Prendre sa carte 1920-2009 - Fondation Gabriel Péri

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PRENDRE SA CARTE 1920-2009
5. Conclusion : l’adhésion comme fait « total »
Au final, du bouquet des communismes locaux se dégage
un parfum commun suffisamment identifiable pour que, du
Trégor jusqu’à la vallée du Paillon, d’Oyonnax à Argenteuil 85 ,
s’impose la sensation d’un phénomène sociopolitique unique,
associé à l’existence du communisme français. La diversité inépuisable
des militantismes communistes ne contredit pas l’existence
de traits majeurs de communauté. La métaphore religieuse
– on entre dans « le Parti » comme on entre en religion
– a l’inconvénient d’être descriptive et non explicative, de rabattre
les processus historiques concrets sur une forme si intemporelle
qu’elle en finit par être pauvrement abstraite. Il n’en reste
pas moins que l’adhésion est presque toujours un acte d’identification,
affectivement ressenti, par lequel s’affirment une ins-
cription sociale – on adhère au parti de l’ouvrier –, une racine
politique – on rejoint le parti le plus à gauche des grandes formations
reconnues – ou une volonté idéologique – on adhère
au parti du socialisme, voire du rationalisme marxiste ou marxisant.
L’identification s’inscrit ou non dans des lignées, notamment
ouvrières ; elle peut continuer précocement une histoire
familiale antérieure ; elle peut, au contraire, résulter d’un long
cheminement et d’une rupture avec l’environnement familial ;
la plupart du temps, elle résulte d’une précipitation ou d’une
cristallisation, au travers d’événements déclencheurs.
Dans tous les cas, si l’adhésion est un fait social « total »,
social et politique, rationnel et affectif, individuel et collectif,
l’interprétation doit mobiliser cette totalité, pour passer de la
description des flux à leur compréhension.
85 Dominique Olivesi, « Le ruban rouge de la vallée du Paillon. L’écosystème niçois », Communisme, n° 45-46, 1996 ; Charles Sowerwine, « Aux origines du communisme
à Oyonnax (Ain) : socialisme et Maison du Peuple » ; Stéphane Gatignon, « Luttes ouvrières et émergence du communisme à Argenteuil », in Jacques
Girault (dir.), Des communistes en France (années 1920 – années 1960), Publications de la Sorbonne, 2002.