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d’augmenter la quantité d’information disponible et la qualité de celle-ci, notamment en incitant les parties d’une transaction à révéler la « bonne information ». Les marchands des différentes époques n’ont cependant pas attendu le développement de la science économique pour mettre en place ces solutions. Des économistes, comme Grief (1989, 1993), Kessler et Temin (2007) ont étudié la manière dont certains groupes marchands avaient réagi face à l’incertitude. Nous utilisons ces études, ainsi que certains travaux historiques, afin d’offrir dans ce chapitre une perspective sur l’amélioration de la quantité et de la qualité de l’information accessible aux marchands. Nous procédons de la manière suivante : nous avons sélectionné certaines périodes historiques connues pour leur prospérité économique ; pour chacune de ces périodes nous analysons l’organisation d’un groupe marchand, les technologies à sa disposition, ainsi que l’environnement institutionnel dans lequel celui-ci évolue. Á travers cet exercice, nous cherchons à comprendre l’apport de chaque élément (institutionnel, organisationnel et technologique) au développement de l’information ; plus précisément, nous discuterons de la complémentarité ou de la substituabilité de ces éléments. Ce premier chapitre sera divisé en cinq parties. Nous nous intéresserons dans une première partie au commerce de bien et au rôle de l’information durant l’Empire Romain. Nous présenterons dans la deuxième partie trois exemples de l’évolution du traitement de l’information durant le Moyen Âge. La troisième partie portera sur le traitement de l’information commerciale au sein d’une des grandes compagnies mercantilistes : la Compagnie des Indes Britanniques. Notre quatrième partie s’intéressera à la période de la révolution industrielle aux États-Unis. Notre cinquième partie discutera les résultats de différentes innovations que nous avons abordées sur l’exercice du commerce au long cours. 22

2. Au commencement, le monde romain En 67 avant Jésus-Christ, la marine de ce qui est, encore pour peu de temps, la République Romaine éliminait la piraterie de Méditerranée 6 . Rome était alors la ville la plus puissante d’Occident et sûrement la plus grande du monde avec plus d’un million d’habitants (Hopkins 1978). Si elle devait sa grandeur à ses légions, elle devait sa survie quotidienne à son commerce. Trop grande pour se nourrir des produits des campagnes environnantes, elle importait quantité de grains, d’huile, de vins et d’autres produits des provinces de son empire. Nous décrivons dans cette première partie les acteurs du commerce au long cours romain. Le statut de marchand était mal vu par l’aristocratie romaine ou grecque. La majeure partie du commerce au long cours semble avoir été mené par des italiens de basse ascendance, des affranchis ou des esclaves pour le compte de l’aristocratie Romaine (Rauh 2003). Cette dernière, pour se procurer des biens de luxe, orientait les cultures de ses propriétés terriennes vers des productions destinées à l’exportation et prêtait de l’argent aux entreprises commerciales. Donc, même si l’aristocratie romaine dédaignait le commerce, elle y participait pleinement à travers ses fonds, ses agents et ses productions. L’entreprise marchande mêlait financiers romains, marchands grecs et phéniciens, marins italiens et africains. La transmission de l’information ne pouvait se faire spécifiquement à travers des liens ethniques ou religieux comme ce sera le cas pour les époques suivantes : « Les agents d’Atticus, communément des affranchis ou des italiens de moindre extraction, pouvaient encaisser des lettres de crédit pour Cicéron dans la province d’Asie, diriger les prêts d’Atticus à Athènes et s’occuper de ses troupeaux de grande valeur en Epire. » [Cicéron fut sénateur et consul romain au premier siècle avant Jésus-Christ, il 6 Pompée en 67 avant Jésus Christ est fait commandant de la marine de Guerre de la République Romaine. A la tête de 500 navires et 12000 hommes il éradique en trois mois la piraterie de Méditerranée. Source : Rubicon. Tom Holland. p. 176 23

2. Au commencement, le mon<strong>de</strong> romain<br />

En 67 avant Jésus-Christ, la marine <strong>de</strong> ce qui est, encore pour peu <strong>de</strong> temps, la République<br />

Romaine éliminait la piraterie <strong>de</strong> Méditerranée 6 . Rome était alors la ville la plus puissante<br />

d’Occi<strong>de</strong>nt et sûrement la plus gran<strong>de</strong> du mon<strong>de</strong> avec plus d’un million d’habitants (Hopkins<br />

1978). Si elle <strong>de</strong>vait sa gran<strong>de</strong>ur à ses légions, elle <strong>de</strong>vait sa survie quotidienne à son<br />

commerce. Trop gran<strong>de</strong> pour se nourrir <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong>s campagnes environnantes, elle<br />

importait quantité <strong>de</strong> grains, d’huile, <strong>de</strong> vins et d’<strong>au</strong>tres produits <strong>de</strong>s provinces <strong>de</strong> son empire.<br />

Nous décrivons dans cette première partie les acteurs du commerce <strong>au</strong> long cours romain. Le<br />

statut <strong>de</strong> marchand était mal vu par l’aristocratie romaine ou grecque. La majeure partie du<br />

commerce <strong>au</strong> long cours semble avoir été mené par <strong>de</strong>s italiens <strong>de</strong> basse ascendance, <strong>de</strong>s<br />

affranchis ou <strong>de</strong>s esclaves pour le compte <strong>de</strong> l’aristocratie Romaine (R<strong>au</strong>h 2003). Cette<br />

<strong>de</strong>rnière, pour se procurer <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> luxe, orientait les cultures <strong>de</strong> ses propriétés terriennes<br />

vers <strong>de</strong>s productions <strong>de</strong>stinées à l’exportation et prêtait <strong>de</strong> l’argent <strong>au</strong>x entreprises<br />

commerciales. Donc, même si l’aristocratie romaine dédaignait le commerce, elle y participait<br />

pleinement à travers ses fonds, ses agents et ses productions. L’entreprise marchan<strong>de</strong> mêlait<br />

financiers romains, marchands grecs et phéniciens, marins italiens et africains. La<br />

transmission <strong>de</strong> l’in<strong>format</strong>ion ne pouvait se faire spécifiquement à travers <strong>de</strong>s liens ethniques<br />

ou religieux comme ce sera le cas pour les époques suivantes :<br />

« Les agents d’Atticus, communément <strong>de</strong>s affranchis ou <strong>de</strong>s italiens <strong>de</strong> moindre<br />

extraction, pouvaient encaisser <strong>de</strong>s lettres <strong>de</strong> crédit pour Cicéron dans la province d’Asie,<br />

diriger les prêts d’Atticus à Athènes et s’occuper <strong>de</strong> ses troupe<strong>au</strong>x <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> valeur en<br />

Epire. » [Cicéron fut sénateur et consul romain <strong>au</strong> premier siècle avant Jésus-Christ, il<br />

6 Pompée en 67 avant Jésus Christ est fait commandant <strong>de</strong> la marine <strong>de</strong> Guerre <strong>de</strong> la République Romaine. A la<br />

tête <strong>de</strong> 500 navires et 12000 hommes il éradique en trois mois la piraterie <strong>de</strong> Méditerranée. Source : Rubicon.<br />

Tom Holland. p. 176<br />

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