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La traduction caduque, retraduction et contexte culturel (en ...

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« souffle » de l’œuvre, <strong>et</strong> de traduire l’eff<strong>et</strong> qu’elle a produit sur le protopublic<br />

<strong>en</strong> choisissant des situations, des cadres <strong>et</strong> des atmosphères<br />

analogues ou, autant que possible, limitrophes. C’est le public qui<br />

décidera si, <strong>et</strong> dans quelle mesure, la <strong>traduction</strong> aura réussi à respecter la<br />

valeur « performative » du texte source, car les réactions du public dans<br />

la salle <strong>en</strong>registr<strong>en</strong>t, comme un « sismographe » (Luzi, 1990, p.99), aussi<br />

bi<strong>en</strong> la qualité <strong>et</strong> le résultat du travail de <strong>traduction</strong>, à la différ<strong>en</strong>ce d’une<br />

<strong>traduction</strong> destinée à l’écrit. Bi<strong>en</strong> que certains critiques déclar<strong>en</strong>t<br />

péremptoirem<strong>en</strong>t qu’« (…) il n’est pas vraim<strong>en</strong>t nécessaire de<br />

moderniser Molière » <strong>et</strong> considèr<strong>en</strong>t les t<strong>en</strong>tatives pour actualiser le texte<br />

comme des « impertin<strong>en</strong>ces » 9 , nous p<strong>en</strong>sons qu’une att<strong>en</strong>tion à l’aspect<br />

linguistique, <strong>et</strong> à la performativité du texte, ainsi que certaines<br />

interv<strong>en</strong>tions discrètes du traducteur pour réduire la distance <strong>en</strong>tre le<br />

proto-<strong>contexte</strong> <strong>et</strong> le public contemporain sont pour le moins admissibles<br />

dans une <strong>traduction</strong> qui balance les exig<strong>en</strong>ces philologiques <strong>et</strong> celles<br />

spectaculaires, <strong>en</strong>tre une fidélité au pied de la l<strong>et</strong>tre <strong>et</strong> la nécessité de<br />

r<strong>en</strong>dre ses stratifications aussi compréh<strong>en</strong>sibles que possible pour un<br />

public appelé à faire « l’épreuve de l’étranger », où « tout rapport à soi <strong>et</strong><br />

au “propre” passe radicalem<strong>en</strong>t par le rapport à l’autre » (Berman, 1984,<br />

p. 57), aussi bi<strong>en</strong> d’un point de vue diachronique (il s’agit du montage<br />

d’un spectacle du XVIIe siècle) que diatopique (le public itali<strong>en</strong> assiste à<br />

une représ<strong>en</strong>tation qui se déroule à la cour du Roi Soleil). 10<br />

9 Cf. « Molière <strong>et</strong> ses traducteurs étrangers, Table ronde animé par J.-L. Rivière », in<br />

Sixième Assise de la <strong>traduction</strong> littéraire (Arles 1989), Traduire le théâtre Actes Sud,<br />

1990, pp. 41-68.<br />

10 Une lecture d'<strong>en</strong>semble montre que les <strong>traduction</strong>s de Gino Damerini <strong>et</strong> Bruno<br />

Schacherl calqu<strong>en</strong>t assez fidèlem<strong>en</strong>t le texte de Molière. À la <strong>traduction</strong> de Gino<br />

Damerini font suite, dans l'ordre chronologique, celle de Bruno Schacherl <strong>en</strong> 1992, puis<br />

la <strong>traduction</strong> par Barbara Sommovigo de certains passages des scènes I, IV <strong>et</strong> V. On<br />

s<strong>en</strong>t dans le texte de Sommovigo l'exig<strong>en</strong>ce de « réformer » le proto-texte, de le r<strong>en</strong>dre<br />

linguistiquem<strong>en</strong>t plus proche de notre temps, bi<strong>en</strong> que c<strong>et</strong>te version soit un échantillon<br />

d'analyse limité puisque nous ne savons pas comm<strong>en</strong>t la traductrice se serait comportée<br />

<strong>en</strong> ce qui concerne les scènes comiques <strong>et</strong> des imitations que nous examinerons dans les<br />

autres <strong>traduction</strong>s. C'est, <strong>en</strong> paraphrasant la traductrice, un choix d'extraits conçu pour<br />

prés<strong>en</strong>ter « une réflexion fine sur l’univers théâtral » (p. 182).<br />

Il est difficile de comparer le texte de Guglielmo Guidi, intitulé L'improvvisazione<br />

di Versailles, non seulem<strong>en</strong>t avec le texte source, mais aussi avec les autres <strong>traduction</strong>s,<br />

dans la mesure où il s'agit d'une véritable réécriture qui va même au-delà des formes de<br />

l'adaptation : la suppression, l'adjonction <strong>et</strong> la substitution (Guidère, 2010, p. 86).<br />

Premier m<strong>et</strong>teur <strong>en</strong> scène-auteur-traducteur à avoir monté l'Impromptu de<br />

Versailles pour la scène itali<strong>en</strong>ne, Guidi, que nous remercions pour avoir mis à notre<br />

disposition le scénario de sa pièce, écrit une œuvre complètem<strong>en</strong>t nouvelle qui, bi<strong>en</strong><br />

qu'elle ait <strong>en</strong> commun avec l'original les personnages <strong>et</strong> le fond scénique, ne fait pas<br />

référ<strong>en</strong>ce aux prises de position du dramaturge sur l'état de son art, à ses t<strong>en</strong>tatives de<br />

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