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Narcisse et son image - Association Louis Lavelle - Chez

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Prenant acte de la dimension sexuelle de l’amour de soi, Freud en cherche la logique<br />

<strong>et</strong> rapporte alors ses hésitations <strong>et</strong> <strong>son</strong> cheminement intellectuel : à ses yeux, ce<br />

déplacement de la libido - car c’est bien d’elle qu’il s’agit <strong>et</strong> non du simple intérêt de<br />

la conservation de soi - sur le Moi ne pouvait pas être quelque chose de contingent,<br />

d’exceptionnel, comme une simple anomalie. La possibilité d’un tel état de chose<br />

devait attester quelque chose de plus originaire. A ses yeux, il était plus que<br />

probable que le narcissisme devait constituer<br />

« l’état général <strong>et</strong> primitif d’où l’amour des obj<strong>et</strong>s n’est sorti qu’ultérieurement, sans amener par <strong>son</strong> apparition la<br />

disparition du narcissisme » 10 .<br />

Ce que pouvait confirmer le constat d’un certain auto-érotisme : c<strong>et</strong> auto-érotisme<br />

pouvait en eff<strong>et</strong> révéler, dans l’ordre du visible, la phase narcissique de la fixation de<br />

la libido.<br />

En pédagogue, Freud prend alors une <strong>image</strong> pour illustrer c<strong>et</strong>te idée d’une distinction<br />

entre la libido du moi (qui porte sur le moi, sorte d’auto-érotisme) <strong>et</strong> la libido objective<br />

(qui porte sur les obj<strong>et</strong>s) : il compare le Moi à un être protoplasmique qui a des<br />

pseudopodes. C<strong>et</strong> être protoplasmique peut soit ém<strong>et</strong>tre des prolongements soit les<br />

r<strong>et</strong>irer <strong>et</strong> se rouler en boule.<br />

« Or nous assimilons l’émission des prolongements à l’émanation de la libido vers les obj<strong>et</strong>s, sa principale masse<br />

pouvant rester dans le moi, <strong>et</strong> nous adm<strong>et</strong>tons que dans des circonstances normales la libido du moi se<br />

transforme facilement en libido objective, celle-ci pouvant d’ailleurs r<strong>et</strong>ourner au moi » 11 .<br />

Freud précise alors, ce qui rend <strong>son</strong> propos encore plus concr<strong>et</strong>, encore plus clair <strong>et</strong><br />

évident, plus persuasif donc, que le sommeil<br />

« est un état dans lequel toutes les énergies, libidineuses aussi bien qu’égoïstes, attachées aux obj<strong>et</strong>s, se r<strong>et</strong>irent<br />

de ceux-ci <strong>et</strong> rentrent dans le moi » 12 .<br />

Ce qui veut dire que le dormeur est le narcissique par excellence.<br />

10 Ibidem, p. 393.<br />

11 Ibidem, p. 393.<br />

12 Ibidem, p. 393-394. Freud ne veut pas dire qu’il y a une seule énergie, libre dans ses déplacements,<br />

qui s’attache tantôt à l’obj<strong>et</strong> <strong>et</strong> tantôt au moi ; en fait il y a une transformation possible de la libido des<br />

obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> de la libido du moi : c’est un échange au niveau des forces en présence <strong>et</strong> pas seulement un<br />

changement d’obj<strong>et</strong> (ce qui veut dire que le moi ne saurait être réduit à un obj<strong>et</strong> comme un autre).<br />

Alain PANERO, <strong>Narcisse</strong> <strong>et</strong> <strong>son</strong> <strong>image</strong><br />

Publication électronique<br />

Site de l’<strong>Association</strong> <strong>Louis</strong> <strong>Lavelle</strong>

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