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Projet PCP<br />
(Plan the City with<br />
the Port)<br />
Leader<br />
Ville du Havre<br />
(France)<br />
Partenaires<br />
Port of Amsterdam<br />
(Pays-Bas)<br />
BIS, Bremerhaven<br />
(Allemagne)<br />
BEAN, Bremerhaven<br />
(Allemagne)<br />
City of Delfzijl<br />
(Pays-Bas)<br />
City of Gdansk<br />
(Pologne)<br />
Riga Free Port<br />
Authority (Lettonie)<br />
Association<br />
Internationale Villes<br />
et Ports (France)<br />
FONDS EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT REGIONAL<br />
INTERREG IIIC, Zone Ouest<br />
Programme cadre régional HANSE PASSAGE<br />
<strong>FAIRE</strong> <strong>LA</strong> <strong>VIL<strong>LE</strong></strong> <strong>AVEC</strong> <strong>LE</strong> <strong>PORT</strong><br />
Quelles strategies pour le redéveloppement des espaces<br />
de liaison ville/port<br />
GUIDE DES BONNES PRATIQUES<br />
Le Havre, Quartiers Sud © <strong>AIVP</strong>/IACP
FONDS EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT REGIONAL<br />
INTERREG IIIC, Zone Ouest<br />
Programme cadre régional HANSE PASSAGE<br />
Projet PCP (P<strong>LA</strong>N THE CITY WITH THE <strong>PORT</strong>)<br />
<strong>FAIRE</strong> <strong>LA</strong> <strong>VIL<strong>LE</strong></strong> <strong>AVEC</strong> <strong>LE</strong> <strong>PORT</strong><br />
GUIDE DES BONNES PRATIQUES<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
<strong>LE</strong> HAVRE (FRANCE)<br />
AMSTERDAM (PAYS-BAS)<br />
BREMERHAVEN (AL<strong>LE</strong>MAGNE)<br />
DELFZIJL (PAYS-BAS)<br />
GDANSK (POLOGNE)<br />
RIGA (<strong>LE</strong>TTONIE)<br />
ASSOCIATION INTERNATIONA<strong>LE</strong> <strong>VIL<strong>LE</strong></strong>S ET <strong>PORT</strong>S (FRANCE)<br />
Réalisé également avec le soutien de :<br />
- la Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction (DGUHC),<br />
Ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables- MEDAD<br />
(France)<br />
- la Région Haute Normandie
Projet européen mené dans le cadre du Programme régional Hanse Passage.<br />
Pilotage global<br />
Ville du Havre<br />
Partenaires<br />
Port of Amsterdam<br />
BIS - Bremerhavener gesellschaft für Investitionsforderung & Stadtentwicklung MBH. - Bremerhaven<br />
BEAN - Bremerhavener Entwicklungsgesellschaft Alter-/Neuer Hafen mbH & Co.KG - Bremerhaven<br />
City of Delfzijl<br />
Municipality of Gdansk<br />
Riga Free Port Authority<br />
Coordination Scientifique<br />
Association Internationale Villes et Ports<br />
Expert externe<br />
Professeur Jacques Charlier, Chercheur qualifié FNRS et Directeur Scientifique (2005-2007) du CIEM<br />
(Centre Interuniversitaire d'Etude de la Mobilité), Bruxelles<br />
Ville du Havre<br />
Novembre 2007<br />
Guide des bonnes pratiques
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
SOMMAIRE<br />
1. Préambule ............................................................................................................................. p. 5<br />
Ville du Havre<br />
2. Introduction à la problématique :<br />
Le caractère protéiforme des interfaces urbano-portuaires .................................................... p. 7<br />
Jacques Charlier<br />
3. Les enjeux des redéveloppements ville-port<br />
Jacques Charlier<br />
3.1 - Aux deux extrémités du spectre :<br />
des opérations blueflield/greenfield aux waterfronts/docklands .......................................... p. 13<br />
3.2 - Les (re)développements à finalité mixte ............................................................................. p. 23<br />
3.3 - Les redéveloppements à finalité portuaire ......................................................................... p. 34<br />
4. Les situations locales de chaque partenaire<br />
Gdansk.................................................................................................................................. p. 51<br />
Bremerhaven......................................................................................................................... p. 59<br />
Riga....................................................................................................................................... p. 71<br />
Amsterdam............................................................................................................................ p. 81<br />
Delfzijl.................................................................................................................................... p. 93<br />
Le Havre................................................................................................................................ p. 103<br />
5. Synthèse : recommandations et bonnes pratiques .......................................................... p. 115<br />
Association Internationale Villes et Ports<br />
Intégrer les espaces<br />
Intégrer la dimension urbaine<br />
Intégrer les fonctions<br />
Intégrer l'environnement<br />
Intégrer les sociétés<br />
6. Annexes................................................................................................................................... p. 123<br />
Liste des experts, contacts.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
3
4<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
1. Préambule<br />
La Ville du Havre a engagé la reconquête et la régénération urbaine de son interface avec le port, à<br />
l’instar de toutes les villes portuaires du monde (Barcelone, Bilbao, Londres, Liverpool, Sydney,<br />
Marseille) afin d’y développer de nouvelles fonctions résidentielles et économiques à valeur ajoutée et<br />
surtout d’améliorer le cadre de vie des habitants et salariés et de valoriser ainsi l’image de ce<br />
territoire, et par delà, de l’ensemble de la commune.<br />
C’est à ce titre que la Ville du Havre a souhaité s’associer à des réseaux européens d’échanges<br />
d’expérience et de capitalisation des acquis au niveau européens comme SUDEST (Sustainable<br />
Developpement of Sea Towns dans le cadre d’URBACT) ou Hanse Passage pour l’INTERREG III C.<br />
Dans le cadre de ce programme européen HANSE-PASSAGE la Ville du Havre est, depuis 2005, à la<br />
tête d’un réseau de villes portuaires appelé « Faire la Ville avec le Port » ou « Plan the City with the<br />
Port ».<br />
Les partenaires du réseau « PCP » sont : la Ville de Gdansk en Pologne, la Ville de Bremerhaven en<br />
Allemagne (au travers du BEAN - Bremerhavener Entwicklungsgesellschaft Alter-/Neuer Hafen et du<br />
BIS - Bremerhavener gesellschaft für Investitionsforderung & Stadtentwicklung), le Port de Riga en<br />
Lettonie, le Port d’Amsterdam et la Ville de Delfzijl aux Pays Bas ainsi que l’<strong>AIVP</strong>, Association<br />
Internationale Villes et Ports (International Association Cities and Ports).<br />
Après des réunions à Gdansk, Bremerhaven, Riga, et Amsterdam, le séminaire final du réseau s’est<br />
ouvert au monde entier et a réuni au Havre les 24 et 25 mai 2007, 282 participants venus de 26 pays.<br />
Le guide des bonnes pratiques que vous avez entre les mains s’est élaboré au fur et à mesure des<br />
réunions et des échanges, il existe afin que cette expérience puisse être partagée par un nombre<br />
encore plus important de partenaires.<br />
Bonne et enrichissante lecture à tous.<br />
L’adjoint au Maire du Havre en charge des Relations Internationales<br />
Ville du Havre<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
5
6<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
2. Introduction : le caractère protéiforme<br />
des interfaces urbano-portuaires<br />
Un guide des bonnes pratiques à l’interface des villes et des ports ne saurait s’ouvrir sans une<br />
définition aussi précise que possible de l’objet étudié. Un point essentiel est qu’il ne s’agit pas d’une<br />
ligne, d’une frontière clairement définie sur carte ou sur plan, qui marquerait, plus encore qu’une<br />
limite, la rupture entre deux mondes différents aux modes de fonctionnement totalement distincts. Il<br />
s’agit plutôt d’une surface, forcément fortement allongée mais dotée d’une certaine épaisseur et qui<br />
n’est bien souvent pas homogène. Il serait utopique de prétendre qu’il y a une réponse unique, en<br />
termes de traitement fonctionnel et urbanistique de ces espaces de transition, et il serait par ailleurs<br />
erroné de penser que ceux-ci ne sont pas en interrelation avec, d’un côté, le port et, de l’autre, la ville.<br />
Les politiques d’aménagement des interfaces débordent donc largement de ces espaces miportuaires,<br />
mi-urbains et doivent être conduites dans une optique holistique. Mieux encore, certains<br />
facteurs relèvent de l’horizon marin, c’est-à-dire des espaces situés au-delà des jetées du port, et<br />
d’autres de l’arrière-pays terrestre, bien au-delà des limites de la ville, de l’agglomération ou de la<br />
métropole.<br />
Des lieux uniques mais perçus différemment<br />
Il y a certes des interfaces physiques ville-port, plus ou moins vastes, mais les places portuaires sont<br />
plus généralement elles-mêmes des lieux d’interface entre des espaces maritimes et continentaux<br />
autrement plus largement dimensionnés que l’umland des villes continentales, qui est bien plus<br />
étriqué. Le think globally and act locally est donc une des spécificités des places portuaires par<br />
rapport aux autres villes. Il y souffle, au sens figuré, des vents à la fois de plus grande portée et de<br />
plus grande ampleur, qui en font des lieux où la modernité est souvent aussi plus vite et plus<br />
significativement présente qu’ailleurs. D’où la difficulté toute particulière de l’aménagement de ces<br />
places portuaires en général et de leurs interfaces urbano-portuaires en particulier. Ceci requiert des<br />
compétences particulières de la part des acteurs de l’aménagement, qui doivent être ouverts à un<br />
large éventail de facteurs. Pour les uns, ceux-ci relèvent de la sphère maritime et portuaire, alors que<br />
les autres relèvent de la sphère urbaine et régionale. Une spécificité des places portuaires est que<br />
beaucoup de ces facteurs interagissent au-delà du domaine normal d’intervention des aménageurs<br />
portuaires ou urbains, lesquels maîtrisent souvent mal les enjeux globaux de leurs actions locales.<br />
Une difficulté majeure tient aux échelles spatiales et temporelles différentes des uns et des autres<br />
et à leur relative méconnaissance globale du fonctionnement des places portuaires. La différence des<br />
échelles spatiales a déjà été soulignée plus haut, mais il convient aussi d’épingler celle des échelles<br />
temporelles. Pour les ports, le temps long est une constante de l’aménagement, alors que le moyen-<br />
ou le court terme sont davantage la règle dans la sphère urbaine, où les résultats des politiques sont<br />
attendus dans un horizon plus rapproché, qu’il s’agisse de la mise en œuvre de politiques<br />
économiques et sociales, dont les effets doivent pouvoir être mesurés à l’échelle d’une législature, ou<br />
de la réalisation d’équipements, dont une réalisation et une rentabilisation plus rapides sont exigées.<br />
Une autre grande difficulté provient du caractère récent de la convergence des regards qu’ils portent<br />
désormais sur les interfaces urbano-portuaires. Jusque dans un passé récent, les aménageurs<br />
portuaires regardaient généralement vers le large et étaient le plus souvent en quête d’eau<br />
profonde, et les aménageurs urbains tournant leurs regards principalement vers le centre ou la<br />
périphérie de villes amputée de 180° de leur aire normale de développement. Regards convergents<br />
certes, mais imprégnés de leurs pratiques antérieures respectives, qui les amènent à avoir deux<br />
approches fondamentalement différentes, qu’il faut d’abord accepter de reconnaître avant de passer à<br />
la phase de l’aménagement intégré et si possible harmonieux :<br />
- pour les aménageurs portuaires, les interfaces urbano-portuaires sont avant tout des espaces<br />
tampon, pas nécessairement fixes dans le temps, puisque les ports ne cessent d’évoluer dans<br />
l’espace et que la frontière de demain ne sera pas nécessairement là où elle est aujourd’hui ; en<br />
général, on observe des situations de retraite, ce qui atténue normalement les tensions, mais celles-ci<br />
peuvent devenir plus vives là où il y a non seulement statu quo, mais reconquête portuaire d’espaces<br />
provisoirement délaissés qui sont alors une nouvelle frontière portuaire ; même si c’est encore plus<br />
rare et relève plutôt actuellement du cas de figure théorique, il peut même y avoir une impérieuse<br />
nécessité d’empiéter sur le domaine urbain (comme ce fut le cas à Anvers au 19 ème siècle).<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
7
8<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
- pour les aménageurs urbains, les «délaissés» portuaires sont par contre une nouvelle frontière<br />
urbaine, surtout là où il s’agit d’espaces péricentraux dont on peut raisonnablement poser que la<br />
rente foncière deviendra rapidement élevée même si elle est actuellement négative. Ils permettent des<br />
développements non seulement quantitatifs mais aussi qualitatifs, qui procèdent pour beaucoup de la<br />
recherche d’une image de marque régionale ou nationale, voire internationale favorisée par la<br />
connotation positive généralement conférée aux plans d’eau. C’est pourquoi, dans cette quête de<br />
l’eau (tout court), ceux-ci sont le plus souvent conservés, mais avant tout en tant que composante<br />
paysagère, même si quelques activités mineures liées à l’eau peuvent y persister, voire y prospérer,<br />
telles la plaisance ou la petite pêche.<br />
Le présent guide est consacré aux bonnes pratiques, mais on pointera fermement dès cette<br />
introduction une moins bonne, voire une mauvaise pratique, qui est celle du remblaiement, total ou<br />
partiel, de certains bassins abandonnés par les activités portuaires. Ceux-ci peuvent être vus comme<br />
une ressource (économique ou urbanistique) non renouvelable, dont le remblaiement est une<br />
opération irréversible qui fait perdre au lieu tout ou partie de son attractivité (à notre connaissance, un<br />
seul cas de remise en eau existe – à Swansea – et cet exemple mériterait peut-être d’être suivi<br />
ailleurs, avant que ne s’efface la mémoire de ces lieux autrefois imprégnés d’une vie liée à l’eau).<br />
La grande variété des fronts urbano-portuaires<br />
Dans cette introduction, il convient de souligner avec force qu’il y a autant de types d’anciennes<br />
installations portuaires délaissées que de types de navires et qu’il n’y a donc pas de recette unique<br />
pour le redéveloppement (qu’il soit à orientation urbaine ou portuaire), mais autant de cas que de<br />
types d’installations et donc de types de navires de mer. Dans le tableau ci-dessous, une typologie<br />
fonctionnelle simplifiée est proposée, qui distingue fondamentalement entre les navires de<br />
commerce et les autres types de navires. Ces derniers présentent un large éventail qui est souvent<br />
méconnu, avec des unités de service toujours présentes dans les ports de commerce en sus des<br />
navires de commerce (remorqueurs, pilotines, dragues, etc.) et d’autres présentes en sus soit<br />
régulièrement, soit occasionnellement (comme les unités militaires effectuant des visites de courtoisie,<br />
auxquelles un quai d’honneur est souvent réservé). Les unités du second type, qui sont généralement<br />
de plus petite taille, sont beaucoup plus compatibles que les premières avec les activités urbaines et<br />
une plus forte imbrication avec le tissu urbain est acceptable dans l’optique d’un working waterfront.<br />
Cette formule est de loin préférable à celle du dead waterfront, quelle que soit la qualité intrinsèque<br />
des aménagements proposés, qui vont du simple parc urbain de déambulation au Disneyland sur mer.<br />
1. Navires de commerce 2. Autres types de navires<br />
1.1. Transporteurs de vracs liquides 2.1. Unités de service<br />
1.2. Transporteurs de vracs solides 2.2. Unités de guerre (en visite ou basées)<br />
1.3. Transporteurs de diverses 2.3. Navires de pêche (+ navires-usine)<br />
1.4. Unités mixtes passagers/fret 2.4. Navires de plaisance<br />
1.5. Navires purs à passagers<br />
Les types de navires de commerce et les installations portuaires qui leur correspondent dépendent<br />
eux-mêmes de la nature des cargaisons, terme pris ici au sens large puisqu’incluant les passagers.<br />
Ici aussi, une typologie dichotomique peut être proposée dans le tableau ci-dessous, avec d’une part<br />
les cargaisons vraquières et d’autre part les marchandises diverses et les passagers. D’un côté, on a<br />
généralement affaire à des volumes et à des cargaisons salissantes, voire dangereuses et il y a le<br />
plus souvent incompatibilité en termes de proximité et d’interaction avec le tissu urbain. De l’autre,<br />
surtout pour les activités orientées vers les passagers, la compatibilité est supérieure sur papier (sauf<br />
pour les activités conteneurisées, qui sont fortement mécanisées, donc bruyantes et auxquelles sont<br />
associées de fortes nuisances routières et/ou ferroviaires) et une imbrication relative est acceptable,<br />
voire souhaitable comme dans le cas des unités de croisière.<br />
1. Cargaisons vraquières 2. Diverses et passagers<br />
1.1. Hydrocarbures (pétroliers & gaziers) 2.1. Cargos purs et polyvalents<br />
1.2. Autres vracs liquides 2.2. Porte-conteneurs (purs & CONRO)<br />
1.3. Vracs solides 2.3. Rouliers (purs & ROPAX)<br />
2.4. Ferries (purs & de croisière)<br />
2.5. Navires de croisière (autrefois liners)
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Enfin, il est une échelle physique qui n’est pas souvent reconnue dans le débat, pour les unités<br />
maritimes comme pour les unités fluviales qui sont également présentes dans nombre de ports de<br />
mer, dans certains desquels la batellerie est parfois une composante essentielle des transports vers et<br />
depuis l’arrière-pays, alors qu’elle peut être marginale dans d’autres. Pour les unes comme pour les<br />
autres, la taille des unités est un facteur important, avec des exigences très différentes en termes de<br />
tirant d’eau ainsi que d’ampleur des installations de manutention et de stockage.<br />
1. Unités maritimes 2. Unités fluviales<br />
1.1. Unités océaniques (deep sea) 2.1. Unités à grand gabarit<br />
1.2. Unités pour trafics mi-longs (mid sea) 2.2. Unités de petit gabarit<br />
1.3. Unités pour trafics courts (short sea)<br />
Ceci pour introduire le concept de déclassement progressif possible desdites installations, à mesure<br />
de l’augmentation de la taille moyenne des unités maritimes océaniques (dites deep sea). Celles des<br />
années cinquante avaient, en gros, la pointure des navires utilisés actuellement pour des trafics dits<br />
mid-sea, et celles employées de nos jours dans les trafics à courte distance (ou short sea) tendent<br />
également vers une taille supérieure qui les conduit à fréquenter des bassins plus profonds et aux<br />
terminaux plus largement dimensionnés. Et quand un bassin maritime, notamment s’il est peu<br />
profond, ne convient plus pour l’accueil d’unités côtières, son déclassement est envisageable vers un<br />
usage fluvial résiduel, avec là aussi un distinguo à opérer selon la taille des péniches et éventuels<br />
convois poussés.<br />
Ce déclassement est à mettre en rapport avec le concept de cycle de vie, qui peut s’appliquer à une<br />
installation donnée comme à l’ensemble d’un port. Il consiste à reconnaître, en chaque lieu et pour<br />
chaque installation, des phases de création, puis de croissance, de maturité, d’obsolescence et<br />
enfin d’abandon (Figure 2.1a).<br />
Intensité<br />
d’usage<br />
Création<br />
Croissance<br />
Maturité<br />
Pétrification<br />
Obsolescence<br />
Figure 2.1a – Le cycle de vie portuaire (schéma classique, avec pétrification)<br />
La nature ayant horreur du vide et les friches portuaires dénotant fortement dans le paysage urbain,<br />
une requalification peut cependant intervenir, soit pour les installations abandonnées, soit pour celles<br />
plus ou moins obsolescentes (Figure 2.1b).<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Pétrification<br />
Abandon<br />
9<br />
Temps
10<br />
Intensité<br />
d’usage<br />
Création<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Figure 2.1b – Le cycle de vie portuaire (schéma renouvelé, avec redéveloppement)<br />
Croissance<br />
Maturité<br />
Obsolescence<br />
Redéveloppement<br />
Abandon<br />
Redéveloppement<br />
Dans le premier cas, ladite requalification peut se faire à des fins aussi bien urbaines que portuaires,<br />
alors que dans le second cas, elle se fera le plus souvent à des fins portuaires, en s’accompagnant<br />
éventuellement d’un déclassement du deep sea vers le mid sea ou le short sea, voire du maritime<br />
vers le fluvial.<br />
Il convient d’insister sur le caractère récent des stratégies de redéveloppement d’anciens bassins à<br />
des fins portuaires plutôt qu’urbaines, comme cela s’est observé dans la majorité des cas entre 1980<br />
et maintenant. Ceci parce qu’il devient de plus en plus difficile de mobiliser de nouveaux territoires<br />
portuaires dans de vastes opérations de type greenfield, et parce que l’alternative brownfield tend à<br />
être mieux connue et acceptée, voire imposée. On observe ici une évolution semblable à celle qui<br />
s’observe dans le domaine industriel (requalification des friches industrielles) et même résidentiel<br />
(requalification des couronnes urbaines pour éviter l’urban sprawl). Ceci aussi parce que les autorités<br />
européennes s’efforcent de promouvoir à la fois le transport maritime à courte distance et le transport<br />
fluvial, qui sont fortement concurrencés par la route, de sorte que de lourds investissements dans de<br />
nouvelles installations ne sont pas justifiables économiquement et que l’alternative du<br />
redéveloppement à des fins portuaires (ou logistiques) d’anciennes installations maritimes va assez<br />
naturellement s’imposer.<br />
En restant toujours au plan théorique, le modèle de cycle de vie d’une installation donnée peut être<br />
combiné avec celui proposé dès 1966 par J. Bird sous le nom d’Anyport. Fortement inspiré<br />
d’exemples britanniques, il est cependant applicable à la plupart des port continentaux situés en<br />
bordure d’un fleuve, où le glissement des installations s’opère généralement vers l’aval (mais il y a des<br />
exceptions, dont Le Havre). Il est par ailleurs directement transposable au cas de ports de front de<br />
mer, avec alors glissement latéral des installations le long de la côte. Dans un cas comme dans<br />
l’autre, les installations successives peuvent être adjacentes ou non, ce qui est important : si elles sont<br />
non adjacentes, chaque partie de port peut être considérée comme un petit port isolé et des politiques<br />
parfois diamétralement opposées de redéveloppement peuvent s’observer d’une partie de port à une<br />
autre, y compris avec abandon total de complexes anciens ; si les installations sont d’une seule pièce,<br />
la création d’espaces tampon sera par contre plus fréquente.<br />
La combinaison en question procède du croisement d’un modèle spatial (Anyport ou sa variante de<br />
front de mer) avec un modèle temporel (Figure 2.2). En schématisant, on peut considérer que tous les<br />
ports se sont développés à la fois dans le temps, de T1 dans un passé lointain à T5 dans le présent,<br />
et dans l’espace, de L1 en un lieu proche du centre ville actuel à L5 en un lieu plus ou moins<br />
fortement excentré. Pour fixer les enjeux de ce guide, il convient de souligner qu’ils se situent en<br />
T5/L1, c’est-à-dire qu’ils ne concernent qu’une toute petite partie du port au sens physique (ceci<br />
d’autant que la taille moyenne de ces parties va généralement croissante de L1 à L5) et que le<br />
problème est donc plutôt marginal pour les autorisés portuaires, même en y incluant les espaces<br />
tampon que celles-ci ont tendance à se ménager.<br />
Temps
T1<br />
T2<br />
T3<br />
T4<br />
T5<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Croissance<br />
Maturité Croissance<br />
Figure 2.2 – Le cycle de vie portuaire (schéma chronospatial)<br />
L1 L2 L3 L4 L5<br />
Obsolescence Maturité Croissance<br />
Abandon Obsolescence Maturité Croissance<br />
Redéveloppement Abandon Obsolescence Maturité Croissance<br />
Pour ces dernières, le problème est cependant beaucoup moins marginal en termes stratégiques que<br />
physiques et on comprendra d’autant mieux le caractère quelquefois conflictuel des relations ville-port<br />
que ces espaces, gonflés ou non des espaces tampon, correspondent à des territoires d’une ampleur<br />
spatiale autrement plus importante pour les acteurs urbains que pour les communautés portuaires. Il<br />
n’est pas rare que le « vieux port » en T5/L1 corresponde à 50 %, voire 100 % de l’hypercentre<br />
urbain, de sorte que l’échelle spatiale est tout simplement asymétrique selon qu’on se place au bout<br />
de la lorgnette portuaire ou de la lorgnette urbaine. D’où les multiples incompréhensions et quiproquo<br />
caractérisant le débat ville-port, auquel ce guide espère apporter une contribution positive en montrant<br />
aux uns et aux autres qu’une fois que des choix clairs (et parfois douloureux) ont été opérés, il est<br />
possible de vivre en harmonie et en symbiose.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
11
12<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
3. Les enjeux des redéveloppements ville-port<br />
3.1 – Aux deux extrémités du spectre : des opérations blueflield/greenfield<br />
aux waterfronts/docklands<br />
Introduction<br />
Dans cette première section, l’objectif est de situer l’objet du projet PCP entre les deux principales<br />
tendances observées ces dernières années au niveau des développements portuaires ou urbains<br />
dans les places portuaires. D’une part, depuis un demi siècle, l’essentiel des développements<br />
portuaires se sont opérés sur des sites vierges plus ou moins périphériques, dits bluefield quand les<br />
développements ont été réalisés en mer (qu’ils soient accolés au rivage ou, plus rarement, sous la<br />
forme d’îles-ports) et greenfield quand ils sont réalisés (totalement ou principalement) sur le domaine<br />
terrestre. Et d’autre part, les parties les plus anciennes des ports historiques ont le plus souvent été<br />
abandonnées par la navigation maritime (et souvent même fluviale), avec là aussi deux variantes de<br />
redéveloppement, dites waterfronts là où les villes ont conquit des berges de front de mer, d’estuaire<br />
ou fluviales, et docklands là où les expansions urbaines se sont opérées dans des complexes<br />
éclusés artificiels.<br />
3.1.1. L’essoufflement des développements bluefield/greenfield<br />
Dans la foulée des grands développements observés dès les années soixante au Japon et qui se sont<br />
poursuivis plus récemment en Asie émergente, les grands ports européens ont connu il y a trente ou<br />
quarante ans de spectaculaires développements en périphérie de leurs sites originaux, en continuité<br />
ou non avec ceux-ci, dans leur quête d’eau profonde et de vastes espaces pour déployer des<br />
terminaux vraquiers ou à conteneurs, souvent assortis de puissantes zones industrielles ou<br />
logistiques. Dans certains cas, de nouveaux ports sont même nés de ce processus, mais il s’agit<br />
avant tout d’un phénomène extraeuropéen. Sous la double pression de contraintes<br />
environnementales toujours plus strictes et du coût de plus en plus élevé de telles opérations, le<br />
mouvement est en train de s’essouffler en Europe, ce qui rend plus attractive l’option des<br />
redéveloppements mixtes ou purement portuaires qui sera explorée ci-après aux sections 3.2. et 3.3.<br />
Auparavant, il faut cependant indiquer que de tels développements en site neuf continuent à<br />
s’observer en Europe, mais nous insisterons ici sur le fait que les contraintes de nature diverses sont<br />
toujours plus pesantes et que les délais ont tendance à s’allonger dans la mise en œuvre de ces<br />
projets. On mentionnera ci-après quelques uns des projets en cours ou dont la réalisation prochaine<br />
paraît probable, pour montrer que le phénomène se poursuit et pour indiquer une sorte d’état de l’art à<br />
l’une des extrémités du spectre des développements observés.<br />
a) Les opérations de type bluefield<br />
Il s’agit ici d’avancées du port en mer, dans une baie ou dans un estuaire, dont l’exemple le plus<br />
récent est offert par l’opération havraise de Port 2000, qui vise à obtenir à terme 12 postes à<br />
conteneurs dans un nouvel avant-port gagné sur l’estuaire de la Seine, après que la croissance se<br />
soit opérée, dans les années 70, 80 et 90, sur des sites greenfield plus en amont (Figures 3.1. et<br />
3.2.).<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
13
14<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Figure 3.1 – Les installations portuaires havraises en 1967© Port Autonome du Havre<br />
Figure 3.2 – Les installations portuaires havraises au terme du projet Port 2000<br />
© Port Autonome du Havre<br />
A plus petite échelle, un développement de ce type est en cours dans le Port Nord de Gdansk, où un<br />
terminal à conteneurs est en train de sortir des flots (figure 3.3) et où il y a par ailleurs un projet de<br />
terminal gazier (comme d’ailleurs au Havre, sur le site distinct de l’avant-port d’Antifer).<br />
Figure 3.3 – Le futur terminal à conteneurs du Port Nord de Gdansk © Port of Gdansk<br />
Alors qu’à Hambourg, comme on le verra plus loin, tous les développements et projets en matière de<br />
conteneurisation sont de type greenfield ou brownfield, ceux observés dans le second complexe à<br />
conteneurs allemand, le bipôle Bremerhaven-Wilhelmshaven, sont de type bluefield, dans l’estuaire de<br />
la Weser d’un côté et dans la baie de la Jade de l’autre. Les terminaux à conteneurs de Bremerhaven
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
se sont successivement développés en rivière en aval de l’écluse d’accès à l’arrière-port Nord, des<br />
CT1, 2 et 3 actuels au CT4 en cours de construction par remblaiement dans le fleuve (figure 3.4).<br />
Comme la présence d’une zone naturelle à préserver interdit de poursuivre, comme il serait logique, le<br />
processus d’expansion portuaire plus encore vers l’aval, l’équivalent d’un CT5 brémois va être réalisé<br />
près de Wilhelmshaven en baie de Jade, en s’appuyant sur le terminal pétrolier actuel et avec une<br />
forte composante logistique qui rapproche ce futur terminal du modèle hambourgeois plutôt que<br />
brémois (figure 3.5).<br />
Figure 3.4 – Le Port Nord de Bremerhaven, avec ses<br />
terminaux rouliers et à conteneurs, auxquels va venir<br />
s’ajouter le CT4 en cours de réalisation tout en aval du<br />
complexe © Bremenports<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
15<br />
Figure 3.5 – Le projet JadeWeserPort à Wilhelmshaven<br />
© Port of Wilhelmshaven<br />
En Europe du Nord-Ouest, c’est à<br />
Rotterdam qu’on observe, avec le<br />
projet de la Maasvlakte II, le projet de<br />
plus grande ampleur relevant des<br />
réalisations de ce type (figure 3.6).<br />
L’accent y est principalement mis sur<br />
la réalisation de nouveaux terminaux<br />
à conteneurs, destinés à conforter le<br />
leadership rotterdamois dans ce<br />
domaine, mais une partie des<br />
centaines d’hectares gagnés sur la<br />
mer sera également consacrée à<br />
l’industrie chimique et à la fonction<br />
logistique.<br />
Figure 3.6 – Le projet rotterdamois Maasvlakte II © Port of Rotterdam<br />
Figure 3.7 – L’avant-port de Zeebrugge en voie d’achèvement, 100 ans après<br />
la mise en service de ce nouveau port belge, avant-port fonctionnel d’Anvers<br />
© Port of Zeebrugge<br />
A plus petite échelle, un polder<br />
portuaire de ce style est en<br />
cours d’achèvement à<br />
Zeebrugge, là aussi sous la<br />
forme d’un avant-port abrité<br />
par de colossales jetées de<br />
protection extérieure (figure<br />
3.7). Ici l’accès est mis, en sus<br />
des conteneurs, sur les<br />
fonctions gazière et roulière.
16<br />
De telles opérations de type<br />
bluefield s’observent aussi en<br />
Méditerranée, avec par exemple<br />
les extensions en cours à<br />
Barcelone (figure 3.8) ou en<br />
projet à Algesiras. Dans certains<br />
cas, elles s’opèrent même sur des<br />
sites neufs, comme à Tanger.<br />
b) Les opérations de type greenfield<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Figure 3.8 – Le nouvel avant-port en cours de réalisation à Barcelone,<br />
axé sur les conteneurs mais aussi sur la logistique © Port of Barcelona<br />
Il s’agit cette fois d’une expansion des ports en milieu terrestre, généralement sous forme de<br />
nouvelles darses, éclusées ou non. Quelques unes sont en cours dans certains des ports évoqués au<br />
point précédent, où les deux formes d’expansion se combinent, comme par exemple à Zeebrugge<br />
avec le développement du nouvel arrièreport,<br />
axé principalement sur les trafics<br />
voituriers et sur la logistique. Elles<br />
concernent aussi d’autres ports, tels Anvers<br />
avec le mégaprojet du Saeftingendock<br />
faisant suite à celui du Deurgangdok, l’un et<br />
l’autre en rive gauche (figure 3.9), ou<br />
encore Hambourg, avec le projet de<br />
Marburg (cf. infra en 3.3.2). Dans l’un et<br />
l’autre cas, l’accent est mis sur des<br />
capacités conteneurisées supplémentaires,<br />
pour rencontrer la forte croissance anticipée<br />
de la demande de manutention (cf. infra en<br />
3.3.1).<br />
Figure 3.9 – Le nouveau Deurgangdock anversois<br />
et le projet voisin d’un Saeftingendock © Port of Antwerp<br />
Dans certains cas, les investissements en cours, prévus ou envisagés ne se limitent pas à des<br />
investissements de superstructure dans des terminaux (souvent à conteneurs) mais s’y ajoutent de<br />
lourds investissements<br />
d’infrastructure, en particulier<br />
dans de nouvelles écluses<br />
d’accès. De tels ouvrages sont<br />
prévus ou envisagés à Anvers<br />
(au fond du Deurgangdok, pour<br />
doter le complexe de rive<br />
gauche d’une seconde porte<br />
d’accès), à Bremerhaven (sur<br />
le site de l’actuel ouvrage<br />
d’accès à l’arrière-port Nord),<br />
au Havre (à côté de l’écluse<br />
François 1er) et à Amsterdam,<br />
au centre du complexe<br />
d’IJmuiden (figure 3.10).<br />
Figure 3.10 – En dépit de l’attrait des sites non éclusés, de nouvelles grandes écluses<br />
demeurent à l’agenda de certaines autorités portuaires, comme ici à Amsterdam © Port of Amsterdam
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
De tels ouvrages se justifient par des circonstances locales et sont parfois la condition sine qua non<br />
de l’expansion, ce qui est en particulier le cas à Amsterdam où les ambitions du port en matière de<br />
trafics vraquiers et conteneurisés ne pourraient se satisfaire du carcan de l’écluse Nord actuelle. La<br />
pleine valorisation du nouvel Africadok (figure 3.11) va de pair avec une amélioration quantitative et<br />
qualitative de l’accessibilité nautique du port, qui se trouve cependant freiné dans la réalisation de son<br />
potentiel par les limites environnementales et spatiales mises à son développement en aval de<br />
l’Afrikadok. De nouvelles installations de manutention et de logistique n’y sont plus envisageables à<br />
l’avenir que sur deux sites relativement petits de part et d’autre du Canal de la Mer du Nord, de sorte<br />
que les Amstellodamois ont aussi dans leur carton un projet de type bluefield à la rotterdamoise en<br />
face de l’usine sidérurgique Corus.<br />
2005 2008<br />
Figure 3.11 – Africadok © Port of Amsterdam<br />
Dans tous les exemples cités plus haut (sauf Tanger), les développements en cours, envisagés ou<br />
prévus résident dans des expansions d’installations existantes. Il est cependant en Europe au moins<br />
un projet en site entièrement neuf (ce qui est beaucoup plus fréquent actuellement en Asie), celui du<br />
port de Vuosaari à l’est d’Helsinki (figure 3.12). Techniquement, son germe est de type brownfield,<br />
puisqu’il s’agit du recyclage du site d’un ancien chantier naval, mais il peut légitimement être plutôt<br />
classé dans les opérations de type greenfield parce que le projet déborde très largement de ce<br />
chantier et parce que les infrastructures routières et ferroviaires d’accès sont totalement neuves.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
17<br />
Figure 3.12 – Port de<br />
Vuosaari © Port of Helsinki<br />
Pour partie, ce nouveau<br />
complexe de Vuosaari<br />
vise à augmenter la<br />
capacité globale du pôle<br />
portuaire de Helsinki en<br />
matière de trafic des<br />
marchandises, mais il<br />
procède aussi d’une<br />
politique de transfert<br />
partiel des activités du<br />
port de la capitale<br />
finlandaise. Tout le trafic<br />
de fret et toutes les<br />
activités portuaires y<br />
seront progressivement<br />
concentrés, de façon à permettre l’expansion de la ville sur le site de deux des trois ports urbains<br />
actuels. Comme on le verra plus loin, le port Sud, uniquement consacré aux ferries et aux croisières<br />
sera conservé, mais les deux autres ports verront leur activité fret totalement transférée vers Vuosaari,<br />
ce qui amènera la fermeture totale du port Est et partielle du port Ouest (figure 3.13) qui ne
18<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
conservera plus, lui aussi, que le trafic des ferries et des croisières, en permettant à la ville de se<br />
développer davantage sur ce site, en marge duquel de premières expansions ont déjà eu lieu.<br />
Figure 3.13 – Port Ouest d'Helsinki © Port of Helsinki<br />
Cet exemple nous amène à considérer, dans la sous-section suivante, l’exemple extrême inverse des<br />
opérations de développement, par expansion totale des villes sur d’anciens sites portuaires (et parfois<br />
même sur la totalité d’un port historique).<br />
3.1.2. Waterfronts et docklands : là où le port s’efface pour la ville<br />
A l’autre extrémité du spectre des évolutions observées dans les places portuaires européennes (et<br />
plus généralement mondiales), on trouve des opérations d’extension du domaine urbain sur des<br />
territoires autrefois portuaires et qui ont souvent constitué des friches peu attractives à l’interface villeport.<br />
Dans nombre de cas, il s’agit d’une évolution des plus logiques, vu le caractère techniquement<br />
dépassé de ces espaces, leur exiguïté qui ne permet pas le déploiement des formes modernes de<br />
manutention des marchandises ou d’accueil des passagers, vu aussi leur accessibilité insuffisante<br />
(tant nautique que terrestre) et vu aussi, il faut en convenir, la forte pression foncière qui s’observe<br />
souvent au contact des centres urbains. Deux formes distinctes de requalification urbaine s’observent<br />
selon la morphologie des lieux. Dans certains cas, il s’agit de fronts d’eau (=waterfronts) qui s’étirent<br />
de manière assez linéaire en front de mer ou en bordure d’un estuaire ou d’un fleuve et donc<br />
d’espaces tout au contact de l’élément marin ou fluvial. Dans d’autres cas, le cadre est plus artificiel et<br />
prend la forme de docklands, soit des bassins plus massifs, éventuellement découpés assez<br />
finement par des presqu'îles ; selon le marnage local, ces bassins sont à marée ou sont éclusés (ou le<br />
furent autrefois, avant que l’accès ne soit coupé). Cette sous-section vise à présenter quelques<br />
opérations particulièrement significatives de ces deux types de redéveloppement à finalité urbaine,<br />
récentes, en cours ou en projet, qui se combinent parfois quand dans un même lieu, comme à hauteur<br />
du "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen) de Bremerhaven.<br />
Du point de vue de l’atmosphère urbaine de ces espaces une fois qu’ils ont été réaménagés, la<br />
principale différence réside dans le caractère largement ouvert des premiers, alors que les seconds<br />
sont des espaces plus fermés, où l’élément liquide tient une moindre place, voire plus de place du tout<br />
quand les bassins ont été totalement remblayés, ce qui est la principale des mauvaises pratiques<br />
repérées lors de la préparation de ce guide des bonnes pratiques. Un exemple de ce genre<br />
particulièrement significatif est celui des Bassins du Sud à Anvers, dont l’accès à l’Escaut a été coupé,<br />
rendant impossible toute remise en eau comme cela s’est pratiqué à Swansea. De tels remblaiements<br />
seront certes parfois recommandés à la sous-section 3.3.2. là où il s’agit de redéveloppements à des<br />
fins portuaires, mais ils sont à proscrire, du moins sur la totalité des plans d’eau, là où la finalité est<br />
urbaine, puisque c’est l’élément liquide qui rend ces lieux uniques et les différencie du reste du<br />
territoire urbain. Une bonne partie des plus-values foncières potentielles disparaît toutefois dès que<br />
des remblaiements viennent en quelque sorte banaliser ces lieux, mais des compromis s’observent
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
cependant, avec des remblaiements partiels de fond de bassin, en général pour placer un gros<br />
équipement urbain ou pour créer un parc.<br />
a) Les opérations de type waterfront<br />
Celles-ci sont proportionnellement les plus nombreuses Outre-Mer et en Europe méditerranéenne, sur<br />
des fronts d’eau qui n’étaient d’ailleurs pas tous intégralement portuaires au départ, avec une<br />
multitude d’exemples fortement médiatisés en Amérique du Nord (de Vancouver à San Francisco,<br />
Baltimore, Boston, Montréal ou Toronto), en Australie (Sydney) ou encore en Afrique du Sud (Cape<br />
Town, encore qu’il s’agisse ici plutôt d’un dockland !). En Europe Atlantique et en Baltique, ces<br />
opérations sont en fait moins nombreuses que celles du second type, mais quelques unes méritent<br />
d’être mentionnées ici.<br />
En termes de développement spatial, l’exemple le plus important est celui des rives de la Tamise à<br />
Londres, mais cela passe relativement inaperçu car il s’agit d’opérations distinctes, de taille souvent<br />
réduite par rapport aux docklands londoniens qui seront évoqués au point suivant. Bien plus massif<br />
est le redéveloppement rotterdamois de Kop van Zuid, qui garde une petite composante maritime<br />
puisque le terminal local pour les croisières y est intégré, mais qui est avant tout une opération de type<br />
immobilier destinée à projeter le CBD de la deuxième ville néerlandaise sur la rive gauche du Rhin<br />
(Figures 3.14 et 3.15).<br />
Figure 3.14 – La zone de Kop van Zuid en cours Figure 3.15 – De tels contrastes architecturaux<br />
de redéveloppement urbain à Rotterdam © <strong>AIVP</strong>/IACP ne manquent pas de susciter la controverse<br />
(à l’avant-plan, l’hôtel New York et à l’arrièreplan<br />
la tour Montevideo à la pointe Ouest du<br />
périmètre de Kop van Zuid à Rotterdam)<br />
© Jacques Charlier<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
19<br />
Au sein du réseau PCP, une opération de ce type<br />
est en cours à Riga dans la zone d’Andrejsala<br />
(figure 3.16), à une échelle plus modeste et avec<br />
au départ une dimension principalement culturelle<br />
puisque le projet s’articule autour de la réalisation<br />
d’un musée d’art contemporain.<br />
Figure 3.16 – La zone d’Andrejsala à Riga dans sa<br />
configuration actuelle © Port of Riga
20<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Et à plus petite échelle, une opération similaire s’est déroulée à Delfzijl, où les anciens quais<br />
commerciaux situés au contact de la ville en sont devenus le balcon sur le port quand celui-ci s’est<br />
déplacé latéralement (figure 3.17).<br />
Figure 3.17 – Vue d’ensemble du port de Deflzijl, avec au centre l’ancien port de commerce,<br />
requalifié à des fins urbaines,<br />
et le nouveau dans la partie gauche de la photo - © City of Delfzijl<br />
La dimension waterfront est également présente à Bremerhaven, mais à titre marginal, puisqu’elle<br />
concerne la réalisation d’un luxueux hôtel en bordure de la Weser, dont les berges sont par ailleurs<br />
aménagées pour la promenade entre l’embouchure de la Geeste et l’écluse Sud d’accès au port Nord.<br />
Mais ceci est un volet secondaire de l’opération "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen), qui est de type<br />
dockland et sera évoquée au point suivant. De même, la partie Sud de la grande opération en cours<br />
actuellement à Hambourg en rive droite de l’Elbe est de type waterfront, mais cette opération est pour<br />
l’essentiel de type dockland et elle sera donc elle aussi plutôt évoquée au point suivant.<br />
b) Les opérations de type docklands<br />
Celles-ci sont les plus nombreuses et s’inspirent pour la plupart des expériences pionnières menées<br />
dans de grands ports anglais comme Londres, Liverpool ou Manchester. La plus médiatisée est<br />
assurément celle des docklands londoniens, dont le paysage fut radicalement modifié en un tiers de<br />
siècle. Autrefois instruments de la puissance économique anglaise, les complexes de bassins situés<br />
en aval du Pont de la Tour (Tower Bridge) furent successivement abandonnés à partir de 1970, des<br />
London & St-Katerine Docks aux Surrey Docks, puis aux India & Milwall Docks et enfin aux Royal<br />
Docks. Le destin des deux premiers complexes fut rapidement scellé et de malencontreux<br />
remblaiements y sont intervenus avant que les aménageurs ne se rendent compte de la valeur<br />
paysagère des plans d’eau délaissés, qui ont été par la suite conservés pour l’essentiel, même si des<br />
remblaiements partiels y ont été effectués.<br />
L’opération la plus spectaculaire est assurément celle intervenue dans la zone de Canary Wharf, dont<br />
la physionomie a été totalement transformée pour accueillir de nos jours un nouveau centre<br />
international d’affaires d’une puissance équivalent à terme celle de la City. (figures 3.18 et 3.19).<br />
Parmi les faiblesses décelées ex-post de ces aménagements fortement inspirés par le Thatchérisme,<br />
relevons la quasi absence de parcs, le caractère étriqué et quelquefois non continu de cheminements<br />
piétons le long des anciens bassins et les insuffisances initiales au niveau de la desserte par<br />
transports en commun. La zone jouit cependant d’une accessibilité extérieure assez exceptionnelle,<br />
avec le London City Airport mis en service dès 1985 aux Royal Docks voisins et dès 2009, la gare<br />
Eurostar de Stratford.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Figure 3.18 – Le complexe des East India & Milwall Docks<br />
(au cœur desquels se trouve Canary Wharf) à son apogée<br />
portuaire dans les années soixante...<br />
© Port of London Authority<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Figure 3.19 – ...et son apparence en phase finale<br />
à l’horizon 2015 © London Docklands<br />
Development Corporation<br />
Parmi les partenaires de ce projet PCP, des opérations de ce type s’observent également à<br />
Amsterdam Est (figures 3.20 et 3.21), à Bremerhaven ("Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen), figures<br />
3.22 et 3.23) et au Havre (figures 3.24 et 3.25) qui ont été bien documentées dans les Newsletters<br />
consacrées à ces trois ports dans le cadre du projet. Même si elles procèdent d’une même tendance<br />
générale de conquête du domaine portuaire par la ville, elles diffèrent sensiblement par leurs échelles<br />
respectives et par leurs modalités. Au niveau des ports du Nord-Ouest européen, la plus importante<br />
opération reste cependant encore à venir, qui est celle des plus anciens bassins septentrionaux de<br />
Hambourg où une « ville nouvelle en ville » (« new town in town ») va surgir entre l’actuel CBD et<br />
l’Elbe (figures 3.26 et 3.27).<br />
Figure 3.20 – Les anciens bassins d’Amsterdam–Est Figure 3.21 - ... et après leur redéveloppement<br />
à leur apogée portuaire... urbain intégral © Port d’Amsterdam<br />
Figure 3.22 – Le complexe de "Havenwelten" Figure 3.23 –… et en vue d’artiste<br />
(Alter/Neuer Hafen), à l’horizon 2010<br />
à Bremerhaven au début de l’opération © City of Bremerhaven<br />
de redéveloppement urbain © City of Bremerhaven<br />
21
22<br />
Figure 3.25 – … et photomontage<br />
de l’opération de<br />
requalification urbaine en<br />
cours<br />
© Ville du Havre<br />
Figure 3.26 – Plan d’ensemble de l’opération hambourgeoise Hafencity<br />
© Port d’Hambourg<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Figure 3.24 – Vue partielle de<br />
l’imbrication ville-port dans le<br />
complexe havrais<br />
des quartiers Sud avant la 2ème<br />
guerre mondiale © Port Autonome<br />
du Havre
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Figure 3.27 – … et vue d’ensemble du territoire d’intervention, d’une ampleur sans précédent<br />
en Europe continentale © Port d’Hambourg<br />
A Hambourg comme à Amsterdam et à Rotterdam, les projets ont une dimension essentiellement<br />
urbaine, mais ils incluent une dimension maritime marginale au travers de terminaux de croisières<br />
faisant en quelque sorte le lien avec la fonction antérieure de ces lieux. Ceux-ci seront évoqués à la<br />
section suivante qui montrera que l’accueil de navires à passagers, de croisières mais aussi de<br />
ferries, peut être un instrument de la mixité des espaces d’interface urbano-portuaires.<br />
3.2 – Les (re)développements à finalité mixte<br />
Introduction<br />
Dans cette section, le thème des nouveaux développements et des redéveloppements à finalité mixte,<br />
à la fois urbaine et portuaire (selon un dosage bien évidemment fort variable) sera abordé en deux<br />
temps. Il convient en effet de distinguer entre ceux mis en œuvre en marge du trafic des passagers et<br />
ceux concernant le domaine du fret, pour lesquels les principales contraintes varient fortement. Au<br />
sein de chacune de ces deux grandes catégories, des distinctions internes seront par ailleurs<br />
opérées, d’une part entre les trafics de croisières et de ferries (ou de traversiers locaux), et d’autre<br />
part entre des espaces de transition à mixité d’usage fortement tournés vers le port pour les uns et<br />
plus nettement orientés vers la ville pour les autres.<br />
3.2.1. Les aménagements pour le trafic de passagers<br />
Historiquement, les terminaux à passagers pour les trafics à courte et longue distances ont toujours<br />
été distincts, parce que les navires qui les fréquentaient avaient – et ont toujours – des exigences<br />
nautiques fort différentes. Ils se trouvent donc souvent dans des parties distinctes des ports, ce qui va<br />
amener à les examiner séparément ci-dessous. Un point commun réside cependant dans le fait qu’ils<br />
engendrent, globalement, bien moins d’externalités négatives (réelles ou perçues) que le trafic des<br />
marchandises et qu’ils sont donc généralement mieux acceptés par les riverains éventuels des<br />
terminaux et par la communauté locale en général. Ceci du moins pour ce qui concerne les trafics<br />
purement passagers, puisque là où il s’agit, comme dans le cas des ferries polyvalents, d’opérations<br />
mixtes, le trafic routier en général et celui des poids lourds en particulier peuvent rendre l’imbrication<br />
ville-port moins facile à faire accepter et à organiser.<br />
Mais en tout état de cause, ce type de trafic est perçu comme plus acceptable, d’autant qu’il génère<br />
d’importantes retombées économiques locales au travers des dépenses des passagers dans les villes<br />
d’accueil (principalement ceux des navires de croisières, mais l’impact des ferries ne doit pas être<br />
sous-estimé, vu le nombre bien plus élevé des passagers de ce type). A ce niveau, tout dépend<br />
cependant de la capacité d’interception du flux qu’ont les places portuaires, car seuls comptent en<br />
définitive les passagers qui visitent la ville (et mieux encore y séjournent un jour ou deux avant ou<br />
après leur traversée); les autres ne suscitent guère plus de plus-value qu’un conteneur en door to<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
23
24<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
door directement pré- ou post-acheminé, dont l’impact économique local est minime (c’est alors le<br />
simple « port couloir » épinglé déjà en 1979 par A. Vigarié, dont le propos portait sur les conteneurs et<br />
le transroulage accompagné, mais vaut tout autant pour les passagers en transit direct dans les villesports).<br />
a) Les terminaux de croisière<br />
Les croisières maritimes connaissent actuellement un grand essor en Europe, à l’image de ce qui fut<br />
observé précédemment en Amérique du Nord. Il convient cependant de ne pas perdre de vue le<br />
caractère plus ou moins saisonnier de cette activité, au contraire des trafics de ligne régulière du<br />
passé qui étaient beaucoup plus constants au fil des mois. Cette saisonnalité, qui est clairement un<br />
facteur limitant, est particulièrement marquée en Europe du Nord-Ouest et du Nord, où la saison des<br />
croisières va en gros de la mi-avril à la fin septembre, mais elle est également importante en<br />
Méditerranée, où l’hiver est une saison fort creuse malgré les efforts des compagnies et des ports<br />
pour promouvoir les croisières tout au long de l’année et plus seulement du début du printemps à la<br />
fin de l’automne. L’offre est alors beaucoup moins fournie et c’est un type de tourisme beaucoup plus<br />
culturel qu’il convient de promouvoir pendant cette morte saison. Il faut cependant insister sur les<br />
évolutions techniques enregistrées sur les navires de croisières, dont un nombre croissant est équipé<br />
de piscines supérieures à toit coulissant et de ponts-soleil très abrités, voire couverts, ce qui permet<br />
d’offrir un environnement protégé en toute saison aux passagers.<br />
En dépit des chiffres parfois spectaculaires de croissance de cette activité dans le courant des<br />
dernières années, il convient d’insister sur le fait que, quand on les compare au trafic des<br />
marchandises et à celui des ferries, les croisières ont encore généralement un impact économique<br />
local et régional limité en termes absolus, en dehors du cas particulier de grands ports de base<br />
comme Athènes, Venise, Barcelone, Southampton, Douvres, Amsterdam, Bremerhaven et<br />
Copenhague. La distinction entre ports de base et ports d’escale est fondamentale et ce sont avant<br />
tout les premiers qui bénéficient d’importantes retombées, à la fois au niveau du tourisme (d’autant<br />
que les touchées y sont plus nombreuses) et de l’avitaillement des navires. Encore faut-il noter qu’une<br />
bonne partie de l’impact économique provient alors des activités de pré- et de post-acheminement des<br />
croisiéristes et que dans ce cas, c’est avant tout la composante aérienne qui génère un impact<br />
économique important. Les vainqueurs sont en définitive les places portuaires dotées d’un aéroport de<br />
bon niveau, desservis si possible par des lignes internationales directes. On est cependant bien loin<br />
encore en Europe des binômes majeurs port de croisière – aéroport observés dans le Sud de la<br />
Floride, où Miami et Port-Everglades (le port de Fort Lauderdale) doivent leurs positions éminentes à<br />
la proximité de grands aéroports. En Europe, où les distances sont moindres, les trains à grande<br />
vitesse sont cependant une alternative intéressante à l’avion et les ports de base bien desservis par<br />
ces trains à grande vitesse (comme le sont déjà Marseille et Amsterdam) auront clairement à l’avenir<br />
un avantage concurrentiel sur les autres, ne ce serait-ce qu’en termes d’image.<br />
Dans certains cas, les terminaux de croisière sont les lointains héritiers de la fonction transatlantique<br />
et/ou coloniale des ports, à une époque où le trafic aérien au long cours n’avait pas le relief actuel et<br />
où, par ailleurs, l’essentiel des passagers ont été acheminés vers et depuis les ports par voie ferrée.<br />
Dans plusieurs cas, cela a donné naissance à des gares maritimes, où la fonction de<br />
correspondance ferroviaire a cependant disparu de nos jours dans la plupart des cas. Dans d’autres<br />
cas, soit que les gares maritimes du passé aient été démolies (d’une façon parfois regrettable), soit<br />
qu’il n’y en ait pas eu, les installations actuelles d’accueil des navires de croisière se situent au niveau<br />
d’anciens terminaux pour marchandises diverses plus ou moins profondément transformés pour cette<br />
nouvelle fonction. Dans d’autres cas, il peut s’agir de nouveaux terminaux, plus ou moins<br />
sophistiqués, comme les précédents, selon que les ports concernés sont en tête de ligne ou sont de<br />
simples ports d’escale. Mais nombre de ces derniers n’offrent pas encore d’installations d’accueil<br />
dignes de ce nom et il n’est pas rare que les navires de croisière soient traités « au milieu de nulle<br />
part », parfois même dans des zones en cours de développement bluefield ou greenfield, quand la<br />
taille de l’unité est trop importante pour les installations existantes héritées d’un passé où la pointure<br />
des navires de croisière (et avant eux de ceux de ligne régulière) était significativement inférieure.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Un exemple d’ancien terminal transatlantique recyclé est offert par le "Kreuzfahrt-Terminal<br />
Bremerhaven" (figure 3. 28), qui souffre malheureusement d’un environnement assez peu attractif<br />
(avec notamment des cuves à pétrole qui ne vont pas sans poser des questions en matière de<br />
voisinage optimal) et d’une localisation excentrée par rapport au vieux port.<br />
Cette intégration pourrait être facilitée<br />
par le fait que des capacités d’accostage<br />
supplémentaires sont nécessaires pour<br />
l’accueil des unités de croisière et qu’un<br />
endroit logique pour la réalisation d’un<br />
nouveau terminal se trouve précisément<br />
dans cette zone tampon. Mais c’est bien<br />
évidemment là où l’ancien terminal de<br />
ligne régulière se trouve au cœur de la<br />
partie ancienne du port que son<br />
intégration est la plus harmonieuse et<br />
que la mixité est la plus réussie. C’est<br />
particulièrement le cas à Gênes où le<br />
terminal de croisière est au cœur du<br />
dispositif urbain et a été la pièce centrale<br />
de la recomposition du front urbanoportuaire.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
25<br />
Figure 3.28 – Le "Kreuzfahrt-Terminal<br />
Bremerhaven"<br />
© Bremenports<br />
Il n’a pu être intégré dans<br />
l’opération de redéveloppement de<br />
celui-ci, mais on peut cependant<br />
penser qu’à terme, celle-ci<br />
s’avancera dans sa direction et<br />
que cette ancienne gare maritime<br />
pourra alors être intégrée dans la<br />
fabrique urbaine.<br />
Figure 3.29 – Le terminal de croisière de Gênes © Port de Gênes<br />
Dans certains cas, on peut regretter que des<br />
bâtiments historiques remarquables, qui<br />
étaient proches d'anciennes gares maritimes<br />
de ligne régulière, n'aient pas été intégrés<br />
dans la réalisation de nouvelles gares<br />
maritimes pour la croisière. C'est par exemple<br />
le cas à Rotterdam où l'ancien siège<br />
administratif de la compagnie Holland America<br />
Line, qui exploitait notamment la ligne<br />
régulière Rotterdam-New York, est devenu un<br />
hôtel de luxe sous le nom d'Hôtel New York<br />
(figure 3.30) à quelques dizaines de mètres<br />
du nouveau terminal de croisière du port,<br />
fonctionnel mais sans cachet particulier. Il<br />
s'agit là d'une opportunité manquée, qui peut<br />
même être considérée rétrospectivement<br />
comme une mauvaise pratique.<br />
Figure 3.30 – L'ancien siège administratif de la Holland America Line<br />
est devenu l'Hôtel New York dans le cadre de l'opération rotterdamoise Kop van Zuid,<br />
sans être intégré dans le nouveau terminal de croisière voisin © Jacques Charlier
26<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
La conversion (en conservant les hangars ou non) d’anciennes installations pour les diverses<br />
conventionnelles (comme c’est d’ailleurs le cas pour beaucoup de terminaux de croisière aux Etats-<br />
Unis) s’observe par ailleurs fréquemment. C’est une autre façon de « recycler » ces espaces<br />
délaissés plus ou moins proches des centres-villes, mais elle a ses limites car les exigences nautiques<br />
des navires de croisière contemporains sont souvent supérieures à celles des cargos du passé. A cet<br />
égard, l’exemple de Dunkerque et de son modeste terminal du Freycinet III montre qu’une bonne<br />
localisation sur papier ne l’est pas tout à fait en pratique (en raison, pour des unités de taille<br />
simplement moyenne, de problèmes d’enfoncement et de la difficulté à négocier un goulet situé au<br />
nord du bassin). Pour une autorité portuaire, il s’avère souvent plus pratique de requalifier des sites un<br />
peu plus excentrés, mais dotés d’une meilleure accessibilité nautique, comme par exemple au Havre<br />
avec le nouveau terminal de la Pointe de Floride et à Marseille avec le complexe du môle Gouret.<br />
Dans ce cas, comme dans celui du recyclage d’anciennes gares maritimes, il faut cependant veiller à<br />
la qualité (et à la sécurité) des espaces à traverser par les croisiéristes vers et depuis le centre-ville.<br />
Certes, la majorité de ces derniers effectuent des visites guidées en autocar, mais une fraction de ces<br />
croisiéristes opte de plus en plus fréquemment pour la découverte individuelle et ils ont alors<br />
tributaires soit des taxis, soit de la marche à pied, dans la mesure où les transports publics urbains<br />
sont fréquemment absents dans ces espaces péri-urbano-portuaires.<br />
Des digues de protection et des jetées extérieures (pourvues ou non de modestes installations de<br />
manutention) peuvent aussi parfois être commodément utilisées pour l’accueil d’unités de croisière,<br />
surtout si elles sont de grande taille et ont donc de fortes contraintes pour les manœuvres et le tirant<br />
d’eau. C’est le cas à Barcelone (figure 3.31) et<br />
une reconversion de ce type peut aussi être<br />
imaginée pour la digue extérieure de la Joliette à<br />
Marseille. On peut même imaginer que, quand<br />
cette digue ou jetée extérieure n’est pas reliée au<br />
rivage comme c’est le cas à Brest avec la digue<br />
isolée située entre les passes Est et Ouest d’accès<br />
au port de commerce, que des navires de croisière<br />
y accostent côté ville et que les chaloupes du bord<br />
effectuent la navette avec un quai proche du<br />
centre ville, ainsi que cela se pratique couramment<br />
en Caraïbe dans des escales peu équipées où les<br />
navires jettent simplement l’ancre au large de la<br />
ville.<br />
Figure 3.31 – En marge de l’opération Port Vell, Barcelone<br />
s’est doté d’un terminal de croisières couplé à un centre d’affaires internationales.<br />
Ce terminal étant insuffisant, les unités de croisières sont aussi traitées le long de la digue extérieure<br />
© Port de Barcelone<br />
Tout ne se résume cependant pas à l’accueil de grandes unités maritimes car là où la place portuaire<br />
est située sur l’embouchure d’un fleuve navigable (la Seine, l’Escaut, le Rhin associé au canal<br />
d’Amsterdam au Rhin, la Weser ou l’Elbe), il s’y ajoute l’accueil d’unités fluviales de croisière. Ce<br />
secteur est en pleine expansion, avec là aussi une certaine course au gigantisme (qui va désormais<br />
jusqu’à des Grands Rhénans de 135 m de long) mais des exigences de tirant d’eau par définition très<br />
limitées. Des terminaux distincts sont souvent mis en place pour ces croisières fluviales et les parties<br />
les plus anciennes des ports, qui sont souvent les plus proches des centres villes, leur conviennent<br />
encore bien mieux que dans le cas des croisières maritimes. Comme on se trouve dans la plupart des<br />
cas dans l’espace douanier communautaire et en Zone Schengen, les contraintes douanières et<br />
policières sont nulles et seule la sécurité doit être prise en compte. D’où des installations plus légères<br />
et plus aisément déplaçables (et à un moindre coût), s’il s’avère au fil des ans qu’un terminal localisé<br />
au plus près du centre ville doit être relocalisé un peu plus à l’écart pour diverses raisons.<br />
C’est à Amsterdam que les croisières fluviales ont le plus grand relief, à la fois parce que c’est une<br />
des deux plus commodes portes d’accès à l’espace rhénan et parce que c’est une destination<br />
touristique de stature mondiale, couplée à un aéroport international de premier plan. Les unités de<br />
croisière fluviales y sont reçues dans ce qui fut autrefois un bassin maritime tout proche de la gare<br />
centrale, en un lieu extrêmement commode à la fois pour l’accès des passagers depuis et vers celleci,<br />
et pour la découverte touristique de la ville.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Pour en revenir in fine aux croisières maritimes, dans certains cas, les terminaux de croisière<br />
(modernes ou convertis) peuvent être utilisés comme des aimants pour contribuer au succès d’une<br />
opération de redéveloppement à<br />
finalité urbaine. Dans ce cas, on<br />
leur donne une vocation mixte,<br />
en associant celle de terminal de<br />
croisière (utilisé comme tel le<br />
plus souvent seulement à la<br />
belle saison) et de lieu public<br />
multifonctionnel ; un ou des<br />
espaces culturels ou touristiques<br />
distincts peuvent venir s’y<br />
ajouter, comme c’est le cas avec<br />
le terminal de croisière dans<br />
l’ancien complexe portuaire<br />
oriental d’Amsterdam,<br />
essentiellement reconverti en<br />
zone d’habitat (figures 3.32 et<br />
3.33).<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
27<br />
Figure 3.32 – Le terminal de<br />
croisières d’Amsterdam<br />
s’intègre dans un complexe<br />
plurifonctionnel © <strong>AIVP</strong>/IACP<br />
Figure 3.33 © Port of Amsterdam<br />
Un principe identique s’observe dans le projet hambourgeois d’HafenCity, où le futur Hamburg Cruise<br />
Terminal (qui remplacera le bâtiment provisoire actuel du même nom situé un peu plus à l’Ouest)<br />
constituera une des pièces maîtresse de l’opération de redéveloppement urbain de toute cette zone<br />
située au sud du centre ville actuel (alliant dans ce cas bureaux et logements) (figure 3.34).<br />
Figure 3.34 – Le Hambourg Cruise<br />
Center est l’une des composantes<br />
essentielles du projet Hafen City<br />
© Hafen City Gmbh
28<br />
b) Les terminaux de ferries<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Figure 3.35 – Les installations roulières<br />
de Douvres Eastern Docks furent gagnées sur la mer<br />
© Dover harbour Board<br />
En nombre de passagers, les ferries génèrent des<br />
volumes de trafic sans commune mesure avec les<br />
navires de croisière, non pas à chaque escale (car les<br />
plus grands navires de croisière ont désormais des<br />
capacités d’emport supérieures à celles des plus<br />
grands ferries) mais en base annuelle (d’autant que la<br />
saisonnalité des trafics est moindre pour les premiers<br />
que pour les seconds). C’est ainsi qu’en 2006, le plus<br />
grand port de ferries en Europe du Nord-Ouest,<br />
Douvres, a traité 13,8 millions de passagers contre un<br />
peu plus de 750 000 croisiéristes dans le port de<br />
croisière le plus actif dans la région cette année là,<br />
Southampton. Et dans un port comme Marseille, le<br />
rapport était alors de 1,65 millions de passagers de<br />
ferries pour 375 000 croisiéristes. Globalement, l’écart<br />
tend cependant à se réduire car la dynamique du premier secteur est moindre que celle du second.<br />
Toutefois, l’écart entre ces deux composantes demeure, sauf exception, considérable quand on<br />
considère aussi le trafic des véhicules de tourisme et commerciaux qui est généralement associé aux<br />
trafics de ferries. C’est ainsi qu’aux 13,8 millions de passagers précités pour Douvres s’ajoutaient,<br />
toujours en 2006, 2,35 millions de voitures de tourisme, près de 100 000 autocars et non moins de<br />
2,38 millions de camions (figure 3.35).<br />
Historiquement, comme pour les gares maritimes pour le trafic océanique de passagers, celles pour<br />
celui des ferries ont été établies aussi près que possible des centres villes, vu que la majorité des<br />
usagers étaient à l’époque en correspondance ferroviaire. Selon les circonstances, soit la gare<br />
centrale de la ville faisait aussi office de gare maritime, quand elle était proche des installations<br />
portuaires, soit une gare spécialisée distincte a été établie tout au contact de celle-ci. Les choses ont<br />
changé à partir des années soixante sous le double effet de l’augmentation constante de la taille des<br />
ferries et du fait que ces derniers sont devenus des unités polyvalentes prenant à leur bord de moins<br />
en moins de passagers piétons (en correspondance ferroviaire ou non) et de plus en plus de<br />
passagers motorisés et de véhicules commerciaux. La première évolution technique a fait que nombre<br />
d’installations anciennes n’ont plus pu être desservies par les ferries de dernière génération et la<br />
seconde a imposé la réalisation d’aires de parking toujours plus vastes, qui trouvaient difficilement<br />
place dans les parties anciennes des ports, sauf remodelages compliqués et pas toujours<br />
fonctionnels. Le parallélisme avec les évolutions survenues simultanément pour le trafic des<br />
conteneurs est immédiat.<br />
Il en est résulté une évolution paradoxale qui est que les nouveaux terminaux de ferries sont souvent<br />
localisés plus à l’écart des centres villes que ne le sont les installations d’accueil des unités de<br />
croisière, pour lesquelles le tropisme urbain est resté plus marqué. Dans ce cas, quand l’armement de<br />
ferries ne va pas jusqu’à carrément refuser les passagers non motorisés (comme la Norfolk Line à<br />
Dunkerque-Ouest), il importe, d’une part, de maintenir un lien par transport public (gratuit ou non)<br />
entre la ville et le terminal des ferries et, d’autre part, que ce dernier soit une sorte de vitrine de la ville,<br />
avec notamment une information touristique particulièrement soignée au débarquement des<br />
passagers (voire en amont dans la chaîne). Du point de vue urbain, l’exurbanisation des terminaux de<br />
ferries est globalement une mauvaise affaire, même s’il en résulte un soulagement de la congestion<br />
routière et en particulier la disparition de gros flux de camions en transit. En cas de déménagement<br />
(ou de suppression de l’activité des ferries), une bonne pratique est de transformer l’ancienne gare<br />
maritime des ferries en terminal de croisière, ainsi que cela s’est fait, avec un grand soin architectural,<br />
à Douvres Ouest.<br />
Les meilleures pratiques relevées sont celles qui ont réussi, comme à Kiel (figure 3.36), à maintenir<br />
les terminaux pour ferries tout à côté de la gare ferroviaire de la ville tout en aménageant des aires de<br />
parcage suffisantes et en ségrégant la circulation des poids lourds du trafic urbain général.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Figure 3.36 – A Kiel, les navires de croisière sont<br />
accueillis en centre ville, tout au contact de la gare<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Figure 3.37 – Le port de Kiel accueille en centre ville<br />
les navires de croisière et les ferries © Port de Kiel<br />
Mieux encore dans ce cas, les terminaux pour les ferries (sur Göteborg et Oslo) et pour les croisières<br />
sont combinés dans un seul pôle, ce qui donne une grande lisibilité au dispositif (figure 3.37).<br />
En Europe du Nord, cette imbrication est assez naturelle puisque certains des ferries sont en fait des<br />
ferries de croisière avec une forte composante, dans leur clientèle, de minicroisiéristes pour lesquels<br />
les exigences sont en définitive les mêmes que celles des passagers des unités pures de croisière en<br />
termes de qualité d’accès à la ville. Parmi les meilleurs pratiques relevées à ce niveau, signalons<br />
l’exemple du port Sud de Helsinki (figure 3.38), où sont concentrées les lignes vers et depuis<br />
Stockholm qui ne déménageront pas prochainement vers le nouveau complexe portuaire de Vuosaari<br />
évoqué plus haut. Marseille offre un autre exemple de maintien du trafic des ferries (dans ce cas sur la<br />
Corse et l’Afrique du Nord) dans la partie ancienne du port, tout au contact de la ville et en<br />
complémentarité avec le projet Euroméditerranée en parallèle auquel la gare Maritime de La Joliette a<br />
été requalifiée par le Port Autonome (figure 3.39).<br />
Figure 3.38 – Au port Sud d’Helsinki, qui ne déménagera<br />
pas vers Vuosaari, les ferries sont accueillis en centre ville,<br />
dans ce qui était le port de commerce © Port de Helsinki<br />
c) Les terminaux pour traversiers locaux<br />
29<br />
Figure 3.39 – Vue d’ensemble du complexe des gares<br />
maritimes marseillaises de La Joliette, où sont<br />
accueillis les ferries des lignes de Corse et<br />
internationales, dans le périmètre d’intervention du<br />
projet Euroméditerranée © Port Autonome de Marseille<br />
Les installations d’accueil de traversiers locaux (pour passagers seulement ou pour passagers et<br />
voitures, voire quelques véhicules lourds) sont beaucoup plus légères que les précédentes et ont été<br />
le plus fréquemment maintenues sur leurs sites originaux, proches de centres villes. Elles contribuent<br />
à assurer une animation intense des fronts d’eau urbains là où elles ont survécu à la mise en place de<br />
liens fixes sur ou sous les fleuves. L’exemple le plus connu en Europe est celui d’Hambourg et des<br />
célèbres Landungsbrücken, mais les meilleures pratiques à ce niveau s’observent outre-mer, en<br />
particulier dans des grandes villes comme New York, Vancouver ou Hong Kong.
30<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Tout aussi légères et généralement faciles à intégrer dans les activités des fronts d’eau urbains<br />
centraux sont les activités de promenade touristique sur les fleuves ou dans les complexes de bassins<br />
(à l’image d’un port comme Rotterdam où la société Spido est souvent prise comme référence<br />
mondiale), avec là aussi une forte interaction potentielle avec les activités commerciales, culturelles<br />
ou récréatives voisines. Même si le climat est un facteur assez limitatif, il y a là un créneau à<br />
développer pour favoriser une meilleure connaissance des réalités portuaires pour les visiteurs<br />
extérieurs comme pour les citoyens des places portuaires, à l’heure où du côté terrestre, les zones<br />
portuaires tendent à se fermer à eux en raison des mesures I.S.P.S.<br />
Une bonne pratique encore rare : les accès hors sol aux bords de quai<br />
Dans une immense majorité de cas, les habitants des villes et les touristes n’ont pas accès aux avantquais<br />
dans les parties actives des ports de commerce et la déambulation le long des plans d’eau leur<br />
y est interdite par des grillages que ne peuvent franchir que les professionnels dûment accrédités, au<br />
travers de portes de moins en moins nombreuses et de mieux en mieux gardées. Aux traditionnelles<br />
préoccupations de protection des marchandises par rapport aux vols et de sécurité physique des<br />
personnes, ainsi qu’aux considérations douanières et de police des frontières, s’ajoute désormais<br />
l’aspect de la sûreté publique qui a vu s’étendre aux zones portuaires des mesures qui furent d’abord<br />
en vigueur dans les aéroports. Les personnes extérieures à la vie des quais de commerce s’en sont<br />
donc vues de plus en plus repoussées, ce qui est un paradoxe à l’heure où les places portuaires<br />
affichent une volonté de s’ouvrir aux choses de la mer. La perception que peuvent en avoir les<br />
habitants et les touristes est donc de plus en plus biaisée, puisque le seul accès qui leur est souvent<br />
concédé, en dehors des zones d’éclusage qui demeurent généralement visibles, est celui aux plans<br />
d’eau abandonnés, dans des espaces fréquemment docklandisés et qui donnent donc une vue soit<br />
négative, soit erronée de la vie portuaire.<br />
Il est cependant deux exceptions à cette règle quasi générale, qui sont les itinéraires de visite<br />
portuaire, le plus souvent via les plans d’eau et beaucoup plus rarement du côté terrestre, soit via les<br />
observatoires ou promenades en hors sol par dessus des entrepôts, encore actifs ou non. Dans ce<br />
dernier cas s’observe une situation paradoxale selon laquelle la règle générale souffre d’une<br />
exception technique, basée sur le caractère public de l’accès surélevé à un espace dominant l’avantquai<br />
actif alors que celui-ci demeure non accessible au public au niveau du sol. Et ceci que celui-ci<br />
soit dédié au trafic des passagers (section 3.2.1) ou à celui des marchandises (section 3.2.2). .<br />
Historiquement, l’exemple le plus notoire est celui des Terrasses du Nord et du Sud (Noorderterras<br />
et Zuiderterras) le long des quais de l’Escaut à Anvers. Dès l’origine (vers la fin du 19ème siècle) de<br />
ces deux promenades urbaines surélevées, assorties chacune d’un café-restaurant encore très<br />
populaire de nos jours, la population anversoise et les touristes ont joui d’une vue exceptionnelle sur<br />
les activités portuaires s’exerçant en contrebas ; l’avant-quai étant très étroit, ils pouvaient même<br />
quasiment toucher les navires (y compris ceux à passagers qui y ont longtemps escalé). Il en est<br />
résulté un contact quasiment intime unique avec ces derniers et les activités portuaires traditionnelles.<br />
La conteneurisation a cependant conduit au quasi abandon des quais de l’Escaut et la seule activité<br />
commerciale résiduelle significative y réside dans les escales saisonnières de navires de croisière ; il<br />
s’y ajoute (mais à l’écart de cette double promenade) la fonction de quai d’honneur pour des unités<br />
militaires en visite officielle et, occasionnellement de lieu de baptême pour des unités neuves livrées à<br />
des armements anversois (dont plusieurs quartiers généraux sont tout proches). L’impression du port<br />
qu’ont les citoyens anversois et les touristes est donc fortement biaisée, tout comme lorsqu’ils<br />
circulent dans la zone proche des docklands dans la partie des bassins construits au 19ème, qui leur<br />
est également désormais librement accessible au niveau du sol mais n’est plus fréquentée que par<br />
des péniches.<br />
Une situation analogue à celle observée initialement à Anvers pourrait prochainement se présenter<br />
dans le complexe marseillais de La Joliette (soit dans la partie la plus ancienne des bassins de<br />
Marseille Ouest), toujours très actif dans le trafic des ferries comme indiqué au point précèdent. Ici,<br />
tout à côté du siège administratif du Port Autonome, de vastes aires de parking à l’air libre<br />
s’interposent entre la ville et d’anciens entrepôts bord à quai, fort étroits et le long desquels viennent<br />
quotidiennement se ranger des ferries. Ceux-ci génèrent une intense animation, que les Marseillais et<br />
les touristes pourraient être à même d’observer lorsque le projet des Terrasses du Port actuellement<br />
toujours à l’examen viendra à se concrétiser.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Porté par une grande société immobilière et supporté par la ville comme par le port de Marseille, ce<br />
projet consiste, schématiquement, à réaliser au niveau supérieur de ces entrepôts une promenade<br />
bordée de restaurants et à relier cette promenade à la ville par un complexe commercial et culturel<br />
(figure 3.40). Réalisé en hors sol par dessus les parkings des ferries, qui demeureront fonctionnels,<br />
ce complexe fera office d’un large pont entre la ville et la future promenade, véritable belvédère<br />
retrouvé de la ville sur cette partie très animée du port. Le lieu sera d’autant plus fréquenté qu’il<br />
bénéficie d’une bonne accessibilité autoroutière (couplée à un nouveau parking public de grande<br />
capacité) et par les transports publics (métro et nouveau tramway) et qu’il s’inscrit au coeur de la<br />
partie urbano-portuaire de la grande opération urbanistique Euroméditerranée.<br />
Figure 3.40 – Les terrasses du Port © Etablissement Public Euroméditerrannée<br />
Un autre élément urbano-portuaire de celle-ci a résidé, tout à côté, dans la transformation, très réussie<br />
et désormais quasiment terminée, de l’ancien entrepôt des Docks en un complexe de bureaux, qui<br />
générera une chalandise importante supplémentaire pour les futures Terrasses du Port. Les deux<br />
opérations sont donc en cohérence et elles le seront d’autant plus que l’actuel autopont qui les sépare<br />
physiquement laissera prochainement la place à un agréable boulevard urbain sous lequel s’écoulera<br />
le flot automobile.<br />
Une réserve doit cependant être évoquée, qui tient à la sûreté et aux conséquences d’un éventuel<br />
nouveau renforcement drastique de cette dernière. L’investissement immobilier étant conséquent,<br />
plutôt que de fermer un jour les terrasses au public (comme cela se pratique de plus en plus dans les<br />
aéroports), ne seront-ce pas les ferries qui seront interdits d’accès dans cette partie du port, car leur<br />
trafic est relocalisable alors qu’un complexe commercial, culturel, de restauration et de promenade<br />
comme les Terrasses du Port (ou toute autre opération de ce type qui serait réalisée ailleurs) ne le<br />
serait par définition pas. Pour le port, le mieux serait alors l’ennemi du bien et une recommandation<br />
est que des opérations qui s’inspireraient de l’exemple marseillais ne soient pas assorties<br />
d’investissements très lourds qui amèneraient à un effacement prématuré des activités portuaires au<br />
cas où la mixité s’avérerait impraticable au plan de la sûreté.<br />
3.2.2. Les aménagements pour le trafic des marchandises<br />
Dans ce cas, seules sont à prendre en compte des contraintes relatives aux cargaisons et au trafic<br />
lourd (routier, ferroviaire et ou fluvial) qu’elles génèrent du côté terrestre, en superposition avec celui<br />
lié aux activités urbaines plus ou moins imbriquées dans les activités portuaires plus ou moins<br />
résiduelles de ces zones. Un cas de transition avec le point précédent est celui du trafic roulier pur<br />
dont une des caractéristiques est que le séjour moyen des cargaisons sur le terminal est plus long ;<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
31
32<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
ceci implique des espaces plus largement dimensionnés, à volume de trafic égal, que dans le cas du<br />
trafic mixte de passagers et de fret. Toute une gradation s’observe donc entre le trafic purement<br />
passagers et purement fret, avec pour ce dernier aussi des variantes en fonction de la nature<br />
océanique ou intra-européenne des échanges. Celle-ci conditionne les contraintes de calaison des<br />
navires et leurs possibilités d’évolution dans des bassins plus ou moins anciens, qui sont ceux dans<br />
lesquels les activités urbaines tendent à s’incruster en premier. Comme pour les navires de croisière,<br />
il s’y ajoute la dimension supplémentaire du trafic fluvial, qui peut souvent s’accommoder<br />
d’installations maritimes déclassées, selon un decrescendo qui va de l’océanique au côtier plus<br />
éventuellement au fluvial, là où les voies fluviales viennent compléter la panoplie des dessertes<br />
d’arrière-pays.<br />
L’exemple le plus achevé de port où ce decrescendo est explicitement pris en compte, avec un<br />
crescendo quasi symétrique des activités urbaines aux marges des espaces portuaires ou au sein de<br />
ceux-ci, est celui du port d’Amsterdam, où les termes « hard port areas » et « soft port areas » sont<br />
utilisés pour désigner les espaces de transition où la priorité fonctionnelle est donnée ou non aux<br />
activités portuaires. Dans les « hard port areas », la présence d’activités urbaines n’est que tolérée et<br />
elle est strictement contrainte, comme par exemple dans l’ancien village de Ruigoord contigu au<br />
Bassin d’Afrique où une communauté d'artistes a été implantée : ils peuvent y réaliser et valoriser<br />
leurs travaux mais aucunement y habiter. Ailleurs, d’anciens noyaux villageois continuent cependant à<br />
« résister » aux développements portuaires récents et contemporains, comme Pernis à Rotterdam,<br />
Fort-Lillo à Anvers et Mardyck à Dunkerque, en dépit d’un voisinage avec des activités industrielles<br />
lourdes pourtant souvent assorties de contraintes Seveso. Mais la règle générale est à la disparition<br />
complète de ces enclaves résidentielles et à leur arasement, ainsi que cela est par exemple en cours<br />
à Doel dans le cas anversois sur base d’une très officielle décision du Gouvernement flamand.<br />
Un cas particulier de «hard port areas»<br />
est celui d’espaces réorganisés ou qui le<br />
seront autour d’activités maritimes non<br />
commerciales, comme dans le cas du<br />
port Sud de Bremerhaven devenu la<br />
base de la flotte polaire allemande, ce<br />
qui génère des activités sur les plans<br />
d’eau mais guère de contraintes<br />
terrestres, de sorte que des activités de<br />
bureau (axées ici autour de la recherche<br />
dans le cluster polaire et plus<br />
généralement la technologie) peuvent<br />
aisément prendre place en bordure des<br />
quais, et même de la résidence (figure<br />
3.41).<br />
Figure 3.41 – Le port Sud de Bremerhaven, avec une zone dédiée à la Recherche et au Développement à<br />
l’avant-plan et le port de pêche industrielle à l’arrière-plan, au cœur duquel s’observe déjà un îlot docklandisé ©<br />
Bremenports<br />
Entre les «hard port areas» industrialo-portuaires et les «soft port areas» où l’urbain domine, il y a<br />
donc aussi le cas des «hard port areas» non commerciales (et encore moins industrielles) qui sont<br />
celles où l’urbain et le maritime peuvent s’imbriquer le plus aisément, sans que la problématique des<br />
règles ISPS soit ici très contraignante. A cet égard l’exemple, outre-mer, du Albert & Victoria<br />
Waterfront de Cape Town est le plus médiatisé, avec le ballet incessant des remorqueurs du port.<br />
Ceux-ci y sont demeurés basés à la demande expresse de la société privée exploitant ce complexe<br />
commercial et récréatif, alors que l’autorité portuaire avait formulé le projet de déplacer leur base dans<br />
le port de commerce.<br />
Les installations ne traitant plus que des trafics fluviaux relèvent également de cette catégorie, là où ils<br />
sont pas ou plus en lien avec le port maritime au travers d’activités de transbordement mais<br />
simplement en lien avec l’économie urbaine. On peut alors les considérer comme des activités légères<br />
de manutention, là aussi sans guère de contraintes ISPS, des besoins d’entreposage plus limité et
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
des trafics routiers de pré- ou de post-acheminement généralement moins denses, qui rendent la<br />
fréquentation de ces quais par les habitants et même les touristes moins dangereuse. Les exemples<br />
les plus typiques de ce genre d’espace relativement ouverts se trouvent dans les ports belges et<br />
néerlandais, vu le relief considérable qu’y a la navigation intérieure, non seulement au titre des trafics<br />
d’arrière-pays mais aussi de relations purement continentales. C'est ainsi qu’à Anvers, la zone du<br />
Bassin Kattendijk, qui constituait le cœur du port à la fin du 19 ème siècle, a été progressivement<br />
déclassée au point que la fonction de ses plans d’eau soit désormais totalement fluviale et que s’y<br />
mêlent des trafics fluviaux résiduels et la fonction de stationnement des péniches, soit entre deux<br />
voyages, soit à titre plus ou moins définitif pour les bateliers retraités. Cette fonction de stationnement<br />
est importante, comme en attestent aussi la conversion déjà ancienne de la zone du Maashaven et du<br />
Rijnhaven à Rotterdam (où les bateliers disposent même d’une station de métro toute proche) et<br />
l’aménagement contemporain du Houthaven d’Amsterdam, qui s’intègre bien dans le<br />
redéveloppement « soft » du quartier Minerva évoqué ci-dessous (figure 3. 42).<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
33<br />
Figure 3.42 – Péniches en stationnement entre<br />
deux voyages au Houthaven d’Amsterdam ©<br />
<strong>AIVP</strong>/IACP<br />
Il convient cependant de tenir compte des<br />
contraintes de bruit de moteur que peuvent<br />
générer les péniches à l’arrêt ou lors leurs de<br />
leurs manœuvres quand elles sont toutes<br />
proches des habitations. Sur tous les sites<br />
reconvertis à Amsterdam, tel par exemple<br />
que sur la face Nord de l’ancien complexe<br />
des Bassins Orientaux d’Amsterdam, ces<br />
péniches doivent obligatoirement se<br />
brancher sur l’électricité extérieure pendant<br />
leur temps d’attente entre deux voyages. Les<br />
habitants des nouvelles habitations qui bordent ce quai autrefois maritime veulent en quelque sorte<br />
jouir des avantages de vivre au bord de l’eau sans en subir le moindre inconvénient ; le phénomène<br />
s’observe d’autant plus que leur niveau moyen de revenus est élevé et est à la mesure de la pression<br />
qu’ils peuvent exercer sur les pouvoirs publics, contrairement aux classes laborieuses du passé qui<br />
ailleurs (comme par exemple dans les Docklands londoniens) s’accommodaient plus volontiers de la<br />
proximité immédiate d’un port actif qui représentait leur gagne pain quotidien.<br />
Enfin, les véritables « soft port areas »<br />
sont celles où le trafic maritime ou fluvial<br />
a totalement disparu, mais où les plans<br />
d’eau désormais désertés et les terrepleins<br />
adjacents se situent au contact de<br />
la partie active du port et font en quelque<br />
sorte office de tampon physique avec<br />
celle-ci. Ici, les résidences permanentes<br />
sont en principe à proscrire, mais l’habitat<br />
temporaire de type résidence<br />
universitaire, comme dans la zone de<br />
l’ex-chantier NDSM d’Amsterdam (figure<br />
3.43) est une des options ouvertes aux<br />
aménageurs.<br />
Figure 3.43 – Résidence universitaire dans l’ex-chantier NDSM à Amsterdam<br />
© <strong>AIVP</strong>/IACP<br />
Plus classiquement, les anciennes zones d’entrepôts peuvent être converties en zones de petites<br />
entreprises non liées au port ou de bureaux, ce qui amène à distinguer entre population de jour et<br />
population de nuit dans ces espaces de transition ; désertés le soir, ceux-ci peuvent toujours<br />
connaître (ou avoir à nouveau) une intense activité diurne, pour le travail comme éventuellement pour<br />
les citadins en tant que fenêtre de la ville sur le port, dans un environnement moins artificialisé que<br />
dans des zones classiques de docklands et de waterfronts. Des cafés et des restaurants « branchés »<br />
peuvent alors harmonieusement venir compléter l’équipement de ces espaces de transition et être au<br />
service tant des travailleurs des environs que ceux du port et des habitants, voire des touristes.
34<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Dans de telles « soft areas », des immeubles évolutifs peuvent être envisagés, comme à nouveau<br />
dans la zone du Bassin Minerva à Amsterdam où quelque 100.000 m² vont progressivement être mis<br />
à la disposition de petites entreprises, actives notamment dans le domaine de la création. Celles-ci<br />
prendront place dans des immeubles neufs ou transformés dont les premiers apparaissent en bordure<br />
du Quai de Dantzig (figures 3.44 et 3.45). Dans ce cas précis, il s’agit de la transformation d’une zone<br />
encore partiellement active ans le domaine du trafic du bois. Le Port souhaite conserver également<br />
pour ce secteur une fonction portuaire : il n'y aura plus de terminaux, mais tous les bassins<br />
conserveront leur fonction maritime et seront utilisés comme "parking" pour des unités de short sea,<br />
des barges, des petites unités liées aux services maritimes, etc. Cette zone jouera également un rôle<br />
de zone tampon avec la ville proche. Pour autant la flexibilité de ces immeubles rend également<br />
possible leur évolution vers du résidentiel. Etant donné les énormes besoins en logements sur<br />
Amsterdam, on ne peut totalement exclure une évolution qui pourrait se faire du portuaire résiduel<br />
vers l’urbain, d’abord non résidentiel puis résidentiel quand les contraintes (de sécurité, de bruit et<br />
d’odeurs, entre autres) liées à la contiguïté d’installations portuaires davantage actives se seront faites<br />
moins fortes. Un relâchement des normes étant peu probable, il faut voir dans ce mouvement un<br />
premier pas qui, sans incidences immédiates sur ces installations portuaires voisines, en hypothèque<br />
l’avenir comme dans le cas de l’habitant non permanent évoqué ci-dessus.<br />
Figure 3.44 – Schéma de redéveloppement en « soft<br />
port area » du quai de Dantzig à Amsterdam<br />
© Port d’Amsterdam<br />
à comparer avec la situation actuelle<br />
à la figure 3.45<br />
3.3. – Les opérations de redéveloppement à finalité purement portuaire<br />
Introduction<br />
Contrairement aux opérations évoquées à la section 3.2., qui s’inscrivent toutes dans un processus<br />
d’effacement progressif du port au profit de la ville en passant par un degré de mixité physique et<br />
fonctionnelle plus ou moins grand, celles décrites dans cette section finale procèdent d’un mouvement<br />
non pas défensif, mais offensif du port en termes spatiaux. Les adjectifs «offensif» et «offensif»<br />
utilisés ici ne traduisent aucun jugement de valeur mais visent simplement à traduire dans une formule<br />
simple, donc réductrice, une réalité complexe. Pour diverses raisons, qui seront précisées plus loin, il<br />
s’agit pour le port d’agrandir son territoire, ce qui ne peut pas se faire partout, en tout ou même<br />
seulement en partie, au travers des opérations de type «greenfield» ou «bluefield » évoquées en 3.1.<br />
Reste alors l’option «brownfield», qui peut être de deux types : interne ou périphérique. Dans le<br />
premier cas, il n’y a pas de conflit d’usage potentiel avec la ville, puisqu’on se situe plus ou moins au<br />
cœur du domaine portuaire, actuel et sans doute futur à l’échelle de l’aménagement contemporain.<br />
Dans le second, on se situe par contre plus ou moins en contact, voire en conflit avec la ville, quand il<br />
s’agit de requalifier à des fins portuaires des espaces présentement peu utilisés à de telles fins, voire<br />
abandonnés depuis un certain temps. Le tampon spatial séparant les «hard port areas» évoquées à la<br />
section précédente de la ville s’en trouve réduit et ce sont en quelque sorte deux plaques tectoniques<br />
qui risquent d’entrer en collision plutôt que de glisser ensemble dans la même direction.<br />
De la même façon qu’existaient à la section précédente des «soft port areas» pour ménager une<br />
transition entre une ville et un port évoluant spatialement de façon classique, des «soft urban areas»<br />
sont en quelque sorte à prévoir dans la dynamique future de l’aménagement urbano-portuaire là où il<br />
ne se fait pas (ou ne se fera pas) dans le sens usuel de l’Histoire. Il s’agit ici d’un terrain encore en
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
friche que cette section n’envisagera pas en détail, vu la nouveauté du concept, mais qui doit être<br />
envisagé, dans des recherches futures, comme le symétrique des «soft port areas» ; il s’agira alors<br />
d’inverser simplement le sens du mouvement, en prévoyant notamment une disparition graduelle de<br />
l’habitat, voire d’autres fonctions urbaines, dans des zones sensibles. Entre-temps, l’objet de cette<br />
section 3.3. est de mettre en évidence la nécessité économique des aménagements portuaires de<br />
type «brownfield» dans nombre de places portuaires européennes (sous-section 3.3.1.) et, au travers<br />
de quelques exemples, certaines modalités de leur mise en œuvre au travers de pratiques récentes<br />
d’aménagement (sous-section 3.3.2.).<br />
3.3.1. Un contexte de forte croissance des trafics portuaires<br />
A l’heure où des développements ex-nihilo de type greenfield sont de plus en plus problématiques, les<br />
autorités portuaires européennes font face à un dilemme croissant face aux pressions urbaines, qui<br />
s’amplifient alors que les trafics portuaires sont eux-mêmes généralement en croissance. Même si elle<br />
est moindre qu’en Asie émergente, l’ampleur de cette croissance est le plus souvent méconnue, en<br />
particulier des acteurs urbains qui, pour beaucoup, gardent des ports européens une image héritée de<br />
la sévère crise quantitative qu’ils ont connu dans la foulée du second choc pétrolier. Une analyse<br />
statistique va venir mettre en évidence cette nouvelle dynamique de croissance. Elle porte sur la<br />
période 1986-2006, soit du creux de la vague consécutif au second choc pétrolier à nos jours et prend<br />
en compte les principaux ports du Northern Range, soit la rangée portuaire allant de l’Elbe à la Seine.<br />
On se limitera dans la suite aux principaux ports et à un pas temporel quinquennal de façon<br />
simplement à dégager les tendances principales.<br />
Dans un premier temps, est présentée au tableau 3.1. l’évolution du trafic total des treize ports<br />
principaux de cet ensemble (dont certains sont polynucléaires, en fait). Celui-ci compte par ailleurs<br />
nombre de ports secondaires dont le poids cumulé est loin d’être négligeable et dont certains ont<br />
connu des évolutions parfois plus spectaculaires encore que celles mises en évidence ci-après.<br />
Globalement, le trafic total des treize ports en question a progressé de quelque 77 % entre 1986 et<br />
2006, dépassant alors pour la première fois la barre du milliard de tonnes. Certes, il ne s’agit pas là<br />
d’une croissance «à la chinoise», mais elle est néanmoins très importante et elle témoigne d’une<br />
maritimisation croissante du commerce extérieur de l’Europe en général et, plus particulièrement, des<br />
régions formant l’hinterland partiellement commun des ports du Northern Range, du cœur de la<br />
« banane bleue » à l’ex-Europe orientale et centrale.<br />
Tableau 3.1. – Evolution d’ensemble 1986-2006 du trafic<br />
des ports du Northern Range (en millions de tonnes)<br />
1986 1991 1996 2001 2006<br />
Ports allemands 102.1 114.1 139.8 179.3 246.0<br />
Hambourg 55.2 65.5 71.1 92.4 134.9<br />
Brême/Bremerhaven. 29.5 30.7 31.5 46.0 65.1<br />
Wilhelmshaven 17.4 17.9 37.2 40.9 46.0<br />
Ports néerlandais 316.4 358.7 370.4 407.6 490.6<br />
Amsterdam/IJmuiden 44.1 47.4 53.8 67.8 83.7<br />
Rotterdam 257.6 291.7 292.2 314.6 376.7<br />
Flessingue/Terneuzen 14.7 19.6 24.4 25.2 30.2<br />
Ports belges 129.5 157.7 165.3 185.7 231.0<br />
Anvers 90.2 101.3 111.9 130.1 167.4<br />
Gand 24.2 25.5 21.0 23.5 24.1<br />
Zeebrugge 15.1 30.9 32.4 32.1 39.5<br />
Ports français 112.0 138.7 133.9 166.9 200.6<br />
Dunkerque 32.4 40.7 34.9 44.5 56.6<br />
Calais 10.5 17.0 24.7 32.7 42.5<br />
Le Havre 47.2 57.2 56.2 69.0 73.8<br />
Rouen 21.9 23.7 18.1 20.7 23.2<br />
Total Rangée 660.0 769.1 809.4 939.5 1,168.2<br />
Source : autorités portuaires (rapports annuels des années 1986, 1991, 1996, 2001 et 2006)<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
35
36<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Bien évidemment, le dynamisme fut variable d’un pays à l’autre et d’un port à l’autre. Parmi les treize<br />
ports considérés, deux affichent un trafic plutôt stationnaire (Gand et Rouen), alors que celui de ports<br />
comme Hambourg, Brême/Bremerhaven, Wilhelmshaven, Flessingue/Terneuzen, Zeebrugge et Calais<br />
a plus que doublé en vingt ans ; il a même plus que triplé dans le dernier cas, qui est cependant très<br />
particulier puisqu’il relève des échanges anglo-continentaux et non avec l’Outre-Mer, comme c’est<br />
principalement le cas ailleurs. Le trafic total n’est cependant pas la meilleure mesure qui soit du<br />
niveau d’activité réel d’un port, car il est quelquefois fortement gonflé par les manutentions vraquières<br />
(principalement d’hydrocarbures et de pondéreux comme le minerai de fer et le charbon), qui<br />
atteignent dans certains cas un relief considérable (264 Mt sur 377 à Rotterdam en 2006) et<br />
constituent parfois la quasi-totalité de l’activité du port (comme à Wilhelmshaven). Ces cargaisons<br />
vraquières n’entrent guère en ligne de compte dans la problématique des arbitrages d’usage à faire<br />
de l’interface urbano-portuaire, car elles sont le plus souvent traitées dans des terminaux situés en<br />
eau profonde, à l’écart des ports historiques et donc des villes, sur des sites parfois totalement<br />
distincts (comme dans le cas d’Antifer pour le Havre).<br />
Bien plus significative est donc une analyse basée sur le trafic des seules marchandises diverses (ou<br />
générales), c’est-à-dire sur les produits finis (ou semi-ouvrés) de forte valeur unitaire qui contribuent le<br />
plus à la valeur ajoutée portuaire. En se limitant à celles-ci, on observe au tableau 3.2 un dynamisme<br />
d’ensemble qui ne manquera pas de surprendre, puisque le trafic total des diverses dans les ports<br />
considérés (au sein desquels Wilhelmshaven n’est pour l’instant pas du tout concerné) a<br />
pratiquement triplé (+ 187 %) durant les vingt dernières années. Avec là aussi, bien évidemment,<br />
des variations d’un port à l’autre, d’une relative stagnation comme à Amsterdam/IJmuiden ou Rouen,<br />
à un quadruplement comme à Hambourg. Si on exclut le cas particulier de Calais, où les diverses<br />
sont en quasi-totalité des cargaisons en transroulage vers ou depuis le Royaume-Uni, on constatera<br />
que le centre de gravité des activités de manutention à forte valeur ajoutée dans le Northern Range a<br />
sensiblement glissé vers le Nord (sous le double effet des trafics de transbordement sur l’Europe du<br />
Nord et de l’ouverture de l’ex-Europe de l’Est et Centrale aux échanges océaniques). C’est ainsi que<br />
le trafic total de diverses des deux principaux ports allemands a augmenté de 262 % entre 1986 et<br />
2006, alors que celui des ports néerlandais ne progressait que de 134 %, celui des ports belges de<br />
174 % et celui des ports français, hors Calais, que de 138 %.<br />
Tableau 3.2. – Evolution d’ensemble 1986-2006 du trafic des diverses<br />
des ports du Northern Range (en millions de tonnes)<br />
1986 1991 1996 2001 2006<br />
Ports allemands 40.2 50.1 58.5 89.2 145.5<br />
Hambourg 22.1 30.0 37.0 53.2 92.1<br />
Brême/Bremerhaven 18.1 20.1 21.5 36.0 53.4<br />
Wilhelmshaven 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1<br />
Ports néerlandais 56.7 70.1 91.6 95.8 132.5<br />
Amsterdam/IJmuiden 6.7 6.1 7.6 6.2 10.2<br />
Rotterdam 46.3 59.8 78.6 83.8 112.9<br />
Flessingue/Terneuzen 3.3 4.2 5.4 5.8 9.4<br />
Ports belges 50.7 65.0 75.6 98.7 138.8<br />
Anvers 36.1 45.4 52.2 68.3 103.0<br />
Gand 3.1 3.3 3.2 4.4 4.5<br />
Zeebrugge 11.5 16.3 20.2 26.0 31.3<br />
Ports français 26.3 36.8 43.6 60.5 81.7<br />
Dunkerque 6.0 8.1 3.2 8.1 14.6<br />
Calais 9.4 15.9 23.6 31.1 41.5<br />
Le Havre 8.1 10.2 13.6 18.0 22.6<br />
Rouen 2.8 2.6 3.2 3.3 3.0<br />
Total Rangée 174.0 222.1 269.4 344.3 498.5<br />
Source : autorités portuaires (rapports annuels des années 1986, 1991, 1996, 2001 et 2006)<br />
Plus démonstrative encore est l’analyse ne portant que sur les trafics conteneurisés dont l’évolution<br />
chiffrée est présentée au tableau 3.3. Dans ce cas, outre Wilhelmshaven, des ports comme<br />
Flessingue/ Terneuzen, Gand et Calais ne sont pas à prendre en considération parce qu’ils sont, pour<br />
diverses raisons, totalement à l’écart dans ce domaine ; et d’autres cas, les trafics observés sont
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
marginaux (Rouen, Dunkerque et Amsterdam, même si ces deux derniers ports viennent à leur tour<br />
d’entrer significativement dans la course). Globalement, c’est à un quintuplement des manutentions<br />
conteneurisées qu’on a assisté en vingt ans, à un rythme qui ne cède en rien à celui observé en Asie-<br />
Pacifique, ce qui est normal puisque les échanges avec cet espace représentent désormais la<br />
majorité des échanges conteneurisés océaniques de l’Europe, qui répond à ce niveau comme en<br />
écho au spectaculaire essor économique de la Chine et de ses voisins. Encore ne s’agit-il ici que du<br />
tonnage des marchandises conteneurisées et de la tare des conteneurs ; mais nombre de ceux-ci sont<br />
vides en sortie d’Europe lors de leur repositionnement outre-Suez, et le rythme de croissance des<br />
manutentions physiques de boîtes, qui correspond aux capacités nécessaires sur les terminaux, est<br />
encore supérieur dans les faits. Le record revient assurément aux ports allemands pris dans leur<br />
ensemble, avec un quasi sextuplement en vingt ans (presque fois huit à Hambourg et «seulement»<br />
fois cinq à Brême/Bremerhaven) et un tel septuplement s’observe aussi pour Anvers. Parti tôt dans la<br />
course, Rotterdam n’affiche qu’un triplement et est d’ailleurs dépassé au premier rang européen par<br />
le bipôle Anvers/Zeebrugge, quand on considère que le second port nommé est en fait l’avant-port du<br />
premier et que la distance qui les sépare est de l’ordre de celle mesurée entre Marseille et Fos ou<br />
entre Brême et Bremerhaven ! Qui plus est, le phénomène s’est emballé durant les cinq dernières<br />
années, avec une croissance de 64 % du trafic conteneurisé global du Northern Range, assorti d’une<br />
croissance encore supérieure à cette moyenne pour des ports comme Hambourg (+80 % entre 2001<br />
et 2006), Anvers (+ 74 %) et Zeebrugge (+ 70 %) et d’une spectaculaire montée en puissance<br />
d’Amsterdam grâce à son nouveau terminal révolutionnaire au quai indenté et à manutention par les<br />
deux bords.<br />
Tableau 3.3. – Evolution d’ensemble 1986-2006 du trafic conteneurisé<br />
des ports du Northern Range (en millions de tonnes)<br />
1986 1991 1996 2001 2006<br />
Ports allemands 19.3 33.5 46.7 79.3 134.4<br />
Hambourg 10.2 21.4 31.0 49.8 89.5<br />
Brême/Bremerhaven 9.1 12.1 15.7 29.5 44.9<br />
Wilhelmshaven 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1<br />
Ports néerlandais 32.2 41.1 54.6 62.9 97.5<br />
Amsterdam/Ijmuiden 0.7 0.8 1.7 0.7 3.3<br />
Rotterdam 31.5 40.3 52.9 62.2 93.8<br />
Flessingue/Terneuzen 0.3 0.2 0.2 0.1 0.4<br />
Ports belges 12.3 22.7 35.8 57.0 98.9<br />
Anvers 11.1 18.9 29.5 46.4 80.8<br />
Zeebrugge 2.2 3.8 6.3 10.6 18.0<br />
Ports français 7.8 10.5 11.3 17.2 24.2<br />
Dunkerque 0.9 0.8 0.7 1.4 1.7<br />
Calais 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0<br />
Le Havre 5.7 8.8 9.5 14.6 21.1<br />
Rouen 1.2 0.9 1.1 1.2 1.4<br />
Total Rangée 72.0 108.1 148.7 216.6 355.0<br />
Source : autorités portuaires (rapports annuels des années 1986, 1991, 1996, 2001 et 2006)<br />
Ce dynamisme exceptionnel ne caractérise pas que l’Europe du Nord-Ouest, ainsi que le montre, au<br />
tableau 3.4, l’évolution observée dans le même temps pour les trafics conteneurisés dans quelques<br />
grands ports méditerranéens d’hinterland (en excluant donc ici les ports méridionaux de<br />
transbordement qui relèvent d’une autre logique et où les terminaux à conteneurs sont généralement<br />
de type greenfield). Un même quintuplement d’ensemble (et même davantage) s’observe pour ce<br />
Southern Range que pour le Northern Range, mais pour un poids global très inférieur puisque<br />
l’ensemble du trafic conteneurisé actuel des six ports en question est de l’ordre de grandeur de celui<br />
de Rotterdam ; il y a donc une asymétrie majeure entre les deux principales façades maritimes de<br />
l’Europe et, dans les faits, cette asymétrie s’atténue à peine en dépit de l’avantage théorique qu’ont<br />
les ports méditerranéens pour le trafic depuis et vers l’Asie/Pacifique. Des six ports considérés,<br />
Valence est celui qui a connu l’essor le plus spectaculaire, puisque le trafic conteneurisé y a décuplé<br />
en vingt ans, mais ceci s’explique pour partie par la fonction de transbordement qu’a ce port en sus<br />
d’être le port naturel de la région madrilène, ailleurs, les coefficients multiplicateurs sont inférieurs et<br />
dans le cas de Marseille, il n’y a même pas eu doublement du tonnage.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
37
38<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Tableau 3.4. – Evolution d’ensemble 1986-2006 du trafic conteneurisé<br />
des ports du Southern Range (en millions de tonnes)<br />
1986 1991 1996 2001 2006<br />
Valence 2.6 3.9 7.8 15.2 28.1<br />
Barcelone 3.6 5.0 7.6 13.4 22.6<br />
Marseille-Fos 4.8 4.9 5.8 7.2 8.8<br />
Gênes 3.2 3.3 7.3 14.1 16.1<br />
La Spezia 1.6 4.4 7.6 9.6 12.5<br />
Livourne 2.0 2.8 3.2 5.0 6.5<br />
Total Rangée 17.8 24.3 39.3 64.5 94.6<br />
Source : autorités portuaires (rapports annuels des années 1986, 1991, 1996, 2001 et 2006)<br />
La forte croissance des tonnages conteneurisés ne doit cependant aveugler les analystes, car la<br />
conteneurisation s’est accompagnée d’un appauvrissement économique des ports au travers d’une<br />
valeur ajoutée moyenne sensiblement inférieure dans le cas des manutentions conteneurisées par<br />
rapport à celles en conventionnel ou en transroulage. Divers auteurs ont montré (cf. E. Haezendonck<br />
& W. Winkelmans, 2002, dont la méthodologie a été utilisée ci-après) qu’on pouvait considérer que la<br />
valeur ajoutée relative moyenne des différentes types de trafic variait dans une fourchette allant de 1 à<br />
12 selon qu’il s’agit de cargaisons conventionnelles ou en transroulage prises comme référence ou<br />
conteneurisées (à diviser par un coefficient de 3), de vracs solides (avec un coefficient diviseur de 4)<br />
ou de vracs liquides (avec un coefficient diviseur de 12). Seule exception à cette règle générale de<br />
pondération, les trafics rouliers de Calais et de Dunkerque ont été divisés par trois comme s’il<br />
s’agissait de manutentions conteneurisées parce que ce sont des trafics accompagnés, alors qu’il<br />
s’agit partout ailleurs de trafics non accompagnés ou de véhicules neufs, et qu’un coefficient diviseur<br />
de 3 est plus approprié alors pour le trafic roulier des ports nordistes.<br />
En s’attachant uniquement ici à l’année 2006, on peut constater en comparant les classements des<br />
tableaux 3.5 et 3.6 qu’il y a une grande différence entre les rangs des ports du Northern Range en<br />
tonnages bruts ou pondérés. Certes, les trois premiers ports sont identiques dans les deux<br />
classements, avec Rotterdam devant Anvers et Hambourg, mais la fourchette entre le premier et ses<br />
deux compétiteurs majeurs s’est considérablement réduite dans le classement en tonnages pondérés,<br />
qui reflète bien mieux les ordres de grandeur économiques. Mieux, en considérant que Zeebrugge est<br />
l’avant-port fonctionnel d’Anvers, on arrive à la conclusion que le bipôle belge fait quasiment jeu égal<br />
avec Rotterdam !<br />
Tableau 3.5. – Structure catégorielle brute du trafic 2006 des ports<br />
du Northern Range (en milliers de tonnes brutes)<br />
Vracs<br />
liquides<br />
Vracs<br />
secs<br />
Conteneurs Roro<br />
Conventionnelles<br />
Trafic total<br />
Rotterdam 176.060 87.791 93.800 9.894 9.188 376.733<br />
Anvers 32.218 26.122 80.810 7.159 15.064 167.373<br />
Hambourg 14.210 28.515 89.521 Nc 2.615 134.861<br />
Amsterdam/IJmuiden 25.435 48.066 3.256 927 6.014 83.698<br />
Le Havre 47.535 3.651 21.090 1.528 0 73.804<br />
Brême/Bremerhaven 2.283 9.368 44.902 Nc 8.546 65.099<br />
Dunkerque 14.146 27.876 1.725 11.091 1.804 56.642<br />
Wilhelmshaven 43.553 2.333 26 0 70 45.886<br />
Calais 100 900 0 40.545 960 42.505<br />
Zeebrugge 6.247 1.956 17.986 12.245 1.040 39.474<br />
Flessingue/Terneuzen 10.582 10.274 399 2.822 6.171 30.248<br />
Gand 2.732 16.914 267 1.851 2.380 24.144<br />
Rouen 12.167 8.116 1.393 189 1.424 23.289<br />
Total Rangée 387.268 271.882 355.175 88.251 55.276 1.157.852<br />
Source : autorités portuaires (rapports annuels de l’année 2006)
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Tableau 3.6 – Structure catégorielle pondérée du trafic 2006 des ports<br />
du Northern Range (en milliers de tonnes pondérées)<br />
Vracs<br />
liquides<br />
Vracs<br />
secs<br />
Conteneurs<br />
Roro<br />
Conventionnelles<br />
Trafic total<br />
Rotterdam 14.672 21.948 31.267 9.894 9.188 86.969<br />
Anvers 2.685 6.351 26.937 7.159 15.064 58.406<br />
Hambourg 1.184 7.130 29.840 Nc 2.615 40.769<br />
Brême/Bremerhaven 190 2.342 14.967 Nc 8.546 26.045<br />
Amsterdam/IJmuiden 2.212 12.017 1.085 927 6.014 22.255<br />
Zeebrugge 521 489 5.995 12.245 1.040 20.290<br />
Calais 8 225 0 13.515 960 14.708<br />
Dunkerque 1.179 6.969 575 3.697 1.804 14.224<br />
Le Havre 3.961 913 7.030 1.528 0 13.441<br />
Flessingue/Terneuzen 882 2.568 133 2.822 6.171 12.576<br />
Gand 228 4.229 89 1.851 2.380 8.777<br />
Rouen 1.084 2.030 464 189 1.424 5.191<br />
Wilhelmshaven 3.629 584 9 0 70 4.298<br />
Total Rangée 32.435 67.795 118.391 53.827 55.276 327.724<br />
Calculé d’après les données brutes du tableau 3.5. avec les coefficients diviseurs indiqués dans le texte<br />
Par ailleurs, les deux classements sont sensiblement différents à partir de la quatrième position. D’une<br />
part, certains ports remontent significativement dans le second classement, comme Zeebrugge et<br />
Brême/Bremerhaven qui gagnent respectivement quatre et deux places. D’autre part, quelques autres<br />
reculent et ce d’autant plus que le trafic pétrolier et plus généralement le trafic vraquier y ont un relief<br />
significatif ; c’est en particulier le cas de Wilhlemshaven, qui perd cinq place, mais l’observation vaut<br />
aussi, dans une moindre mesure, pour Le Havre et Amsterdam/IJmuiden, qui perdent ainsi<br />
respectivement trois et deux places.<br />
Cette méthode de comparaison transversale est relativement robuste et peut également être mise en<br />
œuvre pour des comparaisons longitudinales, c’est-à-dire pour un même port à différentes époques,<br />
avec dans ce cas des résultats encore plus significatifs car indépendants cette fois de la structure<br />
interne des manutentions vraquières, laquelle biaise parfois les comparaisons transversales. On peut<br />
ainsi voir au tableau 3.7, qui présente une comparaison 1986-2006 pour les principaux ports du<br />
Northern Range, que le spectaculaire essor de la conteneurisation évoqué plus haut doit être<br />
relativisé, car il s’est accompagné d’un appauvrissement qualitatif généralisé du trafic des diverses<br />
conventionnelles qui a été fortement cannibalisé. Il apparaît que la croissance d’ensemble des trafics<br />
bruts et pondérés est remarquablement similaire, avec + 77.0 % d’un côté et + 74,1 % de l’autre, mais<br />
avec de sensibles différences d’un port à l’autre. Seuls Rotterdam et Flessingue/Terneuzen ont vu leur<br />
structure qualitative s’améliorer significativement, leur croissance en tonnages pondérés étant<br />
sensiblement supérieure à celle en tonnages bruts, ainsi qu’il apparaît au tableau 3.8. Par contre, la<br />
conteneurisation a quelque peu appauvri, relativement parlant, des ports comme Anvers, Hambourg,<br />
Amsterdam/IJmuiden ou Zeebrugge, ce qui s’explique par la part plus faible des diverses<br />
conventionnelles au fil des ans. Pour les autres ports, un quasi statu quo qualitatif s’observe, leur<br />
croissance en termes de tonnages bruts n’étant pas – ou étant peu – différente de leur croissance en<br />
tonnages pondérés.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
39
40<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Tableau 3.7. – Evolution d’ensemble 1986-2006 du trafic pondéré<br />
des ports du Northern Range (en millions de tonnes pondérées)<br />
1986 1991 1996 2001 2006<br />
Rotterdam 54.2 59.9 69.8 71.5 87.0<br />
Anvers 37.9 40.0 41.9 47.1 58.4<br />
Hambourg 19.2 20.3 24.2 27.5 40.8<br />
Brême/Bremerhaven 12.7 13.7 13.2 18.6 26.0<br />
Amsterdam/IJmuiden 13.5 11.4 16.2 18.4 22.3<br />
Zeebrugge 10.7 15.8 17.3 19.7 20.3<br />
Calais 3.4 5.5 8.1 12.9 14.7<br />
Dunkerque 8.1 8.0 8.5 10.9 14.2<br />
Le Havre 8.4 10.6 11.6 13.3 13.4<br />
Flessingue/Terneuzen 4.9 6.2 7.6 9.2 12.6<br />
Gand 7.9 6.7 6.0 8.6 8.8<br />
Rouen 5.4 4.7 4.4 5.3 5.2<br />
Wilhelmshaven 1.9 1.8 3.6 4.0 4.3<br />
Total Rangée 188.2 204.6 215.1 267.0 327.7<br />
Source : Pour 2006, cf. le tableau 3.6 ; pour les années antérieures, une méthodologie identique a été mise en oeuvre<br />
Tableau 3.8. – Evolutions 1986-2006 comparées des tonnages<br />
bruts et pondérés des ports du Northern Range<br />
Tonnages bruts Tonnages pondérés<br />
Hambourg + 144.5 % + 120.0 %<br />
Brême/Bremerhaven + 120.7 % + 105.1 %<br />
Wilhelmshaven + 166.6 % + 130.6 %<br />
Amsterdam/IJmuiden + 89. 7 % + 65.2 %<br />
Rotterdam + 46.2 % + 60.4 %<br />
Flessingue/Terneuzen + 105.3 % + 154.5 %<br />
Anvers + 83.7 % + 54.0 %<br />
Gand - 0.1 % + 10.6 %<br />
Zeebrugge + 130.1 % + 88.9 %<br />
Dunkerque + 74.9 % + 74.3 %<br />
Calais + 304.8 % + 332.3 %<br />
Le Havre + 56.3 % + 59.9 %<br />
Rouen + 5.9 %. - 3.8 %<br />
Total Rangée + 77.03 % + 74.1 %<br />
Evolutions calculées d’après les chiffres bruts et pondérés des tableaux précédents<br />
3.3.2. Quelques exemples de redéveloppement portuaire<br />
Les urbanistes ont presque toujours soutenu l’idée selon laquelle une fois le déclin d’un port amorcé,<br />
le processus devient irréversible et oblige en définitive à réintégrer efficacement les territoires libérés<br />
dans l’ensemble du tissu urbain de la ville, souvent dans un contexte de gentrification. Ces territoires<br />
marquent alors des nouvelles frontières urbaines. Nous défendrons ici une vision inverse qui consiste<br />
à les envisager comme des nouvelles frontières portuaires, à une époque où, comme démontré<br />
quantitativement à la section précédente, l’on s’attend à une augmentation considérable du trafic dans<br />
de nombreux ports alors que les opportunités d’aménagement de nouveaux sites se font de plus en<br />
plus rares (et de plus en plus coûteuses). En d’autres termes, au lieu d’abandonner certains secteurs<br />
où le trafic maritime s’est amoindri ou est devenu inexistant, nous proposons de les reconquérir. Nous<br />
expliquerons qu’il est possible de développer une autre approche de ces « espaces redondants »,<br />
d’autant plus que les secteurs des anciens docklands, tout comme l’énergie fossile, peuvent être<br />
assimilés à des ressources non renouvelables et constituer un patrimoine. Comme ces ressources ne<br />
sont pas renouvelables, il est important de définir si le déclin de la (des) fonction(s) portuaire(s) peut
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
être stoppé par des investissements appropriés. Autrement dit, l’on doit d’abord s’attacher à<br />
déterminer si ces espaces redondants à l’interface ville-port peuvent encore représenter un potentiel<br />
maritime ; si et seulement si ce n’est pas le cas, les espaces convoités pourront alors être cédés pour<br />
satisfaire les besoins de la ville (même si ces besoins sont souvent légitimes, nous estimons que les<br />
urbanistes ont davantage le choix du fait qu’ils sont soumis à moins de contraintes spatiales que les<br />
aménageurs portuaires).<br />
De la même façon que les spécialistes de l’aménagement portuaire ne sont pas les personnes les<br />
plus qualifiées pour faire des propositions en matière de redéveloppement urbain, les urbanistes ne<br />
sont pas les personnes les plus qualifiées (ni les plus neutres) pour déterminer que ces espaces n’ont<br />
plus d’avenir au sein du port. À plus forte raison que les besoins des ports modernes ne se résument<br />
pas exclusivement à la création de postes à quai en eau profonde ou à la construction de<br />
gigantesques terminaux excentrés destinés à accueillir les navires gros porteurs, même si la<br />
« révolution maritime » a eu un formidable impact sur le développement des ports modernes. Il est<br />
toutefois important de clarifier ici un autre point : bien que les arguments présentés ici peuvent<br />
sembler peser en faveur de la poursuite de l’utilisation (ou du renouvellement) des installations<br />
portuaires, notre propos n’est pas de dire que les secteurs portuaires relativement anciens peuvent<br />
continuer à fonctionner indéfiniment (au moins en ce qui concerne les navires de haute mer, leur<br />
nombre pouvant être réduit en faveur de la navigation intérieure). Néanmoins, des investissements<br />
bien ciblés peuvent permettre de réaliser une modernisation efficace qui, pendant une durée de vingt<br />
ou trente ans, facilitera largement l’exploitation des ports, en particulier pour ce qui est des opérateurs<br />
et des usagers les moins importants qui n’ont tout simplement pas les moyens d’accéder aux<br />
installations modernes à grande échelle en dehors de l’interface ville-port.<br />
Il est possible d’identifier deux types de programmes de redéveloppement portuaire : d’une part, les<br />
programmes relativement légers concernant les marchandises sèches non conteneurisées, qu’elles<br />
concernent les vracs solides secondaires, les marchandises conventionnelles (y compris le néo-vrac)<br />
ou le transport roll-on/roll-off (y compris les véhicules automobiles, neufs ou d’occasion) ; d’autre part,<br />
les programmes à plus grande échelle conçus pour le trafic conteneurs qui peut comprendre des<br />
opérations logistiques et du transport intermodal pour lesquels les besoins en espace sont plus<br />
élevés. C’est pourquoi cette sous-section se divisera en deux parties. La première sera consacrée aux<br />
terminaux dédiés aux marchandises non conteneurisées et la seconde aux terminaux conteneurs.<br />
Nous n’évoquerons guère ici les terminaux de croisière et/ou ferry largement traités à la section 3.2.1.<br />
a) Les terminaux dédiés aux marchandises non conteneurisées<br />
Diverses raisons ont poussé les ports du Benelux à développer des initiatives pionnières dans les<br />
années 1990. L’une d’elles est le fait que le financement public consacré au développement des ports<br />
étant insuffisant, les autorités portuaires ont dû envisager une solution adaptée, peu coûteuse et<br />
rapide pour résoudre certaines difficultés auxquelles elles étaient confrontées. Même si cette situation<br />
semble relever du pis aller, ce choix s’est finalement avéré efficace pour résoudre les problèmes de<br />
capacité notamment dus, à l’époque, à l’absence de regroupement significatif entre les opérateurs de<br />
terminaux.<br />
Le tout premier à se lancer dans cette voie a été le port de Gand, un port maritime belge de taille<br />
moyenne situé à l’extrémité sud d’un canal maritime qui s’étend au nord jusqu’à Terneuzen, sur le<br />
territoire hollandais (les ports de Terneuzen et de Flessingue, situé de l’autre côté de l’Escaut, opèrent<br />
désormais sous le nom de Zeeland Seaports). L’objectif à long terme de l’autorité portuaire de Gand<br />
était (et il l’est toujours) d’élargir et de creuser le canal pour l’adapter aux dimensions des navires de<br />
type et capesize (plutôt que panamax), et de construire une grande écluse à Terneuzen ainsi qu’un<br />
bassin de la même taille à Gand : le bassin de Kluizen. Il est assez surprenant de savoir que ces<br />
aménagements sont partiellement utilisés depuis quelques années alors que le canal lui-même et son<br />
écluse d’accès n’ont pas encore été portés aux nouvelles dimensions. Toutefois, dans la mesure où la<br />
capacité du port était devenue insuffisante, même si son trafic n’était pas aussi dynamique que dans<br />
les autres ports, l’autorité portuaire de Gand a lancé un programme d’aménagement dans le secteur<br />
du Grand Bassin que d’autres auraient peut-être choisi d’abandonner. En bref, la morphologie du site<br />
a été laissée telle quelle (ce qui avec le recul s’est avéré être une erreur car la Darse centrale aurait<br />
dû être remblayé afin d’augmenter l’espace disponible pour les activités de stockage et de logistique)<br />
et l’on a procédé au dragage du site et à la construction des murs de quai correspondant à quelques<br />
mètres en avant des anciens. L’accessibilité nautique du site (auparavant réservé aux navires<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
41
42<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
n’excédant pas 10 000 tonnes de port en lourd) a ainsi pu être étendue aux navires panamax et<br />
l’élargissement du goulet qui donne accès au canal maritime (qui permet aux navires panamax<br />
d’accéder au bassin Siffer depuis la fin des années 1960, époque où ont également été construits les<br />
bassins de Rodenhuizen et Mercator, anciennement connu sous le nom de bassin aux pétroles) y a<br />
également contribué.<br />
Le secteur sélectionné pour la rénovation a été construit en plusieurs étapes entre 1900 et 1930 et<br />
englobe une zone située autour du Grand Bassin comprenant trois petits bassins intérieurs adjacents.<br />
Il est intéressant de noter que ce secteur présente une ressemblance frappante avec le quartier des<br />
docks de Salford qui se trouve à l’extrémité supérieure du canal maritime de Manchester, aujourd’hui<br />
complètement abandonné et cédé à des fins d’expansion urbaine, comme indiqué à la section 3.1. En<br />
plus du creusement des bassins et de la construction de murs de quai correspondants, les<br />
superstructures portuaires ont été adaptées pour fonctionner de manière plus efficace et être gérées<br />
par un nombre réduit d’opérateurs dont les concessions ont fait l’objet d’une restructuration visant à<br />
améliorer l’efficacité de la manutention et du stockage des marchandises (en particulier en ce qui<br />
concerne le vrac solide secondaire et les marchandises conventionnelles).<br />
Ailleurs en Belgique, il a fallu attendre la fin des années 1980 pour que la ville d’Anvers inscrive à<br />
l’ordre du jour la rénovation des secteurs portuaires les plus anciens. Cependant, le succès flagrant<br />
remporté par la stratégie de redéveloppement du port de Gand a incité l’autorité portuaire d’Anvers à<br />
mettre au point des programmes similaires pour le site du Bassin Albert et ses trois darses<br />
adjacentes. Les installations dataient d’avant la Première guerre mondiale et, comme à Gand, les<br />
travaux réalisés ont entraîné d’importantes opérations de dragage (Bassin Albert et Troisième Darse)<br />
ainsi que la construction de plusieurs murs de quai, ouvrant ainsi les terminaux dédiés aux vracs<br />
solides (engrais principalement) aux navires panamax dont la taille est deux fois supérieure à la limite<br />
antérieure. Parallèlement, l’ancien accès via le Bassin Léopold a été remplacé par un itinéraire plus<br />
pratique qui passe par la Cinquième Darse et le bassin des Amériques grâce à l’aménagement d’une<br />
liaison qui les relie entre eux et d’un virage plus large entre les bassins des Amériques et Albert. Alors<br />
que la Deuxième Darse est restée en l’état (avant d’être éventuellement remblayée ultérieurement), la<br />
Première Darse ainsi qu’un bassin intérieur de batellerie ont été remblayés à l’aide de matériaux de<br />
dragage de façon à laisser plus d’espace disponible aux marchandises conventionnelles et aux<br />
activités logistiques. Ce processus de remblaiement témoigne que le redéveloppement réalisé ici a<br />
franchi une étape supplémentaire par rapport aux ports de Gand ou d’Ostende et des exemples<br />
similaires seront donnés plus loin concernant Rotterdam, Amsterdam et Hambourg.<br />
Parallèlement, la révision de plusieurs concessions et la fusion d’entreprises de manutention ont fait<br />
du paysage portuaire un espace mieux adapté à la spécialisation des terminaux. Même si la taille des<br />
entreprises a augmenté au cours du processus, elles restent des petites structures par rapport aux<br />
géants du secteur, d’autant plus que les entreprises belges les plus importantes ont été rachetées par<br />
des géants étrangers encore plus gros. L’opportunité qui leur a été offerte de rester au sein du<br />
complexe du Bassin Albert les a dispensées de la nécessité de devoir s’installer plus en aval sur des<br />
sites plus spacieux et plus accessibles de la rive droite de l’Escaut mais aussi extrêmement onéreux,<br />
ou pire, de devoir élire domicile sur la rive gauche souvent hors de portée pour les petites et<br />
moyennes entreprises. Il s’agit là d’un élément primordial, que les autres ports ont parfois tendance à<br />
négliger, d’autant plus que ces petites et moyennes entreprises sont l’un des facteurs du succès<br />
d’Anvers dans le secteur des vracs secondaires et des marchandises conventionnelles, à l’heure où<br />
les autres ports tendent à délaisser les créneaux spécialisés pour mettre tous leurs œufs dans le<br />
panier de la conteneurisation.<br />
Ce type de redéveloppement portuaire a également été appliqué, avec succès, à la fin du 20 ème siècle<br />
ainsi que ces dernières années à Ostende, le plus petit port maritime belge, cette fois dans le but de<br />
permettre l’aménagement d’un équipement exclusivement dédié au transport roulier dans la partie<br />
nord du port. Ces équipements se situent face au terminal de croisière et remplacent un ancien<br />
terminal ferry / passagers. Il existait à cet endroit un petit bassin intérieur destiné à la maintenance<br />
des ferries de l’ancienne ligne Ostende-Douvres avant l’arrêt de l’exploitation au milieu des années<br />
1990 (suite à l’ouverture du tunnel sous la Manche). En plus des travaux d’élargissement et de<br />
creusement, le Zeewezendok a également été transformé en bassin de marée et son écluse détruite<br />
pour permettre le fonctionnement d’une ligne de navires rouliers à fort tirant d’eau. Étant donné que ce<br />
bassin se trouve à proximité d’un port de pêche peu actif déjà aménagé et disposant d’un bassin<br />
intérieur, il était à craindre que la partie nord du port maritime d’Ostende soit délaissée par le trafic
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
commercial et l’industrie de la pêche et que l’espace libéré soit utilisé pour la construction d’une<br />
marina et de logements, les pressions exercées pour la mise en place de ce type de programme tout<br />
le long du littoral belge étant très fortes. Cependant, les autorités de la ville d’Ostende (indirectement<br />
en charge du développement commercial du port) s’y sont opposé et ont préféré s’atteler au<br />
redéveloppement du Zeewezendok et des zones environnantes (comprenant une base navale<br />
abandonnée) à des fins commerciales.<br />
La transformation des bassins intérieurs en bassins de marée est souvent considérée comme une<br />
condition sine qua non à leur adaptation au cabotage roulier. Suite à la réussite de cette initiative<br />
menée sur une petite échelle à Ostende, l’on envisage de mettre sur pied un programme beaucoup<br />
plus vaste dans le but de redévelopper l’ensemble de l’ancien port de commerce intérieur de<br />
Zeebrugge, aujourd’hui en majeure partie abandonné. Le projet entraînera la destruction de l’actuelle<br />
écluse Vissart, la création d’une séparation transversale sur le petit canal maritime qui rejoint Bruges<br />
et la transformation de toute la partie intermédiaire en bassin de port moderne, ce qui permettra<br />
d’économiser de l’espace en eau très profonde dans le nouvel avant-port, pour le destiner au<br />
transport roulier européen pour lequel une profondeur d’environ 10 mètres sera amplement suffisante<br />
dans cette partie aménagée du port. Ici encore, cette réalisation va se faire au détriment d’un projet<br />
d’aménagement de marina malgré une pression locale plus forte qu’à Ostende et en dépit du vif<br />
succès remporté par les opérations d’aménagement touristique menées sur le site de l’ancien port de<br />
pêche à proximité. Qui plus est, dans la mesure où le nouveau port de pêche a été déplacé vers cette<br />
partie de l’ancien port intérieur quasiment abandonnée, son développement en bassin de marée serait<br />
extrêmement appréciée par les pêcheurs locaux qui perdent actuellement beaucoup de temps à<br />
passer l’une des deux écluses pour rejoindre la mer ou vice versa.<br />
Au moment où des opérations d’aménagement portuaire à grande échelle étaient réalisées à Anvers,<br />
des programmes similaires ont vu le jour à Rotterdam, l’autorité portuaire ayant adopté une approche<br />
plus directive destinée à restructurer le système des concessions en encourageant la fusion des<br />
entreprises de manutention. Il est de notoriété publique que le port néerlandais s’est placé au premier<br />
rang européen (et il se situait également au premier rang mondial avant l’émergence des géants<br />
asiatiques comme Singapour et maintenant Shanghai) grâce à la recherche permanente d’économies<br />
d’échelle, particulièrement dans le domaine des postes à quais en eau profonde pour les<br />
superpétroliers, les grands vraquiers et les porte-conteneurs overpanamax. Cette politique a entraîné<br />
de spectaculaires opérations de développement dans le Port ouest (la partie du port construite après<br />
1945) comprenant les projets du Botlek, de l’Europoort et de la Maasvlakte I, la Maasvlakte II se<br />
profilant maintenant à l’horizon. L’ampleur du développement des installations portuaires a<br />
inévitablement conduit à une large délocalisation des activités en aval de la rivière, vers des sites en<br />
eau profonde pour les navires et vers davantage d’espace pour les terminaux, ce qui s’est traduit par<br />
l’abandon de plusieurs anciens secteurs de bassins situés plus en amont sur les deux rives du Rhin.<br />
Dans la plupart des cas, ces plans d’eau peu profonds et superflus ont été rachetés par les autorités<br />
municipales (certains ont été remblayés) en vue d’y établir des logements sociaux ou, comme<br />
récemment et ainsi qu’on l’a vu plus haut, pour permettre l’agrandissement du Central Business<br />
District de Rotterdam sur la rive gauche (le « Kop van Zuid » qui signifie « pointe du sud »).<br />
Cependant, l’abandon des secteurs portuaires les plus anciens s’est vu limité par deux facteurs,<br />
comme l’indiquent Pinder & Rosing, 1988 : d’une part, le succès remporté par la navigation intérieure<br />
(domaine dans lequel Rotterdam est de loin le plus grand port européen), ce qui signifie que certains<br />
bassins, qui seraient sinon tombés en désuétude, peuvent toujours être utilisés pour satisfaire la<br />
demande en postes d’accostage pour barges (que ce soit à des fins de maintenance ou de<br />
stationnement) ; d’autre part, et notamment en ce qui concerne les ports du début du 20 ème siècle,<br />
l’autorité portuaire a encouragé les usagers portuaires à se moderniser in situ plutôt qu’à se déplacer<br />
vers l’aval. Ce deuxième facteur est révélateur du fait que le port cherche, de plus en plus, à prévenir<br />
une pénurie de terrains qui pourrait survenir dans un avenir proche.<br />
Le site des Vierhavens-Meerwehaven, construit entre 1910 et 1930, a été le premier concerné par un<br />
programme de redéveloppement portuaire à grande échelle. Il est le seul ensemble de bassins de la<br />
rive droite que l’on a décidé de conserver à l’intérieur des limites de la ville de Rotterdam (à<br />
l’exception du port distinct de Vlaardingen, qui se trouve plus à l’ouest, où une autre ancienne zone<br />
portuaire vient de subir des opérations d’aménagement pour l’adapter au transport roulier). La<br />
caractéristique la plus marquante de cette politique portuaire est le fait que le port a été conçu pour<br />
devenir un site hautement spécialisé, ce qui implique le déplacement de nombreuses activités<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
43
44<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
existantes et qui souligne le fait que les stratégies de redéveloppement portuaire doivent éviter de<br />
verser dans le passéisme et ne pas se contenter de chercher à préserver le maintien du status quo<br />
car les technologies ont évolué et le bon vieux temps est bel et bien dernière nous ! Pour ce qui est de<br />
cet exemple précis, la transformation du site en terminal de rang mondial spécialisé dans les produits<br />
alimentaires a impliqué, dans un premier temps, la délocalisation (souvent couplée à leur<br />
restructuration) des entreprises polyvalentes en matière de manutention de marchandises diverses.<br />
Dans un deuxième temps, la zone a été transformée en complexe portuaire et logistique dans lequel<br />
se sont concentrés de nombreux représentants du secteur des denrées alimentaires (fruits frais, jus<br />
de fruit, légumes, viande, poissons et produits laitiers frais et congelés). Dans une certaine mesure,<br />
les usagers en ont tiré les avantages généralement liés au fait de ne plus se trouver sur un site mal<br />
adapté ou ayant mauvaise réputation. Au-delà, la mise en place de ce concept doit beaucoup à l’idée<br />
selon laquelle les activités du nouveau port spécialisé bénéficieraient d’économies d’échelle et de<br />
services spécialisés qu’il n’était pas rentable ou très onéreux de dispenser à des entreprises éloignées<br />
les unes des autres. De toute évidence, le modèle de base qui consiste à associer le<br />
redéveloppement portuaire à une évolution vers une spécialisation par secteur pourrait s'étendre à de<br />
nombreux autres domaines et il présente un potentiel d’application dans de nombreux ports. Le terme<br />
n’était pas utilisé à l’époque mais on parlerait aujourd’hui de clusterisation (processus de formation<br />
de clusters), notion qui englobe la spécialisation des équipements de manutention portuaire, même si<br />
elle ne constitue que la partie émergée de l’iceberg.<br />
Un programme similaire a été envisagé sur la rive sud du secteur du Waalhaven qui prévoyait là aussi<br />
la création de nombreux terre-pleins de stockage, cette partie du port ayant été construite au début du<br />
20 ème siècle comme zone de transfert direct entre les navires et les barges du Rhin et comprenant, en<br />
son milieu, un vaste plan d’eau qui abrite des bouées d’amarrage (une structure encore très utilisée<br />
comme poste de mouillage des porte-barges Rotterdam-Nouvelle Orléans). Le programme n’a<br />
finalement pas été mis en œuvre car il semble que l’intérêt de l’autorité portuaire de Rotterdam pour le<br />
transport des marchandises générales non conteneurisées soit aujourd’hui moindre et aussi parce<br />
que la pression exercée par la ville pour disposer de davantage d’espace s’est renforcée suite au<br />
succès remporté par le programme de redéveloppement urbain de Kop van Zuid sur la même rive du<br />
Rhin, à quelques kilomètres en amont. L’abandon du programme peut également apparaître comme<br />
une sorte de compensation à la mise en place du vaste projet Maasvlakte II construit en mer, même si<br />
l’on peut se demander si le nombre de bassins du secteur du Waalhaven repris par la ville n’est pas<br />
un peu excessif et même si d’autres considèrent que l’usage de ce site devrait plutôt se limiter au<br />
cabotage ou au transport fluvial intra-européen plutôt qu’à la navigation hauturière. Par ailleurs, à l’ère<br />
du transport écologique depuis et vers l’hinterland, la structure de ce complexe portuaire qui<br />
comprend de nombreux plans d’eau est tout à fait adaptée à la relance de la circulation des bargettes<br />
de navire sur le réseau du Rhin. Les bargettes peuvent remplacer le transport ferroviaire et routier et<br />
elles seraient parfaitement compatibles, du fait que les manœuvres pour rentrer et sortir les bargettes<br />
du type <strong>LA</strong>SH ou BACO des navires mères s’effectuent pratiquement sans bruit, avec la construction<br />
de bureaux et même de logements le long des jetées du secteur ouest du Waalhaven, dans<br />
l’éventualité où la ville s’étendrait jusque là. Cet exemple constitue l’une des rares mises en œuvre du<br />
concept de « waterfront actif » pouvant allier transport de haute mer et extension du tissu urbain.<br />
Parallèlement, le port d’Amsterdam illustre un autre exemple de mise en œuvre de cette stratégie de<br />
redéveloppement portuaire des anciens bassins qui accueillent un nombre décroissant de navires de<br />
haute mer. Le programme concerne un secteur situé entre le Mercuriushaven et le service de<br />
traversier du Hempont traversant le canal de la Mer du Nord (figure 3.46). D’une part, selon la<br />
technique classique, des petits bassins ont été remblayés pour servir d’espace de stockage (le<br />
Houtveemkanaal, les Havenkoms B, D et E dans le Coenhaven de même qu’à l’extrémité est du Jan<br />
van Riebeeckhaven), et les entreprises locales ont gagné de l’espace pour y installer de nouveaux<br />
équipements au lieu de devoir migrer dans la partie ouest du port. D’autre part, dans les « secteurs<br />
récupérés », des terrains que les concessionnaires précédents n’avaient pas su exploiter comme il<br />
convient ont été utilisés selon une approche réfléchie également suivie à Rotterdam. Des exemples à<br />
grande échelle de zones « recyclées » comme celles-ci peuvent être cités sur la rive sud du Vlothaven<br />
ainsi que sur les rives nord du Reiniershaven et du Sonthaven (ce dernier faisant actuellement partie<br />
du Westhaven, le complexe de bassins le plus moderne).
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Figure 3.46 – Opérations contemporaines de redéveloppement portuaire au port d’Amsterdam,<br />
avec d’une part les aires remblayées (former docks)<br />
et d’autre part les concessions récupérées (take back areas) © Port of Amsterdam<br />
Comme l’indique l’ensemble des exemples ci-dessus, ces nouveaux espaces ont été ou seront<br />
destinés au transport non conteneurisé même si certaines zones recyclées sont spécialisées dans le<br />
trafic conteneurs, ces derniers cas suscitant actuellement davantage l’intérêt des professionnels<br />
portuaires.<br />
b) Les terminaux à conteneurs<br />
La réalisation d’un terminal à conteneurs moderne requiert un ensemble de conditions : disposer d’un<br />
bon accès à la mer et de quais en eau profonde pour accueillir les navires mères de dernière<br />
génération, un large espace de terre-pleins destiné au stockage des conteneurs et des liaisons vers<br />
l’hinterland d’excellente qualité (routières et ferroviaires, ainsi que fluviales pour la navigation<br />
intérieure des barges lorsque cela est possible). Un autre facteur intéressant est celui de l’existence<br />
de terrains supplémentaires sur le site même ou à proximité pour recevoir les équipements<br />
logistiques, ce qui, associé à la présence de terminaux conteneurs, est aujourd’hui considéré comme<br />
un plus dans le processus de sélection d’un site.<br />
Le port de Hambourg illustre l’exemple le plus caractéristique en matière d’aménagement de<br />
terminaux à conteneurs sur des sites abandonnés en raison du fait que sa géographie politique ne lui<br />
permet pas de s’étendre en dehors des limites de la ville-État de Hambourg. Bien évidemment, des<br />
nouveaux sites ont été récemment aménagés au sein de la ville-État où il existait encore des terrains<br />
disponibles, y compris le Container Terminal Altenwerder (CTA) situé sur la rive ouest du secteur sud<br />
de l’Elbe. L’agrandissement du terminal est à l’ordre du jour et il reste encore de l’espace disponible,<br />
plus au sud, pour l’aménagement d’encore un nouveau terminal dans la zone de Moorburg (CTM)<br />
(soit le long de la rivière comme pour le CTA ou bien sur les deux côtés opposés d’un bassin qui serait<br />
creusé pour accroître l’espace d’amarrage). L’éventualité de cette expansion est toutefois assez<br />
controversée étant donné que le secteur comprend quelque 1 000 habitants. Il ne fait aucun doute<br />
que si ce terminal d’une capacité de 3 à 3,5 millions d’EVP est un jour construit, il ne sera pas ouvert<br />
avant une période allant de 12 à 15 ans dans la mesure où la mise en place de tels changements<br />
radicaux dans l’usage des terrains est un processus de longue haleine du point du vue de<br />
l'aménagement à l’échelle locale et nationale, tel que nous l’avons indiqué dans le cas d’Altenwerder.<br />
C’est la raison pour laquelle l’expansion de la capacité du port de Hambourg en termes de traitement<br />
de conteneurs se réalisera principalement sur des terrains abandonnés, dans la poursuite logique<br />
d’une longue tradition.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
45
46<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Figure 3.47 – Terre-pleins gagnés au port de Hambourg<br />
par remblaiement d’anciens bassins portuaires entre 1962 et 2005 © Hamburg Port Authority<br />
Comme le montre la Figure 3.47 le port hanséatique a coutume de remblayer les bassins depuis très<br />
longtemps ; la partie ouest du port a été la première concernée, puis les parties centrale et orientale.<br />
Dans la partie ouest (le secteur de Kleiner Grasbrook plus précisément), l’on a d’abord procédé au<br />
remblaiement de deux ensembles de deux bassins se trouvant de chaque côté du port afin de les<br />
adapter aux transports conventionnel et roulier et d’obtenir une vaste superficie consacrée aux<br />
équipements logistiques. Les remblaiements suivants ont été effectués pour faciliter le trafic<br />
conteneurs que nous aborderons en détails dans ce chapitre, conférant au port de Hambourg le<br />
caractère unique qu’il a conservé jusqu’à aujourd’hui.<br />
La raison qui justifie ce qui précède est la croissance spectaculaire que l’on prévoyait à l’époque pour<br />
le port de Hambourg en termes de trafic conteneurs. Comme indiqué à la section 3.3.1, le trafic est<br />
passé de 10,2 à 31 millions de tonnes entre 1986 et 1996, avant d’atteindre 89,5 millions de tonnes en<br />
2006, ce qui représente 8,9 millions d’EVP tandis que la capacité des terminaux existants s’élève à<br />
environ 9,1 millions d’EVP. Afin de faire face à une croissance de la demande, estimée à au moins<br />
18 millions d’EVP à l'horizon d'une dizaine d'années, l’autorité portuaire de Hambourg a mis en oeuvre<br />
une politique radicale visant à accroître ses équipements actuels et à transformer ses terminaux<br />
dédiés aux marchandises non conteneurisées en terminaux à conteneurs (activités logistiques,<br />
équipements et liaisons, en particulier ferroviaires, avec l’hinterland adaptées). Alors que les<br />
terminaux conteneurs d’Altenweder (récemment construit) et Moorburg (à construire) concernent des<br />
secteurs de la ville-État peu peuplés et situés loin au sud, toutes les opérations d’aménagement<br />
mentionnées ci-dessus effectuées sur des terrains abandonnés se sont déroulées sur la rive gauche<br />
de l’Elbe et dans le secteur nord du Port Franc, juste en face de la ville, et s’étendent d’Altona à<br />
Othmarschen sur des zones comptant des milliers d’habitants installés à quelques centaines de<br />
mètres des terminaux existants ou à construire (figure 3.48).
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Figure 3.48 – Expansion des capacités conteneurisées hambourgeoises © Hamburg Port Authority<br />
Même si certains habitants commencent à se plaindre et demandent, en ayant peu de chances d’être<br />
entendus, que les activités se réduisent un tant soit peu au moins la nuit et pendant les week-ends,<br />
l’autorité portuaire de Hambourg n’a d’autre choix que d’exécuter les programmes d’expansion<br />
détaillés ci-dessous si elle souhaite que le port conserve son leadership dans le domaine des<br />
conteneurs (étant donné que le terminal de Moorburg ne résoudrait que partiellement le problème et<br />
que Hambourg n’est pas impliquée dans le projet JadePort de Wilhelmshaven mentionné ci-dessus).<br />
Les programmes d’extension de capacité concernent deux ensembles de terminaux dotés chacun<br />
d’équipements indépendants. Le premier ensemble se trouve dans la partie la plus occidentale du<br />
port, dans la zone de Walterhof, à proximité du Bassin Walterhof, où la logique impose que les<br />
équipements existants (des anciens terminaux de marchandises conventionnelles ayant déjà subi des<br />
transformations) soient développés. Le deuxième ensemble est situé dans la partie centrale du port, à<br />
proximité de l’avant-port (Vorhafen), dans un ancien complexe portuaire conventionnel. Il convient de<br />
mentionner ici que tous les bassins portuaires de Hambourg sont des bassins de marée (à l’exception<br />
d’un ancien petit complexe éclusé à Harburg) et que l’amélioration de l’accessibilité aux navires de<br />
mer (de 13,5 à 14,5 m) constitue un autre volet du défi que l’autorité portuaire se doit de relever.<br />
La logique veut que l’on cherche à accroître la capacité du secteur du Walterhof où les deux<br />
terminaux conteneurs existants, des anciens équipements pour marchandises conventionnelles, ont<br />
déjà été transformés. Le premier concerné serait le Container Terminal Burchardkai (CTB), dont la<br />
capacité devrait être multipliée par deux pour passer de 2,6 à 5,2 millions d’EVP sans qu’il soit<br />
nécessaire de remblayer d’autres bassins voisins (comme cela s’est déjà produit pour le Bassin<br />
Meekenwerder). Sur la rive opposée du Bassin Walterhof, la capacité du terminal à conteneurs<br />
Eurogate (où le Bassin Griekenwerder a déjà été remblayé) va passer de 2,8 à 4, puis à 6 millions<br />
d’EVP. Le dernier chiffre sera atteint grâce au remblaiement de l’actuel bassin pétrolier et à la<br />
construction d’un mouillage d’une longueur de 410 mètres le long de l’Elbe (juste en face du quartier<br />
d’Othmarschen sur la rive droite de la rivière où les premières habitations se trouveront à une distance<br />
d’environ 700 mètres sans zone tampon).<br />
Toutefois, comme l’indique le Tableau 3.9, ces aménagements ne suffiront pas pour atteindre<br />
l’objectif fixé à 18 millions d’EVP et la construction de deux autres terminaux sera nécessaire pour<br />
atteindre la capacité voulue. Les deux terminaux se trouvent dans la partie centrale du port et<br />
occupent chacun une rive du complexe de l’avant-port. Le premier, le Container Terminal Tollerort<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
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Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
(CTT) fonctionne déjà à une capacité réduite (1 million actuellement puis 2 et enfin 3,5 millions<br />
d’EVP) ; deux anciens bassins (aux Charbons et Vulcain) ont été remblayés dans le secteur et les<br />
opérations doivent être poursuivies pour la construction d’un mur de quai continu (figure 3.49).<br />
Figure 3.49 – Restructuration du Container Terminal Tollerort au port de Hambourg<br />
© Hamburg Port Authority<br />
Tableau 3.9. – Capacité actuelle (2007) et programmée (2017)<br />
des terminaux à conteneurs de Hambourg (M d’EVP)<br />
CTA CTB CTE CTT CTS Total<br />
Actuelle 2,7 2,6 2,8 1,0 0,0 9,1<br />
Estimée (min) 3,0 5,2 4,0 2,0 3,5 17,7<br />
Estimée (max) 3,0 5,2 6,0 3,5 3,5 21,2<br />
Les opérations d’aménagement les plus difficiles à<br />
mettre en œuvre concerneront l’autre rive, la partie sud<br />
de l’avant-port, où la construction du Container<br />
Terminal Steinwerder (CTS), d’une capacité de 3,5<br />
millions d’EVP, devrait s’achever entre 2015 et 2016.<br />
Son agencement sera amélioré grâce à la démolition<br />
de trois péninsules et au remblaiement de deux bassins<br />
(Ellerholz/Odder et Trave) ainsi que d’une partie d’un<br />
troisième bassin (Kaiser-Wilhelm). Aucun dragage<br />
supplémentaire ne sera utile mais il faudra aménager<br />
un nouveau cercle d’évitage (commun au CTT et au<br />
CTS) au milieu de l’avant-port de sorte à pouvoir<br />
accueillir les porte-conteneurs géants comme dans les<br />
CTA/CTB/CTE (Figure 3.50). En particulier dans cette<br />
zone, des emplacements alternatifs doivent être définis<br />
au sein du port à l’intention des usagers polyvalents<br />
des équipements actuels et une bonne liaison<br />
ferroviaire doit être prévue.<br />
Figure 3.50 – Restructuration en profondeur prévue à<br />
Hambourg pour la construction du Container Terminal<br />
Steinwerder © Hamburg Port Authority
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Si le projet Port 2020 est finalement autorisé, Le Havre illustrera un autre exemple de<br />
redéveloppement portuaire en matière de traitement de conteneurs. Le port français dispose de<br />
beaucoup d’espace pour aménager des nouveaux sites dans son récent port intérieur situé le long du<br />
canal maritime. Cet emplacement ne semble toutefois pas satisfaire les principales compagnies de<br />
navigation maritime, à moins que ne soit construite une deuxième grande écluse. Etant donné que<br />
Port 2000 utilisera l’ensemble des derniers espaces disponibles sur l’avant-port (avec la construction<br />
en plusieurs phases de pas moins de 12 postes à quai dans le dernier secteur disponible de l’estuaire<br />
de la Seine), la seule possibilité supplémentaire d’extension de capacité est un site désormais peu<br />
utilisé (figure 3.51) situé entre le Bassin Théophile Ducrocq (dans ledit avant-port) et le Bassin Bellot<br />
(dans l’ancien port intérieur). Celui-ci ne peut être aménagé en terre-plein dans la mesure où il permet<br />
aux barges qui circulent entre Rouen et Paris de rejoindre le canal de Tancarville ; sa partie sud<br />
devant permettre aux barges et aux feeders européens de rejoindre l’ancien avant-port par l’écluse<br />
Quinette de Richemont. Une<br />
question reste cependant ouverte<br />
concernant la proximité des quartiers<br />
sud de la ville du Havre : la rive nord<br />
du Bassin Bellot (actuellement<br />
occupée par des installations<br />
frigorifiques) est une zone tampon<br />
bien précaire, surtout que des<br />
programmes d’expansion urbaine<br />
sont déjà prévus dans cette partie du<br />
port. Si ces programmes voient le<br />
jour, aucun logement ne pourra y<br />
être construit et, même si cette<br />
solution n’est pas idéale, la<br />
construction de murs écrans sera<br />
incontournable sur la rive du Bassin<br />
Bellot où les bâtiments seront<br />
construits ou rénovés.<br />
Figure 3.51 – De port 2000 (opération de type bluefield) à port 2020<br />
(opération de type brownfield), de façon à augmenter encore<br />
les capacités de traitement de conteneurs au Havre<br />
© Port Autonome du Havre<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
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Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
4. Les situations locales de chaque partenaire<br />
GDANSK: QUEL<strong>LE</strong> MIXITE <strong>VIL<strong>LE</strong></strong> <strong>PORT</strong> POUR UN DEVELOPPEMENT MUTUEL GAGNANT ?<br />
Située sur la côte Sud de la Mer Baltique, dans la Baie de Gdansk, la ville millénaire de Gdansk est la<br />
capitale maritime de la Pologne. Près d'un demi million de personnes y habitent, et Gdansk est<br />
également la capitale la province de Poméranie et un centre administratif important. C'est enfin une<br />
ville très dynamique sur les plans économique, culturel, scientifique et universitaire et l'une des<br />
premières destinations touristiques en Pologne.<br />
Ces deux dernières décennies le secteur privé est devenu prédominant dans la structure de<br />
l'économie de la ville. La construction navale, la pétrochimie, les industries chimiques et de<br />
l'alimentation sont certes toujours les piliers des activités de Gdansk, mais la part du secteur des<br />
technologies de l'information, de l'électronique, des télécommunications, des industries<br />
pharmaceutiques ou encore l'industrie cosmétique progresse régulièrement.<br />
Par son passé hanséatique Gdansk a joué un rôle majeur dans les relations commerciales entre<br />
l'Europe du Nord et de l'Ouest, ainsi que pour les pays d'Europe centrale et de l'Est. C'est par ailleurs<br />
le port de la Mer baltique hors glace le plus profond. Cet atout et sa localisation géographique sont<br />
autant d'arguments sur lesquels les autorités du port s'appuient pour faire de Gdansk un centre de<br />
distribution pour la Pologne, la région baltique et les pays d'Europe centrale et de l'Est. Il constituera<br />
également un élément clé du Corridor trans-européen de transport n°6 qui connectera Gdansk avec<br />
l'Europe du Sud (principalement les régions de l'Adriatique et de la Mer noire).<br />
Le Port de Gdansk, tout le potentiel pour devenir un hub<br />
La Port of Gdansk Authority SA est une société dont 80% des parts sont détenues par le Trésor public<br />
polonais. La Ville de Gdansk n'est actuellement présente qu'à hauteur de 2%, mais sa participation<br />
pourrait être portée à 34%. 23,3 millions de tonnes ont été traités en 2004, ce qui en fait le plus grand<br />
port polonais en terme de tonnage. Ce trafic inclue 11,8 millions de tonnes de liquides (pétrole brut<br />
provenant essentiellement de Russie par pipeline, et autres produits pétroliers), 5,9 millions de tonnes<br />
de charbon (acheminé par rail depuis la Silésie), 3,1 millions de tonnes pour les autres vracs secs<br />
dont 2,5 millions de tonnes de marchandises diverses (seulement 44000 TEU's, le port voisin de<br />
Gdynia étant la porte d'entrée en Pologne du conteneur). Ces dernières années la croissance du trafic<br />
a été très soutenue, témoignant de la réussite de la transition de l'économie polonaise (+9,5 % de<br />
2004 par rapport à 2003 pour le trafic total ; +11,5 % pour les diverses et même plus de 94 % pour le<br />
conteneur).<br />
Le port couvre une superficie totale de 3000 ha. dont 653 ha de surface effectivement en activité. Il<br />
comporte 2 parties dont l'histoire et les caractéristiques sont très différentes :<br />
- le Port Intérieur, implanté en bordure de la Vistule et du Canal portuaire qui accueillait déjà du<br />
trafic il y a une centaine d'années. D'une profondeur maximale de seulement 10,2 m. (en son<br />
entrée et sur certains secteurs comme le Gorniczy Dock), les activités portuaires y occupent<br />
281 ha. ;<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
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Carte N°1 - The Inner Port © Port of Gdansk Authority<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
1. Port Free Zone<br />
2. Ferry Terminal<br />
3. General cargo<br />
4. General cargo, grain, bentonite<br />
5. Containers<br />
6. Malt, medical and technical gases<br />
7. Phosphates, salt, soda, syenite<br />
8. Fertilizers, phosphates, molasses,<br />
sulphuric acid<br />
9. Coal, ore, timber<br />
10. Liquid and dry bulk sulphur<br />
11. General cargo, timber, ro-ro<br />
- le Port Nord : implanté à l'Est de la ville, il a été construit après la seconde guerre mondiale. Plus<br />
profond (15 m.) et plus grand (372ha), il comporte trois jetées (une pour le pétrole connecté au<br />
pipeline vers la Russie et à une raffinerie toute proche), une pour le charbon et une pour les LPG.<br />
Un terminal conteneur est actuellement construit plus à l'Est par un opérateur privé étranger avec<br />
une capacité programmée de 500 000 TEU's dans une première phase, puis de 1 million de<br />
TEUs. Une jetée LNG est également prévue (l'objectif étant d'avoir une alternative au gaz naturel<br />
provenant de Russie).<br />
Leurs capacités annuelles de traitement sont également très différentes : 12 millions pour le Port<br />
intérieur et 43,5 millions de tonnes pour le Port Nord.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
3<br />
2<br />
1<br />
Carte N°2 - The Northern Port © Port of Gdansk Authority<br />
Un certain nombre de projets sont en cours ou programmés, dont notamment :<br />
le "Pomeranian Logistic Centre", un grand centre de distribution et d'activités logistiques implanté à<br />
proximité immédiate d'un nouveau terminal conteneur ;<br />
la modernisation de l'entrée du port intérieur et de ses infrastructures;<br />
un tunnel sous la Vistule : réalisé au Nord de la ville, il assurera la liaison entre les 2 rives et<br />
permettra de meilleures connexions routières entre l'Est et le Sud de la ville ;<br />
le doublement du pont ferroviaire au dessus de la Vistule et, de manière plus générale,<br />
l'amélioration du réseau ferroviaire existant.<br />
Par ailleurs, 2 projets de moindre ampleur, témoignent de la prise en compte par les autorités<br />
portuaires de certaines des questions se posant à l'interface ville-port. Ils offrent des solutions pour<br />
réduire les nuisances liées à un trafic routier dense et congestionné :<br />
une desserte routière directe de la zone de Przemyslowe Quay (sur le versant Est de la Vistule,<br />
face à l'Ile d'Ostrow et ses chantiers navals), projet permettant l'utilisation de 120 ha de terrains<br />
portuaires supplémentaires ;<br />
la restructuration de la connexion entre la route nationale n°1 et la zone franche (sur l'Ouest de la<br />
Vistule, près de l'entrée du port).<br />
Du point de vue de la Municipalité, la perspective apparaît toutefois bien différente et elle plaide pour<br />
une planification spatiale intégrée des territoires de la ville et du port, planification intégrée qui semble<br />
manquer. D'un côté, le Maritime Office (entité nationale) élabore des plans d'aménagement<br />
concernant toutes les eaux intérieures (y compris les zones portuaires), mais le dernier plan date de<br />
1990. Les autorités du port n'ont aucune attribution légale pour élaborer des plans pour l'ensemble du<br />
port. Dans le même temps, la Municipalité de Gdansk quant à elle peut seulement concevoir des<br />
plans d'aménagement pour ses propres espaces. Cette division et les inconvénients de ce partage de<br />
compétence introduit par la législation polonaise (Polish Act on planning and spatial development)<br />
pourraient être minorés si le Maritime Office et les Autorités du Port pouvaient établir les plans de<br />
développement portuaire en concertation et prendre en compte leur compatibilité avec les études de<br />
faisabilité et les orientations stratégiques des autorités urbaines.<br />
Les activités maritimes et logistiques occupent une place très importante dans le "Gdansk<br />
Development Strategy by 2015" et l'éventail de mesures couvre le développement de la capacité du<br />
port, le soutien à la croissance des activités logistiques, la modernisation et le développement du<br />
système de transport (routier et ferroviaire). Cette vision stratégique intègre bien évidemment la<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
1. CRUDE OIL AND OIL<br />
PRODUCTS<br />
2. COAL<br />
3. LPG<br />
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Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
perspective du Corridor trans-européen de transport n°6 ainsi qu'un autre projet transnational,<br />
l'autoroute de la mer de la Baltique. Les projets en cours ou programmés auront un impact positif sur<br />
l'efficacité du port et le développement économique de la ville. Une réduction des nuisances<br />
environnementales liées à un trafic routier très dense et congestionné est également attendue. Mais<br />
cette stratégie globale va également induire de nouvelles relations de mixité entre la ville et le port, en<br />
particulier pour 3 sites qui seront étudiés plus précisément dans le cadre du projet PCP.<br />
Les développements urbains et portuaires, vers une nouvelle mixité ville-port<br />
Le 'Nouveau quartier portuaire' : partager un secteur historique avec de nouvelles activités<br />
portuaires<br />
Le 'Nouveau quartier portuaire'<br />
est le meilleur exemple à<br />
Gdansk d'une interrelation entre<br />
les structures urbaine et<br />
portuaire. Le site est situé<br />
6 kilomètres au Nord du secteur<br />
historique de la ville, dans un<br />
méandre sur la rive Ouest de la<br />
Vistule, à proximité de son<br />
embouchure (qui correspond<br />
également à l'entrée du Port<br />
intérieur).<br />
Le secteur bâti occupe environ<br />
50 ha et la population est de<br />
12.000 habitants.<br />
Existing port structure next to<br />
the city<br />
'Nouveau quartier portuaire'<br />
Le Nouveau quartier portuaire © City of Gdansk<br />
Le Nouveau secteur portuaire est un quartier de Gdansk depuis le 19eme siècle, mais son histoire<br />
remonte au début du 17eme siècle. Le tissu urbain existant est ainsi un mélange de différents styles<br />
architecturaux des 19eme et 20eme siècles. Les bâtiments ont souvent une grande valeur historique<br />
et patrimoniale (des mesures de protection du patrimoine historique ont d'ailleurs été prises pour la<br />
totalité de certaines zones de ce secteur). Ces bâtiments sont essentiellement utilisés pour du<br />
logement, du petit commerce, et pour les services administratifs du port.<br />
L'habitat y est coupé des berges de la Vistule par les infrastructures portuaires. Les zones franches<br />
WOC I et WOC II sont ainsi situées au nord-est d'une zone d'habitat et Oliwskie Quay est encadré au<br />
Nord et à l'Ouest par de l'habitat.<br />
Les zones franches WOC I et WOC II, à l'entrée du port, sont liées aux quais Wladyslaw IV.<br />
BasinOliwskie Quai est utilisé pour des diverses telles que les céréales, le lait en poudre, les fruits<br />
(dans sa partie Est) et de l'acier, des grumes, etc (dans sa partie Nord). Un terminal ferry (l'un des 2<br />
terminaux présents dans le port intérieur) est implanté entre Oliwskie Quay et les zones franches (voir<br />
la carte N°1).<br />
Le port et la ville ont engagé une série de mesures pour améliorer l'accessibilité du port intérieur. Les<br />
principaux projets développés dans ce cadre sont situés dans la partie portuaire du 'Nouveau quartier<br />
portuaire'. Il s'agit en particulier de :<br />
- reconstruire et élargir l'entrée maritime du port intérieur ;<br />
- accroître les capacités de la zone franche portuaire (nouveaux postes ro-ro sur les quais WOC) ;<br />
- réaménager l'accès routier et la connexion avec la Route Nationale N°1 ;<br />
- concevoir un accès sécurisé et un développement des capacités ro-ro pour le Terminal Ferry de<br />
Westerplatte.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Le Nouveau quartier portuaire © City of Gdansk<br />
Seul l'habitat existant est autorisé<br />
Aucun habitat autorisé<br />
Une part très importante du contexte urbain de ce secteur a été construit au 17eme siècle (Stronghold<br />
Vistulamouth - Twierdza Wisłoujście). Si il s'est alors développé sur la berge opposée de la Vistule, il<br />
constitue également une partie de la rive ouest, à proximité de la zone de logement actuelle du<br />
quartier. Pour le moment quelques cuves à pétrole existent encore, mais elles ne sont plus utilisées.<br />
La ville a décidé de réaliser à cet endroit un espace vert (avec des références au passé du secteur).<br />
Cela contribuera à rapprocher les habitants du waterfront et à renforcer l'image d'un secteur lié aux<br />
activités portuaires. Le masterplan a été élaboré et le projet est dans sa phase initiale de réalisation.<br />
La coexistence entre les quais dédiés aux activités portuaires et la structure urbaine ne génère que<br />
des problèmes mineurs et l'ensemble de la zone semble "pacifiée". Les masterplans pour le quartier<br />
ont toutefois introduit des mesures pour réduire toutes gênes et impacts négatifs possibles.<br />
L'une des principales dispositions en ce sens consiste en la réduction de la part d'habitat dans la zone<br />
de contact ville-port. Seuls les logements déjà présents y sont autorisés et aucune extension ne sera<br />
permise.<br />
Le 'Nouveau quartier urbain' : des chantiers navals deviennent un nouveau quartier moderne<br />
La Ville s'étend sur d'anciens<br />
chantiers navals – de nouvelles<br />
opportunités d'aménagement<br />
pour tout le secteur<br />
Le 'Nouveau quartier urbain'<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
55<br />
Sur le 'Nouveau quartier<br />
urbain' la Ville a décidé de<br />
construire un nouveau<br />
morceau de ville sur une<br />
zone d'anciens chantiers<br />
navals.<br />
D'une superficie d'environ<br />
70 ha, il est situé entre le<br />
principal axe de transport<br />
Nord-Sud entre Gdansk,<br />
Sopot et Gdynia, et le<br />
waterfront le long de la<br />
Vistule. Toute la zone est à<br />
proximité immédiate du<br />
coeur historique de la ville et<br />
de la principale gare que l'on<br />
peut rejoindre à pied.<br />
Le 'Nouveau quartier urbain'<br />
© City of Gdansk
56<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Les premières implantations datent ici du Moyen-âge avec des pêcheurs et des artisans. Au milieu du<br />
19eme siècle seuls quelques entrepôts construits pour la marine navale Prusse y font leur apparition<br />
(Gdansk était sous gouvernement de la Prusse à cette époque). Les autres aménagements seront liés<br />
à la construction de bateaux pour la Marine Royale au début du 20eme siècle. Ce n'est que plus tard<br />
que le chantier naval est privatisé et devient propriété de Schichau, ce qui induira la réalisation de<br />
nouvelles infrastructures industrielles et des équipements les plus modernes. Des usines à gaz et des<br />
petites industries sont alors construites à proximité immédiate de la ville. La vocation industrielle du<br />
site perdurera après la seconde guerre mondiale, les chantiers navals étant par ailleurs renommés "le<br />
chantier naval Lénine".<br />
Les évolutions économiques à l'échelle nationale et mondiale et la phase de transition politique de la<br />
fin des années 80 entraîneront la faillite de ces chantiers et la transformation des autres entreprises<br />
vers davantage de tertiaire. Les usines à gaz cesseront également leurs activités. Le paysage actuel<br />
de ce secteur est ainsi désormais essentiellement composé de ces chantiers et des infrastructures<br />
industrielles à l'abandon. Certains des bâtiments industriels ont par ailleurs une grande valeur<br />
patrimoniale. De nombreux bâtiments ont été convertis en espaces de bureaux. Aujourd'hui seul les<br />
sièges administratifs, les services des douanes et le Département aménagement sont encore<br />
présents. Les autres bâtiments ont été provisoirement loués pour des petites industries, des activités<br />
de services et du commerce en gros. L'activité de construction navale a quasiment disparu du site et<br />
s'est relocalisée plus au Nord sur Ostrow Island. Toutefois, de grandes rampes de lancement sont<br />
encore présentes et utilisées pour la construction de navire à l'extrémité du secteur concerné par cette<br />
revitalisation. Elles sont une source potentielle de conflits environnementaux et fonctionnels. Mais il y<br />
a une demande politique forte pour le maintien en activité de ces rampes.<br />
L'un des lieux les plus significatifs de cet endroit et le "Mémorial Solidarnosc" dédié à la<br />
commémoration des travailleurs des chantiers tués lors des grèves des années 70. Le monument luimême<br />
(trois grandes lames d'acier entrelacées) est implanté sur une place publique qui a par<br />
définition vocation à être un lieu de réunion, et il a une valeur urbaine et symbolique très forte. Cet<br />
espace public, ainsi que le "Centre Solidarnosc" qui est programmé juste à côté, seront la porte<br />
d'entrée de la promenade piétonne, "la Route vers la liberté".<br />
Les principaux objectifs du masterplan sont les suivants :<br />
- passer d'une vocation industrielle à une mixité d'usages comportant une large gamme d'activités<br />
de services et des immeubles de logement ;<br />
- prolonger la promenade piétonne le long du waterfront depuis la vieille ville et la marina ;<br />
- exclure tout usage industriel (que cela soit des activités lourdes ou légères) et toute implantation<br />
pouvant constituer une menace pour l'environnement ;<br />
- limiter les aménagements commerciaux que l'on rencontre habituellement dans les entrées ou les<br />
périphéries des villes (centres commerciaux, etc.) ;<br />
Le plan prévoit des espaces pour l'implantation d'un terminal ferry / passagers, du bureau et des<br />
activités culturelles. Pour réduire l'impact négatif du secteur des rampes de lancement, les activités<br />
industrielles autres que la construction navale sont proscrites. Dans le voisinage de ce secteur les<br />
activités telles que les hôpitaux et d'autres fonctions sensibles sont exclues, de même que de l'habitat<br />
ne sera pas autorisé.<br />
Un boulevard périphérique – Nowa Walowa Street – reliera cette zone avec d'autres parties de la<br />
Ville. A long terme l'ambition est de réaliser ici le Downtown Baltic Business Centre, un secteur<br />
d'affaires ayant un rayonnement métropolitain et même national.<br />
En raison des dispositions législatives actuelles et de la structure privée du foncier, la Ville doit<br />
compenser financièrement l'acquisition des terrains destinés à devenir de l'espace public. Les coûts<br />
financiers des infrastructures nouvelles et des connections de transport pèsent également très lourd<br />
dans son budget.<br />
Le quartier de Stogi : le conteneur et les activités logistiques se rapprochent de la ville<br />
Le quartier de Stogi tient son nom de l'île sur lequel il est situé (cette partie de Gdansk est en effet<br />
entourée d'eau : la Baie de Gdansk au nord, l'embouchure de la Vistule à l'est, et la Vistule morte au<br />
sud et à l'ouest). La partie nord ouest de l'Ile accueille le Port Nord de Gdansk. Le Port Nord étant
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
celui qui devrait connaître les plus grands développements dans les années à venir, ce secteur est<br />
dès lors également celui où le port se rapproche désormais de la ville.<br />
Le sud de ce secteur,<br />
en ce milieu, accueille<br />
près de<br />
20.000 habitants sur<br />
une centaine<br />
d'hectares.<br />
4 kilomètres le<br />
séparent de la vieille<br />
ville historique. Il est<br />
bordé au nord de bois<br />
et de zones vertes qui<br />
occupent en fait<br />
l'essentiel du nord-est<br />
de l'île. La structure<br />
du bâti est<br />
relativement récente,<br />
les bâtiments les plus<br />
anciens datant du<br />
19eme siècle.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Le port se rapproche de la ville.<br />
De nouvelles opportunités<br />
d'aménagement<br />
Le quartier de Stogi<br />
Le quartier de Stogi © City of Gdansk<br />
Les principales actions programmées pour le Port sont ici, comme on l'a vu précédemment :<br />
- la construction d'un nouveau terminal conteneur sur le Port Nord ;<br />
- la réalisation du centre de distribution, le Pomeranian Logistics Centre ;<br />
- l'amélioration des accès routier et ferroviaire au Port Nord (construction d'un tunnel routier reliant<br />
les rives Ouest et Sud de la Vistule morte, réaménagement du pont ferroviaire au dessus du<br />
fleuve, création de nouvelles liaisons ferroviaires et routières, notamment pour connecter le port<br />
avec l'autoroute A1).<br />
Le terminal conteneur est<br />
actuellement le plus grand<br />
projet du port tant en<br />
terme d'infrastructure que<br />
d'investissement. Il sera en<br />
partie construit sur des<br />
terrains gagnés sur la mer<br />
et sera totalement financé<br />
par des partenaires privés<br />
(un contrat de location à<br />
long terme a été signé en<br />
2004). D'une capacité<br />
annuelle de 500.000 TEUs<br />
Le projet de terminal conteneur © Port of Gdansk Authority<br />
dans une première phase,<br />
il vise 1 million TEU dans<br />
la seconde. Le Pomeranian Logistics Centre, vaste centre de distribution et d'activités logistiques<br />
proposant une large gamme de services à valeur ajoutée, sera implanté à proximité immédiate.<br />
Les travaux pour le terminal conteneur ont déjà commencé et l'achèvement de la première phase est<br />
programmé pour mai 2007. Le projet du Pomeranian Logistics Centre est en cours de finalisation mais<br />
le contrat de location est lui bouclé.<br />
57
58<br />
Le projet de terminal conteneur et le Pomeranian Logistics Centre<br />
© City of Gdansk, Economic Policy Department<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Ces deux projets seront réalisés au sud-est des infrastructures portuaires actuelles, en direction donc<br />
de la zone d'habitat du secteur. Une large zone tampon (utilisant notamment les bois déjà présents) a<br />
été programmée afin d'éviter les conflits spatiaux potentiels entre le nouveau port et les infrastructures<br />
logistiques, et les zones d'habitat existantes. De manière complémentaire des mesures techniques<br />
portant sur la réduction des nuisances sonores et de la pollution de l'air et de l'eau font partie du<br />
cahier des charges des nouveaux équipements portuaires. La zone de plage reste toutefois une zone<br />
de conflit potentiel. Le terminal conteneur est en effet en partie implanté sur une plage très prisée des<br />
habitants et également à 1500 mètres de Stogi Spa, un centre touristique très fréquenté l'été.<br />
Sources: PCP, Newsletter n°1, décembre 2005<br />
Mr Krzysztof Anzelewicz, Development Department Manager, Port of Gdansk Authority, Présentation lors du<br />
séminaire de lancement du projet PCP, Gdansk, 21-22 Novembre, 2005<br />
Mr Jarosław Wincek, Gdańsk Development Agency, Présentation lors du séminaire de lancement du projet PCP,<br />
Gdansk, 21-22 Novembre, 2005<br />
Mrs Malgorzata Ratkowska, Development Programmes Department, City of Gdansk<br />
Mr Krzysztof Szczepaniak, - Director of Economic Development Department, City of Gdańsk, Présentation lors du<br />
séminaire de lancement du projet PCP, Gdansk, 21-22 Novembre, 2005<br />
Jacques Charlier, expert externe du projet PCP, Professeur, Université de Louvain La Neuve (Belgique)<br />
http://www.portgdansk.pl<br />
http://www.gdansk.gda.pl
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
BREMERHAVEN - UNE EXPANSION <strong>VIL<strong>LE</strong></strong> ET <strong>PORT</strong> MAJEURE<br />
Histoire du port de Bremerhaven<br />
La ville de Bremerhaven n'est fondée qu'en 1827 même si la zone est peuplée dès le 12ème siècle,<br />
époque à laquelle de minuscules villages sont construits sur des petites îles dans cette embouchure<br />
marécageuse. Des plans de ville fortifiée sont élaborés très tôt afin de protéger les navires entrant ou<br />
sortant de la rivière Weser, et en 1672 le projet de construction d'un château (Karlsburg) n'aboutira<br />
pas.<br />
En 1827, la ville de Brême achète au Royaume de Hanovre les territoires situés à l’embouchure de la<br />
Weser. Bremerhaven est née et elle deviendra le deuxième port de Brême en dépit des 50 km qui les<br />
séparent. Grâce aux échanges avec l’Amérique du nord et à l’émigration vers le nouveau continent, la<br />
ville et le port connaissent une croissance rapide.<br />
Carte 1. Localisation de Bremerhaven en Allemagne Carte 2. Localisation de Bremerhaven au Nord-<br />
Ouest de l'Allemagne<br />
Vue aérienne © City of Bremerhaven<br />
Population = 116 865 habitants<br />
Superficie = 78,86 km²<br />
Le royaume de Hanovre<br />
fonde une ville rivale<br />
juste à côté de<br />
Bremerhaven qu’elle<br />
nomme Geestemünde<br />
(1845). Les deux villes<br />
se sont développées en<br />
s’appuyant sur trois<br />
piliers : le commerce, la<br />
construction navale et la<br />
pêche. En 1927<br />
Geestemünde et<br />
quelques municipalités<br />
voisines s’unissent pour<br />
fonder la nouvelle ville<br />
de Wesermünde, et en<br />
1939 les villes de<br />
Wesermünde et<br />
Bremerhaven ne font<br />
plus qu’une. La majeure<br />
partie de la ville est détruite pendant la deuxième guerre mondiale ; les parties vitales du port ont<br />
toutefois été épargnées. En 1947 la ville est intégrée au Bundesland de Brême. Aujourd’hui<br />
Bremerhaven fait ainsi à la fois partie de l’État de Brême tout en étant une ville de plein droit,<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
59
60<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
différente de la ville de Brême. Ajoutant à la confusion, Überseestadt ne fait pas partie de la ville de<br />
Bremerhaven mais se trouve sous la juridiction directe de la ville de Brême 1 .<br />
Les ports de Brême/Bremerhaven<br />
Organisation des ports<br />
Les ports de Brême/Bremerhaven se situent parmi les 20 premiers ports à conteneurs du monde avec<br />
un trafic supérieur à 4,45 millions d’EVP en 2006 et ils continuent de connaître une croissance rapide.<br />
À Brême, le dynamisme du développement du<br />
trafic maritime de véhicules se reflète par une<br />
intense activité de manutention au sein du port.<br />
Les résultats obtenus l’an passé, près de 1,89<br />
millions d’unités traitées, ont été dépassés de<br />
plus de 14,8 % et les ports de Brême se<br />
positionnent comme les premiers ports<br />
européens de véhicules automobiles.<br />
Les activités portuaires et les échanges<br />
internationaux représentent les piliers de<br />
l’économie de l’État de Brême. En 2005, d’après<br />
une étude réalisée en 2006 par Kieserling<br />
Foundation, 174 000 emplois étaient liés à<br />
l’activité des ports de Brême dont 86 000<br />
dépendaient de l’État de Brême. Les principes et<br />
les lignes directrices qui régissent le port sont<br />
énoncés par le Sénateur chargé de l’Économie et<br />
des ports. Les fonctions du capitaine de port,<br />
comme par exemple la gestion du trafic maritime<br />
et les autres tâches gouvernementales, relèvent<br />
du Hansestadt Bremischen Hafenamt (l’autorité<br />
portuaire de Brême).<br />
En 2002, le Sénat a transféré les responsabilités<br />
liées à l’organisation, la construction, l’entretien<br />
structurel, l’exploitation de l’équipement, la<br />
gestion foncière et commerciale de l’ensemble du<br />
complexe portuaire à la société de droit privé<br />
Bremenports GmbH & Co. KG.<br />
1 L’Allemagne est une République fédérale composée de 16 États, appelés Länder en Allemand (singulier : Land). Dans la mesure où Land signifie aussi<br />
"pays" en allemand, le terme Bundesländer ("États de la fédération", singulier : Bundesland), plus spécifique, est communément utilisé. Trois des États sont<br />
des villes-États (Berlin, Brême et Hambourg) alors que les 13 autres portent le nom de Flächenländer ("États territoriaux").<br />
L’administration des Länder de Berlin, Brême et Hambourg est légèrement différente de celle des autres États. Dans chacune de ces villes, l’exécutif est<br />
constitué d’un Sénat composé d’environ huit membres élus par le parlement du Land qui remplissent des fonctions correspondant à celles des ministres<br />
des Länder plus grands. Par exemple, à Brême, l’équivalent du Ministre-Président est le Senatspräsident ("président du Sénat"). Le parlement du<br />
Bundesland de Brême est appelé Bürgerschaft. En outre – pour compliquer davantage les choses – la ville de Bremerhaven (qui fait partie du Bundesland<br />
de Brême) possède son propre parlement municipal (appelé Stadtverordnetenversammlung) responsable des décisions concernant le conseil urbain. L’État<br />
de Brême est constitué de deux enclaves séparées : les villes de Brême (son véritable nom est "ville libre hanséatique de Brême"), la capitale de l’État, et<br />
Bremerhaven. Toutes deux sont situées sur la rivière Weser ; Bremerhaven se trouve en aval et c’est un port qui donne sur la Mer du Nord (son nom<br />
signifie "port de Brême"). Les deux villes sont entourées de toutes parts par l’État de Basse- Saxe (Niedersachsen).
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Les ports de Bremerhaven © Bremenports<br />
Accessibilité<br />
Bremerhaven se trouve à 32 miles marins de la haute mer. Les navires dont le tirant d’eau n’excède<br />
pas 12,80 m peuvent rejoindre Bremerhaven quel que soit le niveau de la marée, ce qui n’est pas le<br />
cas des navires à plus fort tirant d’eau. Brême, le port allemand situé le plus à l’intérieur des terres, se<br />
trouve à environ 60 kilomètres en amont de la Weser et est accessible aux navires jusqu’à environ<br />
10,7 mètres de tirant d’eau, en fonction du niveau de la marée. L’accessibilité du terminal à<br />
conteneurs de Bremerhaven sans contraintes de marée fera l’objet de nouvelles améliorations suite à<br />
l’adaptation de la Haute Weser sollicitée par l’État de Brême. D’ici 2007/2008, les navires de 13,8<br />
mètres de tirant d’eau devraient avoir accès à Bremerhaven quel que soit le niveau de la marée. La<br />
Basse Weser devrait également être soumise à des travaux d’adaptation au cours de 2007/08. Ces<br />
indispensables mesures d’adaptation amélioreront considérablement l’accessibilité maritime des ports<br />
jumeaux.<br />
Dans Ie Port de Bremerhaven, la construction d’un bassin d’évitage sur la Weser face au terminal à<br />
conteneurs va favoriser la mise en place d’une croissance du trafic conteneurs qui promet d’être forte,<br />
continue et au dessus de la moyenne. Le nouveau bassin d’évitage permettra à deux gros porteconteneurs<br />
de dernière génération de manœuvrer simultanément en face du Stromkaje de<br />
Bremerhaven.<br />
Indépendamment des résultats obtenus par le port, les liaisons vers l'hinterland revêtent une très<br />
haute importance pour la compétitivité du port. Brême et Bremerhaven possèdent non seulement<br />
d’excellentes liaisons ferroviaires vers les principales régions économiques d’Allemagne et au-delà,<br />
mais également un système ferroviaire portuaire doté d’un réseau qui s’étend sur plus de 200 km.<br />
Quasiment 50 % du trafic dans l’hinterland de Brême s’effectue par rail, ce sans même tenir compte<br />
du transport local dans les environs de Brême. La part du rail va même jusqu’à représenter les deux<br />
tiers du trafic de conteneurs si l’on exclut le trafic local des territoires avoisinants.<br />
Brême dispose de deux liaisons permettant de rejoindre le réseau national et européen de navigation<br />
intérieure. D’un côté, à l’ouest, la Under Weser, la rivière Hunte, le canal côtier et le Canal Dortmund-<br />
Ems qui rejoint le Rhin permettent d’accéder à l’ensemble du réseau d’Europe centrale. De l’autre<br />
côté, la liaison s’établit via la Central Weser au sud du Canal Middleland. La localisation du port de<br />
Bremerhaven impose que la Central Weser soit adaptée, en particulier, à la navigation intérieure et<br />
aux modes de transport combiné respectueux de l’environnement. Les mesures à prendre pour<br />
l’élargissement de la Middle Weser et des écluses de Dörverden et de Minden ont été inclues au<br />
programme de réglementation du trafic établit par l’État.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
61
62<br />
Le plus long quai fluvial du monde<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Investissements pour le traitement des conteneurs<br />
Avec un flux de presque 45 millions d’EVP (Équivalent vingt pieds) en 2006, le « Stromkaje » de<br />
Bremerhaven, situé sur la Weser à l’endroit où est implanté le terminal à conteneurs Wilhelm Kaisen,<br />
constitue la partie la plus importante du port et le plus gros porte-conteneurs au monde peut s’y<br />
amarrer.<br />
Grâce à la construction du Terminal à conteneur IV, commencée pendant l’été 2004, quatre postes à<br />
quai supplémentaires devraient pouvoir accueillir les gros porte-conteneurs. Les prévisions de<br />
croissance des activités conteneurs ne peuvent être que bénéfiques à Brême et Bremerhaven. Les<br />
deux premiers postes du Terminal à conteneurs IV ont déjà été attribués et la construction du dernier<br />
poste sera terminée au printemps 2008. Une fois les travaux d’expansion finalisés, Bremerhaven<br />
disposera de 14 postes à quai adaptés aux gros porte-conteneurs.<br />
Zone du terminal à conteneurs © Bremenports<br />
(dont CT 4 en construction, vue du sud-est)<br />
Aperçu du CT 4<br />
Longueur de l’ancien quai à conteneurs 3237 mètres<br />
Longueur du nouveau quai 1681 mètres<br />
Surface d’exploitation du nouveau terminal Environ 90 hectares<br />
Nombre de postes supplémentaires 4<br />
Capacité maximum Plus de 7 millions d’EVP<br />
Terrassement (2004) Environ 400 000 mètres cubes<br />
Quantité de sable nécessaire Environ 10 millions de mètres cubes<br />
Compensations environnementales Luneplate et cap de la côte Wursten<br />
Livraison du premier poste Fin 2006<br />
Achèvement des travaux Début 2008<br />
Coûts de construction et d’aménagement Environ 500 millions d’euros<br />
CT 4 en construction (vue du sud)<br />
© Bremenports<br />
Investissements pour le trafic voitures<br />
Le Port Est sera partiellement remblayé pour répondre aux besoins urgents de nouveaux espaces<br />
dédiés au trafic voitures. Une nouvelle zone de 6,1 hectares existe déjà dans sa partie nord-ouest. 3<br />
quais de près de 270 mètres peuvent y accueillir les navires assurant le trafic transocéanique. Les<br />
matériaux issus du draguage qu'il a fallu réalisé pour approfondir le bassin vont être réutilisés pour ce<br />
remblaiement. Le Sénat a également validé en 2005 la construction de nouvelles écluses (Kaiser Lock<br />
Gates). Cette décision anticipe sur la croissance annoncée de la taille des navires et devrait permettre<br />
à long terme à Bremerhaven d'assurer sa position en Europe sur ce secteur d'activité très compétitif.<br />
La nouvelle écluse devrait être opérationnelle en 2010.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Le Projet CT4 et compatibilité environnementale<br />
La construction et l’exploitation du CT 4 a des effets sur l’environnement et affecte de nombreux<br />
espaces. En tant qu’autorité responsable des choix des sites d'implantation du projet et de leur<br />
aménagement, la Direction nord-ouest des voies d’eau et de la navigation (WSD), basée à Aurich, a<br />
réuni un panel de spécialistes afin d’établir tous les impacts possibles du projet sur l'homme, la faune<br />
et la flore.<br />
Si les effets néfastes sur l’environnement ne peuvent pas être évités, ils doivent être réduits ou<br />
compensés conformément à la loi allemande sur l’évaluation des effets sur l’environnement.<br />
Dès le début des travaux de construction, les engins de chantier ont constitué une source de bruit et<br />
les polluants émis par les véhicules présents sur le chantier ont eu des effets négatifs sur les secteurs<br />
environnants. Les vasières du parc national de Basse-saxe situé au nord du nouveau terminal en<br />
subissent les conséquences.<br />
Une fois que l’exploitation du terminal aura commencé, les quartiers résidentiels avoisinants<br />
(Weddewarden et Langen-Imsum) seront gênés par le bruit et la lumière en provenance du terminal.<br />
De surcroît, l’air contiendra des polluants en suspension, comme par exemple ceux produits par la<br />
manipulation des conteneurs. C'est tout le paysage qui sera également modifié par l’apparition de<br />
conteneurs et de portiques à l’emplacement des vasières.<br />
Toutes ces nuisances sur l’environnement, et d’autres encore, jouent un rôle essentiel dans le travail<br />
des ingénieurs chargés de l’aménagement du port. Ils doivent définir en amont s’il est possible d’éviter<br />
les répercussions néfastes et dans la négative, réfléchir à la façon de les compenser. L’absence de<br />
proposition de solution de compensation acceptable peut remettre en cause l’autorisation<br />
d’aménagement du projet de construction du CT 4.<br />
Un cadre réglementaire, législatif et technique a été mis en place. C'est le cas par exemple de la<br />
protection passive contre le bruit : avant que les responsables de l’aménagement envisagent<br />
d’équiper les maisons des quartiers adjacents de fenêtres insonorisées, ils doivent d’abord déterminer<br />
s’il est possible de réduire le niveau de bruit émis par l’équipement technique du terminal. Autre<br />
exemple, la lumière émise sur le terminal : les lampes qui éclairent le site ne doivent ni éblouir ni<br />
attirer les moustiques ; autre exemple, celui des nappes phréatiques : en cas d’accident impliquant<br />
des substances dangereuses, les eaux souterraines – comme celles de la Weser – ne doivent pas<br />
être exposées à la contamination.<br />
La protection passive contre le bruit joue un rôle essentiel dans le projet CT 4 : Bremenports, la<br />
société de gestion du port, a contacté environ 85 propriétaires et locataires de maisons du centre de<br />
Weddewarden et de certains quartiers d’Imsum et leur a offert d’équiper leur maison de fenêtres<br />
insonorisées et de portes d’entrées isolantes de première qualité sur le compte de Brême. Chaque<br />
maison située à proximité du terminal sera également équipée d’un nouveau système de ventilation<br />
garantissant une atmosphère saine dans les maisons pourvues des nouvelles fenêtres de classe III.<br />
Ces mesures de protection contre le bruit s’adressent aussi aux habitants de Weddewarden et<br />
d’Imsum qui vivent plus loin du terminal. Les spécialistes jugent au cas par cas à partir des prévisions<br />
d’exposition aux nuisances sonores.<br />
Le Conseil municipal de Bremerhaven a émis un ordre pour la préservation de l’état du district de<br />
Weddewarden. Le sénat de Brême a lui aussi prouvé son engagement envers une cohabitation<br />
pacifique durable entre le port et le secteur résidentiel. En proposant aux propriétaires et aux<br />
locataires de maison de les équiper contre le bruit, les responsables de l’aménagement du port<br />
garantissent un environnement résidentiel sain dans la zone située aux alentours du CT 4.<br />
Au fur et à mesure que le port s’étend, des espaces naturels de qualité disparaissent. Des mesures de<br />
compensation écologique doivent dés lors être prises. Les réglementations exigent l’instauration de<br />
compensations intégrales. D'anciennes terres agricoles doivent être transformées en zones<br />
écologiques de qualité. Deux endroits ont été sélectionnés à cette fin : Grosse Luneplate au sud de<br />
Bremerhaven (qui sera le principal site de substitution) ainsi qu’un secteur situé le long de la côte<br />
Wursten au nord de la ville, près des villages de Cappel et de Spieka.<br />
Une chose est sûre : tout effet prévisible produit par le CT 4 fera l’objet d’une analyse détaillée. Tous<br />
ces aspects sont pris en compte dans l’évaluation des documents soumis à approbation.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
63
64<br />
Le JadeWeserPort<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Après la réalisation du CT4 – prévue au printemps 2008 – le terminal n’aura plus de possibilité<br />
d’extension. La limite nord de l’extension du terminal CT4 se trouve en effet sur la frontière entre<br />
Brême et la Basse-Saxe ; en outre, le terminal est limitrophe d’un parc naturel, ce qui rend impossible<br />
tous travaux d’agrandissement.<br />
Dans ce contexte, les Länder fédéraux de Basse-Saxe et de Brême ont défini un cadre commun de<br />
coopération à long terme pour la mise en œuvre du projet de port en eau profonde dans la baie<br />
d’Helgoland, le JadeWeserPort à Wilhelmshaven.<br />
Placé idéalement et dotée d’excellentes liaisons avec les grandes places commerciales d’Europe,<br />
Wilhelmshaven est en mesure d’offrir des services de haut niveau à la nouvelle génération de porteconteneurs.<br />
Parmi les avantages de cette localisation, on peut citer une voie navigable d’une<br />
profondeur de 18 mètres, une navigation en amont de seulement 23 milles marins et un vaste bassin<br />
d’évitage. Hub de transbordement idéal, le port en eau profonde - "JadeWeserPort"- va attirer<br />
davantage de feeders et développer le transport maritime à courte distance vers et en provenance de<br />
Scandinavie, de Finlande, de la Baltique, de Russie et du Royaume-Uni. De même, de bonnes<br />
liaisons routières et ferroviaires vers l’hinterland permettent de rejoindre rapidement les grands<br />
centres économiques européens par voie terrestre. De vastes zones à urbaniser sont disponibles pour<br />
des entreprises logistiques et industrielles dans les abords immédiats du terminal à conteneurs.<br />
La société JadeWeserPort Realisierungs GmbH & Co. KG a été créée dans le but de réaliser ce<br />
projet : le Land fédéral de Basse-Saxe détient 50,1% des actions de la société tandis que le Land<br />
fédéral de Brême – par l’intermédiaire de la société Bremenports GmbH & Co. KG – est propriétaire<br />
des 49,9% restants.<br />
La réalisation du projet JadeWeserPort est l’un des projets d’investissement les plus importants du<br />
nord de l’Allemagne. Le volume d’investissement total en infrastructure et superstructure s’élève à<br />
900 millions d’euros.<br />
Le Jade Weser Port réunit la Basse-Saxe et Brême au sein d’un vaste projet, unique en son genre, de<br />
coopération interrégionale. D’après les estimations, le Jade Weser Port devrait atteindre sa pleine<br />
capacité au milieu de la prochaine décennie et générer plusieurs milliers d’emplois en Allemagne du<br />
nord-ouest. Grâce au rapprochement du terminal à conteneurs et du centre de logistique<br />
(Güterverkehrszentrum) et à la création de liaisons efficaces avec les modes de transport ferroviaire et<br />
routier, l’économie de Brême va s’organiser autour d’un cluster unique.<br />
Trafics portuaires<br />
En 2006, le trafic maritime de marchandises a atteint un niveau record de 64,6 millions de tonnes<br />
(+19,1% par rapport à 2005). Les ports de Brême se maintiennent à la deuxième place des plus<br />
grands ports d’Allemagne avec un trafic qui a plus que doublé au cours des dix dernières années.<br />
Les Etats-Unis, avec un total de 11,9 millions de tonnes (9,8 millions de tonnes en 2005), ont<br />
représenté la plus grosse part du trafic de marchandises, comme les années précédentes. Le trafic de<br />
conteneurs avec la République populaire de Chine a atteint un total de 3,6 millions de tonnes, ce qui<br />
signifie qu’elle se place au second rang après les Etats-Unis avec un volume total de 9,8 millions de<br />
tonnes de conteneurs traités. La Fédération russe, qui a largement développé son activité conteneurs,<br />
se place juste après avec 3,1 millions de tonnes. Le trafic européen, avec 33,2 millions de tonnes, a<br />
représenté plus de la moitié du volume total traité par Brême. Le premier pays non-européen reste<br />
l’Amérique (16,6 millions de tonnes). Les ports asiatiques ont atteint un chiffre de 12,1 millions de<br />
tonnes.<br />
En 2006, les mouvements de conteneurs dans les ports de Brême ont augmenté de 20% (en poids)<br />
par rapport à 2005. Une croissance de 18,7% par rapport à l’année précédente a permis au secteur<br />
des conteneurs standards d’atteindre un chiffre de presque 4,4 millions d’EVP.<br />
Le taux de croissance annuel moyen atteint quasiment 12% pour la période située entre 1998 et 2006<br />
et la part des conteneurs dans les mouvements totaux de marchandises diverses s’élève à 83%.<br />
Presque 99% des mouvements de conteneurs s’effectuent au moyen des équipements modernes de<br />
Bremerhaven.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
En 2006, les marchandises en vrac et les marchandises diverses conventionnelles, avec<br />
approximativement 19,7 millions de tonnes, représentaient environ 30 % du volume total traité (64,6<br />
millions de tonnes) dans les ports de Brême. Les vracs représentaient environ 10,8 millions de tonnes<br />
et les marchandises diverses conventionnelles 8,9 millions de tonnes. Les principaux mouvements de<br />
marchandises diverses concernent les véhicules automobiles et les bananes à Bremerhaven et l’acier<br />
et les produits forestiers à Brême. L’on observe une nette progression du transport de l’acier et des<br />
canalisations qui atteint un volume de 3 millions de tonnes. Les ports de Brême occupent nettement la<br />
première place des ports allemands de la Mer du Nord pour ce qui est du transport non conteneurisé<br />
des marchandises diverses.<br />
En 2006, le développement du trafic maritime de véhicules de Brême a fait preuve d’un dynamisme<br />
remarquable. Les résultats obtenus l’an passé, près de 1,89 millions d’unités traitées, ont été<br />
dépassés de plus de 14,8 % et les ports de Brême se positionnent comme les premiers ports<br />
européens de véhicules automobiles.<br />
En 2006, le nombre de passagers des navires de croisière a diminué pour atteindre un total inférieur à<br />
70 000.<br />
Transport maritime intérieur : nombre de navires et quantité de marchandises transportées. Avec un<br />
trafic de 5,6 millions de tonnes, Brême et Bremerhaven se placent parmi les dix premiers ports<br />
allemands de navigation intérieure.<br />
Dans le secteur aérien, le nombre de voyageurs est descendu à 42 000. Toutefois, la création d’une<br />
nouvelle compagnie aérienne à Brême permet de revoir à la hausse les prévisions pour 2007.<br />
Le "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven", un centre attractif pour le tourisme maritime allemand<br />
Les célèbres paquebots de la Norddeutscher Lloyd, Bremen, Europa et Columbus, ont autrefois<br />
accosté ici. Les uns après les autres, ils ont remporté le "Ruban bleu" récompensant la traversée de<br />
l’Atlantique la plus rapide. Des millions de migrants ont débuté ici leur voyage vers le nouveau monde<br />
et le port a vu Elvis Presley débarquer en GI de l’armée américaine. Columbus Quay, le quai des<br />
larmes, de l’espoir et du bonheur. Il est aujourd’hui le cœur du "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven"<br />
(Cruise Ship Terminal Bremerhaven)", un quai pour le plaisir de vacances à bord d’élégants navires<br />
de croisières, au départ principalement de Bremerhaven et à destination des fjords et des mers du<br />
Nord.<br />
Depuis le début des années 80, le marché de la croisière a atteint des taux de croissance annuelle<br />
moyenne situés entre huit et neuf pour cent dans le monde entier. L’Europe compte actuellement<br />
environ deux millions de croisiéristes. Les passagers issus d’autres pays, qui fréquentent très peu les<br />
terminaux de croisières allemands, représentent le plus gros potentiel pour le futur. Des études<br />
menées par des spécialistes indiquent que d’ici 10 ans, "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven"<br />
accueillera environ 120 000 passagers. En 2002, le terminal a reçu 53 paquebots de croisière et<br />
environ 50 000 passagers. La croissance du nombre de paquebots – et par conséquent du nombre de<br />
passagers – débouche sur des créations d’emplois. En l’an 2000, la saison des croisières qui s’étale<br />
sur cinq mois a permis de créer 50 postes de travail à Bremerhaven ; il est prévu que ce chiffre<br />
atteigne 120 d’ici 2012.<br />
Aujourd’hui, le terminal de croisière le plus moderne d’Europe accueille 70 navires et plus de 70 000<br />
passagers tous les ans. Passer des vacances en mer est de plus en plus populaire et les exigences<br />
des armateurs, des voyagistes et des passagers en termes de confort et de sécurité sont de plus en<br />
plus nombreuses. Pour le "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven" l’heure n’est plus aux traversées de<br />
l’Atlantique d’antan. Comme dans les aéroports, les passagers transitent par des passerelles<br />
d’embarquement dernier cri pour monter à bord des navires de leurs rêves.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
65
66<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Bremenports a ainsi<br />
dépensé presque<br />
25 millions d’euros dans la<br />
réhabilitation complète de<br />
l'ancienne et célèbre Gare<br />
maritime Columbus. Celleci<br />
peut désormais se<br />
placer au premier rang des<br />
terminaux de croisière<br />
européens en matière de<br />
confort et de sécurité.<br />
"Kreuzfahrt Terminal<br />
Bremerhaven" (vue du nordouest)<br />
© Bremenports<br />
L’on peut en dire autant des bateaux qui côtoient ces élégants bateaux de croisière blancs dont les<br />
passagers sont impatients de larguer les amarres : chargés de bananes, d’oranges, de raisins, de<br />
pommes, de poires et de melons et bien qu’il soient aussi de couleur blanche, ceux-là sont des<br />
navires frigorifiques destinés au transport des marchandises ; en provenance d’Amérique centrale,<br />
d’Afrique du nord, d’Afrique du sud et d’Inde, ils ont jeté l’ancre au terminal fruitier du groupe Heuer<br />
Group dans le Überseestadt et à Columbus Quay.<br />
Autrefois, et pendant de nombreuses années, Bremerhaven était le port bananier d’Allemagne et de<br />
Suisse ; aujourd’hui, l’éventail s’est considérablement élargi et les bananes (400 000 tonnes par an)<br />
ne sont plus livrées en régimes entiers en provenance directe des plantations mais elles arrivent,<br />
prêtes à la consommation, dans des navires frigorifiques qui les maintiennent à la bonne température<br />
pour leur post-acheminement en train ou en camion frigorifique.<br />
De la même façon, plus de 100 000 tonnes de raisins, melons, poires, pommes et oranges<br />
poursuivent leur maturation dans des conteneurs pendant la traversée en mer vers Bremerhaven et<br />
sont soumis à un contrôle de qualité strict à l’arrivée avant d’être mis en vente et consommés dans<br />
toute l’Europe jusqu’en Russie. Le terminal fruitier et le terminal de croisière ont pourtant quelque<br />
chose d’autre en commun en dehors de leur proximité : une excellente qualité, condition sine qua non<br />
pour répondre aux exigences du marché.<br />
Bremerhaven se rapproche de l'eau – Le projet "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen)<br />
La ville a planifié depuis maintenant plusieurs années la transformation de son vieux port à l'interface<br />
avec le port actif : le projet "Havenwelten"<br />
(Alter/Neuer Hafen). Les espaces autour du<br />
bassin portuaire accueilleront à terme des<br />
éléments phares comme la Maison du<br />
Climat, un hôtel de luxe de quatre étoiles<br />
de 100 mètres de haut (Atlantic Sail City),<br />
un grand complexe commercial appelé<br />
Mediterraneo, mais aussi des<br />
développements plus classiques comme<br />
des bureaux et des logements au bord d'un<br />
futur port de plaisance (Investisseur et<br />
gestionnaire : Lloyd Marina). Cette Marina<br />
prévoit la construction de plus de 40 000 m²<br />
de surface habitable et environ<br />
200 anneaux.<br />
Le site "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen - "Ancien et Nouveau port") -<br />
sur la gauche Mediterraneo, à droite la Maison du climat (vue de l'Est)<br />
© City of Bremerhaven
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
67<br />
Bremerhaven, connu pour avoir<br />
accueilli pendant la période 1830 -<br />
1974 plus de 7 millions d'individus<br />
partant pour les Amériques, a ouvert<br />
également depuis peu un bâtiment<br />
destiné à retracer l'histoire de ces<br />
émigrants. La réalisation du projet du<br />
Centre de l'émigration allemande<br />
"Deutsche Auswandererhaus "a<br />
coûté environ 20 millions d'euros et<br />
représentera à terme un équipement<br />
culturel phare pour le Nord de<br />
l'Allemagne avec une estimation de<br />
200 000 visiteurs par an.<br />
Le site "Havenwelten" (Alter/Neuer<br />
Hafen) - au premier plan le Centre de<br />
l'émigration allemande (vue du Nord)<br />
© City of Bremerhaven<br />
La création du Centre de technologie "Technologiezentrum t.i.m.e.Port" (créé en 2002 avec les aides<br />
financières de l'Union Européenne) doit permettre d'attirer les entreprises spécialisées dans les<br />
domaines des télécommunications, de la technologie de l'information, du Multimédia, et des loisirs.<br />
Ces dernières pourront ainsi tirer profit d'un climat économique existant favorable à leur<br />
développement futur - grâce en particulier aux activités liées directement ou indirectement au port de<br />
Bremerhaven. Il s'agit là de créer des passerelles permettant de connecter les mondes économiques,<br />
de favoriser les échanges et de créer davantage de richesses et des emplois.<br />
Tous ces projets sont portés par plusieurs partenaires: la Ville de Bremerhaven, BIS Bremerhavener<br />
Gesellschaft für Investitionsförderung und Stadtentwicklung mbH et une structure de type Société<br />
d'économie mixte, BEAN Bremerhavener Entwicklungsgesellschaft Alter/Neuer Hafen mbH & Co. KG,<br />
mandatée par la Ville pour assurer la planification et la commercialisation du projet.<br />
BEAN mbH & Co. KG est le maître d’ouvrage, et propriétaire des terrains, des bâtiments publics<br />
comme la Maison du climat, le Centre de l’immigration allemande, l’écluse du nouveau port et d’autres<br />
équipements infrastructurels. La société finance aussi la plupart des constructions à la demande de la<br />
ville (pour un total d’environ 300 millions d’euros).<br />
La Maison du climat et le Centre de l’émigration allemande ont été conçus selon des modèles de<br />
partenariat public-privé et ils seront exploités par des investisseurs privés. Les exploitants et les<br />
investisseurs privés actuels (hôtel, marina, immeubles d’appartements, centre commercial<br />
Mediterraneo) ont été sollicités principalement par la BIS et son réseau. La BIS est également en<br />
charge de la commercialisation des secteurs ne faisant pas l’objet d’intervention de Neuer Hafen (par<br />
exemple lors du salon EXPO Real de Munich). La coordination stratégique est répartie entre le<br />
Conseil municipal, BIS, BEAN et les investisseurs privés dans le cadre d’une "Strategierunde" (un<br />
groupe de travail plutôt informel).<br />
© City of Bremerhaven
68<br />
L'intégration à la ville<br />
Superficie totale 38,5 ha<br />
Terrain 25,8 ha<br />
Surface d'eau (Bassins) 12,7 ha<br />
Extension est-ouest 300 m<br />
Extension nord-sud 1800 m<br />
Volume d’investissement en infrastructure (Land<br />
de Brême, ville de Bremerhaven)<br />
263 Mill. €<br />
Le secteur "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen) en résumé<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
L’objectif global de la stratégie de développement du projet "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen)<br />
consiste à intégrer le nouveau secteur à la structure actuelle de la ville. Un élément qui revêt un intérêt<br />
particulier dans ce contexte est celui du pont en verre qui passe au-dessus du bassin portuaire. Il relie<br />
entre elles deux parties importantes de la ville : d’un côté le parc central situé entre le Mediteraneo et<br />
la Maison du climat et de l’autre côté le centre ville et le "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven". De la<br />
même manière, la présence du "Holländer-Bridge" est nécessaire du fait qu’il représente la liaison sud<br />
du "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven".<br />
Au cours de la restructuration durable du centre commercial, une attention particulière a été portée<br />
aux axes est-ouest (voir par exemple les rues Keilstraße/Linzer Straße). L’infrastructure existante a<br />
été agrandie et modifiée de sorte à pouvoir doter le "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen) de nouveaux<br />
services (il existe maintenant un parking souterrain et de nouveaux arrêts de bus ont été mis en<br />
place).<br />
Tout naturellement, Bremerhaven est désireuse d’attirer du monde, à savoir des consommateurs et<br />
des clients, dans le centre de la ville. En vue d’accomplir cet objectif, il est nécessaire de proposer des<br />
offres intéressantes dans le centre ville aussi bien avec le Mediterraneo qu'avec d’autres offres<br />
touristiques (telles que Centre de l’émigration allemande, la Maison du climat, l’hôtel et la Marina). Un<br />
autre élément majeur est celui de la construction et la vente de nouveaux appartements pour inciter<br />
les personnes aisées à venir s’installer dans le centre ville. Les plaisanciers qui, en général, ont un<br />
niveau de vie élevé sont également visés.<br />
En raison d’une longue tradition de participation citoyenne, plusieurs réunions d’information ont été<br />
tenues en complément de la procédure officielle. Une exposition a ainsi été préparée afin d’offrir aux<br />
citoyens et aux touristes une vue d’ensemble sur les activités liées au projet.<br />
Projets Centre de<br />
l'Emigration<br />
allemande<br />
Investisseur BEAN /City of<br />
Bremerhaven<br />
Exploitant Paysage<br />
House 1<br />
Architectes Studio<br />
Andreas<br />
Heller<br />
(Hamburg)<br />
Début de la Novembre<br />
construction 2004<br />
Fin des<br />
travaux<br />
Dépenses<br />
totales<br />
Maison du<br />
climat<br />
BEAN /City of<br />
Bremerhaven<br />
Petri<br />
&Tiemann<br />
GmbH<br />
Thomas<br />
Klumpp<br />
(Bremen)<br />
Mediterraneo Hotel<br />
Atlantic Sail<br />
City<br />
AVW Albrecht<br />
Vermögensverwaltungs<br />
AG<br />
AVW Albrecht<br />
Vermögensverwaltungs<br />
AG<br />
WGK<br />
Planungsgesellschaft<br />
(Hamburg)<br />
Zechbau/<br />
Justus<br />
Grosse<br />
Gruppe<br />
Atlantic<br />
Hotels<br />
Bremen<br />
Thomas<br />
Klumpp<br />
(Bremen)<br />
Time Port II Time Port<br />
III<br />
Marina<br />
BIS BIS Im-Jaich<br />
BIS BIS Im-Jaich<br />
Husemann &<br />
Dr. Wichmann<br />
Braunschweig<br />
Appel en<br />
cours<br />
Peter Weber<br />
Bremerhaven<br />
Avril 2006 Avril 2006 Avril 2006 Début 2005 Printemps<br />
2006<br />
Avril 2006<br />
Août 2005 Printemps Printemps 2008 Février Février 2007 Fin 2007 Avril 2007<br />
2009<br />
2008<br />
20 Mio. € 70 Mio. € 31 Mio. € 19 Mio. € 5,6 Mio. € 7,3 Mio. € 3 Mio. €<br />
Financement Public Public Privé Privé Public Public Privé<br />
Employés 70 90 260 55 90 100 10<br />
Nombre de 200.000 600.000 Données non Données non Données non Données Données non<br />
visiteurs<br />
disponibles disponibles disponibles non disponibles<br />
attendus par<br />
an.<br />
disponibles<br />
Au total, le nombre de visiteurs attendus se situe entre 1 et 1,2 million par an (en incluant des installations déjà existantes<br />
comme le zoo et le musée maritime).
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Le Secteur du port de pêche<br />
Le port de pêche de Bremerhaven a été fondé en 1886. Il comprend aujourd’hui environ 450 ha de<br />
terrain et 150 ha de surface d’eau représentant un total de 6 millions de mètres carrés. En dépit d’une<br />
histoire tourmentée, ce port de pêche reste le principal centre européen de traitement et de production<br />
des produits de la mer, en particulier pour les aliments congelés, avec environ 390 entreprises et 4000<br />
emplois. Ce secteur compte encore 4000 emplois supplémentaires indirectement liés au secteur du<br />
traitement et de la production de poissons et à d’autres activités. Dans ce domaine, les entreprises les<br />
plus connues sont Frozen Fish International et Frosta AG (aliments congelés), Deutschen See<br />
(production de poissons) et Nordsee (chaîne de boutiques gastronomiques).<br />
Parallèlement, le port de pêche est un complexe industriel et maritime multiple. Des petits entreprises<br />
commerciales, des entreprises de fabrication d’acier, des sociétés d’import-export, des chantiers<br />
navals (construction de yachts), des industries céramiques et de grands ateliers de construction<br />
navale sont également implantés dans le secteur. Bremerhaven a été affectée par le développement<br />
du droit de la mer ainsi que par les crises sévères qui ont frappé le secteur halieutique en 1970 et<br />
1980 et qui ont entraîné une réduction drastique de la flotte de pêche.<br />
L’État de Brême a su relever le défi en<br />
lançant, avec le soutien de l’Union<br />
européenne, un programme global de<br />
modernisation et de restructuration du port<br />
de pêche. Le vieux port abrite maintenant le<br />
Schaufenster Fischereihafen, un centre<br />
d’affaires et de tourisme qui propose des<br />
activités, des restaurants et des boutiques<br />
en rapport avec la thématique du poisson ;<br />
l’occasion d’une expérience maritime pour<br />
les visiteurs. L’ancien hall d’emballage des<br />
poissons IV a d’abord été restauré et il<br />
héberge aujourd’hui 15 sociétés de<br />
commerce et de restauration.<br />
Le secteur du port de pêche (vue du nord-est) © Bremenports<br />
Ensuite, le hall de départ de l’ancienne "gare aux poissons" (Fischbahnhof) et son importante<br />
structure en acier ont été démontés pour être reconstruits au cœur du Schaufenster Fischereihafen,<br />
en face de l’ancien hall d’emballage des poissons IV. Il est devenu le Forum Fischereihafen, un centre<br />
multimédia moderne destiné à fournir des informations sur la pêche et la mer. À l’Atlanticum, par<br />
exemple, les visiteurs peuvent obtenir des explications précises sur le développement et l’exploitation<br />
des mers, la pêche, le commerce et le traitement du poisson. Ils ont aussi la possibilité de visiter un<br />
aquarium d’eau de mer pour y observer des poissons de la mer du Nord et de l’Atlantique et, ils<br />
pourront s’inspirer des démonstrations de cuisine ou des cours de cuisine spéciaux "poissons de mer"<br />
proposés par le Studio de cuisine, pour ensuite préparer de délicieux plats de poissons.<br />
Des salles et halls de lecture multifonctionnels viennent compléter les équipements. Ils servent<br />
également de lieu de représentation au Theater im Fischereihafen, Dans le cadre de l’objectif<br />
spécifique qui consiste à promouvoir l’industrie de la pêche, le projet a également reçu des fonds<br />
européens (Instrument financier d’orientation de la pêche (IFOP) et initiative communautaire PESCA)<br />
pour un montant total de € 1,2 million. L’investissement public a entraîné un investissement privé<br />
conséquent et a généré la création de 150 emplois.<br />
Un centre de start-ups opérants dans le domaine des applications biotechnologiques liées l’industrie<br />
alimentaire, le centre de technologie "bio nord", a été construit à proximité du Schaufenster<br />
Fischereihafen. Il a bénéficié d’une aide d’environ € 12 millions dans le cadre du nouveau programme<br />
Objectif 2 / 2000 – 2006. L’on a aussi prévu de poursuivre les travaux de réparation des routes et des<br />
systèmes d’alimentation et d’évacuation des eaux, dont la plupart date du 19 ème siècle, et de<br />
transformer les friches industrielles en zones commerciales attrayantes.<br />
Un centre destiné au futur marché de l’énergie renouvelable est en construction à l’extrémité sud de la<br />
zone à urbaniser dite "Luneort". Dans un futur proche, ce centre servira à l’assemblage des unités de<br />
production d’énergie éolienne en mer.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
69
70<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
À proximité se trouve l’aéroport régional de Bremerhaven. Avec 20 000 décollages et atterrissages par<br />
an, cet aéroport a essentiellement une vocation commerciale. Il sert aussi de siège à l’Institut Alfred<br />
Wegener (AWI) pour la recherche polaire et marine dans le cadre de ses programmes de recherche.<br />
À l’extrémité nord du port de pêche (dans la zone de transition avec la ville de Bremerhaven) et à<br />
proximité de l’Institut Alfred Wegener et de l’Université de Bremerhaven, la construction d’une<br />
nouvelle zone de 57 ha dédiée à la recherche et au développement a été prévue. Un nouvel institut de<br />
recherche maritime (IMARE) et des entreprises privées, entre autres, devraient également s’y<br />
installer. L’activité d’IMARE se concentrera essentiellement sur le transfert de technologie.<br />
Source :<br />
PCP newsletter n°2, mars 2006. Préparée par Helmut Berends (Berends-Consult pour le compte du BEAN) avec<br />
les contributions de : Mrs. Pamela Hell née von Düring (BEAN Bremerhavener Entwicklungsgesellschaft Alter-/<br />
Neuer Hafen mbH), Mr. Stefan Henke (Bremenports), Mr. Christoph Herrfurth (Magistrat Bremerhaven - Dept.<br />
Economic Affairs) and Mr. Michael Gerber (BIS - Bremerhavener Gesellschaft für Investitionsförderung &<br />
Stadtentwicklung mbH).<br />
Plus d'informations :<br />
http://www.bremenports.de/engl/index.aspx<br />
http://www.jadeweserport.de/<br />
http://www.bremerhaven-touristik.de/bremerhaventourism/deutsch/nochmeer/service/a_kreuzfahrt_terminal.html?DisplayBack=true<br />
http://www.bean-bremerhaven.de<br />
http://www.klimahaus-bremerhaven.de<br />
http://www.dah-bremerhaven.de<br />
http://www.bis-bremerhaven.de/sixcms/list.php?page=start
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
RIGA : UNE <strong>VIL<strong>LE</strong></strong> <strong>PORT</strong>UAIRE EN P<strong>LE</strong>IN DEVELOPPEMENT<br />
Introduction<br />
C’est au 12 ème siècle qu’est fondé, le long d’une rivière, le petit village qui deviendra plus tard la ville<br />
de Riga. L’emplacement réunit toutes les conditions naturelles requises pour accueillir un port : un<br />
endroit assurant un abri aux bateaux contre les vents, la houle et les inondations, adapté au<br />
déchargement des marchandises et au débarquement des passagers.<br />
Au fil des siècles, le port de Riga s’est étendu le long des deux rives de la Daugava sur une distance<br />
de 15 kilomètres.<br />
Certaines parties du territoire portuaire sont si proches du centre historique de Riga que la<br />
manipulation des marchandises est devenue intolérable pour les habitants et qu’elle porte préjudice<br />
aux vieux bâtiments âgés de plus de 8 siècles qui se situent dans la vieille ville. Cette dernière est<br />
inscrite sur la liste du patrimoine mondial de UNESCO et elle doit être, à ce titre, protégée contre tout<br />
effet destructeur.<br />
Conformément au Programme de développement et d'aménagement 2006 – 2018 de la ville de Riga,<br />
le port de commerce devrait être transféré vers l’embouchure de la Daugava, procurant un nouvel<br />
espace d’aménagement pour la ville. La ville de Riga sera libérée des activités portuaires et un<br />
nouveau territoire urbain multifonctionnel de haute qualité sera aménagé dans la zone ainsi dégagée.<br />
La société à responsabilité limitée « Jaunrīgas attīstības uzņēmums » a donc été créée en septembre<br />
2001 pour mener à bien l’aménagement de ce territoire ainsi que de projets à grande échelle.<br />
Le musée des arts contemporains, l’un des nouveaux édifices culturels (bibliothèque nationale et salle<br />
de concert sont également programmées), se situera dans la zone où le port développait jusqu’alors<br />
ses activités. Le musée des arts contemporains sera un élément dominant au sein du territoire<br />
nouvellement aménagé.<br />
Les trois parties prenantes, les autorités du port de Riga, l’entreprise «Jaunrīgas Attīstības<br />
Uzņēmums Ltd.» et le musée des arts contemporains ont un objectif commun : transformer le territoire<br />
portuaire et faire en sorte que Riga devienne une ville propre, belle et attrayante aux yeux de ses<br />
habitants et de ses visiteurs.<br />
L’HISTOIRE DU <strong>PORT</strong> DE RIGA<br />
La fondation de Riga<br />
D’après les écrits, le début du 13 ème siècle correspond à l’arrivée de l’évêque allemand Albert venu à<br />
la tête de l’Ordre des chevaliers du Christ dans l’optique d’exercer un contrôle sur le commerce entre<br />
Riga et les pays slaves et de<br />
convertir les habitants locaux<br />
au christianisme. L’année<br />
1201 est considérée comme<br />
l’année officielle de la<br />
fondation de Riga par<br />
l’évêque Albert. Au 13 ème<br />
siècle, le Conseil municipal<br />
de Riga signe des accords<br />
de commerce international et<br />
d’échange avec les<br />
principautés de l’Est et les<br />
villes hanséatiques, Riga<br />
devient alors un port de<br />
commerce inter-états ainsi<br />
que membre de la ligue<br />
hanséatique.<br />
© Freeport of Riga Authority<br />
Au 14 ème siècle, Riga est régie par l’Ordre livonien et le pouvoir de la ligue hanséatique est renforcé.<br />
Le principal port de Riga se trouve à l’embouchure de la rivière Ridzene. La découverte de l’Amérique<br />
en 1492 se traduit par une explosion du commerce dans le Port de Riga. C’est le début de l’ère des<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
71
72<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
gros chargements. Le Port de Riga est transféré sur la Daugava, la source de la rivière Ridzene est<br />
alors réservée à l’appontage des petits bateaux à voile et à l’hivernage des navires. Entre le XVI ème et<br />
le XVIII ème siècle, la ville de Riga connaît une période d’agitation : l’alliance Lituanie-Pologne,<br />
vainqueur de la guerre de Livonie (1558-1581), prend possession des clés de Riga jusqu’à l’arrivée<br />
des Suédois après la guerre Pologne-Suède (1600-1621), une guerre où l’on se disputait le contrôle<br />
de la mer Baltique. En 1700, le Tsar russe Pierre le Grand déclare la guerre à la Suède. En 1710, les<br />
clés de la ville sont confiées au comte Sheremetyev et Riga devient le premier port Russe de la mer<br />
Baltique.<br />
Le 18 ème siècle est marqué par des travaux de génie civil et de construction intensifs entrepris pour<br />
modifier le lit de la Daugava. L’approfondissement de la rivière et la volonté de protéger la ville contre<br />
les inondations sont la raison principale de la construction de digues.<br />
Le début du XIX ème siècle est caractérisé par l’apparition de nouveaux problèmes : la navigation dans<br />
le port de Riga est rendue<br />
difficile par l’accumulation de<br />
boue dans les chenaux. Le<br />
sort du commerce extérieur<br />
de la ville dépend<br />
entièrement de la réalisation<br />
d’un dragage. Avec les<br />
grands travaux de<br />
construction de voies<br />
ferrées, d’une digue et d’un<br />
pont, l’importance de Riga<br />
s’accroît.<br />
© Freeport of Riga Authority<br />
Le XX ème siècle, période de croissance et de changements<br />
© Freeport of Riga Authority<br />
Le nouveau siècle démarre<br />
avec la crise industrielle<br />
mondiale. Au début du 20 ème<br />
siècle, Riga est le premier port<br />
exportateur de bois de Russie<br />
et il occupe la troisième place<br />
des ports de l’empire tsariste<br />
russe en terme de volume du<br />
commerce extérieur. Au tout<br />
début du siècle, dans le but<br />
d’accroître la capacité du port,<br />
le gouvernement russe décide<br />
d’entreprendre de nouveaux<br />
aménagements (Eksportosta-<br />
1901 ; le premier entrepôt<br />
frigorifique en 1902 ; la gare<br />
de fret de Riga en 1903 ; la<br />
première centrale électrique en 1905). En 1914, peu de temps avant la première guerre mondiale, un<br />
deuxième pont de chemin de fer est ouvert au-dessus de la Daugava. Avec l’année 1915 démarre<br />
l’évacuation des usines, des navires et des installations portuaires de Riga en direction de la Russie.<br />
En 1917, avant de quitter la ville, l’armée russe fait sauter les ponts de Riga ainsi que plusieurs<br />
bâtiments du port. L’armée allemande occupe Riga. En 1918, la République de Lettonie est<br />
proclamée. En 1920, un traité de paix est signé entre la Lettonie et la Russie marquant le début de la<br />
reprise de la vie économique. Les principaux partenaires commerciaux de la Lettonie sont alors la<br />
Grande-Bretagne et l’Allemagne. En 1940, le régime soviétique s’installe en Lettonie pour la première<br />
fois. Pendant l’été 1941, la deuxième guerre mondiale éclate rendant impossible, pour une longue<br />
période, la poursuite d’un développement normal pour le Port de Riga. Pendant les années
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
soviétiques, au début des années 80, l’un des plus gros terminaux à conteneurs d’URSS est construit<br />
à Kundzinsala, de même qu’un poste à quai et une infrastructure destinée à l’exportation du<br />
gaz liquide ; le terminal de passagers de Riga et de Zvejas Osta à Rinuzi sont mis en service. Le 4<br />
mai 1990, la Cour suprême de Lettonie adopte une Déclaration pour le renouvellement de<br />
l’indépendance de la République de Lettonie et c’est une nouvelle page de l’histoire du<br />
développement du Port de Riga qui s’ouvre.<br />
<strong>LE</strong> <strong>PORT</strong> AUJOURD’HUI<br />
© Freeport of Riga Authority<br />
Le port joue un rôle important dans le bon fonctionnement des corridors de transport multimodal<br />
ouest-est et nord-sud. Grâce à un réseau routier et ferroviaire très développé, le port franc de Riga est<br />
directement relié aux principaux centres de consommation et aux principales régions extractrices de la<br />
CEI et de Russie. La localisation privilégiée de Riga par rapport aux ports voisins lui offre les<br />
meilleures conditions pour assurer le développement de ses relations économiques. Le fait que la<br />
Lettonie ait une frontière directe<br />
avec la Russie et la Biélorussie est<br />
un facteur de grande importance<br />
dans le maintien de relations<br />
commerciales stables et<br />
mutuellement bénéfiques. En 2005,<br />
le trafic des marchandises dans le<br />
port de Riga a augmenté de 1,8%<br />
pour atteindre 24,4 millions de<br />
tonnes. Traditionnellement, jusqu’à<br />
80% des marchandises traitées<br />
dans le port franc de Riga sont des<br />
marchandises en transit à<br />
destination de Russie ou des États<br />
de la CEI. Dernièrement, le bois a<br />
joué un rôle dynamique dans la<br />
structure du trafic de marchandises<br />
du port de Riga représentant 28%<br />
du volume total des marchandises<br />
transportées. L’activité économique du terminal à conteneurs de la Baltique s’est accrue de manière<br />
significative. Les conteneurs représentent 6,4% du volume total des marchandises traitées à Riga. Les<br />
infrastructures dédiées aux minerais et aux engrais ont connu un développement intensif qui s’est<br />
traduit par une augmentation de leur capacité de traitement. Depuis 2000, le port de Riga est<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
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74<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
intervenu avec succès dans la conduite et la coordination de toutes les actitivés de transport en<br />
rapport avec le port, et c'est l’efficacité de toute l’infrastructure qui en a été améliorée. L’aéroport<br />
international de Riga, un réseau autoroutier et ferroviaire étendu ayant déjà fait l’objet de projets<br />
d’investissement d’envergure au cours des dernières années, offrent de bonnes opportunités dans le<br />
domaine du trafic de marchandises dans la région.<br />
Législation portuaire<br />
3 composantes principales régissent la législation du port de Riga :<br />
La loi sur « les ports » (1994)<br />
La loi sur « port franc de Riga » (2000)<br />
La loi sur « l’instauration d’un impôt dans les ports francs et les zones économiques spéciales »<br />
(2002)<br />
Infrastructures - un aperçu<br />
Faits & chiffres<br />
© Freeport of Riga Authority<br />
Le Port de Riga est le principal port d’importation et d’exportation de Lettonie et c’est aussi celui qui<br />
possède le plus d'espaces disponibles pour l’aménagement. Pour ce qui est du volume de<br />
marchandises traitées, il occupe la deuxième place et il est le quatrième port de la côte orientale de la<br />
Baltique.<br />
En 2006, le port de Riga a battu son record avec de 25,36 millions de tonnes de marchandises<br />
traitées.<br />
30000<br />
25000<br />
20000<br />
15000<br />
10000<br />
5000<br />
0<br />
Turnover at the Freeport of Riga in 1997-2006<br />
(thous.t.)<br />
13315,3 13351,7<br />
11213,1 12012,6 14883,9<br />
23991,3 24429,1<br />
21728,6<br />
18108,6<br />
25357,6<br />
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Commodities handled at the Freeport of Riga in 2006<br />
Containerized<br />
cargo<br />
6%<br />
Other bulk cargo<br />
10%<br />
Timber<br />
12%<br />
© Freeport of Riga Authority<br />
Trafic Ro-Ro et passagers :<br />
Lignes régulières Ro-Pax :<br />
Riga – Stockholm (quotidiennes)<br />
Riga – Nyneshamn (deux fois par semaine)<br />
Riga – Lübeck (3 fois par semaine)<br />
Escales de bateaux de croisière :<br />
Nombre total d’escales (2006) 3 648 / Nombre total de passagers (en 2006): 246 885<br />
Le port de Riga est également un port très ouvert qui accueille 32 entreprises de manutention,<br />
34 agences maritimes, 13 entreprises de production et plus de 60 sociétés en rapport avec le port.<br />
Les fonctions de l’autorité portuaire<br />
Building materials<br />
3%<br />
Chemicals<br />
5%<br />
Other general<br />
cargo<br />
2%<br />
Oil products<br />
19%<br />
L’autorité portuaire doit assumer les missions suivantes :<br />
La mise à disposition d’infrastructures (landlord port) ;<br />
La garantie de la sécurité de la navigation ;<br />
L’entretien des chenaux maritimes et fluviaux ;<br />
L’entretien des infrastructures liées à l’eau ;<br />
L’application des règlements en vigueur dans le port franc de Riga ;<br />
Le prélèvement des taxes et droits de port ;<br />
La délivrance des permis d’opérer en zone franche aux entreprises ;<br />
L’application du code I.S.P.S.<br />
Le 3 juillet 2003, le Bureau Veritas Quality International a délivré au port de Riga un certificat de<br />
conformité aux normes de qualité ISO 9001:2000. Le 10 juillet 2005, le Bureau Veritas Quality<br />
International a délivré au port de Riga un certificat de conformité aux normes de qualité<br />
ISO 14001:2004.<br />
Les autorités portuaires de Riga se sont fixé pour objectif une assurance qualité du port : créer un<br />
environnement social ouvert et favorable, tant pour les citoyens que pour les entreprises, par le biais<br />
de l’adaptation de l’environnement urbain et des activités économiques de la ville aux critères définis<br />
par la législation européenne.<br />
Par ailleurs, le port de Riga participe activement à tous les processus socio-politiques et culturels qui<br />
revêtent une importance pour la Lettonie. Plus de 20 000 lettons sont ainsi associés tous les ans aux<br />
activités du port de Riga.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Coal<br />
43%<br />
75
76<br />
<strong>LA</strong> <strong>VIL<strong>LE</strong></strong> <strong>PORT</strong>UAIRE DE RIGA<br />
Riga – le pilier de l’économie nationale :<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
• 32% (735 000) de la population du pays<br />
• 40% de la population active du pays<br />
• 52% (4690 mil. EUR) du PNB national<br />
• 56% de la totalité des entreprises enregistrées en Lettonie<br />
• 53% de la production industrielle nationale<br />
• 80% du chiffre d’affaires de la vente en gros<br />
• 60% du chiffre d’affaire du commerce de détail<br />
• 65% des impôts sur le revenu des particuliers proviennent d'employeurs enregistrés à Riga<br />
• 55% de l’investissement étranger<br />
57% des touristes étrangers passent au moins une nuit à Riga.<br />
La structure urbaine de Riga<br />
Population – 734 000 habitants<br />
(2004)<br />
Superficie totale – 307,2 km²<br />
Comprenant<br />
Eau – 54 km² (17,6 %)<br />
Nature et espaces verts<br />
(espaces vacants<br />
compris) – 112,5 km²<br />
(36,6%)<br />
© Riga City Council
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
© Riga City Council<br />
Le Projet ville port de Riga<br />
Conformément au programme d'aménagement et de développement du port<br />
de Riga 1996–2010 et au programme de développement de la ville de Riga<br />
2006–2018, l’exploitation du port va être transférée vers l’embouchure de la<br />
Daugava, libérant un espace de 123 ha sur la rive droite de la rivière entre<br />
Andrejsala et Krievusala.<br />
La société en charge de la<br />
mise en œuvre du projet Jaunrīgas attīstības<br />
uzēmums” Ltd. (JAU) a été fondée par l’autorité du<br />
port de Riga et par l’entreprise norvégienne Port<br />
Pro AS.<br />
La mission assignée à la JAU est d'aménager un<br />
territoire urbain multifonctionnel de haute qualité dans<br />
la zone libérée des activités portuaires, aménagement<br />
concourrant au développement du centre-ville de Riga<br />
et à son extension vers la Daugava.<br />
Le projet ville port de Riga prévoit l’aménagement de<br />
ce territoire. La mise en œuvre du projet concerne<br />
deux secteurs : l’aménagement d’Andrejsala (39 ha) et<br />
l’aménagement de la zone Export et des territoire<br />
adjacents (84 ha).<br />
Andrejsala se trouve dans le périmètre de protection<br />
du centre historique de Riga – un site figurant sur la<br />
liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Cet aspect<br />
significatif sera être pris en compte au moment de<br />
procéder à l’aménagement du territoire d’Andrejsala,<br />
qui devrait s’étaler sur une durée de 10 à 15 ans.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
STRUCTURE SPATIA<strong>LE</strong><br />
DE <strong>LA</strong> <strong>VIL<strong>LE</strong></strong><br />
Andrejsala- l'ancienne principale zone<br />
d’exportation du port de Riga<br />
77
78<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
L’aménagement du deuxième secteur concerné par ce projet (la zone Export) en espace urbain<br />
devrait être achevé dans environ 25 ans. Pendant cette période, le port poursuivra ses activités dans<br />
la zone Export et la transformation du territoire ne se réalisera que progressivement :<br />
les terminaux en service dans la zone Export continueront de fonctionner pour une durée<br />
supplémentaire de 5 à 7 ans ;<br />
au cours du processus d’aménagement du territoire, les opérations d’exploitation courante ne<br />
cesseront qu’en cas de nécessité.<br />
Le secteur sud d’Andrejsala est ouvert au public<br />
Le 4 mai 2006, après la réalisation de travaux<br />
préliminaires, « Jaunrīgas attīstības uzņēmums Ltd »<br />
a ouvert le secteur sud d’Andrejsala au public.<br />
En outre, au printemps dernier, Andrejsala a été le<br />
théâtre d’activités très différentes des opérations<br />
quotidiennes du traitement des marchandises ou de<br />
déchargement des wagons. A compter du 20 avril,<br />
Andrejsala a accueilli des artistes de différents pays<br />
venus produire une oeuvre dans le cadre de<br />
l’exposition « Borders as Windows » (Fenêtres sur<br />
rives) qui fait partie intégrante d’un projet artistique<br />
international intitulé « Sense in Place ». © Riga City Council<br />
© Riga City Council<br />
Le Musée des arts contemporains (CAM) : un rôle accélérateur<br />
© Riga City Council<br />
L’exposition « Borders as Windows » a eu lieu du 4 au 21<br />
mai 2006. Les installations et des performances ont été<br />
programmées dans l’ancien atelier de charpentier et dans<br />
la centrale électrique (le bâtiment retenu pour abriter le<br />
futur Musée des arts contemporains).<br />
2005 : 100 ans se sont écoulés depuis l’édification du seul musée destiné aux oeuvres d’art jamais<br />
construit à Riga, le musée d’art national de Lettonie. La Lettonie est l’un des rares pays européens à<br />
ne pas posséder de musée national des arts contemporains et de galerie nationale d’exposition. Au<br />
cours des 20 années qu’ont duré les discussions concernant le besoin urgent de disposer d’un musée<br />
des arts contemporains en Lettonie ainsi que de ses possibilités de création, le concept de musée a<br />
évolué.<br />
L’agence gouvernementale « j3b » (« New Three Brothers ») est un<br />
organisme géré par l’État sous la supervision du Ministre de la<br />
Culture, chargé de garantir la construction de trois espaces culturels<br />
à l’échelle nationale : la bibliothèque nationale de Lettonie, la salle de<br />
concert et le musée des arts contemporains. Par arrêté No.238 en<br />
date du 15 avril 2005, le Cabinet des ministres a officialisé la création de l’agence gouvernementale «<br />
New Three Brothers ».
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Les tâches de l’agence :<br />
© Riga City Council<br />
Garantir la construction des espaces culturels publics (de même que concevoir des bâtiments et<br />
superviser les travaux de construction) et en initier l’exploitation ;<br />
Établir des procédures de réalisation des ouvrages en accord avec les besoins de l’État<br />
(construction, fourniture des matériaux et éléments techniques;<br />
Au moment de l’ouverture des espaces culturels, inscrire la propriété au Livre foncier au nom du<br />
Ministre de la Culture, et de l’État ;<br />
Attirer des financements pour la construction des espaces culturels publics par le biais de la<br />
coopération avec des investisseurs privés conformément au modèle de partenariat public-privé.<br />
Les objectifs de l’agence :<br />
En coopération avec les établissements d’enseignement et en fonction de leur programme, mettre<br />
sur pied un centre d'éducation pour les jeunes ainsi qu’un espace de formation permanente à<br />
l’intention de diverses catégories de la population ;<br />
Élaborer des programmes spécifiques favorisant l’insertion sociale ;<br />
Mettre les techniques universelles des arts visuels au service de la mise en place d’un centre<br />
d’intégration culturelle impliquant des groupes multiculturels lettons et européens ;<br />
Devenir un centre d’intérêt touristique et d’information culturelle à l’intention des visiteurs et<br />
favoriser la compréhension mutuelle ;<br />
Rejoindre le réseau des musées des arts contemporains de la mer baltique, profiter de leur<br />
expérience en terme de promotion des arts contemporains et mettre au point des nouvelles formes<br />
de coopération mutuelle.<br />
The new commercial<br />
center<br />
Concert Hall<br />
Contemporary Art<br />
Museum<br />
National Library<br />
© Riga City Council<br />
Le concept fondamental du projet de développement du CAM repose sur la construction et l’ouverture<br />
du musée des arts contemporains de Lettonie. La déclaration gouvernementale de 2004 situe ce<br />
projet parmi les projets culturels prioritaires. En 2004, le Ministre de la Culture a mis en place un<br />
groupe de travail chargé de définir le concept du CAM et la mission à accomplir. Entre le 28 et le 31<br />
octobre 2004, ont eu lieu des réunions internationales d’architectes auxquelles ont participé 9 cabinets<br />
d’architecte étrangers et deux cabinets lettons. À l’issue des réunions, le bâtiment TES 1 et le territoire<br />
d’Andrejsala ont été retenus pour accueillir la construction du site.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
79
80<br />
CAM - Le site<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Les locaux de la centrale électrique d’ Andrejsala ont été retenus pour accueillir le CAM<br />
© Riga City Council<br />
L’agence a d’ores et<br />
déjà entrepris de<br />
réunir les oeuvres<br />
destinées au musée.<br />
Les premières<br />
acquisitions ont été<br />
approuvées par un<br />
comité international<br />
d’experts en date du<br />
15 décembre 2005 et<br />
M. Ernests Bernis,<br />
représentant de<br />
l’établissement<br />
bancaire<br />
« Aizkraukles<br />
Bank », a été<br />
nommé à la<br />
présidence du comité.<br />
L’établissement bancaire « Aizkraukles Bank » parraine l’Intranet – une base de données fermée<br />
destinée aux experts qui abrite une collection unique d’œuvres d’art régionales et internationales<br />
parmi lesquelles les pièces de la future collection seront choisies afin de garantir son « accessibilité<br />
totale » : toutes les barrières qui pourraient empêcher les visiteurs de profiter pleinement du musée<br />
seront ainsi supprimées. Le futur musée devra être à même d’apporter des solutions aux problèmes<br />
d’accès de tout ordre (physique, intellectuel, émotionnel, financier) de même qu’il devra résoudre les<br />
difficultés liées à l’accès aux informations et à la culture. Une attention particulière sera portée aux<br />
méthodes de feedback pouvant faciliter la prise de décision et répondre aux besoins croissants de la<br />
société.<br />
Le CAM, et les projets culturels de Riga, joueront sans aucun doute un rôle d'accélérateur pour<br />
l’aménagement multifonctionnel du centre ville et de la transformation d’anciens territoires portuaires<br />
en espaces publics attractifs à usages multiples qui procureront à la ville portuaire de Riga un<br />
environnement de haute qualité tant pour ses habitants que pour les entreprises.<br />
Sources :<br />
- PCP Project - Newsletter N°3, Preparée par Haralds Apogs, Visual Art Specialist, avec la collaboration de<br />
Inese Vilane, Project manager, Freeport of Riga Authority, Juin 2006<br />
- Edgars Suna, Head of Strategic Planning Unit, Freeport of Riga Authority - Presentation during the Riga<br />
Working Seminar of the PCP project, Riga, 15-16 June, 2006<br />
- Pēteris Strancis, Head of Building Board of City Development Department, Riga City Council - Presentation<br />
during the Riga Working Seminar of the PCP project, Riga, 15-16 June, 2006<br />
- Valters Mazins, Chairman of the Board, Jaunrīgas attīstības uzņēmums” Ltd - Presentation during the Riga<br />
Working Seminar of the PCP project, Riga, 15-16 June, 2006<br />
Plus d'information :<br />
- Freeport of Riga : www.freeportofriga.lv<br />
- Riga City council : http://www.riga.lv/EN/Channels/About_Riga/default.htm<br />
- JAU : www.jau.lv
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
AMSTERDAM : <strong>LA</strong> F<strong>LE</strong>XIBILITE COMME OUTIL DE DEVELOPPEMENT DURAB<strong>LE</strong><br />
L’histoire du port<br />
Les premières implantations<br />
L’histoire du port d’Amsterdam remonte au début du 13 ème siècle lorsque une poignée d’aventuriers<br />
débarque après avoir suivi le cours de la rivière Amstel à bord d’embarcations faites de troncs évidés.<br />
Dans l’environnement de la rivière Amstel fait de marais et de marécages, un système de barrages et<br />
de digues est construit. Avec l’essor du commerce en mer Baltique, ces premiers marchands exigent<br />
le paiement d’un droit de passage aux navires. La ville connaît une expansion rapide et le commerce<br />
avec l’étranger ne cesse de se développer.<br />
L’âge d’or<br />
Entre 1570 et 1640, la population d’Amsterdam passe de 30 000 à 140 000 habitants et au fil des<br />
siècles, la prospérité de l’industrie commerciale attire des vagues successives de migrants de cultures<br />
différentes qui viennent se réfugier dans la ville. Cependant, la croissance de la ville ne s’est pas faite<br />
sans heurts (périodes de réformes, révolte des calvinistes, guerre de 80 ans). En 1581, le célèbre<br />
Guillaume d’Orange-Nassau regroupe les huit provinces du Nord, y compris Amsterdam, et déclare la<br />
naissance de la République indépendante de Hollande. La flexibilité et la tolérance de ces différentes<br />
cultures se révèle bientôt la clé du succès d’Amsterdam. Les colons protestants, comme les<br />
huguenots français, et les juifs portugais trouvent refuge à Amsterdam. Par le biais des affaires et du<br />
commerce, ils sauront ouvrir la voie vers la prospérité et « l’âge d’or » de la nation.<br />
Au 17 ème siècle, les expéditions de la fameuse Compagnie hollandaise des Indes orientales (VOC) sur<br />
les routes des épices ont contribué à faire d’Amsterdam l’une des villes les plus riches et les plus<br />
influentes au monde. Le port s’est développé des deux côtés de la rivière Amstel pour s’étendre à l’est<br />
et à l’ouest de la rivière IJ. La rive Est est demeurée la plus importante. La surface d’eau disponible<br />
étant vaste, de larges chantiers ont ainsi pu être entrepris sans avoir à recourir à des acquisitions<br />
onéreuses. De ce côté-ci de la rivière, les vagues d’expansion successives ont entraîné la<br />
construction de chantiers navals et d’entrepôts et c’est à cet endroit que la VOC a choisi de s’installer.<br />
Le célèbre réseau de canaux en forme de croissant de la ville a vu le jour à cette époque pour devenir<br />
ce qui est aujourd’hui demeuré une toile complexe faite d’environ 90 îles, 100 kilomètres de canaux et<br />
400 ponts en pierre.<br />
La capitale des Pays-Bas<br />
Après l’âge d’or, l’économie hollandaise connaît une période de stagnation qui met un terme à la<br />
croissance du Port d’Amsterdam. Bien que la guerre entre la France et le Royaume-Uni ait porté<br />
atteinte à la prospérité de la ville, au moment où le Royaume des Pays-Bas est finalement établi en<br />
1815, Amsterdam connaît un élan de développement dans les domaines de l’architecture, de<br />
l’infrastructure et de l’industrie. En 1806, Amsterdam acquiert finalement le statut de capitale<br />
hollandaise.<br />
L’envasement du port, y compris le long de la rivière IJ, devient problématique. Les liaisons entre le<br />
port et la mer du Nord via la Zuiderzee (aujourd’hui IJsselmeer) sont de moins en moins profondes.<br />
Sans travaux d’ampleur, Amsterdam risque de perdre son statut de port maritime. Entre 1819 et 1824,<br />
le Roi Guillaume I entreprend l’approfondissement du canal Noordhollands entre Amsterdam et Den<br />
Helder. En raison l’augmentation de la taille des navires, les écluses et la profondeur du canal<br />
Noordhollands deviennent rapidement insuffisantes pour répondre aux nouvelles exigences. La<br />
construction du canal de la mer du Nord (1865 - 1876), qui permet de réduire la distance entre<br />
Amsterdam et la mer du Nord à seulement 20 kilomètres, rend à la ville son accès à la mer. En 1892,<br />
le canal Merwede (qui met aujourd’hui Amsterdam en communication avec le Rhin) est ouvert. Il crée<br />
une liaison directe entre Amsterdam et l’hinterland allemand.<br />
Les Eastern Docklands<br />
Au cours du 19 ème siècle, les anciens docks construits sur les îles voisines situées à l’est deviennent<br />
trop petits pour répondre à la demande de l’époque et de nouveaux docks sont peu à peu établis sur<br />
des îles nouvellement construites sur la rivière IJ. La construction de la majeure partie des Eastern<br />
Docklands remonte au début du vingtième siècle. Les voiliers traditionnels sont progressivement<br />
remplacés par les navires à vapeur ; les ateliers de construction navale et les entrepôts sont adaptés<br />
aux nouvelles exigences. Les nouveaux Docklands marquent aussi la première séparation entre le<br />
secteur portuaire et les quartiers résidentiels. Le commerce se fait essentiellement avec les Indes<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
81
82<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
orientales (principalement l’Indonésie) et les Indes occidentales néerlandaises (principalement<br />
l’Amérique centrale) ainsi qu’avec le Levant (le Proche-Orient). Le trafic maritime de passagers<br />
s’effectue également depuis ce secteur : voyageurs se rendant dans les anciennes colonies et<br />
migrants venus en train d’Europe de l’Est et d’Europe centrale à destination de l’Amérique du Nord ou<br />
de l’Amérique du Sud. Les compagnies maritimes quittent les Docklands dans les années 80.<br />
L’industrie navale<br />
Amsterdam possède une longue tradition de construction et de réparation navale. Lorsque les bassins<br />
et les entrepôts sont transférés vers les Eastern Docklands, les ateliers de construction et de<br />
réparation navale sont déplacés sur la rive nord de la rivière IJ. En 1878, la Amsterdam Dry dock<br />
Company construit un nouveau quai en face des Eastern Docklands. Le secteur occidental de la rive<br />
nord de la rivière IJ voit également apparaître des entreprises de construction et de réparation navale.<br />
Au cours du 20 ème siècle, de nombreux navires sont construits et l’industrie navale contribue pour une<br />
large part à l’économie du port. Cependant, la récession des années 70 oblige les entreprises de<br />
construction et de réparation navale à se soumettre à un processus de fusions et d’acquisitions. À la<br />
fin des années 80, toutes les entreprises ont quasiment disparu. Shipdock Amsterdam est aujourd’hui<br />
le dernier représentant de ce qui a un jour été une industrie à grande échelle. L’ancien quai de la<br />
NDSM (Netherlands Shipbuilding and Dock Company) va devenir un quartier urbain où les rampes de<br />
lancement et les hangars de l’ancien chantier naval seront préservés.<br />
Le secteur Ouest du port<br />
À la fin du 19 ème siècle, le port entreprend de s’étendre vers l’ouest, le long du canal de la mer du<br />
Nord, et de se moderniser via la construction de terminaux pour le trafic de bois, le Minervahaven et le<br />
Petroleumhaven. Le Coenhaven (un terminal de marchandises diverses) lui succède au 20 ème siècle.<br />
Au début des années 30, la première partie du Westhaven est construite pour servir à une usine<br />
automobile Ford. En 1950, les dégâts considérables causés par la deuxième guerre mondiale sont<br />
largement réparés et afin de remédier à la mauvaise qualité des liaisons avec l’hinterland allemand,<br />
l’on procède à l’élargissement du canal reliant Amsterdam au Rhin. Dans les années soixante, le port<br />
doit faire face à la croissance du transport maritime. Le transport des marchandises en vrac (pétrole,<br />
céréales et charbon) est également en expansion mais Amsterdam est aussi un port d’importation de<br />
marchandises diverses (bois, papier, acier). À cette époque, la construction de l’Amerikahaven et de<br />
l’Australiëhaven est en cours. À la fin des années 60, les marchandises diverses sont de plus en plus<br />
fréquemment acheminées par conteneurs. La première partie de l’Aziëhaven est construite à la fin des<br />
années 70. Avec les années 80, la croissance fait son retour, en particulier dans le domaine du<br />
transbordement du vrac solides (charbon, céréales, minerais) et du transport par conteneurs. Le<br />
dernier apport à l’infrastructure portuaire, l’Afrikahaven, voit officiellement le jour en l’an 2000.<br />
Développement du Port 1950-2000 © Port of Amsterdam
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Le port de nos jours<br />
Profil et organisation du port<br />
L’ensemble portuaire d’Amsterdam, constitué de quatre ports, est aussi connu sous le nom de<br />
d’Amsterdam Seaports. Cet ensemble constitué par les ports d’Amsterdam, de Beverwijk, de<br />
Velsen/IJmuiden et de Zaanstad est le moteur économique de la région du canal de la mer du Nord.<br />
Les quatre ports sont situés le long du canal, et bien que fonctionnant de manière indépendante, ils<br />
travaillent en étroite collaboration. À l’exception du port de Ijmuiden, tous les ports sont gérés par<br />
l’État. Le Port d’Amsterdam appartient à la ville qui donne des instructions en matière de gestion,<br />
d’exploitation et d’aménagement portuaire. L’objectif central consiste à encourager l’activité<br />
économique et l’emploi dans l’ensemble de la région portuaire.<br />
Le Port d’Amsterdam gère plus de 1900 hectares de surface portuaire et 600 hectares d’eau. Le<br />
contrat d’exploitation concerne les sites portuaires (location et concession), les quais et les surfaces<br />
d’eau. Le Port d’Amsterdam est aussi chargé de la construction, de l’entretien et du renouvellement<br />
des biens immobiliers et de l’infrastructure.<br />
Les activités du Port d’Amsterdam comprennent :<br />
Le contrôle du trafic par VHF depuis les différents postes de contrôle<br />
Le contrôle du trafic via des navires de surveillance<br />
Le contrôle des écluses à IJmuiden<br />
L’application des lois et des règlements<br />
L’exécution de missions d’inspection de l’environnement<br />
Le conseil auprès des autres services et sociétés du secteur maritime<br />
Le secteur portuaire constitue l’un des hubs les plus importants d’Europe. Cette situation se doit<br />
essentiellement à un emplacement maritime favorable ainsi qu’à la qualité de ses liaisons maritimes,<br />
routières, ferroviaires et aériennes avec l’hinterland. Le port est également une place d’affaires de<br />
renommée internationale. Tous ces atouts lui permettent de traiter quelque 80 millions de tonnes de<br />
marchandises par an, ce qui place Amsterdam au quatrième rang des ports du Nord-Ouest de<br />
l’Europe. La valeur ajoutée directe du Port d’Amsterdam est supérieure à 3,5 milliards d’euros et il<br />
génère 34 000 emplois directs et 22 000 emplois liés aux activités portuaires.<br />
Le total de l’actif s’élève à € 546 millions et le chiffre d’affaires atteint € 80,5 millions. En 2005, le Port<br />
d’Amsterdam a injecté plus de € 22 millions dans les caisses de la municipalité. Entre 1990 et 2005, le<br />
Port d’Amsterdam a concédé 393 hectares de terrain et en a récupéré 298 hectares, la superficie<br />
nette des terrains donnés en concession est donc de 95 hectares.<br />
Plan du Port © Port of Amsterdam<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
83
84<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Chiffres clés<br />
Zone portuaire 4500 ha<br />
dont, port d’Amsterdam 2500 ha<br />
Trafic total 80 millions de tonnes<br />
Trafic Amsterdam 55 millions de tonnes<br />
Revenu € 70 millions<br />
Valeur ajoutée € 3500 millions<br />
Investissement annuel € 40 - 50 millions<br />
Emploi 34000<br />
Nouveaux territoires donnés en concession 25 ha par an<br />
Les types de marchandises traitées<br />
Amsterdam Seaports est essentiellement un port de vracs. Son trafic annuel de 80 millions de tonnes<br />
est réparti à hauteur de 25 millions de tonnes pour IJmuiden et 55 millions de tonnes pour le port<br />
d’Amsterdam. Le trafic d’Ijmuiden, qui dépend de l’entreprise sidérurgique Corus, est constitué d’acier,<br />
de minerais et de métaux. Le port d’Amsterdam est très présent pour le charbon, les vracs liquides et<br />
les vracs agricoles. Amsterdam est le premier terminal pétrolier européen et il devrait occuper la<br />
première place au niveau mondial dans les années à venir. Amsterdam est, derrière Rotterdam, le<br />
deuxième port charbonnier d’Europe avec une part de marché de 25%. Les nouveaux carburants<br />
durables comme la biomasse et les biocarburants font actuellement leur apparition dans le port.<br />
Amsterdam est le principal port importateur de cacao du monde et le premier d’Europe pour ce qui est<br />
du vrac agricole.<br />
Terminal Ceres © Port of Amsterdam<br />
Depuis le mois d’août<br />
2005, le port<br />
d’Amsterdam est aussi<br />
un port à conteneurs en<br />
croissance rapide, avec<br />
huit services<br />
hebdomadaires de<br />
lignes maritimes à<br />
courte et longue<br />
distance à destination<br />
de l’Asie, l’Amérique du<br />
Sud et toute l’Europe. Le<br />
trafic des conteneurs<br />
devrait croître pour<br />
passer de 50 000 unités<br />
en 2005 à 200 000<br />
unités en 2006 et
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
atteindre les 350 000 unités en 2007. La capacité du terminal à conteneurs est de 1 000 000 EVP, et il<br />
dispose de l’espace suffisant pour atteindre une capacité de 3.000.000 EVP.<br />
Le secteur de la croisière Terminal passagers © <strong>AIVP</strong> / IACP<br />
Amsterdam, destination<br />
importante des bateaux<br />
de croisière, a<br />
enregistré 106 escales<br />
maritimes et 772<br />
escales fluviales en<br />
2005. Plus de 250 000<br />
passagers visitent la<br />
ville et y dépensent<br />
environ 100 millions<br />
d’euros par an. Le<br />
terminal passager<br />
(PTA) se trouve dans le<br />
centre-ville et intègre<br />
une multitude de<br />
fonctions. Son<br />
splendide bâtiment est<br />
doté d’un quai d’une<br />
longueur de 600<br />
mètres, de vastes halls<br />
d’accueil, d’un parking<br />
de stationnement pour les bus de tourisme, de bureaux, d’un palais des congrès et d’un parking<br />
souterrain de 500 places. Le PTA peut également accueillir des séminaires, congrès. Son toit ondulé<br />
abrite un vaste espace transparent pouvant accueillir, répartis sur trois étages, 3 000 personnes.<br />
Les écluses d’IJmuiden<br />
Le canal de la mer du Nord, d’une longueur de 20 kilomètres et d’une largeur de 350 mètres, relie le<br />
Port d’Amsterdam à la mer. À Ijmuiden, l’installation d’un réseau hydrographique s’est avéré<br />
nécessaire et un système de quatre écluses fonctionnant 24h/24 a été mis en place. Le tirant d’eau<br />
maximum autorisé est de 13,72 mètres en eau salée.<br />
L’augmentation du nombre de navires en circulation a fait ressentir la nécessité de construire une<br />
autre grande écluse à Ijmuiden, la grande écluse nord devant atteindre sa capacité maximum au<br />
cours des prochaines années. De plus, la largeur opérationnelle de l’écluse Nord, 45 mètres, est<br />
insuffisante pour accueillir les nouvelles générations de vraquiers. C’est pour cette raison qu’en 2005,<br />
le gouvernement néerlandais et le gouvernement de la province se sont accordés sur la nécessité de<br />
une nouvelle écluse, seule solution pour garantir un accès à la mer approprié. Le temps nécessaire à<br />
la planification des travaux et à la construction de l’écluse étant estimé à environ 10 ans, des mesures<br />
doivent visant à optimiser les accès au port vont être prises entre-temps.<br />
L’accessibilité<br />
Amsterdam dispose de bonnes dessertes routières, ferroviaires et fluviales en direction de l’hinterland<br />
et elle est reliée à l’hinterland européen par les autoroutes A1, A2 et A4. En 2008, une nouvelle<br />
autoroute sera construite qui assurera un lien direct entre le port et la deuxième rocade autour<br />
d’Amsterdam et entre le port et l’aéroport de Schiphol. Avec le doublement du réseau de voies ferrées<br />
entre Amsterdam et Utrecht et grâce à la jonction prévue avec la « Betuweroute », une ligne dédiée<br />
au fret, Amsterdam va voir son accessibilité ferroviaire s’améliorer dans les années à venir. Le Port<br />
d’Amsterdam a, conjointement avec le Port de Rotterdam, rejoint le consortium chargé d’opérer la<br />
liaison ferroviaire fret « Betuweroute ». La liaison fluviale s’effectuera par le canal Amsterdam-Rhin et<br />
à cette fin, un vaste programme de dragage vient d’être mis à exécution.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
85
86<br />
© Port of Amsterdam<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Le transport public entre les banlieues et le port est un autre thème d’importance. Plusieurs lignes de<br />
bus font la navette entre le port<br />
et la gare ferroviaire de<br />
Sloterdijk. Le bus de<br />
Westpoort assure le transport<br />
du personnel, entre domicile et<br />
lieu de travail, de nombreuses<br />
entreprises du secteur<br />
portuaire d’Amsterdam. Un<br />
hydroptère permet une liaison<br />
rapide entre le centre<br />
d’Amsterdam et IJmuiden. En<br />
moins d’une demi-heure, ces<br />
bateaux vous amènent de la<br />
gare centrale d’Amsterdam<br />
aux écluses.<br />
Hydroptère et bâtiment "Silo Dam"<br />
© <strong>AIVP</strong> / IACP<br />
Au-delà des liaisons géographiques, le Port d’Amsterdam s’intéresse également à l’utilisation de<br />
communications électroniques pour le traitement des flux de données. En collaboration avec des<br />
partenaires régionaux, Amsterdam a entrepris la réalisation d’un réseau en fibre de verre le long du<br />
canal de la Mer du Nord. Le réseau est essentiellement destiné à faire fonctionner les radars de<br />
navigation des navires mais peut également être utilisé dans les échanges de données électroniques.<br />
L’environnement<br />
Le Port d’Amsterdam n’envisage pas de croissance économique qui ne garantisse pas la préservation<br />
de l’environnement. Le secteur de Westpoort est la seule zone industrielle de la région qui accueille<br />
les industries polluantes (nuisances sonores et olfactives, poussières). Il regroupe non seulement les<br />
activités portuaires mais aussi les activités urbaines dérangeantes. Les centrales électriques, les<br />
réseaux d’égout et les usines de traitement des déchets sont actuellement transférés dans cette zone.<br />
Le secteur abrite également des éoliennes. Près de 25 éoliennes y ont été installées, et 15 autres<br />
sont prévues, alimentant quelque 50 000 foyers. La durabilité constitue une dimension importante du<br />
développement du Port d’Amsterdam qui ne peut se concevoir sans la prise en compte de<br />
l’environnement urbain et naturel. Le port est entouré par les villes d’Amsterdam et de Zaanstad et par
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
des secteurs dédiés aux loisirs. La pression pour la construction de nouveaux secteurs résidentiels est<br />
forte et il est nécessaire de trouver des solutions qui concilient aménagements portuaire et<br />
urbain.<br />
Les redéveloppements urbains et portuaires<br />
Les zones de transformation<br />
passagers représente aujourd’hui la seule<br />
activité portuaire. Des transformations ont<br />
également eu lieu sur la rive nord de la<br />
rivière IJ. Dans les années 80,<br />
l’emplacement de l’Amsterdam Dry dock<br />
Company a été transformé en un vaste<br />
centre d’hébergement social et, au cours<br />
des prochaines années, le secteur des<br />
anciens laboratoires sera aménagé en un<br />
quartier urbain qui concentrera la plus forte<br />
densité d’habitations de tout les Pays-Bas.<br />
Eastern Harbour © <strong>AIVP</strong> / IACP<br />
Développements urbains en zone portuaire © Port of Amsterdam<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Eastern Harbour © <strong>AIVP</strong> / IACP<br />
87<br />
Les zones situées à l’est du territoire<br />
portuaire ont été complètement<br />
transformées en quartiers résidentiels. Le<br />
secteur le plus connu est celui des<br />
Eastern Docklands, qui accueille<br />
aujourd’hui presque 17 000 habitants. Les<br />
anciens entrepôts ont été remplacés par<br />
de grands immeubles d’appartements, un<br />
quartier très prisé par les jeunes couples<br />
et les jeunes familles d’Amsterdam. Il ne<br />
reste quasiment plus rien de l’atmosphère<br />
de l’ancien port. Les activités portuaires<br />
ont presque toutes disparu et le terminal
88<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Les zones de transition<br />
À Amsterdam, la pression pour l’aménagement de nouvelles zones urbaine est forte. D’ici vingt ans, il<br />
faudra construire 50 000 logements supplémentaires à l’intérieur des limites de la ville. Le cœur des<br />
opérations d’aménagement portuaire a donc été déplacé d’est en ouest car c’est à l’ouest de la ville,<br />
là où elle jouxte le port, que des secteurs à transformer ont été identifiés. La plupart sont des zones<br />
portuaires abandonnées, mais certaines activités portuaires n’ont pas été déplacées. Qui plus est, le<br />
port actuel se situe à proximité de ces zones de transition, ce qui signifie qu’elles sont affectées par le<br />
bruit, les odeurs et la poussière. La transformation complète de ces zones en quartiers d'habitat,<br />
comme dans les Eastern Docklands, n’est pas facilement réalisable mais la pression urbaine réclame<br />
la mise en œuvre de solutions nouvelles qui permettront de construire des logements à proximité du<br />
port.<br />
Logements étudiants, NDSM Wharf © <strong>AIVP</strong> / IACP<br />
Les principales zones de transition sont les Houthaven (trafic de bois) et le quai de la NDSM. À partir<br />
de l’ancienne structure des docks, un nouveau quartier résidentiel va être construit qui comprendra<br />
approximativement 2000 logements. Afin d’éviter les nuisances sonores (et olfactives), certaines<br />
maisons seront équipées de murs extérieurs isolants, ce qui implique la condamnation de portes et de<br />
fenêtres. Dans le secteur nord, une autre stratégie a été choisie concernant le quai de la NDSM. Cette<br />
stratégie est basée sur la flexibilité de l’utilisation des terrains et des types de construction. Les<br />
établissements commerciaux et les logements étudiants sont autorisés dans le cadre des restrictions<br />
environnementales actuelles. Lorsque la réglementation aura changé ou qu’une partie des activités<br />
portuaires aura été délocalisée, les bâtiments pourront être transformés en logements permanents.<br />
Le Port d’Amsterdam possède également sa zone de transition. Le Minervahaven, dédié aux trafics<br />
de bois, est en train d’être transformé en quartier de petits commerces, notamment destiné aux petites<br />
entreprises du secteur de l’industrie<br />
artisanale et de la création. En raison<br />
de la présence du port, l’utilisation du<br />
secteur à des fins résidentielles est<br />
interdite mais sa revitalisation en fait<br />
un espace valorisé et dynamique.<br />
Jusqu’alors négligé, il devient un<br />
quartier vivant et constitue une zone<br />
tampon entre le port et la ville.<br />
Minervahaven, projet © Port of<br />
Amsterdam
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Minervahaven, actuel © Port of Amsterdam Minervahaven, Urban Plan © Port of Amsterdam<br />
Le redéveloppement du port sur lui-même<br />
Le réaménagement du port ne concerne pas seulement les zones portuaires abandonnées. Certains<br />
secteurs du port actuel sont également concernés. Il existe deux types d’aménagement, le<br />
comblement d'anciens bassins et la récupération de territoires portuaires abandonnés ou<br />
insuffisamment utilisés.<br />
Dans la partie la plus ancienne du secteur portuaire, les bassins qui servaient de terminal aux<br />
marchandises diverses ont été transformés. Par exemple, sur Coenhaven, trois bassins sur une<br />
rangée de cinq ont été comblés pour agrandir les quais. La quasi totalité des bassins d’amarrage<br />
devenus trop petits pour accueillir les navires modernes a été comblée. Grâce à cette stratégie, le<br />
développement des espaces portuaires suit le rythme de l’expansion des industries navale et<br />
maritime.<br />
HemHavens © Port of Amsterdam<br />
Une autre stratégie mise en place par le port d’Amsterdam consiste à récupérer les terrains portuaires<br />
abandonnés ou insuffisamment utilisés. Entre 1990 et 2005, le Port d’Amsterdam a récupéré 298<br />
hectares de terrain dont la plupart a été à nouveau concédée. La récupération de terrain est presque<br />
toujours suivie par de nouvelles attributions et par le lancement de nouvelles activités.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
89
90<br />
L’avenir du port<br />
Contribution à l’économie de la région et stratégie portuaire<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Le port est l’un des cinq piliers de l’économie de la région, les autres piliers étant le secteur des<br />
finances, l’aéroport, le tourisme et les loisirs ainsi que les technologies de l’information et de la<br />
communication et les nouveaux médias. La région, dont l’économie est caractérisée par la souplesse<br />
et l’enrichissement mutuel, doit sa force à sa diversité. Le port d’Amsterdam et l’aéroport de Schiphol<br />
forment ensemble une « porte ouverte sur L’Europe ».<br />
En tant que deuxième port des Pays-Bas, le Port d’Amsterdam joue un rôle fondamental. Il aspire à<br />
devenir un hub logistique de qualité dans le but de renforcer l’économie de la région d’Amsterdam. La<br />
satisfaction de cette ambition, desservir l’hinterland tout en assurant le rôle de hub international pour<br />
le trafic des marchandises, implique la modification de ses caractéristiques : le port abandonnera<br />
bientôt son statut de port de destination spécialisé dans le traitement des produits industriels pour se<br />
positionner en tant que port de transbordement à la croisée des flux internationaux de marchandises.<br />
Cette transition passera par la nécessaire augmentation des volumes (circulation et fret), ceux traités<br />
par la seule région d’Amsterdam étant insuffisants. Cette augmentation est indispensable si l’on veut<br />
garantir la compétitivité des prix des services maritimes (bateaux pilotes et remorqueurs) et logistiques<br />
(agents et fournisseurs) et attirer davantage de marchandises et de nouvelles industries.<br />
Les nouveaux espaces portuaires<br />
AfrikaHaven © Port of Amsterdam<br />
En raison du nombre important de terrains affectés à la réalisation de nouveaux terminaux sur le<br />
Afrikahaven, il ne restera bientôt plus de terrain disponible pour l’aménagement du port. Un nouvel<br />
espace portuaire, situé sur la rive nord du canal de la mer du Nord à proximité d’Ijmuiden, a été<br />
intégré à la planification spatiale de la région. Cependant, la taille de cette nouvelle extension<br />
portuaire, appelée Wijkermeer, est limitée (à environ 180 ha) et des voix se font entendre contre cet<br />
aménagement. Par ailleurs, la rive nord du canal n’est pas un emplacement favorable en matière de<br />
liaisons vers l’hinterland. C’est pour ces raisons que certains estiment que l’agrandissement du port<br />
devrait plutôt se faire à partir du port actuel. Cependant, ce secteur, appelé Houtrak, est actuellement<br />
aménagé en secteur dédié à la nature et aux loisirs et constitue une zone privilégiée entre les<br />
aménagements industriels des villes d’Amsterdam et d’Haarlem. Une troisième possibilité consiste à<br />
aménager de nouveaux secteurs portuaires gagnés sur la mer à proximité des aciéries de Corus, mais<br />
le fait de construire en mer à cet emplacement aura de sérieux impacts sur l’environnement et<br />
l’utilisation du territoire. Dés lors, la procédure pour aménager de nouveaux secteurs portuaires dans<br />
la région d’Amsterdam sera longue et difficile. C’est pourquoi le Port d’Amsterdam s’efforcera au<br />
maximum de réaménager les secteurs existants.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Zones d'extension du port 2010-2030 actuellement à l'étude © Port of Amsterdam<br />
Le développement durable<br />
Avec l’augmentation des contraintes spatiales et environnementales, la nécessité de mettre en place<br />
une stratégie de développement durable s’impose. Le Port d’Amsterdam n’envisage pas de<br />
croissance économique qui ne garantisse pas la préservation de l’environnement. La construction et<br />
l’entretien de l’infrastructure mais aussi la gestion écologique doivent s’inscrire dans la durabilité. Le<br />
Port d’Amsterdam a élaboré une politique pour que cette vision se traduise par des projets qui<br />
abordent le manque d’espace, la gestion du parc, le trafic et le transport, les matériaux, l’énergie et<br />
l’eau. L’une des principales priorités de la politique environnementale adoptée consiste à gérer<br />
l’espace portuaire disponible avec le maximum de précautions. En outre, l’autorité portuaire<br />
encourage les usagers du port à appliquer l’ensemble des règlements pertinents tout en garantissant<br />
que la qualité du sol, de l’eau et des fonds marins n’est pas en danger. Cet intérêt envers le<br />
développement durable se manifeste également à travers la participation du port dans plusieurs<br />
projets environnementaux, par exemple le projet Ecoports. Dans le cadre d’une initiative majeure<br />
conduite en faveur de la protection de l’environnement et du développement durable, EcoPorts a<br />
débouché sur la mise au point de normes visant à encourager les meilleures pratiques pour la gestion<br />
de l’environnement portuaire de même que sur l’instauration du Port Environmental Review System<br />
(PERS).<br />
Source:<br />
PCP Project - Newsletter N°5, Novembre 2006 - Rédigée avec Pito Dingemanse, Manager of Spatial<br />
Planning, Port of Amsterdam.<br />
Informations complémentaires:<br />
Port of Amsterdam:<br />
http://www.portofamsterdam.nl<br />
Eastern Docklands<br />
http://www.easterndocklands.com/index.html<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
91
92<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
DELFZIJL : <strong>LE</strong>S DEFIS D'UNE METAMORPHOSE<br />
Histoire<br />
Située dans le nord des Pays-Bas, la ville de Delfzijl est l'une des 450 municipalités que compte le<br />
pays. Elle a été créée au début des années 1990, suite à la fusion des municipalités de Bierum,<br />
Termunten et Delfzijl.<br />
La municipalité ainsi créée est composée par la ville portuaire de Delfzijl et par 13 villages situés au<br />
nord et au sud de celle-ci. Delfzijl occupe un territoire de 227 kilomètres carrés, elle compte près de<br />
28 000 habitants et 12 437 foyers. Approximativement 19 000 personnes sont installées en ville et<br />
9000 dans les villages environnants. Delfzijl se trouve plus ou moins au centre de ce territoire.<br />
La ville portuaire de Delfzijl est dotée d’une longue histoire. Vers l’an 1200, trois écluses ont été<br />
construites à l’emplacement de la ville actuelle. Dès le départ, les écluses ont fait de la ville un<br />
emplacement stratégique (contrôle du niveau des eaux continentales et contrôle du trafic maritime sur<br />
l’Eems), il n’est donc pas surprenant qu’elle soit devenue une forteresse. Pendant des siècles, Delfzijl<br />
a attisé les convoitises des troupes d’Alva et de Napoléon et des princes allemands. L'intérêt de<br />
Delfzijl en tant que ville portuaire a également été reconnu depuis le tout début et les activités<br />
maritimes et portuaires ont commencé à se développer peu de temps après la construction des<br />
écluses.<br />
L’ancienne forteresse avec l’Eems à droite et le Damsterdiep en haut à gauche<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
93<br />
L’importance militaire de la forteresse<br />
s’est réduite à la fin du 19 ème siècle où<br />
elle a été démantelée. Au début du<br />
20 ème siècle, Delfzijl s’est développée<br />
en tant que port destiné au<br />
transbordement des marchandises qui<br />
arrivaient par voiliers avant d’être<br />
réparties sur des embarcations plus<br />
petites à destination de la ville de<br />
Groningue et d’ailleurs. Parallèlement<br />
au commerce, l’industrie navale s’est<br />
développée et existe encore<br />
aujourd'hui. Au début du 20 ème siècle,<br />
Delfzijl était une petite ville portuaire<br />
active et elle l’est restée jusqu’à la<br />
deuxième guerre mondiale (1939-<br />
1945).
94<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Le port de Delfzijl in 1930<br />
Dans les années 50 et 60<br />
du siècle dernier, de<br />
nouvelles opportunités se<br />
sont offertes à la ville de<br />
Delfzijl. C’est à cette<br />
époque que la<br />
découverte de sel et de<br />
gaz dans la province de<br />
Groningue a ouvert un<br />
nouvel horizon pour la<br />
ville. Le sel pouvait être<br />
utilisé comme produit<br />
chimique de base dans<br />
plusieurs industries et le<br />
gaz garantissait une<br />
énergie abondante et<br />
bon marché. L’industrie chimique de Delfzijl se concentre aujourd’hui autour de la production du chlore<br />
et elle représente 30 % de l’industrie chimique hollandaise. Cette énergie bon marché a offert de très<br />
belles opportunités aux industries métallurgiques comme "Aluminium Delfzijl".<br />
Les dirigeants et hommes politiques de l’époque estimaient que la population de la ville de Delfzijl<br />
pourrait passer d’environ 13 000 à plus de 100 000 habitants. Au début des années 70, un nouveau<br />
port (l’Eemshaven) a été construit à l’intention de l’industrie pétrochimique à 20 kilomètres au nord de<br />
Delfzijl.<br />
Groningen Seaports<br />
Groningen Seaports est l’autorité portuaire des ports de Delfzijl et d’Eemshaven. Deux ports intérieurs<br />
sont également sous sa responsabilité : Farmsumerhaven et Oosterhornhaven.<br />
Groningen Seaports est détenue à 60% par la province de Groningue et à 40%, à part égale, par les<br />
municipalités de Delfzijl et d’Eemsmond.<br />
L’entreprise fournit aux deux ports toute la gamme des services<br />
portuaires depuis la logistique à la mise à disposition de sites<br />
industriels et commerciaux de haute qualité. Du fait de leur<br />
emplacement, de la variété des sites industriels et commerciaux<br />
proposés, d’une infrastructure non saturée, de l’espace disponible et<br />
des prix avantageux pratiqués, les sites industriels de Groningen<br />
Seaports sont particulièrement adaptés à l’accueil des établissements commerciaux.<br />
Groningen Seaports dispose de voies d’eau facilement accessibles, elle propose des services rapides,<br />
de l’espace dans tous les sens du terme, une énergie propre et abondante, un équipement portuaire<br />
de haute qualité, un personnel hautement qualifié, ainsi que d’un accès ferroviaire, routier et fluvial<br />
rapide. Groningen Seaports est orientée marché, elle est compétitive tant du point de vue financier
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
que logistique. Elle offre la gamme complète des services tout en jouant le rôle d’initiateur,<br />
d’entrepreneur et de facilitateur.<br />
Les ports de Delfzijl et d’Eemshaven occupent un emplacement stratégique entre les ports principaux<br />
que sont Rotterdam et Hambourg. Ils sont desservis par des routes dont le trafic est fluide (les<br />
autoroutes A7 et A31) et sont reliés au réseau ferroviaire national. Depuis le mois de septembre 2005,<br />
une liaison avec le chemin de fer allemand a également été réalisée. Par ailleurs, la société Railion<br />
propose un service de triage dans la zone industrielle de Delfzijl. Grâce au Eemskanaal, Groningen<br />
Seaports dispose d’un très bon accès direct aux voies d’eau intérieures. L’Eemskanaal établit une<br />
liaison entre le port de Delfzijl et la route Groningen-Lemmer de même qu’entre le réseau de voies<br />
d’eau intérieur et Amsterdam et Rotterdam. Plusieurs sites industriels sont situés sur<br />
Oosterhornhaven, directement relié à l’Eemskanaal. Groningen Seaports possède aussi un deuxième<br />
port intérieur, Farmsumerhaven, également accessible par l’Eemskanaal et le réseau des voies d’eau.<br />
Via le port de Delfzijl et l’estuaire d’Eems, les navires fluviaux ont aussi accès à Eemshaven.<br />
Eemshaven en particulier est idéalement positionné pour le commerce avec la Scandinavie, le<br />
Royaume-Uni et la région baltique et il possède un très fort potentiel pour ce qui est des activités de<br />
stockage et de transbordement.<br />
Le port de Eemshaven comprend Handelskade Eemshaven (stockage et transbordement du sucre,<br />
produits forestiers, papier, viande et poissons réfrigérés et marchandises diverses), un terminal à<br />
pondéreux destiné au transbordement et à l’entreposage du vrac solide, un espace dédié au transport<br />
roll-on/roll-off, une zone réservée au short sea shipping ; un site industriel pour les entreprises<br />
logistiques spécialisées dans le secteur du short sea shipping, "Energy park" et "Recycling park" des<br />
sites dédiés à l’environnement, à l’énergie, au recyclage et aux industries liées au traitement des<br />
déchets ; une zone d'activités accueillant les petites et moyennes entreprises (fournisseurs) ; et un<br />
parc logistique réservé au développement de nouvelles activités logistiques.<br />
Enfin, une ligne maritime assurant le transport des passagers existe entre Eemshaven et l’Allemagne<br />
(les îles de Borkum et de Helgoland).<br />
Vue aérienne du port Eemshaven © Groningen Seaports<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
95
96<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
L’énergie<br />
L’énergie est un sujet d’actualité et il offre de nombreuses opportunités à Groningen Seaports. Energy<br />
Park Eemshaven est un site industriel dédié à l’environnement, au recyclage et aux industries liées au<br />
traitement des déchets. À l’heure où les besoins en sites de production d’énergie sont élevés, NorNed,<br />
un projet collectif entre Statnett et TenneT, a été mis en place dans l’objectif d’installer un câble sousmarin<br />
à haute-tension entre la Norvège et les Pays-Bas. Grâce à cette installation, le plus long câble à<br />
haute-tension du monde, il sera possible de faire circuler du courant électrique, dans les deux sens,<br />
entre la Norvège et les Pays-Bas. La construction de la station-relais est en cours. TCN SIG Real<br />
Estate a également entrepris la construction d’un vaste centre de traitement de l’information.<br />
Parallèlement, Essent/ConocoPhillips et Nuon ont décidé de s’installer dans le Eemshaven.<br />
Essent/ConocoPhillips a l’intention de créer un terminal GNL (Gaz Naturel Liquéfié) et Nuon envisage<br />
de construire un groupe multiénergie. La décision d’investissement concernant les deux projets sera<br />
prise à la mi-2007. En vue de faciliter l’implantation de ces industries, Groningen Seaports a lancé la<br />
construction de sites industriels et elle se prépare à effectuer les travaux d’excavation du chenal vers<br />
Eemshaven ainsi que d’Eemshaven lui-même, prévoyant d’étendre le Wilhelminahaven de 600 mètres<br />
et de construire un nouveau port afin de pouvoir accueillir les navires GNL. RWE, entreprise<br />
allemande de production d’énergie, projette aussi d’installer des bureaux dans Eemshaven et ses<br />
projets de construction d’une centrale électrique sont à un stade avancé.<br />
Le secteur de l’énergie est également en plein essor dans le port de Delfzijl. BKB, Evelop et Biox ont<br />
établi des projets très avancés en vue de l’implantation de centrales électriques destinées à<br />
approvisionner en électricité et en vapeur les industries chimiques et de type métallurgique établies<br />
dans Chemical Park Delfzijl et Metal Park Delfzijl.<br />
Le port de Delfzijl comprend Handelskade Delfzijl (stockage et transbordement du bois, papier,<br />
kaolin, conteneurs et marchandises diverses), Chemical Park Delfzijl (qui regroupe 12 industries<br />
chimiques en rapport avec le chlore), Metal Park (un regroupement de sites industriels créés selon les<br />
critères du développement durable destinés aux entreprises de type métallurgique), De Valgen (site<br />
industriel dédié aux industries chimiques), MERA Park (dédié à l’environnement, à l’énergie, au
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
recyclage et aux industries liées au traitement des déchets), Oosterwierum (industries chimiques,<br />
agroalimentaire, logistique et PME) ainsi que quelques zones d'activités destinés aux petites et<br />
moyennes entreprises (Delta, Farmsumerpoort, De Zeesluizen et Fivelpoort).<br />
Groningen Seaports est membre de la fondation EcoPorts. L’environnement fait partie intégrante de<br />
ses processus opérationnels.<br />
Depuis les années 70, l’environnement est également au cœur des préoccupations en matière de<br />
planification ville/port.<br />
Le port de Delfzijl. Au premier plan, le centre ville ; à l’arrière plan, les usines chimiques © Groningen Seaports<br />
Delfzijl : programmes d’extension et défis environnementaux<br />
Le plan de la ville de Delfzijl a dû être révisé pour tenir compte des visions pour le futur des dirigeants<br />
et des hommes politiques des années 60 et 70 et les 100 000 habitants qui étaient attendus. Les<br />
vieux bâtiments ont été détruits, des immeubles de six étages ont fait leur apparition et un quartier tout<br />
neuf fait de maisons modestes destinées aux ouvriers a alors été construit au nord de Delfzijl. De<br />
jolies buttes artificielles destinées autrefois à supporter les habitations ont été détruites pour laisser<br />
place aux installations industrielles.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
97<br />
Les programmes de reconstruction des années<br />
60 prévoyaient la construction d’un aéroport ©<br />
City of Delfzijl<br />
Deux crises économiques (1973 et 1980)<br />
ont toutefois mis un terme à ces<br />
programmes. Delfzijl ne dépasserait jamais<br />
les 35 000 habitants. Il en a résulté des<br />
maisons et des appartements vides et des<br />
terrains industriels non utilisés. À mesure<br />
que la situation dans le nord perdurait, le<br />
nouveau quartier s’est appauvri et il a<br />
commencé à attirer depuis tout le pays une<br />
population nombreuse issue des classes<br />
défavorisées.<br />
À la fin des années 80, tout le monde<br />
(conseillers, maire et élus) a convenu qu’il
98<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
fallait agir. Dans les années qui ont suivi, de nombreux débats ont donné lieu à des opérations de<br />
restructuration. Toutefois, les autorités locales ne sont pas parvenues à définir quelles actions<br />
entreprendre et surtout comment les mettre en oeuvre. À la fin des années 90, une commission<br />
spéciale a été nommée pour faire la point sur la situation de Delfzijl. En 1999, cette commission, qui a<br />
pris le nom de son président monsieur Tielrooy, a proposé un Masterplan. Tielrooy concluait que la<br />
restructuration, ou comme on dit maintenant, la revitalisation, nécessiterait un investissement de<br />
plusieurs dizaines de millions d’euros. Le prix était trop cher à payer pour la ville de Delfzijl seule. Des<br />
négociations ont été entamées afin de solliciter des fonds extérieurs auprès de la province et de l’État.<br />
Les parties ont finalement trouvé un accord et l’une des principales conditions à l’investissement a<br />
consisté en la création d’une société de développement (OMD) détenue par la municipalité (49 %), la<br />
société de construction building Society Acantus (49 %) et la province (2%). OMD a été créée en<br />
2001.<br />
Delfzijl-Nord avant la reconstruction © City of Delfzijl<br />
La reconstruction de Delfzijl Nord © City of Delfzijl<br />
Le Masterplan<br />
La revitalisation de Delfzijl repose aujourd’hui encore sur ce Masterplan dont les grandes lignes<br />
correspondent aux qualités essentielles de la zone :<br />
Le réseau des voies d’eau (L’Eems relie Delfzijl à la mer et aux ports allemands d’Emden, Leer et<br />
Papenburg. La ville de Termunterzijl, au sud, est reliée à la ville bleue. Un canal part de Farmsum<br />
pour rejoindre Schildmeer et l’Eemscanal ; le canal de Damsterdiep conduit à la ville de<br />
Groningue) ;<br />
l’ancienne forteresse ;<br />
les buttes artificielles et la richesse du paysage culturel.<br />
Le Masterplan prévoit la destruction de 1500 maisons/appartements et la construction de 700<br />
nouvelles maisons destinées aux classes moyennes et supérieures et 450 logements sociaux.<br />
L’objectif consiste à équilibrer davantage l’offre et la demande du marché immobilier pour l’ajuster à<br />
celui de la province. Le gros des travaux de destruction est achevé pour le Kwelderland et les activités<br />
de construction vont se développer au cours des prochains mois, marquant une nouvelle étape de la<br />
revitalisation.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
La revitalisation de Delfzijl implique finalement la métamorphose complète de la ville portuaire.<br />
Maintenant que la construction est en cours dans le Kwelderland, OMD s’oriente davantage sur le<br />
centre et sur les liaisons et connections entre la mer et le port.<br />
Une vision pour le Centre<br />
Le secteur concerné : le tracé de l’ancienne forteresse et son environnement immédiat.<br />
Les pistes de travail :<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
99<br />
Problèmes à résoudre :<br />
Les secteurs bâtis dont les façades sont<br />
inachevées (lignes rouges) ;<br />
L’accès au centre en voiture, en train ou par<br />
la mer mal définis (cercles violets) ;<br />
les itinéraires mal définis dans le centre pour<br />
le stationnement des véhicules, les<br />
bicyclettes et piétons (flèches bleues) ;<br />
La réorganisation des fonctions (cafés,<br />
commerces, bureaux, logements, parkings) ;<br />
La sécurité de la ville du fait de<br />
l’augmentation du niveau de la mer ;<br />
concilier qualité de vie et activités<br />
industrielles.<br />
© City of Delfzijl<br />
reprendre le tracé de l’ancienne forteresse et construire en respectant la logique de l’ancienne<br />
configuration spatiale et fonctionnelle ;<br />
la conception intégrée de l’espace public ;<br />
l'orientation de la circulation (deux sens giratoires pour les voitures, stationnements aux angles de<br />
l’ancienne citadelle, bicyclettes, piétons) et les indications vers le centre ville ;<br />
relier les deux squares (en jaune) ;<br />
la construction d’immeubles respectant le tracé de l’ancienne forteresse ;<br />
assurer la liaison avec la mer/le port.<br />
L’aménagement du territoire : les questions environnementales<br />
Lorsque l’on évoque la ville portuaire de Delfzijl, il est impossible de faire abstraction de la forte<br />
interdépendance entre la ville et le port au cours de l’histoire. La zone urbaine a été construite à<br />
proximité des établissements industriels à une époque où l’on ne se préoccupait guère des conditions<br />
de vie et des questions environnementales. La situation est complètement différente aujourd’hui et, à<br />
Delfzijl, l’aménagement de l’espace ne peut se concevoir sans la prise en compte d’aspects tels que :<br />
le contrôle du bruit industriel ;<br />
la sécurité de l'habitat ;<br />
les ouvrages de protection maritime et les jetées ;<br />
la pollution atmosphérique ;<br />
la protection de la nature.
100<br />
Le contrôle du bruit<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
À l’intérieur de la zone de bruit<br />
définie, la délivrance des<br />
autorisations par le comité local<br />
est limitée pour :<br />
Premièrement : nouvelles<br />
activités industrielles : – les<br />
émissions cumulées ne doivent<br />
pas dépasser les frontières de la<br />
zone de bruit. La croissance<br />
industrielle n’est pas autorisée si<br />
elle excède une limite de 50 dB.<br />
Le développement d'entreprises<br />
existantes ou l'implantation de<br />
nouvelles entreprises doivent<br />
être strictement réglementés.<br />
Deuxièmement : opérations de<br />
développement résidentiel à<br />
proximité des installations<br />
industrielles : la construction de<br />
logements, écoles et hôpitaux dans le secteur doit faire l’objet d’une nouvelle réglementation et est<br />
possible uniquement dans la zone de bruit comprise entre les niveaux sonores cumulés qui se situent<br />
entre 50 et 60 dB (mesures faites à l’extérieur).<br />
La prise en compte de ces courbes de bruit est indissociable de l’aménagement urbain et des activités<br />
industrielles de Delfzijl.<br />
La sécurité de l'habitat<br />
La mise en place d’une législation en matière de sécurité de l'habitat s’est imposée suite à l’explosion<br />
d’un dépôt de feux d’artifice dans le centre urbain d’Enschede en 2000. L’intégration de ce type de<br />
législation au sein du processus d’aménagement spatial est une méthode assez nouvelle et les<br />
gouvernements locaux s’efforcent de la mettre en place de la meilleure façon qui soit.<br />
En ce qui concerne la politique de sécurité, le comité local a défini 3 zones :<br />
3. dans les quartiers d'habitat (en vert), la présence d’entreprises à haut risque n’est pas autorisée et<br />
pour ce qui est des établissements déjà présents, ils sont tenus de réduire leur capacité de<br />
stockage ou bien de déménager vers un autre site ;<br />
2. les zones intermédiaires (en bleu) situées entre les installations industrielles et portuaires d'une<br />
part, et les quartiers d'habitat. Ici, les entreprises à risque élevé sont tolérées uniquement dans la<br />
mesure où elles sont maintenues sous contrôle ;<br />
1. l’enceinte des installations industrielles (en rose) où aucune limite n’a pour l’heure été définie.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Pollution atmosphérique et odeurs industrielles<br />
La législation hollandaise sur la qualité de l’air est basée sur l’adoption de la Directive du Conseil de<br />
l’Union européenne 96/62/EC du 27 Septembre 1996, régissant l’évaluation et la gestion de la qualité<br />
de l’air et de plusieurs autres directives dérivées relatives à la pollution atmosphérique. Les directives<br />
imposent que tous les États membres prennent des mesures visant à garantir le respect des<br />
concentrations maximum autorisées de PM10 (particules en suspension), de SO2 (dioxyde de soufre),<br />
de NOx (dioxyde d’azote et autres oxydes de nitrogène, de Pb (plomb), de monoxyde de carbone et<br />
de benzène. Dans un futur proche, les États membres devront adopter des directives sur l’évaluation<br />
de la qualité de l’air et la surveillance de l’arsenic, du cadmium et du nickel, du mercure et des<br />
hydrocarbures aromatiques polycycliques et du benzo(a)pyrène dans l’atmosphère.<br />
Un autre problème est celui de la dégradation de la qualité de l’air à cause des odeurs industrielles.<br />
Cet aspect va devenir incontournable dans la politique d’aménagement de l’espace aux Pays-Bas.<br />
En raison de la proximité des industries chimiques, la concentration de H2S (hydrogène sulfuré) dans<br />
l’air ambiant excède la concentration maximum autorisée.<br />
La défense contre la mer<br />
À Delfzijl, les ouvrages de défense contre la mer semblent<br />
couvrir une surface négligeable qui s’étire le long de la<br />
côte. La zone qui doit être maintenue à l’écart des<br />
opérations de redéveloppement est pourtant importante. La<br />
législation nationale interdit toute activité de construction à<br />
moins de 50 mètres des digues, ce qui représente un<br />
sérieux problème du point de vue des opérations<br />
d’aménagement urbain. Des mesures techniques qui<br />
respectent la réglementation en matière de défense contre<br />
la mer doivent être prises et apporter une solution<br />
acceptable en vue d’optimiser la situation.<br />
Le parc national<br />
© City of Delfzijl<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
101<br />
Delfzijl se trouve à proximité d’un parc national<br />
exceptionnel, la Mer des Wadden, qui constitue un<br />
écosystème vulnérable. Les gouvernements<br />
néerlandais et allemand ont récemment entrepris<br />
des démarches pour faire inscrire la Mer des<br />
Wadden sur la liste de patrimoine mondial de<br />
l’Unesco ce qui implique davantage de restrictions<br />
pour les activités industrielles et urbaines le long de<br />
la côte de la Mer du Nord.
102<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Delfzijl, la métamorphose est en cours mais des défis environnementaux doivent encore être<br />
relevés<br />
Il est évident qu’il existe des conditions sine qua non à l’aménagement ville/port.<br />
1. les limites de bruit doivent être respectées ;<br />
2. il est hors de question d’envisager l’installation de nouvelles industries à haut risque à<br />
proximité des quartiers résidentiels ;<br />
3. le développement des espaces de loisirs à proximité du port (par exemple sur la plage et la<br />
marina) doit faire l'objet de réflexions approfondies;<br />
4. l’aménagement ville/port pourrait impliquer le déplacement d’entreprises ou de fonctions<br />
urbaines.<br />
L’ensemble des acteurs devra travailler en étroite collaboration pour surmonter les différentes<br />
difficultés et construire un sens partagé de la coexistence.<br />
Source :<br />
PCP Project - Newsletter N°6, Avril 2007 - Rédigée par Herman Nunnink, Groningen Seaports, en coopération<br />
avec Harm Wessels, Senior Advisor Spatial Planning, City of Delfzijl<br />
Informations complémentaires :<br />
City of Delfzijl<br />
http://www.delfzijl.nl<br />
Groningen Seaports<br />
http://www.groningen-seaports.com
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
<strong>LE</strong> PROJET URBAIN DES QUARTIERS SUD DU HAVRE ET L'INTERFACE <strong>VIL<strong>LE</strong></strong> / <strong>PORT</strong><br />
Les Quartiers Sud du Havre se déploient sur la ville basse, de l’entrée de l’agglomération à l’entrée du<br />
centre-ville. Cette zone urbaine, proche de l’estuaire de la Seine, couvre 800 ha. Installée en limite<br />
Sud de l’agglomération et en contact direct des quartiers du centre-ville, ce secteur s’appuie sur les<br />
zones portuaires et industrielles. Les Quartiers Sud constituent le cœur de la vie économique de<br />
l’agglomération (9% des emplois du bassin d’emploi). Ils constituent un territoire d’enjeux majeurs<br />
pour le développement urbain, le développement portuaire et le développement économique.<br />
C’est pourquoi la Ville s’est dotée d’un projet urbain fort pour revitaliser ce territoire et dynamiser<br />
l’économie de toute une région. Le projet urbain s’appuie sur l’histoire, les formes urbaines, et<br />
l’identité des quartiers. Ce projet ambitieux à long terme (2020) est d’ores et déjà opérationnel à<br />
travers une première phase conduite avec succès par la Ville et ses partenaires publics et privés.<br />
L'enjeu consiste aujourd'hui à continuer ce projet ambitieux de reconquête urbaine de 800 hectares<br />
d'interface ville/port tout en réunissant les conditions d'un développement durable et harmonieux des<br />
fonctions économiques, notamment portuaires.<br />
Le Havre, une métropole portuaire ouverte sur le monde<br />
Avec 255 000 habitants en 1999, l’agglomération havraise (25 ème agglomération nationale) est une<br />
agglomération de taille moyenne, qui compte 17 communes et qui est organisée autour de la ville du<br />
Havre (190 000 habitants), 11 ème ville de France.<br />
Situé en limite Sud du plateau de<br />
Caux et sur la rive droite de<br />
l’Estuaire de la Seine, Le Havre est<br />
le principal port de la façade ouest<br />
française. A l’entrée du « Range<br />
Nord-Européen », sur la mer la<br />
plus fréquentée du globe, Le Havre<br />
est distant par voie fluviale, ferrée<br />
et autoroutière d’environ 90 km de<br />
Rouen, préfecture du département,<br />
et de 200 km de Paris. En raison<br />
de l’importance majeure de la<br />
fonction portuaire et des conditions<br />
historiques et géographiques de<br />
son développement,<br />
l’agglomération havraise présente<br />
une originalité certaine dans<br />
l’armature urbaine nationale.<br />
Depuis sa création, Le Havre est, en effet, traditionnellement tournée vers la mer. Aux fonctions<br />
militaires initiales, des fonctions commerciales (porte des colonies, négoce du café, place financière)<br />
se sont substituées et la ville s’est largement étendue sur les marais et les collines environnantes. Dès<br />
les années 30 du XXème siècle, un fort développement industrialo-portuaire a permis la poursuite de<br />
cet essor et marque encore aujourd’hui le positionnement économique de l’agglomération.<br />
Le pont de Normandie et la réalisation de l’autoroute A29, placent désormais Le Havre sur la « route<br />
des Estuaires », élément du grand axe atlantique européen qui reliera l’Europe du Nord-Ouest<br />
(Belgique, Pays-Bas) à l’Europe du Sud (péninsule ibérique).<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
103
104<br />
La Ville du Havre<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
La ville du Havre est une ville récente de 5 siècles. Elle a été rasée à 80% en 1944 et reconstruite par<br />
l’architecte Auguste PERRET. Son centre ville Perret est classé Patrimoine de l’humanité depuis juillet<br />
2005.<br />
Parallèlement aux travaux de reconstruction d’après guerre, la Ville du Havre a continué son<br />
expansion spatiale par assimilation des communes périphériques. Le moteur du développement des<br />
années 60-70 résultait d’une volonté de développer l’industrie en France et, pour la Basse-Seine, de<br />
constituer un pôle majeur autour des secteurs de l’automobile et de la pétrochimie.<br />
Elle est aujourd’hui la 11 ème ville de France, mais avec une démographie décroissante depuis 20 ans.<br />
Son image de ville industrielle, austère, est en train de changer grâce aux nombreux projets urbains.<br />
Une métropole ouverte sur le monde :<br />
1 ère ville de Normandie, Le Havre bénéficie d’une localisation géographique attractive, sur la mer la<br />
plus fréquentée du globe et à moins de 2 heures de Paris.<br />
Une place de commerce international :<br />
La présence de sièges régionaux opérant sur les 5 continents et de grands groupes internationaux<br />
conforte la région havraise dans son rôle historique de centre de commerce.<br />
Un pôle industriel européen :<br />
Aéronautique, pétrochimie, automobile, éco industrie, packaging…<br />
En haute technologie, innovation et performance, le pôle industriel de la région havraise affiche sa<br />
vitalité. Des nacelles de l’Airbus A380, à la production du tiers du carburant français, ce pôle joue un<br />
rôle important dans le dynamisme économique du pays.<br />
Patrimoine Mondial de l’humanité :<br />
En inscrivant en 2005 le centre-ville du Havre reconstruit par Auguste Perret au patrimoine mondial de<br />
l’humanité, l’Unesco récompense l’œuvre exceptionnelle du célèbre architecte et place la ville aux<br />
côtés des plus grandes références historiques mondiales.<br />
Station balnéaire et nautique :<br />
Labellisée station balnéaire et station nautique, port d’escale des plus grands paquebots, Le Havre<br />
offre tous ses atouts touristiques d’une métropole océane : une plage de 2 km en centre ville, un port<br />
de plaisance de 1500 anneaux, la pratique de tous les sports nautiques, un casino… illustration de<br />
cette vocation maritime naturelle, Le Havre est depuis 1991 la ville départ de la célèbre transat<br />
Jacques Vabre entre la France et le Brésil.<br />
Le Port du Havre, porte océane entre l’Europe et le monde :<br />
1er port français pour les conteneurs, Le Havre constitue le fer de lance du commerce extérieur<br />
national dont il est l’acteur majeur des flux maritimes. Avec plus de 70 lignes régulières, 600 ports<br />
touchés et la mise en service de Port 2000, le port du Havre représente un véritable accélérateur de<br />
croissance économique.<br />
Le Port du Havre<br />
Port maritime en eau profonde, sans limitation de tirant d’eau et totalement libéré des contraintes des<br />
marées, le port du Havre est situé au cœur de la façade maritime Nord Ouest de l’Europe, à l’entrée<br />
de l’estuaire de la Seine. Il est le leader français sur cette façade. C’est le premier port français pour<br />
les conteneurs et les marchandises diverses.<br />
Avec la mise en service des 2 premiers postes à quai en 2006, puis des 2 suivants en 2007, Port 2000<br />
qui comportera à terme 12 postes, donne au port du Havre les moyens d’améliorer sa position dans le<br />
peloton de tête des ports du Nord de l’Europe.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Positionnement national et international : 1er port français pour le commerce extérieur et les<br />
conteneurs – 6ème port européen<br />
Emprise du site portuaire havrais : 9 500 ha, dont 1500 ha de plans d'eau (hors partie maritime de la<br />
circonscription)<br />
Statut administratif et juridique : Port autonome, établissement doté de la personnalité civile et de<br />
l'autonomie financière, placé sous la tutelle du ministre chargé des ports maritimes et soumis au<br />
contrôle économique et financier de l'État.<br />
Trafic du port du Havre en millions de tonnes (2006) :<br />
- Trafic total: 73,8<br />
• marchandises diverses : 22,7<br />
• vrac liquides : 47,5<br />
• vrac solides : 3,6<br />
- conteneurs (EVP) : 2,1 millions<br />
- passagers : 800 000<br />
Nombre d’emplois directs : 16 000 emplois dans les activités maritimes et portuaires<br />
La capacité d’accueil des conteneurs sera multipliée par 3 avec Port 2000 : de 2 à 6 millions EVP. A<br />
long terme, compte tenu de la capacité de Port 2000, et du dynamisme conjugué de la mondialisation<br />
et du trafic des conteneurs, le port du Havre devra procéder à de nouveaux aménagements majeurs<br />
pour conforter sa présence et valoriser les atouts que lui confèrent sa position géographique à l'entrée<br />
de l'Europe du nord.<br />
L'actuel avant port présente un potentiel fort qui permettrait d'aménager un terminal conteneurs<br />
disposant d'excellentes conditions nautiques, sans contraintes d'écluses et de marées.<br />
La recomposition de cet espace à proximité de l'interface ville-port devra se faire en articulant au<br />
mieux les problématiques de dessertes terrestres à la fois fluviales, ferroviaires et routières qui<br />
borderont une partie des quartiers sud, tout en garantissant aux activités portuaires existantes - telles<br />
que les filières agroalimentaires, énergétiques et la croisière - les marges manœuvres de manœuvre<br />
et les espaces nécessaires à leur développement.<br />
Dans ce contexte, la gestion de l'interface entre Ville et le Port sera un facteur majeur du<br />
développement du port qui, après s'être régulièrement étendu loin de la ville, reviendrait dans<br />
l'agglomération, à proximité d'une zone particulièrement stratégique pour le renouvellement urbain :<br />
les Quartiers Sud du Havre.<br />
C’est pourquoi, parallèlement au programme d’investissement économique d’intérêt national que<br />
constitue Port 2000, la Ville du Havre s’est engagée dans une opération importante de régénération<br />
sociale, environnementale et économique durable des Quartiers Sud. Elle a reçu l'appui de l'Union<br />
Européenne au travers du Programme d'Initiative Communautaire URBAN (PIC Urban).<br />
Les quartiers Sud, un territoire d'enjeux majeurs<br />
Les caractéristiques physiques des quartiers Sud<br />
Les Quartiers Sud du Havre se déploient sur la ville<br />
basse, de l’entrée de l’agglomération à l’entrée du<br />
centre-ville. Cette zone urbaine, proche de l’estuaire<br />
de la Seine, couvre 800 ha.<br />
Installé en limite Sud de l’agglomération et en contact<br />
direct des quartiers du centre-ville, ce secteur, dont les<br />
limites Sud et Est s’appuient sur les zones portuaires<br />
et industrielles, est composé de 5 quartiers<br />
principaux : Saint-Nicolas de l’Eure, Brindeau,<br />
Vallée/Béreult, Champs Barets, Les Neiges.<br />
© AURH<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Les Quartiers Sud du Havre dans<br />
l’agglomération<br />
105
106<br />
Les Quartiers Sud<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Dans ces quartiers, résident un peu plus de 17 000 habitants (recensement de 1999), qui côtoient de<br />
l’ordre de 1 500 entreprises employant environ 11 500 salariés privés. Les activités dominantes<br />
(transport, construction mécanique, bâtiment et travaux publics) voisinent avec 7 000 logements dont<br />
3 400 logements sociaux.<br />
Les Quartiers Sud ont une histoire étroitement liée à celle du port du Havre dont l’extension a été<br />
guidée par la croissance de l’activité maritime. Ils sont restés à l’écart du mouvement d’urbanisation et<br />
de développement économique jusqu’à la moitié du 19 ème siècle, quand la création des bassins et des<br />
docks et les premières implantations industrielles ont entraîné le développement de l’habitat jusqu’à<br />
ce qu’un certain équilibre s’installe dès le début du 20 ème siècle.<br />
La "Plaine de l’Eure" s’urbanisa ainsi à partir de 1875 avec, comme caractéristique principale,<br />
l’accompagnement de chaque implantation industrielle par son lot de logements. Ce mode<br />
d’urbanisation, au coup par coup (à l’exception du quartier Saint-Nicolas), sans autre but que de loger<br />
à proximité des usines les populations ouvrières y travaillant, est à l’origine des grandes<br />
caractéristiques des Quartiers Sud :<br />
l’enchevêtrement habitat/activités;<br />
le caractère hétérogène et dispersé du tissu urbain;<br />
le poids très important des grandes propriétés privées;<br />
la prédominance d’une population ouvrière.<br />
Toutefois, après 1918, la fonction résidentielle entame un long déclin, suite à l’éloignement des<br />
activités portuaires et industrielles vers le Sud-Est dans l’entre-deux guerres, puis au développement<br />
du logement collectif sur la partie haute de la ville dans les années 1960/1970 dont les<br />
caractéristiques répondaient mieux aux attentes des populations.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Bassin Vauban et docks, vers 1930 Bassin fluvial, vers 1920<br />
© Collection des musées historiques © Collection des musées historiques<br />
L’apparition des conteneurs dans les années 1970 a constitué une véritable révolution dans le<br />
commerce international, et le transport maritime en particulier, et provoqué l’abandon des ports<br />
historiques : petits bassins et docks, au profit de terre-pleins immenses et de ports profonds capables<br />
d’accueillir des portes conteneurs de plus en plus importants.<br />
Il convient d’ajouter à cela l’effondrement progressif<br />
des métiers et activités traditionnels (dockers et<br />
marins/fonctions portuaires) qui fondaient l’identité<br />
et la cohérence – sociale et urbaine – de ces<br />
quartiers, mais qui se sont quelque peu trouvés en<br />
déshérence depuis une trentaine d’années. La ville<br />
du Havre, a l’instar de toutes les villes portuaires du<br />
monde (New York, Liverpool, Rotterdam,<br />
Barcelone…) s’est retrouvée, au début des années<br />
1980 avec d’immenses friches industrielles et<br />
portuaires à proximité de son centre ville et en<br />
entrée principale de la commune. Ce territoire, jadis<br />
plein<br />
de vie et de dynamisme économique et social, est<br />
devenu un espace désert, dégradé contribuant ainsi à<br />
la stigmatisation des quartiers et de l’ensemble de la<br />
Ville. Tout ceci provoque donc un réel déséquilibre des<br />
fonctions urbaines et activités humaines.<br />
Rue Bellot, 2002 © Ville du Havre<br />
Toutefois, les Quartiers Sud disposent de quelques atouts structurels :<br />
une excellente localisation, à proximité du centre décisionnel de la Ville et de la gare intermodale,<br />
au contact de la zone portuaire, et reliés directement aux principaux axes routiers (autoroutes A131,<br />
A25, route nationale RN15, etc.).<br />
présence de bassins portuaires;<br />
présence d’un patrimoine architectural du 19 ème siècle;<br />
potentialités foncières importantes constituées par des friches industrialo-portuaires.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
107
108<br />
© Ville du Havre<br />
Les principaux enjeux<br />
Les quartiers Sud constituent un territoire d’enjeux majeurs pour :<br />
le développement portuaire :<br />
- proximité du port actif ;<br />
- présence de bords à quais et terre-pleins (port ouest) offrant des<br />
opportunités de développement ;<br />
- excellente desserte multimodale.<br />
Le développement urbain :<br />
- proximité du centre ville, de la gare intermodale et des principaux pôles<br />
d’activités économiques de l’agglomération ;<br />
- présence de l’eau, facteur d’attractivité ;<br />
- présence de propriétés foncières offrant des opportunités de<br />
développement ;<br />
- présence d’équipements structurants : université, salle de spectacle, parc<br />
d’exposition…<br />
le développement économique :<br />
- site à l’interface ville / port;<br />
- un poids central dans l’économie de l’agglomération ;<br />
- un potentiel de croissance confirmé ;<br />
- une excellente desserte multimodale.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Ainsi, le domaine portuaire environnant les quartiers sud abrite plusieurs sites (bassins, terre-pleins,<br />
quais, bâtiments…) délaissés de façon plus ou moins permanente par l'activité portuaire et<br />
industrielle. Ce patrimoine, qui bénéficie d'une position privilégiée au bord de l'eau, constitue une<br />
opportunité exceptionnelle pour l'implantation de fonctions urbaines à forte valeur ajoutée<br />
(équipements d'agglomération, immobilier d'entreprise, résidence, etc.).<br />
Situés à proximité du centre et de l'entrée du Havre, ces espaces d'interface Ville-Port représentent<br />
ainsi un potentiel de premier ordre pour la structuration et l'équipement de la ville et l'attractivité de<br />
l'agglomération.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Dans cette logique, plusieurs opérations d'aménagement ont été réalisées ou sont actuellement<br />
envisagées : salle de spectacle ("Docks Océanes"), Centre d’exposition ("Docks Café"), Centre<br />
commercial de loisirs ("Docks Vauban"), Centre de la mer et du développement durable, Complexe<br />
aquatique, Clinique privée, Siège de la Chambre de commerce et d’industrie, … et le Parc Urbain<br />
Saint Nicolas.<br />
Le pouvoir d’entraînement de ces réalisations, l’effet levier du Pic Urban et la compétence des grands<br />
noms d’architecture et d’urbanisme (J. Nouvel, B. Reichen, B. Fortier, JP. Viguier) présagent le<br />
succès du projet urbain concourant ainsi au positionnement du Havre comme « la métropole maritime<br />
internationale de l’estuaire de la Seine ».<br />
Les principaux objectifs<br />
© Ville du Havre<br />
La stratégie de développement des Quartiers Sud s’organise autour des trois objectifs suivants :<br />
Conforter leur positionnement à l’échelle de l’agglomération :<br />
en leur donnant un rôle moteur dans le développement de la région havraise, par la constitution<br />
d’une offre de produits innovants et exemplaires, au moyen d’investissements publics et privés<br />
dans les équipements intéressants l’ensemble de l’agglomération (centre de la mer et du<br />
développement durable, complexe aquatique, centre commercial de loisirs, clinique privée,<br />
caserne des pompiers, …), dans la lignée de ceux récemment réalisés (Docks Café, Docks<br />
Océane, équipements universitaires) ;<br />
en améliorant le cadre de vie à partir d’une offre urbaine attractive (en exploitant notamment les<br />
éléments des patrimoines urbain et portuaire remarquables) pour que la qualité urbaine constitue<br />
un véritable « ciment social » réconciliant l’habitant avec son environnement et permette d’engager<br />
une nouvelle croissance en attirant de nouveaux investisseurs ;<br />
en développant une politique innovante de lutte contre la dégradation de l’environnement<br />
économique et urbain.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
109
110<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Assurer la coexistence de la fonction résidentielle et de la vocation économique :<br />
en organisant l’aménagement et le développement des Quartiers Sud dans le cadre d’une<br />
approche intégrée, destinée à retrouver les compatibilités entre les vocations et activités humaines<br />
et économiques, et à favoriser les synergies et les mixités ;<br />
en développant une stratégie foncière forte pour accompagner ou anticiper les mutations foncières;<br />
en favorisant l’accueil de nouvelles entreprises porteuses de valeur ajoutée ;<br />
en mettant en œuvre une politique ambitieuse d’amélioration de l’habitat existant ;<br />
en réorganisant le plan de déplacements et en améliorant les conditions de circulation.<br />
Améliorer le fonctionnement social :<br />
en favorisant la vie associative ;<br />
en développant l’offre d’équipements de proximité et les pratiques culturelles et de loisirs et en<br />
restaurant dans les quartiers les conditions de base d’une vie sociale ;<br />
en remettant les habitants en voie de marginalisation et en très grande difficulté dans un processus<br />
de réinsertion sociale et économique en favorisant, par des actions ciblées, le retour ou l’accès à<br />
l’emploi et la formation ;<br />
en optimisant les politiques sociales en faveur des plus démunis.<br />
Les orientations stratégiques en matière d'aménagement<br />
Le Master plan<br />
La Ville du Havre a confié à l’Agence d’Urbanisme de la Région Havraise (AURH) l’élaboration d’un<br />
« Master plan » devant définir les grandes orientations stratégiques pour le développement de ce<br />
territoire à horizon 2020. Cette mission, conduite de 2002 à 2006, sous l’égide d’un comité de pilotage<br />
composé de 4 acteurs majeurs (la Ville, le Port Autonome, la Communauté d’agglomération, et la<br />
Chambre de Commerce et d’Industrie) a abouti à un projet partagé pour le développement durable<br />
des quartiers sud.<br />
Le « Master plan » n’est pas uniforme dans ses contenus, le degré d’appréciation de l’avenir des<br />
sous-ensembles des Quartiers Sud étant à mettre en rapport avec leurs rôles et leurs réalités dans ce<br />
vaste territoire composite. Il s’agit d’un outil évolutif dont la finalité est de permettre aux acteurs<br />
d’effectuer des choix et des priorités de mise en œuvre.<br />
Le « Master plan » est donc un projet de projets qui détermine des secteurs d’intervention, d’échelles<br />
et d’envergures variables dans le temps. Il a pour objectif de définir une cohérence générale entre les<br />
différents projets. C’est la dynamique entretenue entre ces projets qui fabriquera, au fil des années la<br />
crédibilité du réinvestissement des Quartiers Sud.<br />
Ainsi, le principe d’action passe par la mise en place d’une stratégie opérationnelle qui consiste à<br />
révéler et à s’appuyer sur des sites d’enjeux à partir desquels des effets de diffusion et de synergie<br />
sont attendus pour accompagner le processus de réinterprétation urbaine. La construction du projet<br />
intègre :<br />
les constantes incontournables que sont la présence de l’eau à travers les bassins, les bords à<br />
quai et les canaux ;<br />
les projets d’intérêt local ou d’intérêt supracommunal.<br />
Les Quartiers sud sont, pour l’ensemble du partenariat, un territoire d’enjeux d’agglomération où deux<br />
problématiques incontournables sont à prendre en compte :<br />
le développement urbain fondé sur la mixité fonctionnelle ;<br />
l’accueil d’activités économiques, à pérenniser et à redynamiser.<br />
Trois périmètres ont été définis, dont les deux premiers sont jugés prioritaires :<br />
un périmètre dans lequel l’objectif est de développer des fonctions urbaines mixtes : logement,<br />
tertiaire et tertiaire supérieur ;<br />
un périmètre orienté vers l’accueil et le développement de fonctions économiques à valeur<br />
ajoutée ;<br />
un périmètre faisant encore l’objet d’interrogations quant aux orientations d’avenir à y promouvoir.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Une telle démarche permet d’associer, dans une vision d’ensemble et partagée à long terme, un<br />
périmètre d’action et un périmètre de réflexion sans que les décisions prises sur l’un des périmètres<br />
n’obèrent l’avenir de l’autre.<br />
Développement de<br />
fonctions urbaines mixtes<br />
Sites et projets majeurs © AURH<br />
Développement de fonctions<br />
économiques à valeur ajoutée<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
111<br />
Des perspectives de<br />
développement à long terme à<br />
définir
112<br />
Le projet opérationnel<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Les Quartiers Sud constituent le cœur de la vie économique de l’agglomération (9% des emplois du<br />
bassin d’emploi). C’est pourquoi la Ville s’est dotée d’un projet urbain fort pour revitaliser ce territoire<br />
et dynamiser l’économie de toute une région.<br />
Le projet urbain s’appuie sur l’histoire, les formes urbaines, et l’identité des quartiers.<br />
Ce projet ambitieux à long terme (<strong>LE</strong> HAVRE 2020) est d’ores et déjà opérationnel à travers une<br />
première phase conduite avec succès par la Ville et ses partenaires publics et privés.<br />
Cette première phase met en application les orientations stratégiques en matière d’aménagement,<br />
arrêtées par le comité de pilotage du « master plan » :<br />
Constituer l’hypercentre en améliorant l’attractivité ;<br />
Constituer des centralités secondaires en confortant les identités ;<br />
Améliorer le cadre de vie en apaisant les déplacements et les conflits d’usage.<br />
Création d’un centre ville élargi (« l’hypercentre ») :<br />
Le quartier Saint Nicolas, situé à l’extrême Ouest des Quartiers Sud, devra permettre l’expansion du<br />
centre ville en accueillant des équipements structurants d’intérêt d’agglomération : centre commercial<br />
de loisirs, complexe aquatique, centre de la mer et du développement durable, parc urbain, clinique …<br />
Son désenclavement par le franchissement du bassin Vatine prolonge le centre ville, inscrit au<br />
patrimoine mondial de l’humanité, tout en répondant aux besoins de l’agglomération en termes<br />
d’équipements structurants.<br />
Création de centralités secondaires (« cœur de quartier ») :<br />
Compte tenu de l’étendue de ce territoire (800 hectares) et des spécificités morphologiques et<br />
historiques de chacun des sous quartiers, la création de cœurs de quartiers permet d’améliorer le<br />
fonctionnement social et la lisibilité urbaine.<br />
Chaque centralité s’appuie sur :<br />
la création d’un équipement public de proximité : médiathèque à Brindeau, Pôle de vie sociale à<br />
Vallée Béreult ;<br />
la requalification du cadre de vie : rénovation des espaces publics, ravalement des façades et<br />
densification résidentielle.<br />
A travers la qualité de cette première phase, la ville a démontré sa volonté de valoriser ces territoires<br />
à travers de nouvelles fonctions capables de générer une dynamique territoriale et un effet<br />
d'entraînement pour la commune et l'agglomération.<br />
L'enjeu consiste aujourd'hui à continuer ce projet ambitieux de reconquête urbaine de 800 hectares<br />
d'interface ville/port tout en réunissant les conditions d'un développement durable et harmonieux des<br />
fonctions économiques, notamment portuaires.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
AVANT / APRES<br />
Rue Bellot© Ville du Havre<br />
Quai de la Saône© Ville du Havre<br />
Quai de la Saône© Ville du Havre<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
113
114<br />
Source:<br />
AVANT / APRES<br />
Vue d’ensemble du quartier de l’Eure © Ville du Havre<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
PCP Project - Newsletter N°7, mai 2007 - Rédigée par Ouahid Dorbane, Délégué Général au Développement des<br />
Quartiers Sud, Ville du Havre<br />
Avec la collaboration de : Cyril Chédot, Chargé de Mission Développement local, Port Autonome du Havre, et<br />
Denis Davoult, Association Internationale Villes et Ports<br />
Informations complémentaires:<br />
Ville du Havre, Grands projets:<br />
http://www.ville-lehavre.fr/delia-CMS/grands_projets/index/article_id-/topic_id-439/accueil.html<br />
Port du Havre<br />
http://www.havre-port.net/pahweb.html
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Synthèse des travaux : recommandations et bonnes pratiques<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
115<br />
Association Internationale Villes et Ports<br />
Les stratégies de redéveloppement des espaces de liaison ville-port auront été au coeur des réunions<br />
de travail organisées durant 18 mois chez les partenaires de ce projet européen. Les débats auxquels<br />
elles ont donné lieu et les visites techniques sur site qui étaient à chaque fois organisées auront<br />
permis aux partenaires de prendre plus encore toute la mesure des enjeux, contraintes et défis à<br />
relever pour parvenir à une mixité durable sur ces espaces ville-port. Le séminaire international<br />
organisé au Havre fin mai 2007 fut également l'occasion d'enrichir cet échange d'expériences par les<br />
contributions d'autres villes portuaires européennes. De ce travail d'échange et d'enrichissement<br />
commun, peuvent être dégagées différentes constantes qui sonnent comme autant de<br />
recommandations.<br />
Intégrer les espaces<br />
OBJECTIF 1 : RESPECTER <strong>LE</strong>S ACCES AUX ESPACES <strong>PORT</strong>UAIRES<br />
Recommandation 1. Redéfinir les plans de déplacement urbain<br />
et portuaire<br />
Les besoins d'accès au port nécessitent une réflexion en amont des<br />
projets de redéveloppement ville-port sur les plans de déplacement<br />
urbain et portuaire. Cette réflexion portera simultanément sur les flux<br />
de personnes et de marchandises et concernera tous les modes de<br />
transport.<br />
Recommandation 2. Evaluer les incompatibilités et prévenir les<br />
aménagements irréversibles<br />
Des implantations de logements ou des comblements de bassins<br />
peuvent constituer des stratégies irréversibles obérant pour le futur<br />
la totalité ou une partie des activités portuaires existantes. Pour<br />
éviter ce type d'écueil, un inventaire des emprises portuaires, des<br />
dessertes existantes et leurs évolutions potentielles au regard de<br />
scénarii de développement du port posera les différentes options de<br />
(re)développement urbain et portuaire. Il mesurera en particulier les<br />
compatibilités - et tout autant les incompatibilités - entre emprises et<br />
dessertes portuaires d'une part, et projet d'aménagement urbain<br />
d'autre part.<br />
Recommandation 3. Faire des nouvelles dessertes une<br />
opportunité pour se doter de nouveaux espaces<br />
L'établissement d'un nouveau schéma de dessertes constituera à la<br />
fois un outil pour améliorer la compétitivité du port et pour réduire<br />
l'impact généré par ses activités. De façon concomitante, la création<br />
de nouveaux accès sera également un moyen pour libérer des<br />
espaces pour des développements urbains ou portuaires.<br />
A Gdansk, sur le secteur du Przemyslowe<br />
Quay ("inner port"), la création d'une<br />
nouvelle desserte donnera accès à 120 ha<br />
de terrains supplémentaires pour des<br />
activités portuaires (Cf. p. 53).<br />
A l'inverse à Valparaiso la création d'une<br />
zone d'activités logistiques à l'extérieur de la<br />
ville et d'une desserte dédiée au trafic<br />
portuaire a permis de libérer en front de mer<br />
des terrains pour du redéveloppement<br />
urbain et commercial.
116<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
OBJECTIF 2 : SOIGNER L'ACCESSIBILITE DES SITES D'INTERFACE <strong>VIL<strong>LE</strong></strong>-<strong>PORT</strong><br />
Recommandation 4. S'appuyer sur la trame existante et la<br />
compléter<br />
La prolongation de la trame des dessertes existantes (routière,<br />
ferroviaire) vers le territoire ville-port en développement est un<br />
moyen d'intégrer ces sites à la structure urbaine. Elle devra être<br />
complétée le plus souvent par la réalisation de nouvelles connexions<br />
pour contribuer au désenclavement physique du site : accès<br />
piétons, vélos, tramway, bus, etc. En cas de présence<br />
d'infrastructures "barrière" (voies ferrées, routes importantes, etc),<br />
ces nouvelles connexions seront d'autant plus importantes. Elles<br />
prendront la forme de ponts, passerelles, tunnels, voies de<br />
contournement…<br />
Recommandation 5. Etre attentif aux liaisons vers les terminaux<br />
passagers<br />
Les terminaux passagers peuvent être des constructions totalement<br />
nouvelles ou être aménagés dans des bâtiments portuaires<br />
réaffectés. Mais entre deux sites d'implantation possibles sur le plan<br />
nautique, priorité sera donnée à celui offrant les meilleurs accès au<br />
centre ville : distance, cheminement piétons sécurisé, aménagement<br />
paysagé, etc. La qualité des liaisons entre les terminaux passagers<br />
et la ville sera essentielle pour la valorisation touristique et la<br />
création de valeur ajoutée.<br />
Intégrer la dimension urbaine<br />
OBJECTIF 1 : TRAITER <strong>LE</strong> <strong>PORT</strong> COMME UN ESPACE URBAIN<br />
Recommandation 6. Jouer la carte de la qualité architecturale<br />
La recherche d'une architecture de qualité pour des bâtiments<br />
portuaires nouveaux ou réutilisés sera préférée à une simple<br />
architecture utilitaire et uniquement fonctionnelle. Cette recherche<br />
prendra en compte les bâtiments urbains existants en vis-à-vis.<br />
Cette approche globale contribuera à une intégration optimisée.<br />
Recommandation 7. Soigner le traitement des éléments de<br />
séparation<br />
Au même titre que pour le mobilier urbain, un traitement<br />
architectural sera porté au "mobilier portuaire" tel que les barrières<br />
qui, pour des raisons de sécurité, limitent les accès à certaines<br />
zones portuaires. Aux murs ou grilles de protection assurant une<br />
stricte fonction de séparation et de sécurisation, seront substituées<br />
des solutions combinant fonctionnalité, qualité du design, intégration<br />
dans le paysage, transparence, etc.<br />
OBJECTIF 2 : RENDRE <strong>LE</strong> <strong>PORT</strong> VISIB<strong>LE</strong><br />
Recommandation 8. Combiner réduction des nuisances<br />
potentielles du port et ouverture visuelle sur l'eau et le port<br />
La hauteur, la volumétrie et l'orientation des bâtiments, les parcs<br />
urbains et les espaces publics ouverts... sont autant d'éléments sur<br />
lesquels intervenir pour optimiser l'intégration des sites d'interface<br />
ville-port avec le contexte urbain immédiat et les espaces portuaires<br />
et naturels existants. La solution optimum combinera minoration des<br />
nuisances potentielles liées aux activités portuaires avec une<br />
ouverture visuelle sur les bassins, sur le patrimoine portuaire<br />
réutilisé, mais aussi sur les activités du port.<br />
A Bremerhaven, une route à 4 voies sépare<br />
le centre-ville du site en redéveloppement<br />
"Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen). En<br />
complément du réaménagement des<br />
franchissements piéton déjà existants, la<br />
création d'une passerelle en verre a été<br />
décidée.<br />
A Paris, le port impose une architecture de<br />
qualité pour tous les entrepôts logistiques.<br />
Au Havre, sur l'une des franges des<br />
Quartiers Sud, des logements sont<br />
programmés en vis-à-vis d'activités de<br />
réparation navale. Un soin particulier a été<br />
apporté à la zone limitant ces 2 espaces :<br />
aux grilles ou murs de séparation classiques<br />
ont été préférés un traitement paysager et<br />
l'implantation d'une grille au design soigné,<br />
adoucissant visuellement cette fonction de<br />
barrière, et offrant par transparence une vue<br />
sur les activités de réparation.<br />
A Paris, l'implantation d'une centrale à béton<br />
sur les quais a été organisée en fonction de<br />
la trame urbaine afin de ne pas faire<br />
obstacle à des débouchés visuels sur la<br />
Seine.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
OBJECTIF 3 : EXPLOITER TOUT <strong>LE</strong> POTENTIEL DE L'EAU<br />
Recommandation 9. Faire de la voie d'eau un outil de transition<br />
douce<br />
Les plans d'eau portuaires et les terre-pleins adjacents ne<br />
conviennent pas que pour le trafic océanique ou côtier. Là où des<br />
voies navigables de qualité relient le port à son arrière-pays, la<br />
navigation intérieure est un mode de transport à privilégier dans une<br />
optique de développement durable. Les installations destinées au<br />
traitement de ces trafics, actuels et futurs, peuvent notamment<br />
correspondre à d'anciens terminaux maritimes déclassés. Ces<br />
installations fluviales (commerciales ou de stationnement entre deux<br />
voyages) sont propices à l'organisation d'un decrescendo entre le<br />
port actif et la ville.<br />
Recommandation 10. Partager l'usage de l'eau<br />
La présence de l'eau et des bassins caractérise à elle seule<br />
l'interface ville port. Sa valorisation est essentielle. Plusieurs options<br />
sont possibles :<br />
- lorsque la topographie est adaptée, la réalisation de "waterways<br />
corridors" permettra de préserver des corridors spécifiques pour<br />
les usages portuaires, tout en offrant le reste des surfaces d'eau<br />
à des usages plus urbains.<br />
- des outils de planification existent également pour envisager des<br />
stratégies de temps partagé de l'eau et des bassins. Ils<br />
reposeront sur un inventaire préalable des infrastructures<br />
portuaires et des équipements urbains existants, de leurs<br />
fonctions, et des usages qui sont faits de l'eau tout au long de la<br />
journée. L'évolution de ces infrastructures et de ces activités<br />
(maintien, renforcement, transformation) pourra alors être<br />
intégrée dans une stratégie d'ensemble du site.<br />
Recommandation 11. Favoriser les déplacements de la<br />
population par voie d'eau<br />
Dans certaines villes portuaires, la géographie des lieux rend<br />
particulièrement pertinent le transport des personnes par voie d'eau<br />
communément appelés "Blue transport" : water-taxi, navettes<br />
fluviales, etc. A l'amélioration de l'accessibilité des sites ville port, ils<br />
apporteront une double contribution :<br />
- environnementale par la réduction du transport terrestre ;<br />
- identitaire par le renforcement de l'atmosphère maritime des<br />
lieux.<br />
Recommandation 12. Déplacer la ville vers le port… sur l'eau<br />
Les équipements urbains sur l'eau (restaurant flottant, cinéma<br />
flottant, housing boat, etc.) sont le plus souvent devenus fixes. Dans<br />
de nombreux cas, ils sont implantés dans des sites reconvertis<br />
majoritairement vers des fonctions plus urbaines. Ils sont dès lors<br />
davantage une simple référence à l'atmosphère maritime des lieux.<br />
En multipliant les points d'amarrage possibles dans le port et en leur<br />
rendant leur caractère de mobilité, ils deviendront une véritable<br />
ouverture de la ville sur son port.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
117<br />
A Anvers, un "waterplan" a été élaboré pour<br />
le secteur d'Elandje et a été intégré au<br />
masterplan conçu pour l'ensemble du site.<br />
A Melbourne, un inventaire des différents<br />
usages de l'eau (activités portuaires,<br />
récréatives, sportives, etc.) et des<br />
équipements qui leur sont liés a été réalisé.<br />
Cet inventaire a permis une modélisation de<br />
ces différents usages dans le temps (qui,<br />
pour quelles activités et à quel moment ?) et<br />
dans l'espace (où, avec quelles emprises ?).<br />
Cette modélisation a permis d'initier une<br />
nouvelle stratégie d'usage des bassins<br />
fondée sur un partage du temps entre les<br />
différentes activités et sur une répartition<br />
des espaces affectés à telle ou telle activité.<br />
Cela a conduit également à une<br />
relocalisation de certaines de ces activités.<br />
A Amsterdam, au départ du site du NDSM<br />
wharf où est implantée une résidence<br />
universitaire, des navettes fluviales relient<br />
directement le centre-ville.<br />
A Copenhague, une scène ouverte flottante<br />
(théâtre, musique) a été réalisée. Six<br />
emplacements différents dans le port ont été<br />
aménagés pour l'accueillir y compris à<br />
proximité d'espaces portuaires plus<br />
contraints.
118<br />
3. Intégrer les fonctions<br />
OBJECTIF 1 : ORGANISER ET TIRER PROFIT DE <strong>LA</strong> MIXITE<br />
Recommandation 13. Utiliser toutes les solutions techniques et<br />
rechercher l'innovation<br />
De multiples solutions techniques (traitements du bâti, des lumières,<br />
des outils portuaires, des revêtements, etc.) existent désormais pour<br />
réduire les nuisances et rendre possible le contact entre activités<br />
portuaires lourdes et activités urbaines. La recherche et l'innovation<br />
en ce domaine seront soutenues afin de mettre en place des<br />
mesures toujours plus efficaces.<br />
Recommandation 14. Structurer des clusters maritimes, atouts<br />
de la complémentarité ville-port<br />
La mise en place de cluster maritime reposera sur un recensement<br />
préalable des différentes domaines d'activités et des acteurs publics<br />
et privés présents sur le site concerné par le redéveloppement. Ce<br />
recensement aboutira à identifier les intérêts économiques et<br />
sociaux communs à toutes les parties prenantes. En s'appuyant ou<br />
non sur une structure spécifique (groupe de travail informel,<br />
association d'usagers, communautés d'acteurs, etc), ces parties<br />
veilleront à conjuguer leurs actions dans les domaines de la<br />
recherche développement, de la communication, de la prospection<br />
internationale, etc. Institutions, collectivités, ports et entreprises<br />
engageront alors une véritable mixité gagnant gagnant apte à attirer<br />
sur le site de nouveaux partenaires.<br />
Recommandation 15. Privilégier des terminaux passagers<br />
mixtes, associant fonctions urbaines et portuaires<br />
En complément de la fonction portuaire d'accueil des voyageurs,<br />
l'aménagement d'un terminal passagers peut être l'opportunité pour<br />
la ville portuaire de développer des fonctions complémentaires plus<br />
urbaines. Cela pourra prendre deux formes :<br />
- une mixité horizontale qui reposera sur une juxtaposition<br />
d'équipements ;<br />
- une mixité verticale qui associera au sein d'un même bâtiment<br />
une activité portuaire à un niveau donné, et des fonctions<br />
urbaines sur d'autres niveaux. Cette solution, encore peu<br />
fréquente, offrira également l'avantage d'être moins gourmande<br />
en espace.<br />
Dans les deux cas, la mixité des fonctions urbaines et portuaires<br />
constituera un atout supplémentaire pour le site. Elle renforcera à la<br />
fois son identité et son attractivité.<br />
Cette juxtaposition ou cette imbrication d'usages urbains et<br />
portuaires permettra de lisser dans le temps les occupations du<br />
territoire et de répondre au caractère saisonnier des activités<br />
croisières en maintenant une activité permanente sur le site. Les<br />
contraintes liées à la sécurité devront être soigneusement évaluées<br />
pour, si nécessaire, faire évoluer ces équipements dans leur<br />
composante portuaire, ou dans leur composante urbaine.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
A Amsterdam, des murs aveugles ont été<br />
réalisés en arrière de bâtiments urbains<br />
implantés en zone portuaire.<br />
A Bremerhaven, des mesures<br />
compensatoires et des interventions sur le<br />
bâti existant ont permis de sauvegarder le<br />
village de Weddewarden, à proximité<br />
immédiate des nouveaux terminaux<br />
conteneurs. (Cf. p.63).<br />
A Anvers, l'enveloppement des navires en<br />
réparation autorise le maintien de cette<br />
activité au coeur d'une zone urbaine.<br />
A Bremerhaven, le projet "Fishing Port"<br />
propose une mixité d'activités portuaires<br />
(industrie de la pêche en particulier), de<br />
petites entreprises liées au port,<br />
d'établissements de formation et de<br />
recherche. Le programme sur le "Fishing<br />
Port" a conduit également à l'implantation<br />
d'équipements culturels et de fonctions<br />
touristiques : hôtellerie, restaurant,<br />
commerces, départ des visites du port<br />
(Cf. p. 69-70).<br />
Mixité horizontale : A Amsterdam, le terminal<br />
passagers est associé sur un même secteur<br />
avec des commerces, un espace de congrès,<br />
un hôtel, un espace culturel dédié à la<br />
musique (Cf. p. 27 ; 85)<br />
Mixité verticale : A Marseille, le projet des<br />
"Terrasses du Port" (Cf. p. 31) prévoit :<br />
au niveau du sol une gare maritime<br />
passagers ;<br />
aux niveaux supérieurs, des commerces<br />
complémentaires de l'offre commerciale<br />
du centre-ville proche ;<br />
en terrasse, une promenade avec vue sur le<br />
port.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
OBJECTIF 2 : JOUER SUR <strong>LA</strong> F<strong>LE</strong>XIBILITE ET NE PAS FIGER <strong>LE</strong>S ESPACES<br />
Recommandation 16. Faire des usages temporaires un outil de<br />
gestion du foncier<br />
Les sites d'interface ville-port sont des territoires riches de<br />
potentiels. Ils sont le plus souvent très convoités et doivent faire<br />
face à des pressions économiques fortes. Plutôt que vendre ou<br />
concéder certains espaces ou bâtiments en attente d'affectation,<br />
leur occupation temporaire permettra de répondre à certains<br />
besoins fonctionnels temporaires de la ville et du port. Les<br />
partenaires se donneront ainsi de la flexibilité pour anticiper sur les<br />
cycles de développement urbain et portuaire et ne pas obérer les<br />
évolutions futures par des aménagements irréversibles figeant les<br />
sites.<br />
Recommandation 17. Adapter l'usage urbain aux contraintes<br />
liées aux activités du port<br />
Le recours à des usages temporaires sur un site d'interface ville<br />
port sera souvent une solution d'attente et de transition pour<br />
satisfaire aux contraintes légales liées aux activités portuaires :<br />
risque, bruit, poussière, trafic…<br />
Ces usages temporaires, qui marqueront une étape intermédiaire<br />
du projet, se traduiront par :<br />
- l'implantation d'équipements urbains temporaires "légers" de<br />
type unités modulaires, constructions préfabriquées<br />
démontables, etc.<br />
- la construction de bâtiments évolutifs affectés dans un premier<br />
temps à un usage donné - bureaux par exemple - mais conçus<br />
pour pouvoir glisser aisément par la suite vers un autre usage –<br />
résidentiel par exemple. Ce glissement s'opérera en raison des<br />
nouveaux besoins fonctionnels des partenaires, de l'évolution de<br />
la législation, de changements dans l'activité portuaire voisine,<br />
voire de sa relocalisation, etc.<br />
Recommandation 18. Initier les développements des sites<br />
d'interface par l'usage temporaire<br />
Les usages temporaires pourront jouer un rôle de catalyseur en<br />
initiant une opération d'aménagement. Avant même que les<br />
aménagements définitifs soient réalisés, ils entraîneront une<br />
fréquentation des sites d'interface ville port concernés et leur<br />
réappropriation par leurs futurs occupants ou par la population.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
119<br />
A Gdansk, sur le secteur appelé à<br />
devenir le "new city district,"sont<br />
programmés des bureaux, des petites<br />
entreprises et le maintien d'activités de<br />
construction navale. Les logements et les<br />
équipements vulnérables tels les<br />
hôpitaux sont dans un premier temps<br />
exclus, ainsi que les activités<br />
industrielles (Cf. p. 56).<br />
A Amsterdam sur les secteurs de<br />
Houthaven et du NDSM Wharf, la<br />
réalisation de logements étudiants dans<br />
des modules de type conteneurs donne<br />
une identité portuaire forte à ces<br />
aménagements tout en signant leur<br />
caractère mobile et provisoire (Cf. p. 88).<br />
A Amsterdam également, la résidence<br />
étudiante réalisée dans un ancien bateau<br />
de croisière relève de la même<br />
démarche. On y retrouve en fait les<br />
mêmes éléments : le caractère<br />
temporaire de l'occupation du site par<br />
une population elle-même temporaire<br />
puisque se renouvelant régulièrement, et<br />
la référence explicite à la symbolique<br />
portuaire avec cette fois un navire.<br />
A Amsterdam toujours, des bâtiments<br />
évolutifs sont aujourd'hui implantés à<br />
proximité d'activités portuaires et<br />
accueillent des bureaux. Le site pourrait<br />
à terme devenir à dominante urbaine, ils<br />
pourraient évoluer alors vers du<br />
logement, mais pourraient tout aussi bien<br />
conserver leur vocation de bureaux si la<br />
nécessité de renforcer les activités<br />
portuaires devenait une priorité partagée.<br />
A Riga, pour amener la population sur le<br />
site d'Andrejsala, les acteurs ont misé<br />
sur l'implantation d'équipements culturels<br />
temporaires, et la réaffectation provisoire<br />
ou définitive de bâtiments portuaires pour<br />
des activités culturelles (Cf. p. 77-78).<br />
A Amsterdam des petites entreprises du<br />
secteur de l'industrie de la création<br />
occupent d'anciens ateliers portuaires qui<br />
ne sont pas encore reconvertis et sont<br />
situés dans un périmètre ne permettant<br />
pas l'implantation d'équipements urbains<br />
sensibles.
120<br />
Intégrer l'environnement<br />
OBJECTIF 1 : MINORER <strong>LE</strong>S IMPACTS RECIPROQUES<br />
Recommandation 19. Engager une démarche<br />
environnementale pro-active<br />
Les contraintes imposées par les législations nationales et supranationales<br />
sur l'environnement sont également l'occasion d'agir<br />
plutôt que de subir en engageant des stratégies<br />
environnementales dynamiques et anticipatrices. Celles-ci<br />
conduiront vers deux types de démarches complémentaires :<br />
- travailler en amont avec toutes les entreprises présentes sur<br />
le secteur industrialo-portuaire. Ce travail débutera dès les<br />
toutes premières phases de projets visant au maintien, à<br />
l'extension ou à l'implantation d'activités industrielles et<br />
portuaires. Il visera à étudier toutes les opportunités légales et<br />
toutes les solutions qui se présentent aux entreprises pour<br />
satisfaire à cette législation environnementale. Les impacts<br />
financiers seront évalués.<br />
- réaliser un inventaire et un diagnostic des impacts<br />
environnementaux des ports, en particulier sur les zones<br />
d'interface ville-port. Ce travail constituera une étape<br />
préliminaire de la mise en place des mesures et des outils de<br />
suivi et de management environnemental de l'interface villeport.<br />
Recommandation 20. Travailler sur les zones "tampon" et de<br />
transition<br />
Compte tenu des contraintes environnementales, la mise en place<br />
de zones "tampon" entre le front urbain existant ou futur et<br />
l'activité portuaire facilitera la cohabitation ville port. Différentes<br />
solutions s'offrent aux partenaires :<br />
- des zones "tampon" urbaines accueillant des équipements<br />
compatibles avec l'activité portuaire : bureaux, petites<br />
entreprises, équipements culturels, …<br />
- des zones "tampon" portuaires accueillant des équipements<br />
portuaires de moindre impact : petite logistique, trafics fluviaux<br />
en lien avec l'économie urbaine, base des activités de services<br />
au navire, "parking" fluvial, …<br />
- des zones tampon "vertes" issues soit de la préservation de<br />
zones à dominante rurale, soit de la création d'espaces verts.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
A Delfzijl, l'étroite proximité entre activités<br />
portuaires, industrielles et le centre-ville<br />
rend la situation particulièrement complexe<br />
et contraignante. Le travail mené avec<br />
toutes les entreprises concernées relève<br />
d'une part d'une stratégie d'information sur<br />
les impacts environnementaux et les<br />
différentes contraintes légales (telles que<br />
celles du noise zoning). Mais il s'agit<br />
ensuite, et surtout, d'étudier et décliner<br />
avec ces entreprises toutes les solutions, y<br />
compris l'abandon des projets et/ou la<br />
relocalisation des activités (Cf. séminaire<br />
final du projet PCP, mai 2007).<br />
C'est notamment avec ces objectifs qu'a<br />
été développé le projet européen "Sympic"<br />
dont le leader est le port de Valence (Projet<br />
présenté lors du séminaire final du projet<br />
PCP, mai 2007. Voir aussi :<br />
http://www.simpyc.info/fr/).<br />
Parmi les projets urbains dans les quartiers<br />
Sud du Havre, un secteur est situé<br />
directement en vis-à-vis d'un site<br />
d'entreposage de conteneurs. Sur ce "quai<br />
de Gironde" le choix d'implantation de<br />
bureaux, petites entreprises, pourrait être<br />
une solution de compatibilité.<br />
A Amsterdam, la zone de Vlothavenpier<br />
pourrait accueillir un terminal à bois et des<br />
bureaux liés à cette activité. Des activités<br />
de loisirs pourraient également être<br />
présentes. Cette possibilité est différée en<br />
raison de zoning restreignant les activités<br />
commerciales sur le secteur.<br />
A Gdansk, une zone verte existante entre<br />
le nouveau terminal conteneurs, le<br />
Pomeranian Logistic Center, et la zone<br />
d'habitat de Stogi District sera ainsi<br />
réutilisée pour assurer ce rôle.<br />
Au Havre, le "jardin fluvial" aménagé dans<br />
les Quartiers Sud du Havre assure une<br />
transition avec des activités de réparation<br />
navale sur le côté Ouest et, au Sud, avec<br />
des entrepôts frigorifiques situés en vis-àvis.<br />
Il offre des vues sur un port actif tout en<br />
servant de zones "tampon" établissant la<br />
distance physique nécessaire à la<br />
cohabitation entre activités portuaires et<br />
urbaines. Le traitement paysager qui lui a<br />
été appliqué s'appuie de plus sur la<br />
référence à la mémoire industrielle et<br />
portuaire des lieux (maintien d'une partie<br />
des rails, utilisation de pavés...),<br />
contribuant ainsi à son identité et son<br />
attractivité.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
OBJECTIF 2 : COMMUNIQUER ET <strong>FAIRE</strong> ACCEPTER CERTAINES NUISANCES<br />
Recommandation 21. Porter à la connaissante de toutes les<br />
parties prenantes la stratégie environnementale du port<br />
L'acceptabilité des nuisances du port passe par une stratégie de<br />
communication ambitieuse. Pour être complète, celle-ci portera :<br />
- sur les solutions techniques de réduction des nuisances ;<br />
- sur les mesures de compensation que le port met en œuvre ;<br />
- sur les avantages environnementaux du transport maritime et<br />
fluvial,<br />
- sur l'impact économique du port en termes de création de<br />
richesse et d'emploi.<br />
Le port pourra alors se prévaloir d'une contribution positive au<br />
développement durable de l'ensemble de la ville portuaire et à la<br />
qualité de vie de ses habitants.<br />
Recommandation 22. Contractualiser l'acceptation de<br />
certaines nuisances<br />
Par ailleurs, sur les espaces d'interface ville port, les villes<br />
engagées dans une stratégie marketing volontariste vendant du<br />
bureau ou du logement "avec vue sur port" veilleront à faire<br />
inscrire la présence du port actif dans les documents de vente ou<br />
location. L'objectif sera de minorer le nombre de recours ultérieurs<br />
et de garantir au port la pérennité de ses activités.<br />
Intégrer les sociétés<br />
OBJECTIF 1 : PREPARER <strong>LE</strong>S METIERS DE DEMAIN<br />
Recommandation 23. Adapter les filières de formation<br />
En collaboration active avec les acteurs de la recherche et de la<br />
formation, les ports et les industries portuaires contribueront à<br />
mettre en place des filières spécifiques de formation. Le contenu<br />
des programmes en sera régulièrement ajusté afin de répondre au<br />
mieux aux besoins d'une économie portuaire en constante<br />
évolution. Ces filières seront tout aussi bien des filières courtes ou<br />
longues afin de satisfaire les métiers techniques comme ceux de<br />
services.<br />
OBJECTIF 2 : INTEGRER <strong>LE</strong> <strong>PORT</strong> A <strong>LA</strong> VIE DE <strong>LA</strong> CITE<br />
Recommandation 24. Faire de la symbolique portuaire et du<br />
traitement paysager un outil d'appropriation des sites par la<br />
population<br />
Les espaces d'interface ville port sont souvent riches sur le plan<br />
de l'histoire sociale de la ville portuaire. Leur présence est forte<br />
dans l'imaginaire des populations. A cet égard, les projets<br />
d'aménagement seront conduits en recherchant le plus en amont<br />
possible le soutien des populations par :<br />
- une réutilisation architecturale de la symbolique portuaire (rails,<br />
grues, conteneur, etc.) et une valorisation du patrimoine<br />
portuaire reconverti.<br />
- un traitement paysager de la frontière ville port et la création de<br />
parc(s) urbain(s) le long de cette frontière pour augmenter dès<br />
le début du projet la fréquentation du site et redonner une<br />
image positive à des espaces qui ont pu connaître une longue<br />
période de friche.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
121<br />
C'est dans ce type de démarche que se<br />
sont engagées par exemple Newcastle<br />
(Australie) ou encore Hambourg<br />
(Allemagne).<br />
Au Havre, les plus récents enjeux liés à la<br />
sécurité des ports et de la chaîne logistique<br />
ont donné lieu en 2007 à la mise en place<br />
d'un nouveau Mastère, en complément des<br />
offres de formation portuaire et logistique<br />
déjà existantes.<br />
A Buenos Aires le patrimoine portuaire a été<br />
valorisé dès les premières phases de<br />
l'opération Puerto Madero<br />
A Rosario, l'ensemble des sites<br />
d'interface ville port sont reliés par une<br />
succession de jardins.<br />
Une démarche similaire a été engagée à<br />
Gênes.
122<br />
Recommandation 25. Ouvrir le port à la population<br />
Plusieurs pratiques pourront y contribuer :<br />
- le recours à l'événementiel et l'organisation ponctuelle, mais<br />
régulière, de manifestations (musique, cinéma, sports, voile,<br />
"Port days", etc.) sur les espaces d'interface ville-port. Choisir<br />
pour ces évènements un site où des activités portuaires ont<br />
été conservées et/ou qui offrent une vue directe sur le port<br />
actif aura un impact plus important.<br />
- l'implication régulière de l'autorité portuaire dans des activités<br />
culturelles de la ville (exposition, mécénat, etc.);<br />
- l'organisation de visites guidées en bateaux pour donner un<br />
accès et une vision autres, au plus près des navires et des<br />
équipements, et / ou en bus en privilégiant des départs de<br />
visites au plus près des autres sites touristiques de la ville.<br />
- la création de circuits bus, piétons ou cyclistes de promenade<br />
avec accès à des points de vue naturels ou artificiels :<br />
construction de belvédères, accès aux toits terrasse de<br />
certains entrepôts, etc.<br />
Recommandation 26. Définir une offre touristique globale<br />
Le potentiel touristique des villes portuaires dépasse largement<br />
seule activité croisière. La mise en œuvre d'une offre touristique<br />
globale y contribuera. Aux atouts urbains et culturels propres à<br />
chaque ville, elle associera non seulement le patrimoine<br />
industrialo-portuaire (musées maritimes et portuaires) ou<br />
océanique (aquarium), mais aussi une vision directe sur le port et<br />
son activité moderne.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Anvers, Bruxelles, Valparaiso,... les<br />
exemples de ce type de manifestations et<br />
de "journées du port" sont nombreux.<br />
Amsterdam s'appuie notamment sur les<br />
événements liés à la voile pour promouvoir<br />
le port. Il organise également des journées<br />
du port avec visites en bus et bateaux, et<br />
accès aux terminaux. Ces parcours de<br />
visites pourraient à l'avenir être proposés<br />
beaucoup plus régulièrement.<br />
La formule retenue à Bremerhaven permet<br />
de concilier les contraintes liées aux<br />
normes de sécurité (code ISPS en<br />
particulier) et une visite en bus au plus près<br />
des terminaux.<br />
Elle est complétée par ailleurs par un<br />
belvédère (view point) réalisé en réutilisant<br />
la symbolique portuaire (conteneur) et<br />
donnant une vue directe sur les terminaux<br />
conteneurs en pleine activité.<br />
L'accès aux toits et à la vue sur le port est<br />
au cœur même du projet des "Terrasses du<br />
port" à Marseille, mais on peut citer aussi<br />
l'accès au toit de l'ancienne base sousmarine<br />
à Saint-Nazaire.<br />
Dans le projet havrais de Centre de la Mer<br />
et du Développement Durable, au delà de<br />
la vue directe surélevée et immédiate sur<br />
toute la ville portuaire, une véritable offre<br />
touristique est proposée et des fonctions<br />
éducatives sont combinées : un parcours<br />
muséographique interactif permettra en<br />
effet de comprendre les enjeux de<br />
développement durable de la ville portuaire<br />
et, notamment, des activités d'un port<br />
moderne.
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
LISTE DES EXPERTS<br />
(désignés par chaque partenaire du projet)<br />
<strong>VIL<strong>LE</strong></strong> DU HAVRE<br />
(Ville leader du projet)<br />
6. ANNEXE<br />
Expert:<br />
Mr Ouahid DORBANE<br />
Adjoint au DGA<br />
Délégué Général au Développement des Quartiers Sud<br />
<strong>VIL<strong>LE</strong></strong> DU HAVRE<br />
Hôtel de Ville<br />
BP 51<br />
76084 <strong>LE</strong> HAVRE CEDEX<br />
Tel. +33 2 35 19 47 11<br />
Ouahid.Dorbane@ville-lehavre.fr<br />
http://www.ville-lehavre.fr<br />
Pilotage général du projet :<br />
Mme Florence JEANNE<br />
Relations internationales<br />
<strong>VIL<strong>LE</strong></strong> DU HAVRE<br />
Hôtel de Ville<br />
+33 2 35 19 48 02<br />
Florence.Jeanne@ville-lehavre.fr<br />
AMSTERDAM<br />
Mr Pito DINGEMANSE<br />
Manager of Spatial Planning<br />
AMSTERDAM <strong>PORT</strong> AUTHORITY<br />
Havengebouw<br />
De Ruijterkade 7<br />
Postbus 19406<br />
1000 GK AMSTERDAM<br />
NETHER<strong>LA</strong>NDS<br />
tel: +31 20 523 4524<br />
pito.dingemanse@portofamsterdam.nl<br />
www.portofamsterdam.nl<br />
BREMERHAVEN<br />
Michael GERBER<br />
Prokurist/Geschäftsbereichsleiter<br />
Stadtentwicklung<br />
BIS - BREMERHAVENER GESELLSCHAFT FUR INVESTITIONSFORDERUNG &<br />
STADTENTWICKLUNG MBH<br />
AM ALTEN HAFEN 118<br />
27568 BREMERHAVEN - GERMANY<br />
+49 471 946 46 30<br />
gerber@bis-bremerhaven.de<br />
http://www.bis-bremerhaven.de<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
123
124<br />
Helmut BERENDS<br />
General Manager<br />
BERENDS-CONSULT<br />
Bürgermeister-Schoene-Str. 46<br />
D-28213 BREMEN - GERMANY<br />
+49 421 794 82 55<br />
bc@berends-consult.de<br />
http://www.berends-consult.de<br />
DELFZIJL<br />
Harm WESSELS<br />
Senior Advisor Spatial Planning<br />
CITY OF DELFJIZL<br />
Johan van den Kornputplein 10<br />
Postbus 20000<br />
9930 PA DELFZIJL - NETHER<strong>LA</strong>NDS<br />
+31 596 63 99 21<br />
hn.Wessels@delfzijl.nl<br />
http://www.delfzijl.nl<br />
GDANSK<br />
Malgorzata RATKOWSKA<br />
EU co-ordinator - European Projects Division<br />
Development Programmes Department<br />
MUNICIPALITY OF GDANSK<br />
8/12 Nowe Ogrody Str.<br />
80-803 GDANSK - PO<strong>LA</strong>ND<br />
+4858 323 64 34<br />
m.ratkowska@gdansk.dga.pl<br />
RIGA<br />
Inese VILĀNE<br />
Head of Project Management Unit<br />
Strategic Planing and Project Management Department<br />
RIGA FREE <strong>PORT</strong> AUTHORITY - RĪGAS BRĪVOSTAS PĀRVALDE<br />
O.Kalpaka Blvd 12,<br />
LV- 1050 RIGA - <strong>LA</strong>TVIA<br />
+371-7030855<br />
inese@mail.rop.lv<br />
http://www.rop.lv<br />
ASSOCIATION INTERNATIONA<strong>LE</strong> <strong>VIL<strong>LE</strong></strong>S ET <strong>PORT</strong>S<br />
(Coordination Scientifique du projet)<br />
Mr Olivier <strong>LE</strong>MAIRE<br />
Directeur Général<br />
ASSOCIATION INTERNATIONA<strong>LE</strong> <strong>VIL<strong>LE</strong></strong>S ET <strong>PORT</strong>S<br />
45, rue Lord Kitchener<br />
76600 <strong>LE</strong> HAVRE - FRANCE<br />
+33 (0)2 35 42 78 84<br />
olemaire@aivp.org<br />
http://www.aivp.org<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
EXPERT EXTERNE DU PROJET<br />
Mr Jacques CHARLIER<br />
Professeur aux Universités de Paris-Sorbonne et de Louvain-la-Neuve<br />
Chercheur qualifié FNRS et Directeur Scientifique (2005-2007) du CIEM (Centre Interuniversitaire<br />
d'Etude de la Mobilité) à Bruxelles<br />
CIEM<br />
Avenue Roosevelt<br />
50 CP 194/7 - 1050 BRUXEL<strong>LE</strong>S - BELGIQUE<br />
+32 2650 3933 info@ciem.be<br />
Ont également participé aux travaux :<br />
Le Havre<br />
Annick FAURY<br />
Adjoint au Maire chargée des Ressources Humaines<br />
et des relations internationales<br />
Ville du Havre<br />
Dominique DHER<strong>VIL<strong>LE</strong></strong>Z<br />
Directeur Général Adjoint en charge des grands projets,<br />
de l'aménagement urbain et de la prospective<br />
Ville du Havre<br />
Didier DASTARAC<br />
Directeur Général Adjoint en charge des relations internationales<br />
Ville du Havre<br />
Bernard GÉRARD<br />
Responsable scientifique des Partenariats d'Odyssée 21<br />
Centre de la Mer et du Développement durable<br />
Ville du Havre<br />
Jean Pierre <strong>LE</strong>COMTE<br />
Président<br />
Port Autonome du Havre<br />
Cyril CHEDOT<br />
Chargé de Mission Développement local<br />
Port Autonome du Havre<br />
Amsterdam<br />
Cor OUDENDIJK<br />
Executive Director Shipping<br />
Port of Amsterdam<br />
Wim V<strong>LE</strong>MMIX<br />
Director of Engineering, Development & Environment<br />
Port of Amsterdam<br />
Allard JOL<strong>LE</strong>S<br />
Physical Planning Department of Amsterdam<br />
City of Amsterdam<br />
Gert URHAHN<br />
Director<br />
Urhahn Urban Design B.V.<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
125
126<br />
Bremerhaven<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Pamela HELL née von DÜRING<br />
BEAN, Bremerhavener Entwicklungsgesellschaft Alter-/Neuer Hafen mbH & Co.KG<br />
Christoph HERRFURTH<br />
Dept Economic Affairs<br />
City of Bermerhaven<br />
Stefan HENKE<br />
Dept Port Development & Strategy<br />
Bremenports<br />
Franziska STENZEL<br />
Unit: BIS Bremerhaven Touristik<br />
BIS mbH<br />
Delfzijl<br />
Andre BAKEMA<br />
Head of Department of Infrastructure<br />
City of Delfzijl<br />
Ingrid WIJNGAARDE<br />
Advisor environmental policy<br />
Department of Housing, Spatial Planning and Environment<br />
City of Delfzijl<br />
Gerlof HOTSMA<br />
Groningen Seaports<br />
Gdansk<br />
Krzysztof SZCZEPANIAK<br />
Director of Economic Development Department<br />
City of Gdańsk<br />
Krzysztof RUDZIŃSKI<br />
Director of Development Programmes Department<br />
City of Gdansk<br />
Joanna ZBIERSKA<br />
Development Programmes Department<br />
City of Gdansk<br />
Jarosław WINCEK<br />
City Planning Authority of Gdańsk<br />
Krzysztof ANZE<strong>LE</strong>WICZ<br />
Development Department Manager<br />
Port of Gdansk Authority<br />
Piotr LORENS<br />
Head, Dept. of Urban Development, Faculty of Architecture<br />
Technical University of Gdansk
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Riga<br />
Edgars SUNA<br />
Head of Strategic Planning Unit<br />
Freeport of Riga Authority<br />
Haralds APOGS<br />
Project Manager<br />
Administrative and International Affairs Department<br />
Freeport of Riga Authority<br />
Gvido PRINCIS<br />
Head of Riga City Urban Planning Authority<br />
City of Riga<br />
Valters MAZINS<br />
Jaunrigas Attistibas Uznemums<br />
Astrida ROGU<strong>LE</strong><br />
Museum of Contemporary Art<br />
Association Internationale Villes et Ports<br />
Greta MARINI<br />
Chargée de mission<br />
Association Internationale Villes et Ports<br />
Denis DAVOULT<br />
Documentaliste - Affaires européennes<br />
Association Internationale Villes et Ports<br />
Autres cas présentés lors du séminaire final<br />
Juan Manuel DIEZ OREJAS<br />
Jefe Departamento políticas ambientales<br />
Autoridad Portuaria de Valencia, España<br />
Kjell KARLSSON<br />
Director, Infrastructure<br />
Ports of Stockholm, Sweden<br />
Nicoletta ARTUSO<br />
Architect, Département Urbanisme<br />
Autorita Portuale di Genova, Italia<br />
Enrique CALDENTEY<br />
Departamento Técnico - Port 2000<br />
Gerencia Urbanística Port 2000<br />
Barcelona, España<br />
Isabelle VRIES<br />
Programme Manager<br />
Port of Rotterdam, Netherlands<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
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128<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
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Ville du Havre<br />
Novembre 2007
130<br />
Guide des bonnes pratiques<br />
Faire la Ville avec le Port - Projet PCP