30.06.2013 Views

Totem et Tabou - Philosophie pour le Bac

Totem et Tabou - Philosophie pour le Bac

Totem et Tabou - Philosophie pour le Bac

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

c) Le tabou des morts<br />

Sigmund Freud (1912), <strong>Totem</strong> <strong>et</strong> tabou. Interprétation par la psychanalyse 65<br />

de la vie socia<strong>le</strong> des peup<strong>le</strong>s primitifs<br />

Nous savons que <strong>le</strong>s morts sont des dominateurs puissants ; <strong>et</strong> nous serons<br />

peut-être étonnés d'apprendre qu'ils sont aussi considérés comme des ennemis.<br />

En nous en tenant à la comparaison avec la contagion, dont nous avons fait<br />

usage précédemment, nous pouvons dire que <strong>le</strong> tabou des morts manifeste<br />

chez la plupart des peup<strong>le</strong>s primitifs une vio<strong>le</strong>nce particulière, aussi bien par<br />

<strong>le</strong>s suites qu'entraîne <strong>le</strong> contact avec <strong>le</strong>s morts que dans la manière dont sont<br />

traités ceux qui sont en deuil d'un mort. Chez <strong>le</strong>s Maori, tous ceux qui ont<br />

touché à un mort ou assisté à un enterrement deviennent extrêmement impurs<br />

<strong>et</strong> sont privés de toute communication avec <strong>le</strong>urs semblab<strong>le</strong>s, autant dire «<br />

boycottés ». Un homme souillé par <strong>le</strong> contact d'un mort ne pouvait pas entrer<br />

dans une maison, toucher une personne ou un obj<strong>et</strong>, sans <strong>le</strong>s rendre impurs. Il<br />

ne devait même pas toucher à la nourriture de ses mains devenues hors<br />

d'usage, à cause de <strong>le</strong>ur impur<strong>et</strong>é. On déposait la nourriture par terre devant<br />

lui, <strong>et</strong> il devait se débrouil<strong>le</strong>r, comme il pouvait, avec ses lèvres <strong>et</strong> ses dents, <strong>le</strong>s<br />

mains croisées derrière <strong>le</strong> dos. Quelquefois il lui était pertuis de se faire nourrir<br />

par une autre personne, laquel<strong>le</strong> devait s'acquitter de sa tâche, en prenant soin<br />

de ne pas toucher au malheureux, <strong>et</strong> qui était el<strong>le</strong>-même soumise à des<br />

restrictions non moins rigoureuses que cel<strong>le</strong>s de ce dernier. Il existait dans<br />

chaque village un individu abandonné, mis au ban de la société, qui vivait<br />

misérab<strong>le</strong>ment de quelques rares aumônes. Celui-ci avait seul la permission de<br />

s'approcher à une distance de la longueur d'un bras de celui qui avait rendu à<br />

un mort ses derniers devoirs. Quand la période d'iso<strong>le</strong>ment prenait fin <strong>et</strong> que<br />

l'homme impur pouvait de nouveau frayer avec ses semblab<strong>le</strong>s, toute la<br />

vaissel<strong>le</strong> dont il s'était servi pendant c<strong>et</strong>te dangereuse période était détruite <strong>et</strong><br />

tous <strong>le</strong>s habits qu'il avait portés étaient j<strong>et</strong>és.<br />

Les coutumes tabou, imposées à la suite du contact corporel avec un mort,<br />

sont <strong>le</strong>s mêmes dans toute la Polynésie, toute la Mélanésie <strong>et</strong> une partie de<br />

l'Afrique ; la plus importante de ces coutumes consiste dans l'interdiction de

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!