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Totem et Tabou - Philosophie pour le Bac

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Sigmund Freud (1912), <strong>Totem</strong> <strong>et</strong> tabou. Interprétation par la psychanalyse 54<br />

de la vie socia<strong>le</strong> des peup<strong>le</strong>s primitifs<br />

royal). Ni la reine Elisab<strong>et</strong>h ni aucun de ses successeurs n'ont renoncé à c<strong>et</strong>te<br />

prérogative roya<strong>le</strong>. Char<strong>le</strong>s 1er aurait, en 1633, guéri d'un seul coup cent<br />

malades. Et, après la défaite de la grande révolution, son fils Char<strong>le</strong>s II a exercé<br />

la prérogative de la guérison roya<strong>le</strong> des écrouel<strong>le</strong>s sur une très vaste échel<strong>le</strong>.<br />

Ce roi aurait, au cours de son règne, guéri par l'attouchement plus de cent<br />

mil<strong>le</strong> scrofu<strong>le</strong>ux. L'affluence des malades était tel<strong>le</strong>ment grande qu'une fois six<br />

ou sept d'entre eux, au lieu de trouver la guérison, qu'ils étaient venus chercher,<br />

sont morts étouffés. Le sceptique Guillaume III d'Orange, devenu roi<br />

d'Angl<strong>et</strong>erre après l'expulsion des Stuart, se méfiait de la magie; la seu<strong>le</strong> fois où<br />

il consentit à opérer un attouchement de ce genre, il <strong>le</strong> fit en disant : « Que<br />

Dieu vous donne meil<strong>le</strong>ure santé <strong>et</strong> plus de raison » 1 .<br />

Voici un témoignage du terrib<strong>le</strong> eff<strong>et</strong> d'un attouchement actif, bien que<br />

non-intentionnel, exercé à l'égard du roi ou de quelque chose lui appartenant.<br />

Un chef de la Nouvel<strong>le</strong>-Zélande, homme d'un rang é<strong>le</strong>vé <strong>et</strong> d'une grande<br />

saint<strong>et</strong>é, abandonne un jour dans la rue <strong>le</strong>s restes de son repas. Un esclave<br />

passe, jeune, robuste <strong>et</strong> affamé, aperçoit ces restes, s'empresse de <strong>le</strong>s ava<strong>le</strong>r. Il<br />

nia pas plus tôt achevé <strong>le</strong> dernier morceau qu'un spectateur effrayé lui apprend<br />

de quel crime il s'est rendu coupab<strong>le</strong>. Notre esclave, qui était un guerrier solide<br />

<strong>et</strong> courageux, tombe à terre à l'annonce de c<strong>et</strong>te nouvel<strong>le</strong>, en proie à de<br />

terrib<strong>le</strong>s convulsions <strong>et</strong> meurt au coucher du so<strong>le</strong>il du jour suivant 2 . Une<br />

femme Maori, après avoir mangé certains fruits, apprend qu'ils provenaient<br />

d'un certain endroit, frappé de tabou. El<strong>le</strong> s'écrie aussitôt que l'esprit du chef<br />

auquel el<strong>le</strong> a infligé c<strong>et</strong>te offense la fera certainement mourir. Le fait s'était<br />

passe<br />

l'après-midi, <strong>et</strong> <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain à midi el<strong>le</strong> était morte 3 . Le briqu<strong>et</strong> d'un chef<br />

Maori a causé un jour la mort de plusieurs personnes. Le chef l'avait perdu,<br />

d'autres l'ont ramassé <strong>et</strong> s'en sont servi <strong>pour</strong> allumer <strong>le</strong>urs pipes. Lorsqu'ils ont<br />

appris qui était <strong>le</strong> propriétaire du briqu<strong>et</strong>, ils sont tous morts de peur 4 .<br />

1 Frazer: The magic art, 1, p. 368.<br />

2 Old New Zealand, by a Pakeha Maori (London, 1884), chez Frazer Taboo, p. 135.<br />

3 W. Brown, : New Zealand and his Aborigines (London, 1845), chez Frazer, ibid.<br />

4 Frazer, l. c.

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