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Prendre sa carte 1920-2009 - Fondation Gabriel Péri

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a renforcé le contrôle du centre qui édite directement la <strong>carte</strong>,<br />

désormais nominative, sur la base d’une liste nationale<br />

jusqu’alors refusée. Enfin, l’abandon officiel du « centralisme<br />

démocratique », au début de 1994, a ouvert la voie à de nouvelles<br />

modalités de décision, les communistes s’étant, eux aussi,<br />

ralliés aux méthodes de la démocratie directe.<br />

Au tout début de juin 1997, les militants sont ainsi<br />

conviés à décider de la participation gouvernementale, à l’issue<br />

des législatives gagnées à gauche, par surprise. Les résultats du<br />

premier vote militant direct n’ont pas été publiés, la direction se<br />

contentant d’évoquer la participation de « dizaines de milliers<br />

de militants », qui se seraient prononcés à 80 % en faveur de la<br />

présence de ministres communistes. Mais qui dit vote dit corps<br />

électoral… et liste électorale. La multiplication des consultations,<br />

notamment au moment des Congrès, pousse à stabiliser<br />

les procédures de comptage. À cet effet, les nouveaux statuts du<br />

PCF, adoptés en 2001, établissent la distinction entre les « adhérents<br />

» 41 et les « coti<strong>sa</strong>nts » 42 qui ont seuls le droit de vote.<br />

Les comptabilités antérieures repo<strong>sa</strong>ient sur les seules<br />

déclarations des fédérations. Depuis 2006, la direction dit s’appuyer<br />

sur trois séries de données 43 : tous les trois ans, les fédérations<br />

lui adressent une liste nominative d’adhérents qui contient<br />

quelque 135 000 noms ; par ailleurs, un logiciel centralisé sur<br />

un serveur national permet aux sections, aux fédérations et à<br />

l’échelon national de mettre à jour ce fichier en temps réel et de<br />

l'exploiter (actuellement 68 fédérations utilisent le système, qui<br />

recense 95 845 noms au 31 décembre <strong>2009</strong>). Ces données,<br />

complétées au fur et à mesure par les demandes d'adhésions,<br />

servent à l'édition des <strong>carte</strong>s nominatives pluriannuelles : c'est<br />

sur la base du nombre de <strong>carte</strong>s éditées que la direction fixe le<br />

nombre officiel d'adhérents. Enfin, un logiciel, placé sous la respon<strong>sa</strong>bilité<br />

de la trésorerie nationale et nourri par les associations<br />

départementales de financement (les ADF), permet d’évaluer<br />

l’état des coti<strong>sa</strong>nts, qui sert de base pour dresser la liste<br />

électorale interne et à établir les comptes officiels. C’est à partir<br />

de ces trois sources que sont désormais publiés les chiffres<br />

« légaux » d’effectifs et le total des inscrits aux consultations<br />

internes suscitées par le calendrier statutaire (les Congrès) ou<br />

par la conjoncture politique et électorale.<br />

Ces chiffres sont reportés ici tels qu’ils ont été transmis,<br />

<strong>sa</strong>ns que l’on puisse évaluer de façon globale la fiabilité de cette<br />

nouvelle méthode comptable 44 , qui arrête désormais les effectifs<br />

Données nouvelles sur les effectifs du PCF<br />

tous les trois ans, dans une organi<strong>sa</strong>tion dont les pouvoirs de<br />

contrôle central se sont atténués. Officiellement, les effectifs se<br />

seraient stabilisés autour de 130 000 à 135 000 adhérents, ne<br />

bougeant plus que de quelques unités entre 2005 et <strong>2009</strong>. On<br />

notera pour l’instant que les séries présentées présentent des<br />

évolutions atypiques par rapport aux enregistrements antérieurs<br />

: la quasi stabilité revendiquée entre 2005 et <strong>2009</strong> dissimule<br />

des écarts inaccoutumés entre les départements. En quatre<br />

ans, la ventilation va d’une crois<strong>sa</strong>nce de 66 % (Vienne) à<br />

une baisse de 40 % (Yonne) ; une dizaine de départements<br />

auraient vu leurs effectifs progresser de plus d’un quart (dont la<br />

Meurthe-et-Moselle et le Nord), tandis que sept auraient reculé<br />

dans la même proportion (dont la Somme et la Dordogne).<br />

6. Le « vrai » chiffre n’existe pas.<br />

L’incertitude des chiffres ne procède pas des seules stratégies<br />

des directions. Tout dépend du moment où l’on compte et<br />

de ce que l’on compte. Qui est en fait « l’adhérent » ? Celui à<br />

qui l’on remet <strong>sa</strong> <strong>carte</strong>, chaque année, à l’occasion de la cérémonie<br />

traditionnelle de la « reprise de <strong>carte</strong> », ou de la main à la<br />

main, par exemple lors de la « tournée » de l’Humanité-<br />

Dimanche, ou même par un dépôt dans la boîte aux lettres ou<br />

par courrier postal ? Davantage que celui qui énonce son appartenance,<br />

dans l’exaltation d’une fête ou d’une manifestation,<br />

n’est-ce pas plutôt celui qui la confirme, par le paiement plus ou<br />

moins régulier d’une coti<strong>sa</strong>tion ? Et si l’on accorde à l’engagement<br />

parti<strong>sa</strong>n le statut d’une mobili<strong>sa</strong>tion pérenne en faveur<br />

d’une organi<strong>sa</strong>tion dépositaire d’une idée, ne doit-on pas considérer<br />

que le véritable adhérent est celui qui accorde à l’identification<br />

parti<strong>sa</strong>ne un temps social suffi<strong>sa</strong>mment étendu pour<br />

qu’il devienne un élément structurant de <strong>sa</strong> propre biographie<br />

45 ? Que doit-on décompter, l’adhérent institutionnel<br />

(« l’encarté »), le coti<strong>sa</strong>nt ou le militant ?<br />

La coti<strong>sa</strong>tion régulière permettrait, si les sources en<br />

étaient accessibles, de jauger le volume d’une activité parti<strong>sa</strong>ne<br />

suffi<strong>sa</strong>mment durable pour être volontairement intégrée dans<br />

un emploi du temps de vie et quantifiée monétairement pour<br />

en asseoir un peu plus la « valeur » 46 . Malheureusement, les données<br />

sur ce point ne commencent à se densifier qu’au début des<br />

années 2000, quand sont rendus publics les résultats des consultations<br />

internes, notamment à l’occasion des congrès nationaux.<br />

Dans un premier temps, les annonces procèdent, comme<br />

41 « Est adhérent-e du Parti communiste français, toute femme ou tout homme qui en exprime la volonté. Il ou elle reçoit <strong>sa</strong> <strong>carte</strong> avec les statuts du Parti communiste<br />

français. Il ou elle s’engage à payer <strong>sa</strong> coti<strong>sa</strong>tion » (Statuts de 2001).<br />

42 « Seul-e-s les adhérent-e-s détenant la <strong>carte</strong> du Parti communiste français depuis plus de trois mois avant la date du scrutin, à jour de leur coti<strong>sa</strong>tion, c’est-à-dire<br />

pour les trois derniers mois, au moins, qui précédent le scrutin, peuvent participer au vote » (Statuts de 2001).<br />

43 Entretien avec Denis Rondepierre, respon<strong>sa</strong>ble du lien avec les fédérations, au renforcement et à l'implantation, pour le secteur « Vie du Parti » de la direction<br />

nationale.<br />

44 Dans certains cas, des discordances s’observent entre les sources disponibles. Par exemple, le fichier national relève, pour l’année <strong>2009</strong>, un nombre de 8 780 <strong>carte</strong>s<br />

placées dans le Val-de-Marne, alors qu’une source départementale interne évoque le nombre de 6 533 <strong>carte</strong>s « remises » pour la même année, soit un écart de<br />

25 % entre les deux chiffres.<br />

45 Les statuts adoptés au Congrès de Lille, en juin 1926, considèrent que « peut être membre du Parti quiconque accepte le programme et les Statuts de l’IC, s’engage<br />

à y travailler activement, à se conformer à toutes les décisions de l’IC et du Parti et acquitte régulièrement <strong>sa</strong> coti<strong>sa</strong>tion ». En 1964, la formule est adoucie,<br />

le membre du parti étant « quiconque accepte son programme et ses statuts, adhère à l’une des organi<strong>sa</strong>tions de base du Parti et acquitte régulièrement ses coti<strong>sa</strong>tions<br />

». La référence au militantisme « actif » a donc disparu…<br />

46 La pratique du timbre-coti<strong>sa</strong>tion est introduite dans le POF en 1894. En principe, le paiement régulier de la coti<strong>sa</strong>tion fait partie des obligations de l’adhérent<br />

du PCF. Les statuts de 1926 prévoient ainsi que « les membres du Parti qui, <strong>sa</strong>ns raison suffi<strong>sa</strong>nte, ne s’acquittent pas de leurs coti<strong>sa</strong>tions pendant trois mois,<br />

sont considérés comme radiés ». Cette mention disparaît dans les statuts de juin 1945.<br />

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