</strong>tent leur énergie<br />
au courant moyen, qui s'accélère ensuite.<br />
Comme pour les on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> surface, les on<strong>de</strong>s<br />
internes se brisent lorsqu'elles remontent un fond en<br />
pente ou lorsque leur hauteur <strong>de</strong>vient trop importante<br />
pour supporter leur poids. De plus, les on<strong>de</strong>s internes<br />
qui se propagent vers le bas <strong>et</strong> les fonds océaniques<br />
seraient dispersées, donc dissipées par <strong>la</strong> topographie irrégulière<br />
du fond. L'agitation turbulente ainsi créée<br />
serait à l'origine du brassage efficace <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> fond.<br />
Dans l'inl<strong>et</strong> Knight, l'énergie contenue dans les champs<br />
d'on<strong>de</strong>s internes induits est plus que suffisante pour<br />
expliquer l'intensité du brassage par turbulence. À<br />
l'origine puissantes, les marées internes qui se propagent<br />
vers <strong>la</strong> mer <strong>et</strong> sont engendrées au-<strong>de</strong>ssus du seuil près <strong>de</strong><br />
Kelsey Bay dans le détroit <strong>de</strong> Johnstone (voir le chapitre<br />
12) se dissiperaient à moins <strong>de</strong> 20 km <strong>de</strong> leur origine à<br />
cause <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> friction par turbulence. L'énergie<br />
dissipée <strong>de</strong> ces on<strong>de</strong>s augmenterait ensuite les processus<br />
<strong>de</strong> brassage par turbulence dans le chenal.