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Totem et Tabou - Philosophie pour le Bac

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Sigmund Freud (1912), <strong>Totem</strong> <strong>et</strong> tabou. Interprétation par la psychanalyse 68<br />

de la vie socia<strong>le</strong> des peup<strong>le</strong>s primitifs<br />

Outre chez <strong>le</strong>s Australiens <strong>et</strong> <strong>le</strong>s Polynésiens, chez <strong>le</strong>squels <strong>le</strong>s coutumes<br />

tabou se sont <strong>le</strong> mieux conservées, nous r<strong>et</strong>rouvons la même prohibition chez<br />

des peup<strong>le</strong>s aussi éloignés <strong>le</strong>s uns des autres <strong>et</strong> aussi différents que <strong>le</strong>s<br />

Samoyèdes de Sibérie <strong>et</strong> <strong>le</strong>s Todas de l'Inde méridiona<strong>le</strong>, chez <strong>le</strong>s Mongols de la<br />

Tartarie <strong>et</strong> <strong>le</strong>s Touaregs du Sahara, chez <strong>le</strong>s Aïnos du Japon <strong>et</strong> <strong>le</strong>s Akambas <strong>et</strong><br />

<strong>le</strong>s Nandi du Centre-Afrique, chez <strong>le</strong>s Tinguans des Philippines <strong>et</strong> <strong>le</strong>s habitants<br />

des î<strong>le</strong>s Nicobar, de Madagascar <strong>et</strong> de Bornéo 1 . Chez quelques-uns de ces<br />

peup<strong>le</strong>s, la prohibition dont il s'agit <strong>et</strong> <strong>le</strong>s conséquences qu'el<strong>le</strong> comporte ne<br />

sont valab<strong>le</strong>s que pendant la durée du deuil, chez d'autres el<strong>le</strong>s sont<br />

permanentes, mais semb<strong>le</strong>nt presque partout perdre de <strong>le</strong>ur rigueur avec <strong>le</strong><br />

temps.<br />

L'interdiction de prononcer <strong>le</strong> nom du mort est généra<strong>le</strong>ment observée avec<br />

beaucoup de rigueur. C'est ainsi que certaines tribus sud-américaines<br />

considèrent que c'est infliger aux survivants la plus grave offense que de<br />

prononcer devant eux <strong>le</strong> nom du parent mort, <strong>et</strong> la punition qu'entraîne c<strong>et</strong>te<br />

offense est la même que cel<strong>le</strong> dont est frappé <strong>le</strong> meurtre 2 . Il n'est pas faci<strong>le</strong> de<br />

comprendre la raison de la sévérité de c<strong>et</strong>te interdiction mais <strong>le</strong>s dangers se<br />

rattachant à c<strong>et</strong> acte ont fait naître une fou<strong>le</strong> d'expédients, intéressants <strong>et</strong><br />

significatifs à beaucoup d'égards. C'est ainsi que <strong>le</strong>s Massaï, de l'Afrique, ont eu<br />

recours au moyen qui consiste à changer <strong>le</strong> nom du décédé immédiatement<br />

après sa mort ; à partir de ce moment, il peut être nommé sans crainte, toutes<br />

<strong>le</strong>s interdictions ne se rapportant qu'à son ancien nom. Ce faisant, on suppose<br />

que l'esprit ne connaît pas son nouveau nom <strong>et</strong> ne sait pas que c'est de lui qu'il<br />

s'agit. Les tribus australiennes de l'Adélaïde <strong>et</strong> de l'Encounter Bay poussent<br />

<strong>le</strong>urs précautions plus loin : après une mort, toutes <strong>le</strong>s personnes dont <strong>le</strong>s<br />

noms ressemblaient à celui du défunt prennent d'autres noms. Parfois tous <strong>le</strong>s<br />

parents du défunt changent de nom, sans aucune considération de ressemblance<br />

; c'est ce qui a été observé chez certaines tribus de Victoria, dans<br />

l'Amérique du Nord. Et chez <strong>le</strong>s Gayacurus, du Paraguay, <strong>le</strong> chef donnait, dans<br />

1 Frazer, l. c., p. 353.<br />

2 Frazer, l. c., 352 <strong>et</strong> suivantes.

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