CAHIERS DE BERNARD DE CAUX - Jean Duvernoy
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Cahiers de Brnard de Caux – <strong>Jean</strong> <strong>Duvernoy</strong> 157<br />
(Sur la demande qu'on lui avait faite: s'il y avait deux Dieux, et le fait que cela l'avait<br />
travaillé six mois, ce témoin dit la même chose que F. Guillaume Cougot).<br />
Il entendit tout cela cette année en Carême. Il se tenait au-dessus des écoles des Frères<br />
Mineurs de Toulouse entre le toit et les susdits F. Guillaume Garcias et Pierre Garcias qui parlaient<br />
dans l'école. Il y avait avec lui les Frères de l'Ordre des Mineurs Arnaud d'Ars de Toulouse et<br />
Guillaume Cougot.<br />
Item une autre fois, au même endroit, j'ai entendu dire à Pierre Garcias que celui qui tenait<br />
la croix le Vendredi saint ululait en la découvrant, et là où il disait "Voici le bois de la Croix", il<br />
aurait dû dire: "Voici le bois", car il n'y avait rien là de la Croix 1 .<br />
Item ce même Pierre dit que tous ceux qui ululaient à l'Eglise en chantant d'une voix non<br />
intelligible abusaient le peuple simple, et qu'il avait la Passion en roman chez lui comme elle s'était<br />
passée en réalité 2 . Il dit aussi que ce que l'Eglise romaine unissait, c'est-à-dire l'homme et la femme<br />
(comme lui et sa femme Ayma, (est prostitution) : il n'y a de mariage qu'entre l'âme et Dieu. Et il<br />
appela l'Eglise romaine la Prostituée qui donne le poison et le pouvoir d'empoisonner à tous ceux<br />
qui croient en elle 3 . D'une église qu'on lui montra, il dit que ce n'était pas une Eglise, mais une<br />
maison dans laquelle on dit des faussetés et des tromperies.<br />
Il dit aussi qu'il n'avait pas couché charnellement avec sa femme depuis il y aura deux ans à<br />
la Pentecôte. Et comme F. Guillaume Garcias lui disait que c'était parce qu'elle était de la même<br />
religion que lui, il dit que non, mais qu'elle était bête, comme lui Frère Guillaume.<br />
Il dit aussi sur les miracles qu'aucun miracle que l'on peut voir à l'oeil ne compte, et que ni<br />
saint François ni aucun autre n'a fait aucun miracle.<br />
Que Dieu n'a pas voulu la justice, que quelqu'un soit condamné à mort, et il vitupérait pour<br />
cela un prédicateur de la Croix qui avait croisé bien sept cents personnes à Auvillar 4 , disant qu'il<br />
n'était pas bien que des croisés allassent contre Frédéric, ou contre les Sarrasins, ou encore contre<br />
un château comme Montségur quand il était contre l'Eglise, ou contre un quelconque endroit où il<br />
puisse y avoir mort d'homme.<br />
Il fit l'éloge de l'honorabilité, de la sagesse et de l'intelligence de Raimond Peyre Desplas 5 ,<br />
et dit que c'était un homme caché et dissimulé. Il dit à F. Guillaume Garcias de ne pas parler de ce<br />
genre de sujet à ce Raimond Peyre, si ce n'est à la manière d'un Vaudois 6 .<br />
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1. Il y avait peut-être une relique de la vraie Croix à la Daurade.<br />
2. Probablement une copie vaudoise, comme celle du bourgeois Baragnon (Doat XXV, f. 197 v.}.<br />
3. Apo. 17, 5-6. Cf Gullaume de Puylaurens, pp. 52-53.<br />
4. Tarn-et-Garonne. Probablement contre Montségur. Peut-être les "Gascons" dont parlent les dépositions des<br />
défenseurs.<br />
5. Notaire ou écrivain, condamné au Mur perpétuel le 25 aoOt 1247 (Douais, op. cit., II, pp. 49-52}.<br />
6. C'est-à-dire en réfutant le dualisme, mais en rejetant le serment et l'homicide