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La traduction caduque, retraduction et contexte culturel (en ...

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D’autre part, « les ciblistes», qui privilégi<strong>en</strong>t le texte cible, sont<br />

m<strong>en</strong>acés par le danger de l’<strong>et</strong>hnoc<strong>en</strong>trisme.<br />

L’un des plus importants promoteurs, Jean R<strong>en</strong>é <strong>La</strong>dmiral, attire<br />

l’att<strong>en</strong>tion de ne pas surestimer l’altérite <strong>culturel</strong>le de l’œuvre étrangère,<br />

tout <strong>en</strong> proposant d’acclimater, de naturaliser le texte source :<br />

Le texte source, étranger, est une sorte d’immigré qui va bénéficier<br />

d’une naturalisation lui ouvrant la voie d’une intégration à part <strong>en</strong>tière,<br />

ainsi la <strong>traduction</strong> va-t-elle perm<strong>et</strong>tre d’assimiler l’œuvre étrangère à<br />

notre langue-culture, dans une perspective cibliste. 21<br />

Même si la dim<strong>en</strong>sion <strong>culturel</strong>le occupe une place importante dans<br />

ses ouvrages, <strong>La</strong>dmiral veut m<strong>et</strong>tre <strong>en</strong> exergue notamm<strong>en</strong>t la primauté<br />

littéraire d’une œuvre :<br />

Surtout, l’obj<strong>et</strong> de la <strong>traduction</strong> n’est pas l’étrang<strong>et</strong>é <strong>culturel</strong>le <strong>et</strong><br />

linguistique d’un texte source, mais sa singularité <strong>en</strong> tant qu’œuvre ;<br />

quoiqu’il <strong>en</strong> soit de sa spécificité <strong>culturel</strong>le, l’<strong>en</strong>jeu d’un texte littéraire<br />

n’est pas <strong>culturel</strong>, mais littéraire. 22<br />

Sur la même lignée, dans son ouvrage <strong>La</strong> <strong>traduction</strong>, Michael<br />

Oustinoff affirme que, dans le cas des textes artistiques, la fonction<br />

communicative est subordonnée à la fonction poétique, donc le s<strong>en</strong>s à la<br />

forme <strong>et</strong> il se demande <strong>en</strong>suite :<br />

Faut-il traduire les textes littéraires de manière cibliste (comme<br />

s’ils avai<strong>en</strong>t été écrits dans la langue cible) ou de manière sourcière<br />

(<strong>en</strong> laissant apparaître les formes de la langue source) ? <strong>La</strong> question<br />

n’a pas beaucoup de s<strong>en</strong>s posée <strong>en</strong> ces termes, pas plus que celle qui<br />

consiste à demander s’il faut traduire la l<strong>et</strong>tre (qui tue) ou l’esprit (qui<br />

vivifie). Poser la question ainsi, c’est présupposer que l’on puisse<br />

séparer le s<strong>en</strong>s de la forme [….]. 23<br />

Et il arrive à la conclusion que « traduire le s<strong>en</strong>s sans la forme est<br />

impossible » 24 .<br />

21<br />

Jean R<strong>en</strong>é <strong>La</strong>dmiral, « Le salto mortale de traduire » in <strong>La</strong> <strong>traduction</strong> littéraire,<br />

Presses Universitaires de Ca<strong>en</strong>, 2006, p. 59.<br />

22<br />

Jean R<strong>en</strong>é <strong>La</strong>dmiral, « Le prisme inter<strong>culturel</strong> de la <strong>traduction</strong> » in Palimpsestes,<br />

Traduire la culture, N° 11, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 1998, p. 26.<br />

23 Michael Oustinoff, <strong>La</strong> <strong>traduction</strong>, Paris, PUF, 2003, p. 122.<br />

24<br />

Ibidem.<br />

122

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