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La traduction caduque, retraduction et contexte culturel (en ...

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Dans une phrase comme « Les murs m<strong>en</strong>açants de c<strong>et</strong>te bicoque<br />

semblai<strong>en</strong>t avoir été bariolés d’hiéroglyphes. » le traducteur Sanielevici<br />

supprime l’épithète « m<strong>en</strong>açants », assez suggestive pour le <strong>contexte</strong><br />

ainsi que le terme « bicoque », familier <strong>et</strong> très connoté. Un autre trait<br />

spécifique pour la <strong>traduction</strong> de c<strong>et</strong>te époque – fin du XIX e siècle – est<br />

la t<strong>en</strong>dance à l’explicitation, t<strong>en</strong>tation qui se mainti<strong>en</strong>t même de nos<br />

jours dans l’acte traductif (H<strong>en</strong>ri Meschonnic, 2004 :15). Ainsi pour<br />

r<strong>en</strong>dre l’unité « un gr<strong>en</strong>ier <strong>et</strong> sa lucarne sans appui », Sanielevici a-t-il<br />

eu recours à une explicitation un peu redondante <strong>et</strong> à une suppression :<br />

« unui pod şi oblonul făcut p<strong>en</strong>tru pătrunderea luminii într’însul » (le<br />

gr<strong>en</strong>ier <strong>et</strong> sa f<strong>en</strong>être pratiquée pour faire <strong>en</strong>trer la lumière dedans), où<br />

l’unité « sans appui » n’est pas traduite ; les autres traducteurs ont su<br />

éviter ce piège, <strong>en</strong> proposant des solutions comme « al ferestrei, fără<br />

prichici » (Celarianu) <strong>et</strong> « ferestruicii lui fără prichici » (Martinescu 1,<br />

2) bonnes toutes les deux par leurs précision <strong>et</strong> économie. Il est à<br />

remarquer que le terme « lucarna » (lucarne) existe <strong>en</strong> roumain comme<br />

terme d’architecture <strong>et</strong> il pourrait être une solution acceptable dans ce<br />

<strong>contexte</strong> où les termes techniques sont nombreux <strong>et</strong> suiv<strong>en</strong>t les p<strong>en</strong>chant<br />

<strong>et</strong> goût <strong>en</strong>cyclopédiques prés<strong>en</strong>ts chez Balzac.<br />

On signale aussi un contres<strong>en</strong>s : pour r<strong>en</strong>dre l’unité « […]X <strong>et</strong> V<br />

[…] dessinées dans le badigeon par de p<strong>et</strong>ites lézardes parallèles »<br />

Sanielevici, trompé par le rapprochem<strong>en</strong>t « lézard » (reptile) <strong>et</strong><br />

« lézarde » (fissure) représ<strong>en</strong>te des reptiles sur le mûr « […] X şi Y […]<br />

zugrăvite şopîrle paralele » ; ce contres<strong>en</strong>s est repris dans la version de<br />

Celarianu, qui semble bi<strong>en</strong> connaître la version de son prédécesseur <strong>et</strong><br />

même s’<strong>en</strong> inspirer : « X-uri şi Y-uri […] des<strong>en</strong>ate în spoială prin mici<br />

şopîrle paralele » <strong>et</strong> c’est seulem<strong>en</strong>t Martinescu qui, dès sa première<br />

version roumaine, à ce récit corrige l’erreur <strong>et</strong> donne une solution<br />

correcte, <strong>en</strong> évoquant des fissures dans le badigeon <strong>et</strong> non pas des<br />

reptiles : « acelor X-uri şi V-uri […] des<strong>en</strong>ate în t<strong>en</strong>cuială de<br />

n<strong>en</strong>umărate mici crăpături paralele ».<br />

Rev<strong>en</strong>ons à l’unité descriptive qui prés<strong>en</strong>te dès le premier<br />

paragraphe de l’incipit le bâtim<strong>en</strong>t à valeur emblématique, posé par le<br />

titre : « Les murs m<strong>en</strong>açants de c<strong>et</strong>te bicoque » ; la meilleure solution<br />

pour c<strong>et</strong>te unité est, selon nous, dans la dernière version de Martinescu,<br />

notamm<strong>en</strong>t « zidurile acestei case părăginite care stăteau să cadă » où le<br />

traducteur a besoin d’une structure analytique bi<strong>en</strong> suggestive (maison<br />

délabrée) pour r<strong>en</strong>dre une synthétique « bicoque » tandis que dans sa<br />

première <strong>traduction</strong> il se cont<strong>en</strong>te du terme « vechituri » (vieillerie), un<br />

peu trop vague « pereţii acestei vechituri ce stăteau să cadă » ; la<br />

solution de Celarianu « zidurile am<strong>en</strong>inţătoare ale acestei cocioabe » est<br />

peu adéquate car le terme cocioabă r<strong>en</strong>voie à une demeure de p<strong>et</strong>ite<br />

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