Mélanome unguéal - CEDEF, Collège des Enseignants en ...

gingivale inférieure qui demeurait érosive et
invalidante.
L’apparition d’un syndrome cushingoïde obligeait
à une décroissance de la corticothérapie
générale. Étaient alors essayés successivement,
sans aucune efficacité sur l’atteinte muqueuse,
un traitement par disulone, mal toléré, par
sucralfate et, localement, des bains de bouche au
Solupred® et des applications d’Efficort® en crème.
Un traitement immunosuppresseur par
azathioprine était enfin proposé à la malade qui
le refusait.
En décembre 2006, alors que la malade prenait
10 mg/jour de prednisolone, un traitement par
tacrolimus pommade à 0,03 % en applications
locales biquotidiennes était débuté. Dès la 3 e semaine,
était obtenue une amélioration visible des
lésions (Fig. 2). Après 6 semaines de traitement,
la fréquence des applications était progressivement
diminuée et le tacrolimus était arrêté après
6 mois de traitement en juin 2007. L’amélioration
était alors estimée à 80 %, tant sur le plan clinique
que symptomatique, les gingivorragies ayant complètement
disparu et la prise alimentaire étant
redevenue normale. Ce bénéfice se maintient
Pour en savoir +
Le pemphigus vulgaire (PV) est une dermatose
auto-immune comportant des anticorps circulants
antikératinocytaires mis en évidence par immunofluorescence
indirecte sur peau humaine ou œsophage
de singe ou des anticorps antidesmogléine 3
par technique ELISA (1).
Il débute dans plus de la moitié des cas par une
atteinte de la muqueuse buccale. Il s’agit alors
d’érosions buccales traînantes et douloureuses de
la face interne des joues, du palais et des collets
dentaires. Des érosions des muqueuses génitales,
conjonctivales, une atteinte suintante et croûteuse
du cuir chevelu, de l’ombilic, de la région axillaire
et de la sertissure d’un ou de plusieurs ongles sont
d’autres modes de début trompeurs du PV.
L’éruption bulleuse cutanée, avec signe de Nikolski,
succède dans un délai variable aux lésions insidieuses
initialement localisées (2).
Le traitement du PV repose sur la corticothérapie
générale et les immunosuppresseurs systémiques.
Les observations rapportant l’efficacité du tacrolimus
topique dans le PV sont rares dans la
littérature. Dans 2 cas (3, 4), les lésions labiales et
jugales, résistant au traitement systémique, sont
améliorées par l’application locale de tacrolimus.
Dans l’observation de Gach et al. (4), la cicatrisation
des érosions est obtenue en 10 jours s’accompagnant
d’une diminution des douleurs et des
brûlures. Skorow et al. (1) rapportent l’efficacité, en
association à des cures d’immunoglobulines
FMC en direct des associations
CME from FFFCEDV’s associations
Cas clinique commenté
Figure 3: Maintien de la cicatrisation 8 mois après l’arrêt des
applications de tacrolimus
Persistent healing 8 month after stopping topical tacrolimus
(Collection/Courtesy of C. Bourseau-Quetier)
actuellement, soit 8 mois après l’arrêt des applications
de tacrolimus, alors que la corticothérapie
générale a pu être parallèlement diminuée à
3 mg/jour (Fig. 3). ●
humaines, du tacrolimus pommade 0,01 % (60 g
par semaine) appliqué sur des lésions de pemphigus
du tronc ayant préalablement résisté à une
corticothérapie générale à 1 mg/kg/j et à 4 bolus de
Solumédrol ® . Le dosage de la tacrolémie montrait
un taux équivalent aux doses thérapeutiques lors de
l’administration orale du médicament, révélant une
absorption importante du tacrolimus topique. Aucun
passage systémique n’était, en revanche, mis en
évidence dans 2 cas de pemphigus oraux peu
sévères (3, 5), bien contrôlés par le tacrolimus
topique et au cours desquels la tacrolémie était
indosable.
S. Ly
RÉFÉRENCES
1 - Skorow F, Dalle S, Marcilly MC et al. Absorption systémique
importante du tacrolimus topique lors du traitement d’un pemphigus
vulgaire sévère. Ann Dermatol Venereol 2005; 132:
264.
2 - Saurat JH et al. Dermatologie et infections sexuellement
transmissibles. 4e édition. Paris: Masson, 2004 : 299-302.
3 - Hogson TA, Malik F, Hegarty AM et al. Topical tacrolimus:
a novel therapeutic intervention for recalcitrant labial pemphigus
vulgaris. Eur J Dermatol 2003; 13: 142-4.
4 - Gach JE, Ilchyshyn A. Beneficial effect of topical tacrolimus
on recalcitrant erosion of pemphigus vulgaris. Clin Exp Dermatol
2004; 29: 271-2.
5 - Vecchietti G, Kerl K, Samson J, Borradori L. Topical tacrolimus
(FK506) for relapsing erosive stomatitis in paraneoplastic
pemphigus. Br J Dermatol 2003; 148: 833-4.
© Nouv. Dermatol. 2008; 27 : 142-143 143