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La traduction caduque, retraduction et contexte culturel (en ...

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selon Berman, la marque distinctive de la grande <strong>traduction</strong> qui a le<br />

pouvoir de changer le rapport à l’original, surtout dans les cas où des<br />

mutations se sont produites <strong>en</strong>tre temps dans la culture d’accueil.<br />

L’exemple donné par Berman – la <strong>traduction</strong> presque littérale de<br />

l’Eneide <strong>en</strong>treprise par Klossowski au mom<strong>en</strong>t où la culture cible<br />

réfléchit à nouveau au rapport <strong>en</strong>tre mythe <strong>et</strong> logos – <strong>traduction</strong> qui, par<br />

son littéralisme, fait justem<strong>en</strong>t résonner le logos épique <strong>en</strong> français est<br />

un bon exemple de mom<strong>en</strong>t <strong>culturel</strong> favorisant pour une re<strong>traduction</strong> qui<br />

s’avère être aussi grande <strong>traduction</strong>.<br />

Un chercheur comme Jean-R<strong>en</strong>é <strong>La</strong>dmiral qui n’a pas de façon<br />

exprès réfléchi à la re<strong>traduction</strong>, la considère, <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> compte les<br />

idées de Meschonnic <strong>et</strong> Berman comme « une deuxième <strong>traduction</strong> de<br />

qualité, par rapport à une première qui ne serait pas suffisante. ». Il<br />

souligne le but au moins double du r<strong>et</strong>raduire :<br />

En somme, r<strong>et</strong>raduire serait à la fois traduire à nouveau <strong>et</strong> corriger<br />

<strong>en</strong> même temps. Quand on dit réécrire, cela ne veut pas dire écrire une<br />

seconde fois, mais écrire mieux, c’est vrai qu’il y a l’ambiguïté d’un<br />

double s<strong>en</strong>s possible. <strong>La</strong> re<strong>traduction</strong> c’est donc la <strong>traduction</strong> du même<br />

texte une seconde fois <strong>et</strong>, <strong>en</strong> même temps, c’est une <strong>traduction</strong> corrigée,<br />

<strong>et</strong> cela ti<strong>en</strong>t au double, ou triple s<strong>en</strong>s du préfixe « re » […]. (<strong>La</strong>dmiral,<br />

2010 : 19-20).<br />

Il accorde une att<strong>en</strong>tion particulière au rôle de la subjectivité dans<br />

le traduire qui laisse toujours des traces dans le texte d’arrivée <strong>et</strong> à la<br />

tâche de la première <strong>traduction</strong> vis-à-vis du public par l’élargissem<strong>en</strong>t<br />

de son horizon <strong>culturel</strong> qui prépare, de la sorte, le terrain à la<br />

re<strong>traduction</strong> :<br />

Il est certain que, s’agissant d’un texte lointain, lointain par sa<br />

langue, par sa culture première, par le « frisson nouveau » qu’il introduit<br />

dans la littérature, la première <strong>traduction</strong> qu’on <strong>en</strong> fait ira à<br />

l’acclimater ; <strong>et</strong> ça n’est pas illégitime. Si c<strong>et</strong>te première <strong>traduction</strong> est<br />

bi<strong>en</strong> reçue, on peut s’appuyer sur c<strong>et</strong>te première <strong>traduction</strong> pour <strong>en</strong> faire<br />

une qui va importer plus de choses, qui va moins laisser perdre de<br />

choses du texte original, parce que l’horizon d’att<strong>en</strong>te littéraire <strong>et</strong><br />

<strong>culturel</strong> des lecteurs est élargi […]. (<strong>La</strong>dmiral : 20)<br />

Le point de vue de l’histori<strong>en</strong> de la <strong>traduction</strong>, formulé ça <strong>et</strong> là par<br />

Michel Ballard porte notamm<strong>en</strong>t sur le côté ouvert de la <strong>traduction</strong>, les<br />

motivations différ<strong>en</strong>tes de telle ou telle <strong>traduction</strong> de la Bible dans<br />

l’Antiquité <strong>et</strong> de nos jours <strong>et</strong> fait remarquer, <strong>en</strong> tout temps, le côté<br />

provocateur <strong>et</strong> contestataire de la <strong>traduction</strong> / re<strong>traduction</strong> : « L’histoire<br />

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