Aristote Rhétorique, Livre premier - PDF
Aristote Rhétorique, Livre premier - PDF
Aristote Rhétorique, Livre premier - PDF
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
naturel, et l'habitude a quelque ressemblance avec la<br />
nature. Souvent est bien près de toujours, et la<br />
perpétuité est un des caractères de la nature ; de<br />
même, la fréquence est un de ceux de l'habitude.<br />
IV. (L'agréable), c'est encore ce qui est exempt de<br />
contrainte, car la contrainte est contraire à la nature.<br />
C'est pourquoi les nécessités ont quelque chose de<br />
pénible, et l'on a dit avec justesse :<br />
Toute action imposée par la nécessité est naturellement<br />
fâcheuse (79).<br />
Les soins, les études, la contention d'esprit sont autant<br />
de choses pénibles, car on s'en acquitte par nécessité ou<br />
par contrainte lorsqu'on n'y est pas habitué ; mais<br />
l'habitude rend tout agréable. Leurs contraires sont<br />
autant de choses agréables. Aussi le délassement, la<br />
cessation d'un travail fatigant, le repos, le sommeil<br />
comptent parmi les choses agréables ; car aucune<br />
d'elles ne se rapporte à une nécessité.<br />
V. Toute chose en outre est agréable, dont nous avons<br />
un désir passion né ; car le désir passionné est une<br />
aspiration vers l'agréable. Parmi ces désirs, les uns sont<br />
dépourvus de raison, les autres sont accompagnés de<br />
raison. J'appelle "désirs dépourvus de raison" tous<br />
ceux que l'on éprouve ; indépendamment d'un motif<br />
réfléchi. Sont de cette sorte tous ceux que l'on dit<br />
naturels, comme ceux qui dépendent du corps : par<br />
exemple, celui de la nourriture, la soif, la faim et les<br />
désirs relatifs à telle ou telle espèce de nourriture ; ceux<br />
que provoque le goût, les désirs aphrodisiaques ; tous<br />
ceux, en général, qui concernent le toucher, les<br />
parfums par rapport à l'odorat ; ceux qui concernent<br />
l'oreille, les yeux. Les désirs accompagnés de raison, ce<br />
sont tous ceux que l'on éprouve après avoir été<br />
persuadé. Il y a beaucoup de choses que l'on désire<br />
voir et posséder après que l'on en a entendu parler et<br />
que l'on a été amené à les désirer.<br />
VI. Mais, comme le plaisir consiste dans la sensation<br />
d'une impression et que l'imagination est une<br />
sensation faible, lors même qu'un fait d'imagination est<br />
la conséquence d'un souvenir ou d'une espérance pour<br />
celui qui se souvient ou qui espère ; s'il en est ainsi, on