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FAIRE LA VILLE AVEC LE PORT - AIVP

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Projet PCP<br />

(Plan the City with<br />

the Port)<br />

Leader<br />

Ville du Havre<br />

(France)<br />

Partenaires<br />

Port of Amsterdam<br />

(Pays-Bas)<br />

BIS, Bremerhaven<br />

(Allemagne)<br />

BEAN, Bremerhaven<br />

(Allemagne)<br />

City of Delfzijl<br />

(Pays-Bas)<br />

City of Gdansk<br />

(Pologne)<br />

Riga Free Port<br />

Authority (Lettonie)<br />

Association<br />

Internationale Villes<br />

et Ports (France)<br />

FONDS EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT REGIONAL<br />

INTERREG IIIC, Zone Ouest<br />

Programme cadre régional HANSE PASSAGE<br />

<strong>FAIRE</strong> <strong>LA</strong> <strong>VIL<strong>LE</strong></strong> <strong>AVEC</strong> <strong>LE</strong> <strong>PORT</strong><br />

Quelles strategies pour le redéveloppement des espaces<br />

de liaison ville/port<br />

GUIDE DES BONNES PRATIQUES<br />

Le Havre, Quartiers Sud © <strong>AIVP</strong>/IACP


FONDS EUROPEEN DE DEVELOPPEMENT REGIONAL<br />

INTERREG IIIC, Zone Ouest<br />

Programme cadre régional HANSE PASSAGE<br />

Projet PCP (P<strong>LA</strong>N THE CITY WITH THE <strong>PORT</strong>)<br />

<strong>FAIRE</strong> <strong>LA</strong> <strong>VIL<strong>LE</strong></strong> <strong>AVEC</strong> <strong>LE</strong> <strong>PORT</strong><br />

GUIDE DES BONNES PRATIQUES<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

<strong>LE</strong> HAVRE (FRANCE)<br />

AMSTERDAM (PAYS-BAS)<br />

BREMERHAVEN (AL<strong>LE</strong>MAGNE)<br />

DELFZIJL (PAYS-BAS)<br />

GDANSK (POLOGNE)<br />

RIGA (<strong>LE</strong>TTONIE)<br />

ASSOCIATION INTERNATIONA<strong>LE</strong> <strong>VIL<strong>LE</strong></strong>S ET <strong>PORT</strong>S (FRANCE)<br />

Réalisé également avec le soutien de :<br />

- la Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction (DGUHC),<br />

Ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables- MEDAD<br />

(France)<br />

- la Région Haute Normandie


Projet européen mené dans le cadre du Programme régional Hanse Passage.<br />

Pilotage global<br />

Ville du Havre<br />

Partenaires<br />

Port of Amsterdam<br />

BIS - Bremerhavener gesellschaft für Investitionsforderung & Stadtentwicklung MBH. - Bremerhaven<br />

BEAN - Bremerhavener Entwicklungsgesellschaft Alter-/Neuer Hafen mbH & Co.KG - Bremerhaven<br />

City of Delfzijl<br />

Municipality of Gdansk<br />

Riga Free Port Authority<br />

Coordination Scientifique<br />

Association Internationale Villes et Ports<br />

Expert externe<br />

Professeur Jacques Charlier, Chercheur qualifié FNRS et Directeur Scientifique (2005-2007) du CIEM<br />

(Centre Interuniversitaire d'Etude de la Mobilité), Bruxelles<br />

Ville du Havre<br />

Novembre 2007<br />

Guide des bonnes pratiques


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

SOMMAIRE<br />

1. Préambule ............................................................................................................................. p. 5<br />

Ville du Havre<br />

2. Introduction à la problématique :<br />

Le caractère protéiforme des interfaces urbano-portuaires .................................................... p. 7<br />

Jacques Charlier<br />

3. Les enjeux des redéveloppements ville-port<br />

Jacques Charlier<br />

3.1 - Aux deux extrémités du spectre :<br />

des opérations blueflield/greenfield aux waterfronts/docklands .......................................... p. 13<br />

3.2 - Les (re)développements à finalité mixte ............................................................................. p. 23<br />

3.3 - Les redéveloppements à finalité portuaire ......................................................................... p. 34<br />

4. Les situations locales de chaque partenaire<br />

Gdansk.................................................................................................................................. p. 51<br />

Bremerhaven......................................................................................................................... p. 59<br />

Riga....................................................................................................................................... p. 71<br />

Amsterdam............................................................................................................................ p. 81<br />

Delfzijl.................................................................................................................................... p. 93<br />

Le Havre................................................................................................................................ p. 103<br />

5. Synthèse : recommandations et bonnes pratiques .......................................................... p. 115<br />

Association Internationale Villes et Ports<br />

Intégrer les espaces<br />

Intégrer la dimension urbaine<br />

Intégrer les fonctions<br />

Intégrer l'environnement<br />

Intégrer les sociétés<br />

6. Annexes................................................................................................................................... p. 123<br />

Liste des experts, contacts.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

3


4<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

1. Préambule<br />

La Ville du Havre a engagé la reconquête et la régénération urbaine de son interface avec le port, à<br />

l’instar de toutes les villes portuaires du monde (Barcelone, Bilbao, Londres, Liverpool, Sydney,<br />

Marseille) afin d’y développer de nouvelles fonctions résidentielles et économiques à valeur ajoutée et<br />

surtout d’améliorer le cadre de vie des habitants et salariés et de valoriser ainsi l’image de ce<br />

territoire, et par delà, de l’ensemble de la commune.<br />

C’est à ce titre que la Ville du Havre a souhaité s’associer à des réseaux européens d’échanges<br />

d’expérience et de capitalisation des acquis au niveau européens comme SUDEST (Sustainable<br />

Developpement of Sea Towns dans le cadre d’URBACT) ou Hanse Passage pour l’INTERREG III C.<br />

Dans le cadre de ce programme européen HANSE-PASSAGE la Ville du Havre est, depuis 2005, à la<br />

tête d’un réseau de villes portuaires appelé « Faire la Ville avec le Port » ou « Plan the City with the<br />

Port ».<br />

Les partenaires du réseau « PCP » sont : la Ville de Gdansk en Pologne, la Ville de Bremerhaven en<br />

Allemagne (au travers du BEAN - Bremerhavener Entwicklungsgesellschaft Alter-/Neuer Hafen et du<br />

BIS - Bremerhavener gesellschaft für Investitionsforderung & Stadtentwicklung), le Port de Riga en<br />

Lettonie, le Port d’Amsterdam et la Ville de Delfzijl aux Pays Bas ainsi que l’<strong>AIVP</strong>, Association<br />

Internationale Villes et Ports (International Association Cities and Ports).<br />

Après des réunions à Gdansk, Bremerhaven, Riga, et Amsterdam, le séminaire final du réseau s’est<br />

ouvert au monde entier et a réuni au Havre les 24 et 25 mai 2007, 282 participants venus de 26 pays.<br />

Le guide des bonnes pratiques que vous avez entre les mains s’est élaboré au fur et à mesure des<br />

réunions et des échanges, il existe afin que cette expérience puisse être partagée par un nombre<br />

encore plus important de partenaires.<br />

Bonne et enrichissante lecture à tous.<br />

L’adjoint au Maire du Havre en charge des Relations Internationales<br />

Ville du Havre<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

5


6<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

2. Introduction : le caractère protéiforme<br />

des interfaces urbano-portuaires<br />

Un guide des bonnes pratiques à l’interface des villes et des ports ne saurait s’ouvrir sans une<br />

définition aussi précise que possible de l’objet étudié. Un point essentiel est qu’il ne s’agit pas d’une<br />

ligne, d’une frontière clairement définie sur carte ou sur plan, qui marquerait, plus encore qu’une<br />

limite, la rupture entre deux mondes différents aux modes de fonctionnement totalement distincts. Il<br />

s’agit plutôt d’une surface, forcément fortement allongée mais dotée d’une certaine épaisseur et qui<br />

n’est bien souvent pas homogène. Il serait utopique de prétendre qu’il y a une réponse unique, en<br />

termes de traitement fonctionnel et urbanistique de ces espaces de transition, et il serait par ailleurs<br />

erroné de penser que ceux-ci ne sont pas en interrelation avec, d’un côté, le port et, de l’autre, la ville.<br />

Les politiques d’aménagement des interfaces débordent donc largement de ces espaces miportuaires,<br />

mi-urbains et doivent être conduites dans une optique holistique. Mieux encore, certains<br />

facteurs relèvent de l’horizon marin, c’est-à-dire des espaces situés au-delà des jetées du port, et<br />

d’autres de l’arrière-pays terrestre, bien au-delà des limites de la ville, de l’agglomération ou de la<br />

métropole.<br />

Des lieux uniques mais perçus différemment<br />

Il y a certes des interfaces physiques ville-port, plus ou moins vastes, mais les places portuaires sont<br />

plus généralement elles-mêmes des lieux d’interface entre des espaces maritimes et continentaux<br />

autrement plus largement dimensionnés que l’umland des villes continentales, qui est bien plus<br />

étriqué. Le think globally and act locally est donc une des spécificités des places portuaires par<br />

rapport aux autres villes. Il y souffle, au sens figuré, des vents à la fois de plus grande portée et de<br />

plus grande ampleur, qui en font des lieux où la modernité est souvent aussi plus vite et plus<br />

significativement présente qu’ailleurs. D’où la difficulté toute particulière de l’aménagement de ces<br />

places portuaires en général et de leurs interfaces urbano-portuaires en particulier. Ceci requiert des<br />

compétences particulières de la part des acteurs de l’aménagement, qui doivent être ouverts à un<br />

large éventail de facteurs. Pour les uns, ceux-ci relèvent de la sphère maritime et portuaire, alors que<br />

les autres relèvent de la sphère urbaine et régionale. Une spécificité des places portuaires est que<br />

beaucoup de ces facteurs interagissent au-delà du domaine normal d’intervention des aménageurs<br />

portuaires ou urbains, lesquels maîtrisent souvent mal les enjeux globaux de leurs actions locales.<br />

Une difficulté majeure tient aux échelles spatiales et temporelles différentes des uns et des autres<br />

et à leur relative méconnaissance globale du fonctionnement des places portuaires. La différence des<br />

échelles spatiales a déjà été soulignée plus haut, mais il convient aussi d’épingler celle des échelles<br />

temporelles. Pour les ports, le temps long est une constante de l’aménagement, alors que le moyen-<br />

ou le court terme sont davantage la règle dans la sphère urbaine, où les résultats des politiques sont<br />

attendus dans un horizon plus rapproché, qu’il s’agisse de la mise en œuvre de politiques<br />

économiques et sociales, dont les effets doivent pouvoir être mesurés à l’échelle d’une législature, ou<br />

de la réalisation d’équipements, dont une réalisation et une rentabilisation plus rapides sont exigées.<br />

Une autre grande difficulté provient du caractère récent de la convergence des regards qu’ils portent<br />

désormais sur les interfaces urbano-portuaires. Jusque dans un passé récent, les aménageurs<br />

portuaires regardaient généralement vers le large et étaient le plus souvent en quête d’eau<br />

profonde, et les aménageurs urbains tournant leurs regards principalement vers le centre ou la<br />

périphérie de villes amputée de 180° de leur aire normale de développement. Regards convergents<br />

certes, mais imprégnés de leurs pratiques antérieures respectives, qui les amènent à avoir deux<br />

approches fondamentalement différentes, qu’il faut d’abord accepter de reconnaître avant de passer à<br />

la phase de l’aménagement intégré et si possible harmonieux :<br />

- pour les aménageurs portuaires, les interfaces urbano-portuaires sont avant tout des espaces<br />

tampon, pas nécessairement fixes dans le temps, puisque les ports ne cessent d’évoluer dans<br />

l’espace et que la frontière de demain ne sera pas nécessairement là où elle est aujourd’hui ; en<br />

général, on observe des situations de retraite, ce qui atténue normalement les tensions, mais celles-ci<br />

peuvent devenir plus vives là où il y a non seulement statu quo, mais reconquête portuaire d’espaces<br />

provisoirement délaissés qui sont alors une nouvelle frontière portuaire ; même si c’est encore plus<br />

rare et relève plutôt actuellement du cas de figure théorique, il peut même y avoir une impérieuse<br />

nécessité d’empiéter sur le domaine urbain (comme ce fut le cas à Anvers au 19 ème siècle).<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

7


8<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

- pour les aménageurs urbains, les «délaissés» portuaires sont par contre une nouvelle frontière<br />

urbaine, surtout là où il s’agit d’espaces péricentraux dont on peut raisonnablement poser que la<br />

rente foncière deviendra rapidement élevée même si elle est actuellement négative. Ils permettent des<br />

développements non seulement quantitatifs mais aussi qualitatifs, qui procèdent pour beaucoup de la<br />

recherche d’une image de marque régionale ou nationale, voire internationale favorisée par la<br />

connotation positive généralement conférée aux plans d’eau. C’est pourquoi, dans cette quête de<br />

l’eau (tout court), ceux-ci sont le plus souvent conservés, mais avant tout en tant que composante<br />

paysagère, même si quelques activités mineures liées à l’eau peuvent y persister, voire y prospérer,<br />

telles la plaisance ou la petite pêche.<br />

Le présent guide est consacré aux bonnes pratiques, mais on pointera fermement dès cette<br />

introduction une moins bonne, voire une mauvaise pratique, qui est celle du remblaiement, total ou<br />

partiel, de certains bassins abandonnés par les activités portuaires. Ceux-ci peuvent être vus comme<br />

une ressource (économique ou urbanistique) non renouvelable, dont le remblaiement est une<br />

opération irréversible qui fait perdre au lieu tout ou partie de son attractivité (à notre connaissance, un<br />

seul cas de remise en eau existe – à Swansea – et cet exemple mériterait peut-être d’être suivi<br />

ailleurs, avant que ne s’efface la mémoire de ces lieux autrefois imprégnés d’une vie liée à l’eau).<br />

La grande variété des fronts urbano-portuaires<br />

Dans cette introduction, il convient de souligner avec force qu’il y a autant de types d’anciennes<br />

installations portuaires délaissées que de types de navires et qu’il n’y a donc pas de recette unique<br />

pour le redéveloppement (qu’il soit à orientation urbaine ou portuaire), mais autant de cas que de<br />

types d’installations et donc de types de navires de mer. Dans le tableau ci-dessous, une typologie<br />

fonctionnelle simplifiée est proposée, qui distingue fondamentalement entre les navires de<br />

commerce et les autres types de navires. Ces derniers présentent un large éventail qui est souvent<br />

méconnu, avec des unités de service toujours présentes dans les ports de commerce en sus des<br />

navires de commerce (remorqueurs, pilotines, dragues, etc.) et d’autres présentes en sus soit<br />

régulièrement, soit occasionnellement (comme les unités militaires effectuant des visites de courtoisie,<br />

auxquelles un quai d’honneur est souvent réservé). Les unités du second type, qui sont généralement<br />

de plus petite taille, sont beaucoup plus compatibles que les premières avec les activités urbaines et<br />

une plus forte imbrication avec le tissu urbain est acceptable dans l’optique d’un working waterfront.<br />

Cette formule est de loin préférable à celle du dead waterfront, quelle que soit la qualité intrinsèque<br />

des aménagements proposés, qui vont du simple parc urbain de déambulation au Disneyland sur mer.<br />

1. Navires de commerce 2. Autres types de navires<br />

1.1. Transporteurs de vracs liquides 2.1. Unités de service<br />

1.2. Transporteurs de vracs solides 2.2. Unités de guerre (en visite ou basées)<br />

1.3. Transporteurs de diverses 2.3. Navires de pêche (+ navires-usine)<br />

1.4. Unités mixtes passagers/fret 2.4. Navires de plaisance<br />

1.5. Navires purs à passagers<br />

Les types de navires de commerce et les installations portuaires qui leur correspondent dépendent<br />

eux-mêmes de la nature des cargaisons, terme pris ici au sens large puisqu’incluant les passagers.<br />

Ici aussi, une typologie dichotomique peut être proposée dans le tableau ci-dessous, avec d’une part<br />

les cargaisons vraquières et d’autre part les marchandises diverses et les passagers. D’un côté, on a<br />

généralement affaire à des volumes et à des cargaisons salissantes, voire dangereuses et il y a le<br />

plus souvent incompatibilité en termes de proximité et d’interaction avec le tissu urbain. De l’autre,<br />

surtout pour les activités orientées vers les passagers, la compatibilité est supérieure sur papier (sauf<br />

pour les activités conteneurisées, qui sont fortement mécanisées, donc bruyantes et auxquelles sont<br />

associées de fortes nuisances routières et/ou ferroviaires) et une imbrication relative est acceptable,<br />

voire souhaitable comme dans le cas des unités de croisière.<br />

1. Cargaisons vraquières 2. Diverses et passagers<br />

1.1. Hydrocarbures (pétroliers & gaziers) 2.1. Cargos purs et polyvalents<br />

1.2. Autres vracs liquides 2.2. Porte-conteneurs (purs & CONRO)<br />

1.3. Vracs solides 2.3. Rouliers (purs & ROPAX)<br />

2.4. Ferries (purs & de croisière)<br />

2.5. Navires de croisière (autrefois liners)


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Enfin, il est une échelle physique qui n’est pas souvent reconnue dans le débat, pour les unités<br />

maritimes comme pour les unités fluviales qui sont également présentes dans nombre de ports de<br />

mer, dans certains desquels la batellerie est parfois une composante essentielle des transports vers et<br />

depuis l’arrière-pays, alors qu’elle peut être marginale dans d’autres. Pour les unes comme pour les<br />

autres, la taille des unités est un facteur important, avec des exigences très différentes en termes de<br />

tirant d’eau ainsi que d’ampleur des installations de manutention et de stockage.<br />

1. Unités maritimes 2. Unités fluviales<br />

1.1. Unités océaniques (deep sea) 2.1. Unités à grand gabarit<br />

1.2. Unités pour trafics mi-longs (mid sea) 2.2. Unités de petit gabarit<br />

1.3. Unités pour trafics courts (short sea)<br />

Ceci pour introduire le concept de déclassement progressif possible desdites installations, à mesure<br />

de l’augmentation de la taille moyenne des unités maritimes océaniques (dites deep sea). Celles des<br />

années cinquante avaient, en gros, la pointure des navires utilisés actuellement pour des trafics dits<br />

mid-sea, et celles employées de nos jours dans les trafics à courte distance (ou short sea) tendent<br />

également vers une taille supérieure qui les conduit à fréquenter des bassins plus profonds et aux<br />

terminaux plus largement dimensionnés. Et quand un bassin maritime, notamment s’il est peu<br />

profond, ne convient plus pour l’accueil d’unités côtières, son déclassement est envisageable vers un<br />

usage fluvial résiduel, avec là aussi un distinguo à opérer selon la taille des péniches et éventuels<br />

convois poussés.<br />

Ce déclassement est à mettre en rapport avec le concept de cycle de vie, qui peut s’appliquer à une<br />

installation donnée comme à l’ensemble d’un port. Il consiste à reconnaître, en chaque lieu et pour<br />

chaque installation, des phases de création, puis de croissance, de maturité, d’obsolescence et<br />

enfin d’abandon (Figure 2.1a).<br />

Intensité<br />

d’usage<br />

Création<br />

Croissance<br />

Maturité<br />

Pétrification<br />

Obsolescence<br />

Figure 2.1a – Le cycle de vie portuaire (schéma classique, avec pétrification)<br />

La nature ayant horreur du vide et les friches portuaires dénotant fortement dans le paysage urbain,<br />

une requalification peut cependant intervenir, soit pour les installations abandonnées, soit pour celles<br />

plus ou moins obsolescentes (Figure 2.1b).<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Pétrification<br />

Abandon<br />

9<br />

Temps


10<br />

Intensité<br />

d’usage<br />

Création<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Figure 2.1b – Le cycle de vie portuaire (schéma renouvelé, avec redéveloppement)<br />

Croissance<br />

Maturité<br />

Obsolescence<br />

Redéveloppement<br />

Abandon<br />

Redéveloppement<br />

Dans le premier cas, ladite requalification peut se faire à des fins aussi bien urbaines que portuaires,<br />

alors que dans le second cas, elle se fera le plus souvent à des fins portuaires, en s’accompagnant<br />

éventuellement d’un déclassement du deep sea vers le mid sea ou le short sea, voire du maritime<br />

vers le fluvial.<br />

Il convient d’insister sur le caractère récent des stratégies de redéveloppement d’anciens bassins à<br />

des fins portuaires plutôt qu’urbaines, comme cela s’est observé dans la majorité des cas entre 1980<br />

et maintenant. Ceci parce qu’il devient de plus en plus difficile de mobiliser de nouveaux territoires<br />

portuaires dans de vastes opérations de type greenfield, et parce que l’alternative brownfield tend à<br />

être mieux connue et acceptée, voire imposée. On observe ici une évolution semblable à celle qui<br />

s’observe dans le domaine industriel (requalification des friches industrielles) et même résidentiel<br />

(requalification des couronnes urbaines pour éviter l’urban sprawl). Ceci aussi parce que les autorités<br />

européennes s’efforcent de promouvoir à la fois le transport maritime à courte distance et le transport<br />

fluvial, qui sont fortement concurrencés par la route, de sorte que de lourds investissements dans de<br />

nouvelles installations ne sont pas justifiables économiquement et que l’alternative du<br />

redéveloppement à des fins portuaires (ou logistiques) d’anciennes installations maritimes va assez<br />

naturellement s’imposer.<br />

En restant toujours au plan théorique, le modèle de cycle de vie d’une installation donnée peut être<br />

combiné avec celui proposé dès 1966 par J. Bird sous le nom d’Anyport. Fortement inspiré<br />

d’exemples britanniques, il est cependant applicable à la plupart des port continentaux situés en<br />

bordure d’un fleuve, où le glissement des installations s’opère généralement vers l’aval (mais il y a des<br />

exceptions, dont Le Havre). Il est par ailleurs directement transposable au cas de ports de front de<br />

mer, avec alors glissement latéral des installations le long de la côte. Dans un cas comme dans<br />

l’autre, les installations successives peuvent être adjacentes ou non, ce qui est important : si elles sont<br />

non adjacentes, chaque partie de port peut être considérée comme un petit port isolé et des politiques<br />

parfois diamétralement opposées de redéveloppement peuvent s’observer d’une partie de port à une<br />

autre, y compris avec abandon total de complexes anciens ; si les installations sont d’une seule pièce,<br />

la création d’espaces tampon sera par contre plus fréquente.<br />

La combinaison en question procède du croisement d’un modèle spatial (Anyport ou sa variante de<br />

front de mer) avec un modèle temporel (Figure 2.2). En schématisant, on peut considérer que tous les<br />

ports se sont développés à la fois dans le temps, de T1 dans un passé lointain à T5 dans le présent,<br />

et dans l’espace, de L1 en un lieu proche du centre ville actuel à L5 en un lieu plus ou moins<br />

fortement excentré. Pour fixer les enjeux de ce guide, il convient de souligner qu’ils se situent en<br />

T5/L1, c’est-à-dire qu’ils ne concernent qu’une toute petite partie du port au sens physique (ceci<br />

d’autant que la taille moyenne de ces parties va généralement croissante de L1 à L5) et que le<br />

problème est donc plutôt marginal pour les autorisés portuaires, même en y incluant les espaces<br />

tampon que celles-ci ont tendance à se ménager.<br />

Temps


T1<br />

T2<br />

T3<br />

T4<br />

T5<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Croissance<br />

Maturité Croissance<br />

Figure 2.2 – Le cycle de vie portuaire (schéma chronospatial)<br />

L1 L2 L3 L4 L5<br />

Obsolescence Maturité Croissance<br />

Abandon Obsolescence Maturité Croissance<br />

Redéveloppement Abandon Obsolescence Maturité Croissance<br />

Pour ces dernières, le problème est cependant beaucoup moins marginal en termes stratégiques que<br />

physiques et on comprendra d’autant mieux le caractère quelquefois conflictuel des relations ville-port<br />

que ces espaces, gonflés ou non des espaces tampon, correspondent à des territoires d’une ampleur<br />

spatiale autrement plus importante pour les acteurs urbains que pour les communautés portuaires. Il<br />

n’est pas rare que le « vieux port » en T5/L1 corresponde à 50 %, voire 100 % de l’hypercentre<br />

urbain, de sorte que l’échelle spatiale est tout simplement asymétrique selon qu’on se place au bout<br />

de la lorgnette portuaire ou de la lorgnette urbaine. D’où les multiples incompréhensions et quiproquo<br />

caractérisant le débat ville-port, auquel ce guide espère apporter une contribution positive en montrant<br />

aux uns et aux autres qu’une fois que des choix clairs (et parfois douloureux) ont été opérés, il est<br />

possible de vivre en harmonie et en symbiose.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

11


12<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

3. Les enjeux des redéveloppements ville-port<br />

3.1 – Aux deux extrémités du spectre : des opérations blueflield/greenfield<br />

aux waterfronts/docklands<br />

Introduction<br />

Dans cette première section, l’objectif est de situer l’objet du projet PCP entre les deux principales<br />

tendances observées ces dernières années au niveau des développements portuaires ou urbains<br />

dans les places portuaires. D’une part, depuis un demi siècle, l’essentiel des développements<br />

portuaires se sont opérés sur des sites vierges plus ou moins périphériques, dits bluefield quand les<br />

développements ont été réalisés en mer (qu’ils soient accolés au rivage ou, plus rarement, sous la<br />

forme d’îles-ports) et greenfield quand ils sont réalisés (totalement ou principalement) sur le domaine<br />

terrestre. Et d’autre part, les parties les plus anciennes des ports historiques ont le plus souvent été<br />

abandonnées par la navigation maritime (et souvent même fluviale), avec là aussi deux variantes de<br />

redéveloppement, dites waterfronts là où les villes ont conquit des berges de front de mer, d’estuaire<br />

ou fluviales, et docklands là où les expansions urbaines se sont opérées dans des complexes<br />

éclusés artificiels.<br />

3.1.1. L’essoufflement des développements bluefield/greenfield<br />

Dans la foulée des grands développements observés dès les années soixante au Japon et qui se sont<br />

poursuivis plus récemment en Asie émergente, les grands ports européens ont connu il y a trente ou<br />

quarante ans de spectaculaires développements en périphérie de leurs sites originaux, en continuité<br />

ou non avec ceux-ci, dans leur quête d’eau profonde et de vastes espaces pour déployer des<br />

terminaux vraquiers ou à conteneurs, souvent assortis de puissantes zones industrielles ou<br />

logistiques. Dans certains cas, de nouveaux ports sont même nés de ce processus, mais il s’agit<br />

avant tout d’un phénomène extraeuropéen. Sous la double pression de contraintes<br />

environnementales toujours plus strictes et du coût de plus en plus élevé de telles opérations, le<br />

mouvement est en train de s’essouffler en Europe, ce qui rend plus attractive l’option des<br />

redéveloppements mixtes ou purement portuaires qui sera explorée ci-après aux sections 3.2. et 3.3.<br />

Auparavant, il faut cependant indiquer que de tels développements en site neuf continuent à<br />

s’observer en Europe, mais nous insisterons ici sur le fait que les contraintes de nature diverses sont<br />

toujours plus pesantes et que les délais ont tendance à s’allonger dans la mise en œuvre de ces<br />

projets. On mentionnera ci-après quelques uns des projets en cours ou dont la réalisation prochaine<br />

paraît probable, pour montrer que le phénomène se poursuit et pour indiquer une sorte d’état de l’art à<br />

l’une des extrémités du spectre des développements observés.<br />

a) Les opérations de type bluefield<br />

Il s’agit ici d’avancées du port en mer, dans une baie ou dans un estuaire, dont l’exemple le plus<br />

récent est offert par l’opération havraise de Port 2000, qui vise à obtenir à terme 12 postes à<br />

conteneurs dans un nouvel avant-port gagné sur l’estuaire de la Seine, après que la croissance se<br />

soit opérée, dans les années 70, 80 et 90, sur des sites greenfield plus en amont (Figures 3.1. et<br />

3.2.).<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

13


14<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Figure 3.1 – Les installations portuaires havraises en 1967© Port Autonome du Havre<br />

Figure 3.2 – Les installations portuaires havraises au terme du projet Port 2000<br />

© Port Autonome du Havre<br />

A plus petite échelle, un développement de ce type est en cours dans le Port Nord de Gdansk, où un<br />

terminal à conteneurs est en train de sortir des flots (figure 3.3) et où il y a par ailleurs un projet de<br />

terminal gazier (comme d’ailleurs au Havre, sur le site distinct de l’avant-port d’Antifer).<br />

Figure 3.3 – Le futur terminal à conteneurs du Port Nord de Gdansk © Port of Gdansk<br />

Alors qu’à Hambourg, comme on le verra plus loin, tous les développements et projets en matière de<br />

conteneurisation sont de type greenfield ou brownfield, ceux observés dans le second complexe à<br />

conteneurs allemand, le bipôle Bremerhaven-Wilhelmshaven, sont de type bluefield, dans l’estuaire de<br />

la Weser d’un côté et dans la baie de la Jade de l’autre. Les terminaux à conteneurs de Bremerhaven


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

se sont successivement développés en rivière en aval de l’écluse d’accès à l’arrière-port Nord, des<br />

CT1, 2 et 3 actuels au CT4 en cours de construction par remblaiement dans le fleuve (figure 3.4).<br />

Comme la présence d’une zone naturelle à préserver interdit de poursuivre, comme il serait logique, le<br />

processus d’expansion portuaire plus encore vers l’aval, l’équivalent d’un CT5 brémois va être réalisé<br />

près de Wilhelmshaven en baie de Jade, en s’appuyant sur le terminal pétrolier actuel et avec une<br />

forte composante logistique qui rapproche ce futur terminal du modèle hambourgeois plutôt que<br />

brémois (figure 3.5).<br />

Figure 3.4 – Le Port Nord de Bremerhaven, avec ses<br />

terminaux rouliers et à conteneurs, auxquels va venir<br />

s’ajouter le CT4 en cours de réalisation tout en aval du<br />

complexe © Bremenports<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

15<br />

Figure 3.5 – Le projet JadeWeserPort à Wilhelmshaven<br />

© Port of Wilhelmshaven<br />

En Europe du Nord-Ouest, c’est à<br />

Rotterdam qu’on observe, avec le<br />

projet de la Maasvlakte II, le projet de<br />

plus grande ampleur relevant des<br />

réalisations de ce type (figure 3.6).<br />

L’accent y est principalement mis sur<br />

la réalisation de nouveaux terminaux<br />

à conteneurs, destinés à conforter le<br />

leadership rotterdamois dans ce<br />

domaine, mais une partie des<br />

centaines d’hectares gagnés sur la<br />

mer sera également consacrée à<br />

l’industrie chimique et à la fonction<br />

logistique.<br />

Figure 3.6 – Le projet rotterdamois Maasvlakte II © Port of Rotterdam<br />

Figure 3.7 – L’avant-port de Zeebrugge en voie d’achèvement, 100 ans après<br />

la mise en service de ce nouveau port belge, avant-port fonctionnel d’Anvers<br />

© Port of Zeebrugge<br />

A plus petite échelle, un polder<br />

portuaire de ce style est en<br />

cours d’achèvement à<br />

Zeebrugge, là aussi sous la<br />

forme d’un avant-port abrité<br />

par de colossales jetées de<br />

protection extérieure (figure<br />

3.7). Ici l’accès est mis, en sus<br />

des conteneurs, sur les<br />

fonctions gazière et roulière.


16<br />

De telles opérations de type<br />

bluefield s’observent aussi en<br />

Méditerranée, avec par exemple<br />

les extensions en cours à<br />

Barcelone (figure 3.8) ou en<br />

projet à Algesiras. Dans certains<br />

cas, elles s’opèrent même sur des<br />

sites neufs, comme à Tanger.<br />

b) Les opérations de type greenfield<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Figure 3.8 – Le nouvel avant-port en cours de réalisation à Barcelone,<br />

axé sur les conteneurs mais aussi sur la logistique © Port of Barcelona<br />

Il s’agit cette fois d’une expansion des ports en milieu terrestre, généralement sous forme de<br />

nouvelles darses, éclusées ou non. Quelques unes sont en cours dans certains des ports évoqués au<br />

point précédent, où les deux formes d’expansion se combinent, comme par exemple à Zeebrugge<br />

avec le développement du nouvel arrièreport,<br />

axé principalement sur les trafics<br />

voituriers et sur la logistique. Elles<br />

concernent aussi d’autres ports, tels Anvers<br />

avec le mégaprojet du Saeftingendock<br />

faisant suite à celui du Deurgangdok, l’un et<br />

l’autre en rive gauche (figure 3.9), ou<br />

encore Hambourg, avec le projet de<br />

Marburg (cf. infra en 3.3.2). Dans l’un et<br />

l’autre cas, l’accent est mis sur des<br />

capacités conteneurisées supplémentaires,<br />

pour rencontrer la forte croissance anticipée<br />

de la demande de manutention (cf. infra en<br />

3.3.1).<br />

Figure 3.9 – Le nouveau Deurgangdock anversois<br />

et le projet voisin d’un Saeftingendock © Port of Antwerp<br />

Dans certains cas, les investissements en cours, prévus ou envisagés ne se limitent pas à des<br />

investissements de superstructure dans des terminaux (souvent à conteneurs) mais s’y ajoutent de<br />

lourds investissements<br />

d’infrastructure, en particulier<br />

dans de nouvelles écluses<br />

d’accès. De tels ouvrages sont<br />

prévus ou envisagés à Anvers<br />

(au fond du Deurgangdok, pour<br />

doter le complexe de rive<br />

gauche d’une seconde porte<br />

d’accès), à Bremerhaven (sur<br />

le site de l’actuel ouvrage<br />

d’accès à l’arrière-port Nord),<br />

au Havre (à côté de l’écluse<br />

François 1er) et à Amsterdam,<br />

au centre du complexe<br />

d’IJmuiden (figure 3.10).<br />

Figure 3.10 – En dépit de l’attrait des sites non éclusés, de nouvelles grandes écluses<br />

demeurent à l’agenda de certaines autorités portuaires, comme ici à Amsterdam © Port of Amsterdam


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

De tels ouvrages se justifient par des circonstances locales et sont parfois la condition sine qua non<br />

de l’expansion, ce qui est en particulier le cas à Amsterdam où les ambitions du port en matière de<br />

trafics vraquiers et conteneurisés ne pourraient se satisfaire du carcan de l’écluse Nord actuelle. La<br />

pleine valorisation du nouvel Africadok (figure 3.11) va de pair avec une amélioration quantitative et<br />

qualitative de l’accessibilité nautique du port, qui se trouve cependant freiné dans la réalisation de son<br />

potentiel par les limites environnementales et spatiales mises à son développement en aval de<br />

l’Afrikadok. De nouvelles installations de manutention et de logistique n’y sont plus envisageables à<br />

l’avenir que sur deux sites relativement petits de part et d’autre du Canal de la Mer du Nord, de sorte<br />

que les Amstellodamois ont aussi dans leur carton un projet de type bluefield à la rotterdamoise en<br />

face de l’usine sidérurgique Corus.<br />

2005 2008<br />

Figure 3.11 – Africadok © Port of Amsterdam<br />

Dans tous les exemples cités plus haut (sauf Tanger), les développements en cours, envisagés ou<br />

prévus résident dans des expansions d’installations existantes. Il est cependant en Europe au moins<br />

un projet en site entièrement neuf (ce qui est beaucoup plus fréquent actuellement en Asie), celui du<br />

port de Vuosaari à l’est d’Helsinki (figure 3.12). Techniquement, son germe est de type brownfield,<br />

puisqu’il s’agit du recyclage du site d’un ancien chantier naval, mais il peut légitimement être plutôt<br />

classé dans les opérations de type greenfield parce que le projet déborde très largement de ce<br />

chantier et parce que les infrastructures routières et ferroviaires d’accès sont totalement neuves.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

17<br />

Figure 3.12 – Port de<br />

Vuosaari © Port of Helsinki<br />

Pour partie, ce nouveau<br />

complexe de Vuosaari<br />

vise à augmenter la<br />

capacité globale du pôle<br />

portuaire de Helsinki en<br />

matière de trafic des<br />

marchandises, mais il<br />

procède aussi d’une<br />

politique de transfert<br />

partiel des activités du<br />

port de la capitale<br />

finlandaise. Tout le trafic<br />

de fret et toutes les<br />

activités portuaires y<br />

seront progressivement<br />

concentrés, de façon à permettre l’expansion de la ville sur le site de deux des trois ports urbains<br />

actuels. Comme on le verra plus loin, le port Sud, uniquement consacré aux ferries et aux croisières<br />

sera conservé, mais les deux autres ports verront leur activité fret totalement transférée vers Vuosaari,<br />

ce qui amènera la fermeture totale du port Est et partielle du port Ouest (figure 3.13) qui ne


18<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

conservera plus, lui aussi, que le trafic des ferries et des croisières, en permettant à la ville de se<br />

développer davantage sur ce site, en marge duquel de premières expansions ont déjà eu lieu.<br />

Figure 3.13 – Port Ouest d'Helsinki © Port of Helsinki<br />

Cet exemple nous amène à considérer, dans la sous-section suivante, l’exemple extrême inverse des<br />

opérations de développement, par expansion totale des villes sur d’anciens sites portuaires (et parfois<br />

même sur la totalité d’un port historique).<br />

3.1.2. Waterfronts et docklands : là où le port s’efface pour la ville<br />

A l’autre extrémité du spectre des évolutions observées dans les places portuaires européennes (et<br />

plus généralement mondiales), on trouve des opérations d’extension du domaine urbain sur des<br />

territoires autrefois portuaires et qui ont souvent constitué des friches peu attractives à l’interface villeport.<br />

Dans nombre de cas, il s’agit d’une évolution des plus logiques, vu le caractère techniquement<br />

dépassé de ces espaces, leur exiguïté qui ne permet pas le déploiement des formes modernes de<br />

manutention des marchandises ou d’accueil des passagers, vu aussi leur accessibilité insuffisante<br />

(tant nautique que terrestre) et vu aussi, il faut en convenir, la forte pression foncière qui s’observe<br />

souvent au contact des centres urbains. Deux formes distinctes de requalification urbaine s’observent<br />

selon la morphologie des lieux. Dans certains cas, il s’agit de fronts d’eau (=waterfronts) qui s’étirent<br />

de manière assez linéaire en front de mer ou en bordure d’un estuaire ou d’un fleuve et donc<br />

d’espaces tout au contact de l’élément marin ou fluvial. Dans d’autres cas, le cadre est plus artificiel et<br />

prend la forme de docklands, soit des bassins plus massifs, éventuellement découpés assez<br />

finement par des presqu'îles ; selon le marnage local, ces bassins sont à marée ou sont éclusés (ou le<br />

furent autrefois, avant que l’accès ne soit coupé). Cette sous-section vise à présenter quelques<br />

opérations particulièrement significatives de ces deux types de redéveloppement à finalité urbaine,<br />

récentes, en cours ou en projet, qui se combinent parfois quand dans un même lieu, comme à hauteur<br />

du "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen) de Bremerhaven.<br />

Du point de vue de l’atmosphère urbaine de ces espaces une fois qu’ils ont été réaménagés, la<br />

principale différence réside dans le caractère largement ouvert des premiers, alors que les seconds<br />

sont des espaces plus fermés, où l’élément liquide tient une moindre place, voire plus de place du tout<br />

quand les bassins ont été totalement remblayés, ce qui est la principale des mauvaises pratiques<br />

repérées lors de la préparation de ce guide des bonnes pratiques. Un exemple de ce genre<br />

particulièrement significatif est celui des Bassins du Sud à Anvers, dont l’accès à l’Escaut a été coupé,<br />

rendant impossible toute remise en eau comme cela s’est pratiqué à Swansea. De tels remblaiements<br />

seront certes parfois recommandés à la sous-section 3.3.2. là où il s’agit de redéveloppements à des<br />

fins portuaires, mais ils sont à proscrire, du moins sur la totalité des plans d’eau, là où la finalité est<br />

urbaine, puisque c’est l’élément liquide qui rend ces lieux uniques et les différencie du reste du<br />

territoire urbain. Une bonne partie des plus-values foncières potentielles disparaît toutefois dès que<br />

des remblaiements viennent en quelque sorte banaliser ces lieux, mais des compromis s’observent


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

cependant, avec des remblaiements partiels de fond de bassin, en général pour placer un gros<br />

équipement urbain ou pour créer un parc.<br />

a) Les opérations de type waterfront<br />

Celles-ci sont proportionnellement les plus nombreuses Outre-Mer et en Europe méditerranéenne, sur<br />

des fronts d’eau qui n’étaient d’ailleurs pas tous intégralement portuaires au départ, avec une<br />

multitude d’exemples fortement médiatisés en Amérique du Nord (de Vancouver à San Francisco,<br />

Baltimore, Boston, Montréal ou Toronto), en Australie (Sydney) ou encore en Afrique du Sud (Cape<br />

Town, encore qu’il s’agisse ici plutôt d’un dockland !). En Europe Atlantique et en Baltique, ces<br />

opérations sont en fait moins nombreuses que celles du second type, mais quelques unes méritent<br />

d’être mentionnées ici.<br />

En termes de développement spatial, l’exemple le plus important est celui des rives de la Tamise à<br />

Londres, mais cela passe relativement inaperçu car il s’agit d’opérations distinctes, de taille souvent<br />

réduite par rapport aux docklands londoniens qui seront évoqués au point suivant. Bien plus massif<br />

est le redéveloppement rotterdamois de Kop van Zuid, qui garde une petite composante maritime<br />

puisque le terminal local pour les croisières y est intégré, mais qui est avant tout une opération de type<br />

immobilier destinée à projeter le CBD de la deuxième ville néerlandaise sur la rive gauche du Rhin<br />

(Figures 3.14 et 3.15).<br />

Figure 3.14 – La zone de Kop van Zuid en cours Figure 3.15 – De tels contrastes architecturaux<br />

de redéveloppement urbain à Rotterdam © <strong>AIVP</strong>/IACP ne manquent pas de susciter la controverse<br />

(à l’avant-plan, l’hôtel New York et à l’arrièreplan<br />

la tour Montevideo à la pointe Ouest du<br />

périmètre de Kop van Zuid à Rotterdam)<br />

© Jacques Charlier<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

19<br />

Au sein du réseau PCP, une opération de ce type<br />

est en cours à Riga dans la zone d’Andrejsala<br />

(figure 3.16), à une échelle plus modeste et avec<br />

au départ une dimension principalement culturelle<br />

puisque le projet s’articule autour de la réalisation<br />

d’un musée d’art contemporain.<br />

Figure 3.16 – La zone d’Andrejsala à Riga dans sa<br />

configuration actuelle © Port of Riga


20<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Et à plus petite échelle, une opération similaire s’est déroulée à Delfzijl, où les anciens quais<br />

commerciaux situés au contact de la ville en sont devenus le balcon sur le port quand celui-ci s’est<br />

déplacé latéralement (figure 3.17).<br />

Figure 3.17 – Vue d’ensemble du port de Deflzijl, avec au centre l’ancien port de commerce,<br />

requalifié à des fins urbaines,<br />

et le nouveau dans la partie gauche de la photo - © City of Delfzijl<br />

La dimension waterfront est également présente à Bremerhaven, mais à titre marginal, puisqu’elle<br />

concerne la réalisation d’un luxueux hôtel en bordure de la Weser, dont les berges sont par ailleurs<br />

aménagées pour la promenade entre l’embouchure de la Geeste et l’écluse Sud d’accès au port Nord.<br />

Mais ceci est un volet secondaire de l’opération "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen), qui est de type<br />

dockland et sera évoquée au point suivant. De même, la partie Sud de la grande opération en cours<br />

actuellement à Hambourg en rive droite de l’Elbe est de type waterfront, mais cette opération est pour<br />

l’essentiel de type dockland et elle sera donc elle aussi plutôt évoquée au point suivant.<br />

b) Les opérations de type docklands<br />

Celles-ci sont les plus nombreuses et s’inspirent pour la plupart des expériences pionnières menées<br />

dans de grands ports anglais comme Londres, Liverpool ou Manchester. La plus médiatisée est<br />

assurément celle des docklands londoniens, dont le paysage fut radicalement modifié en un tiers de<br />

siècle. Autrefois instruments de la puissance économique anglaise, les complexes de bassins situés<br />

en aval du Pont de la Tour (Tower Bridge) furent successivement abandonnés à partir de 1970, des<br />

London & St-Katerine Docks aux Surrey Docks, puis aux India & Milwall Docks et enfin aux Royal<br />

Docks. Le destin des deux premiers complexes fut rapidement scellé et de malencontreux<br />

remblaiements y sont intervenus avant que les aménageurs ne se rendent compte de la valeur<br />

paysagère des plans d’eau délaissés, qui ont été par la suite conservés pour l’essentiel, même si des<br />

remblaiements partiels y ont été effectués.<br />

L’opération la plus spectaculaire est assurément celle intervenue dans la zone de Canary Wharf, dont<br />

la physionomie a été totalement transformée pour accueillir de nos jours un nouveau centre<br />

international d’affaires d’une puissance équivalent à terme celle de la City. (figures 3.18 et 3.19).<br />

Parmi les faiblesses décelées ex-post de ces aménagements fortement inspirés par le Thatchérisme,<br />

relevons la quasi absence de parcs, le caractère étriqué et quelquefois non continu de cheminements<br />

piétons le long des anciens bassins et les insuffisances initiales au niveau de la desserte par<br />

transports en commun. La zone jouit cependant d’une accessibilité extérieure assez exceptionnelle,<br />

avec le London City Airport mis en service dès 1985 aux Royal Docks voisins et dès 2009, la gare<br />

Eurostar de Stratford.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Figure 3.18 – Le complexe des East India & Milwall Docks<br />

(au cœur desquels se trouve Canary Wharf) à son apogée<br />

portuaire dans les années soixante...<br />

© Port of London Authority<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Figure 3.19 – ...et son apparence en phase finale<br />

à l’horizon 2015 © London Docklands<br />

Development Corporation<br />

Parmi les partenaires de ce projet PCP, des opérations de ce type s’observent également à<br />

Amsterdam Est (figures 3.20 et 3.21), à Bremerhaven ("Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen), figures<br />

3.22 et 3.23) et au Havre (figures 3.24 et 3.25) qui ont été bien documentées dans les Newsletters<br />

consacrées à ces trois ports dans le cadre du projet. Même si elles procèdent d’une même tendance<br />

générale de conquête du domaine portuaire par la ville, elles diffèrent sensiblement par leurs échelles<br />

respectives et par leurs modalités. Au niveau des ports du Nord-Ouest européen, la plus importante<br />

opération reste cependant encore à venir, qui est celle des plus anciens bassins septentrionaux de<br />

Hambourg où une « ville nouvelle en ville » (« new town in town ») va surgir entre l’actuel CBD et<br />

l’Elbe (figures 3.26 et 3.27).<br />

Figure 3.20 – Les anciens bassins d’Amsterdam–Est Figure 3.21 - ... et après leur redéveloppement<br />

à leur apogée portuaire... urbain intégral © Port d’Amsterdam<br />

Figure 3.22 – Le complexe de "Havenwelten" Figure 3.23 –… et en vue d’artiste<br />

(Alter/Neuer Hafen), à l’horizon 2010<br />

à Bremerhaven au début de l’opération © City of Bremerhaven<br />

de redéveloppement urbain © City of Bremerhaven<br />

21


22<br />

Figure 3.25 – … et photomontage<br />

de l’opération de<br />

requalification urbaine en<br />

cours<br />

© Ville du Havre<br />

Figure 3.26 – Plan d’ensemble de l’opération hambourgeoise Hafencity<br />

© Port d’Hambourg<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Figure 3.24 – Vue partielle de<br />

l’imbrication ville-port dans le<br />

complexe havrais<br />

des quartiers Sud avant la 2ème<br />

guerre mondiale © Port Autonome<br />

du Havre


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Figure 3.27 – … et vue d’ensemble du territoire d’intervention, d’une ampleur sans précédent<br />

en Europe continentale © Port d’Hambourg<br />

A Hambourg comme à Amsterdam et à Rotterdam, les projets ont une dimension essentiellement<br />

urbaine, mais ils incluent une dimension maritime marginale au travers de terminaux de croisières<br />

faisant en quelque sorte le lien avec la fonction antérieure de ces lieux. Ceux-ci seront évoqués à la<br />

section suivante qui montrera que l’accueil de navires à passagers, de croisières mais aussi de<br />

ferries, peut être un instrument de la mixité des espaces d’interface urbano-portuaires.<br />

3.2 – Les (re)développements à finalité mixte<br />

Introduction<br />

Dans cette section, le thème des nouveaux développements et des redéveloppements à finalité mixte,<br />

à la fois urbaine et portuaire (selon un dosage bien évidemment fort variable) sera abordé en deux<br />

temps. Il convient en effet de distinguer entre ceux mis en œuvre en marge du trafic des passagers et<br />

ceux concernant le domaine du fret, pour lesquels les principales contraintes varient fortement. Au<br />

sein de chacune de ces deux grandes catégories, des distinctions internes seront par ailleurs<br />

opérées, d’une part entre les trafics de croisières et de ferries (ou de traversiers locaux), et d’autre<br />

part entre des espaces de transition à mixité d’usage fortement tournés vers le port pour les uns et<br />

plus nettement orientés vers la ville pour les autres.<br />

3.2.1. Les aménagements pour le trafic de passagers<br />

Historiquement, les terminaux à passagers pour les trafics à courte et longue distances ont toujours<br />

été distincts, parce que les navires qui les fréquentaient avaient – et ont toujours – des exigences<br />

nautiques fort différentes. Ils se trouvent donc souvent dans des parties distinctes des ports, ce qui va<br />

amener à les examiner séparément ci-dessous. Un point commun réside cependant dans le fait qu’ils<br />

engendrent, globalement, bien moins d’externalités négatives (réelles ou perçues) que le trafic des<br />

marchandises et qu’ils sont donc généralement mieux acceptés par les riverains éventuels des<br />

terminaux et par la communauté locale en général. Ceci du moins pour ce qui concerne les trafics<br />

purement passagers, puisque là où il s’agit, comme dans le cas des ferries polyvalents, d’opérations<br />

mixtes, le trafic routier en général et celui des poids lourds en particulier peuvent rendre l’imbrication<br />

ville-port moins facile à faire accepter et à organiser.<br />

Mais en tout état de cause, ce type de trafic est perçu comme plus acceptable, d’autant qu’il génère<br />

d’importantes retombées économiques locales au travers des dépenses des passagers dans les villes<br />

d’accueil (principalement ceux des navires de croisières, mais l’impact des ferries ne doit pas être<br />

sous-estimé, vu le nombre bien plus élevé des passagers de ce type). A ce niveau, tout dépend<br />

cependant de la capacité d’interception du flux qu’ont les places portuaires, car seuls comptent en<br />

définitive les passagers qui visitent la ville (et mieux encore y séjournent un jour ou deux avant ou<br />

après leur traversée); les autres ne suscitent guère plus de plus-value qu’un conteneur en door to<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

23


24<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

door directement pré- ou post-acheminé, dont l’impact économique local est minime (c’est alors le<br />

simple « port couloir » épinglé déjà en 1979 par A. Vigarié, dont le propos portait sur les conteneurs et<br />

le transroulage accompagné, mais vaut tout autant pour les passagers en transit direct dans les villesports).<br />

a) Les terminaux de croisière<br />

Les croisières maritimes connaissent actuellement un grand essor en Europe, à l’image de ce qui fut<br />

observé précédemment en Amérique du Nord. Il convient cependant de ne pas perdre de vue le<br />

caractère plus ou moins saisonnier de cette activité, au contraire des trafics de ligne régulière du<br />

passé qui étaient beaucoup plus constants au fil des mois. Cette saisonnalité, qui est clairement un<br />

facteur limitant, est particulièrement marquée en Europe du Nord-Ouest et du Nord, où la saison des<br />

croisières va en gros de la mi-avril à la fin septembre, mais elle est également importante en<br />

Méditerranée, où l’hiver est une saison fort creuse malgré les efforts des compagnies et des ports<br />

pour promouvoir les croisières tout au long de l’année et plus seulement du début du printemps à la<br />

fin de l’automne. L’offre est alors beaucoup moins fournie et c’est un type de tourisme beaucoup plus<br />

culturel qu’il convient de promouvoir pendant cette morte saison. Il faut cependant insister sur les<br />

évolutions techniques enregistrées sur les navires de croisières, dont un nombre croissant est équipé<br />

de piscines supérieures à toit coulissant et de ponts-soleil très abrités, voire couverts, ce qui permet<br />

d’offrir un environnement protégé en toute saison aux passagers.<br />

En dépit des chiffres parfois spectaculaires de croissance de cette activité dans le courant des<br />

dernières années, il convient d’insister sur le fait que, quand on les compare au trafic des<br />

marchandises et à celui des ferries, les croisières ont encore généralement un impact économique<br />

local et régional limité en termes absolus, en dehors du cas particulier de grands ports de base<br />

comme Athènes, Venise, Barcelone, Southampton, Douvres, Amsterdam, Bremerhaven et<br />

Copenhague. La distinction entre ports de base et ports d’escale est fondamentale et ce sont avant<br />

tout les premiers qui bénéficient d’importantes retombées, à la fois au niveau du tourisme (d’autant<br />

que les touchées y sont plus nombreuses) et de l’avitaillement des navires. Encore faut-il noter qu’une<br />

bonne partie de l’impact économique provient alors des activités de pré- et de post-acheminement des<br />

croisiéristes et que dans ce cas, c’est avant tout la composante aérienne qui génère un impact<br />

économique important. Les vainqueurs sont en définitive les places portuaires dotées d’un aéroport de<br />

bon niveau, desservis si possible par des lignes internationales directes. On est cependant bien loin<br />

encore en Europe des binômes majeurs port de croisière – aéroport observés dans le Sud de la<br />

Floride, où Miami et Port-Everglades (le port de Fort Lauderdale) doivent leurs positions éminentes à<br />

la proximité de grands aéroports. En Europe, où les distances sont moindres, les trains à grande<br />

vitesse sont cependant une alternative intéressante à l’avion et les ports de base bien desservis par<br />

ces trains à grande vitesse (comme le sont déjà Marseille et Amsterdam) auront clairement à l’avenir<br />

un avantage concurrentiel sur les autres, ne ce serait-ce qu’en termes d’image.<br />

Dans certains cas, les terminaux de croisière sont les lointains héritiers de la fonction transatlantique<br />

et/ou coloniale des ports, à une époque où le trafic aérien au long cours n’avait pas le relief actuel et<br />

où, par ailleurs, l’essentiel des passagers ont été acheminés vers et depuis les ports par voie ferrée.<br />

Dans plusieurs cas, cela a donné naissance à des gares maritimes, où la fonction de<br />

correspondance ferroviaire a cependant disparu de nos jours dans la plupart des cas. Dans d’autres<br />

cas, soit que les gares maritimes du passé aient été démolies (d’une façon parfois regrettable), soit<br />

qu’il n’y en ait pas eu, les installations actuelles d’accueil des navires de croisière se situent au niveau<br />

d’anciens terminaux pour marchandises diverses plus ou moins profondément transformés pour cette<br />

nouvelle fonction. Dans d’autres cas, il peut s’agir de nouveaux terminaux, plus ou moins<br />

sophistiqués, comme les précédents, selon que les ports concernés sont en tête de ligne ou sont de<br />

simples ports d’escale. Mais nombre de ces derniers n’offrent pas encore d’installations d’accueil<br />

dignes de ce nom et il n’est pas rare que les navires de croisière soient traités « au milieu de nulle<br />

part », parfois même dans des zones en cours de développement bluefield ou greenfield, quand la<br />

taille de l’unité est trop importante pour les installations existantes héritées d’un passé où la pointure<br />

des navires de croisière (et avant eux de ceux de ligne régulière) était significativement inférieure.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Un exemple d’ancien terminal transatlantique recyclé est offert par le "Kreuzfahrt-Terminal<br />

Bremerhaven" (figure 3. 28), qui souffre malheureusement d’un environnement assez peu attractif<br />

(avec notamment des cuves à pétrole qui ne vont pas sans poser des questions en matière de<br />

voisinage optimal) et d’une localisation excentrée par rapport au vieux port.<br />

Cette intégration pourrait être facilitée<br />

par le fait que des capacités d’accostage<br />

supplémentaires sont nécessaires pour<br />

l’accueil des unités de croisière et qu’un<br />

endroit logique pour la réalisation d’un<br />

nouveau terminal se trouve précisément<br />

dans cette zone tampon. Mais c’est bien<br />

évidemment là où l’ancien terminal de<br />

ligne régulière se trouve au cœur de la<br />

partie ancienne du port que son<br />

intégration est la plus harmonieuse et<br />

que la mixité est la plus réussie. C’est<br />

particulièrement le cas à Gênes où le<br />

terminal de croisière est au cœur du<br />

dispositif urbain et a été la pièce centrale<br />

de la recomposition du front urbanoportuaire.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

25<br />

Figure 3.28 – Le "Kreuzfahrt-Terminal<br />

Bremerhaven"<br />

© Bremenports<br />

Il n’a pu être intégré dans<br />

l’opération de redéveloppement de<br />

celui-ci, mais on peut cependant<br />

penser qu’à terme, celle-ci<br />

s’avancera dans sa direction et<br />

que cette ancienne gare maritime<br />

pourra alors être intégrée dans la<br />

fabrique urbaine.<br />

Figure 3.29 – Le terminal de croisière de Gênes © Port de Gênes<br />

Dans certains cas, on peut regretter que des<br />

bâtiments historiques remarquables, qui<br />

étaient proches d'anciennes gares maritimes<br />

de ligne régulière, n'aient pas été intégrés<br />

dans la réalisation de nouvelles gares<br />

maritimes pour la croisière. C'est par exemple<br />

le cas à Rotterdam où l'ancien siège<br />

administratif de la compagnie Holland America<br />

Line, qui exploitait notamment la ligne<br />

régulière Rotterdam-New York, est devenu un<br />

hôtel de luxe sous le nom d'Hôtel New York<br />

(figure 3.30) à quelques dizaines de mètres<br />

du nouveau terminal de croisière du port,<br />

fonctionnel mais sans cachet particulier. Il<br />

s'agit là d'une opportunité manquée, qui peut<br />

même être considérée rétrospectivement<br />

comme une mauvaise pratique.<br />

Figure 3.30 – L'ancien siège administratif de la Holland America Line<br />

est devenu l'Hôtel New York dans le cadre de l'opération rotterdamoise Kop van Zuid,<br />

sans être intégré dans le nouveau terminal de croisière voisin © Jacques Charlier


26<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

La conversion (en conservant les hangars ou non) d’anciennes installations pour les diverses<br />

conventionnelles (comme c’est d’ailleurs le cas pour beaucoup de terminaux de croisière aux Etats-<br />

Unis) s’observe par ailleurs fréquemment. C’est une autre façon de « recycler » ces espaces<br />

délaissés plus ou moins proches des centres-villes, mais elle a ses limites car les exigences nautiques<br />

des navires de croisière contemporains sont souvent supérieures à celles des cargos du passé. A cet<br />

égard, l’exemple de Dunkerque et de son modeste terminal du Freycinet III montre qu’une bonne<br />

localisation sur papier ne l’est pas tout à fait en pratique (en raison, pour des unités de taille<br />

simplement moyenne, de problèmes d’enfoncement et de la difficulté à négocier un goulet situé au<br />

nord du bassin). Pour une autorité portuaire, il s’avère souvent plus pratique de requalifier des sites un<br />

peu plus excentrés, mais dotés d’une meilleure accessibilité nautique, comme par exemple au Havre<br />

avec le nouveau terminal de la Pointe de Floride et à Marseille avec le complexe du môle Gouret.<br />

Dans ce cas, comme dans celui du recyclage d’anciennes gares maritimes, il faut cependant veiller à<br />

la qualité (et à la sécurité) des espaces à traverser par les croisiéristes vers et depuis le centre-ville.<br />

Certes, la majorité de ces derniers effectuent des visites guidées en autocar, mais une fraction de ces<br />

croisiéristes opte de plus en plus fréquemment pour la découverte individuelle et ils ont alors<br />

tributaires soit des taxis, soit de la marche à pied, dans la mesure où les transports publics urbains<br />

sont fréquemment absents dans ces espaces péri-urbano-portuaires.<br />

Des digues de protection et des jetées extérieures (pourvues ou non de modestes installations de<br />

manutention) peuvent aussi parfois être commodément utilisées pour l’accueil d’unités de croisière,<br />

surtout si elles sont de grande taille et ont donc de fortes contraintes pour les manœuvres et le tirant<br />

d’eau. C’est le cas à Barcelone (figure 3.31) et<br />

une reconversion de ce type peut aussi être<br />

imaginée pour la digue extérieure de la Joliette à<br />

Marseille. On peut même imaginer que, quand<br />

cette digue ou jetée extérieure n’est pas reliée au<br />

rivage comme c’est le cas à Brest avec la digue<br />

isolée située entre les passes Est et Ouest d’accès<br />

au port de commerce, que des navires de croisière<br />

y accostent côté ville et que les chaloupes du bord<br />

effectuent la navette avec un quai proche du<br />

centre ville, ainsi que cela se pratique couramment<br />

en Caraïbe dans des escales peu équipées où les<br />

navires jettent simplement l’ancre au large de la<br />

ville.<br />

Figure 3.31 – En marge de l’opération Port Vell, Barcelone<br />

s’est doté d’un terminal de croisières couplé à un centre d’affaires internationales.<br />

Ce terminal étant insuffisant, les unités de croisières sont aussi traitées le long de la digue extérieure<br />

© Port de Barcelone<br />

Tout ne se résume cependant pas à l’accueil de grandes unités maritimes car là où la place portuaire<br />

est située sur l’embouchure d’un fleuve navigable (la Seine, l’Escaut, le Rhin associé au canal<br />

d’Amsterdam au Rhin, la Weser ou l’Elbe), il s’y ajoute l’accueil d’unités fluviales de croisière. Ce<br />

secteur est en pleine expansion, avec là aussi une certaine course au gigantisme (qui va désormais<br />

jusqu’à des Grands Rhénans de 135 m de long) mais des exigences de tirant d’eau par définition très<br />

limitées. Des terminaux distincts sont souvent mis en place pour ces croisières fluviales et les parties<br />

les plus anciennes des ports, qui sont souvent les plus proches des centres villes, leur conviennent<br />

encore bien mieux que dans le cas des croisières maritimes. Comme on se trouve dans la plupart des<br />

cas dans l’espace douanier communautaire et en Zone Schengen, les contraintes douanières et<br />

policières sont nulles et seule la sécurité doit être prise en compte. D’où des installations plus légères<br />

et plus aisément déplaçables (et à un moindre coût), s’il s’avère au fil des ans qu’un terminal localisé<br />

au plus près du centre ville doit être relocalisé un peu plus à l’écart pour diverses raisons.<br />

C’est à Amsterdam que les croisières fluviales ont le plus grand relief, à la fois parce que c’est une<br />

des deux plus commodes portes d’accès à l’espace rhénan et parce que c’est une destination<br />

touristique de stature mondiale, couplée à un aéroport international de premier plan. Les unités de<br />

croisière fluviales y sont reçues dans ce qui fut autrefois un bassin maritime tout proche de la gare<br />

centrale, en un lieu extrêmement commode à la fois pour l’accès des passagers depuis et vers celleci,<br />

et pour la découverte touristique de la ville.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Pour en revenir in fine aux croisières maritimes, dans certains cas, les terminaux de croisière<br />

(modernes ou convertis) peuvent être utilisés comme des aimants pour contribuer au succès d’une<br />

opération de redéveloppement à<br />

finalité urbaine. Dans ce cas, on<br />

leur donne une vocation mixte,<br />

en associant celle de terminal de<br />

croisière (utilisé comme tel le<br />

plus souvent seulement à la<br />

belle saison) et de lieu public<br />

multifonctionnel ; un ou des<br />

espaces culturels ou touristiques<br />

distincts peuvent venir s’y<br />

ajouter, comme c’est le cas avec<br />

le terminal de croisière dans<br />

l’ancien complexe portuaire<br />

oriental d’Amsterdam,<br />

essentiellement reconverti en<br />

zone d’habitat (figures 3.32 et<br />

3.33).<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

27<br />

Figure 3.32 – Le terminal de<br />

croisières d’Amsterdam<br />

s’intègre dans un complexe<br />

plurifonctionnel © <strong>AIVP</strong>/IACP<br />

Figure 3.33 © Port of Amsterdam<br />

Un principe identique s’observe dans le projet hambourgeois d’HafenCity, où le futur Hamburg Cruise<br />

Terminal (qui remplacera le bâtiment provisoire actuel du même nom situé un peu plus à l’Ouest)<br />

constituera une des pièces maîtresse de l’opération de redéveloppement urbain de toute cette zone<br />

située au sud du centre ville actuel (alliant dans ce cas bureaux et logements) (figure 3.34).<br />

Figure 3.34 – Le Hambourg Cruise<br />

Center est l’une des composantes<br />

essentielles du projet Hafen City<br />

© Hafen City Gmbh


28<br />

b) Les terminaux de ferries<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Figure 3.35 – Les installations roulières<br />

de Douvres Eastern Docks furent gagnées sur la mer<br />

© Dover harbour Board<br />

En nombre de passagers, les ferries génèrent des<br />

volumes de trafic sans commune mesure avec les<br />

navires de croisière, non pas à chaque escale (car les<br />

plus grands navires de croisière ont désormais des<br />

capacités d’emport supérieures à celles des plus<br />

grands ferries) mais en base annuelle (d’autant que la<br />

saisonnalité des trafics est moindre pour les premiers<br />

que pour les seconds). C’est ainsi qu’en 2006, le plus<br />

grand port de ferries en Europe du Nord-Ouest,<br />

Douvres, a traité 13,8 millions de passagers contre un<br />

peu plus de 750 000 croisiéristes dans le port de<br />

croisière le plus actif dans la région cette année là,<br />

Southampton. Et dans un port comme Marseille, le<br />

rapport était alors de 1,65 millions de passagers de<br />

ferries pour 375 000 croisiéristes. Globalement, l’écart<br />

tend cependant à se réduire car la dynamique du premier secteur est moindre que celle du second.<br />

Toutefois, l’écart entre ces deux composantes demeure, sauf exception, considérable quand on<br />

considère aussi le trafic des véhicules de tourisme et commerciaux qui est généralement associé aux<br />

trafics de ferries. C’est ainsi qu’aux 13,8 millions de passagers précités pour Douvres s’ajoutaient,<br />

toujours en 2006, 2,35 millions de voitures de tourisme, près de 100 000 autocars et non moins de<br />

2,38 millions de camions (figure 3.35).<br />

Historiquement, comme pour les gares maritimes pour le trafic océanique de passagers, celles pour<br />

celui des ferries ont été établies aussi près que possible des centres villes, vu que la majorité des<br />

usagers étaient à l’époque en correspondance ferroviaire. Selon les circonstances, soit la gare<br />

centrale de la ville faisait aussi office de gare maritime, quand elle était proche des installations<br />

portuaires, soit une gare spécialisée distincte a été établie tout au contact de celle-ci. Les choses ont<br />

changé à partir des années soixante sous le double effet de l’augmentation constante de la taille des<br />

ferries et du fait que ces derniers sont devenus des unités polyvalentes prenant à leur bord de moins<br />

en moins de passagers piétons (en correspondance ferroviaire ou non) et de plus en plus de<br />

passagers motorisés et de véhicules commerciaux. La première évolution technique a fait que nombre<br />

d’installations anciennes n’ont plus pu être desservies par les ferries de dernière génération et la<br />

seconde a imposé la réalisation d’aires de parking toujours plus vastes, qui trouvaient difficilement<br />

place dans les parties anciennes des ports, sauf remodelages compliqués et pas toujours<br />

fonctionnels. Le parallélisme avec les évolutions survenues simultanément pour le trafic des<br />

conteneurs est immédiat.<br />

Il en est résulté une évolution paradoxale qui est que les nouveaux terminaux de ferries sont souvent<br />

localisés plus à l’écart des centres villes que ne le sont les installations d’accueil des unités de<br />

croisière, pour lesquelles le tropisme urbain est resté plus marqué. Dans ce cas, quand l’armement de<br />

ferries ne va pas jusqu’à carrément refuser les passagers non motorisés (comme la Norfolk Line à<br />

Dunkerque-Ouest), il importe, d’une part, de maintenir un lien par transport public (gratuit ou non)<br />

entre la ville et le terminal des ferries et, d’autre part, que ce dernier soit une sorte de vitrine de la ville,<br />

avec notamment une information touristique particulièrement soignée au débarquement des<br />

passagers (voire en amont dans la chaîne). Du point de vue urbain, l’exurbanisation des terminaux de<br />

ferries est globalement une mauvaise affaire, même s’il en résulte un soulagement de la congestion<br />

routière et en particulier la disparition de gros flux de camions en transit. En cas de déménagement<br />

(ou de suppression de l’activité des ferries), une bonne pratique est de transformer l’ancienne gare<br />

maritime des ferries en terminal de croisière, ainsi que cela s’est fait, avec un grand soin architectural,<br />

à Douvres Ouest.<br />

Les meilleures pratiques relevées sont celles qui ont réussi, comme à Kiel (figure 3.36), à maintenir<br />

les terminaux pour ferries tout à côté de la gare ferroviaire de la ville tout en aménageant des aires de<br />

parcage suffisantes et en ségrégant la circulation des poids lourds du trafic urbain général.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Figure 3.36 – A Kiel, les navires de croisière sont<br />

accueillis en centre ville, tout au contact de la gare<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Figure 3.37 – Le port de Kiel accueille en centre ville<br />

les navires de croisière et les ferries © Port de Kiel<br />

Mieux encore dans ce cas, les terminaux pour les ferries (sur Göteborg et Oslo) et pour les croisières<br />

sont combinés dans un seul pôle, ce qui donne une grande lisibilité au dispositif (figure 3.37).<br />

En Europe du Nord, cette imbrication est assez naturelle puisque certains des ferries sont en fait des<br />

ferries de croisière avec une forte composante, dans leur clientèle, de minicroisiéristes pour lesquels<br />

les exigences sont en définitive les mêmes que celles des passagers des unités pures de croisière en<br />

termes de qualité d’accès à la ville. Parmi les meilleurs pratiques relevées à ce niveau, signalons<br />

l’exemple du port Sud de Helsinki (figure 3.38), où sont concentrées les lignes vers et depuis<br />

Stockholm qui ne déménageront pas prochainement vers le nouveau complexe portuaire de Vuosaari<br />

évoqué plus haut. Marseille offre un autre exemple de maintien du trafic des ferries (dans ce cas sur la<br />

Corse et l’Afrique du Nord) dans la partie ancienne du port, tout au contact de la ville et en<br />

complémentarité avec le projet Euroméditerranée en parallèle auquel la gare Maritime de La Joliette a<br />

été requalifiée par le Port Autonome (figure 3.39).<br />

Figure 3.38 – Au port Sud d’Helsinki, qui ne déménagera<br />

pas vers Vuosaari, les ferries sont accueillis en centre ville,<br />

dans ce qui était le port de commerce © Port de Helsinki<br />

c) Les terminaux pour traversiers locaux<br />

29<br />

Figure 3.39 – Vue d’ensemble du complexe des gares<br />

maritimes marseillaises de La Joliette, où sont<br />

accueillis les ferries des lignes de Corse et<br />

internationales, dans le périmètre d’intervention du<br />

projet Euroméditerranée © Port Autonome de Marseille<br />

Les installations d’accueil de traversiers locaux (pour passagers seulement ou pour passagers et<br />

voitures, voire quelques véhicules lourds) sont beaucoup plus légères que les précédentes et ont été<br />

le plus fréquemment maintenues sur leurs sites originaux, proches de centres villes. Elles contribuent<br />

à assurer une animation intense des fronts d’eau urbains là où elles ont survécu à la mise en place de<br />

liens fixes sur ou sous les fleuves. L’exemple le plus connu en Europe est celui d’Hambourg et des<br />

célèbres Landungsbrücken, mais les meilleures pratiques à ce niveau s’observent outre-mer, en<br />

particulier dans des grandes villes comme New York, Vancouver ou Hong Kong.


30<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Tout aussi légères et généralement faciles à intégrer dans les activités des fronts d’eau urbains<br />

centraux sont les activités de promenade touristique sur les fleuves ou dans les complexes de bassins<br />

(à l’image d’un port comme Rotterdam où la société Spido est souvent prise comme référence<br />

mondiale), avec là aussi une forte interaction potentielle avec les activités commerciales, culturelles<br />

ou récréatives voisines. Même si le climat est un facteur assez limitatif, il y a là un créneau à<br />

développer pour favoriser une meilleure connaissance des réalités portuaires pour les visiteurs<br />

extérieurs comme pour les citoyens des places portuaires, à l’heure où du côté terrestre, les zones<br />

portuaires tendent à se fermer à eux en raison des mesures I.S.P.S.<br />

Une bonne pratique encore rare : les accès hors sol aux bords de quai<br />

Dans une immense majorité de cas, les habitants des villes et les touristes n’ont pas accès aux avantquais<br />

dans les parties actives des ports de commerce et la déambulation le long des plans d’eau leur<br />

y est interdite par des grillages que ne peuvent franchir que les professionnels dûment accrédités, au<br />

travers de portes de moins en moins nombreuses et de mieux en mieux gardées. Aux traditionnelles<br />

préoccupations de protection des marchandises par rapport aux vols et de sécurité physique des<br />

personnes, ainsi qu’aux considérations douanières et de police des frontières, s’ajoute désormais<br />

l’aspect de la sûreté publique qui a vu s’étendre aux zones portuaires des mesures qui furent d’abord<br />

en vigueur dans les aéroports. Les personnes extérieures à la vie des quais de commerce s’en sont<br />

donc vues de plus en plus repoussées, ce qui est un paradoxe à l’heure où les places portuaires<br />

affichent une volonté de s’ouvrir aux choses de la mer. La perception que peuvent en avoir les<br />

habitants et les touristes est donc de plus en plus biaisée, puisque le seul accès qui leur est souvent<br />

concédé, en dehors des zones d’éclusage qui demeurent généralement visibles, est celui aux plans<br />

d’eau abandonnés, dans des espaces fréquemment docklandisés et qui donnent donc une vue soit<br />

négative, soit erronée de la vie portuaire.<br />

Il est cependant deux exceptions à cette règle quasi générale, qui sont les itinéraires de visite<br />

portuaire, le plus souvent via les plans d’eau et beaucoup plus rarement du côté terrestre, soit via les<br />

observatoires ou promenades en hors sol par dessus des entrepôts, encore actifs ou non. Dans ce<br />

dernier cas s’observe une situation paradoxale selon laquelle la règle générale souffre d’une<br />

exception technique, basée sur le caractère public de l’accès surélevé à un espace dominant l’avantquai<br />

actif alors que celui-ci demeure non accessible au public au niveau du sol. Et ceci que celui-ci<br />

soit dédié au trafic des passagers (section 3.2.1) ou à celui des marchandises (section 3.2.2). .<br />

Historiquement, l’exemple le plus notoire est celui des Terrasses du Nord et du Sud (Noorderterras<br />

et Zuiderterras) le long des quais de l’Escaut à Anvers. Dès l’origine (vers la fin du 19ème siècle) de<br />

ces deux promenades urbaines surélevées, assorties chacune d’un café-restaurant encore très<br />

populaire de nos jours, la population anversoise et les touristes ont joui d’une vue exceptionnelle sur<br />

les activités portuaires s’exerçant en contrebas ; l’avant-quai étant très étroit, ils pouvaient même<br />

quasiment toucher les navires (y compris ceux à passagers qui y ont longtemps escalé). Il en est<br />

résulté un contact quasiment intime unique avec ces derniers et les activités portuaires traditionnelles.<br />

La conteneurisation a cependant conduit au quasi abandon des quais de l’Escaut et la seule activité<br />

commerciale résiduelle significative y réside dans les escales saisonnières de navires de croisière ; il<br />

s’y ajoute (mais à l’écart de cette double promenade) la fonction de quai d’honneur pour des unités<br />

militaires en visite officielle et, occasionnellement de lieu de baptême pour des unités neuves livrées à<br />

des armements anversois (dont plusieurs quartiers généraux sont tout proches). L’impression du port<br />

qu’ont les citoyens anversois et les touristes est donc fortement biaisée, tout comme lorsqu’ils<br />

circulent dans la zone proche des docklands dans la partie des bassins construits au 19ème, qui leur<br />

est également désormais librement accessible au niveau du sol mais n’est plus fréquentée que par<br />

des péniches.<br />

Une situation analogue à celle observée initialement à Anvers pourrait prochainement se présenter<br />

dans le complexe marseillais de La Joliette (soit dans la partie la plus ancienne des bassins de<br />

Marseille Ouest), toujours très actif dans le trafic des ferries comme indiqué au point précèdent. Ici,<br />

tout à côté du siège administratif du Port Autonome, de vastes aires de parking à l’air libre<br />

s’interposent entre la ville et d’anciens entrepôts bord à quai, fort étroits et le long desquels viennent<br />

quotidiennement se ranger des ferries. Ceux-ci génèrent une intense animation, que les Marseillais et<br />

les touristes pourraient être à même d’observer lorsque le projet des Terrasses du Port actuellement<br />

toujours à l’examen viendra à se concrétiser.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Porté par une grande société immobilière et supporté par la ville comme par le port de Marseille, ce<br />

projet consiste, schématiquement, à réaliser au niveau supérieur de ces entrepôts une promenade<br />

bordée de restaurants et à relier cette promenade à la ville par un complexe commercial et culturel<br />

(figure 3.40). Réalisé en hors sol par dessus les parkings des ferries, qui demeureront fonctionnels,<br />

ce complexe fera office d’un large pont entre la ville et la future promenade, véritable belvédère<br />

retrouvé de la ville sur cette partie très animée du port. Le lieu sera d’autant plus fréquenté qu’il<br />

bénéficie d’une bonne accessibilité autoroutière (couplée à un nouveau parking public de grande<br />

capacité) et par les transports publics (métro et nouveau tramway) et qu’il s’inscrit au coeur de la<br />

partie urbano-portuaire de la grande opération urbanistique Euroméditerranée.<br />

Figure 3.40 – Les terrasses du Port © Etablissement Public Euroméditerrannée<br />

Un autre élément urbano-portuaire de celle-ci a résidé, tout à côté, dans la transformation, très réussie<br />

et désormais quasiment terminée, de l’ancien entrepôt des Docks en un complexe de bureaux, qui<br />

générera une chalandise importante supplémentaire pour les futures Terrasses du Port. Les deux<br />

opérations sont donc en cohérence et elles le seront d’autant plus que l’actuel autopont qui les sépare<br />

physiquement laissera prochainement la place à un agréable boulevard urbain sous lequel s’écoulera<br />

le flot automobile.<br />

Une réserve doit cependant être évoquée, qui tient à la sûreté et aux conséquences d’un éventuel<br />

nouveau renforcement drastique de cette dernière. L’investissement immobilier étant conséquent,<br />

plutôt que de fermer un jour les terrasses au public (comme cela se pratique de plus en plus dans les<br />

aéroports), ne seront-ce pas les ferries qui seront interdits d’accès dans cette partie du port, car leur<br />

trafic est relocalisable alors qu’un complexe commercial, culturel, de restauration et de promenade<br />

comme les Terrasses du Port (ou toute autre opération de ce type qui serait réalisée ailleurs) ne le<br />

serait par définition pas. Pour le port, le mieux serait alors l’ennemi du bien et une recommandation<br />

est que des opérations qui s’inspireraient de l’exemple marseillais ne soient pas assorties<br />

d’investissements très lourds qui amèneraient à un effacement prématuré des activités portuaires au<br />

cas où la mixité s’avérerait impraticable au plan de la sûreté.<br />

3.2.2. Les aménagements pour le trafic des marchandises<br />

Dans ce cas, seules sont à prendre en compte des contraintes relatives aux cargaisons et au trafic<br />

lourd (routier, ferroviaire et ou fluvial) qu’elles génèrent du côté terrestre, en superposition avec celui<br />

lié aux activités urbaines plus ou moins imbriquées dans les activités portuaires plus ou moins<br />

résiduelles de ces zones. Un cas de transition avec le point précédent est celui du trafic roulier pur<br />

dont une des caractéristiques est que le séjour moyen des cargaisons sur le terminal est plus long ;<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

31


32<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

ceci implique des espaces plus largement dimensionnés, à volume de trafic égal, que dans le cas du<br />

trafic mixte de passagers et de fret. Toute une gradation s’observe donc entre le trafic purement<br />

passagers et purement fret, avec pour ce dernier aussi des variantes en fonction de la nature<br />

océanique ou intra-européenne des échanges. Celle-ci conditionne les contraintes de calaison des<br />

navires et leurs possibilités d’évolution dans des bassins plus ou moins anciens, qui sont ceux dans<br />

lesquels les activités urbaines tendent à s’incruster en premier. Comme pour les navires de croisière,<br />

il s’y ajoute la dimension supplémentaire du trafic fluvial, qui peut souvent s’accommoder<br />

d’installations maritimes déclassées, selon un decrescendo qui va de l’océanique au côtier plus<br />

éventuellement au fluvial, là où les voies fluviales viennent compléter la panoplie des dessertes<br />

d’arrière-pays.<br />

L’exemple le plus achevé de port où ce decrescendo est explicitement pris en compte, avec un<br />

crescendo quasi symétrique des activités urbaines aux marges des espaces portuaires ou au sein de<br />

ceux-ci, est celui du port d’Amsterdam, où les termes « hard port areas » et « soft port areas » sont<br />

utilisés pour désigner les espaces de transition où la priorité fonctionnelle est donnée ou non aux<br />

activités portuaires. Dans les « hard port areas », la présence d’activités urbaines n’est que tolérée et<br />

elle est strictement contrainte, comme par exemple dans l’ancien village de Ruigoord contigu au<br />

Bassin d’Afrique où une communauté d'artistes a été implantée : ils peuvent y réaliser et valoriser<br />

leurs travaux mais aucunement y habiter. Ailleurs, d’anciens noyaux villageois continuent cependant à<br />

« résister » aux développements portuaires récents et contemporains, comme Pernis à Rotterdam,<br />

Fort-Lillo à Anvers et Mardyck à Dunkerque, en dépit d’un voisinage avec des activités industrielles<br />

lourdes pourtant souvent assorties de contraintes Seveso. Mais la règle générale est à la disparition<br />

complète de ces enclaves résidentielles et à leur arasement, ainsi que cela est par exemple en cours<br />

à Doel dans le cas anversois sur base d’une très officielle décision du Gouvernement flamand.<br />

Un cas particulier de «hard port areas»<br />

est celui d’espaces réorganisés ou qui le<br />

seront autour d’activités maritimes non<br />

commerciales, comme dans le cas du<br />

port Sud de Bremerhaven devenu la<br />

base de la flotte polaire allemande, ce<br />

qui génère des activités sur les plans<br />

d’eau mais guère de contraintes<br />

terrestres, de sorte que des activités de<br />

bureau (axées ici autour de la recherche<br />

dans le cluster polaire et plus<br />

généralement la technologie) peuvent<br />

aisément prendre place en bordure des<br />

quais, et même de la résidence (figure<br />

3.41).<br />

Figure 3.41 – Le port Sud de Bremerhaven, avec une zone dédiée à la Recherche et au Développement à<br />

l’avant-plan et le port de pêche industrielle à l’arrière-plan, au cœur duquel s’observe déjà un îlot docklandisé ©<br />

Bremenports<br />

Entre les «hard port areas» industrialo-portuaires et les «soft port areas» où l’urbain domine, il y a<br />

donc aussi le cas des «hard port areas» non commerciales (et encore moins industrielles) qui sont<br />

celles où l’urbain et le maritime peuvent s’imbriquer le plus aisément, sans que la problématique des<br />

règles ISPS soit ici très contraignante. A cet égard l’exemple, outre-mer, du Albert & Victoria<br />

Waterfront de Cape Town est le plus médiatisé, avec le ballet incessant des remorqueurs du port.<br />

Ceux-ci y sont demeurés basés à la demande expresse de la société privée exploitant ce complexe<br />

commercial et récréatif, alors que l’autorité portuaire avait formulé le projet de déplacer leur base dans<br />

le port de commerce.<br />

Les installations ne traitant plus que des trafics fluviaux relèvent également de cette catégorie, là où ils<br />

sont pas ou plus en lien avec le port maritime au travers d’activités de transbordement mais<br />

simplement en lien avec l’économie urbaine. On peut alors les considérer comme des activités légères<br />

de manutention, là aussi sans guère de contraintes ISPS, des besoins d’entreposage plus limité et


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

des trafics routiers de pré- ou de post-acheminement généralement moins denses, qui rendent la<br />

fréquentation de ces quais par les habitants et même les touristes moins dangereuse. Les exemples<br />

les plus typiques de ce genre d’espace relativement ouverts se trouvent dans les ports belges et<br />

néerlandais, vu le relief considérable qu’y a la navigation intérieure, non seulement au titre des trafics<br />

d’arrière-pays mais aussi de relations purement continentales. C'est ainsi qu’à Anvers, la zone du<br />

Bassin Kattendijk, qui constituait le cœur du port à la fin du 19 ème siècle, a été progressivement<br />

déclassée au point que la fonction de ses plans d’eau soit désormais totalement fluviale et que s’y<br />

mêlent des trafics fluviaux résiduels et la fonction de stationnement des péniches, soit entre deux<br />

voyages, soit à titre plus ou moins définitif pour les bateliers retraités. Cette fonction de stationnement<br />

est importante, comme en attestent aussi la conversion déjà ancienne de la zone du Maashaven et du<br />

Rijnhaven à Rotterdam (où les bateliers disposent même d’une station de métro toute proche) et<br />

l’aménagement contemporain du Houthaven d’Amsterdam, qui s’intègre bien dans le<br />

redéveloppement « soft » du quartier Minerva évoqué ci-dessous (figure 3. 42).<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

33<br />

Figure 3.42 – Péniches en stationnement entre<br />

deux voyages au Houthaven d’Amsterdam ©<br />

<strong>AIVP</strong>/IACP<br />

Il convient cependant de tenir compte des<br />

contraintes de bruit de moteur que peuvent<br />

générer les péniches à l’arrêt ou lors leurs de<br />

leurs manœuvres quand elles sont toutes<br />

proches des habitations. Sur tous les sites<br />

reconvertis à Amsterdam, tel par exemple<br />

que sur la face Nord de l’ancien complexe<br />

des Bassins Orientaux d’Amsterdam, ces<br />

péniches doivent obligatoirement se<br />

brancher sur l’électricité extérieure pendant<br />

leur temps d’attente entre deux voyages. Les<br />

habitants des nouvelles habitations qui bordent ce quai autrefois maritime veulent en quelque sorte<br />

jouir des avantages de vivre au bord de l’eau sans en subir le moindre inconvénient ; le phénomène<br />

s’observe d’autant plus que leur niveau moyen de revenus est élevé et est à la mesure de la pression<br />

qu’ils peuvent exercer sur les pouvoirs publics, contrairement aux classes laborieuses du passé qui<br />

ailleurs (comme par exemple dans les Docklands londoniens) s’accommodaient plus volontiers de la<br />

proximité immédiate d’un port actif qui représentait leur gagne pain quotidien.<br />

Enfin, les véritables « soft port areas »<br />

sont celles où le trafic maritime ou fluvial<br />

a totalement disparu, mais où les plans<br />

d’eau désormais désertés et les terrepleins<br />

adjacents se situent au contact de<br />

la partie active du port et font en quelque<br />

sorte office de tampon physique avec<br />

celle-ci. Ici, les résidences permanentes<br />

sont en principe à proscrire, mais l’habitat<br />

temporaire de type résidence<br />

universitaire, comme dans la zone de<br />

l’ex-chantier NDSM d’Amsterdam (figure<br />

3.43) est une des options ouvertes aux<br />

aménageurs.<br />

Figure 3.43 – Résidence universitaire dans l’ex-chantier NDSM à Amsterdam<br />

© <strong>AIVP</strong>/IACP<br />

Plus classiquement, les anciennes zones d’entrepôts peuvent être converties en zones de petites<br />

entreprises non liées au port ou de bureaux, ce qui amène à distinguer entre population de jour et<br />

population de nuit dans ces espaces de transition ; désertés le soir, ceux-ci peuvent toujours<br />

connaître (ou avoir à nouveau) une intense activité diurne, pour le travail comme éventuellement pour<br />

les citadins en tant que fenêtre de la ville sur le port, dans un environnement moins artificialisé que<br />

dans des zones classiques de docklands et de waterfronts. Des cafés et des restaurants « branchés »<br />

peuvent alors harmonieusement venir compléter l’équipement de ces espaces de transition et être au<br />

service tant des travailleurs des environs que ceux du port et des habitants, voire des touristes.


34<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Dans de telles « soft areas », des immeubles évolutifs peuvent être envisagés, comme à nouveau<br />

dans la zone du Bassin Minerva à Amsterdam où quelque 100.000 m² vont progressivement être mis<br />

à la disposition de petites entreprises, actives notamment dans le domaine de la création. Celles-ci<br />

prendront place dans des immeubles neufs ou transformés dont les premiers apparaissent en bordure<br />

du Quai de Dantzig (figures 3.44 et 3.45). Dans ce cas précis, il s’agit de la transformation d’une zone<br />

encore partiellement active ans le domaine du trafic du bois. Le Port souhaite conserver également<br />

pour ce secteur une fonction portuaire : il n'y aura plus de terminaux, mais tous les bassins<br />

conserveront leur fonction maritime et seront utilisés comme "parking" pour des unités de short sea,<br />

des barges, des petites unités liées aux services maritimes, etc. Cette zone jouera également un rôle<br />

de zone tampon avec la ville proche. Pour autant la flexibilité de ces immeubles rend également<br />

possible leur évolution vers du résidentiel. Etant donné les énormes besoins en logements sur<br />

Amsterdam, on ne peut totalement exclure une évolution qui pourrait se faire du portuaire résiduel<br />

vers l’urbain, d’abord non résidentiel puis résidentiel quand les contraintes (de sécurité, de bruit et<br />

d’odeurs, entre autres) liées à la contiguïté d’installations portuaires davantage actives se seront faites<br />

moins fortes. Un relâchement des normes étant peu probable, il faut voir dans ce mouvement un<br />

premier pas qui, sans incidences immédiates sur ces installations portuaires voisines, en hypothèque<br />

l’avenir comme dans le cas de l’habitant non permanent évoqué ci-dessus.<br />

Figure 3.44 – Schéma de redéveloppement en « soft<br />

port area » du quai de Dantzig à Amsterdam<br />

© Port d’Amsterdam<br />

à comparer avec la situation actuelle<br />

à la figure 3.45<br />

3.3. – Les opérations de redéveloppement à finalité purement portuaire<br />

Introduction<br />

Contrairement aux opérations évoquées à la section 3.2., qui s’inscrivent toutes dans un processus<br />

d’effacement progressif du port au profit de la ville en passant par un degré de mixité physique et<br />

fonctionnelle plus ou moins grand, celles décrites dans cette section finale procèdent d’un mouvement<br />

non pas défensif, mais offensif du port en termes spatiaux. Les adjectifs «offensif» et «offensif»<br />

utilisés ici ne traduisent aucun jugement de valeur mais visent simplement à traduire dans une formule<br />

simple, donc réductrice, une réalité complexe. Pour diverses raisons, qui seront précisées plus loin, il<br />

s’agit pour le port d’agrandir son territoire, ce qui ne peut pas se faire partout, en tout ou même<br />

seulement en partie, au travers des opérations de type «greenfield» ou «bluefield » évoquées en 3.1.<br />

Reste alors l’option «brownfield», qui peut être de deux types : interne ou périphérique. Dans le<br />

premier cas, il n’y a pas de conflit d’usage potentiel avec la ville, puisqu’on se situe plus ou moins au<br />

cœur du domaine portuaire, actuel et sans doute futur à l’échelle de l’aménagement contemporain.<br />

Dans le second, on se situe par contre plus ou moins en contact, voire en conflit avec la ville, quand il<br />

s’agit de requalifier à des fins portuaires des espaces présentement peu utilisés à de telles fins, voire<br />

abandonnés depuis un certain temps. Le tampon spatial séparant les «hard port areas» évoquées à la<br />

section précédente de la ville s’en trouve réduit et ce sont en quelque sorte deux plaques tectoniques<br />

qui risquent d’entrer en collision plutôt que de glisser ensemble dans la même direction.<br />

De la même façon qu’existaient à la section précédente des «soft port areas» pour ménager une<br />

transition entre une ville et un port évoluant spatialement de façon classique, des «soft urban areas»<br />

sont en quelque sorte à prévoir dans la dynamique future de l’aménagement urbano-portuaire là où il<br />

ne se fait pas (ou ne se fera pas) dans le sens usuel de l’Histoire. Il s’agit ici d’un terrain encore en


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

friche que cette section n’envisagera pas en détail, vu la nouveauté du concept, mais qui doit être<br />

envisagé, dans des recherches futures, comme le symétrique des «soft port areas» ; il s’agira alors<br />

d’inverser simplement le sens du mouvement, en prévoyant notamment une disparition graduelle de<br />

l’habitat, voire d’autres fonctions urbaines, dans des zones sensibles. Entre-temps, l’objet de cette<br />

section 3.3. est de mettre en évidence la nécessité économique des aménagements portuaires de<br />

type «brownfield» dans nombre de places portuaires européennes (sous-section 3.3.1.) et, au travers<br />

de quelques exemples, certaines modalités de leur mise en œuvre au travers de pratiques récentes<br />

d’aménagement (sous-section 3.3.2.).<br />

3.3.1. Un contexte de forte croissance des trafics portuaires<br />

A l’heure où des développements ex-nihilo de type greenfield sont de plus en plus problématiques, les<br />

autorités portuaires européennes font face à un dilemme croissant face aux pressions urbaines, qui<br />

s’amplifient alors que les trafics portuaires sont eux-mêmes généralement en croissance. Même si elle<br />

est moindre qu’en Asie émergente, l’ampleur de cette croissance est le plus souvent méconnue, en<br />

particulier des acteurs urbains qui, pour beaucoup, gardent des ports européens une image héritée de<br />

la sévère crise quantitative qu’ils ont connu dans la foulée du second choc pétrolier. Une analyse<br />

statistique va venir mettre en évidence cette nouvelle dynamique de croissance. Elle porte sur la<br />

période 1986-2006, soit du creux de la vague consécutif au second choc pétrolier à nos jours et prend<br />

en compte les principaux ports du Northern Range, soit la rangée portuaire allant de l’Elbe à la Seine.<br />

On se limitera dans la suite aux principaux ports et à un pas temporel quinquennal de façon<br />

simplement à dégager les tendances principales.<br />

Dans un premier temps, est présentée au tableau 3.1. l’évolution du trafic total des treize ports<br />

principaux de cet ensemble (dont certains sont polynucléaires, en fait). Celui-ci compte par ailleurs<br />

nombre de ports secondaires dont le poids cumulé est loin d’être négligeable et dont certains ont<br />

connu des évolutions parfois plus spectaculaires encore que celles mises en évidence ci-après.<br />

Globalement, le trafic total des treize ports en question a progressé de quelque 77 % entre 1986 et<br />

2006, dépassant alors pour la première fois la barre du milliard de tonnes. Certes, il ne s’agit pas là<br />

d’une croissance «à la chinoise», mais elle est néanmoins très importante et elle témoigne d’une<br />

maritimisation croissante du commerce extérieur de l’Europe en général et, plus particulièrement, des<br />

régions formant l’hinterland partiellement commun des ports du Northern Range, du cœur de la<br />

« banane bleue » à l’ex-Europe orientale et centrale.<br />

Tableau 3.1. – Evolution d’ensemble 1986-2006 du trafic<br />

des ports du Northern Range (en millions de tonnes)<br />

1986 1991 1996 2001 2006<br />

Ports allemands 102.1 114.1 139.8 179.3 246.0<br />

Hambourg 55.2 65.5 71.1 92.4 134.9<br />

Brême/Bremerhaven. 29.5 30.7 31.5 46.0 65.1<br />

Wilhelmshaven 17.4 17.9 37.2 40.9 46.0<br />

Ports néerlandais 316.4 358.7 370.4 407.6 490.6<br />

Amsterdam/IJmuiden 44.1 47.4 53.8 67.8 83.7<br />

Rotterdam 257.6 291.7 292.2 314.6 376.7<br />

Flessingue/Terneuzen 14.7 19.6 24.4 25.2 30.2<br />

Ports belges 129.5 157.7 165.3 185.7 231.0<br />

Anvers 90.2 101.3 111.9 130.1 167.4<br />

Gand 24.2 25.5 21.0 23.5 24.1<br />

Zeebrugge 15.1 30.9 32.4 32.1 39.5<br />

Ports français 112.0 138.7 133.9 166.9 200.6<br />

Dunkerque 32.4 40.7 34.9 44.5 56.6<br />

Calais 10.5 17.0 24.7 32.7 42.5<br />

Le Havre 47.2 57.2 56.2 69.0 73.8<br />

Rouen 21.9 23.7 18.1 20.7 23.2<br />

Total Rangée 660.0 769.1 809.4 939.5 1,168.2<br />

Source : autorités portuaires (rapports annuels des années 1986, 1991, 1996, 2001 et 2006)<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

35


36<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Bien évidemment, le dynamisme fut variable d’un pays à l’autre et d’un port à l’autre. Parmi les treize<br />

ports considérés, deux affichent un trafic plutôt stationnaire (Gand et Rouen), alors que celui de ports<br />

comme Hambourg, Brême/Bremerhaven, Wilhelmshaven, Flessingue/Terneuzen, Zeebrugge et Calais<br />

a plus que doublé en vingt ans ; il a même plus que triplé dans le dernier cas, qui est cependant très<br />

particulier puisqu’il relève des échanges anglo-continentaux et non avec l’Outre-Mer, comme c’est<br />

principalement le cas ailleurs. Le trafic total n’est cependant pas la meilleure mesure qui soit du<br />

niveau d’activité réel d’un port, car il est quelquefois fortement gonflé par les manutentions vraquières<br />

(principalement d’hydrocarbures et de pondéreux comme le minerai de fer et le charbon), qui<br />

atteignent dans certains cas un relief considérable (264 Mt sur 377 à Rotterdam en 2006) et<br />

constituent parfois la quasi-totalité de l’activité du port (comme à Wilhelmshaven). Ces cargaisons<br />

vraquières n’entrent guère en ligne de compte dans la problématique des arbitrages d’usage à faire<br />

de l’interface urbano-portuaire, car elles sont le plus souvent traitées dans des terminaux situés en<br />

eau profonde, à l’écart des ports historiques et donc des villes, sur des sites parfois totalement<br />

distincts (comme dans le cas d’Antifer pour le Havre).<br />

Bien plus significative est donc une analyse basée sur le trafic des seules marchandises diverses (ou<br />

générales), c’est-à-dire sur les produits finis (ou semi-ouvrés) de forte valeur unitaire qui contribuent le<br />

plus à la valeur ajoutée portuaire. En se limitant à celles-ci, on observe au tableau 3.2 un dynamisme<br />

d’ensemble qui ne manquera pas de surprendre, puisque le trafic total des diverses dans les ports<br />

considérés (au sein desquels Wilhelmshaven n’est pour l’instant pas du tout concerné) a<br />

pratiquement triplé (+ 187 %) durant les vingt dernières années. Avec là aussi, bien évidemment,<br />

des variations d’un port à l’autre, d’une relative stagnation comme à Amsterdam/IJmuiden ou Rouen,<br />

à un quadruplement comme à Hambourg. Si on exclut le cas particulier de Calais, où les diverses<br />

sont en quasi-totalité des cargaisons en transroulage vers ou depuis le Royaume-Uni, on constatera<br />

que le centre de gravité des activités de manutention à forte valeur ajoutée dans le Northern Range a<br />

sensiblement glissé vers le Nord (sous le double effet des trafics de transbordement sur l’Europe du<br />

Nord et de l’ouverture de l’ex-Europe de l’Est et Centrale aux échanges océaniques). C’est ainsi que<br />

le trafic total de diverses des deux principaux ports allemands a augmenté de 262 % entre 1986 et<br />

2006, alors que celui des ports néerlandais ne progressait que de 134 %, celui des ports belges de<br />

174 % et celui des ports français, hors Calais, que de 138 %.<br />

Tableau 3.2. – Evolution d’ensemble 1986-2006 du trafic des diverses<br />

des ports du Northern Range (en millions de tonnes)<br />

1986 1991 1996 2001 2006<br />

Ports allemands 40.2 50.1 58.5 89.2 145.5<br />

Hambourg 22.1 30.0 37.0 53.2 92.1<br />

Brême/Bremerhaven 18.1 20.1 21.5 36.0 53.4<br />

Wilhelmshaven 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1<br />

Ports néerlandais 56.7 70.1 91.6 95.8 132.5<br />

Amsterdam/IJmuiden 6.7 6.1 7.6 6.2 10.2<br />

Rotterdam 46.3 59.8 78.6 83.8 112.9<br />

Flessingue/Terneuzen 3.3 4.2 5.4 5.8 9.4<br />

Ports belges 50.7 65.0 75.6 98.7 138.8<br />

Anvers 36.1 45.4 52.2 68.3 103.0<br />

Gand 3.1 3.3 3.2 4.4 4.5<br />

Zeebrugge 11.5 16.3 20.2 26.0 31.3<br />

Ports français 26.3 36.8 43.6 60.5 81.7<br />

Dunkerque 6.0 8.1 3.2 8.1 14.6<br />

Calais 9.4 15.9 23.6 31.1 41.5<br />

Le Havre 8.1 10.2 13.6 18.0 22.6<br />

Rouen 2.8 2.6 3.2 3.3 3.0<br />

Total Rangée 174.0 222.1 269.4 344.3 498.5<br />

Source : autorités portuaires (rapports annuels des années 1986, 1991, 1996, 2001 et 2006)<br />

Plus démonstrative encore est l’analyse ne portant que sur les trafics conteneurisés dont l’évolution<br />

chiffrée est présentée au tableau 3.3. Dans ce cas, outre Wilhelmshaven, des ports comme<br />

Flessingue/ Terneuzen, Gand et Calais ne sont pas à prendre en considération parce qu’ils sont, pour<br />

diverses raisons, totalement à l’écart dans ce domaine ; et d’autres cas, les trafics observés sont


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

marginaux (Rouen, Dunkerque et Amsterdam, même si ces deux derniers ports viennent à leur tour<br />

d’entrer significativement dans la course). Globalement, c’est à un quintuplement des manutentions<br />

conteneurisées qu’on a assisté en vingt ans, à un rythme qui ne cède en rien à celui observé en Asie-<br />

Pacifique, ce qui est normal puisque les échanges avec cet espace représentent désormais la<br />

majorité des échanges conteneurisés océaniques de l’Europe, qui répond à ce niveau comme en<br />

écho au spectaculaire essor économique de la Chine et de ses voisins. Encore ne s’agit-il ici que du<br />

tonnage des marchandises conteneurisées et de la tare des conteneurs ; mais nombre de ceux-ci sont<br />

vides en sortie d’Europe lors de leur repositionnement outre-Suez, et le rythme de croissance des<br />

manutentions physiques de boîtes, qui correspond aux capacités nécessaires sur les terminaux, est<br />

encore supérieur dans les faits. Le record revient assurément aux ports allemands pris dans leur<br />

ensemble, avec un quasi sextuplement en vingt ans (presque fois huit à Hambourg et «seulement»<br />

fois cinq à Brême/Bremerhaven) et un tel septuplement s’observe aussi pour Anvers. Parti tôt dans la<br />

course, Rotterdam n’affiche qu’un triplement et est d’ailleurs dépassé au premier rang européen par<br />

le bipôle Anvers/Zeebrugge, quand on considère que le second port nommé est en fait l’avant-port du<br />

premier et que la distance qui les sépare est de l’ordre de celle mesurée entre Marseille et Fos ou<br />

entre Brême et Bremerhaven ! Qui plus est, le phénomène s’est emballé durant les cinq dernières<br />

années, avec une croissance de 64 % du trafic conteneurisé global du Northern Range, assorti d’une<br />

croissance encore supérieure à cette moyenne pour des ports comme Hambourg (+80 % entre 2001<br />

et 2006), Anvers (+ 74 %) et Zeebrugge (+ 70 %) et d’une spectaculaire montée en puissance<br />

d’Amsterdam grâce à son nouveau terminal révolutionnaire au quai indenté et à manutention par les<br />

deux bords.<br />

Tableau 3.3. – Evolution d’ensemble 1986-2006 du trafic conteneurisé<br />

des ports du Northern Range (en millions de tonnes)<br />

1986 1991 1996 2001 2006<br />

Ports allemands 19.3 33.5 46.7 79.3 134.4<br />

Hambourg 10.2 21.4 31.0 49.8 89.5<br />

Brême/Bremerhaven 9.1 12.1 15.7 29.5 44.9<br />

Wilhelmshaven 0.1 0.1 0.1 0.1 0.1<br />

Ports néerlandais 32.2 41.1 54.6 62.9 97.5<br />

Amsterdam/Ijmuiden 0.7 0.8 1.7 0.7 3.3<br />

Rotterdam 31.5 40.3 52.9 62.2 93.8<br />

Flessingue/Terneuzen 0.3 0.2 0.2 0.1 0.4<br />

Ports belges 12.3 22.7 35.8 57.0 98.9<br />

Anvers 11.1 18.9 29.5 46.4 80.8<br />

Zeebrugge 2.2 3.8 6.3 10.6 18.0<br />

Ports français 7.8 10.5 11.3 17.2 24.2<br />

Dunkerque 0.9 0.8 0.7 1.4 1.7<br />

Calais 0.0 0.0 0.0 0.0 0.0<br />

Le Havre 5.7 8.8 9.5 14.6 21.1<br />

Rouen 1.2 0.9 1.1 1.2 1.4<br />

Total Rangée 72.0 108.1 148.7 216.6 355.0<br />

Source : autorités portuaires (rapports annuels des années 1986, 1991, 1996, 2001 et 2006)<br />

Ce dynamisme exceptionnel ne caractérise pas que l’Europe du Nord-Ouest, ainsi que le montre, au<br />

tableau 3.4, l’évolution observée dans le même temps pour les trafics conteneurisés dans quelques<br />

grands ports méditerranéens d’hinterland (en excluant donc ici les ports méridionaux de<br />

transbordement qui relèvent d’une autre logique et où les terminaux à conteneurs sont généralement<br />

de type greenfield). Un même quintuplement d’ensemble (et même davantage) s’observe pour ce<br />

Southern Range que pour le Northern Range, mais pour un poids global très inférieur puisque<br />

l’ensemble du trafic conteneurisé actuel des six ports en question est de l’ordre de grandeur de celui<br />

de Rotterdam ; il y a donc une asymétrie majeure entre les deux principales façades maritimes de<br />

l’Europe et, dans les faits, cette asymétrie s’atténue à peine en dépit de l’avantage théorique qu’ont<br />

les ports méditerranéens pour le trafic depuis et vers l’Asie/Pacifique. Des six ports considérés,<br />

Valence est celui qui a connu l’essor le plus spectaculaire, puisque le trafic conteneurisé y a décuplé<br />

en vingt ans, mais ceci s’explique pour partie par la fonction de transbordement qu’a ce port en sus<br />

d’être le port naturel de la région madrilène, ailleurs, les coefficients multiplicateurs sont inférieurs et<br />

dans le cas de Marseille, il n’y a même pas eu doublement du tonnage.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

37


38<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Tableau 3.4. – Evolution d’ensemble 1986-2006 du trafic conteneurisé<br />

des ports du Southern Range (en millions de tonnes)<br />

1986 1991 1996 2001 2006<br />

Valence 2.6 3.9 7.8 15.2 28.1<br />

Barcelone 3.6 5.0 7.6 13.4 22.6<br />

Marseille-Fos 4.8 4.9 5.8 7.2 8.8<br />

Gênes 3.2 3.3 7.3 14.1 16.1<br />

La Spezia 1.6 4.4 7.6 9.6 12.5<br />

Livourne 2.0 2.8 3.2 5.0 6.5<br />

Total Rangée 17.8 24.3 39.3 64.5 94.6<br />

Source : autorités portuaires (rapports annuels des années 1986, 1991, 1996, 2001 et 2006)<br />

La forte croissance des tonnages conteneurisés ne doit cependant aveugler les analystes, car la<br />

conteneurisation s’est accompagnée d’un appauvrissement économique des ports au travers d’une<br />

valeur ajoutée moyenne sensiblement inférieure dans le cas des manutentions conteneurisées par<br />

rapport à celles en conventionnel ou en transroulage. Divers auteurs ont montré (cf. E. Haezendonck<br />

& W. Winkelmans, 2002, dont la méthodologie a été utilisée ci-après) qu’on pouvait considérer que la<br />

valeur ajoutée relative moyenne des différentes types de trafic variait dans une fourchette allant de 1 à<br />

12 selon qu’il s’agit de cargaisons conventionnelles ou en transroulage prises comme référence ou<br />

conteneurisées (à diviser par un coefficient de 3), de vracs solides (avec un coefficient diviseur de 4)<br />

ou de vracs liquides (avec un coefficient diviseur de 12). Seule exception à cette règle générale de<br />

pondération, les trafics rouliers de Calais et de Dunkerque ont été divisés par trois comme s’il<br />

s’agissait de manutentions conteneurisées parce que ce sont des trafics accompagnés, alors qu’il<br />

s’agit partout ailleurs de trafics non accompagnés ou de véhicules neufs, et qu’un coefficient diviseur<br />

de 3 est plus approprié alors pour le trafic roulier des ports nordistes.<br />

En s’attachant uniquement ici à l’année 2006, on peut constater en comparant les classements des<br />

tableaux 3.5 et 3.6 qu’il y a une grande différence entre les rangs des ports du Northern Range en<br />

tonnages bruts ou pondérés. Certes, les trois premiers ports sont identiques dans les deux<br />

classements, avec Rotterdam devant Anvers et Hambourg, mais la fourchette entre le premier et ses<br />

deux compétiteurs majeurs s’est considérablement réduite dans le classement en tonnages pondérés,<br />

qui reflète bien mieux les ordres de grandeur économiques. Mieux, en considérant que Zeebrugge est<br />

l’avant-port fonctionnel d’Anvers, on arrive à la conclusion que le bipôle belge fait quasiment jeu égal<br />

avec Rotterdam !<br />

Tableau 3.5. – Structure catégorielle brute du trafic 2006 des ports<br />

du Northern Range (en milliers de tonnes brutes)<br />

Vracs<br />

liquides<br />

Vracs<br />

secs<br />

Conteneurs Roro<br />

Conventionnelles<br />

Trafic total<br />

Rotterdam 176.060 87.791 93.800 9.894 9.188 376.733<br />

Anvers 32.218 26.122 80.810 7.159 15.064 167.373<br />

Hambourg 14.210 28.515 89.521 Nc 2.615 134.861<br />

Amsterdam/IJmuiden 25.435 48.066 3.256 927 6.014 83.698<br />

Le Havre 47.535 3.651 21.090 1.528 0 73.804<br />

Brême/Bremerhaven 2.283 9.368 44.902 Nc 8.546 65.099<br />

Dunkerque 14.146 27.876 1.725 11.091 1.804 56.642<br />

Wilhelmshaven 43.553 2.333 26 0 70 45.886<br />

Calais 100 900 0 40.545 960 42.505<br />

Zeebrugge 6.247 1.956 17.986 12.245 1.040 39.474<br />

Flessingue/Terneuzen 10.582 10.274 399 2.822 6.171 30.248<br />

Gand 2.732 16.914 267 1.851 2.380 24.144<br />

Rouen 12.167 8.116 1.393 189 1.424 23.289<br />

Total Rangée 387.268 271.882 355.175 88.251 55.276 1.157.852<br />

Source : autorités portuaires (rapports annuels de l’année 2006)


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Tableau 3.6 – Structure catégorielle pondérée du trafic 2006 des ports<br />

du Northern Range (en milliers de tonnes pondérées)<br />

Vracs<br />

liquides<br />

Vracs<br />

secs<br />

Conteneurs<br />

Roro<br />

Conventionnelles<br />

Trafic total<br />

Rotterdam 14.672 21.948 31.267 9.894 9.188 86.969<br />

Anvers 2.685 6.351 26.937 7.159 15.064 58.406<br />

Hambourg 1.184 7.130 29.840 Nc 2.615 40.769<br />

Brême/Bremerhaven 190 2.342 14.967 Nc 8.546 26.045<br />

Amsterdam/IJmuiden 2.212 12.017 1.085 927 6.014 22.255<br />

Zeebrugge 521 489 5.995 12.245 1.040 20.290<br />

Calais 8 225 0 13.515 960 14.708<br />

Dunkerque 1.179 6.969 575 3.697 1.804 14.224<br />

Le Havre 3.961 913 7.030 1.528 0 13.441<br />

Flessingue/Terneuzen 882 2.568 133 2.822 6.171 12.576<br />

Gand 228 4.229 89 1.851 2.380 8.777<br />

Rouen 1.084 2.030 464 189 1.424 5.191<br />

Wilhelmshaven 3.629 584 9 0 70 4.298<br />

Total Rangée 32.435 67.795 118.391 53.827 55.276 327.724<br />

Calculé d’après les données brutes du tableau 3.5. avec les coefficients diviseurs indiqués dans le texte<br />

Par ailleurs, les deux classements sont sensiblement différents à partir de la quatrième position. D’une<br />

part, certains ports remontent significativement dans le second classement, comme Zeebrugge et<br />

Brême/Bremerhaven qui gagnent respectivement quatre et deux places. D’autre part, quelques autres<br />

reculent et ce d’autant plus que le trafic pétrolier et plus généralement le trafic vraquier y ont un relief<br />

significatif ; c’est en particulier le cas de Wilhlemshaven, qui perd cinq place, mais l’observation vaut<br />

aussi, dans une moindre mesure, pour Le Havre et Amsterdam/IJmuiden, qui perdent ainsi<br />

respectivement trois et deux places.<br />

Cette méthode de comparaison transversale est relativement robuste et peut également être mise en<br />

œuvre pour des comparaisons longitudinales, c’est-à-dire pour un même port à différentes époques,<br />

avec dans ce cas des résultats encore plus significatifs car indépendants cette fois de la structure<br />

interne des manutentions vraquières, laquelle biaise parfois les comparaisons transversales. On peut<br />

ainsi voir au tableau 3.7, qui présente une comparaison 1986-2006 pour les principaux ports du<br />

Northern Range, que le spectaculaire essor de la conteneurisation évoqué plus haut doit être<br />

relativisé, car il s’est accompagné d’un appauvrissement qualitatif généralisé du trafic des diverses<br />

conventionnelles qui a été fortement cannibalisé. Il apparaît que la croissance d’ensemble des trafics<br />

bruts et pondérés est remarquablement similaire, avec + 77.0 % d’un côté et + 74,1 % de l’autre, mais<br />

avec de sensibles différences d’un port à l’autre. Seuls Rotterdam et Flessingue/Terneuzen ont vu leur<br />

structure qualitative s’améliorer significativement, leur croissance en tonnages pondérés étant<br />

sensiblement supérieure à celle en tonnages bruts, ainsi qu’il apparaît au tableau 3.8. Par contre, la<br />

conteneurisation a quelque peu appauvri, relativement parlant, des ports comme Anvers, Hambourg,<br />

Amsterdam/IJmuiden ou Zeebrugge, ce qui s’explique par la part plus faible des diverses<br />

conventionnelles au fil des ans. Pour les autres ports, un quasi statu quo qualitatif s’observe, leur<br />

croissance en termes de tonnages bruts n’étant pas – ou étant peu – différente de leur croissance en<br />

tonnages pondérés.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

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40<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Tableau 3.7. – Evolution d’ensemble 1986-2006 du trafic pondéré<br />

des ports du Northern Range (en millions de tonnes pondérées)<br />

1986 1991 1996 2001 2006<br />

Rotterdam 54.2 59.9 69.8 71.5 87.0<br />

Anvers 37.9 40.0 41.9 47.1 58.4<br />

Hambourg 19.2 20.3 24.2 27.5 40.8<br />

Brême/Bremerhaven 12.7 13.7 13.2 18.6 26.0<br />

Amsterdam/IJmuiden 13.5 11.4 16.2 18.4 22.3<br />

Zeebrugge 10.7 15.8 17.3 19.7 20.3<br />

Calais 3.4 5.5 8.1 12.9 14.7<br />

Dunkerque 8.1 8.0 8.5 10.9 14.2<br />

Le Havre 8.4 10.6 11.6 13.3 13.4<br />

Flessingue/Terneuzen 4.9 6.2 7.6 9.2 12.6<br />

Gand 7.9 6.7 6.0 8.6 8.8<br />

Rouen 5.4 4.7 4.4 5.3 5.2<br />

Wilhelmshaven 1.9 1.8 3.6 4.0 4.3<br />

Total Rangée 188.2 204.6 215.1 267.0 327.7<br />

Source : Pour 2006, cf. le tableau 3.6 ; pour les années antérieures, une méthodologie identique a été mise en oeuvre<br />

Tableau 3.8. – Evolutions 1986-2006 comparées des tonnages<br />

bruts et pondérés des ports du Northern Range<br />

Tonnages bruts Tonnages pondérés<br />

Hambourg + 144.5 % + 120.0 %<br />

Brême/Bremerhaven + 120.7 % + 105.1 %<br />

Wilhelmshaven + 166.6 % + 130.6 %<br />

Amsterdam/IJmuiden + 89. 7 % + 65.2 %<br />

Rotterdam + 46.2 % + 60.4 %<br />

Flessingue/Terneuzen + 105.3 % + 154.5 %<br />

Anvers + 83.7 % + 54.0 %<br />

Gand - 0.1 % + 10.6 %<br />

Zeebrugge + 130.1 % + 88.9 %<br />

Dunkerque + 74.9 % + 74.3 %<br />

Calais + 304.8 % + 332.3 %<br />

Le Havre + 56.3 % + 59.9 %<br />

Rouen + 5.9 %. - 3.8 %<br />

Total Rangée + 77.03 % + 74.1 %<br />

Evolutions calculées d’après les chiffres bruts et pondérés des tableaux précédents<br />

3.3.2. Quelques exemples de redéveloppement portuaire<br />

Les urbanistes ont presque toujours soutenu l’idée selon laquelle une fois le déclin d’un port amorcé,<br />

le processus devient irréversible et oblige en définitive à réintégrer efficacement les territoires libérés<br />

dans l’ensemble du tissu urbain de la ville, souvent dans un contexte de gentrification. Ces territoires<br />

marquent alors des nouvelles frontières urbaines. Nous défendrons ici une vision inverse qui consiste<br />

à les envisager comme des nouvelles frontières portuaires, à une époque où, comme démontré<br />

quantitativement à la section précédente, l’on s’attend à une augmentation considérable du trafic dans<br />

de nombreux ports alors que les opportunités d’aménagement de nouveaux sites se font de plus en<br />

plus rares (et de plus en plus coûteuses). En d’autres termes, au lieu d’abandonner certains secteurs<br />

où le trafic maritime s’est amoindri ou est devenu inexistant, nous proposons de les reconquérir. Nous<br />

expliquerons qu’il est possible de développer une autre approche de ces « espaces redondants »,<br />

d’autant plus que les secteurs des anciens docklands, tout comme l’énergie fossile, peuvent être<br />

assimilés à des ressources non renouvelables et constituer un patrimoine. Comme ces ressources ne<br />

sont pas renouvelables, il est important de définir si le déclin de la (des) fonction(s) portuaire(s) peut


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

être stoppé par des investissements appropriés. Autrement dit, l’on doit d’abord s’attacher à<br />

déterminer si ces espaces redondants à l’interface ville-port peuvent encore représenter un potentiel<br />

maritime ; si et seulement si ce n’est pas le cas, les espaces convoités pourront alors être cédés pour<br />

satisfaire les besoins de la ville (même si ces besoins sont souvent légitimes, nous estimons que les<br />

urbanistes ont davantage le choix du fait qu’ils sont soumis à moins de contraintes spatiales que les<br />

aménageurs portuaires).<br />

De la même façon que les spécialistes de l’aménagement portuaire ne sont pas les personnes les<br />

plus qualifiées pour faire des propositions en matière de redéveloppement urbain, les urbanistes ne<br />

sont pas les personnes les plus qualifiées (ni les plus neutres) pour déterminer que ces espaces n’ont<br />

plus d’avenir au sein du port. À plus forte raison que les besoins des ports modernes ne se résument<br />

pas exclusivement à la création de postes à quai en eau profonde ou à la construction de<br />

gigantesques terminaux excentrés destinés à accueillir les navires gros porteurs, même si la<br />

« révolution maritime » a eu un formidable impact sur le développement des ports modernes. Il est<br />

toutefois important de clarifier ici un autre point : bien que les arguments présentés ici peuvent<br />

sembler peser en faveur de la poursuite de l’utilisation (ou du renouvellement) des installations<br />

portuaires, notre propos n’est pas de dire que les secteurs portuaires relativement anciens peuvent<br />

continuer à fonctionner indéfiniment (au moins en ce qui concerne les navires de haute mer, leur<br />

nombre pouvant être réduit en faveur de la navigation intérieure). Néanmoins, des investissements<br />

bien ciblés peuvent permettre de réaliser une modernisation efficace qui, pendant une durée de vingt<br />

ou trente ans, facilitera largement l’exploitation des ports, en particulier pour ce qui est des opérateurs<br />

et des usagers les moins importants qui n’ont tout simplement pas les moyens d’accéder aux<br />

installations modernes à grande échelle en dehors de l’interface ville-port.<br />

Il est possible d’identifier deux types de programmes de redéveloppement portuaire : d’une part, les<br />

programmes relativement légers concernant les marchandises sèches non conteneurisées, qu’elles<br />

concernent les vracs solides secondaires, les marchandises conventionnelles (y compris le néo-vrac)<br />

ou le transport roll-on/roll-off (y compris les véhicules automobiles, neufs ou d’occasion) ; d’autre part,<br />

les programmes à plus grande échelle conçus pour le trafic conteneurs qui peut comprendre des<br />

opérations logistiques et du transport intermodal pour lesquels les besoins en espace sont plus<br />

élevés. C’est pourquoi cette sous-section se divisera en deux parties. La première sera consacrée aux<br />

terminaux dédiés aux marchandises non conteneurisées et la seconde aux terminaux conteneurs.<br />

Nous n’évoquerons guère ici les terminaux de croisière et/ou ferry largement traités à la section 3.2.1.<br />

a) Les terminaux dédiés aux marchandises non conteneurisées<br />

Diverses raisons ont poussé les ports du Benelux à développer des initiatives pionnières dans les<br />

années 1990. L’une d’elles est le fait que le financement public consacré au développement des ports<br />

étant insuffisant, les autorités portuaires ont dû envisager une solution adaptée, peu coûteuse et<br />

rapide pour résoudre certaines difficultés auxquelles elles étaient confrontées. Même si cette situation<br />

semble relever du pis aller, ce choix s’est finalement avéré efficace pour résoudre les problèmes de<br />

capacité notamment dus, à l’époque, à l’absence de regroupement significatif entre les opérateurs de<br />

terminaux.<br />

Le tout premier à se lancer dans cette voie a été le port de Gand, un port maritime belge de taille<br />

moyenne situé à l’extrémité sud d’un canal maritime qui s’étend au nord jusqu’à Terneuzen, sur le<br />

territoire hollandais (les ports de Terneuzen et de Flessingue, situé de l’autre côté de l’Escaut, opèrent<br />

désormais sous le nom de Zeeland Seaports). L’objectif à long terme de l’autorité portuaire de Gand<br />

était (et il l’est toujours) d’élargir et de creuser le canal pour l’adapter aux dimensions des navires de<br />

type et capesize (plutôt que panamax), et de construire une grande écluse à Terneuzen ainsi qu’un<br />

bassin de la même taille à Gand : le bassin de Kluizen. Il est assez surprenant de savoir que ces<br />

aménagements sont partiellement utilisés depuis quelques années alors que le canal lui-même et son<br />

écluse d’accès n’ont pas encore été portés aux nouvelles dimensions. Toutefois, dans la mesure où la<br />

capacité du port était devenue insuffisante, même si son trafic n’était pas aussi dynamique que dans<br />

les autres ports, l’autorité portuaire de Gand a lancé un programme d’aménagement dans le secteur<br />

du Grand Bassin que d’autres auraient peut-être choisi d’abandonner. En bref, la morphologie du site<br />

a été laissée telle quelle (ce qui avec le recul s’est avéré être une erreur car la Darse centrale aurait<br />

dû être remblayé afin d’augmenter l’espace disponible pour les activités de stockage et de logistique)<br />

et l’on a procédé au dragage du site et à la construction des murs de quai correspondant à quelques<br />

mètres en avant des anciens. L’accessibilité nautique du site (auparavant réservé aux navires<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

41


42<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

n’excédant pas 10 000 tonnes de port en lourd) a ainsi pu être étendue aux navires panamax et<br />

l’élargissement du goulet qui donne accès au canal maritime (qui permet aux navires panamax<br />

d’accéder au bassin Siffer depuis la fin des années 1960, époque où ont également été construits les<br />

bassins de Rodenhuizen et Mercator, anciennement connu sous le nom de bassin aux pétroles) y a<br />

également contribué.<br />

Le secteur sélectionné pour la rénovation a été construit en plusieurs étapes entre 1900 et 1930 et<br />

englobe une zone située autour du Grand Bassin comprenant trois petits bassins intérieurs adjacents.<br />

Il est intéressant de noter que ce secteur présente une ressemblance frappante avec le quartier des<br />

docks de Salford qui se trouve à l’extrémité supérieure du canal maritime de Manchester, aujourd’hui<br />

complètement abandonné et cédé à des fins d’expansion urbaine, comme indiqué à la section 3.1. En<br />

plus du creusement des bassins et de la construction de murs de quai correspondants, les<br />

superstructures portuaires ont été adaptées pour fonctionner de manière plus efficace et être gérées<br />

par un nombre réduit d’opérateurs dont les concessions ont fait l’objet d’une restructuration visant à<br />

améliorer l’efficacité de la manutention et du stockage des marchandises (en particulier en ce qui<br />

concerne le vrac solide secondaire et les marchandises conventionnelles).<br />

Ailleurs en Belgique, il a fallu attendre la fin des années 1980 pour que la ville d’Anvers inscrive à<br />

l’ordre du jour la rénovation des secteurs portuaires les plus anciens. Cependant, le succès flagrant<br />

remporté par la stratégie de redéveloppement du port de Gand a incité l’autorité portuaire d’Anvers à<br />

mettre au point des programmes similaires pour le site du Bassin Albert et ses trois darses<br />

adjacentes. Les installations dataient d’avant la Première guerre mondiale et, comme à Gand, les<br />

travaux réalisés ont entraîné d’importantes opérations de dragage (Bassin Albert et Troisième Darse)<br />

ainsi que la construction de plusieurs murs de quai, ouvrant ainsi les terminaux dédiés aux vracs<br />

solides (engrais principalement) aux navires panamax dont la taille est deux fois supérieure à la limite<br />

antérieure. Parallèlement, l’ancien accès via le Bassin Léopold a été remplacé par un itinéraire plus<br />

pratique qui passe par la Cinquième Darse et le bassin des Amériques grâce à l’aménagement d’une<br />

liaison qui les relie entre eux et d’un virage plus large entre les bassins des Amériques et Albert. Alors<br />

que la Deuxième Darse est restée en l’état (avant d’être éventuellement remblayée ultérieurement), la<br />

Première Darse ainsi qu’un bassin intérieur de batellerie ont été remblayés à l’aide de matériaux de<br />

dragage de façon à laisser plus d’espace disponible aux marchandises conventionnelles et aux<br />

activités logistiques. Ce processus de remblaiement témoigne que le redéveloppement réalisé ici a<br />

franchi une étape supplémentaire par rapport aux ports de Gand ou d’Ostende et des exemples<br />

similaires seront donnés plus loin concernant Rotterdam, Amsterdam et Hambourg.<br />

Parallèlement, la révision de plusieurs concessions et la fusion d’entreprises de manutention ont fait<br />

du paysage portuaire un espace mieux adapté à la spécialisation des terminaux. Même si la taille des<br />

entreprises a augmenté au cours du processus, elles restent des petites structures par rapport aux<br />

géants du secteur, d’autant plus que les entreprises belges les plus importantes ont été rachetées par<br />

des géants étrangers encore plus gros. L’opportunité qui leur a été offerte de rester au sein du<br />

complexe du Bassin Albert les a dispensées de la nécessité de devoir s’installer plus en aval sur des<br />

sites plus spacieux et plus accessibles de la rive droite de l’Escaut mais aussi extrêmement onéreux,<br />

ou pire, de devoir élire domicile sur la rive gauche souvent hors de portée pour les petites et<br />

moyennes entreprises. Il s’agit là d’un élément primordial, que les autres ports ont parfois tendance à<br />

négliger, d’autant plus que ces petites et moyennes entreprises sont l’un des facteurs du succès<br />

d’Anvers dans le secteur des vracs secondaires et des marchandises conventionnelles, à l’heure où<br />

les autres ports tendent à délaisser les créneaux spécialisés pour mettre tous leurs œufs dans le<br />

panier de la conteneurisation.<br />

Ce type de redéveloppement portuaire a également été appliqué, avec succès, à la fin du 20 ème siècle<br />

ainsi que ces dernières années à Ostende, le plus petit port maritime belge, cette fois dans le but de<br />

permettre l’aménagement d’un équipement exclusivement dédié au transport roulier dans la partie<br />

nord du port. Ces équipements se situent face au terminal de croisière et remplacent un ancien<br />

terminal ferry / passagers. Il existait à cet endroit un petit bassin intérieur destiné à la maintenance<br />

des ferries de l’ancienne ligne Ostende-Douvres avant l’arrêt de l’exploitation au milieu des années<br />

1990 (suite à l’ouverture du tunnel sous la Manche). En plus des travaux d’élargissement et de<br />

creusement, le Zeewezendok a également été transformé en bassin de marée et son écluse détruite<br />

pour permettre le fonctionnement d’une ligne de navires rouliers à fort tirant d’eau. Étant donné que ce<br />

bassin se trouve à proximité d’un port de pêche peu actif déjà aménagé et disposant d’un bassin<br />

intérieur, il était à craindre que la partie nord du port maritime d’Ostende soit délaissée par le trafic


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

commercial et l’industrie de la pêche et que l’espace libéré soit utilisé pour la construction d’une<br />

marina et de logements, les pressions exercées pour la mise en place de ce type de programme tout<br />

le long du littoral belge étant très fortes. Cependant, les autorités de la ville d’Ostende (indirectement<br />

en charge du développement commercial du port) s’y sont opposé et ont préféré s’atteler au<br />

redéveloppement du Zeewezendok et des zones environnantes (comprenant une base navale<br />

abandonnée) à des fins commerciales.<br />

La transformation des bassins intérieurs en bassins de marée est souvent considérée comme une<br />

condition sine qua non à leur adaptation au cabotage roulier. Suite à la réussite de cette initiative<br />

menée sur une petite échelle à Ostende, l’on envisage de mettre sur pied un programme beaucoup<br />

plus vaste dans le but de redévelopper l’ensemble de l’ancien port de commerce intérieur de<br />

Zeebrugge, aujourd’hui en majeure partie abandonné. Le projet entraînera la destruction de l’actuelle<br />

écluse Vissart, la création d’une séparation transversale sur le petit canal maritime qui rejoint Bruges<br />

et la transformation de toute la partie intermédiaire en bassin de port moderne, ce qui permettra<br />

d’économiser de l’espace en eau très profonde dans le nouvel avant-port, pour le destiner au<br />

transport roulier européen pour lequel une profondeur d’environ 10 mètres sera amplement suffisante<br />

dans cette partie aménagée du port. Ici encore, cette réalisation va se faire au détriment d’un projet<br />

d’aménagement de marina malgré une pression locale plus forte qu’à Ostende et en dépit du vif<br />

succès remporté par les opérations d’aménagement touristique menées sur le site de l’ancien port de<br />

pêche à proximité. Qui plus est, dans la mesure où le nouveau port de pêche a été déplacé vers cette<br />

partie de l’ancien port intérieur quasiment abandonnée, son développement en bassin de marée serait<br />

extrêmement appréciée par les pêcheurs locaux qui perdent actuellement beaucoup de temps à<br />

passer l’une des deux écluses pour rejoindre la mer ou vice versa.<br />

Au moment où des opérations d’aménagement portuaire à grande échelle étaient réalisées à Anvers,<br />

des programmes similaires ont vu le jour à Rotterdam, l’autorité portuaire ayant adopté une approche<br />

plus directive destinée à restructurer le système des concessions en encourageant la fusion des<br />

entreprises de manutention. Il est de notoriété publique que le port néerlandais s’est placé au premier<br />

rang européen (et il se situait également au premier rang mondial avant l’émergence des géants<br />

asiatiques comme Singapour et maintenant Shanghai) grâce à la recherche permanente d’économies<br />

d’échelle, particulièrement dans le domaine des postes à quais en eau profonde pour les<br />

superpétroliers, les grands vraquiers et les porte-conteneurs overpanamax. Cette politique a entraîné<br />

de spectaculaires opérations de développement dans le Port ouest (la partie du port construite après<br />

1945) comprenant les projets du Botlek, de l’Europoort et de la Maasvlakte I, la Maasvlakte II se<br />

profilant maintenant à l’horizon. L’ampleur du développement des installations portuaires a<br />

inévitablement conduit à une large délocalisation des activités en aval de la rivière, vers des sites en<br />

eau profonde pour les navires et vers davantage d’espace pour les terminaux, ce qui s’est traduit par<br />

l’abandon de plusieurs anciens secteurs de bassins situés plus en amont sur les deux rives du Rhin.<br />

Dans la plupart des cas, ces plans d’eau peu profonds et superflus ont été rachetés par les autorités<br />

municipales (certains ont été remblayés) en vue d’y établir des logements sociaux ou, comme<br />

récemment et ainsi qu’on l’a vu plus haut, pour permettre l’agrandissement du Central Business<br />

District de Rotterdam sur la rive gauche (le « Kop van Zuid » qui signifie « pointe du sud »).<br />

Cependant, l’abandon des secteurs portuaires les plus anciens s’est vu limité par deux facteurs,<br />

comme l’indiquent Pinder & Rosing, 1988 : d’une part, le succès remporté par la navigation intérieure<br />

(domaine dans lequel Rotterdam est de loin le plus grand port européen), ce qui signifie que certains<br />

bassins, qui seraient sinon tombés en désuétude, peuvent toujours être utilisés pour satisfaire la<br />

demande en postes d’accostage pour barges (que ce soit à des fins de maintenance ou de<br />

stationnement) ; d’autre part, et notamment en ce qui concerne les ports du début du 20 ème siècle,<br />

l’autorité portuaire a encouragé les usagers portuaires à se moderniser in situ plutôt qu’à se déplacer<br />

vers l’aval. Ce deuxième facteur est révélateur du fait que le port cherche, de plus en plus, à prévenir<br />

une pénurie de terrains qui pourrait survenir dans un avenir proche.<br />

Le site des Vierhavens-Meerwehaven, construit entre 1910 et 1930, a été le premier concerné par un<br />

programme de redéveloppement portuaire à grande échelle. Il est le seul ensemble de bassins de la<br />

rive droite que l’on a décidé de conserver à l’intérieur des limites de la ville de Rotterdam (à<br />

l’exception du port distinct de Vlaardingen, qui se trouve plus à l’ouest, où une autre ancienne zone<br />

portuaire vient de subir des opérations d’aménagement pour l’adapter au transport roulier). La<br />

caractéristique la plus marquante de cette politique portuaire est le fait que le port a été conçu pour<br />

devenir un site hautement spécialisé, ce qui implique le déplacement de nombreuses activités<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

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44<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

existantes et qui souligne le fait que les stratégies de redéveloppement portuaire doivent éviter de<br />

verser dans le passéisme et ne pas se contenter de chercher à préserver le maintien du status quo<br />

car les technologies ont évolué et le bon vieux temps est bel et bien dernière nous ! Pour ce qui est de<br />

cet exemple précis, la transformation du site en terminal de rang mondial spécialisé dans les produits<br />

alimentaires a impliqué, dans un premier temps, la délocalisation (souvent couplée à leur<br />

restructuration) des entreprises polyvalentes en matière de manutention de marchandises diverses.<br />

Dans un deuxième temps, la zone a été transformée en complexe portuaire et logistique dans lequel<br />

se sont concentrés de nombreux représentants du secteur des denrées alimentaires (fruits frais, jus<br />

de fruit, légumes, viande, poissons et produits laitiers frais et congelés). Dans une certaine mesure,<br />

les usagers en ont tiré les avantages généralement liés au fait de ne plus se trouver sur un site mal<br />

adapté ou ayant mauvaise réputation. Au-delà, la mise en place de ce concept doit beaucoup à l’idée<br />

selon laquelle les activités du nouveau port spécialisé bénéficieraient d’économies d’échelle et de<br />

services spécialisés qu’il n’était pas rentable ou très onéreux de dispenser à des entreprises éloignées<br />

les unes des autres. De toute évidence, le modèle de base qui consiste à associer le<br />

redéveloppement portuaire à une évolution vers une spécialisation par secteur pourrait s'étendre à de<br />

nombreux autres domaines et il présente un potentiel d’application dans de nombreux ports. Le terme<br />

n’était pas utilisé à l’époque mais on parlerait aujourd’hui de clusterisation (processus de formation<br />

de clusters), notion qui englobe la spécialisation des équipements de manutention portuaire, même si<br />

elle ne constitue que la partie émergée de l’iceberg.<br />

Un programme similaire a été envisagé sur la rive sud du secteur du Waalhaven qui prévoyait là aussi<br />

la création de nombreux terre-pleins de stockage, cette partie du port ayant été construite au début du<br />

20 ème siècle comme zone de transfert direct entre les navires et les barges du Rhin et comprenant, en<br />

son milieu, un vaste plan d’eau qui abrite des bouées d’amarrage (une structure encore très utilisée<br />

comme poste de mouillage des porte-barges Rotterdam-Nouvelle Orléans). Le programme n’a<br />

finalement pas été mis en œuvre car il semble que l’intérêt de l’autorité portuaire de Rotterdam pour le<br />

transport des marchandises générales non conteneurisées soit aujourd’hui moindre et aussi parce<br />

que la pression exercée par la ville pour disposer de davantage d’espace s’est renforcée suite au<br />

succès remporté par le programme de redéveloppement urbain de Kop van Zuid sur la même rive du<br />

Rhin, à quelques kilomètres en amont. L’abandon du programme peut également apparaître comme<br />

une sorte de compensation à la mise en place du vaste projet Maasvlakte II construit en mer, même si<br />

l’on peut se demander si le nombre de bassins du secteur du Waalhaven repris par la ville n’est pas<br />

un peu excessif et même si d’autres considèrent que l’usage de ce site devrait plutôt se limiter au<br />

cabotage ou au transport fluvial intra-européen plutôt qu’à la navigation hauturière. Par ailleurs, à l’ère<br />

du transport écologique depuis et vers l’hinterland, la structure de ce complexe portuaire qui<br />

comprend de nombreux plans d’eau est tout à fait adaptée à la relance de la circulation des bargettes<br />

de navire sur le réseau du Rhin. Les bargettes peuvent remplacer le transport ferroviaire et routier et<br />

elles seraient parfaitement compatibles, du fait que les manœuvres pour rentrer et sortir les bargettes<br />

du type <strong>LA</strong>SH ou BACO des navires mères s’effectuent pratiquement sans bruit, avec la construction<br />

de bureaux et même de logements le long des jetées du secteur ouest du Waalhaven, dans<br />

l’éventualité où la ville s’étendrait jusque là. Cet exemple constitue l’une des rares mises en œuvre du<br />

concept de « waterfront actif » pouvant allier transport de haute mer et extension du tissu urbain.<br />

Parallèlement, le port d’Amsterdam illustre un autre exemple de mise en œuvre de cette stratégie de<br />

redéveloppement portuaire des anciens bassins qui accueillent un nombre décroissant de navires de<br />

haute mer. Le programme concerne un secteur situé entre le Mercuriushaven et le service de<br />

traversier du Hempont traversant le canal de la Mer du Nord (figure 3.46). D’une part, selon la<br />

technique classique, des petits bassins ont été remblayés pour servir d’espace de stockage (le<br />

Houtveemkanaal, les Havenkoms B, D et E dans le Coenhaven de même qu’à l’extrémité est du Jan<br />

van Riebeeckhaven), et les entreprises locales ont gagné de l’espace pour y installer de nouveaux<br />

équipements au lieu de devoir migrer dans la partie ouest du port. D’autre part, dans les « secteurs<br />

récupérés », des terrains que les concessionnaires précédents n’avaient pas su exploiter comme il<br />

convient ont été utilisés selon une approche réfléchie également suivie à Rotterdam. Des exemples à<br />

grande échelle de zones « recyclées » comme celles-ci peuvent être cités sur la rive sud du Vlothaven<br />

ainsi que sur les rives nord du Reiniershaven et du Sonthaven (ce dernier faisant actuellement partie<br />

du Westhaven, le complexe de bassins le plus moderne).


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Figure 3.46 – Opérations contemporaines de redéveloppement portuaire au port d’Amsterdam,<br />

avec d’une part les aires remblayées (former docks)<br />

et d’autre part les concessions récupérées (take back areas) © Port of Amsterdam<br />

Comme l’indique l’ensemble des exemples ci-dessus, ces nouveaux espaces ont été ou seront<br />

destinés au transport non conteneurisé même si certaines zones recyclées sont spécialisées dans le<br />

trafic conteneurs, ces derniers cas suscitant actuellement davantage l’intérêt des professionnels<br />

portuaires.<br />

b) Les terminaux à conteneurs<br />

La réalisation d’un terminal à conteneurs moderne requiert un ensemble de conditions : disposer d’un<br />

bon accès à la mer et de quais en eau profonde pour accueillir les navires mères de dernière<br />

génération, un large espace de terre-pleins destiné au stockage des conteneurs et des liaisons vers<br />

l’hinterland d’excellente qualité (routières et ferroviaires, ainsi que fluviales pour la navigation<br />

intérieure des barges lorsque cela est possible). Un autre facteur intéressant est celui de l’existence<br />

de terrains supplémentaires sur le site même ou à proximité pour recevoir les équipements<br />

logistiques, ce qui, associé à la présence de terminaux conteneurs, est aujourd’hui considéré comme<br />

un plus dans le processus de sélection d’un site.<br />

Le port de Hambourg illustre l’exemple le plus caractéristique en matière d’aménagement de<br />

terminaux à conteneurs sur des sites abandonnés en raison du fait que sa géographie politique ne lui<br />

permet pas de s’étendre en dehors des limites de la ville-État de Hambourg. Bien évidemment, des<br />

nouveaux sites ont été récemment aménagés au sein de la ville-État où il existait encore des terrains<br />

disponibles, y compris le Container Terminal Altenwerder (CTA) situé sur la rive ouest du secteur sud<br />

de l’Elbe. L’agrandissement du terminal est à l’ordre du jour et il reste encore de l’espace disponible,<br />

plus au sud, pour l’aménagement d’encore un nouveau terminal dans la zone de Moorburg (CTM)<br />

(soit le long de la rivière comme pour le CTA ou bien sur les deux côtés opposés d’un bassin qui serait<br />

creusé pour accroître l’espace d’amarrage). L’éventualité de cette expansion est toutefois assez<br />

controversée étant donné que le secteur comprend quelque 1 000 habitants. Il ne fait aucun doute<br />

que si ce terminal d’une capacité de 3 à 3,5 millions d’EVP est un jour construit, il ne sera pas ouvert<br />

avant une période allant de 12 à 15 ans dans la mesure où la mise en place de tels changements<br />

radicaux dans l’usage des terrains est un processus de longue haleine du point du vue de<br />

l'aménagement à l’échelle locale et nationale, tel que nous l’avons indiqué dans le cas d’Altenwerder.<br />

C’est la raison pour laquelle l’expansion de la capacité du port de Hambourg en termes de traitement<br />

de conteneurs se réalisera principalement sur des terrains abandonnés, dans la poursuite logique<br />

d’une longue tradition.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

45


46<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Figure 3.47 – Terre-pleins gagnés au port de Hambourg<br />

par remblaiement d’anciens bassins portuaires entre 1962 et 2005 © Hamburg Port Authority<br />

Comme le montre la Figure 3.47 le port hanséatique a coutume de remblayer les bassins depuis très<br />

longtemps ; la partie ouest du port a été la première concernée, puis les parties centrale et orientale.<br />

Dans la partie ouest (le secteur de Kleiner Grasbrook plus précisément), l’on a d’abord procédé au<br />

remblaiement de deux ensembles de deux bassins se trouvant de chaque côté du port afin de les<br />

adapter aux transports conventionnel et roulier et d’obtenir une vaste superficie consacrée aux<br />

équipements logistiques. Les remblaiements suivants ont été effectués pour faciliter le trafic<br />

conteneurs que nous aborderons en détails dans ce chapitre, conférant au port de Hambourg le<br />

caractère unique qu’il a conservé jusqu’à aujourd’hui.<br />

La raison qui justifie ce qui précède est la croissance spectaculaire que l’on prévoyait à l’époque pour<br />

le port de Hambourg en termes de trafic conteneurs. Comme indiqué à la section 3.3.1, le trafic est<br />

passé de 10,2 à 31 millions de tonnes entre 1986 et 1996, avant d’atteindre 89,5 millions de tonnes en<br />

2006, ce qui représente 8,9 millions d’EVP tandis que la capacité des terminaux existants s’élève à<br />

environ 9,1 millions d’EVP. Afin de faire face à une croissance de la demande, estimée à au moins<br />

18 millions d’EVP à l'horizon d'une dizaine d'années, l’autorité portuaire de Hambourg a mis en oeuvre<br />

une politique radicale visant à accroître ses équipements actuels et à transformer ses terminaux<br />

dédiés aux marchandises non conteneurisées en terminaux à conteneurs (activités logistiques,<br />

équipements et liaisons, en particulier ferroviaires, avec l’hinterland adaptées). Alors que les<br />

terminaux conteneurs d’Altenweder (récemment construit) et Moorburg (à construire) concernent des<br />

secteurs de la ville-État peu peuplés et situés loin au sud, toutes les opérations d’aménagement<br />

mentionnées ci-dessus effectuées sur des terrains abandonnés se sont déroulées sur la rive gauche<br />

de l’Elbe et dans le secteur nord du Port Franc, juste en face de la ville, et s’étendent d’Altona à<br />

Othmarschen sur des zones comptant des milliers d’habitants installés à quelques centaines de<br />

mètres des terminaux existants ou à construire (figure 3.48).


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Figure 3.48 – Expansion des capacités conteneurisées hambourgeoises © Hamburg Port Authority<br />

Même si certains habitants commencent à se plaindre et demandent, en ayant peu de chances d’être<br />

entendus, que les activités se réduisent un tant soit peu au moins la nuit et pendant les week-ends,<br />

l’autorité portuaire de Hambourg n’a d’autre choix que d’exécuter les programmes d’expansion<br />

détaillés ci-dessous si elle souhaite que le port conserve son leadership dans le domaine des<br />

conteneurs (étant donné que le terminal de Moorburg ne résoudrait que partiellement le problème et<br />

que Hambourg n’est pas impliquée dans le projet JadePort de Wilhelmshaven mentionné ci-dessus).<br />

Les programmes d’extension de capacité concernent deux ensembles de terminaux dotés chacun<br />

d’équipements indépendants. Le premier ensemble se trouve dans la partie la plus occidentale du<br />

port, dans la zone de Walterhof, à proximité du Bassin Walterhof, où la logique impose que les<br />

équipements existants (des anciens terminaux de marchandises conventionnelles ayant déjà subi des<br />

transformations) soient développés. Le deuxième ensemble est situé dans la partie centrale du port, à<br />

proximité de l’avant-port (Vorhafen), dans un ancien complexe portuaire conventionnel. Il convient de<br />

mentionner ici que tous les bassins portuaires de Hambourg sont des bassins de marée (à l’exception<br />

d’un ancien petit complexe éclusé à Harburg) et que l’amélioration de l’accessibilité aux navires de<br />

mer (de 13,5 à 14,5 m) constitue un autre volet du défi que l’autorité portuaire se doit de relever.<br />

La logique veut que l’on cherche à accroître la capacité du secteur du Walterhof où les deux<br />

terminaux conteneurs existants, des anciens équipements pour marchandises conventionnelles, ont<br />

déjà été transformés. Le premier concerné serait le Container Terminal Burchardkai (CTB), dont la<br />

capacité devrait être multipliée par deux pour passer de 2,6 à 5,2 millions d’EVP sans qu’il soit<br />

nécessaire de remblayer d’autres bassins voisins (comme cela s’est déjà produit pour le Bassin<br />

Meekenwerder). Sur la rive opposée du Bassin Walterhof, la capacité du terminal à conteneurs<br />

Eurogate (où le Bassin Griekenwerder a déjà été remblayé) va passer de 2,8 à 4, puis à 6 millions<br />

d’EVP. Le dernier chiffre sera atteint grâce au remblaiement de l’actuel bassin pétrolier et à la<br />

construction d’un mouillage d’une longueur de 410 mètres le long de l’Elbe (juste en face du quartier<br />

d’Othmarschen sur la rive droite de la rivière où les premières habitations se trouveront à une distance<br />

d’environ 700 mètres sans zone tampon).<br />

Toutefois, comme l’indique le Tableau 3.9, ces aménagements ne suffiront pas pour atteindre<br />

l’objectif fixé à 18 millions d’EVP et la construction de deux autres terminaux sera nécessaire pour<br />

atteindre la capacité voulue. Les deux terminaux se trouvent dans la partie centrale du port et<br />

occupent chacun une rive du complexe de l’avant-port. Le premier, le Container Terminal Tollerort<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

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Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

(CTT) fonctionne déjà à une capacité réduite (1 million actuellement puis 2 et enfin 3,5 millions<br />

d’EVP) ; deux anciens bassins (aux Charbons et Vulcain) ont été remblayés dans le secteur et les<br />

opérations doivent être poursuivies pour la construction d’un mur de quai continu (figure 3.49).<br />

Figure 3.49 – Restructuration du Container Terminal Tollerort au port de Hambourg<br />

© Hamburg Port Authority<br />

Tableau 3.9. – Capacité actuelle (2007) et programmée (2017)<br />

des terminaux à conteneurs de Hambourg (M d’EVP)<br />

CTA CTB CTE CTT CTS Total<br />

Actuelle 2,7 2,6 2,8 1,0 0,0 9,1<br />

Estimée (min) 3,0 5,2 4,0 2,0 3,5 17,7<br />

Estimée (max) 3,0 5,2 6,0 3,5 3,5 21,2<br />

Les opérations d’aménagement les plus difficiles à<br />

mettre en œuvre concerneront l’autre rive, la partie sud<br />

de l’avant-port, où la construction du Container<br />

Terminal Steinwerder (CTS), d’une capacité de 3,5<br />

millions d’EVP, devrait s’achever entre 2015 et 2016.<br />

Son agencement sera amélioré grâce à la démolition<br />

de trois péninsules et au remblaiement de deux bassins<br />

(Ellerholz/Odder et Trave) ainsi que d’une partie d’un<br />

troisième bassin (Kaiser-Wilhelm). Aucun dragage<br />

supplémentaire ne sera utile mais il faudra aménager<br />

un nouveau cercle d’évitage (commun au CTT et au<br />

CTS) au milieu de l’avant-port de sorte à pouvoir<br />

accueillir les porte-conteneurs géants comme dans les<br />

CTA/CTB/CTE (Figure 3.50). En particulier dans cette<br />

zone, des emplacements alternatifs doivent être définis<br />

au sein du port à l’intention des usagers polyvalents<br />

des équipements actuels et une bonne liaison<br />

ferroviaire doit être prévue.<br />

Figure 3.50 – Restructuration en profondeur prévue à<br />

Hambourg pour la construction du Container Terminal<br />

Steinwerder © Hamburg Port Authority


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Si le projet Port 2020 est finalement autorisé, Le Havre illustrera un autre exemple de<br />

redéveloppement portuaire en matière de traitement de conteneurs. Le port français dispose de<br />

beaucoup d’espace pour aménager des nouveaux sites dans son récent port intérieur situé le long du<br />

canal maritime. Cet emplacement ne semble toutefois pas satisfaire les principales compagnies de<br />

navigation maritime, à moins que ne soit construite une deuxième grande écluse. Etant donné que<br />

Port 2000 utilisera l’ensemble des derniers espaces disponibles sur l’avant-port (avec la construction<br />

en plusieurs phases de pas moins de 12 postes à quai dans le dernier secteur disponible de l’estuaire<br />

de la Seine), la seule possibilité supplémentaire d’extension de capacité est un site désormais peu<br />

utilisé (figure 3.51) situé entre le Bassin Théophile Ducrocq (dans ledit avant-port) et le Bassin Bellot<br />

(dans l’ancien port intérieur). Celui-ci ne peut être aménagé en terre-plein dans la mesure où il permet<br />

aux barges qui circulent entre Rouen et Paris de rejoindre le canal de Tancarville ; sa partie sud<br />

devant permettre aux barges et aux feeders européens de rejoindre l’ancien avant-port par l’écluse<br />

Quinette de Richemont. Une<br />

question reste cependant ouverte<br />

concernant la proximité des quartiers<br />

sud de la ville du Havre : la rive nord<br />

du Bassin Bellot (actuellement<br />

occupée par des installations<br />

frigorifiques) est une zone tampon<br />

bien précaire, surtout que des<br />

programmes d’expansion urbaine<br />

sont déjà prévus dans cette partie du<br />

port. Si ces programmes voient le<br />

jour, aucun logement ne pourra y<br />

être construit et, même si cette<br />

solution n’est pas idéale, la<br />

construction de murs écrans sera<br />

incontournable sur la rive du Bassin<br />

Bellot où les bâtiments seront<br />

construits ou rénovés.<br />

Figure 3.51 – De port 2000 (opération de type bluefield) à port 2020<br />

(opération de type brownfield), de façon à augmenter encore<br />

les capacités de traitement de conteneurs au Havre<br />

© Port Autonome du Havre<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

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50<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

4. Les situations locales de chaque partenaire<br />

GDANSK: QUEL<strong>LE</strong> MIXITE <strong>VIL<strong>LE</strong></strong> <strong>PORT</strong> POUR UN DEVELOPPEMENT MUTUEL GAGNANT ?<br />

Située sur la côte Sud de la Mer Baltique, dans la Baie de Gdansk, la ville millénaire de Gdansk est la<br />

capitale maritime de la Pologne. Près d'un demi million de personnes y habitent, et Gdansk est<br />

également la capitale la province de Poméranie et un centre administratif important. C'est enfin une<br />

ville très dynamique sur les plans économique, culturel, scientifique et universitaire et l'une des<br />

premières destinations touristiques en Pologne.<br />

Ces deux dernières décennies le secteur privé est devenu prédominant dans la structure de<br />

l'économie de la ville. La construction navale, la pétrochimie, les industries chimiques et de<br />

l'alimentation sont certes toujours les piliers des activités de Gdansk, mais la part du secteur des<br />

technologies de l'information, de l'électronique, des télécommunications, des industries<br />

pharmaceutiques ou encore l'industrie cosmétique progresse régulièrement.<br />

Par son passé hanséatique Gdansk a joué un rôle majeur dans les relations commerciales entre<br />

l'Europe du Nord et de l'Ouest, ainsi que pour les pays d'Europe centrale et de l'Est. C'est par ailleurs<br />

le port de la Mer baltique hors glace le plus profond. Cet atout et sa localisation géographique sont<br />

autant d'arguments sur lesquels les autorités du port s'appuient pour faire de Gdansk un centre de<br />

distribution pour la Pologne, la région baltique et les pays d'Europe centrale et de l'Est. Il constituera<br />

également un élément clé du Corridor trans-européen de transport n°6 qui connectera Gdansk avec<br />

l'Europe du Sud (principalement les régions de l'Adriatique et de la Mer noire).<br />

Le Port de Gdansk, tout le potentiel pour devenir un hub<br />

La Port of Gdansk Authority SA est une société dont 80% des parts sont détenues par le Trésor public<br />

polonais. La Ville de Gdansk n'est actuellement présente qu'à hauteur de 2%, mais sa participation<br />

pourrait être portée à 34%. 23,3 millions de tonnes ont été traités en 2004, ce qui en fait le plus grand<br />

port polonais en terme de tonnage. Ce trafic inclue 11,8 millions de tonnes de liquides (pétrole brut<br />

provenant essentiellement de Russie par pipeline, et autres produits pétroliers), 5,9 millions de tonnes<br />

de charbon (acheminé par rail depuis la Silésie), 3,1 millions de tonnes pour les autres vracs secs<br />

dont 2,5 millions de tonnes de marchandises diverses (seulement 44000 TEU's, le port voisin de<br />

Gdynia étant la porte d'entrée en Pologne du conteneur). Ces dernières années la croissance du trafic<br />

a été très soutenue, témoignant de la réussite de la transition de l'économie polonaise (+9,5 % de<br />

2004 par rapport à 2003 pour le trafic total ; +11,5 % pour les diverses et même plus de 94 % pour le<br />

conteneur).<br />

Le port couvre une superficie totale de 3000 ha. dont 653 ha de surface effectivement en activité. Il<br />

comporte 2 parties dont l'histoire et les caractéristiques sont très différentes :<br />

- le Port Intérieur, implanté en bordure de la Vistule et du Canal portuaire qui accueillait déjà du<br />

trafic il y a une centaine d'années. D'une profondeur maximale de seulement 10,2 m. (en son<br />

entrée et sur certains secteurs comme le Gorniczy Dock), les activités portuaires y occupent<br />

281 ha. ;<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

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52<br />

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1<br />

2<br />

4<br />

3<br />

3<br />

8<br />

6<br />

7<br />

11<br />

9<br />

10<br />

Carte N°1 - The Inner Port © Port of Gdansk Authority<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

1. Port Free Zone<br />

2. Ferry Terminal<br />

3. General cargo<br />

4. General cargo, grain, bentonite<br />

5. Containers<br />

6. Malt, medical and technical gases<br />

7. Phosphates, salt, soda, syenite<br />

8. Fertilizers, phosphates, molasses,<br />

sulphuric acid<br />

9. Coal, ore, timber<br />

10. Liquid and dry bulk sulphur<br />

11. General cargo, timber, ro-ro<br />

- le Port Nord : implanté à l'Est de la ville, il a été construit après la seconde guerre mondiale. Plus<br />

profond (15 m.) et plus grand (372ha), il comporte trois jetées (une pour le pétrole connecté au<br />

pipeline vers la Russie et à une raffinerie toute proche), une pour le charbon et une pour les LPG.<br />

Un terminal conteneur est actuellement construit plus à l'Est par un opérateur privé étranger avec<br />

une capacité programmée de 500 000 TEU's dans une première phase, puis de 1 million de<br />

TEUs. Une jetée LNG est également prévue (l'objectif étant d'avoir une alternative au gaz naturel<br />

provenant de Russie).<br />

Leurs capacités annuelles de traitement sont également très différentes : 12 millions pour le Port<br />

intérieur et 43,5 millions de tonnes pour le Port Nord.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

3<br />

2<br />

1<br />

Carte N°2 - The Northern Port © Port of Gdansk Authority<br />

Un certain nombre de projets sont en cours ou programmés, dont notamment :<br />

le "Pomeranian Logistic Centre", un grand centre de distribution et d'activités logistiques implanté à<br />

proximité immédiate d'un nouveau terminal conteneur ;<br />

la modernisation de l'entrée du port intérieur et de ses infrastructures;<br />

un tunnel sous la Vistule : réalisé au Nord de la ville, il assurera la liaison entre les 2 rives et<br />

permettra de meilleures connexions routières entre l'Est et le Sud de la ville ;<br />

le doublement du pont ferroviaire au dessus de la Vistule et, de manière plus générale,<br />

l'amélioration du réseau ferroviaire existant.<br />

Par ailleurs, 2 projets de moindre ampleur, témoignent de la prise en compte par les autorités<br />

portuaires de certaines des questions se posant à l'interface ville-port. Ils offrent des solutions pour<br />

réduire les nuisances liées à un trafic routier dense et congestionné :<br />

une desserte routière directe de la zone de Przemyslowe Quay (sur le versant Est de la Vistule,<br />

face à l'Ile d'Ostrow et ses chantiers navals), projet permettant l'utilisation de 120 ha de terrains<br />

portuaires supplémentaires ;<br />

la restructuration de la connexion entre la route nationale n°1 et la zone franche (sur l'Ouest de la<br />

Vistule, près de l'entrée du port).<br />

Du point de vue de la Municipalité, la perspective apparaît toutefois bien différente et elle plaide pour<br />

une planification spatiale intégrée des territoires de la ville et du port, planification intégrée qui semble<br />

manquer. D'un côté, le Maritime Office (entité nationale) élabore des plans d'aménagement<br />

concernant toutes les eaux intérieures (y compris les zones portuaires), mais le dernier plan date de<br />

1990. Les autorités du port n'ont aucune attribution légale pour élaborer des plans pour l'ensemble du<br />

port. Dans le même temps, la Municipalité de Gdansk quant à elle peut seulement concevoir des<br />

plans d'aménagement pour ses propres espaces. Cette division et les inconvénients de ce partage de<br />

compétence introduit par la législation polonaise (Polish Act on planning and spatial development)<br />

pourraient être minorés si le Maritime Office et les Autorités du Port pouvaient établir les plans de<br />

développement portuaire en concertation et prendre en compte leur compatibilité avec les études de<br />

faisabilité et les orientations stratégiques des autorités urbaines.<br />

Les activités maritimes et logistiques occupent une place très importante dans le "Gdansk<br />

Development Strategy by 2015" et l'éventail de mesures couvre le développement de la capacité du<br />

port, le soutien à la croissance des activités logistiques, la modernisation et le développement du<br />

système de transport (routier et ferroviaire). Cette vision stratégique intègre bien évidemment la<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

1. CRUDE OIL AND OIL<br />

PRODUCTS<br />

2. COAL<br />

3. LPG<br />

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54<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

perspective du Corridor trans-européen de transport n°6 ainsi qu'un autre projet transnational,<br />

l'autoroute de la mer de la Baltique. Les projets en cours ou programmés auront un impact positif sur<br />

l'efficacité du port et le développement économique de la ville. Une réduction des nuisances<br />

environnementales liées à un trafic routier très dense et congestionné est également attendue. Mais<br />

cette stratégie globale va également induire de nouvelles relations de mixité entre la ville et le port, en<br />

particulier pour 3 sites qui seront étudiés plus précisément dans le cadre du projet PCP.<br />

Les développements urbains et portuaires, vers une nouvelle mixité ville-port<br />

Le 'Nouveau quartier portuaire' : partager un secteur historique avec de nouvelles activités<br />

portuaires<br />

Le 'Nouveau quartier portuaire'<br />

est le meilleur exemple à<br />

Gdansk d'une interrelation entre<br />

les structures urbaine et<br />

portuaire. Le site est situé<br />

6 kilomètres au Nord du secteur<br />

historique de la ville, dans un<br />

méandre sur la rive Ouest de la<br />

Vistule, à proximité de son<br />

embouchure (qui correspond<br />

également à l'entrée du Port<br />

intérieur).<br />

Le secteur bâti occupe environ<br />

50 ha et la population est de<br />

12.000 habitants.<br />

Existing port structure next to<br />

the city<br />

'Nouveau quartier portuaire'<br />

Le Nouveau quartier portuaire © City of Gdansk<br />

Le Nouveau secteur portuaire est un quartier de Gdansk depuis le 19eme siècle, mais son histoire<br />

remonte au début du 17eme siècle. Le tissu urbain existant est ainsi un mélange de différents styles<br />

architecturaux des 19eme et 20eme siècles. Les bâtiments ont souvent une grande valeur historique<br />

et patrimoniale (des mesures de protection du patrimoine historique ont d'ailleurs été prises pour la<br />

totalité de certaines zones de ce secteur). Ces bâtiments sont essentiellement utilisés pour du<br />

logement, du petit commerce, et pour les services administratifs du port.<br />

L'habitat y est coupé des berges de la Vistule par les infrastructures portuaires. Les zones franches<br />

WOC I et WOC II sont ainsi situées au nord-est d'une zone d'habitat et Oliwskie Quay est encadré au<br />

Nord et à l'Ouest par de l'habitat.<br />

Les zones franches WOC I et WOC II, à l'entrée du port, sont liées aux quais Wladyslaw IV.<br />

BasinOliwskie Quai est utilisé pour des diverses telles que les céréales, le lait en poudre, les fruits<br />

(dans sa partie Est) et de l'acier, des grumes, etc (dans sa partie Nord). Un terminal ferry (l'un des 2<br />

terminaux présents dans le port intérieur) est implanté entre Oliwskie Quay et les zones franches (voir<br />

la carte N°1).<br />

Le port et la ville ont engagé une série de mesures pour améliorer l'accessibilité du port intérieur. Les<br />

principaux projets développés dans ce cadre sont situés dans la partie portuaire du 'Nouveau quartier<br />

portuaire'. Il s'agit en particulier de :<br />

- reconstruire et élargir l'entrée maritime du port intérieur ;<br />

- accroître les capacités de la zone franche portuaire (nouveaux postes ro-ro sur les quais WOC) ;<br />

- réaménager l'accès routier et la connexion avec la Route Nationale N°1 ;<br />

- concevoir un accès sécurisé et un développement des capacités ro-ro pour le Terminal Ferry de<br />

Westerplatte.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Le Nouveau quartier portuaire © City of Gdansk<br />

Seul l'habitat existant est autorisé<br />

Aucun habitat autorisé<br />

Une part très importante du contexte urbain de ce secteur a été construit au 17eme siècle (Stronghold<br />

Vistulamouth - Twierdza Wisłoujście). Si il s'est alors développé sur la berge opposée de la Vistule, il<br />

constitue également une partie de la rive ouest, à proximité de la zone de logement actuelle du<br />

quartier. Pour le moment quelques cuves à pétrole existent encore, mais elles ne sont plus utilisées.<br />

La ville a décidé de réaliser à cet endroit un espace vert (avec des références au passé du secteur).<br />

Cela contribuera à rapprocher les habitants du waterfront et à renforcer l'image d'un secteur lié aux<br />

activités portuaires. Le masterplan a été élaboré et le projet est dans sa phase initiale de réalisation.<br />

La coexistence entre les quais dédiés aux activités portuaires et la structure urbaine ne génère que<br />

des problèmes mineurs et l'ensemble de la zone semble "pacifiée". Les masterplans pour le quartier<br />

ont toutefois introduit des mesures pour réduire toutes gênes et impacts négatifs possibles.<br />

L'une des principales dispositions en ce sens consiste en la réduction de la part d'habitat dans la zone<br />

de contact ville-port. Seuls les logements déjà présents y sont autorisés et aucune extension ne sera<br />

permise.<br />

Le 'Nouveau quartier urbain' : des chantiers navals deviennent un nouveau quartier moderne<br />

La Ville s'étend sur d'anciens<br />

chantiers navals – de nouvelles<br />

opportunités d'aménagement<br />

pour tout le secteur<br />

Le 'Nouveau quartier urbain'<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

55<br />

Sur le 'Nouveau quartier<br />

urbain' la Ville a décidé de<br />

construire un nouveau<br />

morceau de ville sur une<br />

zone d'anciens chantiers<br />

navals.<br />

D'une superficie d'environ<br />

70 ha, il est situé entre le<br />

principal axe de transport<br />

Nord-Sud entre Gdansk,<br />

Sopot et Gdynia, et le<br />

waterfront le long de la<br />

Vistule. Toute la zone est à<br />

proximité immédiate du<br />

coeur historique de la ville et<br />

de la principale gare que l'on<br />

peut rejoindre à pied.<br />

Le 'Nouveau quartier urbain'<br />

© City of Gdansk


56<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Les premières implantations datent ici du Moyen-âge avec des pêcheurs et des artisans. Au milieu du<br />

19eme siècle seuls quelques entrepôts construits pour la marine navale Prusse y font leur apparition<br />

(Gdansk était sous gouvernement de la Prusse à cette époque). Les autres aménagements seront liés<br />

à la construction de bateaux pour la Marine Royale au début du 20eme siècle. Ce n'est que plus tard<br />

que le chantier naval est privatisé et devient propriété de Schichau, ce qui induira la réalisation de<br />

nouvelles infrastructures industrielles et des équipements les plus modernes. Des usines à gaz et des<br />

petites industries sont alors construites à proximité immédiate de la ville. La vocation industrielle du<br />

site perdurera après la seconde guerre mondiale, les chantiers navals étant par ailleurs renommés "le<br />

chantier naval Lénine".<br />

Les évolutions économiques à l'échelle nationale et mondiale et la phase de transition politique de la<br />

fin des années 80 entraîneront la faillite de ces chantiers et la transformation des autres entreprises<br />

vers davantage de tertiaire. Les usines à gaz cesseront également leurs activités. Le paysage actuel<br />

de ce secteur est ainsi désormais essentiellement composé de ces chantiers et des infrastructures<br />

industrielles à l'abandon. Certains des bâtiments industriels ont par ailleurs une grande valeur<br />

patrimoniale. De nombreux bâtiments ont été convertis en espaces de bureaux. Aujourd'hui seul les<br />

sièges administratifs, les services des douanes et le Département aménagement sont encore<br />

présents. Les autres bâtiments ont été provisoirement loués pour des petites industries, des activités<br />

de services et du commerce en gros. L'activité de construction navale a quasiment disparu du site et<br />

s'est relocalisée plus au Nord sur Ostrow Island. Toutefois, de grandes rampes de lancement sont<br />

encore présentes et utilisées pour la construction de navire à l'extrémité du secteur concerné par cette<br />

revitalisation. Elles sont une source potentielle de conflits environnementaux et fonctionnels. Mais il y<br />

a une demande politique forte pour le maintien en activité de ces rampes.<br />

L'un des lieux les plus significatifs de cet endroit et le "Mémorial Solidarnosc" dédié à la<br />

commémoration des travailleurs des chantiers tués lors des grèves des années 70. Le monument luimême<br />

(trois grandes lames d'acier entrelacées) est implanté sur une place publique qui a par<br />

définition vocation à être un lieu de réunion, et il a une valeur urbaine et symbolique très forte. Cet<br />

espace public, ainsi que le "Centre Solidarnosc" qui est programmé juste à côté, seront la porte<br />

d'entrée de la promenade piétonne, "la Route vers la liberté".<br />

Les principaux objectifs du masterplan sont les suivants :<br />

- passer d'une vocation industrielle à une mixité d'usages comportant une large gamme d'activités<br />

de services et des immeubles de logement ;<br />

- prolonger la promenade piétonne le long du waterfront depuis la vieille ville et la marina ;<br />

- exclure tout usage industriel (que cela soit des activités lourdes ou légères) et toute implantation<br />

pouvant constituer une menace pour l'environnement ;<br />

- limiter les aménagements commerciaux que l'on rencontre habituellement dans les entrées ou les<br />

périphéries des villes (centres commerciaux, etc.) ;<br />

Le plan prévoit des espaces pour l'implantation d'un terminal ferry / passagers, du bureau et des<br />

activités culturelles. Pour réduire l'impact négatif du secteur des rampes de lancement, les activités<br />

industrielles autres que la construction navale sont proscrites. Dans le voisinage de ce secteur les<br />

activités telles que les hôpitaux et d'autres fonctions sensibles sont exclues, de même que de l'habitat<br />

ne sera pas autorisé.<br />

Un boulevard périphérique – Nowa Walowa Street – reliera cette zone avec d'autres parties de la<br />

Ville. A long terme l'ambition est de réaliser ici le Downtown Baltic Business Centre, un secteur<br />

d'affaires ayant un rayonnement métropolitain et même national.<br />

En raison des dispositions législatives actuelles et de la structure privée du foncier, la Ville doit<br />

compenser financièrement l'acquisition des terrains destinés à devenir de l'espace public. Les coûts<br />

financiers des infrastructures nouvelles et des connections de transport pèsent également très lourd<br />

dans son budget.<br />

Le quartier de Stogi : le conteneur et les activités logistiques se rapprochent de la ville<br />

Le quartier de Stogi tient son nom de l'île sur lequel il est situé (cette partie de Gdansk est en effet<br />

entourée d'eau : la Baie de Gdansk au nord, l'embouchure de la Vistule à l'est, et la Vistule morte au<br />

sud et à l'ouest). La partie nord ouest de l'Ile accueille le Port Nord de Gdansk. Le Port Nord étant


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

celui qui devrait connaître les plus grands développements dans les années à venir, ce secteur est<br />

dès lors également celui où le port se rapproche désormais de la ville.<br />

Le sud de ce secteur,<br />

en ce milieu, accueille<br />

près de<br />

20.000 habitants sur<br />

une centaine<br />

d'hectares.<br />

4 kilomètres le<br />

séparent de la vieille<br />

ville historique. Il est<br />

bordé au nord de bois<br />

et de zones vertes qui<br />

occupent en fait<br />

l'essentiel du nord-est<br />

de l'île. La structure<br />

du bâti est<br />

relativement récente,<br />

les bâtiments les plus<br />

anciens datant du<br />

19eme siècle.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Le port se rapproche de la ville.<br />

De nouvelles opportunités<br />

d'aménagement<br />

Le quartier de Stogi<br />

Le quartier de Stogi © City of Gdansk<br />

Les principales actions programmées pour le Port sont ici, comme on l'a vu précédemment :<br />

- la construction d'un nouveau terminal conteneur sur le Port Nord ;<br />

- la réalisation du centre de distribution, le Pomeranian Logistics Centre ;<br />

- l'amélioration des accès routier et ferroviaire au Port Nord (construction d'un tunnel routier reliant<br />

les rives Ouest et Sud de la Vistule morte, réaménagement du pont ferroviaire au dessus du<br />

fleuve, création de nouvelles liaisons ferroviaires et routières, notamment pour connecter le port<br />

avec l'autoroute A1).<br />

Le terminal conteneur est<br />

actuellement le plus grand<br />

projet du port tant en<br />

terme d'infrastructure que<br />

d'investissement. Il sera en<br />

partie construit sur des<br />

terrains gagnés sur la mer<br />

et sera totalement financé<br />

par des partenaires privés<br />

(un contrat de location à<br />

long terme a été signé en<br />

2004). D'une capacité<br />

annuelle de 500.000 TEUs<br />

Le projet de terminal conteneur © Port of Gdansk Authority<br />

dans une première phase,<br />

il vise 1 million TEU dans<br />

la seconde. Le Pomeranian Logistics Centre, vaste centre de distribution et d'activités logistiques<br />

proposant une large gamme de services à valeur ajoutée, sera implanté à proximité immédiate.<br />

Les travaux pour le terminal conteneur ont déjà commencé et l'achèvement de la première phase est<br />

programmé pour mai 2007. Le projet du Pomeranian Logistics Centre est en cours de finalisation mais<br />

le contrat de location est lui bouclé.<br />

57


58<br />

Le projet de terminal conteneur et le Pomeranian Logistics Centre<br />

© City of Gdansk, Economic Policy Department<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Ces deux projets seront réalisés au sud-est des infrastructures portuaires actuelles, en direction donc<br />

de la zone d'habitat du secteur. Une large zone tampon (utilisant notamment les bois déjà présents) a<br />

été programmée afin d'éviter les conflits spatiaux potentiels entre le nouveau port et les infrastructures<br />

logistiques, et les zones d'habitat existantes. De manière complémentaire des mesures techniques<br />

portant sur la réduction des nuisances sonores et de la pollution de l'air et de l'eau font partie du<br />

cahier des charges des nouveaux équipements portuaires. La zone de plage reste toutefois une zone<br />

de conflit potentiel. Le terminal conteneur est en effet en partie implanté sur une plage très prisée des<br />

habitants et également à 1500 mètres de Stogi Spa, un centre touristique très fréquenté l'été.<br />

Sources: PCP, Newsletter n°1, décembre 2005<br />

Mr Krzysztof Anzelewicz, Development Department Manager, Port of Gdansk Authority, Présentation lors du<br />

séminaire de lancement du projet PCP, Gdansk, 21-22 Novembre, 2005<br />

Mr Jarosław Wincek, Gdańsk Development Agency, Présentation lors du séminaire de lancement du projet PCP,<br />

Gdansk, 21-22 Novembre, 2005<br />

Mrs Malgorzata Ratkowska, Development Programmes Department, City of Gdansk<br />

Mr Krzysztof Szczepaniak, - Director of Economic Development Department, City of Gdańsk, Présentation lors du<br />

séminaire de lancement du projet PCP, Gdansk, 21-22 Novembre, 2005<br />

Jacques Charlier, expert externe du projet PCP, Professeur, Université de Louvain La Neuve (Belgique)<br />

http://www.portgdansk.pl<br />

http://www.gdansk.gda.pl


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

BREMERHAVEN - UNE EXPANSION <strong>VIL<strong>LE</strong></strong> ET <strong>PORT</strong> MAJEURE<br />

Histoire du port de Bremerhaven<br />

La ville de Bremerhaven n'est fondée qu'en 1827 même si la zone est peuplée dès le 12ème siècle,<br />

époque à laquelle de minuscules villages sont construits sur des petites îles dans cette embouchure<br />

marécageuse. Des plans de ville fortifiée sont élaborés très tôt afin de protéger les navires entrant ou<br />

sortant de la rivière Weser, et en 1672 le projet de construction d'un château (Karlsburg) n'aboutira<br />

pas.<br />

En 1827, la ville de Brême achète au Royaume de Hanovre les territoires situés à l’embouchure de la<br />

Weser. Bremerhaven est née et elle deviendra le deuxième port de Brême en dépit des 50 km qui les<br />

séparent. Grâce aux échanges avec l’Amérique du nord et à l’émigration vers le nouveau continent, la<br />

ville et le port connaissent une croissance rapide.<br />

Carte 1. Localisation de Bremerhaven en Allemagne Carte 2. Localisation de Bremerhaven au Nord-<br />

Ouest de l'Allemagne<br />

Vue aérienne © City of Bremerhaven<br />

Population = 116 865 habitants<br />

Superficie = 78,86 km²<br />

Le royaume de Hanovre<br />

fonde une ville rivale<br />

juste à côté de<br />

Bremerhaven qu’elle<br />

nomme Geestemünde<br />

(1845). Les deux villes<br />

se sont développées en<br />

s’appuyant sur trois<br />

piliers : le commerce, la<br />

construction navale et la<br />

pêche. En 1927<br />

Geestemünde et<br />

quelques municipalités<br />

voisines s’unissent pour<br />

fonder la nouvelle ville<br />

de Wesermünde, et en<br />

1939 les villes de<br />

Wesermünde et<br />

Bremerhaven ne font<br />

plus qu’une. La majeure<br />

partie de la ville est détruite pendant la deuxième guerre mondiale ; les parties vitales du port ont<br />

toutefois été épargnées. En 1947 la ville est intégrée au Bundesland de Brême. Aujourd’hui<br />

Bremerhaven fait ainsi à la fois partie de l’État de Brême tout en étant une ville de plein droit,<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

59


60<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

différente de la ville de Brême. Ajoutant à la confusion, Überseestadt ne fait pas partie de la ville de<br />

Bremerhaven mais se trouve sous la juridiction directe de la ville de Brême 1 .<br />

Les ports de Brême/Bremerhaven<br />

Organisation des ports<br />

Les ports de Brême/Bremerhaven se situent parmi les 20 premiers ports à conteneurs du monde avec<br />

un trafic supérieur à 4,45 millions d’EVP en 2006 et ils continuent de connaître une croissance rapide.<br />

À Brême, le dynamisme du développement du<br />

trafic maritime de véhicules se reflète par une<br />

intense activité de manutention au sein du port.<br />

Les résultats obtenus l’an passé, près de 1,89<br />

millions d’unités traitées, ont été dépassés de<br />

plus de 14,8 % et les ports de Brême se<br />

positionnent comme les premiers ports<br />

européens de véhicules automobiles.<br />

Les activités portuaires et les échanges<br />

internationaux représentent les piliers de<br />

l’économie de l’État de Brême. En 2005, d’après<br />

une étude réalisée en 2006 par Kieserling<br />

Foundation, 174 000 emplois étaient liés à<br />

l’activité des ports de Brême dont 86 000<br />

dépendaient de l’État de Brême. Les principes et<br />

les lignes directrices qui régissent le port sont<br />

énoncés par le Sénateur chargé de l’Économie et<br />

des ports. Les fonctions du capitaine de port,<br />

comme par exemple la gestion du trafic maritime<br />

et les autres tâches gouvernementales, relèvent<br />

du Hansestadt Bremischen Hafenamt (l’autorité<br />

portuaire de Brême).<br />

En 2002, le Sénat a transféré les responsabilités<br />

liées à l’organisation, la construction, l’entretien<br />

structurel, l’exploitation de l’équipement, la<br />

gestion foncière et commerciale de l’ensemble du<br />

complexe portuaire à la société de droit privé<br />

Bremenports GmbH & Co. KG.<br />

1 L’Allemagne est une République fédérale composée de 16 États, appelés Länder en Allemand (singulier : Land). Dans la mesure où Land signifie aussi<br />

"pays" en allemand, le terme Bundesländer ("États de la fédération", singulier : Bundesland), plus spécifique, est communément utilisé. Trois des États sont<br />

des villes-États (Berlin, Brême et Hambourg) alors que les 13 autres portent le nom de Flächenländer ("États territoriaux").<br />

L’administration des Länder de Berlin, Brême et Hambourg est légèrement différente de celle des autres États. Dans chacune de ces villes, l’exécutif est<br />

constitué d’un Sénat composé d’environ huit membres élus par le parlement du Land qui remplissent des fonctions correspondant à celles des ministres<br />

des Länder plus grands. Par exemple, à Brême, l’équivalent du Ministre-Président est le Senatspräsident ("président du Sénat"). Le parlement du<br />

Bundesland de Brême est appelé Bürgerschaft. En outre – pour compliquer davantage les choses – la ville de Bremerhaven (qui fait partie du Bundesland<br />

de Brême) possède son propre parlement municipal (appelé Stadtverordnetenversammlung) responsable des décisions concernant le conseil urbain. L’État<br />

de Brême est constitué de deux enclaves séparées : les villes de Brême (son véritable nom est "ville libre hanséatique de Brême"), la capitale de l’État, et<br />

Bremerhaven. Toutes deux sont situées sur la rivière Weser ; Bremerhaven se trouve en aval et c’est un port qui donne sur la Mer du Nord (son nom<br />

signifie "port de Brême"). Les deux villes sont entourées de toutes parts par l’État de Basse- Saxe (Niedersachsen).


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Les ports de Bremerhaven © Bremenports<br />

Accessibilité<br />

Bremerhaven se trouve à 32 miles marins de la haute mer. Les navires dont le tirant d’eau n’excède<br />

pas 12,80 m peuvent rejoindre Bremerhaven quel que soit le niveau de la marée, ce qui n’est pas le<br />

cas des navires à plus fort tirant d’eau. Brême, le port allemand situé le plus à l’intérieur des terres, se<br />

trouve à environ 60 kilomètres en amont de la Weser et est accessible aux navires jusqu’à environ<br />

10,7 mètres de tirant d’eau, en fonction du niveau de la marée. L’accessibilité du terminal à<br />

conteneurs de Bremerhaven sans contraintes de marée fera l’objet de nouvelles améliorations suite à<br />

l’adaptation de la Haute Weser sollicitée par l’État de Brême. D’ici 2007/2008, les navires de 13,8<br />

mètres de tirant d’eau devraient avoir accès à Bremerhaven quel que soit le niveau de la marée. La<br />

Basse Weser devrait également être soumise à des travaux d’adaptation au cours de 2007/08. Ces<br />

indispensables mesures d’adaptation amélioreront considérablement l’accessibilité maritime des ports<br />

jumeaux.<br />

Dans Ie Port de Bremerhaven, la construction d’un bassin d’évitage sur la Weser face au terminal à<br />

conteneurs va favoriser la mise en place d’une croissance du trafic conteneurs qui promet d’être forte,<br />

continue et au dessus de la moyenne. Le nouveau bassin d’évitage permettra à deux gros porteconteneurs<br />

de dernière génération de manœuvrer simultanément en face du Stromkaje de<br />

Bremerhaven.<br />

Indépendamment des résultats obtenus par le port, les liaisons vers l'hinterland revêtent une très<br />

haute importance pour la compétitivité du port. Brême et Bremerhaven possèdent non seulement<br />

d’excellentes liaisons ferroviaires vers les principales régions économiques d’Allemagne et au-delà,<br />

mais également un système ferroviaire portuaire doté d’un réseau qui s’étend sur plus de 200 km.<br />

Quasiment 50 % du trafic dans l’hinterland de Brême s’effectue par rail, ce sans même tenir compte<br />

du transport local dans les environs de Brême. La part du rail va même jusqu’à représenter les deux<br />

tiers du trafic de conteneurs si l’on exclut le trafic local des territoires avoisinants.<br />

Brême dispose de deux liaisons permettant de rejoindre le réseau national et européen de navigation<br />

intérieure. D’un côté, à l’ouest, la Under Weser, la rivière Hunte, le canal côtier et le Canal Dortmund-<br />

Ems qui rejoint le Rhin permettent d’accéder à l’ensemble du réseau d’Europe centrale. De l’autre<br />

côté, la liaison s’établit via la Central Weser au sud du Canal Middleland. La localisation du port de<br />

Bremerhaven impose que la Central Weser soit adaptée, en particulier, à la navigation intérieure et<br />

aux modes de transport combiné respectueux de l’environnement. Les mesures à prendre pour<br />

l’élargissement de la Middle Weser et des écluses de Dörverden et de Minden ont été inclues au<br />

programme de réglementation du trafic établit par l’État.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

61


62<br />

Le plus long quai fluvial du monde<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Investissements pour le traitement des conteneurs<br />

Avec un flux de presque 45 millions d’EVP (Équivalent vingt pieds) en 2006, le « Stromkaje » de<br />

Bremerhaven, situé sur la Weser à l’endroit où est implanté le terminal à conteneurs Wilhelm Kaisen,<br />

constitue la partie la plus importante du port et le plus gros porte-conteneurs au monde peut s’y<br />

amarrer.<br />

Grâce à la construction du Terminal à conteneur IV, commencée pendant l’été 2004, quatre postes à<br />

quai supplémentaires devraient pouvoir accueillir les gros porte-conteneurs. Les prévisions de<br />

croissance des activités conteneurs ne peuvent être que bénéfiques à Brême et Bremerhaven. Les<br />

deux premiers postes du Terminal à conteneurs IV ont déjà été attribués et la construction du dernier<br />

poste sera terminée au printemps 2008. Une fois les travaux d’expansion finalisés, Bremerhaven<br />

disposera de 14 postes à quai adaptés aux gros porte-conteneurs.<br />

Zone du terminal à conteneurs © Bremenports<br />

(dont CT 4 en construction, vue du sud-est)<br />

Aperçu du CT 4<br />

Longueur de l’ancien quai à conteneurs 3237 mètres<br />

Longueur du nouveau quai 1681 mètres<br />

Surface d’exploitation du nouveau terminal Environ 90 hectares<br />

Nombre de postes supplémentaires 4<br />

Capacité maximum Plus de 7 millions d’EVP<br />

Terrassement (2004) Environ 400 000 mètres cubes<br />

Quantité de sable nécessaire Environ 10 millions de mètres cubes<br />

Compensations environnementales Luneplate et cap de la côte Wursten<br />

Livraison du premier poste Fin 2006<br />

Achèvement des travaux Début 2008<br />

Coûts de construction et d’aménagement Environ 500 millions d’euros<br />

CT 4 en construction (vue du sud)<br />

© Bremenports<br />

Investissements pour le trafic voitures<br />

Le Port Est sera partiellement remblayé pour répondre aux besoins urgents de nouveaux espaces<br />

dédiés au trafic voitures. Une nouvelle zone de 6,1 hectares existe déjà dans sa partie nord-ouest. 3<br />

quais de près de 270 mètres peuvent y accueillir les navires assurant le trafic transocéanique. Les<br />

matériaux issus du draguage qu'il a fallu réalisé pour approfondir le bassin vont être réutilisés pour ce<br />

remblaiement. Le Sénat a également validé en 2005 la construction de nouvelles écluses (Kaiser Lock<br />

Gates). Cette décision anticipe sur la croissance annoncée de la taille des navires et devrait permettre<br />

à long terme à Bremerhaven d'assurer sa position en Europe sur ce secteur d'activité très compétitif.<br />

La nouvelle écluse devrait être opérationnelle en 2010.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Le Projet CT4 et compatibilité environnementale<br />

La construction et l’exploitation du CT 4 a des effets sur l’environnement et affecte de nombreux<br />

espaces. En tant qu’autorité responsable des choix des sites d'implantation du projet et de leur<br />

aménagement, la Direction nord-ouest des voies d’eau et de la navigation (WSD), basée à Aurich, a<br />

réuni un panel de spécialistes afin d’établir tous les impacts possibles du projet sur l'homme, la faune<br />

et la flore.<br />

Si les effets néfastes sur l’environnement ne peuvent pas être évités, ils doivent être réduits ou<br />

compensés conformément à la loi allemande sur l’évaluation des effets sur l’environnement.<br />

Dès le début des travaux de construction, les engins de chantier ont constitué une source de bruit et<br />

les polluants émis par les véhicules présents sur le chantier ont eu des effets négatifs sur les secteurs<br />

environnants. Les vasières du parc national de Basse-saxe situé au nord du nouveau terminal en<br />

subissent les conséquences.<br />

Une fois que l’exploitation du terminal aura commencé, les quartiers résidentiels avoisinants<br />

(Weddewarden et Langen-Imsum) seront gênés par le bruit et la lumière en provenance du terminal.<br />

De surcroît, l’air contiendra des polluants en suspension, comme par exemple ceux produits par la<br />

manipulation des conteneurs. C'est tout le paysage qui sera également modifié par l’apparition de<br />

conteneurs et de portiques à l’emplacement des vasières.<br />

Toutes ces nuisances sur l’environnement, et d’autres encore, jouent un rôle essentiel dans le travail<br />

des ingénieurs chargés de l’aménagement du port. Ils doivent définir en amont s’il est possible d’éviter<br />

les répercussions néfastes et dans la négative, réfléchir à la façon de les compenser. L’absence de<br />

proposition de solution de compensation acceptable peut remettre en cause l’autorisation<br />

d’aménagement du projet de construction du CT 4.<br />

Un cadre réglementaire, législatif et technique a été mis en place. C'est le cas par exemple de la<br />

protection passive contre le bruit : avant que les responsables de l’aménagement envisagent<br />

d’équiper les maisons des quartiers adjacents de fenêtres insonorisées, ils doivent d’abord déterminer<br />

s’il est possible de réduire le niveau de bruit émis par l’équipement technique du terminal. Autre<br />

exemple, la lumière émise sur le terminal : les lampes qui éclairent le site ne doivent ni éblouir ni<br />

attirer les moustiques ; autre exemple, celui des nappes phréatiques : en cas d’accident impliquant<br />

des substances dangereuses, les eaux souterraines – comme celles de la Weser – ne doivent pas<br />

être exposées à la contamination.<br />

La protection passive contre le bruit joue un rôle essentiel dans le projet CT 4 : Bremenports, la<br />

société de gestion du port, a contacté environ 85 propriétaires et locataires de maisons du centre de<br />

Weddewarden et de certains quartiers d’Imsum et leur a offert d’équiper leur maison de fenêtres<br />

insonorisées et de portes d’entrées isolantes de première qualité sur le compte de Brême. Chaque<br />

maison située à proximité du terminal sera également équipée d’un nouveau système de ventilation<br />

garantissant une atmosphère saine dans les maisons pourvues des nouvelles fenêtres de classe III.<br />

Ces mesures de protection contre le bruit s’adressent aussi aux habitants de Weddewarden et<br />

d’Imsum qui vivent plus loin du terminal. Les spécialistes jugent au cas par cas à partir des prévisions<br />

d’exposition aux nuisances sonores.<br />

Le Conseil municipal de Bremerhaven a émis un ordre pour la préservation de l’état du district de<br />

Weddewarden. Le sénat de Brême a lui aussi prouvé son engagement envers une cohabitation<br />

pacifique durable entre le port et le secteur résidentiel. En proposant aux propriétaires et aux<br />

locataires de maison de les équiper contre le bruit, les responsables de l’aménagement du port<br />

garantissent un environnement résidentiel sain dans la zone située aux alentours du CT 4.<br />

Au fur et à mesure que le port s’étend, des espaces naturels de qualité disparaissent. Des mesures de<br />

compensation écologique doivent dés lors être prises. Les réglementations exigent l’instauration de<br />

compensations intégrales. D'anciennes terres agricoles doivent être transformées en zones<br />

écologiques de qualité. Deux endroits ont été sélectionnés à cette fin : Grosse Luneplate au sud de<br />

Bremerhaven (qui sera le principal site de substitution) ainsi qu’un secteur situé le long de la côte<br />

Wursten au nord de la ville, près des villages de Cappel et de Spieka.<br />

Une chose est sûre : tout effet prévisible produit par le CT 4 fera l’objet d’une analyse détaillée. Tous<br />

ces aspects sont pris en compte dans l’évaluation des documents soumis à approbation.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

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Le JadeWeserPort<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Après la réalisation du CT4 – prévue au printemps 2008 – le terminal n’aura plus de possibilité<br />

d’extension. La limite nord de l’extension du terminal CT4 se trouve en effet sur la frontière entre<br />

Brême et la Basse-Saxe ; en outre, le terminal est limitrophe d’un parc naturel, ce qui rend impossible<br />

tous travaux d’agrandissement.<br />

Dans ce contexte, les Länder fédéraux de Basse-Saxe et de Brême ont défini un cadre commun de<br />

coopération à long terme pour la mise en œuvre du projet de port en eau profonde dans la baie<br />

d’Helgoland, le JadeWeserPort à Wilhelmshaven.<br />

Placé idéalement et dotée d’excellentes liaisons avec les grandes places commerciales d’Europe,<br />

Wilhelmshaven est en mesure d’offrir des services de haut niveau à la nouvelle génération de porteconteneurs.<br />

Parmi les avantages de cette localisation, on peut citer une voie navigable d’une<br />

profondeur de 18 mètres, une navigation en amont de seulement 23 milles marins et un vaste bassin<br />

d’évitage. Hub de transbordement idéal, le port en eau profonde - "JadeWeserPort"- va attirer<br />

davantage de feeders et développer le transport maritime à courte distance vers et en provenance de<br />

Scandinavie, de Finlande, de la Baltique, de Russie et du Royaume-Uni. De même, de bonnes<br />

liaisons routières et ferroviaires vers l’hinterland permettent de rejoindre rapidement les grands<br />

centres économiques européens par voie terrestre. De vastes zones à urbaniser sont disponibles pour<br />

des entreprises logistiques et industrielles dans les abords immédiats du terminal à conteneurs.<br />

La société JadeWeserPort Realisierungs GmbH & Co. KG a été créée dans le but de réaliser ce<br />

projet : le Land fédéral de Basse-Saxe détient 50,1% des actions de la société tandis que le Land<br />

fédéral de Brême – par l’intermédiaire de la société Bremenports GmbH & Co. KG – est propriétaire<br />

des 49,9% restants.<br />

La réalisation du projet JadeWeserPort est l’un des projets d’investissement les plus importants du<br />

nord de l’Allemagne. Le volume d’investissement total en infrastructure et superstructure s’élève à<br />

900 millions d’euros.<br />

Le Jade Weser Port réunit la Basse-Saxe et Brême au sein d’un vaste projet, unique en son genre, de<br />

coopération interrégionale. D’après les estimations, le Jade Weser Port devrait atteindre sa pleine<br />

capacité au milieu de la prochaine décennie et générer plusieurs milliers d’emplois en Allemagne du<br />

nord-ouest. Grâce au rapprochement du terminal à conteneurs et du centre de logistique<br />

(Güterverkehrszentrum) et à la création de liaisons efficaces avec les modes de transport ferroviaire et<br />

routier, l’économie de Brême va s’organiser autour d’un cluster unique.<br />

Trafics portuaires<br />

En 2006, le trafic maritime de marchandises a atteint un niveau record de 64,6 millions de tonnes<br />

(+19,1% par rapport à 2005). Les ports de Brême se maintiennent à la deuxième place des plus<br />

grands ports d’Allemagne avec un trafic qui a plus que doublé au cours des dix dernières années.<br />

Les Etats-Unis, avec un total de 11,9 millions de tonnes (9,8 millions de tonnes en 2005), ont<br />

représenté la plus grosse part du trafic de marchandises, comme les années précédentes. Le trafic de<br />

conteneurs avec la République populaire de Chine a atteint un total de 3,6 millions de tonnes, ce qui<br />

signifie qu’elle se place au second rang après les Etats-Unis avec un volume total de 9,8 millions de<br />

tonnes de conteneurs traités. La Fédération russe, qui a largement développé son activité conteneurs,<br />

se place juste après avec 3,1 millions de tonnes. Le trafic européen, avec 33,2 millions de tonnes, a<br />

représenté plus de la moitié du volume total traité par Brême. Le premier pays non-européen reste<br />

l’Amérique (16,6 millions de tonnes). Les ports asiatiques ont atteint un chiffre de 12,1 millions de<br />

tonnes.<br />

En 2006, les mouvements de conteneurs dans les ports de Brême ont augmenté de 20% (en poids)<br />

par rapport à 2005. Une croissance de 18,7% par rapport à l’année précédente a permis au secteur<br />

des conteneurs standards d’atteindre un chiffre de presque 4,4 millions d’EVP.<br />

Le taux de croissance annuel moyen atteint quasiment 12% pour la période située entre 1998 et 2006<br />

et la part des conteneurs dans les mouvements totaux de marchandises diverses s’élève à 83%.<br />

Presque 99% des mouvements de conteneurs s’effectuent au moyen des équipements modernes de<br />

Bremerhaven.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

En 2006, les marchandises en vrac et les marchandises diverses conventionnelles, avec<br />

approximativement 19,7 millions de tonnes, représentaient environ 30 % du volume total traité (64,6<br />

millions de tonnes) dans les ports de Brême. Les vracs représentaient environ 10,8 millions de tonnes<br />

et les marchandises diverses conventionnelles 8,9 millions de tonnes. Les principaux mouvements de<br />

marchandises diverses concernent les véhicules automobiles et les bananes à Bremerhaven et l’acier<br />

et les produits forestiers à Brême. L’on observe une nette progression du transport de l’acier et des<br />

canalisations qui atteint un volume de 3 millions de tonnes. Les ports de Brême occupent nettement la<br />

première place des ports allemands de la Mer du Nord pour ce qui est du transport non conteneurisé<br />

des marchandises diverses.<br />

En 2006, le développement du trafic maritime de véhicules de Brême a fait preuve d’un dynamisme<br />

remarquable. Les résultats obtenus l’an passé, près de 1,89 millions d’unités traitées, ont été<br />

dépassés de plus de 14,8 % et les ports de Brême se positionnent comme les premiers ports<br />

européens de véhicules automobiles.<br />

En 2006, le nombre de passagers des navires de croisière a diminué pour atteindre un total inférieur à<br />

70 000.<br />

Transport maritime intérieur : nombre de navires et quantité de marchandises transportées. Avec un<br />

trafic de 5,6 millions de tonnes, Brême et Bremerhaven se placent parmi les dix premiers ports<br />

allemands de navigation intérieure.<br />

Dans le secteur aérien, le nombre de voyageurs est descendu à 42 000. Toutefois, la création d’une<br />

nouvelle compagnie aérienne à Brême permet de revoir à la hausse les prévisions pour 2007.<br />

Le "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven", un centre attractif pour le tourisme maritime allemand<br />

Les célèbres paquebots de la Norddeutscher Lloyd, Bremen, Europa et Columbus, ont autrefois<br />

accosté ici. Les uns après les autres, ils ont remporté le "Ruban bleu" récompensant la traversée de<br />

l’Atlantique la plus rapide. Des millions de migrants ont débuté ici leur voyage vers le nouveau monde<br />

et le port a vu Elvis Presley débarquer en GI de l’armée américaine. Columbus Quay, le quai des<br />

larmes, de l’espoir et du bonheur. Il est aujourd’hui le cœur du "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven"<br />

(Cruise Ship Terminal Bremerhaven)", un quai pour le plaisir de vacances à bord d’élégants navires<br />

de croisières, au départ principalement de Bremerhaven et à destination des fjords et des mers du<br />

Nord.<br />

Depuis le début des années 80, le marché de la croisière a atteint des taux de croissance annuelle<br />

moyenne situés entre huit et neuf pour cent dans le monde entier. L’Europe compte actuellement<br />

environ deux millions de croisiéristes. Les passagers issus d’autres pays, qui fréquentent très peu les<br />

terminaux de croisières allemands, représentent le plus gros potentiel pour le futur. Des études<br />

menées par des spécialistes indiquent que d’ici 10 ans, "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven"<br />

accueillera environ 120 000 passagers. En 2002, le terminal a reçu 53 paquebots de croisière et<br />

environ 50 000 passagers. La croissance du nombre de paquebots – et par conséquent du nombre de<br />

passagers – débouche sur des créations d’emplois. En l’an 2000, la saison des croisières qui s’étale<br />

sur cinq mois a permis de créer 50 postes de travail à Bremerhaven ; il est prévu que ce chiffre<br />

atteigne 120 d’ici 2012.<br />

Aujourd’hui, le terminal de croisière le plus moderne d’Europe accueille 70 navires et plus de 70 000<br />

passagers tous les ans. Passer des vacances en mer est de plus en plus populaire et les exigences<br />

des armateurs, des voyagistes et des passagers en termes de confort et de sécurité sont de plus en<br />

plus nombreuses. Pour le "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven" l’heure n’est plus aux traversées de<br />

l’Atlantique d’antan. Comme dans les aéroports, les passagers transitent par des passerelles<br />

d’embarquement dernier cri pour monter à bord des navires de leurs rêves.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

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66<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Bremenports a ainsi<br />

dépensé presque<br />

25 millions d’euros dans la<br />

réhabilitation complète de<br />

l'ancienne et célèbre Gare<br />

maritime Columbus. Celleci<br />

peut désormais se<br />

placer au premier rang des<br />

terminaux de croisière<br />

européens en matière de<br />

confort et de sécurité.<br />

"Kreuzfahrt Terminal<br />

Bremerhaven" (vue du nordouest)<br />

© Bremenports<br />

L’on peut en dire autant des bateaux qui côtoient ces élégants bateaux de croisière blancs dont les<br />

passagers sont impatients de larguer les amarres : chargés de bananes, d’oranges, de raisins, de<br />

pommes, de poires et de melons et bien qu’il soient aussi de couleur blanche, ceux-là sont des<br />

navires frigorifiques destinés au transport des marchandises ; en provenance d’Amérique centrale,<br />

d’Afrique du nord, d’Afrique du sud et d’Inde, ils ont jeté l’ancre au terminal fruitier du groupe Heuer<br />

Group dans le Überseestadt et à Columbus Quay.<br />

Autrefois, et pendant de nombreuses années, Bremerhaven était le port bananier d’Allemagne et de<br />

Suisse ; aujourd’hui, l’éventail s’est considérablement élargi et les bananes (400 000 tonnes par an)<br />

ne sont plus livrées en régimes entiers en provenance directe des plantations mais elles arrivent,<br />

prêtes à la consommation, dans des navires frigorifiques qui les maintiennent à la bonne température<br />

pour leur post-acheminement en train ou en camion frigorifique.<br />

De la même façon, plus de 100 000 tonnes de raisins, melons, poires, pommes et oranges<br />

poursuivent leur maturation dans des conteneurs pendant la traversée en mer vers Bremerhaven et<br />

sont soumis à un contrôle de qualité strict à l’arrivée avant d’être mis en vente et consommés dans<br />

toute l’Europe jusqu’en Russie. Le terminal fruitier et le terminal de croisière ont pourtant quelque<br />

chose d’autre en commun en dehors de leur proximité : une excellente qualité, condition sine qua non<br />

pour répondre aux exigences du marché.<br />

Bremerhaven se rapproche de l'eau – Le projet "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen)<br />

La ville a planifié depuis maintenant plusieurs années la transformation de son vieux port à l'interface<br />

avec le port actif : le projet "Havenwelten"<br />

(Alter/Neuer Hafen). Les espaces autour du<br />

bassin portuaire accueilleront à terme des<br />

éléments phares comme la Maison du<br />

Climat, un hôtel de luxe de quatre étoiles<br />

de 100 mètres de haut (Atlantic Sail City),<br />

un grand complexe commercial appelé<br />

Mediterraneo, mais aussi des<br />

développements plus classiques comme<br />

des bureaux et des logements au bord d'un<br />

futur port de plaisance (Investisseur et<br />

gestionnaire : Lloyd Marina). Cette Marina<br />

prévoit la construction de plus de 40 000 m²<br />

de surface habitable et environ<br />

200 anneaux.<br />

Le site "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen - "Ancien et Nouveau port") -<br />

sur la gauche Mediterraneo, à droite la Maison du climat (vue de l'Est)<br />

© City of Bremerhaven


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

67<br />

Bremerhaven, connu pour avoir<br />

accueilli pendant la période 1830 -<br />

1974 plus de 7 millions d'individus<br />

partant pour les Amériques, a ouvert<br />

également depuis peu un bâtiment<br />

destiné à retracer l'histoire de ces<br />

émigrants. La réalisation du projet du<br />

Centre de l'émigration allemande<br />

"Deutsche Auswandererhaus "a<br />

coûté environ 20 millions d'euros et<br />

représentera à terme un équipement<br />

culturel phare pour le Nord de<br />

l'Allemagne avec une estimation de<br />

200 000 visiteurs par an.<br />

Le site "Havenwelten" (Alter/Neuer<br />

Hafen) - au premier plan le Centre de<br />

l'émigration allemande (vue du Nord)<br />

© City of Bremerhaven<br />

La création du Centre de technologie "Technologiezentrum t.i.m.e.Port" (créé en 2002 avec les aides<br />

financières de l'Union Européenne) doit permettre d'attirer les entreprises spécialisées dans les<br />

domaines des télécommunications, de la technologie de l'information, du Multimédia, et des loisirs.<br />

Ces dernières pourront ainsi tirer profit d'un climat économique existant favorable à leur<br />

développement futur - grâce en particulier aux activités liées directement ou indirectement au port de<br />

Bremerhaven. Il s'agit là de créer des passerelles permettant de connecter les mondes économiques,<br />

de favoriser les échanges et de créer davantage de richesses et des emplois.<br />

Tous ces projets sont portés par plusieurs partenaires: la Ville de Bremerhaven, BIS Bremerhavener<br />

Gesellschaft für Investitionsförderung und Stadtentwicklung mbH et une structure de type Société<br />

d'économie mixte, BEAN Bremerhavener Entwicklungsgesellschaft Alter/Neuer Hafen mbH & Co. KG,<br />

mandatée par la Ville pour assurer la planification et la commercialisation du projet.<br />

BEAN mbH & Co. KG est le maître d’ouvrage, et propriétaire des terrains, des bâtiments publics<br />

comme la Maison du climat, le Centre de l’immigration allemande, l’écluse du nouveau port et d’autres<br />

équipements infrastructurels. La société finance aussi la plupart des constructions à la demande de la<br />

ville (pour un total d’environ 300 millions d’euros).<br />

La Maison du climat et le Centre de l’émigration allemande ont été conçus selon des modèles de<br />

partenariat public-privé et ils seront exploités par des investisseurs privés. Les exploitants et les<br />

investisseurs privés actuels (hôtel, marina, immeubles d’appartements, centre commercial<br />

Mediterraneo) ont été sollicités principalement par la BIS et son réseau. La BIS est également en<br />

charge de la commercialisation des secteurs ne faisant pas l’objet d’intervention de Neuer Hafen (par<br />

exemple lors du salon EXPO Real de Munich). La coordination stratégique est répartie entre le<br />

Conseil municipal, BIS, BEAN et les investisseurs privés dans le cadre d’une "Strategierunde" (un<br />

groupe de travail plutôt informel).<br />

© City of Bremerhaven


68<br />

L'intégration à la ville<br />

Superficie totale 38,5 ha<br />

Terrain 25,8 ha<br />

Surface d'eau (Bassins) 12,7 ha<br />

Extension est-ouest 300 m<br />

Extension nord-sud 1800 m<br />

Volume d’investissement en infrastructure (Land<br />

de Brême, ville de Bremerhaven)<br />

263 Mill. €<br />

Le secteur "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen) en résumé<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

L’objectif global de la stratégie de développement du projet "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen)<br />

consiste à intégrer le nouveau secteur à la structure actuelle de la ville. Un élément qui revêt un intérêt<br />

particulier dans ce contexte est celui du pont en verre qui passe au-dessus du bassin portuaire. Il relie<br />

entre elles deux parties importantes de la ville : d’un côté le parc central situé entre le Mediteraneo et<br />

la Maison du climat et de l’autre côté le centre ville et le "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven". De la<br />

même manière, la présence du "Holländer-Bridge" est nécessaire du fait qu’il représente la liaison sud<br />

du "Kreuzfahrt Terminal Bremerhaven".<br />

Au cours de la restructuration durable du centre commercial, une attention particulière a été portée<br />

aux axes est-ouest (voir par exemple les rues Keilstraße/Linzer Straße). L’infrastructure existante a<br />

été agrandie et modifiée de sorte à pouvoir doter le "Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen) de nouveaux<br />

services (il existe maintenant un parking souterrain et de nouveaux arrêts de bus ont été mis en<br />

place).<br />

Tout naturellement, Bremerhaven est désireuse d’attirer du monde, à savoir des consommateurs et<br />

des clients, dans le centre de la ville. En vue d’accomplir cet objectif, il est nécessaire de proposer des<br />

offres intéressantes dans le centre ville aussi bien avec le Mediterraneo qu'avec d’autres offres<br />

touristiques (telles que Centre de l’émigration allemande, la Maison du climat, l’hôtel et la Marina). Un<br />

autre élément majeur est celui de la construction et la vente de nouveaux appartements pour inciter<br />

les personnes aisées à venir s’installer dans le centre ville. Les plaisanciers qui, en général, ont un<br />

niveau de vie élevé sont également visés.<br />

En raison d’une longue tradition de participation citoyenne, plusieurs réunions d’information ont été<br />

tenues en complément de la procédure officielle. Une exposition a ainsi été préparée afin d’offrir aux<br />

citoyens et aux touristes une vue d’ensemble sur les activités liées au projet.<br />

Projets Centre de<br />

l'Emigration<br />

allemande<br />

Investisseur BEAN /City of<br />

Bremerhaven<br />

Exploitant Paysage<br />

House 1<br />

Architectes Studio<br />

Andreas<br />

Heller<br />

(Hamburg)<br />

Début de la Novembre<br />

construction 2004<br />

Fin des<br />

travaux<br />

Dépenses<br />

totales<br />

Maison du<br />

climat<br />

BEAN /City of<br />

Bremerhaven<br />

Petri<br />

&Tiemann<br />

GmbH<br />

Thomas<br />

Klumpp<br />

(Bremen)<br />

Mediterraneo Hotel<br />

Atlantic Sail<br />

City<br />

AVW Albrecht<br />

Vermögensverwaltungs<br />

AG<br />

AVW Albrecht<br />

Vermögensverwaltungs<br />

AG<br />

WGK<br />

Planungsgesellschaft<br />

(Hamburg)<br />

Zechbau/<br />

Justus<br />

Grosse<br />

Gruppe<br />

Atlantic<br />

Hotels<br />

Bremen<br />

Thomas<br />

Klumpp<br />

(Bremen)<br />

Time Port II Time Port<br />

III<br />

Marina<br />

BIS BIS Im-Jaich<br />

BIS BIS Im-Jaich<br />

Husemann &<br />

Dr. Wichmann<br />

Braunschweig<br />

Appel en<br />

cours<br />

Peter Weber<br />

Bremerhaven<br />

Avril 2006 Avril 2006 Avril 2006 Début 2005 Printemps<br />

2006<br />

Avril 2006<br />

Août 2005 Printemps Printemps 2008 Février Février 2007 Fin 2007 Avril 2007<br />

2009<br />

2008<br />

20 Mio. € 70 Mio. € 31 Mio. € 19 Mio. € 5,6 Mio. € 7,3 Mio. € 3 Mio. €<br />

Financement Public Public Privé Privé Public Public Privé<br />

Employés 70 90 260 55 90 100 10<br />

Nombre de 200.000 600.000 Données non Données non Données non Données Données non<br />

visiteurs<br />

disponibles disponibles disponibles non disponibles<br />

attendus par<br />

an.<br />

disponibles<br />

Au total, le nombre de visiteurs attendus se situe entre 1 et 1,2 million par an (en incluant des installations déjà existantes<br />

comme le zoo et le musée maritime).


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Le Secteur du port de pêche<br />

Le port de pêche de Bremerhaven a été fondé en 1886. Il comprend aujourd’hui environ 450 ha de<br />

terrain et 150 ha de surface d’eau représentant un total de 6 millions de mètres carrés. En dépit d’une<br />

histoire tourmentée, ce port de pêche reste le principal centre européen de traitement et de production<br />

des produits de la mer, en particulier pour les aliments congelés, avec environ 390 entreprises et 4000<br />

emplois. Ce secteur compte encore 4000 emplois supplémentaires indirectement liés au secteur du<br />

traitement et de la production de poissons et à d’autres activités. Dans ce domaine, les entreprises les<br />

plus connues sont Frozen Fish International et Frosta AG (aliments congelés), Deutschen See<br />

(production de poissons) et Nordsee (chaîne de boutiques gastronomiques).<br />

Parallèlement, le port de pêche est un complexe industriel et maritime multiple. Des petits entreprises<br />

commerciales, des entreprises de fabrication d’acier, des sociétés d’import-export, des chantiers<br />

navals (construction de yachts), des industries céramiques et de grands ateliers de construction<br />

navale sont également implantés dans le secteur. Bremerhaven a été affectée par le développement<br />

du droit de la mer ainsi que par les crises sévères qui ont frappé le secteur halieutique en 1970 et<br />

1980 et qui ont entraîné une réduction drastique de la flotte de pêche.<br />

L’État de Brême a su relever le défi en<br />

lançant, avec le soutien de l’Union<br />

européenne, un programme global de<br />

modernisation et de restructuration du port<br />

de pêche. Le vieux port abrite maintenant le<br />

Schaufenster Fischereihafen, un centre<br />

d’affaires et de tourisme qui propose des<br />

activités, des restaurants et des boutiques<br />

en rapport avec la thématique du poisson ;<br />

l’occasion d’une expérience maritime pour<br />

les visiteurs. L’ancien hall d’emballage des<br />

poissons IV a d’abord été restauré et il<br />

héberge aujourd’hui 15 sociétés de<br />

commerce et de restauration.<br />

Le secteur du port de pêche (vue du nord-est) © Bremenports<br />

Ensuite, le hall de départ de l’ancienne "gare aux poissons" (Fischbahnhof) et son importante<br />

structure en acier ont été démontés pour être reconstruits au cœur du Schaufenster Fischereihafen,<br />

en face de l’ancien hall d’emballage des poissons IV. Il est devenu le Forum Fischereihafen, un centre<br />

multimédia moderne destiné à fournir des informations sur la pêche et la mer. À l’Atlanticum, par<br />

exemple, les visiteurs peuvent obtenir des explications précises sur le développement et l’exploitation<br />

des mers, la pêche, le commerce et le traitement du poisson. Ils ont aussi la possibilité de visiter un<br />

aquarium d’eau de mer pour y observer des poissons de la mer du Nord et de l’Atlantique et, ils<br />

pourront s’inspirer des démonstrations de cuisine ou des cours de cuisine spéciaux "poissons de mer"<br />

proposés par le Studio de cuisine, pour ensuite préparer de délicieux plats de poissons.<br />

Des salles et halls de lecture multifonctionnels viennent compléter les équipements. Ils servent<br />

également de lieu de représentation au Theater im Fischereihafen, Dans le cadre de l’objectif<br />

spécifique qui consiste à promouvoir l’industrie de la pêche, le projet a également reçu des fonds<br />

européens (Instrument financier d’orientation de la pêche (IFOP) et initiative communautaire PESCA)<br />

pour un montant total de € 1,2 million. L’investissement public a entraîné un investissement privé<br />

conséquent et a généré la création de 150 emplois.<br />

Un centre de start-ups opérants dans le domaine des applications biotechnologiques liées l’industrie<br />

alimentaire, le centre de technologie "bio nord", a été construit à proximité du Schaufenster<br />

Fischereihafen. Il a bénéficié d’une aide d’environ € 12 millions dans le cadre du nouveau programme<br />

Objectif 2 / 2000 – 2006. L’on a aussi prévu de poursuivre les travaux de réparation des routes et des<br />

systèmes d’alimentation et d’évacuation des eaux, dont la plupart date du 19 ème siècle, et de<br />

transformer les friches industrielles en zones commerciales attrayantes.<br />

Un centre destiné au futur marché de l’énergie renouvelable est en construction à l’extrémité sud de la<br />

zone à urbaniser dite "Luneort". Dans un futur proche, ce centre servira à l’assemblage des unités de<br />

production d’énergie éolienne en mer.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

69


70<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

À proximité se trouve l’aéroport régional de Bremerhaven. Avec 20 000 décollages et atterrissages par<br />

an, cet aéroport a essentiellement une vocation commerciale. Il sert aussi de siège à l’Institut Alfred<br />

Wegener (AWI) pour la recherche polaire et marine dans le cadre de ses programmes de recherche.<br />

À l’extrémité nord du port de pêche (dans la zone de transition avec la ville de Bremerhaven) et à<br />

proximité de l’Institut Alfred Wegener et de l’Université de Bremerhaven, la construction d’une<br />

nouvelle zone de 57 ha dédiée à la recherche et au développement a été prévue. Un nouvel institut de<br />

recherche maritime (IMARE) et des entreprises privées, entre autres, devraient également s’y<br />

installer. L’activité d’IMARE se concentrera essentiellement sur le transfert de technologie.<br />

Source :<br />

PCP newsletter n°2, mars 2006. Préparée par Helmut Berends (Berends-Consult pour le compte du BEAN) avec<br />

les contributions de : Mrs. Pamela Hell née von Düring (BEAN Bremerhavener Entwicklungsgesellschaft Alter-/<br />

Neuer Hafen mbH), Mr. Stefan Henke (Bremenports), Mr. Christoph Herrfurth (Magistrat Bremerhaven - Dept.<br />

Economic Affairs) and Mr. Michael Gerber (BIS - Bremerhavener Gesellschaft für Investitionsförderung &<br />

Stadtentwicklung mbH).<br />

Plus d'informations :<br />

http://www.bremenports.de/engl/index.aspx<br />

http://www.jadeweserport.de/<br />

http://www.bremerhaven-touristik.de/bremerhaventourism/deutsch/nochmeer/service/a_kreuzfahrt_terminal.html?DisplayBack=true<br />

http://www.bean-bremerhaven.de<br />

http://www.klimahaus-bremerhaven.de<br />

http://www.dah-bremerhaven.de<br />

http://www.bis-bremerhaven.de/sixcms/list.php?page=start


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

RIGA : UNE <strong>VIL<strong>LE</strong></strong> <strong>PORT</strong>UAIRE EN P<strong>LE</strong>IN DEVELOPPEMENT<br />

Introduction<br />

C’est au 12 ème siècle qu’est fondé, le long d’une rivière, le petit village qui deviendra plus tard la ville<br />

de Riga. L’emplacement réunit toutes les conditions naturelles requises pour accueillir un port : un<br />

endroit assurant un abri aux bateaux contre les vents, la houle et les inondations, adapté au<br />

déchargement des marchandises et au débarquement des passagers.<br />

Au fil des siècles, le port de Riga s’est étendu le long des deux rives de la Daugava sur une distance<br />

de 15 kilomètres.<br />

Certaines parties du territoire portuaire sont si proches du centre historique de Riga que la<br />

manipulation des marchandises est devenue intolérable pour les habitants et qu’elle porte préjudice<br />

aux vieux bâtiments âgés de plus de 8 siècles qui se situent dans la vieille ville. Cette dernière est<br />

inscrite sur la liste du patrimoine mondial de UNESCO et elle doit être, à ce titre, protégée contre tout<br />

effet destructeur.<br />

Conformément au Programme de développement et d'aménagement 2006 – 2018 de la ville de Riga,<br />

le port de commerce devrait être transféré vers l’embouchure de la Daugava, procurant un nouvel<br />

espace d’aménagement pour la ville. La ville de Riga sera libérée des activités portuaires et un<br />

nouveau territoire urbain multifonctionnel de haute qualité sera aménagé dans la zone ainsi dégagée.<br />

La société à responsabilité limitée « Jaunrīgas attīstības uzņēmums » a donc été créée en septembre<br />

2001 pour mener à bien l’aménagement de ce territoire ainsi que de projets à grande échelle.<br />

Le musée des arts contemporains, l’un des nouveaux édifices culturels (bibliothèque nationale et salle<br />

de concert sont également programmées), se situera dans la zone où le port développait jusqu’alors<br />

ses activités. Le musée des arts contemporains sera un élément dominant au sein du territoire<br />

nouvellement aménagé.<br />

Les trois parties prenantes, les autorités du port de Riga, l’entreprise «Jaunrīgas Attīstības<br />

Uzņēmums Ltd.» et le musée des arts contemporains ont un objectif commun : transformer le territoire<br />

portuaire et faire en sorte que Riga devienne une ville propre, belle et attrayante aux yeux de ses<br />

habitants et de ses visiteurs.<br />

L’HISTOIRE DU <strong>PORT</strong> DE RIGA<br />

La fondation de Riga<br />

D’après les écrits, le début du 13 ème siècle correspond à l’arrivée de l’évêque allemand Albert venu à<br />

la tête de l’Ordre des chevaliers du Christ dans l’optique d’exercer un contrôle sur le commerce entre<br />

Riga et les pays slaves et de<br />

convertir les habitants locaux<br />

au christianisme. L’année<br />

1201 est considérée comme<br />

l’année officielle de la<br />

fondation de Riga par<br />

l’évêque Albert. Au 13 ème<br />

siècle, le Conseil municipal<br />

de Riga signe des accords<br />

de commerce international et<br />

d’échange avec les<br />

principautés de l’Est et les<br />

villes hanséatiques, Riga<br />

devient alors un port de<br />

commerce inter-états ainsi<br />

que membre de la ligue<br />

hanséatique.<br />

© Freeport of Riga Authority<br />

Au 14 ème siècle, Riga est régie par l’Ordre livonien et le pouvoir de la ligue hanséatique est renforcé.<br />

Le principal port de Riga se trouve à l’embouchure de la rivière Ridzene. La découverte de l’Amérique<br />

en 1492 se traduit par une explosion du commerce dans le Port de Riga. C’est le début de l’ère des<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

71


72<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

gros chargements. Le Port de Riga est transféré sur la Daugava, la source de la rivière Ridzene est<br />

alors réservée à l’appontage des petits bateaux à voile et à l’hivernage des navires. Entre le XVI ème et<br />

le XVIII ème siècle, la ville de Riga connaît une période d’agitation : l’alliance Lituanie-Pologne,<br />

vainqueur de la guerre de Livonie (1558-1581), prend possession des clés de Riga jusqu’à l’arrivée<br />

des Suédois après la guerre Pologne-Suède (1600-1621), une guerre où l’on se disputait le contrôle<br />

de la mer Baltique. En 1700, le Tsar russe Pierre le Grand déclare la guerre à la Suède. En 1710, les<br />

clés de la ville sont confiées au comte Sheremetyev et Riga devient le premier port Russe de la mer<br />

Baltique.<br />

Le 18 ème siècle est marqué par des travaux de génie civil et de construction intensifs entrepris pour<br />

modifier le lit de la Daugava. L’approfondissement de la rivière et la volonté de protéger la ville contre<br />

les inondations sont la raison principale de la construction de digues.<br />

Le début du XIX ème siècle est caractérisé par l’apparition de nouveaux problèmes : la navigation dans<br />

le port de Riga est rendue<br />

difficile par l’accumulation de<br />

boue dans les chenaux. Le<br />

sort du commerce extérieur<br />

de la ville dépend<br />

entièrement de la réalisation<br />

d’un dragage. Avec les<br />

grands travaux de<br />

construction de voies<br />

ferrées, d’une digue et d’un<br />

pont, l’importance de Riga<br />

s’accroît.<br />

© Freeport of Riga Authority<br />

Le XX ème siècle, période de croissance et de changements<br />

© Freeport of Riga Authority<br />

Le nouveau siècle démarre<br />

avec la crise industrielle<br />

mondiale. Au début du 20 ème<br />

siècle, Riga est le premier port<br />

exportateur de bois de Russie<br />

et il occupe la troisième place<br />

des ports de l’empire tsariste<br />

russe en terme de volume du<br />

commerce extérieur. Au tout<br />

début du siècle, dans le but<br />

d’accroître la capacité du port,<br />

le gouvernement russe décide<br />

d’entreprendre de nouveaux<br />

aménagements (Eksportosta-<br />

1901 ; le premier entrepôt<br />

frigorifique en 1902 ; la gare<br />

de fret de Riga en 1903 ; la<br />

première centrale électrique en 1905). En 1914, peu de temps avant la première guerre mondiale, un<br />

deuxième pont de chemin de fer est ouvert au-dessus de la Daugava. Avec l’année 1915 démarre<br />

l’évacuation des usines, des navires et des installations portuaires de Riga en direction de la Russie.<br />

En 1917, avant de quitter la ville, l’armée russe fait sauter les ponts de Riga ainsi que plusieurs<br />

bâtiments du port. L’armée allemande occupe Riga. En 1918, la République de Lettonie est<br />

proclamée. En 1920, un traité de paix est signé entre la Lettonie et la Russie marquant le début de la<br />

reprise de la vie économique. Les principaux partenaires commerciaux de la Lettonie sont alors la<br />

Grande-Bretagne et l’Allemagne. En 1940, le régime soviétique s’installe en Lettonie pour la première<br />

fois. Pendant l’été 1941, la deuxième guerre mondiale éclate rendant impossible, pour une longue<br />

période, la poursuite d’un développement normal pour le Port de Riga. Pendant les années


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

soviétiques, au début des années 80, l’un des plus gros terminaux à conteneurs d’URSS est construit<br />

à Kundzinsala, de même qu’un poste à quai et une infrastructure destinée à l’exportation du<br />

gaz liquide ; le terminal de passagers de Riga et de Zvejas Osta à Rinuzi sont mis en service. Le 4<br />

mai 1990, la Cour suprême de Lettonie adopte une Déclaration pour le renouvellement de<br />

l’indépendance de la République de Lettonie et c’est une nouvelle page de l’histoire du<br />

développement du Port de Riga qui s’ouvre.<br />

<strong>LE</strong> <strong>PORT</strong> AUJOURD’HUI<br />

© Freeport of Riga Authority<br />

Le port joue un rôle important dans le bon fonctionnement des corridors de transport multimodal<br />

ouest-est et nord-sud. Grâce à un réseau routier et ferroviaire très développé, le port franc de Riga est<br />

directement relié aux principaux centres de consommation et aux principales régions extractrices de la<br />

CEI et de Russie. La localisation privilégiée de Riga par rapport aux ports voisins lui offre les<br />

meilleures conditions pour assurer le développement de ses relations économiques. Le fait que la<br />

Lettonie ait une frontière directe<br />

avec la Russie et la Biélorussie est<br />

un facteur de grande importance<br />

dans le maintien de relations<br />

commerciales stables et<br />

mutuellement bénéfiques. En 2005,<br />

le trafic des marchandises dans le<br />

port de Riga a augmenté de 1,8%<br />

pour atteindre 24,4 millions de<br />

tonnes. Traditionnellement, jusqu’à<br />

80% des marchandises traitées<br />

dans le port franc de Riga sont des<br />

marchandises en transit à<br />

destination de Russie ou des États<br />

de la CEI. Dernièrement, le bois a<br />

joué un rôle dynamique dans la<br />

structure du trafic de marchandises<br />

du port de Riga représentant 28%<br />

du volume total des marchandises<br />

transportées. L’activité économique du terminal à conteneurs de la Baltique s’est accrue de manière<br />

significative. Les conteneurs représentent 6,4% du volume total des marchandises traitées à Riga. Les<br />

infrastructures dédiées aux minerais et aux engrais ont connu un développement intensif qui s’est<br />

traduit par une augmentation de leur capacité de traitement. Depuis 2000, le port de Riga est<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

73


74<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

intervenu avec succès dans la conduite et la coordination de toutes les actitivés de transport en<br />

rapport avec le port, et c'est l’efficacité de toute l’infrastructure qui en a été améliorée. L’aéroport<br />

international de Riga, un réseau autoroutier et ferroviaire étendu ayant déjà fait l’objet de projets<br />

d’investissement d’envergure au cours des dernières années, offrent de bonnes opportunités dans le<br />

domaine du trafic de marchandises dans la région.<br />

Législation portuaire<br />

3 composantes principales régissent la législation du port de Riga :<br />

La loi sur « les ports » (1994)<br />

La loi sur « port franc de Riga » (2000)<br />

La loi sur « l’instauration d’un impôt dans les ports francs et les zones économiques spéciales »<br />

(2002)<br />

Infrastructures - un aperçu<br />

Faits & chiffres<br />

© Freeport of Riga Authority<br />

Le Port de Riga est le principal port d’importation et d’exportation de Lettonie et c’est aussi celui qui<br />

possède le plus d'espaces disponibles pour l’aménagement. Pour ce qui est du volume de<br />

marchandises traitées, il occupe la deuxième place et il est le quatrième port de la côte orientale de la<br />

Baltique.<br />

En 2006, le port de Riga a battu son record avec de 25,36 millions de tonnes de marchandises<br />

traitées.<br />

30000<br />

25000<br />

20000<br />

15000<br />

10000<br />

5000<br />

0<br />

Turnover at the Freeport of Riga in 1997-2006<br />

(thous.t.)<br />

13315,3 13351,7<br />

11213,1 12012,6 14883,9<br />

23991,3 24429,1<br />

21728,6<br />

18108,6<br />

25357,6<br />

1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Commodities handled at the Freeport of Riga in 2006<br />

Containerized<br />

cargo<br />

6%<br />

Other bulk cargo<br />

10%<br />

Timber<br />

12%<br />

© Freeport of Riga Authority<br />

Trafic Ro-Ro et passagers :<br />

Lignes régulières Ro-Pax :<br />

Riga – Stockholm (quotidiennes)<br />

Riga – Nyneshamn (deux fois par semaine)<br />

Riga – Lübeck (3 fois par semaine)<br />

Escales de bateaux de croisière :<br />

Nombre total d’escales (2006) 3 648 / Nombre total de passagers (en 2006): 246 885<br />

Le port de Riga est également un port très ouvert qui accueille 32 entreprises de manutention,<br />

34 agences maritimes, 13 entreprises de production et plus de 60 sociétés en rapport avec le port.<br />

Les fonctions de l’autorité portuaire<br />

Building materials<br />

3%<br />

Chemicals<br />

5%<br />

Other general<br />

cargo<br />

2%<br />

Oil products<br />

19%<br />

L’autorité portuaire doit assumer les missions suivantes :<br />

La mise à disposition d’infrastructures (landlord port) ;<br />

La garantie de la sécurité de la navigation ;<br />

L’entretien des chenaux maritimes et fluviaux ;<br />

L’entretien des infrastructures liées à l’eau ;<br />

L’application des règlements en vigueur dans le port franc de Riga ;<br />

Le prélèvement des taxes et droits de port ;<br />

La délivrance des permis d’opérer en zone franche aux entreprises ;<br />

L’application du code I.S.P.S.<br />

Le 3 juillet 2003, le Bureau Veritas Quality International a délivré au port de Riga un certificat de<br />

conformité aux normes de qualité ISO 9001:2000. Le 10 juillet 2005, le Bureau Veritas Quality<br />

International a délivré au port de Riga un certificat de conformité aux normes de qualité<br />

ISO 14001:2004.<br />

Les autorités portuaires de Riga se sont fixé pour objectif une assurance qualité du port : créer un<br />

environnement social ouvert et favorable, tant pour les citoyens que pour les entreprises, par le biais<br />

de l’adaptation de l’environnement urbain et des activités économiques de la ville aux critères définis<br />

par la législation européenne.<br />

Par ailleurs, le port de Riga participe activement à tous les processus socio-politiques et culturels qui<br />

revêtent une importance pour la Lettonie. Plus de 20 000 lettons sont ainsi associés tous les ans aux<br />

activités du port de Riga.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Coal<br />

43%<br />

75


76<br />

<strong>LA</strong> <strong>VIL<strong>LE</strong></strong> <strong>PORT</strong>UAIRE DE RIGA<br />

Riga – le pilier de l’économie nationale :<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

• 32% (735 000) de la population du pays<br />

• 40% de la population active du pays<br />

• 52% (4690 mil. EUR) du PNB national<br />

• 56% de la totalité des entreprises enregistrées en Lettonie<br />

• 53% de la production industrielle nationale<br />

• 80% du chiffre d’affaires de la vente en gros<br />

• 60% du chiffre d’affaire du commerce de détail<br />

• 65% des impôts sur le revenu des particuliers proviennent d'employeurs enregistrés à Riga<br />

• 55% de l’investissement étranger<br />

57% des touristes étrangers passent au moins une nuit à Riga.<br />

La structure urbaine de Riga<br />

Population – 734 000 habitants<br />

(2004)<br />

Superficie totale – 307,2 km²<br />

Comprenant<br />

Eau – 54 km² (17,6 %)<br />

Nature et espaces verts<br />

(espaces vacants<br />

compris) – 112,5 km²<br />

(36,6%)<br />

© Riga City Council


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

© Riga City Council<br />

Le Projet ville port de Riga<br />

Conformément au programme d'aménagement et de développement du port<br />

de Riga 1996–2010 et au programme de développement de la ville de Riga<br />

2006–2018, l’exploitation du port va être transférée vers l’embouchure de la<br />

Daugava, libérant un espace de 123 ha sur la rive droite de la rivière entre<br />

Andrejsala et Krievusala.<br />

La société en charge de la<br />

mise en œuvre du projet Jaunrīgas attīstības<br />

uzēmums” Ltd. (JAU) a été fondée par l’autorité du<br />

port de Riga et par l’entreprise norvégienne Port<br />

Pro AS.<br />

La mission assignée à la JAU est d'aménager un<br />

territoire urbain multifonctionnel de haute qualité dans<br />

la zone libérée des activités portuaires, aménagement<br />

concourrant au développement du centre-ville de Riga<br />

et à son extension vers la Daugava.<br />

Le projet ville port de Riga prévoit l’aménagement de<br />

ce territoire. La mise en œuvre du projet concerne<br />

deux secteurs : l’aménagement d’Andrejsala (39 ha) et<br />

l’aménagement de la zone Export et des territoire<br />

adjacents (84 ha).<br />

Andrejsala se trouve dans le périmètre de protection<br />

du centre historique de Riga – un site figurant sur la<br />

liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Cet aspect<br />

significatif sera être pris en compte au moment de<br />

procéder à l’aménagement du territoire d’Andrejsala,<br />

qui devrait s’étaler sur une durée de 10 à 15 ans.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

STRUCTURE SPATIA<strong>LE</strong><br />

DE <strong>LA</strong> <strong>VIL<strong>LE</strong></strong><br />

Andrejsala- l'ancienne principale zone<br />

d’exportation du port de Riga<br />

77


78<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

L’aménagement du deuxième secteur concerné par ce projet (la zone Export) en espace urbain<br />

devrait être achevé dans environ 25 ans. Pendant cette période, le port poursuivra ses activités dans<br />

la zone Export et la transformation du territoire ne se réalisera que progressivement :<br />

les terminaux en service dans la zone Export continueront de fonctionner pour une durée<br />

supplémentaire de 5 à 7 ans ;<br />

au cours du processus d’aménagement du territoire, les opérations d’exploitation courante ne<br />

cesseront qu’en cas de nécessité.<br />

Le secteur sud d’Andrejsala est ouvert au public<br />

Le 4 mai 2006, après la réalisation de travaux<br />

préliminaires, « Jaunrīgas attīstības uzņēmums Ltd »<br />

a ouvert le secteur sud d’Andrejsala au public.<br />

En outre, au printemps dernier, Andrejsala a été le<br />

théâtre d’activités très différentes des opérations<br />

quotidiennes du traitement des marchandises ou de<br />

déchargement des wagons. A compter du 20 avril,<br />

Andrejsala a accueilli des artistes de différents pays<br />

venus produire une oeuvre dans le cadre de<br />

l’exposition « Borders as Windows » (Fenêtres sur<br />

rives) qui fait partie intégrante d’un projet artistique<br />

international intitulé « Sense in Place ». © Riga City Council<br />

© Riga City Council<br />

Le Musée des arts contemporains (CAM) : un rôle accélérateur<br />

© Riga City Council<br />

L’exposition « Borders as Windows » a eu lieu du 4 au 21<br />

mai 2006. Les installations et des performances ont été<br />

programmées dans l’ancien atelier de charpentier et dans<br />

la centrale électrique (le bâtiment retenu pour abriter le<br />

futur Musée des arts contemporains).<br />

2005 : 100 ans se sont écoulés depuis l’édification du seul musée destiné aux oeuvres d’art jamais<br />

construit à Riga, le musée d’art national de Lettonie. La Lettonie est l’un des rares pays européens à<br />

ne pas posséder de musée national des arts contemporains et de galerie nationale d’exposition. Au<br />

cours des 20 années qu’ont duré les discussions concernant le besoin urgent de disposer d’un musée<br />

des arts contemporains en Lettonie ainsi que de ses possibilités de création, le concept de musée a<br />

évolué.<br />

L’agence gouvernementale « j3b » (« New Three Brothers ») est un<br />

organisme géré par l’État sous la supervision du Ministre de la<br />

Culture, chargé de garantir la construction de trois espaces culturels<br />

à l’échelle nationale : la bibliothèque nationale de Lettonie, la salle de<br />

concert et le musée des arts contemporains. Par arrêté No.238 en<br />

date du 15 avril 2005, le Cabinet des ministres a officialisé la création de l’agence gouvernementale «<br />

New Three Brothers ».


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Les tâches de l’agence :<br />

© Riga City Council<br />

Garantir la construction des espaces culturels publics (de même que concevoir des bâtiments et<br />

superviser les travaux de construction) et en initier l’exploitation ;<br />

Établir des procédures de réalisation des ouvrages en accord avec les besoins de l’État<br />

(construction, fourniture des matériaux et éléments techniques;<br />

Au moment de l’ouverture des espaces culturels, inscrire la propriété au Livre foncier au nom du<br />

Ministre de la Culture, et de l’État ;<br />

Attirer des financements pour la construction des espaces culturels publics par le biais de la<br />

coopération avec des investisseurs privés conformément au modèle de partenariat public-privé.<br />

Les objectifs de l’agence :<br />

En coopération avec les établissements d’enseignement et en fonction de leur programme, mettre<br />

sur pied un centre d'éducation pour les jeunes ainsi qu’un espace de formation permanente à<br />

l’intention de diverses catégories de la population ;<br />

Élaborer des programmes spécifiques favorisant l’insertion sociale ;<br />

Mettre les techniques universelles des arts visuels au service de la mise en place d’un centre<br />

d’intégration culturelle impliquant des groupes multiculturels lettons et européens ;<br />

Devenir un centre d’intérêt touristique et d’information culturelle à l’intention des visiteurs et<br />

favoriser la compréhension mutuelle ;<br />

Rejoindre le réseau des musées des arts contemporains de la mer baltique, profiter de leur<br />

expérience en terme de promotion des arts contemporains et mettre au point des nouvelles formes<br />

de coopération mutuelle.<br />

The new commercial<br />

center<br />

Concert Hall<br />

Contemporary Art<br />

Museum<br />

National Library<br />

© Riga City Council<br />

Le concept fondamental du projet de développement du CAM repose sur la construction et l’ouverture<br />

du musée des arts contemporains de Lettonie. La déclaration gouvernementale de 2004 situe ce<br />

projet parmi les projets culturels prioritaires. En 2004, le Ministre de la Culture a mis en place un<br />

groupe de travail chargé de définir le concept du CAM et la mission à accomplir. Entre le 28 et le 31<br />

octobre 2004, ont eu lieu des réunions internationales d’architectes auxquelles ont participé 9 cabinets<br />

d’architecte étrangers et deux cabinets lettons. À l’issue des réunions, le bâtiment TES 1 et le territoire<br />

d’Andrejsala ont été retenus pour accueillir la construction du site.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

79


80<br />

CAM - Le site<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Les locaux de la centrale électrique d’ Andrejsala ont été retenus pour accueillir le CAM<br />

© Riga City Council<br />

L’agence a d’ores et<br />

déjà entrepris de<br />

réunir les oeuvres<br />

destinées au musée.<br />

Les premières<br />

acquisitions ont été<br />

approuvées par un<br />

comité international<br />

d’experts en date du<br />

15 décembre 2005 et<br />

M. Ernests Bernis,<br />

représentant de<br />

l’établissement<br />

bancaire<br />

« Aizkraukles<br />

Bank », a été<br />

nommé à la<br />

présidence du comité.<br />

L’établissement bancaire « Aizkraukles Bank » parraine l’Intranet – une base de données fermée<br />

destinée aux experts qui abrite une collection unique d’œuvres d’art régionales et internationales<br />

parmi lesquelles les pièces de la future collection seront choisies afin de garantir son « accessibilité<br />

totale » : toutes les barrières qui pourraient empêcher les visiteurs de profiter pleinement du musée<br />

seront ainsi supprimées. Le futur musée devra être à même d’apporter des solutions aux problèmes<br />

d’accès de tout ordre (physique, intellectuel, émotionnel, financier) de même qu’il devra résoudre les<br />

difficultés liées à l’accès aux informations et à la culture. Une attention particulière sera portée aux<br />

méthodes de feedback pouvant faciliter la prise de décision et répondre aux besoins croissants de la<br />

société.<br />

Le CAM, et les projets culturels de Riga, joueront sans aucun doute un rôle d'accélérateur pour<br />

l’aménagement multifonctionnel du centre ville et de la transformation d’anciens territoires portuaires<br />

en espaces publics attractifs à usages multiples qui procureront à la ville portuaire de Riga un<br />

environnement de haute qualité tant pour ses habitants que pour les entreprises.<br />

Sources :<br />

- PCP Project - Newsletter N°3, Preparée par Haralds Apogs, Visual Art Specialist, avec la collaboration de<br />

Inese Vilane, Project manager, Freeport of Riga Authority, Juin 2006<br />

- Edgars Suna, Head of Strategic Planning Unit, Freeport of Riga Authority - Presentation during the Riga<br />

Working Seminar of the PCP project, Riga, 15-16 June, 2006<br />

- Pēteris Strancis, Head of Building Board of City Development Department, Riga City Council - Presentation<br />

during the Riga Working Seminar of the PCP project, Riga, 15-16 June, 2006<br />

- Valters Mazins, Chairman of the Board, Jaunrīgas attīstības uzņēmums” Ltd - Presentation during the Riga<br />

Working Seminar of the PCP project, Riga, 15-16 June, 2006<br />

Plus d'information :<br />

- Freeport of Riga : www.freeportofriga.lv<br />

- Riga City council : http://www.riga.lv/EN/Channels/About_Riga/default.htm<br />

- JAU : www.jau.lv


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

AMSTERDAM : <strong>LA</strong> F<strong>LE</strong>XIBILITE COMME OUTIL DE DEVELOPPEMENT DURAB<strong>LE</strong><br />

L’histoire du port<br />

Les premières implantations<br />

L’histoire du port d’Amsterdam remonte au début du 13 ème siècle lorsque une poignée d’aventuriers<br />

débarque après avoir suivi le cours de la rivière Amstel à bord d’embarcations faites de troncs évidés.<br />

Dans l’environnement de la rivière Amstel fait de marais et de marécages, un système de barrages et<br />

de digues est construit. Avec l’essor du commerce en mer Baltique, ces premiers marchands exigent<br />

le paiement d’un droit de passage aux navires. La ville connaît une expansion rapide et le commerce<br />

avec l’étranger ne cesse de se développer.<br />

L’âge d’or<br />

Entre 1570 et 1640, la population d’Amsterdam passe de 30 000 à 140 000 habitants et au fil des<br />

siècles, la prospérité de l’industrie commerciale attire des vagues successives de migrants de cultures<br />

différentes qui viennent se réfugier dans la ville. Cependant, la croissance de la ville ne s’est pas faite<br />

sans heurts (périodes de réformes, révolte des calvinistes, guerre de 80 ans). En 1581, le célèbre<br />

Guillaume d’Orange-Nassau regroupe les huit provinces du Nord, y compris Amsterdam, et déclare la<br />

naissance de la République indépendante de Hollande. La flexibilité et la tolérance de ces différentes<br />

cultures se révèle bientôt la clé du succès d’Amsterdam. Les colons protestants, comme les<br />

huguenots français, et les juifs portugais trouvent refuge à Amsterdam. Par le biais des affaires et du<br />

commerce, ils sauront ouvrir la voie vers la prospérité et « l’âge d’or » de la nation.<br />

Au 17 ème siècle, les expéditions de la fameuse Compagnie hollandaise des Indes orientales (VOC) sur<br />

les routes des épices ont contribué à faire d’Amsterdam l’une des villes les plus riches et les plus<br />

influentes au monde. Le port s’est développé des deux côtés de la rivière Amstel pour s’étendre à l’est<br />

et à l’ouest de la rivière IJ. La rive Est est demeurée la plus importante. La surface d’eau disponible<br />

étant vaste, de larges chantiers ont ainsi pu être entrepris sans avoir à recourir à des acquisitions<br />

onéreuses. De ce côté-ci de la rivière, les vagues d’expansion successives ont entraîné la<br />

construction de chantiers navals et d’entrepôts et c’est à cet endroit que la VOC a choisi de s’installer.<br />

Le célèbre réseau de canaux en forme de croissant de la ville a vu le jour à cette époque pour devenir<br />

ce qui est aujourd’hui demeuré une toile complexe faite d’environ 90 îles, 100 kilomètres de canaux et<br />

400 ponts en pierre.<br />

La capitale des Pays-Bas<br />

Après l’âge d’or, l’économie hollandaise connaît une période de stagnation qui met un terme à la<br />

croissance du Port d’Amsterdam. Bien que la guerre entre la France et le Royaume-Uni ait porté<br />

atteinte à la prospérité de la ville, au moment où le Royaume des Pays-Bas est finalement établi en<br />

1815, Amsterdam connaît un élan de développement dans les domaines de l’architecture, de<br />

l’infrastructure et de l’industrie. En 1806, Amsterdam acquiert finalement le statut de capitale<br />

hollandaise.<br />

L’envasement du port, y compris le long de la rivière IJ, devient problématique. Les liaisons entre le<br />

port et la mer du Nord via la Zuiderzee (aujourd’hui IJsselmeer) sont de moins en moins profondes.<br />

Sans travaux d’ampleur, Amsterdam risque de perdre son statut de port maritime. Entre 1819 et 1824,<br />

le Roi Guillaume I entreprend l’approfondissement du canal Noordhollands entre Amsterdam et Den<br />

Helder. En raison l’augmentation de la taille des navires, les écluses et la profondeur du canal<br />

Noordhollands deviennent rapidement insuffisantes pour répondre aux nouvelles exigences. La<br />

construction du canal de la mer du Nord (1865 - 1876), qui permet de réduire la distance entre<br />

Amsterdam et la mer du Nord à seulement 20 kilomètres, rend à la ville son accès à la mer. En 1892,<br />

le canal Merwede (qui met aujourd’hui Amsterdam en communication avec le Rhin) est ouvert. Il crée<br />

une liaison directe entre Amsterdam et l’hinterland allemand.<br />

Les Eastern Docklands<br />

Au cours du 19 ème siècle, les anciens docks construits sur les îles voisines situées à l’est deviennent<br />

trop petits pour répondre à la demande de l’époque et de nouveaux docks sont peu à peu établis sur<br />

des îles nouvellement construites sur la rivière IJ. La construction de la majeure partie des Eastern<br />

Docklands remonte au début du vingtième siècle. Les voiliers traditionnels sont progressivement<br />

remplacés par les navires à vapeur ; les ateliers de construction navale et les entrepôts sont adaptés<br />

aux nouvelles exigences. Les nouveaux Docklands marquent aussi la première séparation entre le<br />

secteur portuaire et les quartiers résidentiels. Le commerce se fait essentiellement avec les Indes<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

81


82<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

orientales (principalement l’Indonésie) et les Indes occidentales néerlandaises (principalement<br />

l’Amérique centrale) ainsi qu’avec le Levant (le Proche-Orient). Le trafic maritime de passagers<br />

s’effectue également depuis ce secteur : voyageurs se rendant dans les anciennes colonies et<br />

migrants venus en train d’Europe de l’Est et d’Europe centrale à destination de l’Amérique du Nord ou<br />

de l’Amérique du Sud. Les compagnies maritimes quittent les Docklands dans les années 80.<br />

L’industrie navale<br />

Amsterdam possède une longue tradition de construction et de réparation navale. Lorsque les bassins<br />

et les entrepôts sont transférés vers les Eastern Docklands, les ateliers de construction et de<br />

réparation navale sont déplacés sur la rive nord de la rivière IJ. En 1878, la Amsterdam Dry dock<br />

Company construit un nouveau quai en face des Eastern Docklands. Le secteur occidental de la rive<br />

nord de la rivière IJ voit également apparaître des entreprises de construction et de réparation navale.<br />

Au cours du 20 ème siècle, de nombreux navires sont construits et l’industrie navale contribue pour une<br />

large part à l’économie du port. Cependant, la récession des années 70 oblige les entreprises de<br />

construction et de réparation navale à se soumettre à un processus de fusions et d’acquisitions. À la<br />

fin des années 80, toutes les entreprises ont quasiment disparu. Shipdock Amsterdam est aujourd’hui<br />

le dernier représentant de ce qui a un jour été une industrie à grande échelle. L’ancien quai de la<br />

NDSM (Netherlands Shipbuilding and Dock Company) va devenir un quartier urbain où les rampes de<br />

lancement et les hangars de l’ancien chantier naval seront préservés.<br />

Le secteur Ouest du port<br />

À la fin du 19 ème siècle, le port entreprend de s’étendre vers l’ouest, le long du canal de la mer du<br />

Nord, et de se moderniser via la construction de terminaux pour le trafic de bois, le Minervahaven et le<br />

Petroleumhaven. Le Coenhaven (un terminal de marchandises diverses) lui succède au 20 ème siècle.<br />

Au début des années 30, la première partie du Westhaven est construite pour servir à une usine<br />

automobile Ford. En 1950, les dégâts considérables causés par la deuxième guerre mondiale sont<br />

largement réparés et afin de remédier à la mauvaise qualité des liaisons avec l’hinterland allemand,<br />

l’on procède à l’élargissement du canal reliant Amsterdam au Rhin. Dans les années soixante, le port<br />

doit faire face à la croissance du transport maritime. Le transport des marchandises en vrac (pétrole,<br />

céréales et charbon) est également en expansion mais Amsterdam est aussi un port d’importation de<br />

marchandises diverses (bois, papier, acier). À cette époque, la construction de l’Amerikahaven et de<br />

l’Australiëhaven est en cours. À la fin des années 60, les marchandises diverses sont de plus en plus<br />

fréquemment acheminées par conteneurs. La première partie de l’Aziëhaven est construite à la fin des<br />

années 70. Avec les années 80, la croissance fait son retour, en particulier dans le domaine du<br />

transbordement du vrac solides (charbon, céréales, minerais) et du transport par conteneurs. Le<br />

dernier apport à l’infrastructure portuaire, l’Afrikahaven, voit officiellement le jour en l’an 2000.<br />

Développement du Port 1950-2000 © Port of Amsterdam


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Le port de nos jours<br />

Profil et organisation du port<br />

L’ensemble portuaire d’Amsterdam, constitué de quatre ports, est aussi connu sous le nom de<br />

d’Amsterdam Seaports. Cet ensemble constitué par les ports d’Amsterdam, de Beverwijk, de<br />

Velsen/IJmuiden et de Zaanstad est le moteur économique de la région du canal de la mer du Nord.<br />

Les quatre ports sont situés le long du canal, et bien que fonctionnant de manière indépendante, ils<br />

travaillent en étroite collaboration. À l’exception du port de Ijmuiden, tous les ports sont gérés par<br />

l’État. Le Port d’Amsterdam appartient à la ville qui donne des instructions en matière de gestion,<br />

d’exploitation et d’aménagement portuaire. L’objectif central consiste à encourager l’activité<br />

économique et l’emploi dans l’ensemble de la région portuaire.<br />

Le Port d’Amsterdam gère plus de 1900 hectares de surface portuaire et 600 hectares d’eau. Le<br />

contrat d’exploitation concerne les sites portuaires (location et concession), les quais et les surfaces<br />

d’eau. Le Port d’Amsterdam est aussi chargé de la construction, de l’entretien et du renouvellement<br />

des biens immobiliers et de l’infrastructure.<br />

Les activités du Port d’Amsterdam comprennent :<br />

Le contrôle du trafic par VHF depuis les différents postes de contrôle<br />

Le contrôle du trafic via des navires de surveillance<br />

Le contrôle des écluses à IJmuiden<br />

L’application des lois et des règlements<br />

L’exécution de missions d’inspection de l’environnement<br />

Le conseil auprès des autres services et sociétés du secteur maritime<br />

Le secteur portuaire constitue l’un des hubs les plus importants d’Europe. Cette situation se doit<br />

essentiellement à un emplacement maritime favorable ainsi qu’à la qualité de ses liaisons maritimes,<br />

routières, ferroviaires et aériennes avec l’hinterland. Le port est également une place d’affaires de<br />

renommée internationale. Tous ces atouts lui permettent de traiter quelque 80 millions de tonnes de<br />

marchandises par an, ce qui place Amsterdam au quatrième rang des ports du Nord-Ouest de<br />

l’Europe. La valeur ajoutée directe du Port d’Amsterdam est supérieure à 3,5 milliards d’euros et il<br />

génère 34 000 emplois directs et 22 000 emplois liés aux activités portuaires.<br />

Le total de l’actif s’élève à € 546 millions et le chiffre d’affaires atteint € 80,5 millions. En 2005, le Port<br />

d’Amsterdam a injecté plus de € 22 millions dans les caisses de la municipalité. Entre 1990 et 2005, le<br />

Port d’Amsterdam a concédé 393 hectares de terrain et en a récupéré 298 hectares, la superficie<br />

nette des terrains donnés en concession est donc de 95 hectares.<br />

Plan du Port © Port of Amsterdam<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

83


84<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Chiffres clés<br />

Zone portuaire 4500 ha<br />

dont, port d’Amsterdam 2500 ha<br />

Trafic total 80 millions de tonnes<br />

Trafic Amsterdam 55 millions de tonnes<br />

Revenu € 70 millions<br />

Valeur ajoutée € 3500 millions<br />

Investissement annuel € 40 - 50 millions<br />

Emploi 34000<br />

Nouveaux territoires donnés en concession 25 ha par an<br />

Les types de marchandises traitées<br />

Amsterdam Seaports est essentiellement un port de vracs. Son trafic annuel de 80 millions de tonnes<br />

est réparti à hauteur de 25 millions de tonnes pour IJmuiden et 55 millions de tonnes pour le port<br />

d’Amsterdam. Le trafic d’Ijmuiden, qui dépend de l’entreprise sidérurgique Corus, est constitué d’acier,<br />

de minerais et de métaux. Le port d’Amsterdam est très présent pour le charbon, les vracs liquides et<br />

les vracs agricoles. Amsterdam est le premier terminal pétrolier européen et il devrait occuper la<br />

première place au niveau mondial dans les années à venir. Amsterdam est, derrière Rotterdam, le<br />

deuxième port charbonnier d’Europe avec une part de marché de 25%. Les nouveaux carburants<br />

durables comme la biomasse et les biocarburants font actuellement leur apparition dans le port.<br />

Amsterdam est le principal port importateur de cacao du monde et le premier d’Europe pour ce qui est<br />

du vrac agricole.<br />

Terminal Ceres © Port of Amsterdam<br />

Depuis le mois d’août<br />

2005, le port<br />

d’Amsterdam est aussi<br />

un port à conteneurs en<br />

croissance rapide, avec<br />

huit services<br />

hebdomadaires de<br />

lignes maritimes à<br />

courte et longue<br />

distance à destination<br />

de l’Asie, l’Amérique du<br />

Sud et toute l’Europe. Le<br />

trafic des conteneurs<br />

devrait croître pour<br />

passer de 50 000 unités<br />

en 2005 à 200 000<br />

unités en 2006 et


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

atteindre les 350 000 unités en 2007. La capacité du terminal à conteneurs est de 1 000 000 EVP, et il<br />

dispose de l’espace suffisant pour atteindre une capacité de 3.000.000 EVP.<br />

Le secteur de la croisière Terminal passagers © <strong>AIVP</strong> / IACP<br />

Amsterdam, destination<br />

importante des bateaux<br />

de croisière, a<br />

enregistré 106 escales<br />

maritimes et 772<br />

escales fluviales en<br />

2005. Plus de 250 000<br />

passagers visitent la<br />

ville et y dépensent<br />

environ 100 millions<br />

d’euros par an. Le<br />

terminal passager<br />

(PTA) se trouve dans le<br />

centre-ville et intègre<br />

une multitude de<br />

fonctions. Son<br />

splendide bâtiment est<br />

doté d’un quai d’une<br />

longueur de 600<br />

mètres, de vastes halls<br />

d’accueil, d’un parking<br />

de stationnement pour les bus de tourisme, de bureaux, d’un palais des congrès et d’un parking<br />

souterrain de 500 places. Le PTA peut également accueillir des séminaires, congrès. Son toit ondulé<br />

abrite un vaste espace transparent pouvant accueillir, répartis sur trois étages, 3 000 personnes.<br />

Les écluses d’IJmuiden<br />

Le canal de la mer du Nord, d’une longueur de 20 kilomètres et d’une largeur de 350 mètres, relie le<br />

Port d’Amsterdam à la mer. À Ijmuiden, l’installation d’un réseau hydrographique s’est avéré<br />

nécessaire et un système de quatre écluses fonctionnant 24h/24 a été mis en place. Le tirant d’eau<br />

maximum autorisé est de 13,72 mètres en eau salée.<br />

L’augmentation du nombre de navires en circulation a fait ressentir la nécessité de construire une<br />

autre grande écluse à Ijmuiden, la grande écluse nord devant atteindre sa capacité maximum au<br />

cours des prochaines années. De plus, la largeur opérationnelle de l’écluse Nord, 45 mètres, est<br />

insuffisante pour accueillir les nouvelles générations de vraquiers. C’est pour cette raison qu’en 2005,<br />

le gouvernement néerlandais et le gouvernement de la province se sont accordés sur la nécessité de<br />

une nouvelle écluse, seule solution pour garantir un accès à la mer approprié. Le temps nécessaire à<br />

la planification des travaux et à la construction de l’écluse étant estimé à environ 10 ans, des mesures<br />

doivent visant à optimiser les accès au port vont être prises entre-temps.<br />

L’accessibilité<br />

Amsterdam dispose de bonnes dessertes routières, ferroviaires et fluviales en direction de l’hinterland<br />

et elle est reliée à l’hinterland européen par les autoroutes A1, A2 et A4. En 2008, une nouvelle<br />

autoroute sera construite qui assurera un lien direct entre le port et la deuxième rocade autour<br />

d’Amsterdam et entre le port et l’aéroport de Schiphol. Avec le doublement du réseau de voies ferrées<br />

entre Amsterdam et Utrecht et grâce à la jonction prévue avec la « Betuweroute », une ligne dédiée<br />

au fret, Amsterdam va voir son accessibilité ferroviaire s’améliorer dans les années à venir. Le Port<br />

d’Amsterdam a, conjointement avec le Port de Rotterdam, rejoint le consortium chargé d’opérer la<br />

liaison ferroviaire fret « Betuweroute ». La liaison fluviale s’effectuera par le canal Amsterdam-Rhin et<br />

à cette fin, un vaste programme de dragage vient d’être mis à exécution.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

85


86<br />

© Port of Amsterdam<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Le transport public entre les banlieues et le port est un autre thème d’importance. Plusieurs lignes de<br />

bus font la navette entre le port<br />

et la gare ferroviaire de<br />

Sloterdijk. Le bus de<br />

Westpoort assure le transport<br />

du personnel, entre domicile et<br />

lieu de travail, de nombreuses<br />

entreprises du secteur<br />

portuaire d’Amsterdam. Un<br />

hydroptère permet une liaison<br />

rapide entre le centre<br />

d’Amsterdam et IJmuiden. En<br />

moins d’une demi-heure, ces<br />

bateaux vous amènent de la<br />

gare centrale d’Amsterdam<br />

aux écluses.<br />

Hydroptère et bâtiment "Silo Dam"<br />

© <strong>AIVP</strong> / IACP<br />

Au-delà des liaisons géographiques, le Port d’Amsterdam s’intéresse également à l’utilisation de<br />

communications électroniques pour le traitement des flux de données. En collaboration avec des<br />

partenaires régionaux, Amsterdam a entrepris la réalisation d’un réseau en fibre de verre le long du<br />

canal de la Mer du Nord. Le réseau est essentiellement destiné à faire fonctionner les radars de<br />

navigation des navires mais peut également être utilisé dans les échanges de données électroniques.<br />

L’environnement<br />

Le Port d’Amsterdam n’envisage pas de croissance économique qui ne garantisse pas la préservation<br />

de l’environnement. Le secteur de Westpoort est la seule zone industrielle de la région qui accueille<br />

les industries polluantes (nuisances sonores et olfactives, poussières). Il regroupe non seulement les<br />

activités portuaires mais aussi les activités urbaines dérangeantes. Les centrales électriques, les<br />

réseaux d’égout et les usines de traitement des déchets sont actuellement transférés dans cette zone.<br />

Le secteur abrite également des éoliennes. Près de 25 éoliennes y ont été installées, et 15 autres<br />

sont prévues, alimentant quelque 50 000 foyers. La durabilité constitue une dimension importante du<br />

développement du Port d’Amsterdam qui ne peut se concevoir sans la prise en compte de<br />

l’environnement urbain et naturel. Le port est entouré par les villes d’Amsterdam et de Zaanstad et par


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

des secteurs dédiés aux loisirs. La pression pour la construction de nouveaux secteurs résidentiels est<br />

forte et il est nécessaire de trouver des solutions qui concilient aménagements portuaire et<br />

urbain.<br />

Les redéveloppements urbains et portuaires<br />

Les zones de transformation<br />

passagers représente aujourd’hui la seule<br />

activité portuaire. Des transformations ont<br />

également eu lieu sur la rive nord de la<br />

rivière IJ. Dans les années 80,<br />

l’emplacement de l’Amsterdam Dry dock<br />

Company a été transformé en un vaste<br />

centre d’hébergement social et, au cours<br />

des prochaines années, le secteur des<br />

anciens laboratoires sera aménagé en un<br />

quartier urbain qui concentrera la plus forte<br />

densité d’habitations de tout les Pays-Bas.<br />

Eastern Harbour © <strong>AIVP</strong> / IACP<br />

Développements urbains en zone portuaire © Port of Amsterdam<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Eastern Harbour © <strong>AIVP</strong> / IACP<br />

87<br />

Les zones situées à l’est du territoire<br />

portuaire ont été complètement<br />

transformées en quartiers résidentiels. Le<br />

secteur le plus connu est celui des<br />

Eastern Docklands, qui accueille<br />

aujourd’hui presque 17 000 habitants. Les<br />

anciens entrepôts ont été remplacés par<br />

de grands immeubles d’appartements, un<br />

quartier très prisé par les jeunes couples<br />

et les jeunes familles d’Amsterdam. Il ne<br />

reste quasiment plus rien de l’atmosphère<br />

de l’ancien port. Les activités portuaires<br />

ont presque toutes disparu et le terminal


88<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Les zones de transition<br />

À Amsterdam, la pression pour l’aménagement de nouvelles zones urbaine est forte. D’ici vingt ans, il<br />

faudra construire 50 000 logements supplémentaires à l’intérieur des limites de la ville. Le cœur des<br />

opérations d’aménagement portuaire a donc été déplacé d’est en ouest car c’est à l’ouest de la ville,<br />

là où elle jouxte le port, que des secteurs à transformer ont été identifiés. La plupart sont des zones<br />

portuaires abandonnées, mais certaines activités portuaires n’ont pas été déplacées. Qui plus est, le<br />

port actuel se situe à proximité de ces zones de transition, ce qui signifie qu’elles sont affectées par le<br />

bruit, les odeurs et la poussière. La transformation complète de ces zones en quartiers d'habitat,<br />

comme dans les Eastern Docklands, n’est pas facilement réalisable mais la pression urbaine réclame<br />

la mise en œuvre de solutions nouvelles qui permettront de construire des logements à proximité du<br />

port.<br />

Logements étudiants, NDSM Wharf © <strong>AIVP</strong> / IACP<br />

Les principales zones de transition sont les Houthaven (trafic de bois) et le quai de la NDSM. À partir<br />

de l’ancienne structure des docks, un nouveau quartier résidentiel va être construit qui comprendra<br />

approximativement 2000 logements. Afin d’éviter les nuisances sonores (et olfactives), certaines<br />

maisons seront équipées de murs extérieurs isolants, ce qui implique la condamnation de portes et de<br />

fenêtres. Dans le secteur nord, une autre stratégie a été choisie concernant le quai de la NDSM. Cette<br />

stratégie est basée sur la flexibilité de l’utilisation des terrains et des types de construction. Les<br />

établissements commerciaux et les logements étudiants sont autorisés dans le cadre des restrictions<br />

environnementales actuelles. Lorsque la réglementation aura changé ou qu’une partie des activités<br />

portuaires aura été délocalisée, les bâtiments pourront être transformés en logements permanents.<br />

Le Port d’Amsterdam possède également sa zone de transition. Le Minervahaven, dédié aux trafics<br />

de bois, est en train d’être transformé en quartier de petits commerces, notamment destiné aux petites<br />

entreprises du secteur de l’industrie<br />

artisanale et de la création. En raison<br />

de la présence du port, l’utilisation du<br />

secteur à des fins résidentielles est<br />

interdite mais sa revitalisation en fait<br />

un espace valorisé et dynamique.<br />

Jusqu’alors négligé, il devient un<br />

quartier vivant et constitue une zone<br />

tampon entre le port et la ville.<br />

Minervahaven, projet © Port of<br />

Amsterdam


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Minervahaven, actuel © Port of Amsterdam Minervahaven, Urban Plan © Port of Amsterdam<br />

Le redéveloppement du port sur lui-même<br />

Le réaménagement du port ne concerne pas seulement les zones portuaires abandonnées. Certains<br />

secteurs du port actuel sont également concernés. Il existe deux types d’aménagement, le<br />

comblement d'anciens bassins et la récupération de territoires portuaires abandonnés ou<br />

insuffisamment utilisés.<br />

Dans la partie la plus ancienne du secteur portuaire, les bassins qui servaient de terminal aux<br />

marchandises diverses ont été transformés. Par exemple, sur Coenhaven, trois bassins sur une<br />

rangée de cinq ont été comblés pour agrandir les quais. La quasi totalité des bassins d’amarrage<br />

devenus trop petits pour accueillir les navires modernes a été comblée. Grâce à cette stratégie, le<br />

développement des espaces portuaires suit le rythme de l’expansion des industries navale et<br />

maritime.<br />

HemHavens © Port of Amsterdam<br />

Une autre stratégie mise en place par le port d’Amsterdam consiste à récupérer les terrains portuaires<br />

abandonnés ou insuffisamment utilisés. Entre 1990 et 2005, le Port d’Amsterdam a récupéré 298<br />

hectares de terrain dont la plupart a été à nouveau concédée. La récupération de terrain est presque<br />

toujours suivie par de nouvelles attributions et par le lancement de nouvelles activités.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

89


90<br />

L’avenir du port<br />

Contribution à l’économie de la région et stratégie portuaire<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Le port est l’un des cinq piliers de l’économie de la région, les autres piliers étant le secteur des<br />

finances, l’aéroport, le tourisme et les loisirs ainsi que les technologies de l’information et de la<br />

communication et les nouveaux médias. La région, dont l’économie est caractérisée par la souplesse<br />

et l’enrichissement mutuel, doit sa force à sa diversité. Le port d’Amsterdam et l’aéroport de Schiphol<br />

forment ensemble une « porte ouverte sur L’Europe ».<br />

En tant que deuxième port des Pays-Bas, le Port d’Amsterdam joue un rôle fondamental. Il aspire à<br />

devenir un hub logistique de qualité dans le but de renforcer l’économie de la région d’Amsterdam. La<br />

satisfaction de cette ambition, desservir l’hinterland tout en assurant le rôle de hub international pour<br />

le trafic des marchandises, implique la modification de ses caractéristiques : le port abandonnera<br />

bientôt son statut de port de destination spécialisé dans le traitement des produits industriels pour se<br />

positionner en tant que port de transbordement à la croisée des flux internationaux de marchandises.<br />

Cette transition passera par la nécessaire augmentation des volumes (circulation et fret), ceux traités<br />

par la seule région d’Amsterdam étant insuffisants. Cette augmentation est indispensable si l’on veut<br />

garantir la compétitivité des prix des services maritimes (bateaux pilotes et remorqueurs) et logistiques<br />

(agents et fournisseurs) et attirer davantage de marchandises et de nouvelles industries.<br />

Les nouveaux espaces portuaires<br />

AfrikaHaven © Port of Amsterdam<br />

En raison du nombre important de terrains affectés à la réalisation de nouveaux terminaux sur le<br />

Afrikahaven, il ne restera bientôt plus de terrain disponible pour l’aménagement du port. Un nouvel<br />

espace portuaire, situé sur la rive nord du canal de la mer du Nord à proximité d’Ijmuiden, a été<br />

intégré à la planification spatiale de la région. Cependant, la taille de cette nouvelle extension<br />

portuaire, appelée Wijkermeer, est limitée (à environ 180 ha) et des voix se font entendre contre cet<br />

aménagement. Par ailleurs, la rive nord du canal n’est pas un emplacement favorable en matière de<br />

liaisons vers l’hinterland. C’est pour ces raisons que certains estiment que l’agrandissement du port<br />

devrait plutôt se faire à partir du port actuel. Cependant, ce secteur, appelé Houtrak, est actuellement<br />

aménagé en secteur dédié à la nature et aux loisirs et constitue une zone privilégiée entre les<br />

aménagements industriels des villes d’Amsterdam et d’Haarlem. Une troisième possibilité consiste à<br />

aménager de nouveaux secteurs portuaires gagnés sur la mer à proximité des aciéries de Corus, mais<br />

le fait de construire en mer à cet emplacement aura de sérieux impacts sur l’environnement et<br />

l’utilisation du territoire. Dés lors, la procédure pour aménager de nouveaux secteurs portuaires dans<br />

la région d’Amsterdam sera longue et difficile. C’est pourquoi le Port d’Amsterdam s’efforcera au<br />

maximum de réaménager les secteurs existants.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Zones d'extension du port 2010-2030 actuellement à l'étude © Port of Amsterdam<br />

Le développement durable<br />

Avec l’augmentation des contraintes spatiales et environnementales, la nécessité de mettre en place<br />

une stratégie de développement durable s’impose. Le Port d’Amsterdam n’envisage pas de<br />

croissance économique qui ne garantisse pas la préservation de l’environnement. La construction et<br />

l’entretien de l’infrastructure mais aussi la gestion écologique doivent s’inscrire dans la durabilité. Le<br />

Port d’Amsterdam a élaboré une politique pour que cette vision se traduise par des projets qui<br />

abordent le manque d’espace, la gestion du parc, le trafic et le transport, les matériaux, l’énergie et<br />

l’eau. L’une des principales priorités de la politique environnementale adoptée consiste à gérer<br />

l’espace portuaire disponible avec le maximum de précautions. En outre, l’autorité portuaire<br />

encourage les usagers du port à appliquer l’ensemble des règlements pertinents tout en garantissant<br />

que la qualité du sol, de l’eau et des fonds marins n’est pas en danger. Cet intérêt envers le<br />

développement durable se manifeste également à travers la participation du port dans plusieurs<br />

projets environnementaux, par exemple le projet Ecoports. Dans le cadre d’une initiative majeure<br />

conduite en faveur de la protection de l’environnement et du développement durable, EcoPorts a<br />

débouché sur la mise au point de normes visant à encourager les meilleures pratiques pour la gestion<br />

de l’environnement portuaire de même que sur l’instauration du Port Environmental Review System<br />

(PERS).<br />

Source:<br />

PCP Project - Newsletter N°5, Novembre 2006 - Rédigée avec Pito Dingemanse, Manager of Spatial<br />

Planning, Port of Amsterdam.<br />

Informations complémentaires:<br />

Port of Amsterdam:<br />

http://www.portofamsterdam.nl<br />

Eastern Docklands<br />

http://www.easterndocklands.com/index.html<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

91


92<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

DELFZIJL : <strong>LE</strong>S DEFIS D'UNE METAMORPHOSE<br />

Histoire<br />

Située dans le nord des Pays-Bas, la ville de Delfzijl est l'une des 450 municipalités que compte le<br />

pays. Elle a été créée au début des années 1990, suite à la fusion des municipalités de Bierum,<br />

Termunten et Delfzijl.<br />

La municipalité ainsi créée est composée par la ville portuaire de Delfzijl et par 13 villages situés au<br />

nord et au sud de celle-ci. Delfzijl occupe un territoire de 227 kilomètres carrés, elle compte près de<br />

28 000 habitants et 12 437 foyers. Approximativement 19 000 personnes sont installées en ville et<br />

9000 dans les villages environnants. Delfzijl se trouve plus ou moins au centre de ce territoire.<br />

La ville portuaire de Delfzijl est dotée d’une longue histoire. Vers l’an 1200, trois écluses ont été<br />

construites à l’emplacement de la ville actuelle. Dès le départ, les écluses ont fait de la ville un<br />

emplacement stratégique (contrôle du niveau des eaux continentales et contrôle du trafic maritime sur<br />

l’Eems), il n’est donc pas surprenant qu’elle soit devenue une forteresse. Pendant des siècles, Delfzijl<br />

a attisé les convoitises des troupes d’Alva et de Napoléon et des princes allemands. L'intérêt de<br />

Delfzijl en tant que ville portuaire a également été reconnu depuis le tout début et les activités<br />

maritimes et portuaires ont commencé à se développer peu de temps après la construction des<br />

écluses.<br />

L’ancienne forteresse avec l’Eems à droite et le Damsterdiep en haut à gauche<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

93<br />

L’importance militaire de la forteresse<br />

s’est réduite à la fin du 19 ème siècle où<br />

elle a été démantelée. Au début du<br />

20 ème siècle, Delfzijl s’est développée<br />

en tant que port destiné au<br />

transbordement des marchandises qui<br />

arrivaient par voiliers avant d’être<br />

réparties sur des embarcations plus<br />

petites à destination de la ville de<br />

Groningue et d’ailleurs. Parallèlement<br />

au commerce, l’industrie navale s’est<br />

développée et existe encore<br />

aujourd'hui. Au début du 20 ème siècle,<br />

Delfzijl était une petite ville portuaire<br />

active et elle l’est restée jusqu’à la<br />

deuxième guerre mondiale (1939-<br />

1945).


94<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Le port de Delfzijl in 1930<br />

Dans les années 50 et 60<br />

du siècle dernier, de<br />

nouvelles opportunités se<br />

sont offertes à la ville de<br />

Delfzijl. C’est à cette<br />

époque que la<br />

découverte de sel et de<br />

gaz dans la province de<br />

Groningue a ouvert un<br />

nouvel horizon pour la<br />

ville. Le sel pouvait être<br />

utilisé comme produit<br />

chimique de base dans<br />

plusieurs industries et le<br />

gaz garantissait une<br />

énergie abondante et<br />

bon marché. L’industrie chimique de Delfzijl se concentre aujourd’hui autour de la production du chlore<br />

et elle représente 30 % de l’industrie chimique hollandaise. Cette énergie bon marché a offert de très<br />

belles opportunités aux industries métallurgiques comme "Aluminium Delfzijl".<br />

Les dirigeants et hommes politiques de l’époque estimaient que la population de la ville de Delfzijl<br />

pourrait passer d’environ 13 000 à plus de 100 000 habitants. Au début des années 70, un nouveau<br />

port (l’Eemshaven) a été construit à l’intention de l’industrie pétrochimique à 20 kilomètres au nord de<br />

Delfzijl.<br />

Groningen Seaports<br />

Groningen Seaports est l’autorité portuaire des ports de Delfzijl et d’Eemshaven. Deux ports intérieurs<br />

sont également sous sa responsabilité : Farmsumerhaven et Oosterhornhaven.<br />

Groningen Seaports est détenue à 60% par la province de Groningue et à 40%, à part égale, par les<br />

municipalités de Delfzijl et d’Eemsmond.<br />

L’entreprise fournit aux deux ports toute la gamme des services<br />

portuaires depuis la logistique à la mise à disposition de sites<br />

industriels et commerciaux de haute qualité. Du fait de leur<br />

emplacement, de la variété des sites industriels et commerciaux<br />

proposés, d’une infrastructure non saturée, de l’espace disponible et<br />

des prix avantageux pratiqués, les sites industriels de Groningen<br />

Seaports sont particulièrement adaptés à l’accueil des établissements commerciaux.<br />

Groningen Seaports dispose de voies d’eau facilement accessibles, elle propose des services rapides,<br />

de l’espace dans tous les sens du terme, une énergie propre et abondante, un équipement portuaire<br />

de haute qualité, un personnel hautement qualifié, ainsi que d’un accès ferroviaire, routier et fluvial<br />

rapide. Groningen Seaports est orientée marché, elle est compétitive tant du point de vue financier


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

que logistique. Elle offre la gamme complète des services tout en jouant le rôle d’initiateur,<br />

d’entrepreneur et de facilitateur.<br />

Les ports de Delfzijl et d’Eemshaven occupent un emplacement stratégique entre les ports principaux<br />

que sont Rotterdam et Hambourg. Ils sont desservis par des routes dont le trafic est fluide (les<br />

autoroutes A7 et A31) et sont reliés au réseau ferroviaire national. Depuis le mois de septembre 2005,<br />

une liaison avec le chemin de fer allemand a également été réalisée. Par ailleurs, la société Railion<br />

propose un service de triage dans la zone industrielle de Delfzijl. Grâce au Eemskanaal, Groningen<br />

Seaports dispose d’un très bon accès direct aux voies d’eau intérieures. L’Eemskanaal établit une<br />

liaison entre le port de Delfzijl et la route Groningen-Lemmer de même qu’entre le réseau de voies<br />

d’eau intérieur et Amsterdam et Rotterdam. Plusieurs sites industriels sont situés sur<br />

Oosterhornhaven, directement relié à l’Eemskanaal. Groningen Seaports possède aussi un deuxième<br />

port intérieur, Farmsumerhaven, également accessible par l’Eemskanaal et le réseau des voies d’eau.<br />

Via le port de Delfzijl et l’estuaire d’Eems, les navires fluviaux ont aussi accès à Eemshaven.<br />

Eemshaven en particulier est idéalement positionné pour le commerce avec la Scandinavie, le<br />

Royaume-Uni et la région baltique et il possède un très fort potentiel pour ce qui est des activités de<br />

stockage et de transbordement.<br />

Le port de Eemshaven comprend Handelskade Eemshaven (stockage et transbordement du sucre,<br />

produits forestiers, papier, viande et poissons réfrigérés et marchandises diverses), un terminal à<br />

pondéreux destiné au transbordement et à l’entreposage du vrac solide, un espace dédié au transport<br />

roll-on/roll-off, une zone réservée au short sea shipping ; un site industriel pour les entreprises<br />

logistiques spécialisées dans le secteur du short sea shipping, "Energy park" et "Recycling park" des<br />

sites dédiés à l’environnement, à l’énergie, au recyclage et aux industries liées au traitement des<br />

déchets ; une zone d'activités accueillant les petites et moyennes entreprises (fournisseurs) ; et un<br />

parc logistique réservé au développement de nouvelles activités logistiques.<br />

Enfin, une ligne maritime assurant le transport des passagers existe entre Eemshaven et l’Allemagne<br />

(les îles de Borkum et de Helgoland).<br />

Vue aérienne du port Eemshaven © Groningen Seaports<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

95


96<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

L’énergie<br />

L’énergie est un sujet d’actualité et il offre de nombreuses opportunités à Groningen Seaports. Energy<br />

Park Eemshaven est un site industriel dédié à l’environnement, au recyclage et aux industries liées au<br />

traitement des déchets. À l’heure où les besoins en sites de production d’énergie sont élevés, NorNed,<br />

un projet collectif entre Statnett et TenneT, a été mis en place dans l’objectif d’installer un câble sousmarin<br />

à haute-tension entre la Norvège et les Pays-Bas. Grâce à cette installation, le plus long câble à<br />

haute-tension du monde, il sera possible de faire circuler du courant électrique, dans les deux sens,<br />

entre la Norvège et les Pays-Bas. La construction de la station-relais est en cours. TCN SIG Real<br />

Estate a également entrepris la construction d’un vaste centre de traitement de l’information.<br />

Parallèlement, Essent/ConocoPhillips et Nuon ont décidé de s’installer dans le Eemshaven.<br />

Essent/ConocoPhillips a l’intention de créer un terminal GNL (Gaz Naturel Liquéfié) et Nuon envisage<br />

de construire un groupe multiénergie. La décision d’investissement concernant les deux projets sera<br />

prise à la mi-2007. En vue de faciliter l’implantation de ces industries, Groningen Seaports a lancé la<br />

construction de sites industriels et elle se prépare à effectuer les travaux d’excavation du chenal vers<br />

Eemshaven ainsi que d’Eemshaven lui-même, prévoyant d’étendre le Wilhelminahaven de 600 mètres<br />

et de construire un nouveau port afin de pouvoir accueillir les navires GNL. RWE, entreprise<br />

allemande de production d’énergie, projette aussi d’installer des bureaux dans Eemshaven et ses<br />

projets de construction d’une centrale électrique sont à un stade avancé.<br />

Le secteur de l’énergie est également en plein essor dans le port de Delfzijl. BKB, Evelop et Biox ont<br />

établi des projets très avancés en vue de l’implantation de centrales électriques destinées à<br />

approvisionner en électricité et en vapeur les industries chimiques et de type métallurgique établies<br />

dans Chemical Park Delfzijl et Metal Park Delfzijl.<br />

Le port de Delfzijl comprend Handelskade Delfzijl (stockage et transbordement du bois, papier,<br />

kaolin, conteneurs et marchandises diverses), Chemical Park Delfzijl (qui regroupe 12 industries<br />

chimiques en rapport avec le chlore), Metal Park (un regroupement de sites industriels créés selon les<br />

critères du développement durable destinés aux entreprises de type métallurgique), De Valgen (site<br />

industriel dédié aux industries chimiques), MERA Park (dédié à l’environnement, à l’énergie, au


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

recyclage et aux industries liées au traitement des déchets), Oosterwierum (industries chimiques,<br />

agroalimentaire, logistique et PME) ainsi que quelques zones d'activités destinés aux petites et<br />

moyennes entreprises (Delta, Farmsumerpoort, De Zeesluizen et Fivelpoort).<br />

Groningen Seaports est membre de la fondation EcoPorts. L’environnement fait partie intégrante de<br />

ses processus opérationnels.<br />

Depuis les années 70, l’environnement est également au cœur des préoccupations en matière de<br />

planification ville/port.<br />

Le port de Delfzijl. Au premier plan, le centre ville ; à l’arrière plan, les usines chimiques © Groningen Seaports<br />

Delfzijl : programmes d’extension et défis environnementaux<br />

Le plan de la ville de Delfzijl a dû être révisé pour tenir compte des visions pour le futur des dirigeants<br />

et des hommes politiques des années 60 et 70 et les 100 000 habitants qui étaient attendus. Les<br />

vieux bâtiments ont été détruits, des immeubles de six étages ont fait leur apparition et un quartier tout<br />

neuf fait de maisons modestes destinées aux ouvriers a alors été construit au nord de Delfzijl. De<br />

jolies buttes artificielles destinées autrefois à supporter les habitations ont été détruites pour laisser<br />

place aux installations industrielles.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

97<br />

Les programmes de reconstruction des années<br />

60 prévoyaient la construction d’un aéroport ©<br />

City of Delfzijl<br />

Deux crises économiques (1973 et 1980)<br />

ont toutefois mis un terme à ces<br />

programmes. Delfzijl ne dépasserait jamais<br />

les 35 000 habitants. Il en a résulté des<br />

maisons et des appartements vides et des<br />

terrains industriels non utilisés. À mesure<br />

que la situation dans le nord perdurait, le<br />

nouveau quartier s’est appauvri et il a<br />

commencé à attirer depuis tout le pays une<br />

population nombreuse issue des classes<br />

défavorisées.<br />

À la fin des années 80, tout le monde<br />

(conseillers, maire et élus) a convenu qu’il


98<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

fallait agir. Dans les années qui ont suivi, de nombreux débats ont donné lieu à des opérations de<br />

restructuration. Toutefois, les autorités locales ne sont pas parvenues à définir quelles actions<br />

entreprendre et surtout comment les mettre en oeuvre. À la fin des années 90, une commission<br />

spéciale a été nommée pour faire la point sur la situation de Delfzijl. En 1999, cette commission, qui a<br />

pris le nom de son président monsieur Tielrooy, a proposé un Masterplan. Tielrooy concluait que la<br />

restructuration, ou comme on dit maintenant, la revitalisation, nécessiterait un investissement de<br />

plusieurs dizaines de millions d’euros. Le prix était trop cher à payer pour la ville de Delfzijl seule. Des<br />

négociations ont été entamées afin de solliciter des fonds extérieurs auprès de la province et de l’État.<br />

Les parties ont finalement trouvé un accord et l’une des principales conditions à l’investissement a<br />

consisté en la création d’une société de développement (OMD) détenue par la municipalité (49 %), la<br />

société de construction building Society Acantus (49 %) et la province (2%). OMD a été créée en<br />

2001.<br />

Delfzijl-Nord avant la reconstruction © City of Delfzijl<br />

La reconstruction de Delfzijl Nord © City of Delfzijl<br />

Le Masterplan<br />

La revitalisation de Delfzijl repose aujourd’hui encore sur ce Masterplan dont les grandes lignes<br />

correspondent aux qualités essentielles de la zone :<br />

Le réseau des voies d’eau (L’Eems relie Delfzijl à la mer et aux ports allemands d’Emden, Leer et<br />

Papenburg. La ville de Termunterzijl, au sud, est reliée à la ville bleue. Un canal part de Farmsum<br />

pour rejoindre Schildmeer et l’Eemscanal ; le canal de Damsterdiep conduit à la ville de<br />

Groningue) ;<br />

l’ancienne forteresse ;<br />

les buttes artificielles et la richesse du paysage culturel.<br />

Le Masterplan prévoit la destruction de 1500 maisons/appartements et la construction de 700<br />

nouvelles maisons destinées aux classes moyennes et supérieures et 450 logements sociaux.<br />

L’objectif consiste à équilibrer davantage l’offre et la demande du marché immobilier pour l’ajuster à<br />

celui de la province. Le gros des travaux de destruction est achevé pour le Kwelderland et les activités<br />

de construction vont se développer au cours des prochains mois, marquant une nouvelle étape de la<br />

revitalisation.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

La revitalisation de Delfzijl implique finalement la métamorphose complète de la ville portuaire.<br />

Maintenant que la construction est en cours dans le Kwelderland, OMD s’oriente davantage sur le<br />

centre et sur les liaisons et connections entre la mer et le port.<br />

Une vision pour le Centre<br />

Le secteur concerné : le tracé de l’ancienne forteresse et son environnement immédiat.<br />

Les pistes de travail :<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

99<br />

Problèmes à résoudre :<br />

Les secteurs bâtis dont les façades sont<br />

inachevées (lignes rouges) ;<br />

L’accès au centre en voiture, en train ou par<br />

la mer mal définis (cercles violets) ;<br />

les itinéraires mal définis dans le centre pour<br />

le stationnement des véhicules, les<br />

bicyclettes et piétons (flèches bleues) ;<br />

La réorganisation des fonctions (cafés,<br />

commerces, bureaux, logements, parkings) ;<br />

La sécurité de la ville du fait de<br />

l’augmentation du niveau de la mer ;<br />

concilier qualité de vie et activités<br />

industrielles.<br />

© City of Delfzijl<br />

reprendre le tracé de l’ancienne forteresse et construire en respectant la logique de l’ancienne<br />

configuration spatiale et fonctionnelle ;<br />

la conception intégrée de l’espace public ;<br />

l'orientation de la circulation (deux sens giratoires pour les voitures, stationnements aux angles de<br />

l’ancienne citadelle, bicyclettes, piétons) et les indications vers le centre ville ;<br />

relier les deux squares (en jaune) ;<br />

la construction d’immeubles respectant le tracé de l’ancienne forteresse ;<br />

assurer la liaison avec la mer/le port.<br />

L’aménagement du territoire : les questions environnementales<br />

Lorsque l’on évoque la ville portuaire de Delfzijl, il est impossible de faire abstraction de la forte<br />

interdépendance entre la ville et le port au cours de l’histoire. La zone urbaine a été construite à<br />

proximité des établissements industriels à une époque où l’on ne se préoccupait guère des conditions<br />

de vie et des questions environnementales. La situation est complètement différente aujourd’hui et, à<br />

Delfzijl, l’aménagement de l’espace ne peut se concevoir sans la prise en compte d’aspects tels que :<br />

le contrôle du bruit industriel ;<br />

la sécurité de l'habitat ;<br />

les ouvrages de protection maritime et les jetées ;<br />

la pollution atmosphérique ;<br />

la protection de la nature.


100<br />

Le contrôle du bruit<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

À l’intérieur de la zone de bruit<br />

définie, la délivrance des<br />

autorisations par le comité local<br />

est limitée pour :<br />

Premièrement : nouvelles<br />

activités industrielles : – les<br />

émissions cumulées ne doivent<br />

pas dépasser les frontières de la<br />

zone de bruit. La croissance<br />

industrielle n’est pas autorisée si<br />

elle excède une limite de 50 dB.<br />

Le développement d'entreprises<br />

existantes ou l'implantation de<br />

nouvelles entreprises doivent<br />

être strictement réglementés.<br />

Deuxièmement : opérations de<br />

développement résidentiel à<br />

proximité des installations<br />

industrielles : la construction de<br />

logements, écoles et hôpitaux dans le secteur doit faire l’objet d’une nouvelle réglementation et est<br />

possible uniquement dans la zone de bruit comprise entre les niveaux sonores cumulés qui se situent<br />

entre 50 et 60 dB (mesures faites à l’extérieur).<br />

La prise en compte de ces courbes de bruit est indissociable de l’aménagement urbain et des activités<br />

industrielles de Delfzijl.<br />

La sécurité de l'habitat<br />

La mise en place d’une législation en matière de sécurité de l'habitat s’est imposée suite à l’explosion<br />

d’un dépôt de feux d’artifice dans le centre urbain d’Enschede en 2000. L’intégration de ce type de<br />

législation au sein du processus d’aménagement spatial est une méthode assez nouvelle et les<br />

gouvernements locaux s’efforcent de la mettre en place de la meilleure façon qui soit.<br />

En ce qui concerne la politique de sécurité, le comité local a défini 3 zones :<br />

3. dans les quartiers d'habitat (en vert), la présence d’entreprises à haut risque n’est pas autorisée et<br />

pour ce qui est des établissements déjà présents, ils sont tenus de réduire leur capacité de<br />

stockage ou bien de déménager vers un autre site ;<br />

2. les zones intermédiaires (en bleu) situées entre les installations industrielles et portuaires d'une<br />

part, et les quartiers d'habitat. Ici, les entreprises à risque élevé sont tolérées uniquement dans la<br />

mesure où elles sont maintenues sous contrôle ;<br />

1. l’enceinte des installations industrielles (en rose) où aucune limite n’a pour l’heure été définie.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Pollution atmosphérique et odeurs industrielles<br />

La législation hollandaise sur la qualité de l’air est basée sur l’adoption de la Directive du Conseil de<br />

l’Union européenne 96/62/EC du 27 Septembre 1996, régissant l’évaluation et la gestion de la qualité<br />

de l’air et de plusieurs autres directives dérivées relatives à la pollution atmosphérique. Les directives<br />

imposent que tous les États membres prennent des mesures visant à garantir le respect des<br />

concentrations maximum autorisées de PM10 (particules en suspension), de SO2 (dioxyde de soufre),<br />

de NOx (dioxyde d’azote et autres oxydes de nitrogène, de Pb (plomb), de monoxyde de carbone et<br />

de benzène. Dans un futur proche, les États membres devront adopter des directives sur l’évaluation<br />

de la qualité de l’air et la surveillance de l’arsenic, du cadmium et du nickel, du mercure et des<br />

hydrocarbures aromatiques polycycliques et du benzo(a)pyrène dans l’atmosphère.<br />

Un autre problème est celui de la dégradation de la qualité de l’air à cause des odeurs industrielles.<br />

Cet aspect va devenir incontournable dans la politique d’aménagement de l’espace aux Pays-Bas.<br />

En raison de la proximité des industries chimiques, la concentration de H2S (hydrogène sulfuré) dans<br />

l’air ambiant excède la concentration maximum autorisée.<br />

La défense contre la mer<br />

À Delfzijl, les ouvrages de défense contre la mer semblent<br />

couvrir une surface négligeable qui s’étire le long de la<br />

côte. La zone qui doit être maintenue à l’écart des<br />

opérations de redéveloppement est pourtant importante. La<br />

législation nationale interdit toute activité de construction à<br />

moins de 50 mètres des digues, ce qui représente un<br />

sérieux problème du point de vue des opérations<br />

d’aménagement urbain. Des mesures techniques qui<br />

respectent la réglementation en matière de défense contre<br />

la mer doivent être prises et apporter une solution<br />

acceptable en vue d’optimiser la situation.<br />

Le parc national<br />

© City of Delfzijl<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

101<br />

Delfzijl se trouve à proximité d’un parc national<br />

exceptionnel, la Mer des Wadden, qui constitue un<br />

écosystème vulnérable. Les gouvernements<br />

néerlandais et allemand ont récemment entrepris<br />

des démarches pour faire inscrire la Mer des<br />

Wadden sur la liste de patrimoine mondial de<br />

l’Unesco ce qui implique davantage de restrictions<br />

pour les activités industrielles et urbaines le long de<br />

la côte de la Mer du Nord.


102<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Delfzijl, la métamorphose est en cours mais des défis environnementaux doivent encore être<br />

relevés<br />

Il est évident qu’il existe des conditions sine qua non à l’aménagement ville/port.<br />

1. les limites de bruit doivent être respectées ;<br />

2. il est hors de question d’envisager l’installation de nouvelles industries à haut risque à<br />

proximité des quartiers résidentiels ;<br />

3. le développement des espaces de loisirs à proximité du port (par exemple sur la plage et la<br />

marina) doit faire l'objet de réflexions approfondies;<br />

4. l’aménagement ville/port pourrait impliquer le déplacement d’entreprises ou de fonctions<br />

urbaines.<br />

L’ensemble des acteurs devra travailler en étroite collaboration pour surmonter les différentes<br />

difficultés et construire un sens partagé de la coexistence.<br />

Source :<br />

PCP Project - Newsletter N°6, Avril 2007 - Rédigée par Herman Nunnink, Groningen Seaports, en coopération<br />

avec Harm Wessels, Senior Advisor Spatial Planning, City of Delfzijl<br />

Informations complémentaires :<br />

City of Delfzijl<br />

http://www.delfzijl.nl<br />

Groningen Seaports<br />

http://www.groningen-seaports.com


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

<strong>LE</strong> PROJET URBAIN DES QUARTIERS SUD DU HAVRE ET L'INTERFACE <strong>VIL<strong>LE</strong></strong> / <strong>PORT</strong><br />

Les Quartiers Sud du Havre se déploient sur la ville basse, de l’entrée de l’agglomération à l’entrée du<br />

centre-ville. Cette zone urbaine, proche de l’estuaire de la Seine, couvre 800 ha. Installée en limite<br />

Sud de l’agglomération et en contact direct des quartiers du centre-ville, ce secteur s’appuie sur les<br />

zones portuaires et industrielles. Les Quartiers Sud constituent le cœur de la vie économique de<br />

l’agglomération (9% des emplois du bassin d’emploi). Ils constituent un territoire d’enjeux majeurs<br />

pour le développement urbain, le développement portuaire et le développement économique.<br />

C’est pourquoi la Ville s’est dotée d’un projet urbain fort pour revitaliser ce territoire et dynamiser<br />

l’économie de toute une région. Le projet urbain s’appuie sur l’histoire, les formes urbaines, et<br />

l’identité des quartiers. Ce projet ambitieux à long terme (2020) est d’ores et déjà opérationnel à<br />

travers une première phase conduite avec succès par la Ville et ses partenaires publics et privés.<br />

L'enjeu consiste aujourd'hui à continuer ce projet ambitieux de reconquête urbaine de 800 hectares<br />

d'interface ville/port tout en réunissant les conditions d'un développement durable et harmonieux des<br />

fonctions économiques, notamment portuaires.<br />

Le Havre, une métropole portuaire ouverte sur le monde<br />

Avec 255 000 habitants en 1999, l’agglomération havraise (25 ème agglomération nationale) est une<br />

agglomération de taille moyenne, qui compte 17 communes et qui est organisée autour de la ville du<br />

Havre (190 000 habitants), 11 ème ville de France.<br />

Situé en limite Sud du plateau de<br />

Caux et sur la rive droite de<br />

l’Estuaire de la Seine, Le Havre est<br />

le principal port de la façade ouest<br />

française. A l’entrée du « Range<br />

Nord-Européen », sur la mer la<br />

plus fréquentée du globe, Le Havre<br />

est distant par voie fluviale, ferrée<br />

et autoroutière d’environ 90 km de<br />

Rouen, préfecture du département,<br />

et de 200 km de Paris. En raison<br />

de l’importance majeure de la<br />

fonction portuaire et des conditions<br />

historiques et géographiques de<br />

son développement,<br />

l’agglomération havraise présente<br />

une originalité certaine dans<br />

l’armature urbaine nationale.<br />

Depuis sa création, Le Havre est, en effet, traditionnellement tournée vers la mer. Aux fonctions<br />

militaires initiales, des fonctions commerciales (porte des colonies, négoce du café, place financière)<br />

se sont substituées et la ville s’est largement étendue sur les marais et les collines environnantes. Dès<br />

les années 30 du XXème siècle, un fort développement industrialo-portuaire a permis la poursuite de<br />

cet essor et marque encore aujourd’hui le positionnement économique de l’agglomération.<br />

Le pont de Normandie et la réalisation de l’autoroute A29, placent désormais Le Havre sur la « route<br />

des Estuaires », élément du grand axe atlantique européen qui reliera l’Europe du Nord-Ouest<br />

(Belgique, Pays-Bas) à l’Europe du Sud (péninsule ibérique).<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

103


104<br />

La Ville du Havre<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

La ville du Havre est une ville récente de 5 siècles. Elle a été rasée à 80% en 1944 et reconstruite par<br />

l’architecte Auguste PERRET. Son centre ville Perret est classé Patrimoine de l’humanité depuis juillet<br />

2005.<br />

Parallèlement aux travaux de reconstruction d’après guerre, la Ville du Havre a continué son<br />

expansion spatiale par assimilation des communes périphériques. Le moteur du développement des<br />

années 60-70 résultait d’une volonté de développer l’industrie en France et, pour la Basse-Seine, de<br />

constituer un pôle majeur autour des secteurs de l’automobile et de la pétrochimie.<br />

Elle est aujourd’hui la 11 ème ville de France, mais avec une démographie décroissante depuis 20 ans.<br />

Son image de ville industrielle, austère, est en train de changer grâce aux nombreux projets urbains.<br />

Une métropole ouverte sur le monde :<br />

1 ère ville de Normandie, Le Havre bénéficie d’une localisation géographique attractive, sur la mer la<br />

plus fréquentée du globe et à moins de 2 heures de Paris.<br />

Une place de commerce international :<br />

La présence de sièges régionaux opérant sur les 5 continents et de grands groupes internationaux<br />

conforte la région havraise dans son rôle historique de centre de commerce.<br />

Un pôle industriel européen :<br />

Aéronautique, pétrochimie, automobile, éco industrie, packaging…<br />

En haute technologie, innovation et performance, le pôle industriel de la région havraise affiche sa<br />

vitalité. Des nacelles de l’Airbus A380, à la production du tiers du carburant français, ce pôle joue un<br />

rôle important dans le dynamisme économique du pays.<br />

Patrimoine Mondial de l’humanité :<br />

En inscrivant en 2005 le centre-ville du Havre reconstruit par Auguste Perret au patrimoine mondial de<br />

l’humanité, l’Unesco récompense l’œuvre exceptionnelle du célèbre architecte et place la ville aux<br />

côtés des plus grandes références historiques mondiales.<br />

Station balnéaire et nautique :<br />

Labellisée station balnéaire et station nautique, port d’escale des plus grands paquebots, Le Havre<br />

offre tous ses atouts touristiques d’une métropole océane : une plage de 2 km en centre ville, un port<br />

de plaisance de 1500 anneaux, la pratique de tous les sports nautiques, un casino… illustration de<br />

cette vocation maritime naturelle, Le Havre est depuis 1991 la ville départ de la célèbre transat<br />

Jacques Vabre entre la France et le Brésil.<br />

Le Port du Havre, porte océane entre l’Europe et le monde :<br />

1er port français pour les conteneurs, Le Havre constitue le fer de lance du commerce extérieur<br />

national dont il est l’acteur majeur des flux maritimes. Avec plus de 70 lignes régulières, 600 ports<br />

touchés et la mise en service de Port 2000, le port du Havre représente un véritable accélérateur de<br />

croissance économique.<br />

Le Port du Havre<br />

Port maritime en eau profonde, sans limitation de tirant d’eau et totalement libéré des contraintes des<br />

marées, le port du Havre est situé au cœur de la façade maritime Nord Ouest de l’Europe, à l’entrée<br />

de l’estuaire de la Seine. Il est le leader français sur cette façade. C’est le premier port français pour<br />

les conteneurs et les marchandises diverses.<br />

Avec la mise en service des 2 premiers postes à quai en 2006, puis des 2 suivants en 2007, Port 2000<br />

qui comportera à terme 12 postes, donne au port du Havre les moyens d’améliorer sa position dans le<br />

peloton de tête des ports du Nord de l’Europe.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Positionnement national et international : 1er port français pour le commerce extérieur et les<br />

conteneurs – 6ème port européen<br />

Emprise du site portuaire havrais : 9 500 ha, dont 1500 ha de plans d'eau (hors partie maritime de la<br />

circonscription)<br />

Statut administratif et juridique : Port autonome, établissement doté de la personnalité civile et de<br />

l'autonomie financière, placé sous la tutelle du ministre chargé des ports maritimes et soumis au<br />

contrôle économique et financier de l'État.<br />

Trafic du port du Havre en millions de tonnes (2006) :<br />

- Trafic total: 73,8<br />

• marchandises diverses : 22,7<br />

• vrac liquides : 47,5<br />

• vrac solides : 3,6<br />

- conteneurs (EVP) : 2,1 millions<br />

- passagers : 800 000<br />

Nombre d’emplois directs : 16 000 emplois dans les activités maritimes et portuaires<br />

La capacité d’accueil des conteneurs sera multipliée par 3 avec Port 2000 : de 2 à 6 millions EVP. A<br />

long terme, compte tenu de la capacité de Port 2000, et du dynamisme conjugué de la mondialisation<br />

et du trafic des conteneurs, le port du Havre devra procéder à de nouveaux aménagements majeurs<br />

pour conforter sa présence et valoriser les atouts que lui confèrent sa position géographique à l'entrée<br />

de l'Europe du nord.<br />

L'actuel avant port présente un potentiel fort qui permettrait d'aménager un terminal conteneurs<br />

disposant d'excellentes conditions nautiques, sans contraintes d'écluses et de marées.<br />

La recomposition de cet espace à proximité de l'interface ville-port devra se faire en articulant au<br />

mieux les problématiques de dessertes terrestres à la fois fluviales, ferroviaires et routières qui<br />

borderont une partie des quartiers sud, tout en garantissant aux activités portuaires existantes - telles<br />

que les filières agroalimentaires, énergétiques et la croisière - les marges manœuvres de manœuvre<br />

et les espaces nécessaires à leur développement.<br />

Dans ce contexte, la gestion de l'interface entre Ville et le Port sera un facteur majeur du<br />

développement du port qui, après s'être régulièrement étendu loin de la ville, reviendrait dans<br />

l'agglomération, à proximité d'une zone particulièrement stratégique pour le renouvellement urbain :<br />

les Quartiers Sud du Havre.<br />

C’est pourquoi, parallèlement au programme d’investissement économique d’intérêt national que<br />

constitue Port 2000, la Ville du Havre s’est engagée dans une opération importante de régénération<br />

sociale, environnementale et économique durable des Quartiers Sud. Elle a reçu l'appui de l'Union<br />

Européenne au travers du Programme d'Initiative Communautaire URBAN (PIC Urban).<br />

Les quartiers Sud, un territoire d'enjeux majeurs<br />

Les caractéristiques physiques des quartiers Sud<br />

Les Quartiers Sud du Havre se déploient sur la ville<br />

basse, de l’entrée de l’agglomération à l’entrée du<br />

centre-ville. Cette zone urbaine, proche de l’estuaire<br />

de la Seine, couvre 800 ha.<br />

Installé en limite Sud de l’agglomération et en contact<br />

direct des quartiers du centre-ville, ce secteur, dont les<br />

limites Sud et Est s’appuient sur les zones portuaires<br />

et industrielles, est composé de 5 quartiers<br />

principaux : Saint-Nicolas de l’Eure, Brindeau,<br />

Vallée/Béreult, Champs Barets, Les Neiges.<br />

© AURH<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Les Quartiers Sud du Havre dans<br />

l’agglomération<br />

105


106<br />

Les Quartiers Sud<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Dans ces quartiers, résident un peu plus de 17 000 habitants (recensement de 1999), qui côtoient de<br />

l’ordre de 1 500 entreprises employant environ 11 500 salariés privés. Les activités dominantes<br />

(transport, construction mécanique, bâtiment et travaux publics) voisinent avec 7 000 logements dont<br />

3 400 logements sociaux.<br />

Les Quartiers Sud ont une histoire étroitement liée à celle du port du Havre dont l’extension a été<br />

guidée par la croissance de l’activité maritime. Ils sont restés à l’écart du mouvement d’urbanisation et<br />

de développement économique jusqu’à la moitié du 19 ème siècle, quand la création des bassins et des<br />

docks et les premières implantations industrielles ont entraîné le développement de l’habitat jusqu’à<br />

ce qu’un certain équilibre s’installe dès le début du 20 ème siècle.<br />

La "Plaine de l’Eure" s’urbanisa ainsi à partir de 1875 avec, comme caractéristique principale,<br />

l’accompagnement de chaque implantation industrielle par son lot de logements. Ce mode<br />

d’urbanisation, au coup par coup (à l’exception du quartier Saint-Nicolas), sans autre but que de loger<br />

à proximité des usines les populations ouvrières y travaillant, est à l’origine des grandes<br />

caractéristiques des Quartiers Sud :<br />

l’enchevêtrement habitat/activités;<br />

le caractère hétérogène et dispersé du tissu urbain;<br />

le poids très important des grandes propriétés privées;<br />

la prédominance d’une population ouvrière.<br />

Toutefois, après 1918, la fonction résidentielle entame un long déclin, suite à l’éloignement des<br />

activités portuaires et industrielles vers le Sud-Est dans l’entre-deux guerres, puis au développement<br />

du logement collectif sur la partie haute de la ville dans les années 1960/1970 dont les<br />

caractéristiques répondaient mieux aux attentes des populations.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Bassin Vauban et docks, vers 1930 Bassin fluvial, vers 1920<br />

© Collection des musées historiques © Collection des musées historiques<br />

L’apparition des conteneurs dans les années 1970 a constitué une véritable révolution dans le<br />

commerce international, et le transport maritime en particulier, et provoqué l’abandon des ports<br />

historiques : petits bassins et docks, au profit de terre-pleins immenses et de ports profonds capables<br />

d’accueillir des portes conteneurs de plus en plus importants.<br />

Il convient d’ajouter à cela l’effondrement progressif<br />

des métiers et activités traditionnels (dockers et<br />

marins/fonctions portuaires) qui fondaient l’identité<br />

et la cohérence – sociale et urbaine – de ces<br />

quartiers, mais qui se sont quelque peu trouvés en<br />

déshérence depuis une trentaine d’années. La ville<br />

du Havre, a l’instar de toutes les villes portuaires du<br />

monde (New York, Liverpool, Rotterdam,<br />

Barcelone…) s’est retrouvée, au début des années<br />

1980 avec d’immenses friches industrielles et<br />

portuaires à proximité de son centre ville et en<br />

entrée principale de la commune. Ce territoire, jadis<br />

plein<br />

de vie et de dynamisme économique et social, est<br />

devenu un espace désert, dégradé contribuant ainsi à<br />

la stigmatisation des quartiers et de l’ensemble de la<br />

Ville. Tout ceci provoque donc un réel déséquilibre des<br />

fonctions urbaines et activités humaines.<br />

Rue Bellot, 2002 © Ville du Havre<br />

Toutefois, les Quartiers Sud disposent de quelques atouts structurels :<br />

une excellente localisation, à proximité du centre décisionnel de la Ville et de la gare intermodale,<br />

au contact de la zone portuaire, et reliés directement aux principaux axes routiers (autoroutes A131,<br />

A25, route nationale RN15, etc.).<br />

présence de bassins portuaires;<br />

présence d’un patrimoine architectural du 19 ème siècle;<br />

potentialités foncières importantes constituées par des friches industrialo-portuaires.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

107


108<br />

© Ville du Havre<br />

Les principaux enjeux<br />

Les quartiers Sud constituent un territoire d’enjeux majeurs pour :<br />

le développement portuaire :<br />

- proximité du port actif ;<br />

- présence de bords à quais et terre-pleins (port ouest) offrant des<br />

opportunités de développement ;<br />

- excellente desserte multimodale.<br />

Le développement urbain :<br />

- proximité du centre ville, de la gare intermodale et des principaux pôles<br />

d’activités économiques de l’agglomération ;<br />

- présence de l’eau, facteur d’attractivité ;<br />

- présence de propriétés foncières offrant des opportunités de<br />

développement ;<br />

- présence d’équipements structurants : université, salle de spectacle, parc<br />

d’exposition…<br />

le développement économique :<br />

- site à l’interface ville / port;<br />

- un poids central dans l’économie de l’agglomération ;<br />

- un potentiel de croissance confirmé ;<br />

- une excellente desserte multimodale.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Ainsi, le domaine portuaire environnant les quartiers sud abrite plusieurs sites (bassins, terre-pleins,<br />

quais, bâtiments…) délaissés de façon plus ou moins permanente par l'activité portuaire et<br />

industrielle. Ce patrimoine, qui bénéficie d'une position privilégiée au bord de l'eau, constitue une<br />

opportunité exceptionnelle pour l'implantation de fonctions urbaines à forte valeur ajoutée<br />

(équipements d'agglomération, immobilier d'entreprise, résidence, etc.).<br />

Situés à proximité du centre et de l'entrée du Havre, ces espaces d'interface Ville-Port représentent<br />

ainsi un potentiel de premier ordre pour la structuration et l'équipement de la ville et l'attractivité de<br />

l'agglomération.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Dans cette logique, plusieurs opérations d'aménagement ont été réalisées ou sont actuellement<br />

envisagées : salle de spectacle ("Docks Océanes"), Centre d’exposition ("Docks Café"), Centre<br />

commercial de loisirs ("Docks Vauban"), Centre de la mer et du développement durable, Complexe<br />

aquatique, Clinique privée, Siège de la Chambre de commerce et d’industrie, … et le Parc Urbain<br />

Saint Nicolas.<br />

Le pouvoir d’entraînement de ces réalisations, l’effet levier du Pic Urban et la compétence des grands<br />

noms d’architecture et d’urbanisme (J. Nouvel, B. Reichen, B. Fortier, JP. Viguier) présagent le<br />

succès du projet urbain concourant ainsi au positionnement du Havre comme « la métropole maritime<br />

internationale de l’estuaire de la Seine ».<br />

Les principaux objectifs<br />

© Ville du Havre<br />

La stratégie de développement des Quartiers Sud s’organise autour des trois objectifs suivants :<br />

Conforter leur positionnement à l’échelle de l’agglomération :<br />

en leur donnant un rôle moteur dans le développement de la région havraise, par la constitution<br />

d’une offre de produits innovants et exemplaires, au moyen d’investissements publics et privés<br />

dans les équipements intéressants l’ensemble de l’agglomération (centre de la mer et du<br />

développement durable, complexe aquatique, centre commercial de loisirs, clinique privée,<br />

caserne des pompiers, …), dans la lignée de ceux récemment réalisés (Docks Café, Docks<br />

Océane, équipements universitaires) ;<br />

en améliorant le cadre de vie à partir d’une offre urbaine attractive (en exploitant notamment les<br />

éléments des patrimoines urbain et portuaire remarquables) pour que la qualité urbaine constitue<br />

un véritable « ciment social » réconciliant l’habitant avec son environnement et permette d’engager<br />

une nouvelle croissance en attirant de nouveaux investisseurs ;<br />

en développant une politique innovante de lutte contre la dégradation de l’environnement<br />

économique et urbain.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

109


110<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Assurer la coexistence de la fonction résidentielle et de la vocation économique :<br />

en organisant l’aménagement et le développement des Quartiers Sud dans le cadre d’une<br />

approche intégrée, destinée à retrouver les compatibilités entre les vocations et activités humaines<br />

et économiques, et à favoriser les synergies et les mixités ;<br />

en développant une stratégie foncière forte pour accompagner ou anticiper les mutations foncières;<br />

en favorisant l’accueil de nouvelles entreprises porteuses de valeur ajoutée ;<br />

en mettant en œuvre une politique ambitieuse d’amélioration de l’habitat existant ;<br />

en réorganisant le plan de déplacements et en améliorant les conditions de circulation.<br />

Améliorer le fonctionnement social :<br />

en favorisant la vie associative ;<br />

en développant l’offre d’équipements de proximité et les pratiques culturelles et de loisirs et en<br />

restaurant dans les quartiers les conditions de base d’une vie sociale ;<br />

en remettant les habitants en voie de marginalisation et en très grande difficulté dans un processus<br />

de réinsertion sociale et économique en favorisant, par des actions ciblées, le retour ou l’accès à<br />

l’emploi et la formation ;<br />

en optimisant les politiques sociales en faveur des plus démunis.<br />

Les orientations stratégiques en matière d'aménagement<br />

Le Master plan<br />

La Ville du Havre a confié à l’Agence d’Urbanisme de la Région Havraise (AURH) l’élaboration d’un<br />

« Master plan » devant définir les grandes orientations stratégiques pour le développement de ce<br />

territoire à horizon 2020. Cette mission, conduite de 2002 à 2006, sous l’égide d’un comité de pilotage<br />

composé de 4 acteurs majeurs (la Ville, le Port Autonome, la Communauté d’agglomération, et la<br />

Chambre de Commerce et d’Industrie) a abouti à un projet partagé pour le développement durable<br />

des quartiers sud.<br />

Le « Master plan » n’est pas uniforme dans ses contenus, le degré d’appréciation de l’avenir des<br />

sous-ensembles des Quartiers Sud étant à mettre en rapport avec leurs rôles et leurs réalités dans ce<br />

vaste territoire composite. Il s’agit d’un outil évolutif dont la finalité est de permettre aux acteurs<br />

d’effectuer des choix et des priorités de mise en œuvre.<br />

Le « Master plan » est donc un projet de projets qui détermine des secteurs d’intervention, d’échelles<br />

et d’envergures variables dans le temps. Il a pour objectif de définir une cohérence générale entre les<br />

différents projets. C’est la dynamique entretenue entre ces projets qui fabriquera, au fil des années la<br />

crédibilité du réinvestissement des Quartiers Sud.<br />

Ainsi, le principe d’action passe par la mise en place d’une stratégie opérationnelle qui consiste à<br />

révéler et à s’appuyer sur des sites d’enjeux à partir desquels des effets de diffusion et de synergie<br />

sont attendus pour accompagner le processus de réinterprétation urbaine. La construction du projet<br />

intègre :<br />

les constantes incontournables que sont la présence de l’eau à travers les bassins, les bords à<br />

quai et les canaux ;<br />

les projets d’intérêt local ou d’intérêt supracommunal.<br />

Les Quartiers sud sont, pour l’ensemble du partenariat, un territoire d’enjeux d’agglomération où deux<br />

problématiques incontournables sont à prendre en compte :<br />

le développement urbain fondé sur la mixité fonctionnelle ;<br />

l’accueil d’activités économiques, à pérenniser et à redynamiser.<br />

Trois périmètres ont été définis, dont les deux premiers sont jugés prioritaires :<br />

un périmètre dans lequel l’objectif est de développer des fonctions urbaines mixtes : logement,<br />

tertiaire et tertiaire supérieur ;<br />

un périmètre orienté vers l’accueil et le développement de fonctions économiques à valeur<br />

ajoutée ;<br />

un périmètre faisant encore l’objet d’interrogations quant aux orientations d’avenir à y promouvoir.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Une telle démarche permet d’associer, dans une vision d’ensemble et partagée à long terme, un<br />

périmètre d’action et un périmètre de réflexion sans que les décisions prises sur l’un des périmètres<br />

n’obèrent l’avenir de l’autre.<br />

Développement de<br />

fonctions urbaines mixtes<br />

Sites et projets majeurs © AURH<br />

Développement de fonctions<br />

économiques à valeur ajoutée<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

111<br />

Des perspectives de<br />

développement à long terme à<br />

définir


112<br />

Le projet opérationnel<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Les Quartiers Sud constituent le cœur de la vie économique de l’agglomération (9% des emplois du<br />

bassin d’emploi). C’est pourquoi la Ville s’est dotée d’un projet urbain fort pour revitaliser ce territoire<br />

et dynamiser l’économie de toute une région.<br />

Le projet urbain s’appuie sur l’histoire, les formes urbaines, et l’identité des quartiers.<br />

Ce projet ambitieux à long terme (<strong>LE</strong> HAVRE 2020) est d’ores et déjà opérationnel à travers une<br />

première phase conduite avec succès par la Ville et ses partenaires publics et privés.<br />

Cette première phase met en application les orientations stratégiques en matière d’aménagement,<br />

arrêtées par le comité de pilotage du « master plan » :<br />

Constituer l’hypercentre en améliorant l’attractivité ;<br />

Constituer des centralités secondaires en confortant les identités ;<br />

Améliorer le cadre de vie en apaisant les déplacements et les conflits d’usage.<br />

Création d’un centre ville élargi (« l’hypercentre ») :<br />

Le quartier Saint Nicolas, situé à l’extrême Ouest des Quartiers Sud, devra permettre l’expansion du<br />

centre ville en accueillant des équipements structurants d’intérêt d’agglomération : centre commercial<br />

de loisirs, complexe aquatique, centre de la mer et du développement durable, parc urbain, clinique …<br />

Son désenclavement par le franchissement du bassin Vatine prolonge le centre ville, inscrit au<br />

patrimoine mondial de l’humanité, tout en répondant aux besoins de l’agglomération en termes<br />

d’équipements structurants.<br />

Création de centralités secondaires (« cœur de quartier ») :<br />

Compte tenu de l’étendue de ce territoire (800 hectares) et des spécificités morphologiques et<br />

historiques de chacun des sous quartiers, la création de cœurs de quartiers permet d’améliorer le<br />

fonctionnement social et la lisibilité urbaine.<br />

Chaque centralité s’appuie sur :<br />

la création d’un équipement public de proximité : médiathèque à Brindeau, Pôle de vie sociale à<br />

Vallée Béreult ;<br />

la requalification du cadre de vie : rénovation des espaces publics, ravalement des façades et<br />

densification résidentielle.<br />

A travers la qualité de cette première phase, la ville a démontré sa volonté de valoriser ces territoires<br />

à travers de nouvelles fonctions capables de générer une dynamique territoriale et un effet<br />

d'entraînement pour la commune et l'agglomération.<br />

L'enjeu consiste aujourd'hui à continuer ce projet ambitieux de reconquête urbaine de 800 hectares<br />

d'interface ville/port tout en réunissant les conditions d'un développement durable et harmonieux des<br />

fonctions économiques, notamment portuaires.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

AVANT / APRES<br />

Rue Bellot© Ville du Havre<br />

Quai de la Saône© Ville du Havre<br />

Quai de la Saône© Ville du Havre<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

113


114<br />

Source:<br />

AVANT / APRES<br />

Vue d’ensemble du quartier de l’Eure © Ville du Havre<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

PCP Project - Newsletter N°7, mai 2007 - Rédigée par Ouahid Dorbane, Délégué Général au Développement des<br />

Quartiers Sud, Ville du Havre<br />

Avec la collaboration de : Cyril Chédot, Chargé de Mission Développement local, Port Autonome du Havre, et<br />

Denis Davoult, Association Internationale Villes et Ports<br />

Informations complémentaires:<br />

Ville du Havre, Grands projets:<br />

http://www.ville-lehavre.fr/delia-CMS/grands_projets/index/article_id-/topic_id-439/accueil.html<br />

Port du Havre<br />

http://www.havre-port.net/pahweb.html


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Synthèse des travaux : recommandations et bonnes pratiques<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

115<br />

Association Internationale Villes et Ports<br />

Les stratégies de redéveloppement des espaces de liaison ville-port auront été au coeur des réunions<br />

de travail organisées durant 18 mois chez les partenaires de ce projet européen. Les débats auxquels<br />

elles ont donné lieu et les visites techniques sur site qui étaient à chaque fois organisées auront<br />

permis aux partenaires de prendre plus encore toute la mesure des enjeux, contraintes et défis à<br />

relever pour parvenir à une mixité durable sur ces espaces ville-port. Le séminaire international<br />

organisé au Havre fin mai 2007 fut également l'occasion d'enrichir cet échange d'expériences par les<br />

contributions d'autres villes portuaires européennes. De ce travail d'échange et d'enrichissement<br />

commun, peuvent être dégagées différentes constantes qui sonnent comme autant de<br />

recommandations.<br />

Intégrer les espaces<br />

OBJECTIF 1 : RESPECTER <strong>LE</strong>S ACCES AUX ESPACES <strong>PORT</strong>UAIRES<br />

Recommandation 1. Redéfinir les plans de déplacement urbain<br />

et portuaire<br />

Les besoins d'accès au port nécessitent une réflexion en amont des<br />

projets de redéveloppement ville-port sur les plans de déplacement<br />

urbain et portuaire. Cette réflexion portera simultanément sur les flux<br />

de personnes et de marchandises et concernera tous les modes de<br />

transport.<br />

Recommandation 2. Evaluer les incompatibilités et prévenir les<br />

aménagements irréversibles<br />

Des implantations de logements ou des comblements de bassins<br />

peuvent constituer des stratégies irréversibles obérant pour le futur<br />

la totalité ou une partie des activités portuaires existantes. Pour<br />

éviter ce type d'écueil, un inventaire des emprises portuaires, des<br />

dessertes existantes et leurs évolutions potentielles au regard de<br />

scénarii de développement du port posera les différentes options de<br />

(re)développement urbain et portuaire. Il mesurera en particulier les<br />

compatibilités - et tout autant les incompatibilités - entre emprises et<br />

dessertes portuaires d'une part, et projet d'aménagement urbain<br />

d'autre part.<br />

Recommandation 3. Faire des nouvelles dessertes une<br />

opportunité pour se doter de nouveaux espaces<br />

L'établissement d'un nouveau schéma de dessertes constituera à la<br />

fois un outil pour améliorer la compétitivité du port et pour réduire<br />

l'impact généré par ses activités. De façon concomitante, la création<br />

de nouveaux accès sera également un moyen pour libérer des<br />

espaces pour des développements urbains ou portuaires.<br />

A Gdansk, sur le secteur du Przemyslowe<br />

Quay ("inner port"), la création d'une<br />

nouvelle desserte donnera accès à 120 ha<br />

de terrains supplémentaires pour des<br />

activités portuaires (Cf. p. 53).<br />

A l'inverse à Valparaiso la création d'une<br />

zone d'activités logistiques à l'extérieur de la<br />

ville et d'une desserte dédiée au trafic<br />

portuaire a permis de libérer en front de mer<br />

des terrains pour du redéveloppement<br />

urbain et commercial.


116<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

OBJECTIF 2 : SOIGNER L'ACCESSIBILITE DES SITES D'INTERFACE <strong>VIL<strong>LE</strong></strong>-<strong>PORT</strong><br />

Recommandation 4. S'appuyer sur la trame existante et la<br />

compléter<br />

La prolongation de la trame des dessertes existantes (routière,<br />

ferroviaire) vers le territoire ville-port en développement est un<br />

moyen d'intégrer ces sites à la structure urbaine. Elle devra être<br />

complétée le plus souvent par la réalisation de nouvelles connexions<br />

pour contribuer au désenclavement physique du site : accès<br />

piétons, vélos, tramway, bus, etc. En cas de présence<br />

d'infrastructures "barrière" (voies ferrées, routes importantes, etc),<br />

ces nouvelles connexions seront d'autant plus importantes. Elles<br />

prendront la forme de ponts, passerelles, tunnels, voies de<br />

contournement…<br />

Recommandation 5. Etre attentif aux liaisons vers les terminaux<br />

passagers<br />

Les terminaux passagers peuvent être des constructions totalement<br />

nouvelles ou être aménagés dans des bâtiments portuaires<br />

réaffectés. Mais entre deux sites d'implantation possibles sur le plan<br />

nautique, priorité sera donnée à celui offrant les meilleurs accès au<br />

centre ville : distance, cheminement piétons sécurisé, aménagement<br />

paysagé, etc. La qualité des liaisons entre les terminaux passagers<br />

et la ville sera essentielle pour la valorisation touristique et la<br />

création de valeur ajoutée.<br />

Intégrer la dimension urbaine<br />

OBJECTIF 1 : TRAITER <strong>LE</strong> <strong>PORT</strong> COMME UN ESPACE URBAIN<br />

Recommandation 6. Jouer la carte de la qualité architecturale<br />

La recherche d'une architecture de qualité pour des bâtiments<br />

portuaires nouveaux ou réutilisés sera préférée à une simple<br />

architecture utilitaire et uniquement fonctionnelle. Cette recherche<br />

prendra en compte les bâtiments urbains existants en vis-à-vis.<br />

Cette approche globale contribuera à une intégration optimisée.<br />

Recommandation 7. Soigner le traitement des éléments de<br />

séparation<br />

Au même titre que pour le mobilier urbain, un traitement<br />

architectural sera porté au "mobilier portuaire" tel que les barrières<br />

qui, pour des raisons de sécurité, limitent les accès à certaines<br />

zones portuaires. Aux murs ou grilles de protection assurant une<br />

stricte fonction de séparation et de sécurisation, seront substituées<br />

des solutions combinant fonctionnalité, qualité du design, intégration<br />

dans le paysage, transparence, etc.<br />

OBJECTIF 2 : RENDRE <strong>LE</strong> <strong>PORT</strong> VISIB<strong>LE</strong><br />

Recommandation 8. Combiner réduction des nuisances<br />

potentielles du port et ouverture visuelle sur l'eau et le port<br />

La hauteur, la volumétrie et l'orientation des bâtiments, les parcs<br />

urbains et les espaces publics ouverts... sont autant d'éléments sur<br />

lesquels intervenir pour optimiser l'intégration des sites d'interface<br />

ville-port avec le contexte urbain immédiat et les espaces portuaires<br />

et naturels existants. La solution optimum combinera minoration des<br />

nuisances potentielles liées aux activités portuaires avec une<br />

ouverture visuelle sur les bassins, sur le patrimoine portuaire<br />

réutilisé, mais aussi sur les activités du port.<br />

A Bremerhaven, une route à 4 voies sépare<br />

le centre-ville du site en redéveloppement<br />

"Havenwelten" (Alter/Neuer Hafen). En<br />

complément du réaménagement des<br />

franchissements piéton déjà existants, la<br />

création d'une passerelle en verre a été<br />

décidée.<br />

A Paris, le port impose une architecture de<br />

qualité pour tous les entrepôts logistiques.<br />

Au Havre, sur l'une des franges des<br />

Quartiers Sud, des logements sont<br />

programmés en vis-à-vis d'activités de<br />

réparation navale. Un soin particulier a été<br />

apporté à la zone limitant ces 2 espaces :<br />

aux grilles ou murs de séparation classiques<br />

ont été préférés un traitement paysager et<br />

l'implantation d'une grille au design soigné,<br />

adoucissant visuellement cette fonction de<br />

barrière, et offrant par transparence une vue<br />

sur les activités de réparation.<br />

A Paris, l'implantation d'une centrale à béton<br />

sur les quais a été organisée en fonction de<br />

la trame urbaine afin de ne pas faire<br />

obstacle à des débouchés visuels sur la<br />

Seine.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

OBJECTIF 3 : EXPLOITER TOUT <strong>LE</strong> POTENTIEL DE L'EAU<br />

Recommandation 9. Faire de la voie d'eau un outil de transition<br />

douce<br />

Les plans d'eau portuaires et les terre-pleins adjacents ne<br />

conviennent pas que pour le trafic océanique ou côtier. Là où des<br />

voies navigables de qualité relient le port à son arrière-pays, la<br />

navigation intérieure est un mode de transport à privilégier dans une<br />

optique de développement durable. Les installations destinées au<br />

traitement de ces trafics, actuels et futurs, peuvent notamment<br />

correspondre à d'anciens terminaux maritimes déclassés. Ces<br />

installations fluviales (commerciales ou de stationnement entre deux<br />

voyages) sont propices à l'organisation d'un decrescendo entre le<br />

port actif et la ville.<br />

Recommandation 10. Partager l'usage de l'eau<br />

La présence de l'eau et des bassins caractérise à elle seule<br />

l'interface ville port. Sa valorisation est essentielle. Plusieurs options<br />

sont possibles :<br />

- lorsque la topographie est adaptée, la réalisation de "waterways<br />

corridors" permettra de préserver des corridors spécifiques pour<br />

les usages portuaires, tout en offrant le reste des surfaces d'eau<br />

à des usages plus urbains.<br />

- des outils de planification existent également pour envisager des<br />

stratégies de temps partagé de l'eau et des bassins. Ils<br />

reposeront sur un inventaire préalable des infrastructures<br />

portuaires et des équipements urbains existants, de leurs<br />

fonctions, et des usages qui sont faits de l'eau tout au long de la<br />

journée. L'évolution de ces infrastructures et de ces activités<br />

(maintien, renforcement, transformation) pourra alors être<br />

intégrée dans une stratégie d'ensemble du site.<br />

Recommandation 11. Favoriser les déplacements de la<br />

population par voie d'eau<br />

Dans certaines villes portuaires, la géographie des lieux rend<br />

particulièrement pertinent le transport des personnes par voie d'eau<br />

communément appelés "Blue transport" : water-taxi, navettes<br />

fluviales, etc. A l'amélioration de l'accessibilité des sites ville port, ils<br />

apporteront une double contribution :<br />

- environnementale par la réduction du transport terrestre ;<br />

- identitaire par le renforcement de l'atmosphère maritime des<br />

lieux.<br />

Recommandation 12. Déplacer la ville vers le port… sur l'eau<br />

Les équipements urbains sur l'eau (restaurant flottant, cinéma<br />

flottant, housing boat, etc.) sont le plus souvent devenus fixes. Dans<br />

de nombreux cas, ils sont implantés dans des sites reconvertis<br />

majoritairement vers des fonctions plus urbaines. Ils sont dès lors<br />

davantage une simple référence à l'atmosphère maritime des lieux.<br />

En multipliant les points d'amarrage possibles dans le port et en leur<br />

rendant leur caractère de mobilité, ils deviendront une véritable<br />

ouverture de la ville sur son port.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

117<br />

A Anvers, un "waterplan" a été élaboré pour<br />

le secteur d'Elandje et a été intégré au<br />

masterplan conçu pour l'ensemble du site.<br />

A Melbourne, un inventaire des différents<br />

usages de l'eau (activités portuaires,<br />

récréatives, sportives, etc.) et des<br />

équipements qui leur sont liés a été réalisé.<br />

Cet inventaire a permis une modélisation de<br />

ces différents usages dans le temps (qui,<br />

pour quelles activités et à quel moment ?) et<br />

dans l'espace (où, avec quelles emprises ?).<br />

Cette modélisation a permis d'initier une<br />

nouvelle stratégie d'usage des bassins<br />

fondée sur un partage du temps entre les<br />

différentes activités et sur une répartition<br />

des espaces affectés à telle ou telle activité.<br />

Cela a conduit également à une<br />

relocalisation de certaines de ces activités.<br />

A Amsterdam, au départ du site du NDSM<br />

wharf où est implantée une résidence<br />

universitaire, des navettes fluviales relient<br />

directement le centre-ville.<br />

A Copenhague, une scène ouverte flottante<br />

(théâtre, musique) a été réalisée. Six<br />

emplacements différents dans le port ont été<br />

aménagés pour l'accueillir y compris à<br />

proximité d'espaces portuaires plus<br />

contraints.


118<br />

3. Intégrer les fonctions<br />

OBJECTIF 1 : ORGANISER ET TIRER PROFIT DE <strong>LA</strong> MIXITE<br />

Recommandation 13. Utiliser toutes les solutions techniques et<br />

rechercher l'innovation<br />

De multiples solutions techniques (traitements du bâti, des lumières,<br />

des outils portuaires, des revêtements, etc.) existent désormais pour<br />

réduire les nuisances et rendre possible le contact entre activités<br />

portuaires lourdes et activités urbaines. La recherche et l'innovation<br />

en ce domaine seront soutenues afin de mettre en place des<br />

mesures toujours plus efficaces.<br />

Recommandation 14. Structurer des clusters maritimes, atouts<br />

de la complémentarité ville-port<br />

La mise en place de cluster maritime reposera sur un recensement<br />

préalable des différentes domaines d'activités et des acteurs publics<br />

et privés présents sur le site concerné par le redéveloppement. Ce<br />

recensement aboutira à identifier les intérêts économiques et<br />

sociaux communs à toutes les parties prenantes. En s'appuyant ou<br />

non sur une structure spécifique (groupe de travail informel,<br />

association d'usagers, communautés d'acteurs, etc), ces parties<br />

veilleront à conjuguer leurs actions dans les domaines de la<br />

recherche développement, de la communication, de la prospection<br />

internationale, etc. Institutions, collectivités, ports et entreprises<br />

engageront alors une véritable mixité gagnant gagnant apte à attirer<br />

sur le site de nouveaux partenaires.<br />

Recommandation 15. Privilégier des terminaux passagers<br />

mixtes, associant fonctions urbaines et portuaires<br />

En complément de la fonction portuaire d'accueil des voyageurs,<br />

l'aménagement d'un terminal passagers peut être l'opportunité pour<br />

la ville portuaire de développer des fonctions complémentaires plus<br />

urbaines. Cela pourra prendre deux formes :<br />

- une mixité horizontale qui reposera sur une juxtaposition<br />

d'équipements ;<br />

- une mixité verticale qui associera au sein d'un même bâtiment<br />

une activité portuaire à un niveau donné, et des fonctions<br />

urbaines sur d'autres niveaux. Cette solution, encore peu<br />

fréquente, offrira également l'avantage d'être moins gourmande<br />

en espace.<br />

Dans les deux cas, la mixité des fonctions urbaines et portuaires<br />

constituera un atout supplémentaire pour le site. Elle renforcera à la<br />

fois son identité et son attractivité.<br />

Cette juxtaposition ou cette imbrication d'usages urbains et<br />

portuaires permettra de lisser dans le temps les occupations du<br />

territoire et de répondre au caractère saisonnier des activités<br />

croisières en maintenant une activité permanente sur le site. Les<br />

contraintes liées à la sécurité devront être soigneusement évaluées<br />

pour, si nécessaire, faire évoluer ces équipements dans leur<br />

composante portuaire, ou dans leur composante urbaine.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

A Amsterdam, des murs aveugles ont été<br />

réalisés en arrière de bâtiments urbains<br />

implantés en zone portuaire.<br />

A Bremerhaven, des mesures<br />

compensatoires et des interventions sur le<br />

bâti existant ont permis de sauvegarder le<br />

village de Weddewarden, à proximité<br />

immédiate des nouveaux terminaux<br />

conteneurs. (Cf. p.63).<br />

A Anvers, l'enveloppement des navires en<br />

réparation autorise le maintien de cette<br />

activité au coeur d'une zone urbaine.<br />

A Bremerhaven, le projet "Fishing Port"<br />

propose une mixité d'activités portuaires<br />

(industrie de la pêche en particulier), de<br />

petites entreprises liées au port,<br />

d'établissements de formation et de<br />

recherche. Le programme sur le "Fishing<br />

Port" a conduit également à l'implantation<br />

d'équipements culturels et de fonctions<br />

touristiques : hôtellerie, restaurant,<br />

commerces, départ des visites du port<br />

(Cf. p. 69-70).<br />

Mixité horizontale : A Amsterdam, le terminal<br />

passagers est associé sur un même secteur<br />

avec des commerces, un espace de congrès,<br />

un hôtel, un espace culturel dédié à la<br />

musique (Cf. p. 27 ; 85)<br />

Mixité verticale : A Marseille, le projet des<br />

"Terrasses du Port" (Cf. p. 31) prévoit :<br />

au niveau du sol une gare maritime<br />

passagers ;<br />

aux niveaux supérieurs, des commerces<br />

complémentaires de l'offre commerciale<br />

du centre-ville proche ;<br />

en terrasse, une promenade avec vue sur le<br />

port.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

OBJECTIF 2 : JOUER SUR <strong>LA</strong> F<strong>LE</strong>XIBILITE ET NE PAS FIGER <strong>LE</strong>S ESPACES<br />

Recommandation 16. Faire des usages temporaires un outil de<br />

gestion du foncier<br />

Les sites d'interface ville-port sont des territoires riches de<br />

potentiels. Ils sont le plus souvent très convoités et doivent faire<br />

face à des pressions économiques fortes. Plutôt que vendre ou<br />

concéder certains espaces ou bâtiments en attente d'affectation,<br />

leur occupation temporaire permettra de répondre à certains<br />

besoins fonctionnels temporaires de la ville et du port. Les<br />

partenaires se donneront ainsi de la flexibilité pour anticiper sur les<br />

cycles de développement urbain et portuaire et ne pas obérer les<br />

évolutions futures par des aménagements irréversibles figeant les<br />

sites.<br />

Recommandation 17. Adapter l'usage urbain aux contraintes<br />

liées aux activités du port<br />

Le recours à des usages temporaires sur un site d'interface ville<br />

port sera souvent une solution d'attente et de transition pour<br />

satisfaire aux contraintes légales liées aux activités portuaires :<br />

risque, bruit, poussière, trafic…<br />

Ces usages temporaires, qui marqueront une étape intermédiaire<br />

du projet, se traduiront par :<br />

- l'implantation d'équipements urbains temporaires "légers" de<br />

type unités modulaires, constructions préfabriquées<br />

démontables, etc.<br />

- la construction de bâtiments évolutifs affectés dans un premier<br />

temps à un usage donné - bureaux par exemple - mais conçus<br />

pour pouvoir glisser aisément par la suite vers un autre usage –<br />

résidentiel par exemple. Ce glissement s'opérera en raison des<br />

nouveaux besoins fonctionnels des partenaires, de l'évolution de<br />

la législation, de changements dans l'activité portuaire voisine,<br />

voire de sa relocalisation, etc.<br />

Recommandation 18. Initier les développements des sites<br />

d'interface par l'usage temporaire<br />

Les usages temporaires pourront jouer un rôle de catalyseur en<br />

initiant une opération d'aménagement. Avant même que les<br />

aménagements définitifs soient réalisés, ils entraîneront une<br />

fréquentation des sites d'interface ville port concernés et leur<br />

réappropriation par leurs futurs occupants ou par la population.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

119<br />

A Gdansk, sur le secteur appelé à<br />

devenir le "new city district,"sont<br />

programmés des bureaux, des petites<br />

entreprises et le maintien d'activités de<br />

construction navale. Les logements et les<br />

équipements vulnérables tels les<br />

hôpitaux sont dans un premier temps<br />

exclus, ainsi que les activités<br />

industrielles (Cf. p. 56).<br />

A Amsterdam sur les secteurs de<br />

Houthaven et du NDSM Wharf, la<br />

réalisation de logements étudiants dans<br />

des modules de type conteneurs donne<br />

une identité portuaire forte à ces<br />

aménagements tout en signant leur<br />

caractère mobile et provisoire (Cf. p. 88).<br />

A Amsterdam également, la résidence<br />

étudiante réalisée dans un ancien bateau<br />

de croisière relève de la même<br />

démarche. On y retrouve en fait les<br />

mêmes éléments : le caractère<br />

temporaire de l'occupation du site par<br />

une population elle-même temporaire<br />

puisque se renouvelant régulièrement, et<br />

la référence explicite à la symbolique<br />

portuaire avec cette fois un navire.<br />

A Amsterdam toujours, des bâtiments<br />

évolutifs sont aujourd'hui implantés à<br />

proximité d'activités portuaires et<br />

accueillent des bureaux. Le site pourrait<br />

à terme devenir à dominante urbaine, ils<br />

pourraient évoluer alors vers du<br />

logement, mais pourraient tout aussi bien<br />

conserver leur vocation de bureaux si la<br />

nécessité de renforcer les activités<br />

portuaires devenait une priorité partagée.<br />

A Riga, pour amener la population sur le<br />

site d'Andrejsala, les acteurs ont misé<br />

sur l'implantation d'équipements culturels<br />

temporaires, et la réaffectation provisoire<br />

ou définitive de bâtiments portuaires pour<br />

des activités culturelles (Cf. p. 77-78).<br />

A Amsterdam des petites entreprises du<br />

secteur de l'industrie de la création<br />

occupent d'anciens ateliers portuaires qui<br />

ne sont pas encore reconvertis et sont<br />

situés dans un périmètre ne permettant<br />

pas l'implantation d'équipements urbains<br />

sensibles.


120<br />

Intégrer l'environnement<br />

OBJECTIF 1 : MINORER <strong>LE</strong>S IMPACTS RECIPROQUES<br />

Recommandation 19. Engager une démarche<br />

environnementale pro-active<br />

Les contraintes imposées par les législations nationales et supranationales<br />

sur l'environnement sont également l'occasion d'agir<br />

plutôt que de subir en engageant des stratégies<br />

environnementales dynamiques et anticipatrices. Celles-ci<br />

conduiront vers deux types de démarches complémentaires :<br />

- travailler en amont avec toutes les entreprises présentes sur<br />

le secteur industrialo-portuaire. Ce travail débutera dès les<br />

toutes premières phases de projets visant au maintien, à<br />

l'extension ou à l'implantation d'activités industrielles et<br />

portuaires. Il visera à étudier toutes les opportunités légales et<br />

toutes les solutions qui se présentent aux entreprises pour<br />

satisfaire à cette législation environnementale. Les impacts<br />

financiers seront évalués.<br />

- réaliser un inventaire et un diagnostic des impacts<br />

environnementaux des ports, en particulier sur les zones<br />

d'interface ville-port. Ce travail constituera une étape<br />

préliminaire de la mise en place des mesures et des outils de<br />

suivi et de management environnemental de l'interface villeport.<br />

Recommandation 20. Travailler sur les zones "tampon" et de<br />

transition<br />

Compte tenu des contraintes environnementales, la mise en place<br />

de zones "tampon" entre le front urbain existant ou futur et<br />

l'activité portuaire facilitera la cohabitation ville port. Différentes<br />

solutions s'offrent aux partenaires :<br />

- des zones "tampon" urbaines accueillant des équipements<br />

compatibles avec l'activité portuaire : bureaux, petites<br />

entreprises, équipements culturels, …<br />

- des zones "tampon" portuaires accueillant des équipements<br />

portuaires de moindre impact : petite logistique, trafics fluviaux<br />

en lien avec l'économie urbaine, base des activités de services<br />

au navire, "parking" fluvial, …<br />

- des zones tampon "vertes" issues soit de la préservation de<br />

zones à dominante rurale, soit de la création d'espaces verts.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

A Delfzijl, l'étroite proximité entre activités<br />

portuaires, industrielles et le centre-ville<br />

rend la situation particulièrement complexe<br />

et contraignante. Le travail mené avec<br />

toutes les entreprises concernées relève<br />

d'une part d'une stratégie d'information sur<br />

les impacts environnementaux et les<br />

différentes contraintes légales (telles que<br />

celles du noise zoning). Mais il s'agit<br />

ensuite, et surtout, d'étudier et décliner<br />

avec ces entreprises toutes les solutions, y<br />

compris l'abandon des projets et/ou la<br />

relocalisation des activités (Cf. séminaire<br />

final du projet PCP, mai 2007).<br />

C'est notamment avec ces objectifs qu'a<br />

été développé le projet européen "Sympic"<br />

dont le leader est le port de Valence (Projet<br />

présenté lors du séminaire final du projet<br />

PCP, mai 2007. Voir aussi :<br />

http://www.simpyc.info/fr/).<br />

Parmi les projets urbains dans les quartiers<br />

Sud du Havre, un secteur est situé<br />

directement en vis-à-vis d'un site<br />

d'entreposage de conteneurs. Sur ce "quai<br />

de Gironde" le choix d'implantation de<br />

bureaux, petites entreprises, pourrait être<br />

une solution de compatibilité.<br />

A Amsterdam, la zone de Vlothavenpier<br />

pourrait accueillir un terminal à bois et des<br />

bureaux liés à cette activité. Des activités<br />

de loisirs pourraient également être<br />

présentes. Cette possibilité est différée en<br />

raison de zoning restreignant les activités<br />

commerciales sur le secteur.<br />

A Gdansk, une zone verte existante entre<br />

le nouveau terminal conteneurs, le<br />

Pomeranian Logistic Center, et la zone<br />

d'habitat de Stogi District sera ainsi<br />

réutilisée pour assurer ce rôle.<br />

Au Havre, le "jardin fluvial" aménagé dans<br />

les Quartiers Sud du Havre assure une<br />

transition avec des activités de réparation<br />

navale sur le côté Ouest et, au Sud, avec<br />

des entrepôts frigorifiques situés en vis-àvis.<br />

Il offre des vues sur un port actif tout en<br />

servant de zones "tampon" établissant la<br />

distance physique nécessaire à la<br />

cohabitation entre activités portuaires et<br />

urbaines. Le traitement paysager qui lui a<br />

été appliqué s'appuie de plus sur la<br />

référence à la mémoire industrielle et<br />

portuaire des lieux (maintien d'une partie<br />

des rails, utilisation de pavés...),<br />

contribuant ainsi à son identité et son<br />

attractivité.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

OBJECTIF 2 : COMMUNIQUER ET <strong>FAIRE</strong> ACCEPTER CERTAINES NUISANCES<br />

Recommandation 21. Porter à la connaissante de toutes les<br />

parties prenantes la stratégie environnementale du port<br />

L'acceptabilité des nuisances du port passe par une stratégie de<br />

communication ambitieuse. Pour être complète, celle-ci portera :<br />

- sur les solutions techniques de réduction des nuisances ;<br />

- sur les mesures de compensation que le port met en œuvre ;<br />

- sur les avantages environnementaux du transport maritime et<br />

fluvial,<br />

- sur l'impact économique du port en termes de création de<br />

richesse et d'emploi.<br />

Le port pourra alors se prévaloir d'une contribution positive au<br />

développement durable de l'ensemble de la ville portuaire et à la<br />

qualité de vie de ses habitants.<br />

Recommandation 22. Contractualiser l'acceptation de<br />

certaines nuisances<br />

Par ailleurs, sur les espaces d'interface ville port, les villes<br />

engagées dans une stratégie marketing volontariste vendant du<br />

bureau ou du logement "avec vue sur port" veilleront à faire<br />

inscrire la présence du port actif dans les documents de vente ou<br />

location. L'objectif sera de minorer le nombre de recours ultérieurs<br />

et de garantir au port la pérennité de ses activités.<br />

Intégrer les sociétés<br />

OBJECTIF 1 : PREPARER <strong>LE</strong>S METIERS DE DEMAIN<br />

Recommandation 23. Adapter les filières de formation<br />

En collaboration active avec les acteurs de la recherche et de la<br />

formation, les ports et les industries portuaires contribueront à<br />

mettre en place des filières spécifiques de formation. Le contenu<br />

des programmes en sera régulièrement ajusté afin de répondre au<br />

mieux aux besoins d'une économie portuaire en constante<br />

évolution. Ces filières seront tout aussi bien des filières courtes ou<br />

longues afin de satisfaire les métiers techniques comme ceux de<br />

services.<br />

OBJECTIF 2 : INTEGRER <strong>LE</strong> <strong>PORT</strong> A <strong>LA</strong> VIE DE <strong>LA</strong> CITE<br />

Recommandation 24. Faire de la symbolique portuaire et du<br />

traitement paysager un outil d'appropriation des sites par la<br />

population<br />

Les espaces d'interface ville port sont souvent riches sur le plan<br />

de l'histoire sociale de la ville portuaire. Leur présence est forte<br />

dans l'imaginaire des populations. A cet égard, les projets<br />

d'aménagement seront conduits en recherchant le plus en amont<br />

possible le soutien des populations par :<br />

- une réutilisation architecturale de la symbolique portuaire (rails,<br />

grues, conteneur, etc.) et une valorisation du patrimoine<br />

portuaire reconverti.<br />

- un traitement paysager de la frontière ville port et la création de<br />

parc(s) urbain(s) le long de cette frontière pour augmenter dès<br />

le début du projet la fréquentation du site et redonner une<br />

image positive à des espaces qui ont pu connaître une longue<br />

période de friche.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

121<br />

C'est dans ce type de démarche que se<br />

sont engagées par exemple Newcastle<br />

(Australie) ou encore Hambourg<br />

(Allemagne).<br />

Au Havre, les plus récents enjeux liés à la<br />

sécurité des ports et de la chaîne logistique<br />

ont donné lieu en 2007 à la mise en place<br />

d'un nouveau Mastère, en complément des<br />

offres de formation portuaire et logistique<br />

déjà existantes.<br />

A Buenos Aires le patrimoine portuaire a été<br />

valorisé dès les premières phases de<br />

l'opération Puerto Madero<br />

A Rosario, l'ensemble des sites<br />

d'interface ville port sont reliés par une<br />

succession de jardins.<br />

Une démarche similaire a été engagée à<br />

Gênes.


122<br />

Recommandation 25. Ouvrir le port à la population<br />

Plusieurs pratiques pourront y contribuer :<br />

- le recours à l'événementiel et l'organisation ponctuelle, mais<br />

régulière, de manifestations (musique, cinéma, sports, voile,<br />

"Port days", etc.) sur les espaces d'interface ville-port. Choisir<br />

pour ces évènements un site où des activités portuaires ont<br />

été conservées et/ou qui offrent une vue directe sur le port<br />

actif aura un impact plus important.<br />

- l'implication régulière de l'autorité portuaire dans des activités<br />

culturelles de la ville (exposition, mécénat, etc.);<br />

- l'organisation de visites guidées en bateaux pour donner un<br />

accès et une vision autres, au plus près des navires et des<br />

équipements, et / ou en bus en privilégiant des départs de<br />

visites au plus près des autres sites touristiques de la ville.<br />

- la création de circuits bus, piétons ou cyclistes de promenade<br />

avec accès à des points de vue naturels ou artificiels :<br />

construction de belvédères, accès aux toits terrasse de<br />

certains entrepôts, etc.<br />

Recommandation 26. Définir une offre touristique globale<br />

Le potentiel touristique des villes portuaires dépasse largement<br />

seule activité croisière. La mise en œuvre d'une offre touristique<br />

globale y contribuera. Aux atouts urbains et culturels propres à<br />

chaque ville, elle associera non seulement le patrimoine<br />

industrialo-portuaire (musées maritimes et portuaires) ou<br />

océanique (aquarium), mais aussi une vision directe sur le port et<br />

son activité moderne.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Anvers, Bruxelles, Valparaiso,... les<br />

exemples de ce type de manifestations et<br />

de "journées du port" sont nombreux.<br />

Amsterdam s'appuie notamment sur les<br />

événements liés à la voile pour promouvoir<br />

le port. Il organise également des journées<br />

du port avec visites en bus et bateaux, et<br />

accès aux terminaux. Ces parcours de<br />

visites pourraient à l'avenir être proposés<br />

beaucoup plus régulièrement.<br />

La formule retenue à Bremerhaven permet<br />

de concilier les contraintes liées aux<br />

normes de sécurité (code ISPS en<br />

particulier) et une visite en bus au plus près<br />

des terminaux.<br />

Elle est complétée par ailleurs par un<br />

belvédère (view point) réalisé en réutilisant<br />

la symbolique portuaire (conteneur) et<br />

donnant une vue directe sur les terminaux<br />

conteneurs en pleine activité.<br />

L'accès aux toits et à la vue sur le port est<br />

au cœur même du projet des "Terrasses du<br />

port" à Marseille, mais on peut citer aussi<br />

l'accès au toit de l'ancienne base sousmarine<br />

à Saint-Nazaire.<br />

Dans le projet havrais de Centre de la Mer<br />

et du Développement Durable, au delà de<br />

la vue directe surélevée et immédiate sur<br />

toute la ville portuaire, une véritable offre<br />

touristique est proposée et des fonctions<br />

éducatives sont combinées : un parcours<br />

muséographique interactif permettra en<br />

effet de comprendre les enjeux de<br />

développement durable de la ville portuaire<br />

et, notamment, des activités d'un port<br />

moderne.


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

LISTE DES EXPERTS<br />

(désignés par chaque partenaire du projet)<br />

<strong>VIL<strong>LE</strong></strong> DU HAVRE<br />

(Ville leader du projet)<br />

6. ANNEXE<br />

Expert:<br />

Mr Ouahid DORBANE<br />

Adjoint au DGA<br />

Délégué Général au Développement des Quartiers Sud<br />

<strong>VIL<strong>LE</strong></strong> DU HAVRE<br />

Hôtel de Ville<br />

BP 51<br />

76084 <strong>LE</strong> HAVRE CEDEX<br />

Tel. +33 2 35 19 47 11<br />

Ouahid.Dorbane@ville-lehavre.fr<br />

http://www.ville-lehavre.fr<br />

Pilotage général du projet :<br />

Mme Florence JEANNE<br />

Relations internationales<br />

<strong>VIL<strong>LE</strong></strong> DU HAVRE<br />

Hôtel de Ville<br />

+33 2 35 19 48 02<br />

Florence.Jeanne@ville-lehavre.fr<br />

AMSTERDAM<br />

Mr Pito DINGEMANSE<br />

Manager of Spatial Planning<br />

AMSTERDAM <strong>PORT</strong> AUTHORITY<br />

Havengebouw<br />

De Ruijterkade 7<br />

Postbus 19406<br />

1000 GK AMSTERDAM<br />

NETHER<strong>LA</strong>NDS<br />

tel: +31 20 523 4524<br />

pito.dingemanse@portofamsterdam.nl<br />

www.portofamsterdam.nl<br />

BREMERHAVEN<br />

Michael GERBER<br />

Prokurist/Geschäftsbereichsleiter<br />

Stadtentwicklung<br />

BIS - BREMERHAVENER GESELLSCHAFT FUR INVESTITIONSFORDERUNG &<br />

STADTENTWICKLUNG MBH<br />

AM ALTEN HAFEN 118<br />

27568 BREMERHAVEN - GERMANY<br />

+49 471 946 46 30<br />

gerber@bis-bremerhaven.de<br />

http://www.bis-bremerhaven.de<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

123


124<br />

Helmut BERENDS<br />

General Manager<br />

BERENDS-CONSULT<br />

Bürgermeister-Schoene-Str. 46<br />

D-28213 BREMEN - GERMANY<br />

+49 421 794 82 55<br />

bc@berends-consult.de<br />

http://www.berends-consult.de<br />

DELFZIJL<br />

Harm WESSELS<br />

Senior Advisor Spatial Planning<br />

CITY OF DELFJIZL<br />

Johan van den Kornputplein 10<br />

Postbus 20000<br />

9930 PA DELFZIJL - NETHER<strong>LA</strong>NDS<br />

+31 596 63 99 21<br />

hn.Wessels@delfzijl.nl<br />

http://www.delfzijl.nl<br />

GDANSK<br />

Malgorzata RATKOWSKA<br />

EU co-ordinator - European Projects Division<br />

Development Programmes Department<br />

MUNICIPALITY OF GDANSK<br />

8/12 Nowe Ogrody Str.<br />

80-803 GDANSK - PO<strong>LA</strong>ND<br />

+4858 323 64 34<br />

m.ratkowska@gdansk.dga.pl<br />

RIGA<br />

Inese VILĀNE<br />

Head of Project Management Unit<br />

Strategic Planing and Project Management Department<br />

RIGA FREE <strong>PORT</strong> AUTHORITY - RĪGAS BRĪVOSTAS PĀRVALDE<br />

O.Kalpaka Blvd 12,<br />

LV- 1050 RIGA - <strong>LA</strong>TVIA<br />

+371-7030855<br />

inese@mail.rop.lv<br />

http://www.rop.lv<br />

ASSOCIATION INTERNATIONA<strong>LE</strong> <strong>VIL<strong>LE</strong></strong>S ET <strong>PORT</strong>S<br />

(Coordination Scientifique du projet)<br />

Mr Olivier <strong>LE</strong>MAIRE<br />

Directeur Général<br />

ASSOCIATION INTERNATIONA<strong>LE</strong> <strong>VIL<strong>LE</strong></strong>S ET <strong>PORT</strong>S<br />

45, rue Lord Kitchener<br />

76600 <strong>LE</strong> HAVRE - FRANCE<br />

+33 (0)2 35 42 78 84<br />

olemaire@aivp.org<br />

http://www.aivp.org<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

EXPERT EXTERNE DU PROJET<br />

Mr Jacques CHARLIER<br />

Professeur aux Universités de Paris-Sorbonne et de Louvain-la-Neuve<br />

Chercheur qualifié FNRS et Directeur Scientifique (2005-2007) du CIEM (Centre Interuniversitaire<br />

d'Etude de la Mobilité) à Bruxelles<br />

CIEM<br />

Avenue Roosevelt<br />

50 CP 194/7 - 1050 BRUXEL<strong>LE</strong>S - BELGIQUE<br />

+32 2650 3933 info@ciem.be<br />

Ont également participé aux travaux :<br />

Le Havre<br />

Annick FAURY<br />

Adjoint au Maire chargée des Ressources Humaines<br />

et des relations internationales<br />

Ville du Havre<br />

Dominique DHER<strong>VIL<strong>LE</strong></strong>Z<br />

Directeur Général Adjoint en charge des grands projets,<br />

de l'aménagement urbain et de la prospective<br />

Ville du Havre<br />

Didier DASTARAC<br />

Directeur Général Adjoint en charge des relations internationales<br />

Ville du Havre<br />

Bernard GÉRARD<br />

Responsable scientifique des Partenariats d'Odyssée 21<br />

Centre de la Mer et du Développement durable<br />

Ville du Havre<br />

Jean Pierre <strong>LE</strong>COMTE<br />

Président<br />

Port Autonome du Havre<br />

Cyril CHEDOT<br />

Chargé de Mission Développement local<br />

Port Autonome du Havre<br />

Amsterdam<br />

Cor OUDENDIJK<br />

Executive Director Shipping<br />

Port of Amsterdam<br />

Wim V<strong>LE</strong>MMIX<br />

Director of Engineering, Development & Environment<br />

Port of Amsterdam<br />

Allard JOL<strong>LE</strong>S<br />

Physical Planning Department of Amsterdam<br />

City of Amsterdam<br />

Gert URHAHN<br />

Director<br />

Urhahn Urban Design B.V.<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

125


126<br />

Bremerhaven<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Pamela HELL née von DÜRING<br />

BEAN, Bremerhavener Entwicklungsgesellschaft Alter-/Neuer Hafen mbH & Co.KG<br />

Christoph HERRFURTH<br />

Dept Economic Affairs<br />

City of Bermerhaven<br />

Stefan HENKE<br />

Dept Port Development & Strategy<br />

Bremenports<br />

Franziska STENZEL<br />

Unit: BIS Bremerhaven Touristik<br />

BIS mbH<br />

Delfzijl<br />

Andre BAKEMA<br />

Head of Department of Infrastructure<br />

City of Delfzijl<br />

Ingrid WIJNGAARDE<br />

Advisor environmental policy<br />

Department of Housing, Spatial Planning and Environment<br />

City of Delfzijl<br />

Gerlof HOTSMA<br />

Groningen Seaports<br />

Gdansk<br />

Krzysztof SZCZEPANIAK<br />

Director of Economic Development Department<br />

City of Gdańsk<br />

Krzysztof RUDZIŃSKI<br />

Director of Development Programmes Department<br />

City of Gdansk<br />

Joanna ZBIERSKA<br />

Development Programmes Department<br />

City of Gdansk<br />

Jarosław WINCEK<br />

City Planning Authority of Gdańsk<br />

Krzysztof ANZE<strong>LE</strong>WICZ<br />

Development Department Manager<br />

Port of Gdansk Authority<br />

Piotr LORENS<br />

Head, Dept. of Urban Development, Faculty of Architecture<br />

Technical University of Gdansk


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Riga<br />

Edgars SUNA<br />

Head of Strategic Planning Unit<br />

Freeport of Riga Authority<br />

Haralds APOGS<br />

Project Manager<br />

Administrative and International Affairs Department<br />

Freeport of Riga Authority<br />

Gvido PRINCIS<br />

Head of Riga City Urban Planning Authority<br />

City of Riga<br />

Valters MAZINS<br />

Jaunrigas Attistibas Uznemums<br />

Astrida ROGU<strong>LE</strong><br />

Museum of Contemporary Art<br />

Association Internationale Villes et Ports<br />

Greta MARINI<br />

Chargée de mission<br />

Association Internationale Villes et Ports<br />

Denis DAVOULT<br />

Documentaliste - Affaires européennes<br />

Association Internationale Villes et Ports<br />

Autres cas présentés lors du séminaire final<br />

Juan Manuel DIEZ OREJAS<br />

Jefe Departamento políticas ambientales<br />

Autoridad Portuaria de Valencia, España<br />

Kjell KARLSSON<br />

Director, Infrastructure<br />

Ports of Stockholm, Sweden<br />

Nicoletta ARTUSO<br />

Architect, Département Urbanisme<br />

Autorita Portuale di Genova, Italia<br />

Enrique CALDENTEY<br />

Departamento Técnico - Port 2000<br />

Gerencia Urbanística Port 2000<br />

Barcelona, España<br />

Isabelle VRIES<br />

Programme Manager<br />

Port of Rotterdam, Netherlands<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

127


128<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP


Faire la Ville avec le Port - Projet PCP<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

129<br />

Ville du Havre<br />

Novembre 2007


130<br />

Guide des bonnes pratiques<br />

Faire la Ville avec le Port - Projet PCP

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