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entretint une correspondance volumineuse avec son ami Atticus, aristocrate et banquier.] (Rauh 2003; p.137) « Les transporteurs et marchands tendaient pour la plupart à être des hommes d’origine servile, acquis à travers les lois romaines sur l’esclavage par des familles dont l’objectif était de maintenir le contrôle sur des opérations commerciales distantes. Ces personnes étaient originaires des régions de l’Est méditerranéen, grecques d’Asie Mineure, phéniciens, juifs de Syrie et de Palestine, égyptiens d’Alexandrie. » (Rauh 2003 ; p. 139) Pratiquant les langues régionales, connaissant les marchés locaux, les agents de l’aristocratie Romaine étaient capables de comprendre, de reconnaître l’information utile et de la transformer afin de la rendre compréhensible à leur interlocuteur romain. L’importance des compétences communicationnelles fait d’ailleurs écrire à Morley (Morley 2007) que celles-ci peuvent être considérées comme une infrastructure du commerce rendant toute transaction complexe impossible si elles ne sont pas maîtrisées. Il note d’ailleurs que si la nécessité d’avoir des compétences en langue a pu décliner avec le temps, l’emploi du grec comme lingua franca se répandant, l’importance d’être lettré pour pratiquer le commerce devenait de plus en plus forte. En effet, l’usage des contrats écrits se répand nettement à partir du 4 ème siècle avant J-C (Harris 1989). Si l’emploi d’agents de diverses origines sociales et ethniques paraît avoir été d’une utilité évidente, on peut s’interroger sur les mécanismes venant garantir les divers acteurs contre l’opportunisme possible de leurs contreparties. Le monde romain en offrait plusieurs, formels et informels. L’aristocratie romaine, sénateurs et chevaliers, à la tête des affaires de l’Empire formait un groupe restreint dont les membres interagissaient continuellement. Au sein de ce groupe des informations précieuses sur les agents et sur les membres du groupe s’échangeaient. Elles permettaient d’exclure les agents ayant agit sans la probité voulue et la menace d’exclusion pouvait dissuader au préalable les possibles contrevenants. Les 24

compagnies qui associaient les principaux intervenants dans une opération commerciale et les guildes qui réunissaient les individus faisant le même métier (marins, débardeurs) agissaient sûrement de même manière. D’un point de vue plus formel, la pose de sceaux sur les amphores contenant le vin, par exemple, et l’obligation de détailler par écrit les chargements de marchandises rendaient la tricherie moins aisée. En dernier recours, en cas de litige commercial, il était possible de faire appel au système juridique romain (Kessler and Temin 2007). Nous avons vu jusqu’ici qui étaient les marchands concernés par le commerce au long cours et de quelle manière ils pouvaient se protéger de la manipulation d’information de la part de leurs partenaires. Dans ce qui suit, nous abordons les moyens existants à l’époque de l’Empire pour augmenter la quantité possible d’information. La construction de place de marché par les différentes cités permettait le développement d’un lieu où l’information, comme les biens, s’échangeait, mais aussi se transformait et s’améliorait (par la confrontation de différentes sources, de différents prix et la comparaison possible de différentes qualités de bien). Comme le note Morley (2007), les effets positifs sur le commerce de ces investissements n’étaient pas forcément l’objectif principal des autorités de l’Empire : les routes de l’Empire furent développées pour faciliter les mouvements des armées, les marchés pour centraliser l’activité économique, la réguler et percevoir plus facilement les taxes. Etant donné que l’instrument de travail du marchand lettré était la lettre (en papyrus) et voyageait souvent avec le marchand, l’amélioration des voies de communication (à travers la construction d’infrastructure comme les routes, les canaux et les ports) et leur protection par l’Empire, participait à l’enrichissement des flux d’information. On le voit, les institutions et l’organisation politique de l’époque, améliorait quantité et qualité de l’information circulant dans l’Empire : elles sont à l’origine de la construction des infrastructures, d’un système juridique homogène et permettent la diffusion de langues et de 25

entretint une correspondance volumineuse avec son ami Atticus, aristocrate et banquier.]<br />

(R<strong>au</strong>h 2003; p.137)<br />

« Les transporteurs et marchands tendaient pour la plupart à être <strong>de</strong>s hommes d’origine<br />

servile, acquis à travers les lois romaines sur l’esclavage par <strong>de</strong>s familles dont l’objectif était<br />

<strong>de</strong> maintenir le contrôle sur <strong>de</strong>s opérations commerciales distantes. Ces personnes étaient<br />

originaires <strong>de</strong>s régions <strong>de</strong> l’Est méditerranéen, grecques d’Asie Mineure, phéniciens, juifs <strong>de</strong><br />

Syrie et <strong>de</strong> Palestine, égyptiens d’Alexandrie. » (R<strong>au</strong>h 2003 ; p. 139)<br />

Pratiquant les langues régionales, connaissant les marchés loc<strong>au</strong>x, les agents <strong>de</strong> l’aristocratie<br />

Romaine étaient capables <strong>de</strong> comprendre, <strong>de</strong> reconnaître l’in<strong>format</strong>ion utile et <strong>de</strong> la<br />

transformer afin <strong>de</strong> la rendre compréhensible à leur interlocuteur romain. L’importance <strong>de</strong>s<br />

compétences communicationnelles fait d’ailleurs écrire à Morley (Morley 2007) que celles-ci<br />

peuvent être considérées comme une infrastructure du commerce rendant toute transaction<br />

complexe impossible si elles ne sont pas maîtrisées. Il note d’ailleurs que si la nécessité<br />

d’avoir <strong>de</strong>s compétences en langue a pu décliner avec le temps, l’emploi du grec comme<br />

lingua franca se répandant, l’importance d’être lettré pour pratiquer le commerce <strong>de</strong>venait <strong>de</strong><br />

plus en plus forte. En effet, l’usage <strong>de</strong>s contrats écrits se répand nettement à partir du 4 ème<br />

siècle avant J-C (Harris 1989).<br />

Si l’emploi d’agents <strong>de</strong> diverses origines sociales et ethniques paraît avoir été d’une utilité<br />

évi<strong>de</strong>nte, on peut s’interroger sur les mécanismes venant garantir les divers acteurs contre<br />

l’opportunisme possible <strong>de</strong> leurs contreparties. Le mon<strong>de</strong> romain en offrait plusieurs, formels<br />

et informels. L’aristocratie romaine, sénateurs et chevaliers, à la tête <strong>de</strong>s affaires <strong>de</strong> l’Empire<br />

formait un groupe restreint dont les membres interagissaient continuellement. Au sein <strong>de</strong> ce<br />

groupe <strong>de</strong>s in<strong>format</strong>ions précieuses sur les agents et sur les membres du groupe<br />

s’échangeaient. Elles permettaient d’exclure les agents ayant agit sans la probité voulue et la<br />

menace d’exclusion pouvait dissua<strong>de</strong>r <strong>au</strong> préalable les possibles contrevenants. Les<br />

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