savoir plus - (CAUE41) Loir-et-Cher
savoir plus - (CAUE41) Loir-et-Cher
savoir plus - (CAUE41) Loir-et-Cher
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
9Décembre2011<br />
Conseil<br />
d’Architecture<br />
d’Urbanisme<br />
<strong>et</strong> de l’Environnement<br />
du <strong>Loir</strong>-<strong>et</strong>-<strong>Cher</strong><br />
www.caue41.fr<br />
u fil de l’aue<br />
2 ACTUALITÉ<br />
> Comment s’imagine le CAUE de demain<br />
3 DOSSIER<br />
> Les agricultures : avenir des villes ?!<br />
> Terres de liens : une réponse locale<br />
> Organiser la distribution<br />
> Eau de qualité : Munich donne l’exemple<br />
6 CADRE DE VIE<br />
> Des containers maritimes en Vendômois<br />
7 REGARD<br />
> Villeny se chauffe au bois <strong>et</strong> en réseau<br />
> L’autonomie énergétique en question<br />
8 ENVIRONNEMENT<br />
> Le Parc A10, état des lieux 15 ans après
C’est l’actualité du CAUE ou la vôtre<br />
Les jardins de Cocagne<br />
dans leurs nouveaux « murs »<br />
Une construction bois réalisée avec des<br />
essences locales non traitées, une toiture<br />
végétalisée, des énergies renouvelables<br />
(pac eau/eau) pour le chauffage, un<br />
chauffe-eau solaire ; des matériaux comme<br />
la ouate de cellulose pour l’isolation, de la<br />
brique en terre crue <strong>et</strong> du béton de<br />
chanvre pour le cloisonnement intérieur…<br />
le nouveau siège social de l’association<br />
bio-solidaire – Les jardins de Cocagne se<br />
présente sous la forme d’un bâtiment à<br />
efficacité énergétique. Huit mois auront<br />
suffi pour le réaliser. « Ce bâtiment<br />
représente une grande volonté de tous à<br />
réussir un proj<strong>et</strong> ensemble ! » précisait le<br />
président, Jean-Pierre Hourdin. Les jardins<br />
de Cocagne s’étendent sur 7 ha <strong>et</strong> 1 ha de<br />
serres. L’inauguration du nouveau<br />
bâtiment, le 19 septembre, venait en écho<br />
des Rencontres Nature & Paysage. « Nous<br />
contribuons à perpétuer du maraîchage<br />
urbain sur le vol<strong>et</strong> de l’insertion » a<br />
souligné Maurice Leroy, ministre de la ville<br />
<strong>et</strong> président du Conseil Général. « Nous<br />
devons tous avoir c<strong>et</strong>te démarche<br />
citoyenne en faveur de l’insertion par<br />
l’économie. » Et d’ajouter sur le ton de<br />
l’humour : « Nous nous sommes faits bio<br />
pour c<strong>et</strong>te inauguration ! »<br />
Les Jardins de Cocagne fournissent 500<br />
familles en fruits <strong>et</strong> légumes issus de<br />
l’agriculture biologique, sous forme de<br />
paniers ; il est également possible de<br />
s’approvisionner sur l’exploitation, du lundi<br />
au samedi matin.<br />
Contact : cocagne.blois@wanadoo.fr<br />
L’entreprise d’insertion Chênel<strong>et</strong> Constructions a réalisé le<br />
bâtiment des jardins de Cocagne dans le respect des délais <strong>et</strong><br />
des prix.<br />
Forum Alimentation<br />
de proximité : une première<br />
Comment inventer un nouveau mode<br />
d’échange des biens alimentaires si les<br />
acteurs de l’offre <strong>et</strong> de la demande ne se<br />
connaissent pas ? Initié par la Chambre<br />
d’agriculture de <strong>Loir</strong>-<strong>et</strong>-<strong>Cher</strong>, ce forum<br />
destiné à un public professionnel apporte<br />
un complément de réponse. L’opération<br />
menée en concertation avec la CMA <strong>et</strong> la<br />
CCI a fait ainsi se rencontrer producteurs<br />
locaux, restaurateurs, gestionnaires de<br />
collectivités <strong>et</strong> d’établissements scolaires…<br />
« Un gros travail d’information <strong>et</strong> de<br />
formation pour travailler des produits<br />
moins standardisés reste à faire. »<br />
soulignait Emmanuel Leroux de la Ferme<br />
des Trois buissons à Lunay.<br />
« La restauration collective représente un<br />
bon débouché en circuits courts ; c<strong>et</strong>te<br />
réunion est pertinente dans le sens qu’elle<br />
pousse à réfléchir sur les problématiques<br />
des trois chambres, pour les résoudre, <strong>et</strong><br />
ainsi œuvrer pour avancer dans la même<br />
direction pour l’avenir. »<br />
2<br />
Imaginons ensemble le CAUE de demain<br />
Le thème de la conférence venue clore la dernière assemblée générale, a fait ressortir<br />
la force du lien qui unit les collectivités à c<strong>et</strong>te structure.<br />
Chaque assemblée générale<br />
du CAUE est<br />
l’occasion d’accueillir<br />
un intervenant de qualité, la<br />
dernière en date ne déroge pas<br />
à la règle avec Valérie<br />
Charolais (Fédération nationale<br />
des CAUE), sur le<br />
thème : Imaginons ensemble<br />
le CAUE de demain. Le<br />
CAUE, un obj<strong>et</strong> « volontairement<br />
non identifié » car il travaille<br />
pour beaucoup de<br />
monde au titre de l’individu<br />
comme au titre d’un mandat,<br />
c’est-à-dire pour « un bénéficiaire<br />
ultime <strong>et</strong> unique : le<br />
citoyen. » Son autonomie de<br />
l’expertise professionnelle, sa<br />
pluridisciplinarité, sa transversalité<br />
intégrant une<br />
approche technique, culturelle<br />
<strong>et</strong> pédagogique, en font un<br />
partenaire privilégié. « Dans<br />
une vision d’intérêt particulier<br />
comme d’une vision<br />
d’intérêt collectif ; d’une<br />
vision la <strong>plus</strong> globale à une<br />
vision la <strong>plus</strong> locale pour<br />
perm<strong>et</strong>tre l’émergence de<br />
l’intérêt général. » Et cela fait<br />
<strong>plus</strong> de 30 ans que ça dure !<br />
« Un passé dont il convient de<br />
ne pas faire table rase. »<br />
insiste Valérie Charolais.<br />
Dans une phase<br />
en mouvance<br />
C<strong>et</strong> outil « inventé par le<br />
législateur, mis en place par<br />
le département, placé au<br />
service du citoyen», existe à<br />
91 exemplaires en France ;<br />
« 91 dynamiques locales soit<br />
un réseau de 1 300 professionnels,<br />
<strong>plus</strong> de 2 000 admi-<br />
nistrateurs <strong>et</strong> des équipes à<br />
géométries variables <strong>et</strong> des<br />
visions qui vont, comme déjà<br />
dit, du très global au très<br />
local. » En 30 ans, les CAUE<br />
restent toujours assis sur la<br />
même loi : celle de 1977 de la<br />
rec<strong>et</strong>te fiscale (lire en colonne)<br />
; en 30 ans, les CAUE ont<br />
aussi évolués pour s’adapter<br />
aux évolutions de leurs missions<br />
en lien direct avec les<br />
demandes (de conseils,<br />
notamment aux particuliers,<br />
de formation…) formulées<br />
par ses adhérents. « ous<br />
sommes dans une phase en<br />
pleine mouvance. » souligne<br />
Valérie Charolais.<br />
Sa traduction s’exprime par<br />
les réformes en cours, de la<br />
fiscalité de l’urbanisme, des<br />
collectivités territoriales, des<br />
politiques publiques ; par,<br />
aussi, une généralisation des<br />
territoires, la montée en<br />
puissance des intercommunalités,<br />
le renforcement des<br />
Quel<br />
budg<strong>et</strong> ?<br />
Pour une équipe de dix<br />
personnes, 1 000 000 € de<br />
budg<strong>et</strong> serait nécessaire.<br />
Or la variation va de 1 à<br />
23 entre la rec<strong>et</strong>te la <strong>plus</strong><br />
faible <strong>et</strong> celle la <strong>plus</strong><br />
élevée, soit le grand écart<br />
entre des budg<strong>et</strong>s de<br />
112 000 € à 2 600 000 €.<br />
Le rendement moyen TD<br />
(taxe départementale)<br />
CAUE étant de 700 000 €.<br />
Au fil de l’aue – décembre 2011<br />
métropoles, des professionnels<br />
en questionnement, enfin<br />
des particuliers <strong>et</strong> des entreprises<br />
confrontés à la crise<br />
économique. « Le paysage se<br />
complexifie, c’est un<br />
constat. » Une interrogation<br />
en émerge : quels sont les<br />
champs à réformer pour<br />
répondre aux attentes à courts<br />
termes ? Réponse de<br />
l’intervenante : « L’urbanisme,<br />
l’énergie, la fourniture de<br />
données (brutes ou analysées),<br />
les transports <strong>et</strong><br />
l’économie de l’aménagement.<br />
» Sur quels points les<br />
CAUE seront appelés à<br />
répondre de <strong>plus</strong> en <strong>plus</strong> ?<br />
« Le décryptage de c<strong>et</strong>te<br />
complexité en intégrant ce qui<br />
a bougé <strong>et</strong> en l’expliquant,<br />
l’innovation ; faire du lien<br />
pour décloisonner l’expertise,<br />
la m<strong>et</strong>tre en perspective,<br />
accompagner les p<strong>et</strong>ites<br />
communes. » D’accord mais<br />
comment faire ?<br />
Invitée de la dernière<br />
assemblée générale,<br />
l’intervention de Valérie<br />
Charolais (Fédération<br />
nationale des CAUE) sur<br />
le thème, Imaginons<br />
ensemble le CAUE de<br />
demain, a mis en<br />
exergue l’importance du<br />
rôle joué par les CAUE.<br />
Participaient à la table<br />
ronde : Michel Legourd,<br />
président de la<br />
Communauté de<br />
communes Sologne des<br />
étangs, Yves Ménager,<br />
président des maires<br />
ruraux <strong>et</strong> Stéphane<br />
Baudu, président du<br />
SIAB.<br />
Le CAUE est un outil qui a<br />
un vis-à-vis naturel, permanent<br />
avec le département.<br />
« Tous les deux agissent<br />
pour le même interlocuteur.<br />
Il y a aussi l’Etat, les territoires.<br />
» Il contribue au<br />
développement de l’information<br />
<strong>et</strong> s’ajoute au nom de<br />
l’intérêt général (devoirs<br />
d’autosai-sie, d’alerte, de<br />
questionnement, d’interpellation…),<br />
du partage<br />
d’exigences avec ses publics<br />
dans une notion de diffusion<br />
culturelle. « L’asso-ciation<br />
CAUE se révèle <strong>plus</strong> que<br />
jamais pertinente sur son<br />
territoire. S’il fallait nous<br />
réinventer, on nous réinventerait<br />
! Peu de structure<br />
offre autant que c<strong>et</strong> outil<br />
assez extraordinaire : il faut<br />
muscler l’existant ! » Les<br />
élus présents ont quant à<br />
eux, exprimé clairement leur<br />
position : « ous avons<br />
besoin du CAUE ! »<br />
Le CAUE a changé de présidence,<br />
Jean-Marie Janssens, viceprésident<br />
du Conseil Général,<br />
chargé de l’agriculture, du<br />
développement <strong>et</strong> de l’écologie<br />
rurale, succède à Marie-Hélène<br />
Mill<strong>et</strong>.
C’est un thème qui s’affirme de <strong>plus</strong> en<br />
<strong>plus</strong> dans les préoccupations des<br />
politiques <strong>et</strong> dans celles des<br />
consommateurs, que le CAUE a r<strong>et</strong>enu<br />
pour ces rencontres Nature & Paysage<br />
2011. En résumé : si les agricultures,<br />
avenir des villes, suscitent le consensus<br />
sous l’angle de l’affirmation, le<br />
questionnement soulève de nouvelles<br />
interrogations.<br />
dossier<br />
Les agricultures, avenir des villes ?! :<br />
question <strong>et</strong> affirmation<br />
Les agricultures, avenir des villes : une<br />
question fédératrice qui fait sens pour<br />
Christophe Degruelle. Le président de<br />
la communauté d’agglomération de Blois -<br />
Agglopolys voit l’agriculture comme un<br />
lieu privé, d’intérêt collectif. « La question<br />
se pose toutefois de façon plurielle : les<br />
agricultures, j’aime ce « S»! »<br />
Il implique la définition de limites : sur le<br />
plan économique, en matière de délimitations<br />
rurales/urbaines <strong>et</strong> de paysages.<br />
Maire <strong>et</strong> agricultirice, Michèle Riv<strong>et</strong>, viceprésidente<br />
déléguée de la région Centre,<br />
chargée des proj<strong>et</strong>s de développement rural,<br />
quant à elle, interroge : « L’agriculture<br />
est-elle toujours l’avenir de l’agriculture ?<br />
» Un quart d’agriculteurs en moins sur le<br />
territoire, des exploitationsdécuplées ;<br />
l’industrialisation a fait passer l’agriculture<br />
du cadre familial à une échelle industrielle,<br />
grosse consommatrice de produits phytosanitaires<br />
<strong>et</strong> d’eau, engendrant des problèmes<br />
de pollution. « Quelle agriculture, quel<br />
type d’agriculture, d’agriculteur va pouvoir<br />
répondre aux problèmes émergeants <strong>et</strong><br />
aux besoins sociétales ? Et quelle structure<br />
devra être mise en place ? » Une agriculture<br />
de proximité, de qualité <strong>et</strong> qui crée de<br />
l’emploi apporte en réponse l’élue. « Se<br />
pose alors la question : quel aménagement<br />
de territoire devons-nous imaginer ? » Il y<br />
a une vraie légitimité à s’interroger sur c<strong>et</strong><br />
aménagement, sur la place de l’agriculture,<br />
des villes ! « Peut-il y avoir un proj<strong>et</strong> de<br />
développement rural en ville : la question<br />
se pose à moi. Je pense trouver une réponse<br />
à l’occasion de ces rencontres. Trois rencontres<br />
Nature & Paysage, deux ministres ;<br />
Après Nathalie Kosciusko-Moriz<strong>et</strong>,<br />
Maurice Leroy. Pour le ministre de la ville<br />
chargé du grand Paris, ce thème revêt « une<br />
signification toute particulière ; la ville<br />
évolue avec de nouvelles exigences, son<br />
caractère durable se pose désormais.<br />
Réconcilier l’humain, l’agricole <strong>et</strong> l’urbain<br />
car le point de vue de l’homme est le seul<br />
qui vaille pour repenser la ville. » Pour lui<br />
encore, « c’est une réelle réorganisation de<br />
notre société qu’il nous faut imaginer pour<br />
repenser nos villes <strong>et</strong> nos campagnes ! »<br />
En aval de c<strong>et</strong>te introduction, les propos de<br />
l’agronome Bertrand Hervieu viennent en<br />
écho. « Le dispositif tel qu’il se présente <strong>et</strong><br />
est organisé actuellement, ne perm<strong>et</strong> pas de<br />
répondre à l’idéologie naissante : qualité,<br />
proximité, environnement, territoire, sécurité…<br />
» Selon lui, tous les efforts faits depuis<br />
30 ans visent la conquête de marchés ;<br />
si l’on veut avancer, les mêmes efforts<br />
collectifs faits pour c<strong>et</strong>te mondialisation<br />
doivent être reproduits pour une relocalisation<br />
dans les territoires, pour construire<br />
c<strong>et</strong>te proximité souhaitée. « La profession<br />
doit faire un immense effort pour restaurer<br />
ce métier dans sa diversité de productions,<br />
régénérer l’intérêt de ce métier… » Et lorsqu’il<br />
a pointé du doigt par ses propos la<br />
spéculation mondiale, l’orateur s’est acquis<br />
le public. « C’est la terre au cœur de la<br />
spéculation mondiale ! » a-t-il lancé avec<br />
force. Dans la seconde suivante, la salle<br />
explosait en applaudissements. A.F.
dossier<br />
P<strong>et</strong>ites phrases r<strong>et</strong>enues<br />
Le monde agricole devient minoritaire dans la<br />
société : 2 à 3 % de la population active au lieu<br />
de 50 %. « Ce mouvement s’opère au moment où<br />
il n’a jamais été autant éclaté : des agricultures<br />
familiales, résidentielles <strong>et</strong> des agricultures de<br />
<strong>plus</strong> en <strong>plus</strong> abstraites, délocalisées, sans<br />
frontière, de firmes qui se confrontent aux<br />
grands marchés mondiaux (…). » Quand il aborde<br />
la notion de frontière, l’agronome précise : « La<br />
question de frontière est difficile, notre civilisation<br />
est urbaine, fluide, mobile ; je proposerais<br />
de penser plutôt la porosité que la frontière ! »<br />
Bertrand Hervieu, agronome<br />
Certain président des chambres d’agriculture ne<br />
cultive pas le fait d’être devenu une minorité.<br />
« Nous avons des atouts considérables à m<strong>et</strong>tre<br />
en avant, sécuritaires notamment. A nous de les<br />
exploiter, c’est comme cela qu’une minorité<br />
devient positive <strong>et</strong> incontournable ! » Ou encore :<br />
« L’agriculture doit se connecter rapidement sur<br />
les réseaux de proximité ; à travers ces circuits le<br />
lien social entre le citoyen <strong>et</strong> l’agriculteur se<br />
renoue (…). » Dans un autre registre : « Le défi<br />
passe aussi par des réponses apportées par la<br />
recherche : je crois aux progrès pas aux r<strong>et</strong>ours<br />
ancestraux. »<br />
Guy Vasseur, président des chambres d’agriculture<br />
« La ville se dilate au grès des déplacements : le<br />
soir, pendant les vacances (…). » Pour c<strong>et</strong> agronome<br />
<strong>et</strong> docteur en économie rurale, la demande de<br />
nature <strong>et</strong> de paysage se trouve en décalage :<br />
« Il y a une durée de paysage qui dépasse la<br />
durée de production (…). » Ou encore : « Associer<br />
l’image du produit à l’image du paysage : c’est<br />
un autre temps qui s’ouvre ! » Il est aussi<br />
convaincu qu’une « cartographie de l’activité<br />
agricole avec les déplacements, les noyaux durs,<br />
les zones de tension, offre une vision très<br />
intéressante du partage de l’espace. »<br />
Denis Michaud, agriculteur<br />
Pour ce professeur d’agriculture comparée <strong>et</strong><br />
développement agricole, il est clair qu’une<br />
agriculture savante, artisanale, qui demande de la<br />
main-d’œuvre, demande aussi à être bien<br />
rémunérée. « L’agriculture bio artisanale on ne<br />
pourra la faire vivre que si on crée de l’emploi.<br />
Techniquement c’est possible, politiquement… il y<br />
a urgence à être volontaire ! »<br />
Marc Dufumier, ingénieur agronome<br />
Le chiffre<br />
200 kg de nourriture sont nécessaires à un<br />
individu pour bien se nourrir ; il en est<br />
produit 330 kg. Où va le reliquat ? Un tiers<br />
à l’alimentation animale, un tiers au<br />
gaspillage, un tiers en pertes de stockage.<br />
No comment.<br />
En <strong>savoir</strong> <strong>plus</strong><br />
www.terresenvilles.org<br />
www.terredeliens.org<br />
Terre de liens : une réponse locale<br />
Françoise Bégout, présidente de Terre de liens Centre était l’une des invités de l’atelier<br />
1 portant sur : L’économie, un levier pour repositionner l’agriculture au cœur des<br />
territoires. Présent également : Jean-François Hu<strong>et</strong>, P-DG du centre Leclerc de Blois.<br />
Cela fait trois ans qu’elle est membre<br />
d’une AMAP (association pour le<br />
maintien d’une agriculture paysanne)<br />
lorsque François Bégout entend parler<br />
de Terres de liens. Elle découvre<br />
alors un nouveau concept<br />
d’agriculture. « On veut une agriculture<br />
à taille humaine, rem<strong>et</strong>tre de<br />
l’agriculture à proximité… mais comment<br />
faire ? La foncière financière<br />
Terre de liens est un premier outil qui<br />
perm<strong>et</strong> de collecter l’épargne<br />
nécessaire à l’acquisition de foncier<br />
pour l’installation d’agriculteurs.<br />
C’est une réponse locale. »<br />
En 2011, Terre de liens couvre<br />
l’ensemble du territoire. « C<strong>et</strong> outil<br />
national apporte l’ancrage local<br />
indispensable ; le fonds de dotation<br />
(créé en 2009) préfigure la réponse<br />
que Terre de liens peut apporter aux<br />
collectivités pour les accompagner<br />
dans le montage de proj<strong>et</strong>s. »<br />
Ce fonds fait appel à l’épargne volontaire<br />
(récupérable au bout de cinq<br />
ans). « Un épargnant peut dédier son<br />
épargne au niveau national, au<br />
niveau départemental ou même au<br />
niveau du proj<strong>et</strong>. » La motivation de<br />
ces épargnants ? Elle est simple :<br />
« quelque chose ne va pas, il faut que<br />
ça change ; le foncier reste la symbolique<br />
de c<strong>et</strong>te relation à la terre. »<br />
Et ça marche ? « Les deux appels<br />
lancés ont été couverts, l’un était de<br />
7,5 millions d’euros, le second de 6<br />
millions d’euros ; ils représentent 3<br />
500 épargnants. Pour<br />
une installation dans<br />
l’Indre-<strong>et</strong>-<strong>Loir</strong>e pilotée<br />
avec Terre de<br />
liens Poitou-<br />
Charentes, 2/3 de<br />
l’épargne nécessaire<br />
a été collectée en<br />
trois semaines ! »<br />
Pour dynamiser,<br />
insuffler de la dynamique<br />
locale, Terre<br />
de liens travaille en<br />
réseau, pour la<br />
création aussi, avec<br />
des « parrains ». Françoise Bégout insiste<br />
: « La production agricole n’est<br />
<strong>plus</strong> un monde à part, c’est une activité<br />
comme une autre sauf que, pour<br />
l’exercer, le foncier est nécessaire. »<br />
En France, 70 fermes ont ainsi été<br />
acquises <strong>et</strong> 138 agriculteurs installés.<br />
« La production est vendue en local,<br />
Organiser la distribution<br />
Il avoue avoir hésité à répondre à<br />
l’invitation. « Je me suis dit : tu vas te<br />
faire lyncher ! » Des paroles accompagnées<br />
d’un large sourire. « Il existe<br />
<strong>plus</strong>ieurs sortes de distributeurs : le<br />
distributeur intégré capitalistique <strong>et</strong><br />
le distributeur indépendant. C’est<br />
différent ! » Jean-François Hu<strong>et</strong> se<br />
positionne dans la deuxième catégorie<br />
<strong>et</strong> affirme porter une vraie passion<br />
à son métier. « P<strong>et</strong>it-fils d’agriculteur<br />
<strong>et</strong> d’épicier », bien ancré dans le<br />
département, dans le métier de la<br />
distribution depuis tout le temps, il<br />
aime « ce contact client-fournisseur.<br />
» Ce qui l’a poussé en 1978 à établir<br />
un contact direct avec les agriculteurs<br />
producteurs. Quand il reprend le magasin<br />
de Blois en 1990, il se demande<br />
que peut-on faire pour accentuer ce<br />
lien. « Depuis 30 ans on travaillait<br />
avec la production locale : nous<br />
avons associé les producteurs <strong>et</strong> les<br />
chefs de rayon. » L’idée est dupliquée,<br />
200 points de vente sont mis en<br />
place ; l’association « Les alliances<br />
locales, C’est d’ici », créée en<br />
septembre 2010, regroupe <strong>plus</strong> de<br />
cinquante agriculteurs, éleveurs,<br />
maraîchers, viticulteurs… tous de<br />
<strong>Loir</strong>-<strong>et</strong>-<strong>Cher</strong>. « Depuis 2011 nous<br />
avons obligation de contractualiser<br />
c<strong>et</strong>te collaboration avec un prix<br />
d’achat fixé, voire un prix de vente.<br />
Les contrats se renouvellent de façon<br />
tacite… <strong>et</strong> ça roule ! »<br />
Laurent Gauthier, producteur de<br />
champignons à Villiers-sur-<strong>Loir</strong> est<br />
membre de l’association C’est d’ici.<br />
« Avec la grande distribution les<br />
expériences sont parfois bonnes,<br />
parfois mauvaises. Ma réflexion ?<br />
celui se situant dans un rayon de<br />
50 km autour du site de production.<br />
Terre de liens, ce sont des liens entre<br />
des gens qui vivent ensemble, font des<br />
choses ensemble… nous voulons que<br />
des terres reviennent au collectif,<br />
sortent de la spéculation ! »<br />
Eliminer les intermédiaires <strong>et</strong><br />
travailler le <strong>plus</strong> possible en direct<br />
pour rester maître de mon produit.<br />
A <strong>plus</strong>ieurs producteurs, on peut<br />
s’entraider, on est <strong>plus</strong> forts pour<br />
défendre nos intérêts ; c’est l’atout de<br />
l’association ! » Un choix qui nécessite<br />
une réorganisation de l’exploitation<br />
pour les livraisons ; de définir une<br />
production en fonction d’un public.<br />
« Avant je faisais du volume, beau<br />
visuellement, standardisé <strong>et</strong> à moindre<br />
coût. Maintenant je suis sur un produit<br />
avec une qualité gustative, qui se tient<br />
mieux. » La progression de <strong>plus</strong> de 15<br />
% du volume a permis la création de<br />
deux emplois. « Ma relation avec les<br />
banquiers a changé : avant j’y allais<br />
pour trouver un moyen de survivre,<br />
demain j’y vais pour trouver des fonds<br />
d’investissement ! »
Préserver l’eau :<br />
Munich donne l’exemple<br />
La méthode munichoise m<strong>et</strong> en lumière le lien direct existant entre la qualité de l’eau<br />
<strong>et</strong> les pratiques agricoles. Jörg Schuchardt, collaborateur de la ville de Munich en a<br />
fait la présentation.<br />
Pour la ville allemande de Munich, la<br />
qualité de l’eau prime ; du coup<br />
l’approche agricole a totalement<br />
changé. « Malgré les mesures prises<br />
(achats des terres agricoles, régulation<br />
des captages…) une augmentation<br />
très n<strong>et</strong>te, dans les années 50,<br />
des nitrates dans l’eau potable de la<br />
ville est apparue. C<strong>et</strong>te dernière aurait<br />
pu choisir de traiter a posteriori<br />
mais ce n’est pas le choix qu’elle a<br />
fait. » commente l’ingénieur Jörg<br />
Schuchardt. « Pour stopper l’évolution<br />
elle s’est tournée vers une<br />
agriculture biologique <strong>et</strong> protectrice<br />
des ressources en eau. » Une orientation<br />
accompagnée de décisions<br />
drastiques : pas <strong>plus</strong> d’animaux que<br />
l’exploitation peut nourrir avec sa<br />
production ; interdiction de pratiquer<br />
l’élevage intensif, la dignité de<br />
l’animal doit être respectée dans sa<br />
manière naturelle de vivre. Tous les<br />
insecticides, pesticides <strong>et</strong> engrais chimiques<br />
font eux aussi l’obj<strong>et</strong> d’une<br />
interdiction d’emploi, la seule fumure<br />
autorisée étant le fumier.<br />
L’élimination des mauvaises herbes<br />
se fait par voie mécanique ou<br />
thermique. L’approvisionnement en<br />
alimentation animale autre que celle<br />
produite sur l’exploitation est<br />
combattue. « Des associations<br />
(Dem<strong>et</strong>er…) attribuent leur label.<br />
Le contraste avec l’agriculture<br />
L’ingénieur Jörg Schuchardt a présenté l’expérience menée par la ville de Munich<br />
visant à préserver la qualité de l’eau : une réussite !<br />
raisonnée ? Les exploitations sont<br />
deux fois <strong>plus</strong> contrôlées <strong>et</strong> en cas<br />
d’infraction, exclues du label. »<br />
Une zone de conversion à<br />
l’agriculture biologique a été définie.<br />
« Elle couvre 6 000 ha, dont 2 550<br />
exploités par l’agriculture <strong>et</strong> 2 900 ha<br />
de forêts gérées spécifiquement pour<br />
être adaptées à la zone de captage. »<br />
En parallèle, la ville de Munich a mis<br />
en place un programme de subventions<br />
: d’un montant de 280 € par<br />
ha/an pour les six premières années <strong>et</strong><br />
Et en<br />
France ?<br />
« Evian, Vittel ont lancé un<br />
programme similaire avec<br />
rachat de terres agricoles <strong>et</strong><br />
incitation au passage en<br />
agriculture biologique sur les<br />
zones de captage. » précise<br />
Philippe Girardin.<br />
de 230 € par ha/an pour les dix-huit<br />
années suivantes. Particularité de<br />
l’engagement : seul l’agriculteur peut<br />
le rompre ! « La ville restait néanmoins<br />
septique quant au résultat. »<br />
Pourtant, dès la première année<br />
(1993), des contrats avec 23 exploitations,<br />
soit l’équivalent de 800 ha, sont<br />
conclus. Actuellement 110 fermes se<br />
sont converties à l’agriculture biologique<br />
; 88 % de la zone considérée est<br />
ainsi sous contrat. Munich compte 3<br />
millions d’habitants. « Pour eux le<br />
coût des subventions représente 0,017<br />
€ par m3 d’eau consommée. » précise<br />
Jörg Schuchardt. Sans le recours à<br />
l’agriculture biologique, « il faudrait<br />
traiter l’eau potable, ce qui coûterait<br />
environ huit fois <strong>plus</strong> cher que ce que<br />
nous payons en aides actuellement ! »<br />
La collecte <strong>et</strong> le traitement des eaux<br />
usées sont assurés par deux stations<br />
d’épuration, <strong>plus</strong>ieurs bassins de<br />
rétention des eaux pluviales ont<br />
également été réalisés. La qualité de<br />
l’eau de l’Isar, rivière qui traverse<br />
Munich « est tout à fait compatible<br />
avec la baignade. » souligne<br />
l’ingénieur. Munich plage : une réalité<br />
chaque été !<br />
En <strong>savoir</strong> <strong>plus</strong><br />
www.caue41.fr<br />
dossier<br />
... P<strong>et</strong>ites phrases r<strong>et</strong>enues<br />
(la suite)<br />
Pour d’autre, tel que ce chercheur, membre du<br />
réseau Terres en ville : « Le paysage oui mais la<br />
fonction alimentaire revient sur le devant de la scène<br />
avec les crises alimentaires que l’on sait ;<br />
se réapproprier l’économie territoriale devient une<br />
nécessité : on ne peut pas rester dans l’économie<br />
mondiale. » A prendre en considération toutefois :<br />
« Nous ne représentons que 3 % de l’approvisionnement<br />
de la ville actuellement ; nous sommes pas que dans le<br />
registre producteur / consommateur-acteur, la<br />
distribution <strong>et</strong> son organisation sont à considérer. »<br />
Serge Bonnefoy, Terres en ville, économiste<br />
L’agriculture dans la ville : oui mais de laquelle<br />
parlons-nous ? Quelle est l’échelle ? « Définir c<strong>et</strong>te<br />
échelle est indispensable, l’agriculture dans la ville<br />
exige un volontarisme de tout instant <strong>et</strong> de tous les<br />
acteurs ; cela ne se fera pas autrement ! C<strong>et</strong>te<br />
question se pose désormais car elle découle d’un<br />
besoin de r<strong>et</strong>our à une production de proximité. »<br />
Quelles sont les formes dans l’avenir que peut<br />
prendre le métier d’agriculteur ? Comment on<br />
construit ces agricultures ? Comment entre-t-on<br />
dans le métier d’agriculteur ? Quelles sont les<br />
combinaisons à m<strong>et</strong>tre en œuvre ? « Nous aurons<br />
une diversité de paysages si nous construisons une<br />
diversité d’agricultures. »<br />
Bertrand Hervieu, agronome<br />
Agriculture, alimentation, nature, « le lien entre<br />
ces trois polarités n’existe pas encore » pour le<br />
président du Parc des Ballons des Vosges. « La clef<br />
d’entrée : l’alimentation. Le problème de<br />
l’alimentation <strong>et</strong> de sa qualité peut faire bouger les<br />
lignes, avec un r<strong>et</strong>our à l’agriculture nourricière ; les<br />
agriculteurs ne sont pas des jardiniers. »<br />
Philippe Girardin, ex-directeur de l’INRA,<br />
spécialiste en agro-environnement<br />
Rencontres 2011 :<br />
épilogue<br />
Comprendre le territoire au travers de sa carte<br />
paysagère, dialoguer avec tous les acteurs :<br />
chambres d’agriculture, agriculteurs, la région<br />
pour la maîtrise foncière…, agir ! C’est en ces<br />
termes que Christophe Degruelle a apporté sa<br />
conclusion à ces rencontres 2011. « Les élus,<br />
c’est bien pour intervenir dans les colloques mais<br />
la population compte sur nous, c’est donc à nous,<br />
élus, de prendre des décisions, d’être dans<br />
l’action. » L’agriculture périurbaine pose un problème<br />
géopolitique ; c<strong>et</strong>te agriculture a besoin<br />
d’être aidée, protégée, souligne-t-il. « Oui les<br />
agricultures sont l’avenir des villes mais elles<br />
posent le problème de la nature en ville, de la<br />
biodiversité. Les agriculteurs sont des éclaireurs<br />
de l’avenir ; les agriculteurs sont les partenaires<br />
qui demandent que la qualité soit partout sur<br />
le territoire. »
Ils ont choisi un cadre de vie différent<br />
La question<br />
Facile ou pas ?<br />
James Dumans répond<br />
. d’obtenir un permis de construire<br />
pour des containers<br />
« Facile. L’architecte a trouvé les<br />
arguments pour faire tomber les éventuels<br />
a priori face aux containers ; quelques<br />
habitants ont fait la démarche auprès de<br />
la mairie pour <strong>savoir</strong> pourquoi elle avait<br />
donné son autorisation mais cela reste<br />
anecdotique. Je suis persuadé que<br />
maintenant le regard de ces mêmes<br />
personnes a changé lui aussi.<br />
Dès le départ, sur le permis de construire,<br />
nous nous étions engagés à faire un<br />
bardage bois. »<br />
. de trouver les prestataires capables<br />
d’agencer leur intérieur ?<br />
« Facile. Sur Intern<strong>et</strong> vous trouvez plein de<br />
choses, ensuite les architectes<br />
s’y m<strong>et</strong>tent aussi. »<br />
Une solution de facilité<br />
<strong>et</strong> de rapidité : démonstration<br />
Les containers maritimes, intérieurs<br />
agencés (électricité, isolation du plancher,<br />
huisseries…) ont été réceptionnés le 27 mai<br />
2011 par James Dumans. Au préalable, ce<br />
dernier avait préparé les sols : les plots<br />
pour le positionnement des containers <strong>et</strong><br />
l’assainissement. Il a ensuite procédé à<br />
l’habillage des logements : réalisation d’un<br />
chevronnage, mise en place de l’isolation<br />
<strong>et</strong> bardage de bois. Les toits terrasse une<br />
pente en zinc noir finissent d’apporter un<br />
style contemporain à l’ensemble. Chaque<br />
logement est doté d’un accès personnalisé<br />
<strong>et</strong> d’une p<strong>et</strong>ite terrasse bois. Un panneau<br />
de bois préserve l’intimité de chaque<br />
locataire. La décoration intérieure jeune<br />
<strong>et</strong> colorée, dynamise les intérieurs.<br />
Séduction garantie !<br />
Entre la réception <strong>et</strong> la remise des clefs<br />
aux locataires (fin août), James Dumans a<br />
travaillé seul à raison de trois<br />
jours/semaine <strong>et</strong> pris quinze jours de<br />
vacances. « Deux mois <strong>et</strong> demi m’ont suffi.<br />
Une collectivité peut boucler le même<br />
chantier en un mois <strong>et</strong> demi, avec une<br />
équipe d’artisans compétents <strong>et</strong> une bonne<br />
coordination. » Voilà qui pousse à<br />
réfléchir !<br />
Le chiffre<br />
1/3 des étudiants peinent à trouver<br />
un logement chaque année,<br />
au niveau national. A Blois, l’offre<br />
est concéquente.<br />
6<br />
Photo de gauche<br />
Les containers maritimes à leur arrivée en Vendômois.<br />
Photo de droite<br />
Habillés de bois, aucun détail extérieur ne laisse deviner que<br />
ces quatre logements contemporains sont en fait à l’origine<br />
des containers maritimes.<br />
L’arrivée fin mai de quatre containers maritimes « bleu pétant » avait suscité une curiosité<br />
un tantin<strong>et</strong> méfiante. Fin août, la curiosité demeure mais c<strong>et</strong>te fois… habillés de bois, tout<br />
le monde les aime.<br />
« L’idée ? Il y a des années<br />
que je pensais à faire du logement<br />
dans des containers,<br />
bien avant que l’on en parle.<br />
J’aime bien l’immobilier,<br />
alors je m’intéresse ! »<br />
raconte James Dumans. « Le<br />
container maritime est une<br />
bonne solution de facilité <strong>et</strong><br />
de rapidité. »<br />
Propriétaire d’un terrain à<br />
bâtir situé sur la commune de<br />
Saint-Ouen, James Dumans<br />
pouvait envisager la construction<br />
d’une maison locative.<br />
« Elle m’aurait coûté de<br />
100.000 à 110.000 € avec la<br />
possibilité de la louer de 600<br />
à 650 €. Là, les quatre containers<br />
aménagés me reviennent<br />
à 107.000 € HT * ; je les loue<br />
350 € par mois chacun, soit<br />
un global de 1 400 €. Je me<br />
suis dit que ce n’était pas un<br />
mauvais plan ! »<br />
Effectivement mais ce qui<br />
séduisait encore <strong>plus</strong> notre<br />
homme dans ce proj<strong>et</strong>, c’était<br />
son caractère novateur : il est<br />
comme ça James, il aime innover.<br />
D’un habitat locatif familial<br />
de type basique, il est donc<br />
passé à un habitat locatif<br />
individuel, plutôt tourné vers<br />
un public étudiant vu son<br />
concept. « Avec un risque de<br />
vacance moins élevé, mais<br />
une rotation <strong>plus</strong> forte. » Les<br />
quatre futurs logements<br />
n’étaient pas encore totalement<br />
achevés que déjà quatre<br />
locataires potentiels se<br />
présentaient. Et ? « Quatre<br />
visites, quatre locations. Des<br />
étudiants, originaires de la<br />
région Centre, accompagnés<br />
de leurs parents, d’un frère ou<br />
d’une sœur <strong>et</strong> tous, sans<br />
exception, m’ont tout de suite<br />
dit : OK ! Mon proj<strong>et</strong> correspond<br />
pile à la demande. »<br />
Des visiteurs curieux de voir<br />
Il faut reconnaître que vus de<br />
l’extérieur comme à l’intérieur,<br />
ces logements se<br />
révèlent des <strong>plus</strong> enthousiasmants<br />
: bardage bois, toits une<br />
pente façon terrasse, huisseries<br />
en alu teinté, p<strong>et</strong>ite<br />
terrasse individuelle en<br />
bois… difficile en eff<strong>et</strong><br />
d’imaginer qu’à leur livraison<br />
(le 27 mai 2011), ces mêmes<br />
logements, pardon containers<br />
maritimes étaient d’un « joli »<br />
bleu pétant ! James sourit.<br />
« Des visiteurs, il en passe<br />
beaucoup. Au début c’était<br />
<strong>plus</strong> pour voir de quoi il<br />
r<strong>et</strong>ournait, si je n’étais pas en<br />
train de dénaturer l’environnement<br />
avec « mes boîtes » ;<br />
maintenant, les gens s’arrêtent,<br />
pensant qu’il s’agit<br />
d’une maison en bois, il y en a<br />
quelques-uns qui se font<br />
« avoir » <strong>et</strong> puis surtout c’est<br />
pour voir comment sont aménagés<br />
les logements.<br />
Le concept « habillé » attire<br />
naturellement la sympathie :<br />
le bardage a changé la physionomie<br />
du proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> par voie<br />
de conséquence le regard<br />
porté sur lui. Mon voisin<br />
m’assure qu’au moins cent<br />
voitures par jour ralentissent<br />
en arrivant à la hauteur des<br />
logements. » Les professionnels<br />
du bâtiment se montrent<br />
eux aussi intéressés, trois dont<br />
deux constructeurs de maison<br />
bois se sont déjà inscrits dans<br />
les rangs des visiteurs ! « Ces<br />
visites ne me gênent pas, au<br />
contraire ; les personnes qui<br />
ont un proj<strong>et</strong> de travaux ont<br />
tout intérêt à s’intéresser à ce<br />
qui se fait. »<br />
Aussi séduisants vus de<br />
l’extérieur qu’à l’intérieur<br />
Les quatre logements sont<br />
loués meublés : canapé, tables<br />
basse de salon, haute pour les<br />
repas, coin cuisine avec<br />
L’intérieur lumineux, confortable,<br />
s’inscrit résolument dans un style<br />
jeune, coloré <strong>et</strong> moderne.<br />
Containers maritimes ou maison bois ? Les deux !<br />
Au fil de l’aue – décembre 2011<br />
l’électroménager indispensable,<br />
lit, armoire <strong>et</strong> espaces<br />
de rangement, salle d’eau<br />
avec douche à l’italienne, rien<br />
ne manque pour faire des<br />
27 m2 un nid agréable. « La<br />
largeur de 2,10m me faisait<br />
peur au départ ; je me disais,<br />
ça va être p<strong>et</strong>it, étriqué… Et<br />
puis non ! » La distribution<br />
des « pièces » y est pour beaucoup.<br />
« Tous ne sont pas<br />
agencés de c<strong>et</strong>te façon, la<br />
différence est là. » Sous<br />
l’angle du confort intérieur,<br />
les containers ont été entièrement<br />
isolés, tous sont climatisés<br />
<strong>et</strong> chauffés grâce à un<br />
système de pompe à chaleur.<br />
A l’extérieur, une place suffisante<br />
au stationnement de<br />
quatre véhicules est faite, le<br />
coin poubelles se fait discr<strong>et</strong><br />
derrière son habillage bois.<br />
James pense reconvertir le<br />
large couloir de terre libre<br />
disponible entre les quatre<br />
logements accolés deux par<br />
deux, en espace dédié à la<br />
culture potagère. Pour les<br />
jardiniers qui viendraient à se<br />
découvrir parmi ses quatre<br />
jeunes locataires !<br />
* Plus coût du terrain, VRD, travaux<br />
extérieurs, mobiliers
Le réseau de chaleur de 300 mètres<br />
alimente 13 bâtiments communaux<br />
dont 8 particuliers<br />
Villeny se chauffe au bois <strong>et</strong> en réseau<br />
En matière de développement durable, les avancées majeures passent souvent par<br />
une évolution des mentalités. Alain Blanche, maire de Villeny, en sait quelque chose :<br />
son entêtement a fait bouger les choses.<br />
Villeny, 2003-2004. « otre<br />
problème à l’époque : des<br />
bâtiments communaux dotés<br />
d’installations de chauffage,<br />
les unes au gaz, les autres<br />
électriques ; les chaudières à<br />
gaz qui arrivaient en fin de<br />
vie <strong>et</strong> puis la crise pétrolière<br />
avec des prix qui grimpent à<br />
mouvement constant. L’idée a<br />
commencé à germer là. »<br />
raconte Alain Blanche, le<br />
maire de ce joli village de 500<br />
habitants situé au cœur de la<br />
Sologne.<br />
« En tant qu’observateur je<br />
trouvais incroyable d’avoir<br />
autant de massifs forestiers<br />
non entr<strong>et</strong>enus <strong>et</strong> de ne pas<br />
utiliser c<strong>et</strong>te matière première<br />
de proximité, pour le chauffage.<br />
La région Centre, c’est<br />
quand même 500 000<br />
hectares de forêts. Ailleurs,<br />
des collectivités parvenaient à<br />
m<strong>et</strong>tre en place ce type de<br />
circuit court, alors… pourquoi<br />
pas ici ! » Alain Blanche<br />
s’entête, fait tenir les chaudières<br />
à coups de réparations<br />
jusqu’à être entendu par les<br />
élus départementaux <strong>et</strong> régionaux.<br />
« J’ai fait un courrier à<br />
l’ensemble des conseillers<br />
généraux. A Fresnay l’Evéque<br />
(Eure-<strong>et</strong>-<strong>Loir</strong>), en Beauce, là<br />
où il n’y a pas de bois, des<br />
aides existaient, pas ici. Ce<br />
n’était pas croyable ! »<br />
Une étude réalisée par<br />
l’Ademe complétée par une<br />
étude de faisabilité conforte<br />
l’équipe municipale dans son<br />
idée de chaufferie bois. « M.<br />
Colas des Francs propriétaire<br />
forestier, était arrivé à un<br />
constat identique : la valorisation<br />
du bois en circuit<br />
court. Il s’est lancé dans la<br />
démarche en adhérant à la<br />
société coopérative d’intérêt<br />
collectif Bois bocage énergie<br />
<strong>et</strong> en demandant des aides<br />
pour la création d’une plateforme<br />
de stockage de plaqu<strong>et</strong>tes<br />
forestières. Les choses<br />
se sont enfin finalisées, les<br />
pouvoirs politiques, l’Ademe<br />
(un peu frileuse au départ<br />
pour le bois énergie, il faut le<br />
dire) ont intégré l’idée : des<br />
aides ont été mises en place. »<br />
Premier essai aussitôt transformé<br />
par le maire en jolie<br />
victoire. « L’étude réalisée<br />
nous indiquait les besoins<br />
pour chauffer les bâtiments<br />
municipaux, nous nous<br />
sommes dit que les particuliers<br />
situés sur le réseau de<br />
chaleur, pouvaient aussi être<br />
intéressés. » Chiffres en main,<br />
Alain Blanche les rencontre <strong>et</strong><br />
parvient sans peine à les<br />
convaincre de l’économie<br />
substantielle à faire sur leurs<br />
dépenses énergétiques. Une<br />
convention est signée avec<br />
chacun d’eux, pour une durée<br />
Un autre regard sur ce qui se fait ailleurs<br />
minimum de 5 ans. « Du fait<br />
de la nécessité de réaliser une<br />
sous-station pour chaque<br />
habitation rattachée. » Le<br />
chantier est lancé.<br />
Dans l’optique d’une extension<br />
du réseau, un surdimensionnement<br />
de la chaudière<br />
collective, d’environ un quart<br />
de la puissance nécessaire, est<br />
choisi. Le bâti existant est<br />
réhabilité : l’ancien préau de<br />
l’école des filles devient un<br />
silo de stockage de 54 m3 ; la<br />
chaufferie se fond dans<br />
l’architecture du village. La<br />
plate forme de stockage de<br />
plaqu<strong>et</strong>tes forestières (tirées<br />
d’un broyage local), située à<br />
2,5 km de la commune,<br />
perm<strong>et</strong> un approvisionnement<br />
par tracteur. Le volume stocké<br />
de 500 m3, couvre largement<br />
la consommation moyenne<br />
annuelle de la chaufferie de<br />
100 tonnes/an, soit 350 m3.<br />
« Une maîtrise des coûts non<br />
négligeable est déjà enregistrée,<br />
cela dans des conditions<br />
de fonctionnement non<br />
optimisées <strong>et</strong> des conditions<br />
climatiques très dures. »<br />
Après un hiver « expérimental<br />
», celui qui vient (<strong>plus</strong><br />
prom<strong>et</strong>teur en terme de<br />
confort <strong>et</strong> d’économies) est<br />
attendu avec impatience.<br />
« ous sommes beaucoup<br />
observés, nous avons donc à<br />
cœur de démontrer la réussite<br />
de ce proj<strong>et</strong> que je voudrais<br />
faire essaimer. » C’est déjà le<br />
cas puisque les entreprises de<br />
l’Ecoparc se chaufferont c<strong>et</strong><br />
hiver, au bois <strong>et</strong> en réseau !<br />
Côté utilisateur :<br />
que des avantages<br />
Chaque sous-station est équipée d’un<br />
compteur en kwh dans chaque bâtiment.<br />
Les agents municipaux relèvent la<br />
consommation en kwh <strong>et</strong> la facture est<br />
établie (avec c<strong>et</strong>te unité de puissance pour<br />
comparer les consommations énergétiques)<br />
par le trésor public chaque mois, sur la<br />
base d’un abonnement <strong>et</strong> de la<br />
consommation réelle de chaque habitant.<br />
« Pour le prochain hiver nous faisons<br />
évoluer la formule : nous partirons sur une<br />
consommation moyenne <strong>et</strong> une<br />
régularisation en fin de saison pour éviter<br />
des factures trop lourdes en cas de grands<br />
froids, ce qui a été le cas l’hiver dernier. »<br />
Une précaution synonyme de <strong>plus</strong> de<br />
confort (aussi) du côté du porte-monnaie<br />
du consommateur ! Pour lui, les avantages<br />
sont nombreux : finis les ramonages, les<br />
salissures, oublié le plombier, les<br />
réapprovisionnements… Chaque bâtiment<br />
étant de <strong>plus</strong> équipé d’un thermostat, les<br />
<strong>plus</strong> frileux pourront le régler à la<br />
température souhaitée. Le chauffage au<br />
bois : que du bonheur !<br />
La question<br />
Les collectivités en capacité<br />
dÊautonomie énergétique⁄<br />
ou pas ?<br />
Jamais les collectivités n’ont disposé<br />
d’autant d’outils pour atteindre c<strong>et</strong><br />
objectif affirme le CAUE. « Elles peuvent<br />
décider de leur avenir ! » C<strong>et</strong>te possibilité<br />
de le faire est-elle toutefois intégrée ?<br />
« C<strong>et</strong>te capacité d’autonomie est nouvelle,<br />
elle doit encore faire son chemin dans les<br />
esprits ; mais l’autonomie énergétique des<br />
territoires, ce n’est <strong>plus</strong> un fantasme !<br />
Restent souvent les blocages financiers. »<br />
Peut-on échapper à un pouvoir central,<br />
être autonome, m<strong>et</strong>tre en place ses<br />
propres énergies ? La question a été posée<br />
à Alain Blanche. « Nous n’avons pas les<br />
moyens, nous dépendons de financements<br />
publics ; si vous n’êtes pas suivi par les<br />
décideurs, vous n’aboutissez pas !<br />
L’exemple de Villeny, parti en 2004 pour<br />
aboutir en 2011 ! Une étude de faisabilité<br />
devrait suffire à caler les choses, pourquoi<br />
tant de temps ? Cela se faisait en région<br />
Centre, en Beauce où il n’y a pas un arbre<br />
; là où 85 % des massifs forestiers sont<br />
concentrés, vous n’aviez pas d’aides pour<br />
soutenir les proj<strong>et</strong>s de leur valorisation en<br />
circuits courts. C’est normal ? Ce n’est<br />
pourtant que du bon sens ! Il y a des<br />
possibilités, sauf que les choses n’évoluent<br />
pas ou très doucement. La méthanisation,<br />
quelque part c’est l’avenir. Mais… » Une<br />
volonté commune des territoires qui<br />
bousculerait les politiques, voilà qui les<br />
ferait avancer ! « Vous y croyez ? »<br />
Alain Blanche estime qu’il faut soutenir les proj<strong>et</strong>s de<br />
valorisation en circuits courts.<br />
Au fil de l’aue – décembre 2011 7
Une question d’environnement dans le département<br />
Les cahiers de l’école<br />
Terres cultivées<br />
Tantôt considérée comme l’ultime refuge<br />
d’une possibilité d’accord harmonieux avec<br />
le monde, tantôt, au contraire, stigmatisée<br />
comme porteuse de toutes les tares<br />
héritées de la techno-industrie,<br />
la campagne présente une variété<br />
d’aspects pratiquement infinie, où tout ce<br />
qui nous semble pérenne est fragile <strong>et</strong> où<br />
le geste le <strong>plus</strong> proche comme la décision<br />
la <strong>plus</strong> lointaine influent directement sur la<br />
forme du paysage. Où en est véritablement<br />
aujourd’hui la fabrique du paysage rural ?<br />
Avec quoi <strong>et</strong> sur quoi travaille-t-elle ?<br />
Et quels sont les enjeux <strong>et</strong> les chances<br />
de proj<strong>et</strong>s qui sauraient faire fonctionner<br />
ensemble <strong>et</strong> se conforter mutuellement<br />
les pratiques culturales <strong>et</strong> la culture<br />
du paysage ?<br />
Prix : 19 €<br />
Se le procurer ? Auprès de l’ENSNP<br />
Un contrôleur de volume<br />
pour lances d’arrosage<br />
Selon l’entreprise loir-<strong>et</strong>-chérienne qui l’a<br />
mis au point, c<strong>et</strong> équipement est : « unique<br />
sur le marché ! » L’arrosage manuel reste<br />
une pratique courante pour<br />
les professionnels de l’horticulture,<br />
des espaces verts <strong>et</strong> les collectivités ;<br />
le contrôleur présenté, aide à améliorer<br />
c<strong>et</strong>te pratique souvent nécessaire. Le<br />
principe est simple, basé sur l’utilisation<br />
d’un compteur <strong>et</strong> d’une vanne électrique :<br />
le volume d’eau à apporter est programmé,<br />
le déclenchement de l’irrigation se fait par<br />
action sur un bouton poussoir, une mesure<br />
automatique du volume d’eau est faite,<br />
les volumes consommés sont<br />
mémorisés <strong>et</strong> l’arrêt de l’arrosage se fait<br />
automatiquement lorsque le volume désiré<br />
est écoulé. Nous reviendrons sur ce procédé<br />
dans une prochaine édition.<br />
L’océan, le climat <strong>et</strong> nous<br />
Une nouvelle exposition temporaire se tient<br />
à la Cité des sciences <strong>et</strong> de l’industrie<br />
jusqu’en juin 2012. Intitulée Océan, climat<br />
<strong>et</strong> nous elle est vouée à l’océan <strong>et</strong> au rôle<br />
qu’il tient dans la régulation du climat.<br />
C<strong>et</strong>te exposition de 1000 m2 s’adresse aux<br />
lycéens <strong>et</strong> collégiens, aux familles<br />
désireuses de sensibiliser leurs enfants<br />
(à partir de 10-11 ans) aux questions<br />
d’environnement. Les adultes sont les<br />
bienvenus aussi, une piqûre de rappel ça ne<br />
fait jamais de mal !<br />
www.cite-sciences.fr<br />
8<br />
Une zone d’activités<br />
« unique », un « vrai<br />
pari à tenir sur le long<br />
terme », une « démarche paysagère<br />
version 3e millénaire<br />
»… C’est en ces termes <strong>et</strong><br />
<strong>plus</strong> encore, que les uns <strong>et</strong> les<br />
autres évoquaient le Parc<br />
A10, à l’époque. Les années<br />
ont passé, les arbrisseaux de<br />
quelques dizaines de centimètres<br />
de haut ont (bien)<br />
poussés. En c<strong>et</strong>te période<br />
automnale, les feuillages<br />
éclaboussent de leurs ors c<strong>et</strong>te<br />
porte d’entrée sur la ville :<br />
vision spectaculaire. Le but<br />
recherché à l’origine.<br />
« L’idée, en matière d’urbanisme,<br />
était d’avoir une entrée<br />
d’agglomération différente<br />
de ce que l’on voit dans<br />
beaucoup de villes : c’est-àdire<br />
<strong>plus</strong> de panneaux publicitaires<br />
que de bâtiments, des<br />
couleurs qui attirent l’œil<br />
mais ne donnent rien d’harmonieux.<br />
ous n’avions<br />
qu’une porte d’entrée, il ne<br />
fallait pas la rater ! » commente<br />
Philippe Brossillon, urbaniste<br />
à la Chambre de commerce<br />
<strong>et</strong> d’industrie de<br />
<strong>Loir</strong>-<strong>et</strong>-<strong>Cher</strong>.<br />
L’architecte urbaniste, Patrick<br />
Bouchain, le paysagiste<br />
Michel Boulcourt, l’Office<br />
national des forêts s’embarquent<br />
dans l’aventure, eux<br />
aussi. « ous sommes partis<br />
du principe qu’il fallait<br />
recréer ce qui existait, d’où ce<br />
boisement de type boqu<strong>et</strong>eau<br />
beauceron qui s’appuie sur<br />
une route d’un côté de la<br />
voie ; de l’autre, nous voulions<br />
une architecture un peu<br />
dense. » Sur ce devant de<br />
scène, les implantations se font<br />
sur la base d’un calibrage imposé<br />
au niveau de la hauteur,<br />
des couleurs (blanc/gris, avec<br />
des constructions à l’alignement,<br />
des parkings à l’arrière <strong>et</strong><br />
« l’obligation de construire à<br />
minima 50 % de la surface acquise<br />
pour un front bâti fort. »<br />
Des contraintes qui auraient<br />
pu constituer un frein. Au<br />
contraire. « Finalement, cela<br />
plaît aux acquéreurs qui s’y<br />
r<strong>et</strong>rouvent. » L’objectif visé ?<br />
Montrer de belles façades !<br />
Première à « jouer le jeu »,<br />
l’entreprise Idec se remarque<br />
par son architecture mais<br />
aussi pour avoir fait entrer la<br />
nature à l’intérieur de ses<br />
murs ! D’autres l’ont rejointe.<br />
Sur l’arrière du boisement,<br />
côté polyclinique, les principes<br />
d’aménagement choisis<br />
sont différents, avec de très<br />
grandes parcelles. « Là, nous<br />
disons : construisez en prenant<br />
du recul <strong>et</strong> sur l’avant m<strong>et</strong>tez<br />
des plantations (graminées,<br />
arbustes…) pour rendre les<br />
parkings invisibles. »<br />
Au cœur du parc<br />
Le parc A 10 s’étend sur<br />
95 ha, « sur lesquels il y a pas<br />
mal de voiries ; 47 ha ont été<br />
Au fil de l’aue – décembre 2011<br />
aménagés pour être cessibles,<br />
il y a aussi les bassins de<br />
rétention <strong>et</strong> enfin 22 ha en<br />
bois <strong>et</strong> une dizaine en prairies.<br />
» Les plants de 40 à 60<br />
cm de haut ont été plantés<br />
avec une densité très forte.<br />
« De façon aléatoire en<br />
mélangeant les essences <strong>et</strong> en<br />
les m<strong>et</strong>tant en terre sans se<br />
poser de question. » Pour<br />
donner du naturel. Sur les<br />
pourtours, des végétaux <strong>plus</strong><br />
bas ont été mis en place,<br />
« pour former des lisières<br />
denses <strong>et</strong> arbustives. » Peu de<br />
pertes enregistrées au final.<br />
« Quelques plants ont souffert<br />
des grignotages des lapins,<br />
sinon tout a pris. » confirme<br />
Philippe Brossillon.<br />
Deux hectares ont été plantés<br />
en résineux , c<strong>et</strong>te fois alignés<br />
pour montrer un exemple<br />
« industriel ». Le cœur du<br />
parc est en prairies <strong>et</strong> le bassin<br />
de rétention des eaux pluviales<br />
a été traité comme un<br />
étang. « Avec de l’argile <strong>et</strong><br />
des bords en terre végétale<br />
engazonnés. » Le résultat est<br />
bluffant ; d’ailleurs des roseaux<br />
l’ont spontanément colonisé.<br />
Le p’tit bois du parc A 10 est<br />
clos. « Le boisement est encore<br />
trop fragile, les arbres ne<br />
sont pas encore matures, nous<br />
allons attendre un p<strong>et</strong>it peu<br />
pour l’ouvrir au public. » S’il<br />
n’y avait le bruit de la circulation<br />
proche, on se croirait en<br />
Le bois du Parc A 10 reste<br />
fermé au public pour l’instant.<br />
«Les plantations sont encore<br />
trop fragiles.» précise Philippe<br />
Brossillon, urbaniste de la CCI.<br />
Dans c<strong>et</strong> environnement<br />
privilégié, les oiseaux, les<br />
abeilles ont élu domicile.<br />
Parc A 10 : qu’y a-t-il derrière le p<strong>et</strong>it bois ?<br />
Il y a 15 ans, 100 000 plants avaient été mis en terre, depuis ils sont devenus des arbres.<br />
Comment a évolué c<strong>et</strong>te coulée verte ? Au fil de l’aue a constaté de visu : c’est une réussite !<br />
Au fil de l’aue, journal d’informations du CAUE 41<br />
34, avenue Maunoury 41000 BLOIS<br />
Tél. 02.54.51.56.50 - www.caue41.fr - contact@caue41.fr<br />
Directeur de la publication : Jean-Marie Janssens<br />
Responsable de l’édition : Emmanuel BROCHARD<br />
Rédactrice : Ann<strong>et</strong>te FLUNEAU<br />
pleine nature loin de toute vie<br />
urbaine. Oiseaux <strong>et</strong> pigeons<br />
ont trouvé un habitat privilégié<br />
dans ce lieu, ainsi que des<br />
ruches. « L’an prochain nous<br />
allons procéder au premier<br />
éclaircissement ; jusqu’ici<br />
nous nous sommes limités à<br />
encadrer la colonisation des<br />
acacias. On va essayer aussi<br />
d’apporter de la lumière aux<br />
résineux. »<br />
Résister aux pressions<br />
Des pressions pour « mordre »<br />
sur c<strong>et</strong> espace, certains y ont<br />
pensé <strong>et</strong> y pensent encore !<br />
« Pour l’instant tout le monde<br />
résiste. La CCI a voulu une<br />
zone valorisante pour les<br />
entreprises, les collectivités,<br />
elle s’y tient ; il faut résister<br />
aux demandes d’im-plantation<br />
d’activités commerciales…<br />
on pourrait mais ce<br />
n’est pas un souhait, d’autres<br />
zones existent. » C<strong>et</strong>te volonté<br />
paysagère collective se<br />
confirme donc une jolie réussite,<br />
avec un côté précurseur<br />
en matière de développement<br />
durable. Philippe Brossillon y<br />
ajouterait une chose avec le<br />
recul : « Des pistes cyclables !<br />
A l’époque on en parlait pas,<br />
aujourd’hui cela s’impose. »<br />
Crédits photos : A. FLUNEAU, Fotolia<br />
Maqu<strong>et</strong>te <strong>et</strong> impression sur papier recyclé :<br />
Alizéa (www.alizea.n<strong>et</strong>)