Les pouzzolanes et les basaltes
Les pouzzolanes et les basaltes
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donc être considéré comme n'appartenant que pour<br />
moitié à un tétraèdre donné. A tout ion Si 4 + ou<br />
Al 3 + ne sont donc associés en réalité que deux ions O 2 - ,<br />
de sorte que l'édifice est équivalent à un assemblage de<br />
silice neutre Si0 2 <strong>et</strong> d'ions alumínate AI02~. <strong>Les</strong> tétraèdres<br />
s'organisent en un édifice complexe sur lequel<br />
nous ne nous étendrons pas <strong>et</strong> qui laisse des cavités<br />
dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> se logent <strong>les</strong> cations alcalins <strong>et</strong><br />
alcalino-terreux. <strong>Les</strong> verres pouzzolaniques sont<br />
constitués des mêmes tétraèdres, mais l'arrangement<br />
de ceux-ci est désordonné.<br />
<strong>Les</strong> silicates <strong>et</strong> <strong>les</strong> aluminates de calcium hydratés sont<br />
également formés d'un arrangement de tétraèdres,<br />
mais ceux-ci sont indépendants, étant constitués<br />
d'ions tels que AI0 4H 4" <strong>et</strong> Si0 4H 3". Chaque atome de<br />
silicium ou d'aluminium a donc «en propre» quatre<br />
atomes d'oxygène <strong>et</strong> non pas deux. Le passage de la<br />
phase anhydre, où <strong>les</strong> tétraèdres sont à oxygène commun,<br />
aux phases hydratées où ils sont indépendants se<br />
fait donc nécessairement par l'intermédiaire d'une individualisation<br />
de ces entités sous une forme qui ne<br />
peut être que ionique.<br />
Dans l'hypothèse d'un mécanisme suivant le modèle de<br />
Le Chatelier, on distinguera trois étapes<br />
a) L'étape d'attaque<br />
<strong>Les</strong> travaux de Wyart <strong>et</strong> al. [8] sur la réaction de l'eau sur<br />
<strong>les</strong>tectosilicates<strong>et</strong>ceux de Struillou [9] sur le <strong>les</strong>sivage<br />
des roches feldspatiques par l'eau suggèrent le mécanisme<br />
suivant : considérons un assemblage tétraédrique<br />
à oxygènes communs <strong>et</strong> intéressons-nous à un<br />
tétraèdre superficiel. Celui-ci peut comporter, à la différence<br />
des tétraèdres «profonds», un somm<strong>et</strong> libre,<br />
occupé, non comme <strong>les</strong> autres somm<strong>et</strong>s par un ion<br />
O 2 - , auquel cas il présenterait un excès de charge égal<br />
à —1, mais par un ion OH". Ce tétraèdre peut être<br />
desserti par une solution basique de la façon suivante :<br />
— un ion OH" est attiré par l'ion central (Si 4+ ou Al 3+ )<br />
de l'un des tétraèdres supports. Il expulse l'oxygène de<br />
liaison, provoquant le basculement du tétraèdre superficiel<br />
qui n'est plus lié que par une arête autour de<br />
laquelle il peut pivoter, <strong>et</strong> qui présente maintenant un<br />
excès de charge égal à— 1, ce qui lui confère une forte<br />
affinité pour l'eau (fig. 3);<br />
— le même processus pourrait provoquer la rupture<br />
des liaisons résiduel<strong>les</strong>, mais la présence d'une charge<br />
négative excédentaire tend à éloigner <strong>les</strong> ions OH~.<br />
L'hydrophilie du site ionique créé va favoriser une coupure<br />
du même type, mais par des molécu<strong>les</strong> H 20 <strong>et</strong> non<br />
plus par des ions OH~, libérant ainsi un ion tétraédrique<br />
qui sera soit l'ion Si0 4H 3~ soit l'ion AI04H4~.<br />
b) L'étape de diffusion<br />
L'ion libéré par l'attaque va diffuser dans la solution,<br />
c'est-à-dire que sous l'eff<strong>et</strong> de l'agitation thermique il<br />
va s'éloigner progressivement de la surface originelle.<br />
Il tendra statistiquement à se diriger vers <strong>les</strong> « puits » de<br />
concentration que constituent <strong>les</strong> germes de cristallisation<br />
d'hydrates.<br />
c) L'étape de cristallisation des hydrates<br />
La présence dans la solution d'ion Ca 2 + provoque, à<br />
partir d'une certaine concentration d'ions silicate <strong>et</strong><br />
alumínate déterminée par <strong>les</strong> produits de solubilité des<br />
hydrates, une instabilité thermodynamique qui va en-<br />
68<br />
Fig. 3 - Mécanisme d'attaque alcaline des tectosilicates.<br />
traîner la cristallisation de ces derniers [10]. C<strong>et</strong>te cristallisation<br />
va s'amorcer sur <strong>les</strong> surfaces minéra<strong>les</strong> présentes,<br />
<strong>les</strong> recouvrant d'une couche liante qui est à<br />
l'origine du développement de la cohésion. La matière<br />
pouzzolanique se recouvrant au même titre que <strong>les</strong><br />
surfaces inertes, ce phénomène va avoir tendance à<br />
freiner de plus en plus l'attaque, jusqu'à inhibition pratiquement<br />
totale.<br />
Remarque : Dans une structure désordonnée vitreuse,<br />
on a plus de chances de trouver des tétraèdres superficiels<br />
à somm<strong>et</strong>s libres que dans une structure organisée.<br />
On peut ainsi expliquer la plus grande réactivité<br />
des verres par rapport à celle des feldspahts. Le mécanisme<br />
proposé implique toutefois la possibilité d'attaque<br />
alcaline des feldspaths sur certains plans cristallographiques<br />
<strong>et</strong> surtout sur <strong>les</strong> surfaces de fracture <strong>et</strong>,<br />
par conséquent, une certaine activité pouzzolanique.