Pathologie des ongles du sujet âgé - Les Entretiens de Bichat

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Les Entretiens de Bichat 15 sept. 2012 Salle 353 12 h – 12 h 20 Résumé Les microtraumatismes répétés par inadéquation orteilschaussant, les troubles biomécaniques qui vont de pair avec un affaissement progressif de la plante des pieds et une diminution de l’élasticité des ligaments, jouent un rôle prépondérant, avec l’athérosclérose, dans l’apparition d’un dysfonctionnement de l’appareil unguéal. Ces troubles comportent une modification de l’état physiologique normal ; une tendance à l’hyperkératose des structures de la région ; un risque d’incarnation ; une fréquence des infections myco-bactériennes, enfin une propension à l’apparition de certaines tumeurs. 2012 © Les Entretiens de Bichat, Tous droits réservés - Toute reproduction même partielle est interdite. mots-clés Ongle du vieillard, athérosclérose, orteils en marteau, chevauchement des orteils, tumeurs de l’appareil unguéal, onycholyse, pyocyanique 84 - © Les Entretiens de Bichat 2012 Pathologie des ongles du sujet âgé R. Baran* * Cannes Certaines onychopathies se rencontrent volontiers chez le sujet âgé, d’autres, déjà existantes, s’aggravent avec l’âge (1-3) . Les microtraumatismes répétés par inadéquation orteils/chaussant et les troubles biomécaniques (4) (orteil en marteau, hallux rigidus, hallux valgus, chevauchement des orteils, rotation externe du 5ème orteil) vont de pair avec un affaissement progressif de la plante et une diminution de l’élasticité des ligaments. L’insuffisance artérielle joue également son rôle dans le concert des altérations unguéales. L’athérosclérose a une part prépondérante dans l’apparition de certains troubles, même en l’absence d’oblitération vasculaire manifeste (5) . On constate des modifications importantes du tissu élastique du derme du lit unguéal et une augmentation de la taille des cornéocytes. Contrairement à ce que l’on observe chez l’adulte jeune, on note une inégalité et une irrégularité dans le renouvellement des cellules matricielles. Ces variations sont probablement responsables de l’accentuation du relief des lignes longitudinales de l’ongle. La présence de volutes cellulaires surtout dans les Dermatologie couches supérieures de la matrice proximale, correspondrait aux «corps pectinés» de la tablette, témoins de restes cellulaires au noyau aplati, entouré d’un matériel éosinophile. Ces formations parfois observées dans l’ongle normal sont plus fréquentes dans l’ongle sénile. Schématiquement les onychodystrophies du sujet âgé résultent : 1. de modifications de l’état physiologique normal de l’appareil unguéal 2. d’une tendance à l’hyperkératose des différentes structures de la région 3. d’un risque d’incarnation unguéale 4. d’une fréquence des infections mycobactériennes 5. d’une propension à l’apparition de certaines tumeurs. 1. Modifications de l’état physiologique normal de l’appareil unguéal On peut dire que la croissance de l’ongle est inversement proportionnelle à celle de l’âge, 6 mais cela ne retentit en rien sur l’épaisseur de la tablette. On a avancé que la croissance unguéale se poursuivait après la mort, en fait, les mitoses commencées avant la mort vont simplement jusqu’à leur achèvement. L’accentuation du relief des lignes longitudinales des tablettes unguéales des mains se rencontre avec une certaine fréquence, même en l’absence d’arthrite rhumatoïde. S’il existe une tendance à la platonychie, voire à la koïlonychie aux doigts, l’hippocratisme unguéal n’est pas exceptionnel, en particulier chez le bronchiteux chronique. La fragilité des ongles des mains, fins, secs, cassants avec fissure distale s’oppose à la rigidité des ongles des pieds, plus épais et plus durs. La couleur est souvent terne, opaque, grisâtre et la lunule absente. Cette coloration est parfois confondue avec une leuconychie apparente par modification des tissus sousunguéaux. L’aspect d’ongle équisegmenté, blanchâtre dans sa moitié proximale et rose dans sa portion distale s’observe également en dehors de toute insuffisance rénale, comme on l’avait pensé. 2012 © Les Entretiens de Bichat, Tous droits réservés - Toute reproduction même partielle est interdite.

<strong>Les</strong> <strong>Entretiens</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>Bichat</strong><br />

15 sept. 2012<br />

Salle 353<br />

12 h – 12 h 20<br />

Résumé<br />

<strong>Les</strong> microtraumatismes répétés par inadéquation orteilschaussant,<br />

les troubles biomécaniques qui vont <strong>de</strong> pair<br />

avec un affaissement progressif <strong>de</strong> la plante <strong><strong>de</strong>s</strong> pieds et<br />

une diminution <strong>de</strong> l’élasticité <strong><strong>de</strong>s</strong> ligaments, jouent un rôle<br />

prépondérant, avec l’athérosclérose, dans l’apparition d’un<br />

dysfonctionnement <strong>de</strong> l’appareil unguéal.<br />

Ces troubles comportent une modification <strong>de</strong> l’état physiologique<br />

normal ; une tendance à l’hyperkératose <strong><strong>de</strong>s</strong> structures<br />

<strong>de</strong> la région ; un risque d’incarnation ; une fréquence<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> infections myco-bactériennes, enfin une propension à<br />

l’apparition <strong>de</strong> certaines tumeurs.<br />

2012 © <strong>Les</strong> <strong>Entretiens</strong> <strong>de</strong> <strong>Bichat</strong>, Tous droits réservés - Toute repro<strong>du</strong>ction même partielle est interdite.<br />

mots-clés<br />

Ongle <strong>du</strong> vieillard, athérosclérose, orteils en marteau, chevauchement<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> orteils, tumeurs <strong>de</strong> l’appareil unguéal, onycholyse,<br />

pyocyanique<br />

84 - © <strong>Les</strong> <strong>Entretiens</strong> <strong>de</strong> <strong>Bichat</strong> 2012<br />

<strong>Pathologie</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ongles</strong> <strong>du</strong> <strong>sujet</strong> <strong>âgé</strong><br />

R. Baran*<br />

* Cannes<br />

Certaines onychopathies se rencontrent volontiers chez le <strong>sujet</strong><br />

<strong>âgé</strong>, d’autres, déjà existantes, s’aggravent avec l’âge (1-3) .<br />

<strong>Les</strong> microtraumatismes répétés par inadéquation orteils/chaussant<br />

et les troubles biomécaniques (4) (orteil en marteau, hallux<br />

rigi<strong>du</strong>s, hallux valgus, chevauchement <strong><strong>de</strong>s</strong> orteils, rotation<br />

externe <strong>du</strong> 5ème orteil) vont <strong>de</strong> pair avec un affaissement progressif<br />

<strong>de</strong> la plante et une diminution <strong>de</strong> l’élasticité <strong><strong>de</strong>s</strong> ligaments.<br />

L’insuffisance artérielle joue également son rôle dans le<br />

concert <strong><strong>de</strong>s</strong> altérations unguéales.<br />

L’athérosclérose a une part prépondérante dans l’apparition<br />

<strong>de</strong> certains troubles, même en l’absence d’oblitération vasculaire<br />

manifeste (5) . On constate <strong><strong>de</strong>s</strong> modifications importantes<br />

<strong>du</strong> tissu élastique <strong>du</strong> <strong>de</strong>rme <strong>du</strong> lit unguéal et une<br />

augmentation <strong>de</strong> la taille <strong><strong>de</strong>s</strong> cornéocytes. Contrairement<br />

à ce que l’on observe chez l’a<strong>du</strong>lte jeune, on note une inégalité<br />

et une irrégularité dans le renouvellement <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules<br />

matricielles. Ces variations sont probablement responsables<br />

<strong>de</strong> l’accentuation <strong>du</strong> relief <strong><strong>de</strong>s</strong> lignes longitudinales <strong>de</strong><br />

l’ongle. La présence <strong>de</strong> volutes cellulaires surtout dans les<br />

Dermatologie<br />

couches supérieures <strong>de</strong> la matrice proximale, correspondrait<br />

aux «corps pectinés» <strong>de</strong> la tablette, témoins <strong>de</strong> restes cellulaires<br />

au noyau aplati, entouré d’un matériel éosinophile.<br />

Ces formations parfois observées dans l’ongle normal sont<br />

plus fréquentes dans l’ongle sénile.<br />

Schématiquement les onychodystrophies <strong>du</strong> <strong>sujet</strong> <strong>âgé</strong> résultent :<br />

1. <strong>de</strong> modifications <strong>de</strong> l’état physiologique normal <strong>de</strong> l’appareil<br />

unguéal<br />

2. d’une tendance à l’hyperkératose <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes structures<br />

<strong>de</strong> la région<br />

3. d’un risque d’incarnation unguéale<br />

4. d’une fréquence <strong><strong>de</strong>s</strong> infections mycobactériennes<br />

5. d’une propension à l’apparition <strong>de</strong> certaines tumeurs.<br />

1. Modifications <strong>de</strong> l’état physiologique normal<br />

<strong>de</strong> l’appareil unguéal<br />

On peut dire que la croissance <strong>de</strong> l’ongle est inversement proportionnelle<br />

à celle <strong>de</strong> l’âge, 6 mais cela ne retentit en rien<br />

sur l’épaisseur <strong>de</strong> la tablette. On a avancé que la croissance<br />

unguéale se poursuivait après la mort, en fait, les mitoses<br />

commencées avant la mort vont simplement jusqu’à leur<br />

achèvement.<br />

L’accentuation <strong>du</strong> relief <strong><strong>de</strong>s</strong> lignes longitudinales <strong><strong>de</strong>s</strong> tablettes<br />

unguéales <strong><strong>de</strong>s</strong> mains se rencontre avec une certaine fréquence,<br />

même en l’absence d’arthrite rhumatoï<strong>de</strong>.<br />

S’il existe une tendance à la platonychie, voire à la koïlonychie<br />

aux doigts, l’hippocratisme unguéal n’est pas exceptionnel, en<br />

particulier chez le bronchiteux chronique.<br />

La fragilité <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ongles</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> mains, fins, secs, cassants avec fissure<br />

distale s’oppose à la rigidité <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ongles</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> pieds, plus épais<br />

et plus <strong>du</strong>rs. La couleur est souvent terne, opaque, grisâtre et<br />

la lunule absente. Cette coloration est parfois confon<strong>du</strong>e avec<br />

une leuconychie apparente par modification <strong><strong>de</strong>s</strong> tissus sousunguéaux.<br />

L’aspect d’ongle équisegmenté, blanchâtre dans<br />

sa moitié proximale et rose dans sa portion distale s’observe<br />

également en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> toute insuffisance rénale, comme on<br />

l’avait pensé.<br />

2012 © <strong>Les</strong> <strong>Entretiens</strong> <strong>de</strong> <strong>Bichat</strong>, Tous droits réservés - Toute repro<strong>du</strong>ction même partielle est interdite.


2. Tendance à l’hyperkératose <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes structures<br />

<strong>de</strong> la région (7)<br />

L’hyperkératose peut intéresser l’ongle lui-même, <strong>de</strong> façon harmonieuse<br />

: c’est l’onychauxis ou pachyonychie. L’ongle apparaît<br />

parfois comme stratifié. L’hyperkératose sous-unguéale <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

orteils est faite d’une pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong>re ou friable dont la désintégration<br />

progressive est responsable <strong>de</strong> l’onycholyse. Au gros<br />

orteil l’onycholyse <strong>de</strong> la région externe, parfois discrètement<br />

hémorragique, résulte souvent d’un chevauchement même<br />

léger <strong>du</strong> <strong>de</strong>uxième orteil sur le gros orteil par compression <strong>de</strong><br />

la chaussure.<br />

Sous l’influence <strong><strong>de</strong>s</strong> facteurs biomécaniques, les tissus sousunguéaux<br />

peuvent également être responsables <strong>de</strong> phénomènes<br />

hyperkératosiques douloureux à type <strong>de</strong> kératome nucléé (cor<br />

sous-unguéal) ou d’onychophosis sur les replis latéraux ou les<br />

gouttières latérales.<br />

Au cours <strong>de</strong> l’insuffisance artérielle les <strong>ongles</strong> et souvent les<br />

tissus environnants participent ensemble à cette tendance à<br />

l’hyperkératose qui se limite, habituellement, au bord interne<br />

<strong>de</strong> la phalange distale <strong>du</strong> gros orteil lorsqu’il est dévié par l’hallux<br />

valgus.<br />

L’onychogryphose définit un ongle long, contourné en corne <strong>de</strong><br />

bélier, déformant habituellement le gros orteil. Cette dystrophie<br />

tra<strong>du</strong>it à la fois une hyperplasie <strong>du</strong> lit et un épaississement <strong>de</strong><br />

la tablette qui <strong>de</strong>vient brunâtre, opaque, barrée <strong>de</strong> stries transversales.<br />

Rien n’est plus étonnant que le comportement <strong>de</strong> ces<br />

<strong>sujet</strong>s <strong>âgé</strong>s qui assistent impassibles à la croissance progressive<br />

<strong>de</strong> leurs <strong>ongles</strong> en tire-bouchon, qu’ils conservent en découpant<br />

l’extrémité <strong>du</strong> toit <strong>de</strong> leur chaussure...<br />

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3. Le risque d’incarnation unguéale (8)<br />

L’hypercourbure transversale <strong><strong>de</strong>s</strong> gros orteils se tra<strong>du</strong>it parfois<br />

par un ongle en tuile <strong>de</strong> Provence, caractérisé par un parallélisme<br />

rigoureux <strong>de</strong> ses bords. Mais il arrive que cette hypercourbure<br />

détermine un ongle en volute, en pince ou en cornet. L’hypercourbure<br />

transversale augmente progressivement vers la partie<br />

distale où les bords latéraux enserrent les tissus mous qu’ils<br />

pincent sans rompre nécessairement l’épi<strong>de</strong>rme <strong>du</strong> lit. C’est en<br />

agissant comme <strong><strong>de</strong>s</strong> leviers que les bords latéraux maintiennent<br />

une striction permanente sur la lame qu’ils déforment. <strong>Les</strong> phénomènes<br />

hyperalgiques ne sont pas rares. La physiopathologie<br />

<strong>de</strong> l’ongle en pince acquis fait appel à l’élargissement <strong>de</strong> la base<br />

<strong>de</strong> la phalange distale où <strong><strong>de</strong>s</strong> exostoses sont fréquentes.<br />

L’hypertrophie <strong>du</strong> bourrelet latéral, qu’explique une compression<br />

chronique, peut s’accompagner d’une plicature unguéale<br />

latérale, susceptible <strong>de</strong> léser la gouttière unguéale homologue<br />

et <strong>de</strong> provoquer <strong><strong>de</strong>s</strong> signes fonctionnels.<br />

A côté <strong>de</strong> cette forme d’incarnation, les <strong>ongles</strong> <strong>du</strong> <strong>sujet</strong> <strong>âgé</strong> réagissent<br />

comme ceux <strong>de</strong> l’a<strong>du</strong>lte jeune, à la taille incorrecte <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>ongles</strong>. Le problème est aggravé dans la mesure où les patients<br />

ont la vue basse, l’articulation rai<strong>de</strong>, le geste malhabile et une<br />

neuropathie atténuant la sensibilité <strong>du</strong> pied. La pression exercée<br />

par <strong><strong>de</strong>s</strong> chaussures inadaptées qu’aggrave l’insuffisance artérielle<br />

latente (avec ou sans diabète), pose un problème sérieux<br />

Dermatologie<br />

par suite <strong>de</strong> l’inadaptation <strong>du</strong> flux circulatoire à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

accrue. (9) <strong>Les</strong> conséquences infectieuses et le risque <strong>de</strong> gangrène<br />

sont réels, en particulier par compression distale <strong><strong>de</strong>s</strong> tissus sousunguéaux<br />

par l’intermédiaire d’un ongle anormalement épais.<br />

4. Fréquence <strong><strong>de</strong>s</strong> infections mycobactériennes<br />

Comme chez l’a<strong>du</strong>lte jeune on retrouve les trois grands groupes<br />

<strong>de</strong> champignons : <strong>de</strong>rmatophytes, levures et moisissures (10) et,<br />

avec une certaine fréquence, l’infection à Pseudomonas.<br />

Environ 32 % <strong><strong>de</strong>s</strong> patients <strong>de</strong> 60 à 70 ans sont atteints d’onychomycose<br />

; ce pourcentage s’élève à 48 % à partir <strong>de</strong> 70 ans.<br />

<strong>Les</strong> candidoses sont plus communes aux mains qu’aux pieds,<br />

leur fréquence tient <strong>du</strong> caractère invétéré <strong><strong>de</strong>s</strong> paronychies chroniques,<br />

en particulier chez la femme. L’insuffisance circulatoire,<br />

plus ou marquée, <strong><strong>de</strong>s</strong> extrémités explique leur pérennité, malgré<br />

la disparition <strong>du</strong> Candida par un traitement bien con<strong>du</strong>it.<br />

Aux pieds on constate que la forte proportion <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>rmatophytes<br />

chez l’a<strong>du</strong>lte jeune, avec en tête Trichophyton rubrum,<br />

fléchit <strong>de</strong> façon importante après soixante ans au profit <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

moisissures. <strong>Les</strong> champignons saprophytes n’attaquent jamais<br />

une kératine normale, on conçoit donc toute l’importance <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

facteurs biomécaniques, traumatiques et vasculaires dans leur<br />

apparition. Récemment, on a insisté sur la prévalence <strong>de</strong> Candida<br />

ciferii dans les <strong>ongles</strong> <strong>de</strong> <strong>sujet</strong>s <strong>âgé</strong>s souffrant <strong>de</strong> troubles<br />

trophiques (11) .<br />

5. Propension à l’apparition <strong>de</strong> certaines tumeurs (12)<br />

Parmi les tumeurs bénignes, le pseudo-kyste mucoï<strong>de</strong> est souvent<br />

associé à une ostéo-arthrite <strong><strong>de</strong>s</strong> phalanges distales. <strong>Les</strong> verrues<br />

ne sont pas exceptionnelles.<br />

Dans les tumeurs malignes nous avons pu vérifier la fréquence<br />

<strong>de</strong> la maladie <strong>de</strong> Bowen et <strong>de</strong> l’épithélioma spino-cellulaire.<br />

Toutefois, ces cancers sont peu évolutifs et ne se compliquent<br />

pas <strong>de</strong> métastases dans les conditions habituelles. Mais ils sont<br />

souvent polydactyliques.<br />

Le mélanome malin est particulièrement fréquent après la soixantaine,<br />

en particulier aux trois premiers doigts et aux gros orteils.<br />

traitement <strong><strong>de</strong>s</strong> alterations ungueales <strong>du</strong> <strong>sujet</strong> <strong>âgé</strong><br />

Le traitement est sans effet sur l’accentuation <strong>du</strong> relief <strong><strong>de</strong>s</strong> lignes<br />

longitudinales ; <strong>de</strong> plus le ponçage risque <strong>de</strong> fragiliser la tablette.<br />

Le concours d’un pédicure-podologue permet <strong>de</strong> limiter l’importance<br />

<strong>de</strong> l’hypercourbure transversale <strong>de</strong> la tablette en plaçant<br />

une orthèse dans les formes peu avancées. <strong>Les</strong> hyperplasies<br />

unguéales bénéficieront d’une abrasion répétée à intervalles<br />

réguliers à l’ai<strong>de</strong> d’un appareil rotatif.<br />

<strong>Les</strong> indications d’un traitement antimycosique doivent être soigneusement<br />

pesées chez <strong><strong>de</strong>s</strong> mala<strong><strong>de</strong>s</strong> polymédicamentés. Si un tel<br />

traitement est décidé, il <strong>de</strong>vra être court avec les antifongiques systémiques<br />

et locaux mo<strong>de</strong>rnes. Le fluconazole, à raison <strong>de</strong> 150 mg<br />

en une prise par semaine pourrait être un traitement sé<strong>du</strong>isant.<br />

<strong>Les</strong> mycoses doivent être traitées différemment aux mains<br />

qu’aux pieds. Une double paire <strong>de</strong> gants (coton et plastique)<br />

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sera le meilleur garant <strong>de</strong> la protection <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>ongles</strong> d’une maîtresse<br />

<strong>de</strong> maison. <strong>Les</strong> antifongiques locaux actuels ont une activité<br />

anticandidosique remarquable.<br />

Aux pieds, le traitement varie selon la nature <strong>du</strong> champignon.<br />

Alors que les <strong>de</strong>rmatophytes réagissent favorablement à la terbinafine<br />

(à éviter chez les patients soumis aux anticoagulants<br />

ou à la digoxine par ex.), les saprophytes sont moins sensibles<br />

aux antifongiques oraux. C’est dire tout l’intérêt <strong>de</strong> l’association<br />

urée-bifonazole chez les <strong>sujet</strong>s <strong>âgé</strong>s, suivie d’un traitement préventif<br />

par les dispositifs transunguéaux antifongiques (ciclopirox<br />

à 8 % et amorolfine à 5 %).<br />

La fragilité unguéale exige le port d’<strong>ongles</strong> courts. L’application<br />

<strong>de</strong> topiques facilitant l’hydratation <strong>de</strong> la tablette unguéale peut<br />

être bénéfique.<br />

RéFéRENcEs<br />

1 - Baran R. Nail care in the ‘gol<strong>de</strong>n years’ of life. Curr Med Res Opin 1982; 7<br />

suppl 2: 96-99.<br />

2 - Baran R, Dawber RPR. The ageing nail. In: Skin Problems in the El<strong>de</strong>rly. Fry L.<br />

(ed), pp 315-330, 1985. Churchill Livingstone, Edinburgh.<br />

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86 - © <strong>Les</strong> <strong>Entretiens</strong> <strong>de</strong> <strong>Bichat</strong> 2012<br />

3 - Baran R, Dawber RPR. Diseases of the nails and their management. 3 rd ed.<br />

2001. Blackwell Scientific Publications. Oxford.<br />

Dermatologie<br />

4 - Cohen PR, Scher RK. Geriatric nail disor<strong>de</strong>rs: Diagnosis and treatment. J Am<br />

Acad Dermatol 1992; 26: 521-31.<br />

5 - Lewis B, Montgomery H. The senile nail. J Invest Dermatol 1955; 24: 11-18.<br />

6 - Orentreich N, Markowsky J & Vegelman JH. The effect of ageing on the rate<br />

of linear nail growth. J Invest Dermatol 1979; 73: 926.<br />

7 - Helfand AE. Nail and hyperkeratotic problems in the el<strong>de</strong>rly foot. Am Fam<br />

Physica 1989; 39: 101-110.<br />

8 - Tarara EL. Ingrown toenail: a problem among the aged. Postgr Med 1970;<br />

199: 202.<br />

9 - Bakow RB, Friedman SA. The significance of trophic foot changes in the<br />

aged. Geriatrics 1969; 11: 135-139.<br />

10 - English MP, Atkinson R. Onychomycosis in el<strong>de</strong>rly chiropody patients. Br<br />

J Dermatol 1974; 91: 67-71.<br />

11 - <strong>de</strong> Gentile L, Bouchara JP, Le Clec’h C et al. Prevalence of Candida ciferrii<br />

in el<strong>de</strong>rly patients with trophic disor<strong>de</strong>rs of the legs. Mycopathologia 1995;<br />

131: 99-102.<br />

12 - Baran R. The nail in the el<strong>de</strong>rly. Clin Dermatol 2011; 29: 54-60.<br />

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