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Prendre sa carte 1920-2009 - Fondation Gabriel Péri

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PRENDRE SA CARTE <strong>1920</strong>-<strong>2009</strong><br />

reconstitutions, dont Annie Kriegel se fit la pionnière attentive et subtile dès le milieu des années 1960 8 . À <strong>sa</strong> suite, Philippe<br />

Robrieux, Philippe Buton et, plus récemment, Dominique Andolfatto 9 ont es<strong>sa</strong>yé, avec plus ou moins de bonheur, de retracer l’évolution<br />

des effectifs parti<strong>sa</strong>ns du PCF (leurs estimations sont rassemblées dans le tableau 1, en annexe).<br />

Le classeur « secret » d’Organi<strong>sa</strong>tion permet de jeter un regard neuf sur la manière dont des centaines de milliers d’individus<br />

se sont agrégés au Parti communiste français et, pour beaucoup, se sont éloignés de ses rangs. « La » vérité, enfin ? Plutôt « une »<br />

vérité. Au bout du compte, nous ne <strong>sa</strong>urons pas, de façon définitive, combien il y a eu d’adhérents au PCF, pas plus que nous ne<br />

le <strong>sa</strong>vons pour les autres partis. Mais nous quantifions un peu mieux, désormais, les contours d’une organi<strong>sa</strong>tion dont on <strong>sa</strong>it depuis<br />

longtemps qu’elle ne relève pas du « parti de cadres » mais du « parti de militants ». En matière d’analyse sociale, le chiffre isolé ne<br />

signifie rien ; appréhendé en série, il devient un indicateur des dynamiques qui structurent et déstructurent le groupe. En cela, ces<br />

deux classeurs sont des outils exceptionnels pour l’historien. Cette première utili<strong>sa</strong>tion se présente ici en cinq temps.<br />

La première partie, plus méthodologique, fait le point sur les procédures de comptage utilisées par les directions communistes,<br />

de <strong>1920</strong> à nos jours.<br />

La seconde, plus factuelle, s’attache à décrire les flux que l’archive permet de reconstituer.<br />

La troisième, plus interprétative, resitue le phénomène de « l’adhésion » parti<strong>sa</strong>ne au communisme dans le contexte bien<br />

plus large de la « politi<strong>sa</strong>tion » et de l’émergence du parti politique en France.<br />

La quatrième, plus analytique, décortique les particularités de l’adhésion communiste (ce n’est pas une simple modalité<br />

particulière de l’adhésion en général), en y voyant un phénomène « total », sociologique et politique, rationnel et affectif,<br />

collectif et individuel.<br />

La cinquième enfin, plus synthétique, reprend la question des flux de l’affiliation, mais pour en cerner au maximum la<br />

logique historique profonde, celle qui produit de l'agrégation militante comme celle qui nourrit la dé<strong>sa</strong>grégation.<br />

En bref, l’archive éclaire la question lancinante des effectifs du PCF, objet de périodiques et croustillantes révélations. Mais,<br />

une fois apaisés les tumultes, elle oblige plus que jamais, derrière la froideur du nombre, à penser la chaleur singulière de l’adhésion<br />

et la fluidité de cette posture sociale particulière qui est celle de « l’adhérent ». À quoi bon dénombrer des cohortes, si l’on ne<br />

comprend pas, sur le fond, ce qui fait et ce qui défait cette propension particulière à s’affilier, que l’on nomme « l’adhésion » ?<br />

8 Ses premières hypothèses et <strong>sa</strong> méthode ont été présentées en 1966, dans la Revue française de Science politique, vol. XVI, n° 1, février 1966, pp. 5-35 et dans<br />

International Review of social history (Amsterdam), vol. IX, 1966. Elles ont été reproduites en 1968 dans Le pain et les roses, PUF, 10/18. Annie Kriegel a prolongé<br />

l’étude dans Les Communistes français, es<strong>sa</strong>i d’ethnographie politique, Seuil, 1968.<br />

9 Philippe Robrieux, ouvrage cité ; Philippe Buton, « Les effectifs du Parti communiste français (<strong>1920</strong>-1984) », Communisme, n. 7, 1985 ; du même, « Le Parti<br />

communiste français depuis 1985, une organi<strong>sa</strong>tion en crise », Communisme, n. 18-19, 1988 ; Dominique Andolfatto, PCF, de la mutation à la liquidation, Éditions<br />

du Rocher, 2005.

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