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Totem et Tabou - Philosophie pour le Bac

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Sigmund Freud (1912), <strong>Totem</strong> <strong>et</strong> tabou. Interprétation par la psychanalyse 62<br />

de la vie socia<strong>le</strong> des peup<strong>le</strong>s primitifs<br />

couronnement ; <strong>et</strong> il s'acquittent si consciencieusement de droit<br />

constitutionnel que bien souvent <strong>le</strong> malheureux souverain ne survit pas<br />

longtemps à son avènement au trône : aussi <strong>le</strong>s personnages importants de la<br />

tribu se sont-ils fait une règ<strong>le</strong> d'é<strong>le</strong>ver à la royauté l'homme contre <strong>le</strong>quel ils<br />

nourrissent une rancune. Mais, même dans ces cas tranchés, l'hostilité, loin de<br />

s'avouer comme tel<strong>le</strong>, se dissimu<strong>le</strong> sous <strong>le</strong>s apparences du cérémonial.<br />

Un autre trait de l'attitude de l'homme primitif à l'égard du roi rappel<strong>le</strong> un<br />

processus qui, très fréquent dans la névrose en général, est particulièrement<br />

accusé dans la manie dite de la persécution. Ce trait consiste à exagérer à<br />

l'excès l'importance d'une personne déterminée, à lui attribuer une puissance<br />

incroyab<strong>le</strong>ment illimitée, afin de pouvoir avec d'autant plus de droit <strong>et</strong> de<br />

raison lui attribuer la responsabilité de ce qui arrive au malade de pénib<strong>le</strong> <strong>et</strong> de<br />

désagréab<strong>le</strong>. Et, à vrai dire, <strong>le</strong>s sauvages ne procèdent pas autrement envers<br />

<strong>le</strong>ur roi, lorsque, lui ayant attribué <strong>le</strong> pouvoir de provoquer ou de faire cesser la<br />

pluie, de rég<strong>le</strong>r l'éclat du so<strong>le</strong>il, la direction du vent, <strong>et</strong>c., ils <strong>le</strong> renversent ou <strong>le</strong><br />

tuent, parce que la nature <strong>le</strong>s a déçus dans <strong>le</strong>ur attente d'une fructueuse chasse<br />

ou d'une bonne récolte. Le tab<strong>le</strong>au que <strong>le</strong> paranoïaque reproduit dans sa manie<br />

de la persécution est celui des rapports entre l'enfant <strong>et</strong> <strong>le</strong> père. Celui-là attribue<br />

régulièrement une pareil<strong>le</strong> toute-puissance à celui-ci, <strong>et</strong> l'on constate que<br />

la méfiance à l'égard du père est en rapport direct avec <strong>le</strong> degré de puissance<br />

qu'on lui a attribué. Lorsqu'un paranoïaque a reconnu son « persécuteur »<br />

dans une personne de son entourage, il l'a promue, de ce fait, au rang d'un<br />

père, c'est-à-dire qu'il l'a placée dans des conditions qui lui perm<strong>et</strong>tent de <strong>le</strong><br />

rendre responsab<strong>le</strong> de tous <strong>le</strong>s malheurs imaginaires dont il est victime. C<strong>et</strong>te<br />

seconde analogie entre <strong>le</strong> sauvage <strong>et</strong> <strong>le</strong> névrosé nous montre à quel point<br />

l’attitude, du sauvage à l'égard de son roi reflète l'attitude infanti<strong>le</strong> du fils à<br />

l'égard du père.<br />

Mais <strong>le</strong>s arguments <strong>le</strong>s plus forts en faveur de notre manière de voir, fondée<br />

sur une comparaison entre <strong>le</strong>s prescriptions tabou <strong>et</strong> <strong>le</strong>s symptômes des<br />

névroses, nous sont fournis par <strong>le</strong>, cérémonial tabou lui-même, dont nous<br />

avons montré plus haut <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> important dans <strong>le</strong>s fonctions roya<strong>le</strong>s. Le doub<strong>le</strong><br />

sens de ce cérémonial nous apparaîtra comme certain <strong>et</strong> son origine à partir de

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