Sénèque et Saint Paul - College of Stoic Philosophers

364 OPINION DE SAINT AUGUSTIN.
entre la négation et l'affirmation, et exprime non ce que
pense l'auteur, mais ce qu'il a entendu dire.
Voici, dans le même sens, un passage, assez obscur
d'ailleurs, de la Cité de Dieu. Saint Augustin, compa-
rant Sénèque et Yarron, ces deux ennemis de la théo-
logie païenne, dit : « La liberté qui manquait à Yarron
n'a pas manqué à Sénèque, que certains indécis nous
montrent fort en réputation, même du temps de nos
apôtres. S'il ne l'a pas eue entière, il l'a possédée en
partie. Elle l'inspirait la plume à la main, elle l'aban-
donnait dans sa conduite. Car dans l'ouvrage qu'il com-
posa contre les superstitions il a censuré cette théologie
politique avec beaucoup plus de chaleur et d'élo-
quence que Yarron n'avait fait pour cette mythologie
de théâtre. * » Ces indices, dont parle saint Augustin,
ne sont autre chose, j'y consens, que les lettres du
Philosophe et de l'Apôtre. Mais ce qui prouve que le
Père ajoute peu de foi à cette prétendue liaison, c'est
que dans ce même passage il reproche à Sénèque
de démentir ses préceptes par sa conduite, et ailleurs,
de manifester une haine aveugle pour les Juifs et de
garder le silence sur les chrétiens, par crainte de faire
violence à ses propres sentiments ou aux préjugés de
ses concitoyens 2 .I1 serait bien étrange, observent Baro-
1 L. Vil, ch» x î « Libertas, quae huic ( Varroni) defuit, Annreo SenecT»,
quem nonnullis indiciis invenimus apostolorum nostrorum claruisse temporibua,
non quidem ex toto, verum ex aliqua parte, non défait. Adfuit enim
scribenti, viventi defuit. Nam in eo libro, quem contra superstitiones condidit,
multo copiosius atque vehementius reprehendit ipse civilem istam
et urbanam theologiam, quam Varro theatricam atque fabulosara. »
2 L. VU, ch. xi. « Christianos, jam tum Judœis inimicissimos in neu-
tram partem comraemorare ausus est, ne vel laudaret contra su se patriae