01.07.2013 Views

La traduction caduque, retraduction et contexte culturel (en ...

La traduction caduque, retraduction et contexte culturel (en ...

La traduction caduque, retraduction et contexte culturel (en ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Un point sur lequel les exégètes <strong>et</strong> les traducteurs sont d’accord <strong>en</strong><br />

ce qui concerne la spécificité de la littérature québécoise est<br />

l’interrogation constante sur la langue. Lise Gauvin appelle cela « la<br />

surconsci<strong>en</strong>ce linguistique de l’écrivain » (Gauvin, 2000 : p.8),<br />

définissant ainsi le questionnem<strong>en</strong>t <strong>et</strong> la réflexion perpétuels des auteurs<br />

québécois sur le statut de leur écriture, sur leur id<strong>en</strong>tité, sur la langue<br />

française qu’ils utilis<strong>en</strong>t comme vecteur de leur id<strong>en</strong>tité de<br />

francophones vivant <strong>en</strong> Amérique du nord ou bi<strong>en</strong> d’Américains<br />

s’exprimant <strong>en</strong> français. En eff<strong>et</strong>, comme H<strong>en</strong>ri<strong>et</strong>te Walter l’affirmait<br />

dans un ouvrage de référ<strong>en</strong>ce, au Canada on parle une « variété du<br />

français » qui prés<strong>en</strong>te des particularités au niveau de la prononciation,<br />

de même qu’au niveau lexical. (Walter, 1998 : p. 146-150) Sur l’autre<br />

bord de l’Atlantique, le français a gardé des formes anci<strong>en</strong>nes « depuis<br />

longtemps oubliées <strong>en</strong> France » (Dimitriu-Panaitescu, 2011 : p. 11).<br />

D’autre part, c<strong>et</strong>te langue a <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré des formes nouvelles « inspirées »<br />

par les langues amérindi<strong>en</strong>nes autochtones <strong>et</strong> par la langue du « grand<br />

voisin », selon la même linguiste. Par conséqu<strong>en</strong>t, le traducteur des<br />

auteurs québécois se trouvera confronté principalem<strong>en</strong>t aux<br />

québécismes, termes d’origines diverses, qui font partie du fond lexical<br />

québécois, comme l’affirme Maria Pavel dans le réc<strong>en</strong>t <strong>et</strong> fort utile<br />

Dictionnaire de francophonie canadi<strong>en</strong>ne coordonné par Corina<br />

Dimitriu-Panaitescu. R<strong>et</strong><strong>en</strong>u depuis 1985 par L’Office Québécois de la<br />

<strong>La</strong>ngue Française, le mot québécisme a donc une typologie spécifique :<br />

a) québécismes originaires du vieux fond français (achalandage, avantmidi,<br />

batture, brunante, <strong>et</strong>c.) ; b) québécismes de création locale, qui<br />

ont été créés pour définir une réalité locale (homardier, cégep, <strong>et</strong>c.) ;<br />

emprunts (à l’anglais ou à d’autres langues : lunch, match, game, bagel,<br />

taboulé, <strong>et</strong>c.). (Dimitriu-Panaitescu, 2011 : p. 638-639).<br />

Dans la <strong>traduction</strong> des textes littéraires du Canada français, le<br />

traducteur devra toujours t<strong>en</strong>ir compte du jeu subtil <strong>en</strong>tre la valeur<br />

dénotative <strong>et</strong> la valeur connotative de divers termes spécifiques à c<strong>et</strong>te<br />

culture, car la <strong>traduction</strong> de ces textes suppose égalem<strong>en</strong>t une bonne<br />

familiarisation avec la francophonie nord-américaine <strong>et</strong> avec les divers<br />

élém<strong>en</strong>ts qui <strong>en</strong> compos<strong>en</strong>t l’id<strong>en</strong>tité.<br />

Un des textes fondateurs de c<strong>et</strong>te littérature, publié <strong>en</strong> 1916, vite<br />

dev<strong>en</strong>u un best-seller mondial, est Maria Chapdelaine, dont l’auteur est<br />

le Français Louis Hémon, auto-exilé au Québec à la recherche d’espaces<br />

sauvages <strong>et</strong> de séjours <strong>en</strong> pleine nature.<br />

C’est un roman dur <strong>et</strong> fort, l’histoire d’une jeune fille, Maria, qui<br />

consume sa jeunesse dans une campagne r<strong>et</strong>irée du Québec, à<br />

Péribonka. Belle <strong>et</strong> saine, c<strong>et</strong>te fille de dix-neuf ans a trois prét<strong>en</strong>dants :<br />

Eutrope Gagnon, le paysan solitaire de la concession voisine ; Lor<strong>en</strong>zo<br />

129

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!