Ville morte La _Korngold.wps - Livret d'opéra
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DIE TOTE STADT LA VILLE MORTE<br />
<strong>Korngold</strong><br />
<strong>Livret</strong> de Paul Schott, d’après le roman de G.Rodenbach, Bruges la Morte.<br />
----------------------<br />
ARGUMENT<br />
L'action a lieu à Bruges à la fin du dix-neuvième siècle. <strong>La</strong> vision, quant à elle (L’Acte IlI et la première partie<br />
de l'Acte III), est censée avoir lieu plusieurs semaines après les événements de l'Acte I.<br />
ACTE I<br />
A Bruges, Paul pleure la disparition de sa jeune femme, Marie. Cette ville <strong>morte</strong>, dont les cloches, les vieilles<br />
maisons délabrées, les eaux dormantes, les églises et les cloîtres obscurs rappellent sans cesse la mort et l'aspect<br />
transitoire de l'existence, est devenue pour lui le symbole de la <strong>morte</strong> et du passé. Dans une pièce de sa maison - un<br />
"temple du souvenir"- il conserve tout ce qui peut lui rappeler sa bien-aimée: de vieux meubles, des reliques, des<br />
photos, un grand tableau qui la représente tenant un luth, et surtout une épaisse mèche de ses cheveux dorés, qui,<br />
soigneusement préservée, brille à l'intérieur d'un coffret en verre, ces précieux cheveux dont il adorait le parfum et<br />
la beauté. II reçoit la visite de Frank, qui est juste arrivé à Bruges et trouve son ami dans un étrange état de crise.<br />
Paul vient en effet de rencontrer une femme dont la ressemblance frappante avec la défunte l'a plongé dans un profond<br />
état d'excitation et de perplexité; il n'a pu résister au désir de l'inviter chez lui car il veut la voir traverser<br />
"la chambre de Marie" pour assister au retour de la vie.<br />
Marietta, une danseuse lilloise, entre enfin. Elle chante, en s'accompagnant au luth, un chant "d'amour fidèle qui<br />
doit mourir" qui revêt une grande signification aux yeux de Paul. Elle danse devant le veuf dont tous les sens sont en<br />
éveil. Il se laisse séduire et essaie d'embrasser la jeune femme, mais tout en voulant lui échapper, celleci emporte<br />
avec elle le rideau qui recouvrait le portrait de sa femme. N'est-ce pas elle, Marietta, sur ce portrait? Le même châle,<br />
le même luth? Mais elle ne doit pas arriver en retard à la répétition: elle joue Hélène dans Robert le Diable de<br />
Meyerbeer. Paul la laisse partir, déchiré entre sa loyauté à l'égard de sa chère Marie et son désir nouvellement apparu.<br />
C'est dans cet état de tension extrême qu'il a une vision: Marie descend du portrait, obéissant à la conscience et<br />
à l'imagination de son mari. Il lui est demeuré loyal, dit-il, sa chevelure garde la maison. Puis le fantôme disparaît<br />
lentement: "Sort dans la vie, quelqu'un d'autre t'appelle... vois et comprends..." Et au lieu de Marie, il voit soudain<br />
Marietta, qui danse dans l'abandon le plus complet.<br />
ACTE II<br />
<strong>La</strong> vision continue. Paul s'imagine, la nuit, sur un quai solitaire en face de la maison de Marietta. Il observe et<br />
confie aux "confesseurs d'acier"-les cloches de Bruges-le trouble intense de son âme envahie par la crainte et la culpabilité.<br />
Dans sa recherche de l'âme de son épouse défunte, il est devenu l'esclave du corps d'une vivante, à la fois<br />
subjugué et repoussé par ses vices.<br />
Il rencontre Brigitta, désormais novice parmi un groupe de béguines, elle, sa vieille et fidèle servante, qui l'a<br />
quitté après qu'il eut rompu son serment de fidélité à l'égard de sa femme. Soudain, une étrange silhouette s'approche<br />
de la demeure: Franck! Lui aussi a succombé aux charmes de la séductrice. Paul arrache alors la clé des mains de son<br />
ami... qui devient son ennemi.<br />
Tout en riant et en chantant, des membres de la troupe de Marietta approchent en bateau. Paul se dissimule et tend<br />
l'oreille. Un nouveau rêve d'abord assez gai prend forme: quelqu'un fait la cour à Marietta puis elle apparaît au bras<br />
du danseur Gaston. Tous sont très joyeux, boivent et chantent `A bas Bruges!" Puis Marietta leur suggère de répéter en<br />
plein air la scène d'Hélène de la pièce qu'ils doivent bientôt interpréter. Victorin, le metteur en scène, siffle le<br />
motif de la résurrection de Robert le Diable. De la cathédrale voisine monte le son de l'orgue, et dans le cloître,<br />
les béguines s'approchent des fenêtres comme autant de témoins fantomatiques et silencieux. Des nuages orageux passent<br />
dans le ciel, et les cloches sonnent interminablement. On a l'impression que cette ville pieuse et <strong>morte</strong> se gonfle<br />
dans un désir de protestation. Lorsque Marietta, ou plutôt Hélène, quitte le banc, censé représenter un cercueil, et<br />
se dirige vers Gaston en interprétant une danse pleine de séduction, Paul se précipite vers elle; il n'a pu supporter<br />
que Marietta tourne en ridicule la séquence de la résurrection, une notion sainte à ses yeux. "Toi, une ressuscitée!<br />
jamais!" Marietta renvoie alors ses amis et reste seule avec Paul, qui la couvre d'invectives, lui révèle les sentiments<br />
qu'il avait jusque-là tenus bien cachés et lui dit surtout qu'en elle il n'avait aimé que le souvenir de sa femme.<br />
Profondément blessée, Marietta décide de se battre contre sa rivale défunte. Elle rassemble tous ses pouvoirs de<br />
séduction et attire une fois de plus Paul auprès d'elle. Incapable de se contrôler, celui-ci se rend. Il exprime le<br />
désir d'entrer dans la demeure, mais Marietta refuse: allons plutôt "dans ta maison, dans sa maison". Là, elle souhaite<br />
passer la nuit auprès de lui et bannir à jamais le fantôme...<br />
ACTE III<br />
Le lendemain matin, Paul trouve Marietta dans la chambre de Marie, où elle examine le portrait d'un air triomphant.<br />
C'est le jour de la grande procession religieuse, et Marietta veut la voir passer de la fenêtre de cette pièce. De l'<br />
extérieur montent le chant des enfants réunis et les premières mesures de la marche mytérieuse qui accompagne la procession.<br />
Fasciné par cette cérémonie passionnante, Paul se laisse aller à décrire la procession: viennent tout d'abord<br />
les enfants, habillés de robes blanches et scintillantes, puis les moines, qui portent des statues et des bannières;<br />
ils sont suivis du groupe historique, représenté par des citadins habillés en chevaliers qu'on croirait tout droit<br />
sortis d'un tableau de Memling ou de Van Eyck. Et lorsqu'apparaît l'évêque, présentant la châsse dorée, tous s'agenouillent,<br />
Paul y compris. Marietta l'observe avec ironie. Comme il est pieux! Elle est alors saisie d'un besoin démoniaque<br />
de profaner ses sentiments et de les étouffer sous son pouvoir de séduction érotique. Il faut que Paul l'embrasse,<br />
immédiatement, ici même. Mais il la repousse avec un geste de dégoût. Une fois de plus, il est envahi par des<br />
sentiments contradictoires et observe la procession qui s'avance vers la pièce d'un air menaçant. Mais Marietta se moque<br />
de lui et de ses superstitions. Tout en se maîtrisant, Paul défend solennellement sa foi dans l'amour et la loyauté,<br />
ce qui provoque plus encore la jeune femme. Elle l'accuse alors brutalement d'hypocrisie et de faiblesse. Paul lui<br />
crie de partir mais elle refuse et se dirige vers le portrait de Marie. "<strong>La</strong> lutte commence: la vie contre la mort!"<br />
Puis elle découvre le coffret de cristal contenant les cheveux de la <strong>morte</strong>: 'Ah, ses cheveux!" Paul essaie de lui arracher<br />
la mèche des mains, mais Marietta l'enroule autour de son cou et se met à danser en riant d'un rire ironique.<br />
Hors de lui, Paul se précipite sur elle, la renverse et l'étrangle avec la tresse. "Maintenant elle est exactement<br />
comme elle... Marie!"<br />
<strong>La</strong> pièce est plongée dans l'obscurité: la vision est terminée. Le jour revient très lentement et Paul se réveille.<br />
II voit la mèche de cheveux, intacte, dans le coffret. Brigitta lui annonce que la femme qui lui a rendu visite a fait<br />
1
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
demi-tour; pourtant, Marietta entre (elle a oublié son parapluie et ses roses): "un signe qui m'indique de rester?"<br />
Mais Paul restant silencieux, elle sourit, hausse les épaules et repart. A la porte elle rencontre Frank, qui s'incline<br />
devant elle "C'était cela, le miracle?" C'était bien le miracle: Paul ne la reverra pas. Un rêve d'une réalité<br />
amère a détruit son imagination. "Jusqu'à quel point peut-on regretter les disparus sans se détruire soi-même?" Paul<br />
quittera Bruges, la cité de la mort. Ici, sur terre, il n'y a pas de réunion possible avec ceux qui nous ont quittés,<br />
pas de résurrection.<br />
-----------------------<br />
Personnages<br />
PAUL MARIETTA, danseuse<br />
APPARIZIONE DI MARIE, moglie defunta di Paul FRANK, ami di Paul<br />
BRIGITTA, gouvernante de Paul CONTE ALBERT<br />
JULIETTE, danseuse ]<br />
LUCIENNE, danseuse ]<br />
GASTON, danseur ] de la compagnii de Marietta<br />
VICTORIN, metteur en scène ]<br />
FRITZ, le Pierrot ]<br />
-------------------<br />
ERSTES BILD PREMIER TABLEAU<br />
Bei Paul. Ein kleines Gemach von geringer Tiefe mit Chez Paul. Un appartement peu spacieux,avec un lourd mo-<br />
alten schweren Möbeln. Der düstere Eindruck langer Unbe- bilier ancin, baignant dans une atmosphère sombre d’un lieu<br />
nütztheit und Unbewohntheit liegt darüber. Die rückwär- non utilisé et non habité depuis longtemps. Le mur du fond<br />
tige Wand bildet zwei vorspringende Ecken; den Raum zwi- forment deux angles sortant. L’espace entre ces angles est<br />
schen diesen Ecken nehmen drei bis vier zur allgemeinen occupé par trois ou quatre marches qui mènent à la porte d’<br />
Auftrittstüre führende Stufen ein, deren oberste so breit entrée principale: la marche supérieure, plus étendue forme<br />
ist, dass sie eine Art Podium darstellt. Links (vom Zus- une sorte de podium. A droite (rapport aux spectateurs) une<br />
chauer) ein in die Wand eingebauter Schrank mit Spiegel. armoire murale plaquée de miroirs. De vieux bibelots et des<br />
Gestelle mit alten Nippes und Photographien in Rahmen. photos encadrées sur les étagères. Sur la tablette un cof-<br />
Auf einem Tischchen eine Glastürze mit abhebbarem Deckel, fret en verre avec un ouvercle admovible à la façon des ou-<br />
in der Art der Glasstürze alter Uhren, darin eine Haar- des horloges ancinnes, contenant une tresse de cheveux. A<br />
flechte. Links die Türe, die in Mariens Zimmer führend zu droite une porte que l’on pense mener à la chambre de Marie<br />
denken ist. Die linke vorspringende Wand nimmt ein blu- Sur le mur de gauche est accroché un portrait de Marie avec<br />
menbekränztes, lebensgrosses auf den Boden reichendes Por- châle et un luth, grandeur nature, qui descend jusqu’au<br />
trait Mariens mit Shawl und <strong>La</strong>ute ein; davor ein Vorhang plancher, et qui est orné d’une couronne de fleurs. Devant<br />
(in einer Messingstange, die nur an einem Ende befestigt le tableau un drap soutenu par une tringle de laiton fixée<br />
ist, so dass sie mit dem Vorhang leicht nach vorne zu seulement d’un côté de ma,ière à pouvoi enlever le drap fa-<br />
drehen ist und das Bild sichtbar wird. Blumen auch an Türe cilement pour voir le portrait. Des fleurs aussi sur la<br />
und den übrigen Photographierahmen. Breites Fenster rechts porte et sur les corniches des photographies. A droite une<br />
nach der Strasse mit alten Spitzengardinen. In dessen Nähe grande fenêtre avec un rideau de dentelle donnant sur la<br />
ein Fauteuil. In der Ecke (im Vordergrund) Tisch mit Sofa- rue. A côté d’elle un faureuil. Dans l’angle droit(au pre-<br />
garnitur. Eine <strong>La</strong>ute an der Wand. – Sonniger Spätherbst mier plan) un table et un sofa. Un luth est pendu au mur.<br />
nachmittag. C’est la fin d’après-midi ensoleillée d’un automne attardé<br />
- Erste Szene - Scène 1<br />
BRIGITTA (schliesst von aussen auf und lässt Frank BRIGITTA (ouvrant la porte de l’extérieur et laissant fai-<br />
eintreten) sant entrer Frank)<br />
Behutsam! Hier ist alles alt, gespenstig. Faites attention! Ici, tout est vieux, sépulchral.<br />
(Sie zieht die Gardine hoch. Die Sonne dringt in einem (Elle lève le rideau. Le soleil innonde la pièce d’un<br />
breiten Strahl ins Zimmer) large rayon)<br />
Bis gestern drang noch keiner Jusqu’à hier, personne, sauf vous et moi<br />
in diese Stube ausser ihm und mir n’était entré dans cette pièce<br />
die Jahre durch, die er in Brügge lebt. de toutes les années qu’il a vécues à Bruges<br />
FRANK FRANK<br />
Und gestern? Et hier?<br />
BRIGITTA BRIGITTA<br />
Sie sind sein Freund, Herr Frank, Puisque vous êtes son ami, monsieur,<br />
so seis gesagt. je peux vous le dire.<br />
Gestern schien er ganz gewandelt. Hier il semblait complètement transformé,<br />
Er bebte vor Erregung, schluchzt’ und lachte. il frémissait d’excitation, pleurait et riait.<br />
"Türen auf!" so rief er, "Qu’on ouvre la porte" criait-il,<br />
"Licht in meinen Tempel! "Que la lumière entre dans mon temple,<br />
Die Toten stehen auf!" Les morts sont ressuscités!"<br />
FRANK FRANK<br />
Wie Sonderbar! Que c’est étrange!<br />
BRIGITTA BRIGITTA<br />
Seht, Rosen und Levkojen an den Rahmen Regardez, les roses et les giroflées autour des corniches<br />
(Zeigt auf die Türe links) (elle montre la porte de gauche)<br />
und an der Türe zu ihrem Zimmer, in dem sie starb. et à la porte de sa chambre dans laquelle elle est <strong>morte</strong>.<br />
(Weist auf das verhängte Bild und dreht den Vorhang (Elle montre le tableau pendu et déplace sur le côté<br />
2
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
zur Seite) drap qui le masque)<br />
Besonders dies Bild hat er schön geschmückt. Mais il a particulièrement bien décoré ce tableau.<br />
FRANK FRANK<br />
Sagt, ist sie das? Marie? Dis-moi, c’est elle? Marie?<br />
BRIGITTA BRIGITTA<br />
Ja, das war sie. In dem hellen, weichen Kleide, Oui, c’est elle. Avec cette robe claire et douce<br />
das er so liebte. qu’il aimait tant.<br />
FRANK (betrachtet das Bildnis) FRANK (observant le portrait)<br />
Schön! Elle était belle!<br />
Herrgott! Wie leuchtet dies Haar! Mon dieu! Comme ses cheveux resplendissent!<br />
BRIGITTA (zeigt auf die Kristalltruhe) BRIGITTA (montrant l’écrin de cristal)<br />
Da drunter liegt ein Strähn von diesem Haar. Il y a, là-dedans, une tresse de ces cheveux.<br />
Wie flüssige Dukaten, nicht wahr? On dirait une coulée d’or, n’est-ce pas?<br />
FRANK FRANK<br />
Er hat es aufbewahrt? Seltsam. Il l’a conservée? Etrange!<br />
BRIGITTA BRIGITTA<br />
Und hier Et ici<br />
(Mit einer Bewegung über den ganzen Raum hin) (montrant du geste l’intérieur de la pièce)<br />
kein Fleck, der nicht von seiner Toten spräche. il n’y a rien qui ne parle de sa mort.<br />
Er nennt’s die Kirche des Gewesenen. Il l’appelle le temple de "ce qui a été".<br />
(Sie hat Frank langsam umhergeführt, der sinnend all (Elle conduit lentement Frank qui regarde, absorbé, les<br />
die Bilder, Andenken und Reliquien betrachtet) images, les souvenirs et les reliques)<br />
FRANK FRANK<br />
So in gewesenen lebt er stets? Ainsi il vit toujours dans "ce qui a été"?<br />
BRIGITTA BRIGITTA<br />
Bis gestern immer so. Er sagte: "Brügge Toujours ainsi jusqu’à hier. Il disait: "Bruges<br />
und ich, wir zwei sind eins. et moi sommes unis par la même chose:<br />
Wir beten Schönstes an: Vergangenheit". Nous vivons ce qu’il y a de plus beau: le passé".<br />
FRANK FRANK<br />
Und du, Brigitta? Erträgst du das? Et toi, Brigite? Tu supportes celà?<br />
Du, eine Frau? Toi, une femme?<br />
Lockst dich ins Leben nicht hinaus? <strong>La</strong> vie à l’extérieur ne t’attire-t-elle?<br />
BRIGITTA (leiser) BRIGITTA<br />
Was Leben ist, weiss ich nicht, Herr Frank, Ce qu’est la vie, je n’en sais rien, Monsieur Frank.<br />
ich bin allein. Hier aber, hier ist Liebe, Je suis seule. Mais ici, il y a l’amour,<br />
das weiss ich. Und wo Liebe, çà je le sais. Et là où est l’amour<br />
dient eine arme Frau zufrieden. une pauvre femme est contente de servir<br />
(Es schellt draussen) (la sonnette extérieure tinte)<br />
Da ist er! C’est lui!<br />
- II. Szene - Scène 2<br />
PAUL (tritt ein, nervös von einem Erlebnis erregt) PAUL (entre, nerveux, excité par un évènement)<br />
Frank! Freund! Frank! Mon ami!<br />
(Umarmt ihn heftig) (il l’embrasse fougueusement)<br />
FRANK (lächelnd) FRANK (riant)<br />
Brigitta führte mich in die "Kirche des Gewesenen". Brigitte m’a amené dans le temple "de ce qui a été".<br />
PAUL (lebhaft) PAUL (avec force)<br />
Des Gewesenen? Nein! De ce qui a été? Non!<br />
(Zu Brigitta) (à Brigitte)<br />
<strong>La</strong>uf schnell hinab Cours tout de suite là-bas<br />
zum Gärtner – hole Rosen. Beide Arme voll! dans le jardin, cueille des roses. A pleins bras!<br />
Es soll erglühen hier von roten Rosen. <strong>La</strong> pièce doit s’enflammer de roses rouges.<br />
(Er hat Brigitta hinausgedrängt. Zu Frank) (il pousse dehors Brigitta. A Frank)<br />
Du sahst ihr Bild? Tu as vu ce portrait?<br />
FRANK FRANK<br />
Ja, sie war schön, und viel hast du verloren. Oui, elle était belle, et tu as subi une grande perte.<br />
PAUL (in das Bild versunken) PAUL (absorbé par le portrait)<br />
Marie, Marie, dein Atem, deine Augen! Marie, Marie, ton souffle, tes yeux!<br />
(Zu Frank) (à Frank)<br />
Wie sagst du? Sie war schön? Qu’en dis-tu? Elle était belle?<br />
FRANK FRANK<br />
Gewiss. En effet.<br />
PAUL PAUL<br />
3
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
Sie war schön, sagst du? Elle était belle, dis-tu?<br />
(Leidenschaftlich) (avec passion)<br />
Sie ist schön! Ist! Elle est belle! Oui!<br />
FRANK (blickt ihn forschend an) FRANK (avec un regard indulgent)<br />
In deiner Phantasie? Dans ton imagination?<br />
PAUL PAUL<br />
Nein, nein, sie lebt! Non, non! Elle est vivante<br />
Bald ist sie hier, sie kehrt zurück. Bientôt elle sera ici, elle va revenir.<br />
O hör ein Märchen an, O écoute un conte,<br />
ein wunderbares Märchen! un conte merveilleux!<br />
Du weisst, das ich in Brügge blieb, Tu sais que je reste à Bruges<br />
um allein zu sein mit meiner Toten. pour être seul avec ma <strong>morte</strong>.<br />
Die tote Frau, die tote Stadt, <strong>La</strong> femme <strong>morte</strong>, la ville <strong>morte</strong><br />
Sie flossen zu geheimnisvollem Gleichnis. ondoyaient dans une mystérieuse ressemblance.<br />
Und täglich schritt ich gleichen Weg, et tous les jours le parcourais la même rue<br />
mit ihrem Schatten Arm in Arm, avec son ombre à mon bras,<br />
zum Minnewasser, auf die Fläche starrend, en direction de l’eau des amants pour en scruter<br />
ihr teures Bild mit Tränen mir ersehnend, la surface et évoquer dans les larmes sa chère image,<br />
den süssen, sanft in sich gekehrten Blick, ce doux regard rentré en elle-même.<br />
den goldnen Schimmer ihres Haars. le reflet doré de ses cheveux.<br />
Und gestern wieder träumte ich am Gitter Hier encore je rêvais d’elle sur l’eau<br />
von der Entschwundenen, von ihr, Marie. perdu dans mes souvenirs sur elle, Marie<br />
Holt mir ihr Antlitz aus der Tiefe. Je distinguais son visage dans les abîmes. Comme je sentais<br />
So ganz war sie mir nah, wie einst qu’elle étais toute proche de moi comme autrefois aux jours<br />
in fernen Glückestagen – sehnend, liebend… heureux dans le bonheur où étaient le désir et l’amour...<br />
In meines Schauns Versunkenheit Plongé dans ma vision<br />
erschallen Schritte. j’entendis des pas.<br />
Ich horche … J’écoute...<br />
ein Schatten gleitet übers Wasser. Une ombre glisse sur l’eau.<br />
Ich blicke auf: Je lève les yeux:<br />
vor mir steht eine Frau im Sonnenlicht. une femme se tenait devant moi dans la lumière du soleil.<br />
Frank! Eine Frau… im Mittagsglast Frank! Une femme...la chevelure dorée de Marie<br />
erglänzt Mariens goldnes Haar, den Lippen brillait dans la splendeur du soleil de midi<br />
entschwebt Mariens susses Lächeln. et sur ses lèvres s’ébaucha un doux sourire.<br />
Nicht Ähnlichkeit mehr – nein, ein Wunder, Ce n’était plus une apparition, non, non, un prodige<br />
Begnadigung! Es schien sie selbst, mein Weib! une grâce! C’était ma femme en personne<br />
Ein Fieber fasste mich nach altem Glück. Une fièvre m’envahit, comme dans les temps heureux,<br />
"Gott", schrie ich, wenn du mir gnädig bist, "Dieu" criais-je, "si tu as pitié de moi<br />
gib sie mir ganz zurück!" rends-la moi toute"<br />
Und heute Mittag sprach ich sie, Et aujourd’hui, à midi, je lui ai parlé,<br />
bebenden Herzens, zweifelswund – und le coeur en tumulte, déchiré par le doute,<br />
der Wunder allergrösstes: et, prodige suprême:<br />
Mariens Stimme klang aus ihrem Mund! c’était la voix de Marie qui sonnait à mes oreilles<br />
FRANK FRANK<br />
Im öden Brügge eine Unbekannte? Une inconnue dans Bruges la <strong>morte</strong>?<br />
PAUL PAUL<br />
Ich weiss nicht, wer sie ist, Je ne sais pas qui c’est,<br />
lud sie zu mir in meine Einsamkeit. je l’ai invitée ici, dans ma solitude.<br />
Sie kommt, und in ihr kommt Elle va venir, et en elle viendra<br />
mir meine Tote, kommt Marie. ma défunte Marie.<br />
FRANK (ernst) FRANK<br />
Hör, Paul, du wagst gefährlich Spiel. Ecoute-moi, Paul, tu joues un jeu dangereux.<br />
Du bist ein Träumer, Geisterseher, Tu es un rêveur, un visionnaire,<br />
ich sehe die Dinge, sehe die Frauen je vois les choses, je vois les femmes<br />
so wie sie sind. Willst du telles qu’elles sont. Tu veux<br />
zum Herrn dich über Tod und Leben schwingen? te mesurer aux hommes sur la vie et la mort?<br />
Bescheide dich! Zu lang warst du allein, Sois modeste! Tu es resté trop longtemps seul,<br />
dein Blut murrt gegen diese Trauer. ton sang se rebelle contre ce deuil.<br />
Seis drum, umarme eine schöne Frau, <strong>La</strong>isse faire, embrasse une belle femme,<br />
doch Tote lass mir schlafen. mais laisse les morts dormir<br />
PAUL (wie einer der nicht zugehört hat, ekstatisch) PAUL (comme s’il n’avait pas entendu, en extase)<br />
Ich will den Traum der Wiederkehr vertiefen, Je veux approfondir le rêve de son retour,<br />
will sie durch diese Türe schreiten, je veux la voir passer majestueusement cette porte,<br />
den Raum durchleuchten sehn, je veux la voir resplendissante dans ce lieu<br />
in dem ihr holder Duft noch schwebt, où flotte encore son parfum suave,<br />
der Rhythmus ihres süssen Wesens webt. et où bat le rythme de sa douce présence<br />
In ihr die kommt, kommt mir Marie, Avec elle me revient ma Marie,<br />
kommt meine Tote. avec elle me revient ma <strong>morte</strong><br />
FRANK FRANK<br />
Du schwärmst für ein Phantom! Tu entre en transes pour un fantasme<br />
(Fast ihn bei der Hand, herzlich) (il le prend affectueusement par la main)<br />
Mein Freund – Zu rechter Zeit Mon ami, ce voyage m’a conduit<br />
hat diese Reise mich zu dir geführt. vers toi au bon moment.<br />
Dein tief Gefühl hat dich verwirrt. Ton sentiment profond te brouille l’esprit,<br />
Dein tief Gefühl muss dich auch heilen. ton profond sentiment doit aussi te sauver.<br />
Ich geh, doch bald kehr ich zurück. Je m’en vais, mais je reviendrai bien vit. Que les images<br />
Das Trugbild weicht, der Nebel wird sich teilen. illusoires disparaissnt, que les nuages se dissipent<br />
4
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
(Schüttelt Paul mit freundschaftlicher Gebärde die (Il serre la main de Paul d’un geste amical, en le re-<br />
Hand, ihm herzlich ins Auge blickend. Paul begleitet ihn gardant affectueusement dans les yeux. Paul l’accompagne<br />
zur Türe) jusqu’à la porte)<br />
- III. Szene - Scène 3<br />
PAUL (zum Bilde zurückgekehrt) PAUL (se tournant vers le tableau)<br />
Nur deiner harr ich, nie Verlorene! Je t’attends seul, toi que je n’ai jamais perdue!<br />
Wer kann ihn denn verstehen, Qui pourra jamais comprendre<br />
der Seelen tief geheimnisvollen Bund? la mystérieuse union des âmes?<br />
(Dreht den Vorhang wieder zurück. Sein Blick fällt (il couvre le portrait; Son regard tombe sur la relique<br />
auf die Haarreliquie; er hebt inbrünstig den Glasschrein des cheveux, il soulève avec ferveur l’écrin qui brille en<br />
hoch, der in voller Sonne funkelt) plein soleil)<br />
Du, überlebendes von ihrer Schönheit, Toi, reliquat de sa beauté,<br />
so wirst du wieder hold erstehen? reviendras-tu à la vie une fois encore?<br />
Werd wieder ich auf weisser Stirn Reverrai-je à nouveau resplendir<br />
das Goldgelockte leuchten sehn? ces ondulations dorées sur son front radieux?<br />
- IV. Szene - Scène 4<br />
Brigitta tritt ein, auf beiden Armen Blumen. Brigitte entre, les bras chargés de fleurs.<br />
PAUL (stellt rasch den Schrein nieder) PAUL (reposant rapidement l’écrin)<br />
Ja, Rosen, so ists recht! Oui, les roses, c’est bien!<br />
(Er nimmt ihr die Blumen ab, füllt die Vasen, läuft (Il prend les fleurs, remplit des vases, marchant çà et<br />
hin und her) là)<br />
BRIGITTA (zögernd) BRIGITTA (hésitante)<br />
Herr Paul, verschleiert… eine Dame. Monsieur Paul, une dame...voilée<br />
PAUL (fast schreiend) PAUK (presque en criant)<br />
Und du sagst es nicht? Führ sie herein. Et tu ne me le dis pas? Fais-la entrer.<br />
BRIGITTA (wie protestierend) BRIGITTA (d’un ton presque protestataire)<br />
Herr Paul – bedenken Sie – die Welt… Monsieur Paul...réfléchissez...les gens...<br />
PAUL PAUL<br />
Wenn du mich liebst, schweig und gehorche! Si tu m’aimes bien, tais-toi et obéis!<br />
(Brigitta bestürzt ab) (Brigitte sort retournée)<br />
PAUL (inmitten des Zimmers stehend, die Augen schliessend) PAUL (arrêté au milieu de la pièces, les yeux fermés)<br />
Marie! Noch einmal saug ich deine Züge, Marie, une nouvelle fois je respire tes traits,<br />
dein holdes Wesen in mich ein. ton doux être en moi.<br />
Ich sehe dich … ich fühle dich… Je te vois ...je te sens.<br />
Jetzt, Gott, jetzt gib sie mir zurück! Dieu, rends-la moi maintenant, maintenant<br />
- V. Szene - Scène 5<br />
Die Türe öffnet sich, Marietta schlägt den Schleier zu- <strong>La</strong> porte s’ouvre. Marietta soulève la voilette qui cache<br />
rück und tritt in heiterer Unbefangenheit, lächelnd, mit son visage et entre en souriant avec une calme désinvolture<br />
dem Anstand und der Würde der sich ihrer Schönheit bewus- avec toute la dignité et l’élégance d’une femme consciente<br />
sten Frau und mit der Grazie der Tänzerin herein. Sie de sa beauté et avec la grâce d’une ballerine. Dans la scè-<br />
fällt in der Folge öfters aus damenhafter Haltung in das ne suivante se succèdent souvent les attitudes d’une femme<br />
freie Gehaben der Kulissenwelt. Naiv-verderbtes, eitles, ayant les moeurs libres du milieu théâtral. C’est un être<br />
schlüchsiges, aber immer liebenswürdiges Wesen; wieder- ingénu, gâté, faraud, égoïste, mais toujours aimable. Elle<br />
holt bricht ein leidenschaftliches erotisches Temperament manifeste souvent un tempérament passionnel et érotique.<br />
hervor. Paul wendet sich um, öffnet die Augen. Paul se retourne et ouvre les yeux.<br />
PAUL (von der Ähnlichkeit ergriffen, unwillkürlich) PAUL (ravi de la ressemblance, spontanément)<br />
O wunderbar! O merveille!<br />
(Bleibt unbeweglich und starrt sie wie eine Erscheinung (Il reste immobile et la regarde comme si c’était une<br />
an) apparition)<br />
MARIETTA (leicht) MARIETTA (doucement)<br />
Ja, wunderbar, ich staune selbst, Oui, une merveille, moi aussi je suis étonnée<br />
weiss selbst, kaum, was mich hergelockt. néanmoins je ne sais pas ce qui m’a poussée jusqu’ici.<br />
Gar dringlich wussten Sie zu bitten, Il me l’a demandé avec tant d’insistance<br />
und jetzt kein Wort des Danks, kein Gruss? et maintenant, pas même un mot de remeciement, ni salut?<br />
(Reicht ihm Hut und Schleier und wirft sich in ein (elle lui donne son chapeau et sa voilette, et s’assoit<br />
Fauteuil, umherblickend) dans un fauteuil en regardant autour d’elle)<br />
Recht schön bei Ihnen, C’est très beau ici,<br />
sie sind wohl reich? vous êtes donc riche?<br />
(Ergreift einen Rosenstrauss und riecht daran) (elle prend un bouquet de roses et le respire)<br />
Und Rosen zum Wilkommen! Et des roses de bienvenue!<br />
Sie glühen rotem Feuer gleich! Elles sont rouges comme le feu!<br />
(Paul hat Hut und Schleier, ohne das Auge abzuwenden, (Paul a pris le chapeau et la voilette, sans détourner<br />
in Empfang genommen) le regard)<br />
5
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
Noch immer steif und stumm? Toujours taciturne et silencieux?<br />
Wie das nach Brügge passt! Parfaitement adaptée à Bruges,<br />
In dieses tote Nest mit seiner düstern Starre! à ce nid de mort, immobile et sombre!<br />
Auch hier ists modrig wie in einer Gruft! Ici aussi tout est moisi comme dans une crypte!<br />
Ein Grab geschmückt mit Blumen. Une tombe décorée de fleurs.<br />
Uff, ich ersticke. Ouf! je suffoque.<br />
(Aufspringend) (elle se lève d’un coup)<br />
Doch mich kriegt ihr nicht unter! mais avec moi il n’aura pas le dessus<br />
Ich bin vergnügt, und liebe dass Vergnügen, je suis joyeuse et j’aime me divertir<br />
lieb tolle Freuden, lieb die Sonne! j’aime la joie folle, j’aime le soleil!<br />
PAUL (auf ihr Haar weisend) PAUK (montrant ses cheveux)<br />
Die Sonne lacht in diesem Haar… Le soleil rit dans ces cheveux.<br />
MARIETTA (hat sich mit geschmeidiger Beweglichkeit im Zim- MARIETTA (elle fait rapidement le tour de la pièce avec a-<br />
mer herumgedreht, ihr Blick fällt flüchtig auf die rings gilité et son regard se pôse fugacement sur les photogra-<br />
aufgestellten Bilder und Photographierahmen) phies et les portraits)<br />
Und hier bescheint sie Bilder schöner Damen. et illumine les portraits de belles dames.<br />
(Mit dem Finger drohend) (le menaçant du doigt)<br />
Die Galerie der Frauen, die Sie geliebt? <strong>La</strong> galerie des femmes que vous avez aimées?<br />
PAUL (wie für sich) PAUL (à part)<br />
Der Stimme Silberglanz, der Schultern <strong>La</strong> splendeur argentée de la voix, le balancement<br />
melodisch Wiegen und des Kopfes Reigen… harmonieux des épaules, et les mouvements de tête...<br />
MARIETTA (gleichsam den Kampf aufnehmend, jäh) MARIETTA<br />
Den Mantel fort. Assez du manteau!<br />
(Legt den Mantel ab) (elle enlève son manteau)<br />
Bin ich nicht schön? Ne suis-je pas belle?<br />
(Stellt sich vor ihn hin, kokett) (elle se montre à lui comme le ferait une coquetteà<br />
Nicht Schöner als die alle? Ne suis-je pas la plus belle de toutes?<br />
PAUL PAUL<br />
All das war schön, Sie sinds! Tout cela était beau, et vous êtes la plus belle!.<br />
(Für sich) (à part)<br />
Bei Gott, ihr Kleid, Par Dieu, sa robe,<br />
die gleiche Farbe, fast der gleiche Schnitt. la même couleur, et presque le même modèle.<br />
(Von einem Gedanken erfasst, wie in unwiderstehlicher (frappé par une idée comme une irrésistible nostalgie)<br />
Sehnsucht)<br />
Zu diesem Kleide passt ein alter Shawl, Cette robe peut être complétée par un châle<br />
der hier verwahrt ist. que je conserve ici.<br />
Darf ich ihn um die schönen Schultern hängen? Me permettez-vous de le poser sur vos épaules<br />
MARIETTA (übermütig) MARIETTA<br />
Sie wollen mich noch schöner? Vous me voulez plus belle encore?<br />
(Paul hat aus dem Schrank, der offen bleibt, einen (Paul prend un châle dans son armoire qui reste ouverte,<br />
Shawl geholt und legt ihn ihr zart um) et il le lui met sur elle avec tendresse)<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Wie weich die alte Seide! Comme cette soirée d’autrefois est douce!<br />
Sie macht so wohlig schauern, Elle provoque un frisson de plaisir,<br />
zum Spiegel, rasch! Zum Spiegel! Un miroir, vite, un miroir!<br />
(Beschaut sich im Spiegel) (elle se regarde dans le miroir)<br />
PAUL (unwillkürlich, wenn Marietta, die einen Moment durch PAUL (sans s’en rendre compte, alors que Marietta réappa-<br />
den Spiegel gedeckt war, wieder sichtbar wird) rait de derrière le miroir qui l’avfait cahée un instant)<br />
Marie! Marie!<br />
MARIETTA (noch beim Spiegelschrank, den sie geschlossen MARIETTA (encore devant le miroir de l’armoire qu’elle a<br />
hat) fermée)<br />
Marie? Ich heisse Marietta. Marie? Je m’appelle Marietta.<br />
(Kleine Pause) (Une petite pause)<br />
Was haben Sie? Qu’avez-vous?<br />
PAUL PAUL<br />
Nichts, nichts… ich bitte... verzeihn Sie… Rien, rien...je vous en prie..pardonnez-moi.<br />
(Nimmt die <strong>La</strong>ute von der Wand. Mit zarter Bitte) (il prend un luth accroché au mur. Avec une douce prière)<br />
Und, nehmen Sie noch das. et prenez également ceci.<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Die alte <strong>La</strong>ute? Un vieux luth?<br />
Sie sind wohl Maler, brauchen ein Modell? Vous êtes peintre et avez besoin d’un modèle?<br />
(Nimmt lächelnd und achselzuckend, wie um auch diesen (En souriant et en haussant les apules elle prend le luth<br />
Gefallen zu tun, die <strong>La</strong>ute; dann einer plötzlichen <strong>La</strong>une presque prête à satisfaire cette demande, puis prise d’un<br />
folgend) caprice soudain)<br />
Nun, zu der alten <strong>La</strong>ute Alors avec un vieux luth<br />
gehört ein altes Lied. écoutons un chant ancien.<br />
PAUL (überrascht) PAUL (surpris)<br />
Wie, singen Sie? Comment, vous chantez?<br />
6
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Erträglich, sagt man, Passablement, dit-on,<br />
wenns auch mein Fach nicht ist, même si ce n’est pas mon métier,<br />
und Trauriges am liebsten. et de préférence des chansons tristes.<br />
Wohl weil ich sonst so übermütig bin. Peut-être parce que je suis si exubérante<br />
(Gesprochen) (parlé)<br />
Soll ich? Nun, hören Sie. Le faut-il? Alors, écoutez.<br />
(Singt) (elle chante)<br />
Glück, das mir verblieb, Bonheur qui me restais<br />
rück zu mir, mein treues Lieb. reviens à moi, mon fidèle amour.<br />
Abend sinkt im Haag Le soir tombe sur <strong>La</strong> haye,<br />
bist mir Licht und Tag. tu es ma lumière et mon jour<br />
Bange pochet Herz an Herz. Un coeur angoissé bat pour un coeur<br />
Hoffnung schwingt sich himmelwärts. L’espoir s’envole vers les cieux.<br />
PAUL (wie verloren) PAUL (comme perdu)<br />
Wie wahr, ein traurig Lied. C’est vraiment une chanson triste<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Das Lied vom treuen Lieb, <strong>La</strong> chanson de l’amour fidèle<br />
das sterben muss. qui doit mourir.<br />
(Wird aufmerksam) (le regardant attentivement)<br />
Was haben Sie? Qu’avez-vous?<br />
PAUL PAUL<br />
Ich kenne das Lied. Je connais la chanson.<br />
Ich hört es oft in jungen, Je l’entendais souvent dans ma jeunesse,<br />
in schöneren Tagen… dans mes jours plus beaux,<br />
(Gesprochen) (parlé)<br />
Es hat noch eine Strophe, Il y a une autre strophe<br />
weiss ich sie noch? peut-être men souviens-je encore?<br />
(Er setzt mechanisch fort. Sie spielt die <strong>La</strong>ute und (il poursuit mécaniquement. Elle, joue du luth.et se mê-<br />
fällt ein. Die Strahlen der untergehenden Sonne überflut le au chant. Les rayons du soleil couchant les inondent<br />
en beide) deux)<br />
Naht auch Sorge trüb, Si un triste tourment s’approche<br />
rück zu mir, mein treues Lieb. souris-moi, amour constant.<br />
Neig dein blass Gesicht, Même si ton visage pâlissait<br />
sterben trennt uns nicht. la mort ne pourait nous diviser<br />
Musst du einmal von mir gehn, Et si un jour tu devais me quitter<br />
glaub, es gibt ein Auferstehn. je crois que l’on t’accorderait une résurection<br />
(Lässt erschüttert das Haupt auf die Brust sinken. (Secoué par l’émotion, Paul laisse tomber sa tête sur<br />
Marietta blickt ihn erst befremdet, dann spöttisch an. sur sa poitrine. Marietta le regarde, d’abord surprise,<br />
Pause) puis railleuse. Une pause)<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Das dumme Lied, es hat Sie ganz verzaubert. Cette chanson idiote l’a complètement ensorcelé.<br />
(Von der Strasse lustiges Trällern. Gaston, Lucienne (Venant de la rue on entend des chants joyeux. Gaston,<br />
und Juliette flanieren draussen vor dem Fenster vorbei, Lucienne et Juliette passent sous la fenêtre, scandant un<br />
eventuell im Marschtakt mit Spazierstock und Schirmen rythme de marche ur le pavé avec des parapluies et un bâton<br />
aufs Pflaster schlagend) de promeneur)<br />
Ensemble<br />
MARIETTA (ist aufgesprunden, vergnügt aufhorchend) MARIETTA<br />
Ah, horch, da singt Ah, écoute, là-bas<br />
man andre Liedchen, singt on chante d’autres chansons, on chante<br />
aus anderm Ton, gar nicht sentimental. sur un autre ton, qui n’est pas sentimental.<br />
GASTON (draussen) GASTON (à l’extérieur)<br />
Diridi, diridi, diridon! Diridi, diridi, diridon<br />
Was soll es, dass du säumig bist! Que se passe-t-il, que tu réservée!<br />
Hab dich ja heut noch nicht geküsst. Aujourd’hui, je ne t’ai pas encore embrassée<br />
Diridi, diridon, schön Marion. Diridi, diridon, belle Marion<br />
(Lucienne und Juliette fallen bei der letzten Zeile ein) (Lucienne et Juliette se joignent à eux au dernier vers)<br />
GASTON (wie vorher) GASTON (comme avant)<br />
Nicht gilt der schönste Tag gelebt, Un jour, bien que radieux, ne vaut rien<br />
wenn du mir nicht im Arm gebebt. si tu n’es pas dans mes bras,<br />
Diridi, diridon, schön Marion. Diridi, diridon, belle Marion<br />
(Lucienne und Juliette wie oben) (Lucienne et Juliette comme ci-dessus)<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Gaston ist’s, wie er drollig singt! C’est Gaston, comme son chant est divertissant<br />
(Eilt zum Fenster und will hinauswinken) (elle court à la fenêtre pour attirer l‘attention)<br />
PAUL (hält sie zurück) PAUL (la tirant en arrière)<br />
7
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
Die Leute, Brügge, Les gens, Bruges,<br />
man darf Sie hier nicht sehn. ne doivent pas vous voir ici.<br />
MARIETTA (ohne auf ihn zu hören, mit den Füssen aufstamp- MARIETTA (sans l’écouter, frappant des pieds, pendant que<br />
fend, während man draussen Gaston, Juliette und Lucienne, dehors Gaston, Juliette et Lucienne s’éloignent en sifflant<br />
das Chanson pfeifend sich entfernen hört) la chanson)<br />
Er geht mit Juliette et Lucienne, Il s’en va avec Juliette et Lucienne,<br />
schlingt Arm in Arm, bras dessus-dessous.<br />
(Plötzlich vergnügt, mit Beziehung und Genugtuung) (soudain amusée, et d’un air satisfait)<br />
Und denkt an Marion! Et pense à Marion<br />
(Da Paul sie befremdet ansieht, erklärend) (Après que Paul l’eut regardée étonne, elle explique)<br />
Die Freunde sinds, die vor der Probe bummeln. Ce sont des amis qui avent d’aller répéter se promènent.<br />
Auch ich muss ins Theater. Moi aussi je dois aller au théâtre.<br />
PAUL (blickt sie verständnislos an) PAUL (la regardant sans comprendre)<br />
Sie. Vous.<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Nun ja, wir spielen hier. Bin Tänzerin. Oui, nous donnons ici un spectacle. Je suis danseuse.<br />
PAUL (wie früher) PAUL (comme ci-dessus)<br />
Sie, Tänzerin? Vous, danseuse?<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Gewiss, mein werter Griesgram! Assurément, mon gros grincheux!<br />
Ich komm aus Lille und tanz in Brügge! Je viens de Lille et je danse à Bruges!<br />
Erstaunt Sie das? Sie lieben nicht den Tanz? Pourquoi cet étonnement? Vous n’aimez pas la danse?<br />
O Tanz, o Rausch! O danse, O ivresse!<br />
(Fällt in Tanzschritte und Tanzgesten, hebt leich das (elle esquisse des gestes et des pas de danse, relève lé-<br />
Kleid, begleitet Tanz und Wort auf der <strong>La</strong>ute, den Ober- gèrement sa jupe et accompagne du luth la danse et le chant<br />
leib zurükgebogen. Abendröte) avec le buste légèrement en arrière. C’est le crépuscule)<br />
O Tanz, o Rausch! O danse, O ivresse!<br />
Lust quillt aus mir, Je sens naître<br />
braust wild in mir, et bouillonner le plaisir en moi.<br />
Lust jagt den Puls Le plaisir énivre le coeur<br />
und dehnt die Nüstern. et réveille les sens<br />
Der Wink der Hand, Le signe de la main<br />
des Fusses Scham la pudeur du pied<br />
verbergen den Wunsch masquent le désir<br />
und verraten ihn lüstern. et trahissent la concupiscence<br />
Ein Dämon erhitzt mich, Un démon s’enflamme en moi<br />
beherrscht, besitzt mich. me domine et me possède toute<br />
Toll und toller schwillt der Reigen, <strong>La</strong> ronde devient de plus en plus folle<br />
fasst mich Taumel im Beugen und Neigen! et m’entraîne dans une ardeur extatique<br />
Heiss kreist mir das Blut, mon sang s’échauffe,<br />
eiss glühn die Triebe. Une ardeur inconnue consume mes sens<br />
O Tanz, o Rausch! O danse, O ivresse!<br />
Ich tanz die letzte Glut, je danse jusqu’à ne plus pouvoir<br />
ich tanz den letzten Kuss der Liebe! je danse jusqu’au dernier baiser de l’amour<br />
(Innehaltend, wie zu sich kommend, leicht, noch in (Elle s’arrête comme si elle revenait à elle, et lente-<br />
der letzten Pose verharrend) ment reste sur une dernière figure)<br />
Und jetzt, mein Herr, Et maintenant, monsieur,<br />
Tanz ich in die Probe. je vais à la répétition de danse.<br />
PAUL (erst befremdet und abgestohen durch das bac chanti- PAUL (d’abord inquiet et dégoûté par le comprtement de<br />
sche Gehaben Mariettas, das ihm <strong>La</strong>ute und Kleidungsstück bacchanale de Marietta qui lui semble avoir profané le luth<br />
der Toten zu entweihen scheint, dann immer mehr der Ver et le challe, puis de plus en plus sensible à la séduction,<br />
führung erliegend, seiner nicht mächtig, ein Opfer der et finissant par ne plus être maître de lui, vuictime de<br />
Sinne) ses ses sens)<br />
Marietta, nein! Marietta, non!<br />
Geh nicht von mir, Ne me quitte pas<br />
gib Dauer dieser Stunde Traum! Prolonge cette heure de rêve<br />
Vom Himmel bist du mir geschenkt! C’est le ciel qui t’a envoyée à moi!<br />
Erloschnes Glück flammt auf Mon bonheur éteint, se rallume<br />
und reisst mich dir entgegen! et me pousse vers toi<br />
Marietta! Marietta!<br />
(Breitet die Arme nach ihr aus) (il lui tend les bras)<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Wie stürmisch! Macht der Tanz Quelle impétuosité! <strong>La</strong> danse<br />
dem düstern Herrn so heiss? enflamme-t-elle tant monsieur le ténébreux?<br />
(Wieder Tanzbewegungen) (dansant à nouveau)<br />
O Tanz, o Rausch! O danse, O ivresse!<br />
(Paul will auf sie zu, um sie zu umfassen) (Paul veut aller vers elle pour l’embrasser)<br />
MARIETTA(im Tanze ausweichend, verfängt sich im Bilder- MARIETTA (cherchant à l’éviter avec des pas de danse, s’em-<br />
vorhang, so dass er sich zur Seite bewegt und das Bild pêtre dans dans le voile qui cache le portrait et l’enlève<br />
sichtbar wird. Erblickt verdutzt das Bild) rendant visible le portrait. Elle le regarde sidérée)<br />
Oho, das bin ja ich! Oh, oh, c’est moi!<br />
Mit Shawl und <strong>La</strong>ute? Avec le châle, et le luth?<br />
Wen spiel ich da? Qu’est-ce que je joue là?<br />
8
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
PAUL (stürzt vor das Bild und deckt es mit einer unwill- PAUL (se précipite vers le portrait et d’un mouvement invo-<br />
kürlichen Bewegung des gegen Marietta abwehrend ausges- lontaire du bras tendu vers Marietta, il remet en place le<br />
treckten Armes) voile)<br />
O lassen Sie, ’s ist eine Tote. O laissee-la, c’est une <strong>morte</strong>.<br />
(Den Kopf sinken lassend, dumpf vor sich hin) (courbant la tête, apeuré, comme pour lui)<br />
Sie mahnt….. Elle m’avertit...<br />
MARIETTA (nimmt in starr fixierend, den Shawl langsam vom MARIETTA (en le regardant fixement elle enlève le châle qu’<br />
Halse und wirft ihn nebst der <strong>La</strong>ute mit einer zornigen elle au cou et le jette, abevc un geste de colère, sur la<br />
Geste auf den Tisch. Dann, da sie Paul in seiner Versun table à côté du luth. Puis voyant Paul encore absorbé, é-<br />
kenheit verharren sieht, lacht sie laut auf. Zugleich clate d’un rire sonore. En même temps on entend Gaston dans<br />
hört man von der Strasse Gaston sein Liedchen pfeifen) la rue qui siffle la petite chanson)<br />
Ah, Gaston. Ah, Gaston.<br />
PAUL (immer vor dem Bild, aufblickend, mechanisch) PAUL (toujours devant la cadre, levant machinalement les<br />
yeux)<br />
Sie müssen in die Probe, Marietta … Elle doit aller à la répétition, Marietta...<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Ah, Er ist gut, Er schickt mich fort! Ah, il a raison, il me demande dehors!<br />
Ja, ich muss in die Probe, werter Herr, Oui, je dois aller à la répétition, mon cher monsieur,<br />
Tanz die Helene in «Robert le Diable» la danse d’Hélène dans « Robert le Diable »<br />
(Nimmt den Mantel, setzt den Hut auf) (elle enfile son manteau et met son chapeau)<br />
Mein Zauber, rasch scheint er verflogen, Mon enchantement semble s’être évanoui rapidement,<br />
Ein anderer wirkt stärker … Un autre agit avec plus de force...<br />
Nun, mir recht, Pour l’instant c’est bon,<br />
’s ist höchste Zeit, muss fort. il est tard, et je dois m’en aller<br />
(Werbend, nicht ohne Anmut) (courtoise, mais non sans grâce)<br />
Die, die mich lieben, wissen mich zu finden. Qui m’aime sait où me retrouver.<br />
Es gibt ein Wiedersehen im Theater. Nous nous reverrons au théâtre.<br />
(Ab. Es is dunkler geworden) (elle s’en va. Il fait de plus en plus sombre)<br />
PAUL (eine Beute wiedersprechender Empfindungen, des Ge- PAUL (en proie à des sentiments contrastés: le souvenir de<br />
denkens an die Tote, des Festhaltens an seine Phantasien, le <strong>morte</strong>, la persistance de ses images, le désir venat à<br />
wie des neu erwachenden Verlangens, ihr zur Türe nach, peine de se réveiller, il accompagne Marietta jusqu’à la<br />
ekstatisch) porte, en extase)<br />
O Traum der Wiederkehr, entweiche nicht! O rêve de son retour, ne t’évanouit pas!<br />
In dir, die kam, kam meine Tote, grace à toi ma <strong>morte</strong> est revenue,<br />
kam Marie … Marie est de retour...<br />
(Von Begehren erfasst, ausser sich) (envahi par le désir, hors de lui)<br />
Marietta! Marietta!<br />
(Greift mit der Hand zur Stirne, fällt in höchster Her- (il se couvre le front d’une main et, dans un état de<br />
regung in eine Lehnstuhl vorn gegenüber der Türe zum Zim- complète excitation, il s’affale dans un fauteuil, tourné<br />
mer der Toten und hebt angstvoll beschwörend die Arme) vers la porte de la chambre de la <strong>morte</strong> et soulève le bras<br />
avec angoisse, comme pour l’évoquer)<br />
Marietta! Marietta!<br />
- VI. Szene - Scène 6<br />
Plötzliche Verdunkelung. Nur Paul und der Porträtrahmen Brusquement l’obscurité tombe. Peul est seul et le cadre<br />
links bleiben beleuchtet. Aus dem Rahmen tritt die Gestalt du portrait de gauche reste allumé. Du cadre émerge la fi-<br />
Mariens im Kleide des Bildes mit Shawl und <strong>La</strong>ute und gure de Marie dans l’habit du tableau avec le châle et le<br />
schwebt – Erscheinung des Gewissens und seiner Nerven – luth: c’est une vision venant de son subconscient et de son<br />
auf Paul zu, der sich, durch die Vision gebannt, starren état nerveux. <strong>La</strong> femme fait quelques pas vers Paul qui, le<br />
Blickes erhebt, ohne den Platz zu verlassen. regard fixe, se lève sans changer de place, ensorcelé par<br />
l’apparition)<br />
MARIE MARIE<br />
Paul… Paul… Paul...Paul...<br />
PAUL PAUL<br />
Da bist du ja, Marie, ich wusste es. C’est toi, Marie, je le savais!<br />
MARIE MARIE<br />
Bist du's gewiss, hältst du mir noch die Treu? C’est vraiment toi, tu me gardes encore ta fidélité?<br />
PAUL PAUL<br />
Ich halt sie dir. Je te suis fidèle<br />
Nie schwandest du aus diesem Raum... Tu n’as jamais disparue de ce lieu..<br />
MARIE MARIE<br />
Drum nahm ich auch mein Haar nicht mit, C’est que je n’ai pas emmené mes cheveux<br />
als ich fort musst, quand j’ai dû partir,<br />
liess dir den goldnen Schatz, den du geliebt. et je t’ai laissé le trésor doré que tu aimais.<br />
PAUL PAUL<br />
Ich weiss, ich weiss... Je sais...ja sais...<br />
MARIE MARIE<br />
Mein Haar stirbt nicht, es wacht in deinem Haus. Mes cheveux n’ont pas bougés, ils veillent sur ta maison.<br />
9
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
Unsre Liebe war, ist und wird sein. Mon amour a été, est, et sera.<br />
PAUL PAUL<br />
Du bist bei mir, bists immer, ewig. Tu es avec moi, tu l’es à jamais, pour l’éternité<br />
Bist es in dieser toten Stadt, Tu l’es dans cette ville <strong>morte</strong><br />
du tönst in ihren Glocken, Tu résonnes dans ses cloches<br />
steigst aus ihren Wassern... tu flottes au-dessus de ses eaux...<br />
MARIE MARIE<br />
Und doch wirst du vergessen, Et pourtant tu oublieras<br />
was neben dir nicht lebt und atmet. ce qui ne vit plus et ne respire plus à tes côtés.<br />
PAUL (angstvoll) PAUL (avec angoisse)<br />
Die andere, nur dich seh ich in ihr. L’autre, je ne vois que toi en elle.<br />
MARIE MARIE<br />
Da ich dir sichtbar, liebst du mich. Dès que je te suis apparue tu m‘as aimée.<br />
PAUL PAUL<br />
Ich lieb nur dich. Sag, dass du mir vergibst. Je n’aime que toi. Dis-moi que tu me pardonnes.<br />
MARIE MARIE<br />
Du liebst mich doch … Tu m’aimes encore...<br />
Unsere Liebe war, ist und wird sein… Notre amour était, est et sera.<br />
PAUL (ekstatisch, wie von einer furchtbaren <strong>La</strong>st befreit) PAUL (extatique, comme libéré d’un poids terrible)<br />
Unsre Liebe war, ist und wird sein… Notre amour était, est et sera.<br />
(Marie beginnt dem dunklen Hintergrunde zuzuschreiten, (Marie commence à se diriger vers le fond dombre et se<br />
in Nebelschleier hinein) perd dans le voile des nuages)<br />
PAUL (da sie ihm entschwindet, von einer neuen mysteriö- PAUL (Devant le lent évanouissement de l’apparition, est<br />
sen Angst erfasst) pris d’une nouvelle angoisse mystérieuse)<br />
Geliebte, warum seh ich dich nicht mehr? Ma bien-aimée, pourquoi ne te vois-je plus?<br />
Warum ist mirs, als könnt, ich’s nicht? Pourquoi il me semble que je te vois plus?<br />
MARIE (aus den Nebelschleiern) MARIE (au milieu des voiles nuageux)<br />
Dich fasst das Leben, lockt die Andere <strong>La</strong> vie te retient, l’autre t’attire.<br />
schau, und erkenne... regarde, et comprends...<br />
(Verschwindet ganz. Paul sinkt auf einen Stuhl zurück, (Elle disparaît complètement. Paul retombe sur une chaise<br />
visionär die Arme erhoben. Seine erregte Phantasie spie- le bras lvé comme un visionnaire. Son imagination excitée<br />
gelt ihm eine neue Erscheinung vor. Der Hintergrund er- lui suscite une nouvelle apparition. Le fond s’illumine et<br />
hellt sich; man sieht plötzlich an Stelle Mariens Mariet- subitement, à l’endroit où se trouvait Marie on voit Mari-<br />
ta auf dem Theater in wallendem Phantasietanzkostüm, etta au théâtre, dans un vaporeux costume de danse merveil-<br />
prächtig geschmückt, verführerisch lockend tanzen. Dazu leusement décoré, pendant qu’elle exécute une danse de sé-<br />
orgiastische Tanzrhythmen) duction sur un rythme orgiaque)<br />
PAUL (mit einer leidenschaftlichen Geste, als ob er auf PAUL (avec un geste passionné comme s’il voulait l’attra-<br />
sie zuwollte) per)<br />
Marietta! Marietta!<br />
(Der Vorhang fällt) (Le rideau tombe)<br />
ZWEITES BILD DEUXIEME TABLEAU<br />
Der Vorhang hebt sich: die Szene ist zunächst von dich- Le rideau s’ouvre: au début la scène est enveloppée dans<br />
tern Schleiern verhüllt, in welchen im Vordergrunde Paul, dans un nuage dense au milieu duquel Paul est visible sur<br />
in der nämlichen Stellung wie am Schlusse des 1. Bildes l’avant-scène. Il est dans la même position qu’à la fin de<br />
beleuchtet, sichtbar wird.29 Dazu hört man hinter der Sze- l’acte I. Derrière la scène l’apparition de Marie répète<br />
ne die Erscheinung [des] Mariens, ihre letzten Worte ses drnières parole « regarde et comprends ». L’image se<br />
«Schau und erkenne…» wiederholen. Das Bild verblasst al- dissoud peu à peu et disparaît. Après un interlude qui évo-<br />
lmählich und verschwindet völlig. Nach einem Zwischen- que les sentiments suscités dans l’âme de Paul par Bruges<br />
spiel, welches die Stimmungen wiedergibt, die das tote la <strong>morte</strong>, la nuée se dissipe lentement. De l’obscurité et<br />
Brügge im Gemüte Pauls weckt, heben sich langsam die la nuée se détache lentement la scène suivante: un banc dé-<br />
Schleier, aus dem Dunkel, aus nebligen Umrissen wird fol- sert et solitaire à Bruges, il est tard le soir. Un canal<br />
gender Schauplatz sichtbar: Ein öder, einsamer Kai in traversé par un pont bas et arqué, parallèle à la scène.<br />
Brügge, spät abends. Parallel mit der Rampe ein Kanalarm, Derrière l’eau et le pont, sur l’autre rive, s’élèvent des<br />
über den im Bogen eine niedrige Brücke fährt. Hinter Was- maisons anciennes typiques de Bruges, parlmi lesquelles se<br />
ser und Brücke ist das andere Ufer des Kais zu sehen, auf trouve aussi un vieux couvent aux murs noircis et des fe-<br />
welchem sich alte, für Brügge charakteristische Häuser, nêtres à croisées avec grilles. Au centre du sombre édifice<br />
darunter ein altes Kloster mit schwärzlichem Gemäuer und un campanile avec une horloge dont le grand cadran n’est d’<br />
kreuzweise vergitterten Fenstern hinziehen. In der Mitte abord pas visible. Sous l’horloge on voit deux ouvertures<br />
des düstern Gebäudes ein Glockenturm mit Uhr, deren gros- à travers lesquelles apparaissent et disparaissent les fi-<br />
ses Zifferblatt zunächst undeutlich bleibt. Unterhalb die- gurines de l’horloge.. Sur la rive proximale, à droite, on<br />
ser Uhr zwei Öffnungen im Turm, durch die später die Figu- voit la maison isolée où vit Marietta. <strong>La</strong> porte est fermée<br />
ren des Uhrwerks hervorkommen und wieder verschwinden. <strong>La</strong>mpadaires et lampes sont allumées. A droites de vieux ar-<br />
Auf dem vorderen Ufer links das vereinzelt stehende Haus, bres au travers desquels on peut apercevoir le sentier qui<br />
in dem Marietta wohnt; die Türe geschlossen. Bänke und conduit à l’église.<br />
10
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
brennende Gaslaternen. Rechts alte Bäume, hinter denen Le ciel est couvert, avec un clair de lune qui filtre<br />
der Weg zur Kirche zu denken ist. Bedeckter Himmel; ab- au travers des nuages d’automne. Les cloches commencent à<br />
wechselnd Mondschein und herbstlicher Nebel. Glockenge- sonner avant que la scène ne s’éclaire complètement.<br />
läute, das schon vorher, bevor das Bild deutlich wurde,<br />
eingesetzt hat.<br />
- Erste Szene - Scène 1<br />
PAUL (in einen Mantel gehüllt, den Kragen emporgezogen, PAUL (caché dans un manteau avec le col relevé zt lz ch-<br />
den Hut in der Stirne. Unruhig vor dem Hause Mariettas peau rabattu sur les yeux. Il se promène inquiet, allant et<br />
aufund abgehend) venant devant la maison de Marietta)<br />
Was ward aus mir? Qu’est-ce qui m’arrive?<br />
Ihr Haus umschleich ich, je tourne autour de sa maison<br />
gequält von Angst, Sehnsucht und Reu, tourmenté par l’angoisse, la nostalgie et le remors,<br />
was ward aus mir? qu’est-ce qui m’arrive<br />
(Neues Glockengeläute) (nouveaux sons de cloches)<br />
Verstumme, dumpfer Glockenchor, Tais-toi, choeur étouffé des cloches<br />
schwarz stürzt der Klang sich in die Nacht. le son s’enfonce dans la nuit noire.<br />
So weintet ihr Glocken, als man sie begrub, c’est ainsi que vous pleuriez quand on l’enterra,<br />
nun mahnt ihr mein Gewissen. maintenant vous faites de reproches à ma conscience.<br />
O sprecht mich los, ihr Beichtiger aus Erz! O absolvez-moi, confesseurs de bronze!<br />
Ich koste bittere Freuden, J’ai du goût pour les joies amères,<br />
grausam zwiespältige Lust. les plaisirs ambigus et terribles<br />
(Blickt zu den Fenstern Mariettas empor und schrickt (Il lève les yeux en direction de la fenêtre de Marietta<br />
zusammen) et a un sursaut de crainte)<br />
War das kein Licht, N’était-ce pas une lumière,<br />
ein doppelt Schattenbild? deux ombres?<br />
(Dumpf) (Sombre)<br />
Stets fürcht ich’s, J’éprouve toujours une peur semblable<br />
umfang ich selbst sie nicht quand je ne la tiens dans mes bras<br />
in diesem Haus. dans cette maison.<br />
Sie fehlte im Theater. Elle n’était pas au théâtre.<br />
Seh ich sie nicht, Si je ne la vois pas<br />
fasst Sehnsucht mich nach ihr, le besoin de la voir me prend<br />
und sie zu sehen, bange ich nicht minder. et pourtant j’ai peur de la voir<br />
(Neuerliches Glockengeläute) (Les cloches sonnent de nouveau)<br />
Da hebt es wieder an, das Glockenlied, Le chant des cloches recommence<br />
und bohrt sich tief ins Herz. et me transperce le coeur<br />
O sprecht mich los, ihr Beichtiger aus Erz! Absolvez-moi, confesseurs de bronze.<br />
(Wolken haben den Mond verhüllt, ein Sturmwind fährt (Les nuages ont caché la lune, un vent de tempête souffle<br />
durch die Bäume und schüttelt die Blätter. Die Gasflammen à travers les arbres et seciue les feuilles. Les flammes<br />
in den <strong>La</strong>ternen schwanken hin und her) des lampadères à gaz vascillent)<br />
Fasst dich mit mir ein Schauer, müde Stadt? Comme moi, un frisson te parcours, ville fatiguée?<br />
Es stöhnen deine altern Bäume, Et tes arbres séculaires gémissent,<br />
des Wassers Seufzer brechen sich les soupirs de l’eau se brisent<br />
an den jahrhundertealten Grachten, contre les canaux centenaires<br />
gespenstig raunst du Unheil! et toi, spectrale, tu murmures le malheur<br />
(Eine Schar von Beghinen bewegt sich inzwischen aus dem (Un groupe de béguines venant de fond, passe d’un pas lu-<br />
Hintergrund über die Brücke, zu zwei und zwei geordnet, gubre et lent sur le pont, en colonne par deux avec des ha-<br />
mit sich glockenförmig bauschender Gewandung, langsam, wie bits gonflés les rendant semblables à des cloches aux con-<br />
gespenstig, undeutlich in den Konturen, den Bäumen zu, um tours indistincts qui se dirigent vers les arbres pour s’<br />
hinter denselben den Weg zur Kirche zu nehmen) engager sur le chemin qui les conduit sur le fond à l’église)<br />
O Brügge, fromme Stadt! O Bruges, pieuse cité!<br />
Einst war ich eins mit deiner Keuschheit, Autrefois je ne faisais qu’un avec ta chasteté<br />
so wie du eins mit meiner Toten warst. comme tu le faisais avec ma <strong>morte</strong>.<br />
Nun trag ich Unrast des Begehrens Aujourd’hui j’ai ouvert l’agitation du désir<br />
in die Versunkenheit und Stille deiner Nacht. à la paix et à l’oubli de ta nuit.<br />
(Dem Zuge der Beghinen, der in den Kulissen rechts vers- (<strong>La</strong> procession de béguines disparait à travers la coulis-<br />
chwindet, folgt als letzte Brigitta mit einer Beghinen- se à droite. Brigitte, la dernière, la suit, vêtue d’un ha-<br />
haube als Novize. Erkennt sie und hält sie an) bit de novice. Il la reconnaît et l’arrête)<br />
Brigitta! Brigitte!<br />
BRIGITTA (sanft abwehrend) BRIGITTA (se reculant poliment)<br />
Ich geh zur Kirche Je vais à l’église<br />
mit meinen Klosterfrauen. avec les femmes de mon couvent<br />
PAUL PAUL<br />
Dass wir uns trennen mussten! Qui aurait dit que nous nous séparerions!<br />
BRIGITTA BRIGITTA<br />
Ich floh die Sünde, blieb der Toten treu. J’ai fui le péché, je suis restée fidèle à la <strong>morte</strong><br />
PAUL PAUL<br />
Auch ich verriet sie nicht, Pourtant je ne l’ai pas trahie<br />
trotz jener Frau. malgré cette jeune femme.<br />
BRIGITTA BRIGITTA<br />
Mein schlichter Sinn versteht das nicht. Mon âme toute simple ne comprend pas celà.<br />
(Mitleidig) (avec compassion)<br />
Sie leiden schwer, ich weiss. Elle a beaucoup souffert, je le sais.<br />
Ich will für Ihre Seele beten. Je veux prier pour son âme.<br />
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- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
(<strong>La</strong>ngsam ab) (elle s’en lentement)<br />
PAUL PAUL<br />
Die alte treue Magd, <strong>La</strong> vieille servante fidèle,<br />
ach, dass ich sie verlor! ah, je l’ai perdue.<br />
- II. Szene - Scène 2<br />
Eine Gestalt hat sich dem Hause Mariettas genähert: Une ombre s’est avancée, venant de la maison de Marietta<br />
Frank im Mantel, den Kragen emporgezogen. Das folgende, c’est Frank revêtu d’un manteau au col relevé. Ce qui suit<br />
ein leidenschaftlich drängendes, düsteres Nachtstück, est un nocturne passionné et triste, à peine murmuré en<br />
vielfach in gedämpftem Ton geflüstert sourdine<br />
PAUL (stellt sich ihm entgegen) PAUL (lui barrant le passage)<br />
Wohin? Où allez-vous?<br />
(Der Mond ist aus den Wolken getreten) (<strong>La</strong> lune est sortie des nuages)<br />
PAUL (erkennt Frank) PAUL (le reconnaissant)<br />
Frank, du? Toi, Frank?<br />
FRANK FRANK<br />
Du wartest hier auf sie. Tu es là à l’attendre.<br />
PAUL PAUL<br />
Ich wart auf sie mit Schmerz und Scham. Je l’attends avec douleur et honte.<br />
FRANK FRANK<br />
<strong>La</strong>ss ab von ihr! <strong>La</strong>isse-la tranquille.<br />
PAUL PAUL<br />
Ich kann nicht mehr. Je n’en peux plus.<br />
Mich zogst zur Seele meiner Toten Je me sentais attirée par l’âme de ma <strong>morte</strong><br />
und ich verfiel dem Leib der Lebenden. et je succombe au corps de celle qui est vivante<br />
FRANK (drohend) FRANK<br />
<strong>La</strong>ss ab von ihr! <strong>La</strong>isse-la tranquille!<br />
PAUL (betreten) PAUL (perplexe)<br />
Wie seltsam du das sagst! Comme tu me le dis bizarement!<br />
FRANK (dringend, seine Erregung verraten) FRANK<br />
Du passest nicht zu ihr, Tu n’es pas fait pour elle,<br />
du, der du zwischen Tod und Leben teilst. toi, qui es partagé entre la vie et la mort<br />
Sie will die volle Liebe und das volle Leben, et elle qui veut un amour et une vie sans retenue,<br />
das sie durch alle Fenster ihres Körpers une vie qui transpire par tous les pores<br />
und ihrer Seele strömen lässt! de son corps et de son âme<br />
PAUL PAUL<br />
Des sündigen Körpers und der sündigen Seele! D’un corps et d’une âme sans moralité.<br />
FRANK FRANK<br />
Und doch, weil sie so Et pourtant uisqu’elle est<br />
ganz heisses Leben ist, toute vie ardente<br />
im <strong>La</strong>chen ihrer Schönheit, dans le rire de sa beauté<br />
erhöhet sie das Leben. elle sublime la vie.<br />
So wie wir nur im Traume fliegen, Ainsi nous volons seulement en rêve<br />
fliegt sie mit wachem Sinn, elle, elle vole éveillée<br />
zwingt uns als Pierrots zu ihren Füssen, elle nous met à ses pied, comme Pierrot<br />
und Colombine tanzt et elle, Colombine, elle danse<br />
und lacht die Sünde weg, et chasse le péché en riant<br />
berauscht im Rausch und… ivre de frénésie et...<br />
PAUL (befremdet unterbrechend) PAUL (l’interrompant, surpris)<br />
Und, hat auch dich berauscht!? Elle t’a énivré toi aussi!?<br />
FRANK FRANK<br />
<strong>La</strong>ss ab von ihr! <strong>La</strong>isse-la en paix!<br />
Geh heim, zu deiner Toten! Va-t-en à la maison, chez ta <strong>morte</strong>.<br />
PAUL (erregt) PAUL (agité)<br />
Ich warte hier auf sie Je l’attends ici;<br />
FRANK FRANK<br />
Du darfst es nicht. Tu ne le peux.<br />
PAUL PAUL<br />
Ich darf es nicht? Je ne peux pas?<br />
Und warum nicht? Et pourquoi pas?<br />
FRANK FRANK<br />
Weil, weil … ich ihrer harre! Parce que, parce que...c’est moi qui l’attend!<br />
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- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
PAUL (bestürzt) PAUL<br />
Wie, du? Comment, toi?<br />
FRANK (mit düsterer Leidenschaft) FRANK (sur un ton triste et passionné)<br />
Auch ich bin ihr verfallen, Moi aussi je suis son esclave,<br />
und wenn sie dich betrügt, et quand elle te leurre<br />
so seis mit mir! elle fait de même avec moi.<br />
PAUL PAUL<br />
Was sagst du da!? Que dis-tu?<br />
FRANK FRANK<br />
Räum mir den Platz, Unseliger! <strong>La</strong>isse-moi la place, malheureux!<br />
Fort, siehst du nicht? Va-t-en, ne comprends-tu pas?<br />
(Zeigt ihm den Schlüssel) (lui montrant la clef)<br />
Den Schlüssel gab sie mir. Elle m’a donné la clef.<br />
PAUL PAUL<br />
Her den Schlüssel! Donne-moi cette clef!<br />
(Entreisst ihm mit Gewalt den Schlüssel) (il lui arrache de force la clef de la main)<br />
FRANK (taumelt zurück) FRANK (recule en vacillant)<br />
Ich bin dein Freund nicht mehr. Je ne suis plus ton ami.<br />
(Wankt ab) (il s’en va en titubant)<br />
- III. Szene - Scène 3<br />
Man hört die sich in Booten lachend und singend nähern- On entend rire et chanter une troupe de danseurs qui s’<br />
de Tänzergesellschaft. Paul verbirgt sich hinter den Bäu- approchent sur quelques barques. Paul se cache derrière les<br />
men rechts. Der nächtliche Himmel hat sich aufgeheitert; arbres à droite. Le ciel d ela nuit s’est calmé, la lune<br />
Mondschein. Ein Boot, mit <strong>La</strong>mpions beleuchtet, fährt brille. Une barque illuminées par des lanternes passe le<br />
durch den Kanal. Im Boote: Victorin, der Regisseur, Fritz, long du canal. Dans la barque se trouvent Victorin, le ré-<br />
der Pierrot, noch im Kostüm und mit seiner <strong>La</strong>ute von der gisseur, Fritz, le Pierrot encore en costume et avec un<br />
Vorstellung her, Lucienne und Juliette, die Tänzerinnen, luth de scène. Ils sont suivis par deux barques avec les<br />
in Abendmänteln über dem Ballerinenkostüm, Graf Albert. membres de la troupe de ballet. Ceux qui sont dans ce ba-<br />
Zwei weitere Boote mit Mitgliedern der Tanzgesellschaft teau restent dans le fond. Toute la scène, comme les précé-<br />
kommen nach. Die diesen Booten Entstiegenen bleiben im dentes, est plongée dans une atmosphère onirique, stylisée,<br />
Hintergrunde. Die ganze Szene traumhaft wie die vorigen, burlesque. Parfois ce sont mes mouvements fotements marqués<br />
stilisiert burlesk. Bald streng rhythmisierte Bewegung, parfois une extase absolue comme dans un tableau. Nombreux<br />
bald Erstarren zu Bildhaftigkeit. Reicher bunter Wechsel changements dans la position et dans leur positions. Jeux<br />
in Stellung und Gruppierung. Spiele des Lichts) de lumière)<br />
ALLE (noch im Boote, übermütig) TOUS (encore dans la barque, joyeux)<br />
Schäume, schäume, Bouillonne, bouillonne,<br />
tolles Tänzerblut, sang des danseurs énivrés,<br />
aller Schranken ledig, franchit toutes les barrières,<br />
träume, träume voltige, voltige<br />
dich auf nächter Wasserflut sur sur le flot des eaux<br />
nach Venedig. jusqu’à Venise.<br />
(Das Boot hat angelegt. Victorin springt als erster (Le bateau accoste, Victorin descend le premier, suivi<br />
heraus, die anderen folgen) des autres)<br />
VICTORIN VICTORIN<br />
Und dies hier die Piazetta, Et voici la placette<br />
wo sie wohnt, Marietta. où habite Marietta.<br />
GRAF LE COMTE ALBERT<br />
Famose mise-en-scene! Excellente mise-en-scène!<br />
Hoch Victorin! Vive Victorin.<br />
VICTORIN (Die anderen fallen ein) VICTORIN (avec l’ensemble)<br />
Und hoch der gräfliche Mäcen! Vive le noble mécène!<br />
LUCIENNE LUCIENNE<br />
Bedenkt, Brügge, kein Geschrei! Souvenez-vous, Bruges, pas de tapage!<br />
Die Polizei <strong>La</strong> police...<br />
JULIETTE JUlIETTE<br />
die betet, nous en prie,<br />
die Kunst ist frei! l’art est libre!<br />
ALLE TOUS<br />
Die Kunst – Pst, pst! L’art...chut! chut!<br />
(Dämpfen sich selber zu leisem Ton) (voilant le son de leur voix)<br />
ist frei! est libre.<br />
VICTORIN (Arm in Arm mit dem Grafen) VICTORIN (bras dessus desous avec le Comte)<br />
Bei! Fest und Tanz, Que ce soit la fête ou le bal,<br />
ohne sie kein Glanz, il n’y a pas de bal sans elle,<br />
die göttliche, la divine,<br />
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- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
unersättliche, l’insatiable,<br />
immer vergnügte, toujours amusante,<br />
besiegende, besiegte, gagnante ou perdante<br />
die mit allen Phrynen parmi toutes les Phrynée,<br />
und Colombine les Colombine<br />
und Phyllis et les Phyllis<br />
und Willis les Villi,<br />
um die Wette toujours la petite reine<br />
bezaubernde Mariette. notre Marietta magique<br />
FRITZ (hat sich eine <strong>La</strong>terne, gelehnt, halb schwärmerisch, FRITZ (appuyé à un lampadaire, il s’accompagne d’un luth<br />
hat mit Selbstironie, begleitet sich auf der <strong>La</strong>ute) sur un ton tantôt enthousiaste, tant autoironique)<br />
O Mond, vernimm die traurige Litanei; O lune, écoute la triste litanie:<br />
mit wem brach sie mir heute wohl die Treu? dis-moi avrec qui, aujourd’hui, la foi jurée a été trahie?<br />
Das Herz der Unbeständigen on ne peut pas dompter le coeur<br />
ist nimmermehr zu bändigen. de ce clui qui est toujours volage.<br />
LUCIENNE, JULIETTE (tänzeln auf ihn zu) LUVIENNE, JUKIETTE (elles se dirigent en dansant vers lui)<br />
Du guter, treuer Pierrot, Toi, mon bon et fidèle Pierrot,<br />
fehlt dir Gaston nicht irgendwo? Gaston ne te manque-til pas quelque part?<br />
Sie und der Wohlgelenkge, Elle et son bellâtre,<br />
sie treiben arge Ränke. quelle belle animation cette nuit!<br />
(<strong>La</strong>cheln) (ils rient)<br />
VICTORIN (von der anderen Seite kommend) VICTORIN (arrivant par l’autre côté)<br />
Stören wir verliebten Spiele, Perturbons le jeu des amoureux,<br />
scheuchen wir sie auf vom Pfühle. fourrons notre nez dans leurs affaires<br />
Nach der Wasserpromenade Après la promenade sur l’eau<br />
frommt die artge Serenade. la douce sérénade est appaisante<br />
(Alle begleiten sich auf Stöcken oder Schirmen. Fritz (Tous s’accompagnent durant la sérénade avec leurs bâtons<br />
auf der <strong>La</strong>ute – zum Ständchen) et leurs ombrelles, et Fritz acec le luth)<br />
Höre du Reizende, Ecoute, ensorceleuse,<br />
silbernen <strong>La</strong>utenklang, le son argentin du luth,<br />
deine Getreuen, tes fidèles<br />
die alten und neuen, d’aujourd’hui et d’hier<br />
schmachten schon lang! languissent depuis longtemps<br />
Führst doch den Reigen conduis la danse<br />
zu tollem Geniessen, aux plaisirs fous,<br />
höre den Sang! écoute notre chant!<br />
Komm dich zu zeigen, viens te montrer à nous<br />
komm zu versüssen, viens pour nous calmer,<br />
komm zu den Deinen, viens auprès de tes serviteurs,<br />
komm zu gefallen, viens pour nous donner le plaisir<br />
lasse den Einen, laisses-en un<br />
schenke dich Allen! et donne-toi à tous!<br />
MARIETTA (ist während des Ständchens Arm in Arm mit Gas- MARIETTA (pendant la sérénade, bras dessus-dessous avec<br />
ton, von rückwärts kommend, auf der Brükke in Rücken der Gaston, s’avance du fond et apparaît sur le pont qui se si-<br />
Singenden erschienen und hat hier fröhlich zugehört) tue derrière les chanteurs, et qui a écouté, amusée)<br />
Ich komm zu den Meinen, Je viens chez mes amants,<br />
ich komm zu gefallen, je viens pour vous contenter<br />
lasse den Einen, j’en quitte un<br />
schenke mich Allen! pour me donner à tous<br />
(<strong>La</strong>cht laut auf) (ele éclate de rire)<br />
ALLE (wenden sich überrascht um und begrüssen jubelnd TOUS (se retournent surpris et saluent avec des cris de<br />
die unter sie Tretenden) joie la femme qui les a rejoints)<br />
Marietta! Hoch! Vive Marietta!<br />
LUCIENNE LUCIENNE<br />
Wo warst du, Marietta? Où étais-tu, Marietta?<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Hatt’ heute keine Lust zu proben, Aujourd’hui je n’avais pas envie de répéter<br />
ging mit Gaston aufs <strong>La</strong>nd. je suis allée à la compagne avec Gaston.<br />
JULIETTE JULIETTE<br />
Und er, dein Freund, der Düsterling? Er lui, ton ami, cet homme taciturne?<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Bin durchgebrannt. Je me suis sauvée.<br />
Man will doch einmal atmen. Quelquefois celà permet de respirer<br />
(Lächelt Gaston bedeutsam an) (elle sourit à Gaston d’un air entendu)<br />
VICTORIN (stellt vor) VICTORIN (faisant les présentations)<br />
Herr Graf Albert, ein Freund Le Comte Albert, un ami<br />
der Kunst aus Brüssel. de l’art, de Bruxelles<br />
Lud uns zu Wein und leckrer Schüssel. Il nous a invités ici à bien manger et bien boire<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
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- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
Schön, kleiner Graf! Bien, mon petit comte!<br />
Was kannst du sonst noch? Que sais-tu faire d’autre?<br />
GRAF LE COMTE ALBERT<br />
Lieben! Aimer!<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Brav so. Machs nur recht toll! Très bien. Bon divertissement!<br />
Gibt’s Sekt? Il y a du champagne?<br />
Woll ihr bei mir gedeckt? Mangerons-nous chez moi?<br />
Doch nein, hier draussen, das ist neu! N’est-ce pas mieux ici dehors, c’est nouveau<br />
GRAF LE COMTE ALBERT<br />
Die Kunst ist frei. L’art est libre.<br />
(Marietta blickt ihm lächelnd in die Augen. Gaston mit (Marietta regarde dans les yeux le Comte en souriuant.<br />
einer grotesken Pirouette auf Lucienne und Juliette zu, Gaston, avec un pirouette grotesque, s’approche de Lucienne<br />
die sich in ihn einhängen und an ihn schmiegen) et Lucette qui l’enlacent et se serrent contre lui)<br />
LUCIENNE, JULIETTE (zu Gaston) LUCIENNE, JULIETTE (à Gaston)<br />
Schon fängt sie ihn mit einem Blick. Elle l’a attrapé d’un seul regard<br />
Kehrst du zu uns zurück? Tu reviens avec nous?<br />
(Fritz, der Pierrot, hat einen Korb mit Sekt und Glä- (Fritz, Pierrot, qui a sorti de la barque le seau avec<br />
sern aus dem Boot geholt und schmachtet Marietta seufzend le champagne, et les verres, soupira languissant après Ma-<br />
an. Victorin schenkt ein, verteilt die Gläser, alles in rietta. Victorin rempli et distribue les verres. Tout se<br />
traumhaft rascher Sprunghaftigkeit) fait comme comme dans un demi-rêve rapide, incohérent)<br />
MARIETTA (springt auf die Bank) MARIETTA<br />
Schach Brügge! Echec à Bruges<br />
Und Schach der dumpfen Lüge! et échec à la lugubre menteuse.<br />
(Alle wiederhofen) (Tous répètent)<br />
Und nun Musik! Et maintenant, la musique!<br />
Ein nicht zu heiter, nicht zu traurig Stück. Une chanson ni trop joyeuse, ni trop triste<br />
Musik, die wie im Tanz sich wiegt, une musique qui se libère comme une danse,<br />
sanft lockend durch die Mondnacht fliegt, et qui vole, légère, dans la nuit enlunée,<br />
ganz leise rührt und verführt. nous touche et nous séduit.<br />
(Springt von der Bank und schlägt Pierrot auf die (Elle se lève du banc et donne quelques tapes sur les<br />
Schulter) épaules de Pierrot)<br />
Auf Pierrot! Du triffst es fein! Allons, Pierrot! Qui est meilleur que toi!<br />
Ein Deutscher bist du, bist vom Rhein! Tu es allemand, tu es du Rhin!<br />
FRITZ (verneigt sich tief) FRITZ (s’inclinant profondéent)<br />
Da ihr befehlet, Königin, Commandez, ma reine,<br />
fügt gern sich Pierrots treuer Sinn. Pierrot obéit avec plaisir à Colombine<br />
(Singt. Die andern phantastisch um ihn gruppiert, zu- (il chante. Les autres se grouppent autour de lui dans<br />
meist vorgebeugten Hauptes starr die Augen auf ihn ge- des poses bizarres, immobiles comme dans un rêve, pour cer-<br />
richtet. Unbeweglich wie im Traum!) tains la tête penchée en avant et les yeux fixés sur lui)<br />
Mein Sehnen, mein Wähnen, Mes désirs, mes pensées<br />
es träumt sich zurück, me ramènent au passé<br />
im Tanze gewann ich, j’ai obtenu dans la danse<br />
verlor ich mein Glück. la joie que j’ai perdue<br />
Im Tanze am Rheine, Dans la danse sur le Rhin,<br />
beim Mondenscheine, au clair de lune<br />
gestand mirs aus Blauaug le profond regard<br />
ein inniger Blick, d’un oeil bleu<br />
gestand mirs ihr bittend Wort: m’a avoué sa prière:<br />
o bleibe, o geh mir nicht fort, O reste, O ne t’en va pas loin de moi<br />
bewahre der Heimat ici dans ta patrie<br />
still blühendes Glück, est ton bonheur,<br />
mein Sehnen, mein Wähnen, mes désirs, mes pensées<br />
es träumt sich zurück… me ramènent à autrefois,<br />
Zauber der Ferne <strong>La</strong> magie de l’éloignement<br />
warf in die Seele a fait lutter mon âme<br />
gegen den Brand. contre les embrasements.<br />
Zauber des Tanzes <strong>La</strong> magie de la danse<br />
lockte, ward Komödiant, a fait de moi un acteur<br />
folgt ihr der Wundersüssen, j’en ai suivi la merveilleuse douceur<br />
lernt unter Tränen küssen. elle m’a inségné à embrasser dans les larmes<br />
Rausch und Not, und Wahn und Glück, Douleur et langueur, folie et joie<br />
ach, das ist Gauklers Geschick… hélas, tel est le sort injuste du saltimbanque<br />
(Sinkt Marietta zu Füssen) (il tombe aux pieds de Marietta)<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Bravo, guter Pierrot, Bravo, mon bon Pierrot,<br />
du darfst mich küssen. je te permets de m’emrasser<br />
(Bietet ihm die Wange, die Pierrot lange küsst) (elle tend la joue à Pierrot qui l’embrasse longuement)<br />
dir, Victorin, die Hand. Et pour toi, Victorin, la main.<br />
(Reicht ihm sie zum Küsse, die Victorin ergreift und (elle lui donne la main qu’il embrasse longuement)<br />
lange küsst)<br />
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- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
Für Sie, Herr Graf, die andere. Et pour vous, monsieur le Coe, l’autre.<br />
(Graf wie Victorin) (Le Comte fait comme Victorin)<br />
MARIETTA (mit Genegtuung) MARIETTA (avec satisfaction)<br />
Wenn ich winke, wie sie packen! Quand je fais un signe, comme ils accourent!<br />
(Gaston mit dem Sprunge des Grotesktänzers zu Marietta (Gaston d’un saut de saltimbanque s’élance vers Marietta<br />
hin) grotesquement)<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Und was dir bleibt? Der Nacken? Et que reste-til pour toi? Le cou?<br />
(Gaston küsst sie in den Nacken. Alle fünf Personen ver- (Gaston l’embrasse sur le cou. Les cinq personnages res-<br />
harren einige Augenblicke in dieser Pose. Dazu eine leise, tent immobiles durant quelques instants dans cette pose,<br />
schwüle Musik. Dann reisst sich Marietta, die sich bisher pendant qu’on entend une musique douce et oppressante. Puis<br />
geschlossenen Auges lustwoll den Liebkrosungen hingege- Marietta qui jusqu’alors s’était abandonnée les yeux clox<br />
ben mit einer brutale Gebärde los) au sentiment amoureux, s’arrache d’un geste brusque)<br />
Trollt euch, Faune! Eloignez-vous, faunes<br />
Nun bin ich erst recht in <strong>La</strong>une. Maintenant je suis d’excdllente humeur.<br />
Lust quillt aus mir, Je tremble d’ardeur,<br />
braust wild in mir! Je brûle d’un feu sauvage!<br />
Tanzen will ich staunt Bagage! Je veux danser sans populace,<br />
Tanzen will ich ohne Gage. je veux danser sans gages.<br />
Ich fehlte bei der Prob heut als Helene, Aujourd’hui je n’ai pas répété le rôle d’Hélène<br />
So mach ich in «Robert der Teufel» Aussi vous jouerai-je maintenant<br />
jetzt meine Szene. ma scène de « Robert le Diable »<br />
VICTORIN, GRAF VICTORIN, LE COMTE ALBERT<br />
Ein toller Einfall, den ich lobe! Une idée folle qui m’agrée!<br />
Ich halte mit! D’accord!<br />
Das Kloster, die Beleuchtung passen. Le couvent, les illuminations sont adaptés<br />
FRITZ FRITZ<br />
Ich hol das Segeltuch als Totenlaken. Je prends le voile comme suaire.<br />
(Läuft zum Boot) (il court vers le bateau)<br />
VICTORIN (zu Gaston) VICTORIN (à Gaston)<br />
Du bist Robert! Tu es Robert!<br />
JULIETTE, LUCIENNE JULIETTE, LUCIENNE<br />
Wir sind die auferweckten Nonnen. Nous, nous serons les soeurs ressuscitées.<br />
(Werfen die Mäntel ab) (elles enlèvent leur manteau)<br />
VICTORIN VICTORIN<br />
Und lockt mit Grazie zu Erdenwonnen. Et considérez avec grace les plaisirs terrestres.<br />
FRITZ (zurückgekehrt) FRITZ (revenant)<br />
Hier das Segeltuch! Voici le voile!<br />
MARIETTA (zeigt auf einen der Bäume) MARIETTA (montrant un arbre)<br />
Dort hängt der Zauberzweig. Et voici le rameau magique.<br />
(Fritz hat das Segeltug Marietta umgehängt) (Fritz a mis le voile sur les épaules de Marietta)<br />
VICTORIN VICTORIN<br />
Und diese Bank hier sei der Sarkophag! Et ce banc qui est là sera le sarcophage<br />
MARIETTA (indem sie sich auf die Bank legt) MARIETTA (se préparant sur le banc)<br />
Helene streckt sich drauf als Leiche. Hélène s’étend ici comme une dépouille <strong>morte</strong>lle<br />
VICTORIN VICTORIN<br />
Und pfeife ich das Stichwort der Musik et quand je sifflerai le mot-clé de la musique<br />
erwachst du aus dem Todesschlaf. tu te réveilleras du sommeil de la mort.<br />
MARIETTA (sich ein wenig aufrichtend und auf den Arm MARIETTA (se soulevant un peu et s’appuyant sur un bras)<br />
stützend)<br />
Verführt als auferstandne Tote Comme <strong>morte</strong> ressuscitée je séduirai<br />
Robert, das Schaf. Robert le petit agneau.<br />
(Setzt sich noch einmal auf, mit dämonischem Ausdruck) (elle se rassoie avec une expression diabolique)<br />
Ich wills nicht fehlen lassen! Los! Je veux que tout soit en ordre! Allez!<br />
(Aus der Kirche, in der Gottesdienst beendet ist, (De l’église, dans laquelle le service lithurgique est<br />
fällt von fern die Orgel ein. Die Beghinen erscheinen in fini, on entend un orgue lointain. Les béguines apparais-<br />
gespenstisch lautlosem Zug wie vorher und nehmen im Rüc- sent dans une procession muette et spectrale, comme la pré-<br />
ken der handelnden Personen, wie der Vorgänge nicht ach- cédente, et comme sans faire attention à ce qui se passe<br />
tend, den Rückweg über die Brücke zum Kloster) rentrent au couvent en passant derrière les personnages de<br />
l’action.<br />
(Victorin pfeift das Aufweckungsmotiv aus «Robert der (Victorin siffle le motif de la résurection de « Robert<br />
Teufel») le Diable »)<br />
(Marietta erhebt sich langsam von ihrem <strong>La</strong>ger, mit Geste (Marietta se soulève lentement du banc, faisant des ges-<br />
und Mimik einer zum Leben erwachten Toten, und schreitet tes mimant un réveil de la mort, et avec des mouvements de<br />
mit lockenden, verführerischen Bewegungen auf Gaston zu) séduction s’approche de Gaston)<br />
16
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
(Im Kloster sind plötzlich mit einem Schlage die Fenster (Subitement les fenêtres du couvent s’illuminent et les<br />
beleuchtet. In den Fenstern erscheinen Beghinen in weis- béguines apparaissent dans leur blancs vêtements de nuit.<br />
sem Nachtgewand als unbeweglich starrende Zeugen der Erei- Le quadran illuminé de l’horloge sonne minuit. Les figures<br />
gnisse. Das erleuchtete Zifferblatt der Uhr zeigt Mitter- allégoriques de l’horloge se mettent en mouvement, venant<br />
nacht. Die allegorischen Figuren des Uhrwerks bewegen d’une ouverture et disparaissant dans une autre. Des nuages<br />
sich aus der einen Öffnung heraus in die andere hinein. dans le ciel d’automne. Carillonnement intense. A travers<br />
Dazu stürmischer Wolkenzug am Nachthimmel. Aufgeregtes les arbres, éclairé paf un mince et unique rayon de lumiè-<br />
Glockengetümmel. Man sieht zwischen den Bäumen Paul, Paul apparaît, immobile avec le ragard fixe)<br />
durch einen vereinzelten Lichtstrahl beleuchtet, starren<br />
Blickes dastehen)<br />
(Paul stürzt hinter den Bäumen hervor) (Paul sort des arbres)<br />
MARIETTA (die sich nicht stören lässt) MARIETTA (ne se laissant pas démonter)<br />
Du bists! Kommst grade recht! C’est toi! Tu arrives au momentjuste!<br />
Du bist der richtige Robert. Tu es Robert le juste.<br />
(Beginnt ihn dämonisch-verführerisch zu umtanzen) (Elle commence une danse de séduction démoniaque)<br />
PAUL (fasst mit eisernem Griff Marietta bei der Hand, sie PAUL (attrape Marietta par la main avec une poigne de fer<br />
zum Stillstehen zwingend und ihr ins Gesicht schreiend) et l’oblige à rester sur place et lui crie en face)<br />
Du! Du! Eine auferstandene Tote? Nie! Toi! Toi! Une <strong>morte</strong> resssuscitée? Jamais!<br />
(Reisst ihr das <strong>La</strong>ken vom Leibe. Die Beghinen und Er- (Il lui enlève le voile des épaule. Les béguines et les<br />
scheinungen sind werkschwunden, das Kloster dunkel) autres apparitions se sont évanouies. Le couvent est dans<br />
l’obscurité)<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Narr! Il est fou!<br />
(Gaston springt mit einem grotesken Tänzersprung von (Gaston, venant d’une côté les rejoint en faisant un sot<br />
der einen Seite hinzu) grotesque)<br />
VICTORIN VICTORIN<br />
Zurück von ihr! Eloigne-toi d’elle!<br />
FRITZ (von der anderen Seite) FRITZ (venant de l’autre côté<br />
Zurück! Arrière!<br />
GRAF (Paul entgegen) LE COMTE ALBERT (face à face avec Paul)<br />
Die Hand von dieser Dame! Bas les pattes sur cette dame!<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
<strong>La</strong>sst nur, Bajazzi, lass es, Gräflein, sein, Arrêtez-vous donc, espèce de clown, arrêtez jeune Comte,<br />
mit dem werd fertig ich allein. <strong>La</strong>issez-moi seule avec lui<br />
Geht! Geht nach Haus! Rentrez, rentrez à la maison<br />
Adieu, adieu, das Fest ist aus. Adieu adieu, la fête est finie.<br />
(Da die andern mit Gebärden remonstrieren) (les autres font des gestes de protestation)<br />
Genug getollt. Ruh will der Kai. Nous nous sommes assez divertis. Le quai veut le calme<br />
(Zum Grafen mit Beziehung) (Au Comte, avec intention)<br />
Herr Graf, es gibt ein Wiedersehn. Monsieur le Copmte, nous nous reverrons.<br />
(Graf küsst ihr die Hand) (Le Comte lui baise la main)<br />
(Das Gassenliedchen trällernd, entfernt sich die Gesel- (<strong>La</strong> compagnie s éloigne en chantonnant. Marietta et Paul<br />
lschaft. Marietta und Paul allein) restent seuls)<br />
- IV. Szene - Scène 4<br />
MARIETTA (mit frecher Ruhe) MARIETTA (avec un calme impertinent)<br />
Du machst mir eine Szene? Tu me fais une scène?<br />
Spürst mir nach? Tu m’espionnes?<br />
PAUL (losbrechend) PAUL (explosant)<br />
Verlogen und verderbt bist du! Tu es menteuse et pourrie<br />
Wirfst zuchtlos dich und schamlos weg! Sans honte et sans pudeur..<br />
Nahmst mir sogar den Freund! tu m’as même enlevé mon ami!<br />
Du warst bei Frank! Tu as été avec Frank<br />
MARIETTA (trotzig) MARIETTA (avec obstination)<br />
Das ist nicht wahr! Ce n’est pas vrai.<br />
PAUL PAUL<br />
Er selbst gestand es, kurz zuvor; Lui-même vient d’en convenir.<br />
Hier Le voici.<br />
(Hebt den Schlüssel empor) (montrant la clé)<br />
dies entriss ich ihm! je la lui ai prise!<br />
MARIETTA (wütend) MARIETTA (furieuse)<br />
Nun wenn dus weisst Maintenant que tu le sais<br />
was gibt dir Rechte über mich? quel droit as-tu sur moi?<br />
Ich tu, was mir gefällt. Je fais ce qui me plaît<br />
17
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
PAUL (geht drohend aus sie los) PAUL (s’élançant, menaçant, vers elle)<br />
Du, hüte dich! O toi, fais attention!<br />
MARIETTA (zuckt höhnisch die Achseln) MARIETTA (hausant les épaules, sacarstique)<br />
Du bist grotesk! Tu es grotesque!<br />
PAUL (ausser sich) PAUL (hors de lui)<br />
Erniedrigt hast du mich mit deiner Niedrigkeit, Tu m’as sali avec sa saleté<br />
betrogen meinen Traum. tu as trompé mon rêve.<br />
MARIETTA (trocken) MARIETTA (sèchement)<br />
Dann geh, ich halt dich nicht. Alors va-t-en, je te retiens pas.<br />
PAUL (seiner kaum mächtig) PAUL (perdant preque son sang-froid)<br />
Und glaubst du, Elende, ich liebte dich? Et toi, misérable, tu as cru que je t’aimais?<br />
Dein Fleisch begehrt ich, Je ne désirais que ta chair<br />
dein wissendes Liebkosen! et tes savantes caresses<br />
Nie, niemals liebt ich dich, je ne t’ai jamais, jamais aimée<br />
ich liebe eine Andere. j’en aime une autre.<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Die jagte dich doch fort? Tu as chassé l’autre?<br />
Wer hielt es aus mit dir? Qui réussirait à te supporter?<br />
PAUL PAUL<br />
Schweig oder hör, was dich zerschmettert! Tais-toi ou écoute ce qui t’accablera!<br />
Vernimm mein grauenvoll Geheimnis! Apprends mon terrible secret<br />
Ich küsste eine Tote nur in dir Avec toi je n’ai fait qu’embrasser une <strong>morte</strong>,<br />
liebkost in deinem Haar nur das der Andern, j’ai caressé, dans tes cheveux, ceux d’une autre<br />
erlauscht in deiner Stimme nur die ihre. dans ta voix j’ai seulement écouté la sienne<br />
Fühlt, dich umarmend, nichts als ihre Haut, en t’étreignant je sentais seulement sa peau.<br />
nur ihre Wärme, ihren Duft. sa chaleur, son parfum,<br />
Nur sie allein liebt ich, je n’aimais seulement qu’elle<br />
in dir liebt ich nur meine Tote! en toi, je n’aimais seulement que ma <strong>morte</strong><br />
MARIETTA (beisst sich auf die Lippen) MARIETTA (se mordant les lèvres)<br />
Verdammt, das Bild, dein totes Liebchen? Sacrebleu, le portrait, ta bien-aimée <strong>morte</strong>?<br />
PAUL PAUL<br />
Wags nicht, sprich nicht von ihr N’ai pas l’audace de parler<br />
’s war meine Gattin! Eine Heilige! de celle qui fut ma femme! Une sainte!<br />
Du gleichst betörend ihr, Tu lui ressemble de manière troublante<br />
bist ihr unwürdig Ebenbild! mlais tu en es son image indigne<br />
Begreifst du nun, was du mir warst? Tu as compris maintenant ce que tu représentais pour moi?<br />
Ein Nichts, ein leerer Schatten Un rien, une ombre vide<br />
für meine ewig, heiss Geliebte! pour mon âme éternellement ardente<br />
Wie hasse, wie veracht ich dich, Comme je te hais, comme je te méprise<br />
die meinen edlen Schmerz befleckt, toi qui as sali ma noble souffrance,<br />
den reinen Wahn mir hat beschmutzt! ma folie qui était pure!<br />
Ich bin gesunken, tief gesunken! Je suis tombé, tombé bien bas.<br />
Doch nun hab ich mich wieder, Mais maintenant je me suis retrouvé<br />
hab abgerechnet, bin befreit, j’ai réglé mes comptes, je suis libre,<br />
erlöst bin ich! Wir zwei sind fertig! je renais! Entre noux deux tout est fini!<br />
(Bricht in lautes Schluchzen auss und sinkt auf die (il éclate en gros sanglots et ‘affaisse sur la banquet-<br />
Bank hin. Gesprochen) te. Parlé.)<br />
Wie unglücklich bin ich! Que je suis heureux!<br />
(Der Mond tritt aus den Wolken) (<strong>La</strong> lune apparaît à travers les nuages)<br />
MARIETTA (nähert sich ihm lauernd, den Moment der Schwä- MARIETTA (s’approchant de lui, le regard inquisiteur, et<br />
che benützend. Legt die Hand sanft auf Pauls Schulter) profitant de ce moment de faiblesse, elle pose doucement la<br />
main sur l’épaule de Paul)<br />
Paul, du leidest. Paul, tu souffres.<br />
So wild du mich beschimpft hast, bien tu m’aies offensée cruellement<br />
du dauerst mich. Was ist geschehn? j’ai pitié de toi. Qu’est-il arrivé?<br />
Du übertreibst. Man stellt mir nach. Tu exagères. On me met bien bas.<br />
Ich seh nicht übel aus, hab heisses Blut. Je ne suis pas méchante, j’ai le sang chaud.<br />
Bin jung, bin jung! Je suis jeune, je suis jeune!<br />
Ich bin vergnügt und liebe das Vergnügen. Je suis gaie et j’aime me divertir.<br />
Bin Tänzerin, gehör der Welt Je suis une danseuse, j’appartiens au monde.<br />
und brauch den Rausch für meine Kunst. et j’ai besoin d’ivrese pour mon art!<br />
Was willst du denn? Du Undankbarer! Que veux-tu donc, ingrat?<br />
Hab ich nicht glücklich dich gemacht? Ne t’ai-je pas rendu heureux?<br />
Gehöre ich nicht dir? Ne suis-je pas à toi?<br />
Mein Leib, dess Duft dich so berückt, ce corps, dont le parfum t’énivre tant,<br />
mein Haar, das deine Hand durchwühlt. ces cheveux dans lesquels ta main se perd...<br />
PAUL (verwirrt) PAUL (confus)<br />
Ja, ja!… Der Duft, das Haar… Oui, oui! Le parfum, les cheveux..<br />
MARIETTA (sich neben ihn setzend, schnell) MARIETTA (s’asseyant à coté de lui, volubile)<br />
Siehst du, ein wenig liebst du mich doch! Tu vois bien, tu m’as un peu aimé malgré tout!<br />
18
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
PAUL (schwach) PAUL (faiblement)<br />
Nein, ich begehrte dich. Non, je te désirais.<br />
MARIETTA (schmeichelnd) MARIETTA (cajoleuse)<br />
Und willst mich nun nicht mehr? Et mantenant tu ne me veux plus?<br />
PAUL (verstört) PAUL (ému)<br />
<strong>La</strong>ss mich, lass mich. <strong>La</strong>isse-moi! <strong>La</strong>isse-moi!<br />
(Wie um sich vor sich selbst zu entschuldigen) (comme s’il voulait s’excuser lui-même)<br />
Entweiht hab ich der Toten Recht! J’ai profané le droit de la <strong>morte</strong><br />
Hielt ich, auch fern dich ihrem Heim, et même si je t’ai tenu loin de chez elle<br />
entweiht hab ich sie schon in deinem Haus. je l’ai profanée chez toi<br />
Und was du gabst, was du gewährt, et ce que tu as donné, ce que tu m’as accordé<br />
hat grausam holden Traum zerstört. a cruellement détruit mon doux rêve.<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Nichts ist zerstört, nichts ist geschehn, Rien n’est détruit, rien n’est survenu<br />
belügst dich selbst. tu te trompes toi-même!<br />
Ersehnten Traum, ersehntes Glück, Le rêve que tu souhaitais, le bonheur que tu voulais<br />
genosset dus nicht süss und warm? ne les as-tu pas goûtés avec douceur et chaleur<br />
Gab ich dirs nicht und keine andere? C’est moi qui te les ai donnés et nulle autre.<br />
Winkt es dir weiter nicht in meinem Arm? Ne te sens-tu plus attiré par mes bras?<br />
Du bist verdüstert, armer Freund, mon pauvre ami, tu es assoiffé,<br />
(Auf das Wasser weisend) (montrant l’eau)<br />
dem schwarzen Wasser gleichst du hier, Tu ressemble à cette eau noire qui est là<br />
für das der bleiche Mond kaum scheint. et qui ne renvoie même pas la pâleur de la lune<br />
(Ihm das beleuchtete Gesicht zuwendend) (tournant vers lui un visage illuminé)<br />
Mich aber liebkost der weisse Strahl, Mais moi, son blanc rayon me caresse<br />
wie mir erst recht die Sonne hold. comme le fait le soleil que j’aime<br />
Und selbst so reich beschenkt zum Lebensmahl, Et toutes les richesses reçues au banquet de la vie<br />
schenk ich dir Mondessilber, Sonnengold! je te les donne, argent lunaire et or solaire<br />
(Mit allem Zauber der Verführung, umfasst ihn, schmiegt (Avec l’art le plus consommé de la séduction elle l’em-<br />
sich an ihn) brasse et l’étreint)<br />
Sieh ins Gesicht mir, das du so geliebt. Regarde mon visage que tu as tant aimé.<br />
Dein ists! Und dein mein Aug, Il est à toi! Mon regard est à toi,<br />
und dein zu heisser Stund et dans tes heures de passion<br />
der durstige, lustgeschwellte Mund. cette lèvre avide ivre de plaisir<br />
PAUL (stöhnend) PAUL (gémissant)<br />
Dein Mund, dein Mund. Ta bouche, ta bouche!<br />
MARIETTA (aufspringend und ihn mitreissend) MARIETTA (se levant et l’entraînant)<br />
Hier, nimm und trink! <strong>La</strong> voici, prends-la et bois!<br />
(Paul sinkt an ihre Brust. <strong>La</strong>nger Kuss) (Paul s’abandonne sur sa poitrine. Long baiser)<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Willst du noch fort von mir, Tu veux encore t’éloigner de moi.<br />
mich opfern deiner Toten? me sacrifier à ta <strong>morte</strong>?<br />
PAUL (an ihrer Brust) PAUL (la serrant sur son sein)<br />
Betörend Weib, Femme séductrice,<br />
bin dir verfallen, je me rends<br />
und dich gekettet… et m’enchaîne à toi...<br />
Unlösbar… pour toujours...<br />
Gibst mir den Rausch… Donne-moi l’ivresse..<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Des Lebens und der Liebe Macht, <strong>La</strong> force de la vie et de l’amour<br />
sie halten dich me lie à toi<br />
und mich gekettet … et m’enchaîne<br />
unlösbar. pour toujours.<br />
Schlürf voll den Trank Je te donnerai la coupe<br />
der höchsten Lust, du plaisir suprême<br />
den süssen Rausch, la douce ivresse,<br />
Vergessenheit. l’oubli.<br />
PAUL (seiner nicht mächtig) PAUL (perdant tout contrôle de lui)<br />
Verlass mich nicht, ich liebe dich… Ne me laisse pas, je t’aime...<br />
geh nicht von mir! Ne t’en va pas!<br />
MARIETTA (hoch aufgerichtet, triumphierend) MARIETTA (triomphante et fière)<br />
So sprich: Alors, dis-moi<br />
wen küssest du in mir? quand tu m’as embrassé, qui était-ce?<br />
PAUL PAUL<br />
Nur dich, nur dich. Seulement toi, seulement toi.<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Wess Haar liebkosest du? Quels sont les cheveux que tu caressais?<br />
PAUL PAUL<br />
Das deine, nur das deine. Les tiens, seulement les tiens.<br />
19
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
MARIETTA (dämonisch flüsternd) MARIETTA (murmurant, diabolique)<br />
So komm. Alors viens!<br />
PAUL (will zum Hause Mariettas) PAUL (voulant aller chez Marietta)<br />
Zu dir, zu dir! Chez toi, chez toi!<br />
MARIETTA (abwehrend, mit grosse dämonischer leiden- MARIETTA (s’écartant, avec une passion diabolique)<br />
schaft)<br />
Nein, nicht zu mir! Non, pas chez moi<br />
Ich will dich fortan ganz! Je te veux maintenant tout à moi.<br />
Im Haus der Toten suche ich dich auf, Je viendrai te rejoindre dans la maison de la <strong>morte</strong><br />
zu bannen das Gespenst für immer! j’en chasseai pour toujours le spectre,<br />
Nie wieder soll es siegen! Il ne doit plus vaincre<br />
Ich will zu dir! Je veux venir chez toi!<br />
Zum erstenmal zu dir! Pour la première fois, chez toi!<br />
Ensemble<br />
PAUL (estatisch, seiner nicht mächtig) PAUL (extatique, comme étant hors de lui)<br />
Wohin du willst, Où tu voudras,<br />
wohin du willst, Où tu voudras<br />
gib mir den Trank, donne-moi la coupe<br />
gib mir Vergessenheit, donne-moi l’oubli,<br />
den süssen Rausch! la douce ivresse<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
So komm, Aors viens<br />
und trink Vergessenheit et je boirai l’oubli<br />
im süssen Rausch! dans la douce ivresse.<br />
(Paul nimmt sie um den Leib und stürmt mit ihr über die (Paul l’attrape à bras le corps et se précipite avec<br />
Brücke ab) elle sur le pont)<br />
(Der Vorhang fällt rasch.) (Le rideau tome rapidement)<br />
DRITTES BILD TROISIEME TABLEAU<br />
Der Vorhang geht mit den ersten Takten des Vorspiels Le rideau s’ouvre aux premières mesures du prélude sur<br />
auf und zeigt die Bühne wieder mit Schleiern in roten Be- une scène de nouveau enveloppée de nuages illuminés de rou-<br />
leuchtung verfühlt. Wenn sich die Schleier heben, er- ge. Quand ils se dissipent, apparaît le décors du premier<br />
scheint der Schauplatz des 1. Bildes. Fahler Morgen. tableau. C’est un matin pâle.<br />
- Erste Szene - Scène 1<br />
Die Türe öffnet sich: Marietta erscheint in weissem <strong>La</strong> porte s’ouvre, Marietta apparait vêtue de blanc et res-<br />
Morgengewande und verharrt kurze Zeit regungslos auf der te un instant immobile sur la marche supérieure. Puis d’un<br />
obersten Stufe. Dann stürz sie mit wilder Bewegung vor geste sauvage elle se précipite devant le tableau encore<br />
das Bild; das so unverhüllt ist wie zum Schluss des revouvert comme à la fin du premier acte.<br />
1.Bildes.<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Dich such ich, Bild! Je te cherchais, portrait!<br />
Mit dir hab ich zu reden! J’au à te parler<br />
(Betrachtet das Portrait Mariens) (regardant le portrait de Marie)<br />
Schön bist du und gleichst mir, tu es belle et tu me ressembles,<br />
sag, gleichst du mir noch? Mais, dis-moi, me ressembles-tu encore?<br />
Wo ist deine Macht? Où est ton pouvoir?<br />
Zum zweitenmal starbst du, Tu es <strong>morte</strong> pour la seconde fois,<br />
du stolze Tote. toi, la <strong>morte</strong> orgueilleuse<br />
An mir der Lebenden Avec moi, tu dois vivre<br />
Liebesnacht! cette nuit d’amour.<br />
Die ihr abgeschieden, Vous les retranchés de la vie<br />
brecht nicht den Frieden, ne troublez pas notre tranquillité<br />
drängt nicht ins Leben! ne pénétrez pas dans notre vie!<br />
<strong>La</strong>sst uns, die wir atmen <strong>La</strong>issez-nous, afin que nous respirions<br />
und leiden und streben que nous souffrions et désirions<br />
die springenden Bronnen, les sources jaillissantes,<br />
die Stürme und Sonnen, les tempêtes et les éclairs<br />
das trunkne Getriebe l’engrenage énivrant<br />
von Lust und von Liebe! du plaisir et de l’amour<br />
(Es ist hell geworden. Vereinzelte Glockentöne. Aus der (Le ciel est clair. On entend des tintements isolés de<br />
Ferne dringt leise in unbestimmten Klängen eine mysteriös, cloches. On perçoit dans le lointain le son indistinct d’<br />
traumhafte Marschweise, dazu der Gesang der Kinder, die une marcha mustérieuse et rêveuse, à laquelle se joint le<br />
sich zum Ausgangspunkt der Prozession begeben) chant des enfants qui se dirigent vers le point de départ<br />
20
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
21<br />
de la procession [ * ])<br />
KINDER (draussen) LES ENFANTS (en coulisses)<br />
O süsser Heiland mein, O mon sauveur bien-aimé<br />
einst werd ich um dich sein. un jour je serai à côté de toi<br />
In deiner Liebe Hut Sous la protection<br />
werd ruhen ich so gut. de ton amour je reposerai<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Die Kinder sinds. Sie sammeln sich Ce sont les enfants. Ils se réunissent<br />
zur heiligen Prozession pour la sainte procession<br />
und rufen mit des Lebens Wort et les mots de la vie ils m’emmènent<br />
mich von der Toten fort. loin de la mort.<br />
KINDER (draussen) LES ENFANTS (en coulisses)<br />
Einst sagst du: komm zu mir Tu as dit une fois: venez à moi<br />
ins selige Revier, au royaume des bien-heureux<br />
zu blühen am Himmelsrain, pour éclore dans le firmament<br />
ein leuchtend Blümelein. comme de petites fleurs resplendissantes<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Der Kinder Sang, er schwingt und schwillt, Le chant des enfants, il s’élève et se répand<br />
bestärkt des Lebens Drang. revigorant l’élan vital.<br />
- II. Szene - Scène 2<br />
PAUL (stürzt verstört herein) PAUL (entrant précipitemment, perturbé)<br />
Du hier? Toi ici?<br />
MARIETTA (die Schmollende spielend) MARIETTA (feignant de se renfrogner)<br />
Als ich erwachte, warst du fort. Quand je me suis réveillée, tu n’y étais pas.<br />
PAUL (düster, den Blick zu Boden gerichtet, von Gewissen- PAUL (soupçonneux, les yeux au sol, torturé par le remors<br />
sangst gequält vor sich hin) de sa conscience, à part)<br />
Mich trieb’s in die Strassen, Je me sentais poussé à errer dans les rues<br />
die Andacht und Gebet erfüllt. envahi de dévotion et de prière<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Und ich hatt <strong>La</strong>ngeweile ohne dich. Et moi, sans toi, je m’ennuyais.<br />
Da stieg ich in das untere, Je suis alors descendue à l’étage en-dessus<br />
ins interessante Stockwerk, qui est le plus intétessant de la maison<br />
besuchte deine Tote. et que j’ai fait visiter à la <strong>morte</strong><br />
PAUL (aufschreckend) PAUL (tremblant)<br />
Fort, fort von hier! Allez, sors d’ici!<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Empfingst du selber mich nicht hier, Ne m’as-tu pas accueillie ici<br />
das erste Mal? la première fois?<br />
PAUL PAUL<br />
Ja, damals. A ce moment, oui.<br />
Doch heut, Mais aujourd’hui,<br />
(Fasst sie bei der Hand) (la prenant par la main)<br />
komm fort! va-ten!<br />
MARIETTA (sich losmachend) MARIETTA (se libérant)<br />
Nein, ich bleib da. Non, je reste là.<br />
Sehn wir doch auch den Umzug besser hier. Je vois mieux la procession d’ici.<br />
PAUL PAUL<br />
Komm, ich beschwöre dich! Viens, je t’en conjure.<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Den kleinsten Wunsch versagst du mir! Tu me refuses le plus petit désir!<br />
Vergisst so rasch du, was du schwurst? Tu renies aussi vite ce que tu avais juré?<br />
Was ich dir gab? Ce que je t’ai donné?<br />
(Schmiegt sich schmeichelnd an ihn) (elle se serre contre lui, cherchant à l’amadouer)<br />
PAUL (schwach werdend und nervös um sich blikkend) PAUL (cède êu à peu et regarde autour de lui nerveusement)<br />
O schweig. O tais-toi...<br />
* Procession du Saint-Sang (Sanguis Christi) à Bruges<br />
<strong>La</strong> procession du Saint-Sang a lieu tous les ans, le jeudi de l’Ascension. Il s’agit d’une fête à caractère essentiel-lement religieux, qui draine chaque année des dizaines de<br />
milliers de spectateurs. Le défilé présente des tableaux vi-vants de l’Ancien et du Nouveau Testament. Suit un cortège de marchands et de métiers du Moyen Âge, qui précèdent<br />
Thierry d’Alsace<br />
ramenant la fiole du Saint-Sang de Jérusalem. Et lorsque passe la véritable relique, portée par l’é-vêque et sa suite, l’assistance se lève et se signe dans un lourd recueillement )
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
(Draussen hat die traumhafte Marschmusik wieder einge- (A l’extérieur résonne à nouveau la musique de marche de<br />
setzt, die das Nahen des Zuges ankündigt. Sie erklingt rêve, annonçant l’approche de la procession. Elle accompa-<br />
gedämpft während des Folgenden) doucement ce qui suit)<br />
MARIETTA (zum Fenster eilend und die Hände zusammenschla- MARIETTA (se précipitant à la fenêtre et battant des mains)<br />
gend)<br />
Die Menschen! Il y a du monde<br />
Das ist nicht Brügge heut, die tote Stadt. Aujourd’hui ce n’est plus Bruges, la ville <strong>morte</strong>.<br />
(Will das Fenster öffnen) (elle veut ouvrit fenêtre)<br />
PAUL (halt sie zurück) PAUL (la retenant)<br />
Was fällt dir ein! Qu’est-ce qui te prend!<br />
Wenn man dich säh! Si quelqu’un te voyait!<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Schon wieder! Encore!<br />
Schämst dich noch immer meiner! Tu as toujours honte de moi!<br />
(Wendet sich erzürnt ab) (elle se détourne, en colère)<br />
PAUL (nachgebend) PAUL (cédant)<br />
Ich öffne halb, stell dich zur Seite, J’ouvre à moitié, mets-toi sur le côté,<br />
gedeckt durch mich. cache-toi derrière moi.<br />
MARIETTA (wirft sich ärgerlich in einen Stuhl) MARIETTA (s’asseyant sur une chaisse, avec colère)<br />
Nun will ich gar nichts sehn! Maintenant je ne plus rien regarder!<br />
PAUL (beschwichtigend) PAUL (cherchant à la calmer)<br />
Sei klug! Sei gut! Sois compréhensive! Sois bonne!<br />
(Sich erinnernd) (se rappelant tout à coup)<br />
Doch ich vergass der Lichter, J’ai oublié les lumières<br />
die landesüblich. comme c’est l’usage ici.<br />
(Geht in den Hintergrund, öffnet einen Schrank und ent- (Il se dirige vers le fond, ouvre une armoire et prend<br />
nimmt ihm zwei Leuchter mit Wachskerzen, die er anzündet deux cierges de cire qu’il allume et plase sur le devant de<br />
und aufs Fensterbrett stellt) la fenêtre)<br />
MARIETTA (beginnt währenddessen gelangweilt auf ihrem MARIETTA (durant cet dernier instant, d’un air d’ennui,<br />
Stuhle vor sich hinzusingen) commence à chanter sur sa chaise à voix basse)<br />
Mein Sehnen, mein Wähnen, Mes désirs, mes pensées<br />
es träumt sich zurück, me ramènent dans le temps,<br />
im Tanze gewann ich, par la danse j’ai obtenu<br />
verlor ich mein Glück. le bonheur, que j’ai perdu.<br />
Im Tanze am Rheine, A la danse sur le Rhin<br />
beim Mondenscheine… au claire de lune...<br />
(Fröhlich) (gaîment)<br />
Lieb sang er das, mein Pierrot. Tu l’as bien chanté mon Pierrot.<br />
Ja, der brennt lichterloh! Oui, lui aime ardemment.<br />
PAUL (sich vom Fenster aus umwendend, wie beschwörend) PAUL(s’éloignant de la fenêtre, comme implorant)<br />
Der fromme Zug! <strong>La</strong> pieuse procession!<br />
MARIETTA (ohne hinzublicken) MARIETTA (sans regarder à l’extérieur)<br />
<strong>La</strong>ss mich zufrieden! Fiche-moi la paix!<br />
Behalt sie, deine fromme Maskerade! Garde-toi de cette pieuse mascarade<br />
(Mit den Füssen wippend) (se levant et se baissant sur la pointe des pieds)<br />
Wie fade! Quel ennui!<br />
Bleib du in deiner Loge, ich sing mir eins. Puisque je suis ans ta loge, je vais chanter.<br />
(Trällert) (fredonnant)<br />
Diridi, diridon, Diridi, diridon,<br />
was soll es, dass du ferne bist? Qu’est-ce qui se passe, pourquoi n‘es-tu pas ici?<br />
Hab dich ja heut doch noch nicht geküsst. Je ne t’ai pas encore embrassé.<br />
Diridi, diridon, Gaston! Diridi, diridon, Gaston!<br />
(Springt auf) (elle se lève)<br />
Gaston, Gaston! Zu ihm, zu ihm! Gaston, Gaston, allons chez lui!<br />
PAUL (zornig auf sie zu, sie brutal auf den Sitz nieder- PAUL (très irrité, se dirige vers elle et le remet brutale-<br />
drückend) sur sa chaise)<br />
Du schweigst und bleibst mir, wo du bist! Tais-toi et reste là où tu es!<br />
(Marietta blickt ihn halb überrascht, halb trotzig an (Marietta le regarde surprise et fanfaronne, et le suit<br />
und folgt ihm mit den Blicken, während er zum Fenster du regard pendant qu’il se dirige vers la fenêtre. De la<br />
geht. Von der Strasse her dringt dumpfes Geräusch: Die monte une rumeur sourde, provenant d’une foule réunie pour<br />
Menschenmenge, die sich angesammelt hat, um die Prozes- attendre la procession. Ma musique du cortège devient de<br />
sion zu erwarten. Die Marschweise wird lauter. Der sich plus en plus forte. <strong>La</strong> procession qui s’approche attire l’<br />
nahende Zug bannt Pauls Aufmerksamkeit. Er gibt sich der attention de Paul: il se rappelle, comme ravi, la pieuse<br />
feinen seelischen Zwiespalt beschwichtigenden frommen Ze- cérémonie qui parvient à appaiser son confli intérieur, et<br />
remonie hin, so dass er die Anwesenheit Mariettas zu ver- il semble avoir oublié la présence de Marietta. De la musi-<br />
gessen scheint. Aus der Marschmusik, die immer weiter que du cortège qui avance, se détache le chante des en-<br />
geht, löst sich der Gesang der Kinder los) fants)<br />
KINDER (draussen) LES ENFANTS (en coulisse)<br />
22
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
O süsser Heiland mein O mon sauveur adoré,<br />
wir, deine Kindlein, nous, tes petits enfants,<br />
geleiten treu und gut nous escortons naifs et bons<br />
dein kostbar heilig Blut. le sans sacré de ta douleur<br />
PAUL (beim Fenster) PAUL (à la fenêtre)<br />
Die Kinder sinds an der Spitze. Les enfants sont en tête<br />
In ihren silbern schimmernden Kleidchen, avec leurs vêtements argentés qui brillent,<br />
umtrippeln sie ein schneeig Osterlamm. ils apportent à petits pas un agnelet pascal blanc<br />
Statuen jetzt und Kirchenbanner, Maintenant ce sont les moines qui portent<br />
von Mönchen vor sich hergetragen. des statues et des étendards<br />
MÖNCHE (draussen) LES MOINES (en coulisse)<br />
Pange lingua gloriosi, Pange lingua gloriosi,<br />
corporis mysterium. corporis mysterium.<br />
PAUL PAUL<br />
Nun die historische Gruppe! Maintenant c’est le groupe des costumes historiques<br />
(Der Marsch bekommt hellere, ritterliche Farben) (<strong>La</strong> marche devient plus claire, plus cavalière)<br />
Die alten frommen Hernn von Flandern Les anciens et devots seigneurs de Flandre<br />
in Kreuzzugsrüstung und Brokaten. en brocarts et en riches harnachements de croisade<br />
Patrizier von Brügge stellen sont personnalisés par les nobles de Bruges,<br />
sie dar in alten Prachtkostümen. dans la splendeur de leurs costumes anciens<br />
Uns ob die Helden, Heiligen und Krieger, ils incarnent les héros, les saints et les guerriers<br />
der Memling und Van Eick, de Memling et Van Eyck ( * )<br />
erwacht zum Leben, durch die Strassen schritten. ressuscités à la vie, ils parcourent les rues<br />
(Zu Marietta) (à Marietta)<br />
So komm und schau doch, Marietta! Viens regarder, Marietta!<br />
(Marietta verharrt in finsterer Ruhe) (Marietta s’enferme dans un silence lugubre)<br />
PAUL (wieder abgezogen und in den ihn seelisch bewegenden PAUL (de nouveau absent, absorbé par le spectacle qui émeut<br />
Anblick versinkend, während der Marsch ausgeprägtereren son âme, pendant que la marche prend un caractère tout à<br />
hieratischen Charakter annimmt) fait hiératique)<br />
Ein flutend Meer von goldnen Messgewändern! Une mer ondoyante de parements dorés!<br />
Und zwischendurch, Blutstropfen gleich versprengt, et çà et là, comme une goutte de sang<br />
das Chorhemdrot der Sängerknaben, le rouge des tuniques des frères chanteurs<br />
die Weihrauchfässer schwänken, balancent les encensoirs<br />
den heiligen Duft kredenzen qui répendent le parfum sacrée<br />
in mystischen Kadenzen. avec une cadence mystique<br />
Berauschend wogt die farbige Flut. Quel spectacle énivrant de couleurs.<br />
Und unter schwankem Baldachin et sous le baldaquin ondoyant<br />
der Bischof trägt den goldenen Schrein, l’évêque porte la châsse dorée<br />
den kleinem Dom, besetzt mit Edelstein. le petit dôme incrusté de pierres précieuses.<br />
Inbrunst ergiesst sich durch die Strassen. <strong>La</strong> ferveur se répand dans les rues.<br />
Des Glaubens selig süsse Frenesie, Le doux enxhantement de la foie<br />
zwingt alles auf die Knie! oblige chacun à s’agenouiller)<br />
(Neigt sich, unwillkürlich mitgerissen, tief zur Erde. (touché lui aussi il met s’agenouille spontanément. Le<br />
Der Hintergrund des Zimmers wird transparent. Ein gespen- la scène devient transparent. Une vision onirique, spectra-<br />
stig Traumbild: Der Zug, die Kinder, dann die Kreuzritter le: la procession des enfants, les chevaliers de l’ordre<br />
die Geistlichkeit und die Chorknaben, wie es Paul bes teutonique, les ecclésiastiques et les jeunes chanteurs,<br />
chrieben hat, scheinen im Hintergrunde vorbeizuschreiten. comme Paul l’a décrit, semblent traverser le fond. L’image<br />
Das Bild wächt zu grosster, strahlendster Helligkeit an devient de plus en plus lumineuse, puis elle disparaît su-<br />
um plötzig zu verblassen. Vollständige geheimnisovolle bitement. Silence absolu chargé de mystère)<br />
Stille)<br />
MARIETTA(sieht Paul halb ironisch, halb wie mit neuer- MARIETTA (regardant Paul, partagée entre ‘ironie et un in-<br />
wachtem Interesse an) térêt qui se réveille en elle)<br />
Du bist ja fromm! Tu es vraiment dévot<br />
(Näherte sich ihm dämonisch) (se rapprochant de lui, d’un air diabolique)<br />
Ja wer dich liebt muss teilen Celui qui t’aime doit te partager<br />
mit Toten und mit Heiligen. avec les morts et avec les saints<br />
(Plötzlich) (Subitement)<br />
Ich aber will dich gar nicht, oder ganz! Mais je te veux tout à moi, ou pas du tout!<br />
(Umfasst ihn und zieht ihn vorn Fenster weg) (elle l’embrasse et l’éloigne de la fenêtre<br />
Geh, lass das Schaugepränge! Abandonne la farce de ce spectacle!<br />
Geh, dich zu mir. Dann bin ich wieder gut. Viens à moi et je deviendrai bonne à nouveau<br />
Wie hübsch dir die Verklärtheit steht! Comme tu m’es cher avec ta dévotion!<br />
Küss mich, mein Junge. Embrasse-moi, mon enfant!<br />
PAUL (abwehrend) PAUL (s’écartant)<br />
Nicht jetzt, nicht hier. Pas maintenant, pas ici!<br />
MARIETTA (verführerisch hingegeben) MARIETTA (s’offrant à lui, séductrice<br />
Gerade jetzt, gerade hier. Justement tout de suite et ici.<br />
* Peintres flamands<br />
23
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
(Der Marsch setzt voll dräuender Dissonanzen ein. Der (<strong>La</strong> marche se charde graduellement de dissonnances mena-<br />
Zug erscheint neuerlich im Hintergrunde in rotaufflammen- çantes. <strong>La</strong> procession apparait de nouveauau fond, envelop-<br />
dem Licht, diesmal in bewegungsloser Erstarrung; alle, pée d’une lumière rouge-flamme. Les participants sont à<br />
wie im Schreiten begriffen, die Körper nach vorwärts ge’ présent imùmobiles, les corps penchés en avant, le regard<br />
neigt, die Augen drohend auf Paul gerichtet, die Arme torve tourné vers Paul, les bras tendus vers lui)<br />
gegen ihn erhoben)<br />
PAUL (entsetzt auffahrend, taumelt rückwärts) PAUL<br />
Der fromme Zug, er dringt ins Zimmer, <strong>La</strong> procession des croyants fait irruption dans la pièce,<br />
dringt drohend auf uns ein, elle vient vers nous, menaçante<br />
furchtbar Gesicht! <strong>La</strong>ss mich! Vison horrible! <strong>La</strong>issez-moi!<br />
(Stösst Marietta zurück und bedeckt die Augen mit den (Il repousse Marietta et se cache les yeux avec ses<br />
Händen. Die Erscheinung ist verschwunden) mains. L’apparition s’est évanouie)<br />
MARIETTA (gereizt) MARIETTA (irritée)<br />
Du siehst Gespenster. Tu as vu des fantômes.<br />
Das macht der Moder dieses Raums, C’est l’effet de cet endroit lugubre<br />
dein dumpfer Aberglaube. et de ta superstition<br />
PAUL (sich fassend) PAUL (se dominant)<br />
Aberglaube? De ma superstition?<br />
Mein Glaube ist die Treue, Je crois à la fidélité,<br />
mein Glaube ist der Liebe ewge Weih c’est l’éternelle consécration à l’amour<br />
und heilig dieser Glaube! et cette croyance est sacrée!<br />
Er weiht auch diesen Raum, J’ai consacré aussi cet endroit<br />
erfüllet ihn mit selgem Traum. et l’ai rempli d’un rêve saint<br />
Und unsichtbar ragt ein Altar, Un autel invisible se dresse<br />
vor dem sich niederwirft devant lequel se prosterne ma douleur<br />
mein Schmerz um die, die war. pour celle, celle qui a été.<br />
MARIETTA (leidenschaftig) MARIETTA (avec passion)<br />
Und wieder die Tote, Et de nouveau la <strong>morte</strong>.<br />
wie du mich erniedrigst! Comme tu m’as humilée.<br />
Sie schläft doch und fühlt nicht, Elle, elle dort et ne ressent pas<br />
nicht Untreu, nicht Liebe. ni l’infidélité, ni l’amour.<br />
Ich aber, ich lebe, Au contraire, je suis vivante<br />
und fühle die Kränkung. je ressens la mortification.<br />
Ich gab mich dir frei, Je me suis donnée librement à toi.<br />
sie war deine Gattin, Elle, elle était ta femme,<br />
sie lebte geborgen, elle vivait cachée<br />
ich kam aus der Gosse, Je suis sortie de la rue,<br />
getreten, gehöhnt! humiliée, rabaissée!<br />
(Weicher, wie einer ehrlichen Regung folgend) (plus doucement, comme animée par un sentiment sincère)<br />
Der Erste, der Lieb mich gelehrt, <strong>La</strong> première fois où tu m’as initiée à l’amour<br />
wars auch, der mich verriet zerstört… fut celle aussi où tu m’as trahie, détruite...<br />
Die Zähne biss im Trosse ich zusammen, Me mordant les lèvres, malgré moi<br />
litt, stritt, gewann, verlor, j’ai souffert et lutté, j’ai gagné et perdu,<br />
rang unter Qualen ich empor, j’ai combattu dans la souffrance,<br />
entwand mich einer Hölle Flammen, j’ai fui les flammes de lenfer<br />
sprengt das verschlossne Tor j’ai grand-ouvert la porte close<br />
zum Garten lichter Lebenslust du jardin resplendissant des plaisirs de la vie.<br />
errang mir an mich selbst den Glauben… Je me suis construite avec mes seules certitudes<br />
(Mit tränenerstickter Stimme, die Hände auf die Augen (avec un voix suffocante de larmes et les mains sur les<br />
gepresst) yeux)<br />
Soll, darf die Tote mir ihn rauben? <strong>La</strong> mort devrait-elle, pourrait-elle m’emporter?<br />
PAUL (wie bedäupt vor sich in) PAUL (comme étourdi, à part)<br />
Rein war sie, rein, Elle était pure, pure<br />
vergleich dich nicht mit ihr. et n’ose pas te comparer à elle.<br />
MARIETTA (wieder losbrechend) MARIETTA (explosant à nouveau)<br />
Du Heuchler! Hypocrite!<br />
Vor wenig Stunden noch hast du Il y a seulement encore quelques heures<br />
mein <strong>La</strong>ster angebetet n’as-tu pas fait appel à mes vices,<br />
und ihrer Reinheit nicht gedacht! et tu ne pensais certes pas à sa pureté!<br />
Und wenn ich will, Et quand je l’ai voulu,<br />
liegst wieder du zu Füssen mir, tu es tombé tout de suite à mes pieds,<br />
mir die du unrein schiltst, devant moi, devant celle que tu condamnes,<br />
gierst nach geschmähter Lüste Macht, Tu veux jouir des joies que tu méprises<br />
und teilst mich mit den Pierrots, et tu me partages avec des Pierrots<br />
mit deinem Freund und jedem ersten Besten avec ton ami, et avec le premier<br />
der mir gefällt…! qui me plaît!...<br />
PAUL (drohend auf sie zu, ihr die Tür weisend) PAUL (se tournant vers elle d’un air menaçant, et lui mon-<br />
trant la porte)<br />
Verworfne, fort aus dem geweihten Raum! Garce, va-t-en, hors de cet espace consacré!<br />
MARIETTA (sich gross aufrichtend) MARIETTA (se redressant de toute sa hauteur)<br />
Ihr weichen? Nie! Lui céder, jamais!<br />
Zum Kampf mit ihr! Au combat avec elle!<br />
(Stürzt leidenschaftlich vor das Bild) (elle se précipite avec ardeur devant le portrait)<br />
Und offnen Augs, Weib gegen Weib, les yeux dans les yeux, femme contre femme,<br />
24
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
heissatmend Leben gegen Tod! la vie frémissante contre la mort!<br />
Bin ich nicht schön, Ne suis-je pas belle<br />
strafft Jugend nicht der Glieder Pracht? Ne vois-tu pas resplendir en moi le charme dela jeunesse?<br />
Nehm ichs nicht auf mit ihr, Est-ce que je ne vaux pas<br />
(Deutet auf das Bild) (montrant le tableau)<br />
mit den gemalten Schemen? ce fantôme disparu?<br />
PAUL PAUL<br />
Schweig! Tais-toi!<br />
MARIETTA MARIETTA<br />
Bin ich nicht schön Ne suis-je pas pas belle,<br />
und macht mich meine Kunst nicht stark? et mon art ne me donne-t-il pas la force?<br />
Und hebt sie mich nicht über jene et ne me réhausse-t-il pas par rapport à elle<br />
(Greift nach einer der Photographien) (elle prend une des photographies)<br />
und über blasses Abbild par rapport à cette pâle image<br />
von dem, was war? de celle qui n’est plus?<br />
PAUL (entreisst ihr heftig die Photographie) PAUL (lui arrachant de force des mains la photographie)<br />
<strong>La</strong>ss das und geh! <strong>La</strong>isse çà, et va-t-en!<br />
MARIETTA (wild) MARIETTA (sauvagement)<br />
Wo steckt ihr Zauber Où se cache sa magie<br />
in dieser öden Trödelkammer? dans ce sombre ramassis de bric à brac<br />
Ich werde mit ihm fertig J’en finirai avec lui,<br />
ich schwörs, ich schwörs. Je le jure, je le jure!<br />
(Ihr Blick fällt auf die Kristalltruhe, sie eilt auf (Son regard tombe sur l’écrin de cristal. Elle court dans<br />
diese zu, öffnet sie rasch und zieht die Haarflechte her- cette direction, l’ouvre avec rapidité et prend la tresse<br />
vor) dans les mains<br />
Ah, was ist das? Ah: c’est celà?<br />
PAUL (stürzt auf sie zu) PAUL (se précipitant sur elle<br />
Rühr das nicht an! Ne la touche pas!<br />
Das ist geheiligt! Elle est sacrée!<br />
MARIETTA (lacht mit jähem Stimmungswechsel schrill auf, MARIETTA (avec un soudain changement d’humeur, elle éclate<br />
läuft vor Paul um den Tisch herum davon, die Flechte in d’un rire stridulent et court autour de la table tenant en<br />
der Hand hoch emporhaltend, Paul ihr nach. Fragend) l’air la tresse, alors que Paul la poursuit. Interrogative)<br />
Ihr Haar? Ce sont ses cheveux?<br />
(Triumphierend) (Triomphalement)<br />
Ihr Haar! Ses cheveux!<br />
<strong>La</strong>ss mich vergleichen, Compare-les aux miens:<br />
Tot ists und ohne Glanz. Ils sont ternes et sans éclat.<br />
Ist meins nicht seidiger, nicht weicher? Les miens ne sont pas plus soyeux, plus moelleux?<br />
PAUL (ausser sich, verfolgt sie, um ihr die Flechten zu PAUL (hors de lui il la poursuit pour lui arracher la tres-<br />
entreissen) se)<br />
Gib her, nimm dich in Acht! Donne-moi la, fais attention!<br />
Mein Heiligtum, entweih es nicht! C’est ma relique, ne la profane pas!<br />
MARIETTA (lachend) MARIETTA (riant)<br />
Der tote Tand, ein Heiligtum? Cette bagatelle, une relique?<br />
Du phantasierst! Tu délires!<br />
PAUL (wie vorher) PAUL (comme ci-dessus)<br />
Gib her, gib her, Donne-la moi, donne-la moi<br />
Das Haar, es wacht und droht. Les cheveux, ça protège et ça menace.<br />
MARIETTA (immer lachend) MARIETTA (riant toujours)<br />
Du schenkst mir das, nicht wahr? Tu m’en fais cadeau, pas vrai?<br />
PAUL (keuchend) PAUL<br />
Das Haar, der goldne Schatz, den sie mir liess, Ses cheveux, le trésor doré qu’elle m’a laissé,<br />
es wacht in meinem Hause, il veille sur ma maison<br />
es wacht und rächt! il veille et se venge!<br />
Nimm dich in Acht! Fais attention!<br />
MARIETTA (springt katzenartig auf die podiumartige Erhö- MARIETTA (saute come un chat sur la sorte de podium du haut<br />
hung, schlingt sich die Flechte wie eine Kette um den passe la tresse autour de son cou comme un collier qu’elle<br />
Hals und hält sie mit beiden Händen fest. Beginnt dann tient avec les mains. Puis elle commence à danser en riant<br />
hohnlachend zu tanzen) sacarstiquement)<br />
Ich tanz den letzten Glut der Liebe! Je danse les derniers feux d el’amour<br />
Ich tanz den letzten Kuss, Je danse le dernier baiser,<br />
ich tanz die Macht des Lebens. Je danse le pouvoir de la vie.<br />
PAUL (der eine Zeitlang wie fasziniert, starr zugesehen, PAUL (qui pendant quelques instants l’a regardée comme fas-<br />
erfasst sie, zerrt sie in den Vordergrund und wirft sie ciné, l’attraen, l’entraîne vers l’avant-scène et le préci-<br />
zu Boden) te à terre)<br />
Gib oder stirb! Donne-moi ça, ou meurs!<br />
MARIETTA (sich in der Abwehr aus den Ellbogen stützend, MARIETTA (en évitant ses coups, se dresse sur ses coudes et<br />
trotzig schreiend) et hurle obstinément)<br />
Nein! Nein! Du tust mir weh! Non! Non! Tu le fais mal!<br />
25
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
Du bist verrückt. Tu es fou!<br />
(Paul erdrosselt sie im Ringen mit der Haarflechte) (Pendant la lutte, Paul l’étrangle avec la tresse)<br />
MARIETTA (aufschreiend) MARIETTA (criant)<br />
Ah! Ah!<br />
(Fällt entseelt zurück. Kurze Pause) (Elle tombe mort. Courte pause)<br />
PAUL (starrt entsetzt die Tote an) PAUL (regardant, horrifié, le corps inanimé)<br />
Jetzt gleicht sie ihr ganz, Maintenant la ressemblance est complète<br />
(Aufschreiend) (criant)<br />
Marie! Marie!<br />
(Dunkelheit wie zum Schluss des 1. Bildes. Kurzes Zwi- (<strong>La</strong> scène s’obscurcit comme à la fin de l’acte I. Bref<br />
schenspiel. Aus dem Dunkel hat zuerst allein die Gestalt interlude orchestral. Puis émerge de l’obscurité d’abord la<br />
Pauls hervorzutreten, der in eben derselben Stellung wie figure de Paul, dans la même position qu’à la fin de l’acte<br />
zum Schluss des 1. Bildes zu sehen ist; dann erhellt sich I; puis l’ensemble e la scène s’éclaire lentement. Les dé-<br />
allmählich die ganze Umgebung. Das Zimmer genau wie im 1. sont exactemment les mêmes que ceux de l’Acte I.)<br />
Bild)<br />
- III. Szene - Scène 3<br />
PAUL (öffnet langsam die Augen, blickt um sich, fährt mit PAUL (ouvre lentement les yeux, regarde autour de lui, por-<br />
der Hand zur Stirne, sucht die Stelle, wo in der Vision te unze main à sa tête, et cherche l’endroit où se trouvait<br />
die Tote lag. <strong>La</strong>ngsam, noch verwirrt) la <strong>morte</strong> dans la scène précédente. Adagio, encore confus)<br />
Die Tote, wo, <strong>La</strong> <strong>morte</strong>, où est-elle?<br />
lag sie nicht hier, Ne gisait-elle pas ici,<br />
verzerrt, gebrochnen Augs? tordue, les yeux révulsés<br />
(Erblickt die Kristalltruhe, die ein Mondstrahl beleu- (il aperçoit l’écrin de cristal illuminé par un rayon de<br />
chtet) lune)<br />
Haar, unangetastet leuchtets wie zuvor, Les cheveux, intacts, brillants comme avant,<br />
Wie wird mir, was hab ich erlebt, geschaut? qu’ai-je vécu, qu’est-il arrivé?<br />
BRIGITTA (öffnet die Tür im Hintergrund und stellt sachte BRIGITTA (entre par la porte du fond et pose délicatement<br />
eine brennende <strong>La</strong>mpe vorn auf den Tisch) une lampe allumée sur la table)<br />
Die Dame von vorher, Herr Paul, <strong>La</strong> dame de tout à l’heure, monsieur Paul,<br />
sie kehrte an der Ecke um. elle a tourné à l’angle pour revenir<br />
PAUL (sie liebevoll anblickend) PAUL<br />
Brigitta, du, in alter Lieb und Treu. Brigitta, toi, avec ton affection et ta fidélité d’avant.<br />
MARIETTA (tritt herein, in Erscheinung und Haltung genau MARIETTA (entrant dans le même habillement avec lequel elle<br />
wie sie zu Ende des 1. Bildes fortging, leicht und lie- était sortie à la fin du premier tableau, douce et aimable)<br />
benswürdig)<br />
Da bin ich wieder, C’est encore moi,<br />
kaum dass ich sie verlassen, je viens à peine de vous quitter,<br />
vergass den Schirm und meine Rosen. j’ai oublié mon ombrelle et les roses....<br />
(Lächelnd, mit Beziehung) (souriant avec amabilité)<br />
Man sollt es für ein Omen nehmen, peut-être est-ce un signe du ciel<br />
ein Wink, als ob ich bleiben sollte. un signe que je ne devrais pas oublier.<br />
(Da Paul stumm und in sich gekehrt bleibt, wendet sie (Comme Paul reste sans rien dire et se replie sur lui-<br />
sich nach einer Pause, deutliches pantomimisches Spiel, même, après une pause, avec une gestuelle de pantomine, el-<br />
die Achsel zuckend, mit feinem ironischem Lächeln, kokett le se tourne vers la porte en levant les épaules, et, avec<br />
den Schirm schwingend und an dem Rosenstrauch riechend, un breau sourire ironique balance son ombrelle et hume le<br />
zur Türe. Dort trifft sie mit dem eintretenden Frank zu- bouquet de roses avec des gestes aguicheurs. A ce moment<br />
sammen, der sich stumm vor ihr verbeugt. Sie nickt ihm arrive Frank, qui sans dire mot, fait un salut. Elle lui<br />
liebenswürdig lächelnd zu. Ab) fait un signe de tête, sourit malicieusement et sort)<br />
FRANK FRANK<br />
Das also war das Wunder? C’était donc un miracle?<br />
(Auf Paul zu, dessen beide Hände fassend und ihm ins (Il s’avance vers Paul, lui prend les mains et le regarde<br />
Auge blickend) dans les yeux.<br />
Es war das Wunder, C’était un miracle...<br />
ich les in deinem Aug, Je lis dans tes yeux...<br />
ist es nicht mehr. Il n’y est plus.<br />
PAUL (langasam, tiefernst) PAUL (lentement, très grave)<br />
Ich werde sie nicht wiedersehn. Je ne la reverrai jamais plus<br />
Ein Traum hat mir den Traum zerstört, Un rêve a détruit mon rêve<br />
ein Traum der bittren Wirklichkeit un rêve de l’amère réalité<br />
den Traum der Pha,tasie, des süssen Trugs un rêve fantasmagorique, doucement trompeur<br />
Die Toten schicken solche Träume, Les morts envoient des rêves de cette sort<br />
wenn wir zu viel mit und in ihnen leben. quand nous vivons trop avec eux et en eux.<br />
Wie weit soll unser Trauer gehen, Jusqu’où notre deuil pourra-til se poursuivre,<br />
wie weit darf sie es, ohn’ uns zu entwurzeln? jusqu’où, sans nous déraciner à la vie?<br />
Schmerzlicher Zwiespalt des Gefühls! Douloureux déchirement de l’âme<br />
FRANK (herzlich) FRANK (avec affection)<br />
Ich reise wieder ab. Je m’en vais à nouveau.<br />
Sag, willst du mit mir? Dis-moi, veux-tu venir avec moi?<br />
26
- <strong>La</strong> ville <strong>morte</strong> -<br />
Fort aus der Stadt des Todes? te sortir de la ville <strong>morte</strong>?<br />
PAUL (auf dem Stuhl zurücksinkend und schmerzlich das PAUL (s’enfonçant à nouveau sur sa chaise et baissant la<br />
Haupt senkend) tête avec douleur)<br />
Ich wills, ich wills versuchen. Je veux, je veux bien essayer.<br />
(Frank gibt Brigitta ein Zeichen sich mit ihm zurück- (Frank fait signe à Brigitta de se retirer avec lui et<br />
zuziehen und Paul allein zu lassen) laisse Paul seul)<br />
PAUL (allein vor sich hin) PAUL (seul, pour lui-même)<br />
Glück, das mir verblieb, O bonheur qui m’est resté,<br />
lebe wohl, mein treues Lieb. adieu, fidèle amante.<br />
Leben trennt von Tod, <strong>La</strong> vie est distincte de la mort<br />
grausames Gebot. selon un terrible commandement.<br />
Harre mein in lichten Höhn, Attends-moi dans un ciel de lumière,<br />
Hier gibt es kein Auferstehen. ici, il n’y a aucune résurrection<br />
(Er erhebt sich, schliesst mit langsamer Feierlichkeit (il se lève, ferma la porte qui mêne à la chambre de la<br />
die zum Zimmer der Toten führende Tür ab, nimmt die sie <strong>morte</strong> d’u geste lent et hiératique, enlève les fleurs de la<br />
schmückenden Blumen ab, verhüllt das Bild und nimmt auch porte et du portrait en les serrant sur lui. Il recouvre le<br />
hier die Blumen an sich, sie an die Brust drückend. Dann portrait, puis referme les rideaux, prend la lampe sur la<br />
lässt er die Gardine des Fensters herab, ergreift die table et se dirige lentement, la tête baissée vers la porte<br />
Tischlampe und schreitet gesenkten Hauptes auf die Aus- de sortie du fond qu’il ouvre. Il se retourne et jette un<br />
gangstüre im Hintergrunde zu. Wenn er sie erreicht hat, dernier adieu. Le rideau tombe lentement.)<br />
öffnet und Abschied nehmend zurückblickt, fällt langsam<br />
der Vorhang.)<br />
FIN<br />
27