Page 05-4591 cse rachid - La Nouvelle République
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contribution<br />
Des millénaires d’histoire<br />
L’Algérie a toujours commencé au sud<br />
,Pour ceux qui ne l’auraient sans doute jamais appris,<br />
les nobles habitants du sud de l’Algérie ont toujours été<br />
les garants de son intégrité territoriale. Ils sont devenus<br />
les gardiens vigilants du bon usage de sa richesse<br />
nationale, de son pétrole et de son gaz. Ils sont la<br />
conscience éveillée de son peuple, la sentinelle avisée<br />
qui révèle que les choses ne se font pas toujours comme<br />
elles devraient se faire, et que beaucoup abusent, dans<br />
l’impunité et l’ingratitude, de sa légendaire générosité.<br />
Ils sont désormais à l’avant-garde<br />
de ceux qui s’opposeraient à ce<br />
qu’un jour certains n’essayent<br />
de confisquer à notre peuple les<br />
bénéfices de cette manne venue<br />
du ciel. Et si parfois le monde<br />
entier est dans l’expectative,<br />
dans l’attente de la séquence algérienne<br />
d’un processus malsain<br />
déjà en cours de démantèlement<br />
de pays souverains, l’Algérie ne<br />
partira jamais ni en fumée, ni se<br />
décomposera en morceaux, ni<br />
ne finira en lambeaux. Notre pays<br />
est dans l’attente de l’accomplissement<br />
d’un grand destin,<br />
celui d’une ambition légitime<br />
d’incarner et de devenir la puissance<br />
régionale par excellence,<br />
celle qui sera à la hauteur du<br />
génie et des aspirations de son<br />
peuple, de son immense territoire,<br />
de ses richesses naturelles<br />
et de sa riche diversité culturelle.<br />
L’accomplissement de ce destin<br />
sera incarné un jour, grâce à<br />
Dieu, par un dirigeant charismatique<br />
et visionnaire, porté par<br />
l’expression véritable de la volonté<br />
populaire, qui saura indiquer<br />
le cap, fixer la mesure la<br />
plus juste et la plus efficace pour<br />
mettre en place la cadence du<br />
redressement national et redonner<br />
ainsi espoir aux plus démunis,<br />
reconstituer le puzzle d’un<br />
grand avenir contrarié par un<br />
immense gâchis et mettre du<br />
baume au cœur de millions d’Algériens<br />
désemparés. Ainsi, turbulences<br />
sociales et colères juvéniles<br />
dans les régions du Sud<br />
mais aussi partout ailleurs en Algérie,<br />
«prétendues affaires de<br />
corruption supposées impliquer<br />
des personnalités connues»,<br />
exaspération et impatience de<br />
partis politiques pourtant alliés<br />
du pouvoir, disponibilité de courants<br />
politiques appartenant à<br />
la véritable opposition et non représentés<br />
à l’Assemblée nationale<br />
à apporter leur concours et<br />
leur intelligence pour éviter la<br />
déflagration dans une situation<br />
déjà extrêmement sensible, société<br />
civile défaillante qui aurait<br />
pu canaliser les colères mais absente<br />
car démembrée puisque<br />
trop longtemps surveillée, encadrée<br />
et réprimée, régime politique<br />
essoufflé en quête de reconnaissance<br />
et aussi d’issues<br />
et classe politique artificielle sans<br />
ancrage dans la société caractérisent<br />
la situation actuelle de<br />
notre pays. Cette dernière a cependant<br />
le mérite de révéler que<br />
le pays respire toujours et vit<br />
encore et que le souffle de la vie<br />
est toujours là. Elle démontre<br />
aussi l’absence sidérante de relais<br />
dans la société capables de<br />
donner du sens et un prolongement<br />
politique à une colère qui<br />
gronde et qui déborde tous les<br />
cadres et structures politiques<br />
souvent conçus conformément à<br />
la vieille tradition des anciens<br />
pays socialistes d’Europe de l’Est<br />
ou d’ailleurs et qui ont toujours<br />
eu pour vocation de constituer<br />
plutôt des garde-fous pour assurer<br />
coûte que coûte la paix sociale.<br />
Cette situation de turbulences<br />
rend aussi la fin de la mandature<br />
actuelle extrêmement<br />
éprouvante, probablement affaiblie<br />
et sans doute affectée par<br />
«ce flot de supposées affaires révélées»<br />
qui pourrait achever le divorce<br />
déjà largement entamé<br />
entre le peuple et ceux qui le dirigent<br />
avec tout ce que cela peut<br />
induire comme risques potentiels<br />
de dérives dangereuses et<br />
d’aventures possibles. Les événements<br />
actuellement en cours<br />
dans le monde arabe doivent<br />
nous faire adopter le principe de<br />
précaution car beaucoup dans<br />
ces pays n’ont rien vu venir, ont<br />
parfois fait les sourds, sous-estimé<br />
les exigences de liberté et<br />
de justice exprimées pourtant<br />
pacifiquement et n’ont rien voulu<br />
entendre car persuadés qu’ils<br />
étaient seuls détenteurs de la vérité,<br />
que rien ne leur résisterait et<br />
qu’ils avaient les moyens de leur<br />
survie. Nous connaissons malheureusement<br />
aujourd’hui tous<br />
la suite. Ces événements nous<br />
ont également appris qu’un régime<br />
politique peut en toute légitimité<br />
se défendre pour ne pas<br />
tomber et sombrer et ce quelle<br />
que soit sa valeur, ses états de<br />
services et son type de gouvernance<br />
mais qu’il peut aussi entraîner<br />
dans sa chute un pays<br />
tout entier comme cela se produit<br />
actuellement dans certains<br />
pays. Le peuple frère syrien le<br />
paie aujourd’hui dans la fureur et<br />
dans le sang. Cette situation extrême<br />
constitue le risque majeur<br />
encouru qu’il ne faut jamais<br />
prendre. Et ce risque constitue<br />
paradoxalement l’autre face de la<br />
médaille, la première étant la légitime<br />
aspiration des peuples à<br />
vivre libres et dans la justice.<br />
L’Algérie doit continuer de vivre,<br />
et l’opportunité ne doit jamais<br />
être donnée, par ignorance ou<br />
par l’entêtement de ceux qui persistent<br />
toujours dans l’erreur, à<br />
tous ceux qui veulent nous écorcher<br />
vifs pour pouvoir réaliser de<br />
sinistres desseins. Le régime syrien<br />
a toujours refusé la main<br />
tendue de l’opposition lorsqu’il<br />
n’y avait encore à l’époque ni<br />
guerre civile, ni opposition armée<br />
ni, surtout, ingérence nauséabonde<br />
de ceux qui veulent en<br />
finir avec tous les pays qui s’opposent<br />
au nouvel ordre mondial,<br />
celui dont le corollaire est de<br />
faire disparaître ceux qui refusent<br />
l’asservissement, de les dépouiller<br />
de leurs richesses et de<br />
faire place nette à une nouvelle<br />
donne géopolitique d’un monde<br />
débarrassé du dernier rempart<br />
contre l’anéantissement de l’humanité,<br />
l’Islam. <strong>La</strong> reconnaissance<br />
que doit toujours rechercher<br />
un régime politique est celle<br />
qu’il trouve auprès de ses citoyens,<br />
grâce notamment à une<br />
gouvernance saine et juste et une<br />
légitimité acquise par les seules<br />
urnes. Et nul besoin pour cela<br />
d’aller chercher cette reconnaissance<br />
ailleurs. L’onction apportée<br />
par les autres est souvent<br />
un cadeau empoisonné et se révèle<br />
dans la plupart des cas un<br />
bien encombrant soutien. Notre<br />
situation interne peu reluisante<br />
sur tous les plans apporte malheureusement<br />
un démenti à tous<br />
ceux qui pariaient ou qui espéraient,<br />
sans avoir fourni d’efforts<br />
pour qu’il en soit toujours ainsi,<br />
que l’Algérie sera toujours un<br />
long fleuve tranquille et que l’année<br />
2013 fera tapisserie pour la<br />
fabuleuse montée des marches<br />
tant attendue, celle de 2014. Mais<br />
le destin confère souvent d’autres<br />
issues aux plus grandes certitudes.<br />
Nous étions une exception,<br />
nous étions l’exception algérienne<br />
et nous devons<br />
continuer de l’être. Mais nous<br />
avons perdu beaucoup de temps.<br />
Malgré les nombreuses alertes<br />
lancées ici et là, les avertissements,<br />
l’indignation des uns et<br />
des autres, les signes précurseurs<br />
de l’arrivée de l’ouragan,<br />
les espoirs dits et redits, tout<br />
semble avoir été pensé, géré<br />
comme si rien ne pouvait jamais<br />
se produire et à la lumière d’une<br />
seule certitude, la paix sociale<br />
peut s’obtenir par la conjonction<br />
de deux facteurs, l’argent et l’autoritarisme<br />
pour ne pas dire<br />
autre chose. Et même les réformes<br />
de notre système politique,<br />
annoncées sous la pression<br />
des révolutions arabes qui<br />
ont emporté dans leur sillage de<br />
nombreux régimes, et qui auraient<br />
pu redonner tous ses pouvoirs<br />
à un Parlement véritablement<br />
représentatif et capable de<br />
légiférer et toute sa crédibilité à<br />
une nouvelle classe politique<br />
enfin révélée par les urnes, ont<br />
été, semble-t-il, tempérées et tardent<br />
à voir le jour. Mais peut-on<br />
encore espérer gagner du temps<br />
dans le nouveau contexte international<br />
? Probablement pas. <strong>La</strong><br />
jeunesse algérienne reprend à<br />
son compte les slogans de mai 68<br />
en France et exige tout et tout de<br />
suite, et se proclame raisonnable<br />
même lorsqu’elle exige l’impossible.<br />
Et notre peuple semble revendiquer<br />
non pas la dilapidation<br />
et la dépossession de la richesse<br />
nationale, qui est la<br />
sienne ne l’oublions jamais, mais<br />
une véritable économie prospère<br />
qui profite à tous ainsi qu’une<br />
transformation radicale des<br />
modes de gouvernance. Il veut le<br />
changement non pas dans la<br />
continuité mais dans la rupture,<br />
tout de suite et sans plus attendre.<br />
Et c’est dans l’air du<br />
temps, surtout en cette période<br />
de grandes incertitudes internationales<br />
qui n’augurent rien de<br />
bon sauf ces effets pervers d’une<br />
mondialisation qui rapproche<br />
certes les humains entre eux<br />
ainsi que leurs préoccupations<br />
communes et fait du monde un<br />
village mais qui libère en même<br />
temps des forces malsai-nes, notamment<br />
celles de l’argent et de<br />
bien d’autres encore, qui veulent<br />
accaparer le destin de l’humanité<br />
tout entière et qui inventent<br />
un nouveau kit stratégique<br />
qu’ils exportent, celui de la<br />
guerre partout et pour tous, et<br />
surtout pour les musulmans.<br />
Nous sommes ainsi observés et<br />
épiés, et beaucoup piaffent d’impatience<br />
et attendent de nous<br />
<strong>La</strong> NR <strong>4591</strong> — Mardi 26 mars 2013<br />
17<br />
porter l’estocade. Nous sommes<br />
aussi, semble-t-il, dans une situation<br />
inédite où les citoyens<br />
sont beaucoup plus acquis que<br />
ceux qui les gouvernent à l’idée<br />
d’une transition résolue vers une<br />
nouvelle république dont le socle<br />
sera la liberté et la justice et la coexistence<br />
pacifique entre tous<br />
les courants de pensée ou idéologiques<br />
qui traversent la société<br />
algérienne.<br />
L’Algérie est prisonnière de querelles<br />
de leadership d’un autre<br />
âge et d’hésitations que nul ne<br />
peut plus comprendre. Il faut vite<br />
libérer notre pays, avant qu’il ne<br />
soit trop tard, de ces lourdes pesanteurs<br />
qui le brident. Le vrai<br />
consensus national obtenu avec<br />
toutes les familles politiques algériennes<br />
et sans en exclure aucune,<br />
doit être réuni le plus vite<br />
possible. Il s’agit d’une urgence<br />
politique. Il est probable aussi<br />
que l’Algérie soit agressée à court<br />
terme et ce de différentes manières,<br />
dans sa dignité par un<br />
certain voisinage politique parfois<br />
pas toujours aimable et qui<br />
nous a souvent aimé saignants, et<br />
par d’autres qui n’hésiteront pas<br />
à exploiter à leur seul profit de<br />
véritables et légitimes aspirations<br />
au changement d’une population<br />
saignée par un pouvoir<br />
d’achat de plus en plus faible et<br />
indignée par ceux et celles qui<br />
s’approprient l’argent public, le<br />
dilapident ou le gèrent très mal.<br />
Il faut donc vite faire front avant<br />
que nous n’abdiquions. Et faire<br />
front non pas autour de la survie<br />
de ceux qui dirigent actuellement<br />
l’Algérie mais autour de la survie<br />
de notre pays. Nous n’en disposons<br />
pas d’autre et beaucoup le<br />
convoitent.<br />
Notamment ceux qui viennent<br />
claironner à Alger que nous<br />
sommes les plus beaux et les<br />
meilleurs. Mais rien n’est encore<br />
perdu et tout est encore possible<br />
car nous détenons nous-mêmes<br />
et grâce à Dieu les clés de notre<br />
propre renaissance. Il nous faut<br />
le vouloir, sans tergiverser et<br />
sans plus attendre !<br />
Salim Metref