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La traduction caduque, retraduction et contexte culturel (en ...

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Ce travail repris à l’infini par ce qu’on pourrait appeler un<br />

R<strong>et</strong>raducteur avec majuscule, pour r<strong>en</strong>dre hommage à celui qui s’attelle,<br />

à tout temps <strong>et</strong> <strong>en</strong> tout pays, pour <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong>core une <strong>traduction</strong><br />

pour un texte déjà traduit, a une mission ess<strong>en</strong>tielle <strong>en</strong>vers le texte<br />

original, lui assurant la lisibilité auprès du public, toujours autre :<br />

« R<strong>et</strong>raduire est véritablem<strong>en</strong>t un acte d’actualisation d’un texte, fondé<br />

sur une nouvelle lecture <strong>et</strong> une nouvelle écriture. » (Chevrel, 2010 : 14)<br />

A part c<strong>et</strong>te fonction d’actualisation, on remarque aussi celle<br />

d’intégration car la re<strong>traduction</strong> contribue à « ancrer toujours davantage<br />

l’œuvre étrangère dans le patrimoine national du pays d’accueil »<br />

(idem : 17)<br />

C<strong>et</strong>te idée préoccupe aussi Robert Kahn <strong>et</strong> Catriona S<strong>et</strong>h qui<br />

voi<strong>en</strong>t dans la re<strong>traduction</strong> un moy<strong>en</strong> d’<strong>en</strong>richir le patrimoine de la<br />

culture d’accueil mais égalem<strong>en</strong>t une preuve « de l’inv<strong>en</strong>tivité, de la<br />

plasticité, de la mobilité de la langue » (Kahn, S<strong>et</strong>h, 2010 : 9).<br />

A part ce regard des théorici<strong>en</strong>s <strong>et</strong> des pratici<strong>en</strong>s de la<br />

re<strong>traduction</strong>, on doit ajouter celui éditorial sur le même phénomène qui<br />

montre que, malgré la t<strong>en</strong>dance visible des années 80 d’actualiser les<br />

grands classiques, les éditeurs rest<strong>en</strong>t prud<strong>en</strong>ts <strong>et</strong> ne font r<strong>et</strong>raduire que<br />

les auteurs qui se v<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> (Argand, 1997 : 39). Si l’on j<strong>et</strong>te un coup<br />

d’œil sur quelques <strong>traduction</strong>s faites par de grands écrivains, on constate<br />

des omissions, modifications ou distorsions importantes, ce qui réclame<br />

impérativem<strong>en</strong>t une re<strong>traduction</strong>, même si telle <strong>traduction</strong> faite de main<br />

de maître reste dans l’histoire littéraire : Giono élimine les passages<br />

avec des termes techniques maritimes de Moby Dick de Melville,<br />

Marguerite Yourc<strong>en</strong>ar r<strong>en</strong>d Les Vagues de Virginia Woolf, <strong>en</strong><br />

s’éloignant de sa s<strong>en</strong>sitivité, Gide traduit Dostoïevski sans vraim<strong>en</strong>t<br />

connaître le russe <strong>et</strong> Proust donne sa version de Ruskin à l’aide d’une<br />

<strong>traduction</strong> littérale de sa mère, à « coup de dictionnaires <strong>et</strong> d’intuition »<br />

(Sénécal, 1997 : 43). Ce dernier reconnaît d’ailleurs qu’il ne sait pas<br />

vraim<strong>en</strong>t l’anglais mais il prét<strong>en</strong>d savoir bi<strong>en</strong> Ruskin, comme ci c’était<br />

un idiome à part <strong>et</strong> d’ailleurs sa version de la Bible d’Ami<strong>en</strong>s joue<br />

beaucoup dans la g<strong>en</strong>èse de la Recherche du temps perdu.<br />

Pour rester dans la vision éditoriale sur la re<strong>traduction</strong>, on va<br />

remarquer que le terme « re<strong>traduction</strong> » ne figure pas sur la page de<br />

titre, mais il se trouve dans des formules, souv<strong>en</strong>t publicitaires, pour<br />

faire compr<strong>en</strong>dre au public qu’il s’agit d’une première <strong>traduction</strong> (par<br />

exemple, sur la bande, apparaît un énoncé comme « Traduction<br />

longtemps att<strong>en</strong>due d’un essai consacré au travail de l’artiste Hans<br />

Haacke par John Walton, Howard Becker », ou sur la couverture<br />

« Première <strong>traduction</strong> française pour le roman <strong>La</strong> Femme congelée<br />

traduit du norvégi<strong>en</strong> par Eric Eydoux, chez Presses Universitaires de<br />

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